Quel projet d’Église en détention ? (Fr Dominique CHARLES – OP)

Il n’est pas si simple d’imaginer l’Église que nous sommes amenés à construire en prison. Il y a beaucoup d’obstacles et de difficultés que nous ne pouvons pas ignorer. Il y a aussi de vraies chances à ne pas manquer, pour faire advenir un type de communauté chrétienne, sinon nouvelle, du moins plus proche de ce que furent celles dont nous parlent les Actes des Apôtres et du projet que Jésus a essayé de réaliser avec ses disciples et les foules qui venaient à lui.

L’Église invitée à renaître

En prison, nous avons une chance de faire naître un visage d’Église renouvelé. Car nous n’y sommes pas perçus comme serviteurs d’une Église instituée ; nous y sommes au service d’une Église à naître. Nous y rencontrons, au hasard, des gens de toutes origines et de toutes religions. C’est un des rares lieux, avec l’hôpital, où les frontières sont perméables. Permettez-moi d’évoquer cette histoire évangélique de la pèche infructueuse. Simon et ses proches revenaient épuisés après une nuit de travail. Les filets étaient vides. Alors Jésus surgit, monte dans la barque et les invite à recommencer, à lancer les filets en sa présence (Lc 5,4) « Nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre, dit Simon, mais sur ton ordre je vais jeter les filets. » N’oublions pas cette leçon. Rappelons-nous que nous travaillons en présence de Jésus, avec lui dans la barque. C’est lui le maître de la pèche. Nous ne travaillons jamais seuls ! Nous sommes au service d’une mission qui nous dépasse, celle de l’Église. Jésus en est la tête. Ce n’est pas notre mission ! Nous ne faisons que collaborer à la sienne. C’est lui qui nous a appelés et c’est lui qui nous envoie.

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J’interrogerai notre choix d’être aumônier de prison, avec ces mots de Pierre Claverie, l’ancien évêque d’Oran, assassiné en 1996, qu’il adressait aux chrétiens de son diocèse dans l’éditorial du numéro d’octobre 1994 du lien, le journal diocésain d’Oran : « Viens, suis-moi ! Rappelons-nous que Jésus ne nous a pas promis un bonheur facile. Il nous met en garde contre l’évasion hors de notre condition humaine et de l’histoire concrète où elle se déroule. Dans cette existence concrète, il nous avertit de ne pas accrocher notre espérance et notre raison d’être à la « gloire qui vient des hommes » et à nos succès humains. Lui-même n’a pas pris ce chemin et l’Église se trompe si elle croit qu’elle peut faire l’économie de la Croix en se contentant d’être une multinationale de la charité, avec ses œuvres et ses volontaires tout-terrain. Lorsque le sens se dérobe et que paraît l’échec, Jésus nous appelle à ne pas renoncer au don de notre vie, avec lui. En deçà de ce moment, il n’y a que confiance en soi. Au-delà, et au-delà seulement, commence la foi. (…) L’avenir, alors, n’a plus rien de terrifiant. Quel qu’il soit, quels qu’en soient les passages, il est le lieu d’une rencontre qui se renouvelle et s’approfondit à la mesure de notre confiance et de notre abandon. (…) Par où la foi en Jésus a-t-elle saisi notre vie et jusqu’où sommes-nous prêts à aller dans la confiance et l’abandon[1] ? »

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Nous serons au service de l’Église en prison en nous remettant, quoi qu’il arrive, dans cette confiance au Christ que nous avons décidé de servir : il nous accompagne en détention et c’est lui que nous rencontrons en chaque personne détenue : « J’étais en prison, et vous êtes venus vers moi » (Mt 25,36). Il importe pour un aumônier d’avoir cette attitude de remise profonde en Dieu. Si vous n’en êtes pas convaincus, écoutez ce passage de l’impressionnante « confession de foi » que fit Mgr Guy-Marie Riobé, huit jours avant sa mort : « (…) Je crois que Dieu nous accompagne tous dans notre aventure humaine et que seule sa présence est éternelle, et non pas les structures, les paroles, les images que, peu à peu, au fil des siècles, nous avons adoptées pour nous signifier à nous-mêmes son compagnonnage. Notre Église n’a rien à redouter des critiques qui lui viennent d’ailleurs quand elle sait les écouter comme un appel de Dieu. Elle ne saurait verrouiller les portes pour disposer plus sûrement d’elle-même. Elle se reçoit à chaque instant de Dieu pour être sans cesse envoyée, immergée dans le monde, pauvre, modeste, fraternelle, messagère de joie, donnant sa voix aux pauvres, aux hommes que l’on torture ou que l’on tue, à tous ceux-là qui nous crient silencieusement l’Évangile. (…) C’est bien l’humanité tout entière qui a rendez-Jésus christvous avec Dieu : à sa naissance ? À certains moments de son histoire ? À l’apogée de son évolution ? Que m’importe, c’est le secret de Dieu et non le mien, mais je crois qu’il est et sera là, de manière inattendue aux rendez-vous de l’histoire humaine, comme il est et sera aux rendez-vous de chacune de nos histoires personnelles. Il me suffit de retrouver dans cette immense espérance une grande part de l’Évangile. C’est alors que je me souviens de Jésus de Nazareth. Je le retrouve aujourd’hui au cœur de tout ce peuple des chercheurs de Dieu. Oui, je crois que Jésus est vivant, ressuscité, source de l’Esprit, qu’il est une personne présente, qu’il peut être l’ami des hommes et que cette amitié peut faire le but de toute une vie. Être chrétien, après tout, n’est-ce pas accepter de se recevoir continuellement du Christ comme on se reçoit de tout regard d’amour ? Tous les jours, il me semble rencontrer le Christ pour la première fois[2]. »

Il est bon d’écouter ces paroles de prophètes de notre temps. Ils croyaient en l’Église au service de laquelle ils se sont donnés. Si Mgr Riobé invitait à « une Église du courage », le pape actuel nous invite à une « Église en sortie » (Evangelii gaudium 24). Cela peut sembler paradoxal de se penser au service d’« une Église en sortie » en rassemblant des personnes détenues ! Pourtant, l’« Église en sortie » et l’« Église du courage » sont des modèles qui me semblent féconds pour penser une aumônerie en détention.

Le sens du mot « Église »

foulePardonnez-moi de faire ce petit détour sémantique. Vous savez que le mot « Église » vient du grec ekklèsia, un terme qui a une longue histoire biblique. Dans la Bible grecque des Septante, en effet, il traduit le plus souvent le mot hébreu qahal, qui signifie « assemblée ». On trouve souvent ce mot dans l’expression « assemblée du Seigneur[3] ». Ekklèsia vient du verbe grec kaléô qui signifie « appeler, convoquer ». Le mot « Église » suggère ainsi une action de Dieu semblable à celle du mot hébreu, lui-même apparenté au substantif qôl qui désigne la « voix » : l’Église c’est donc l’assemblée de ceux qui ont entendu l’appel ou la convocation du Seigneur, et qui lui ont répondu par la foi. Le mot « église » ne se trouve qu’une fois dans les évangiles (Mt 16,10). Il est surtout présent dans les Actes des Apôtres, les lettres pauliniennes et l’Apocalypse. En le choisissant pour caractériser leur assemblée, les premiers chrétiens ont probablement voulu marquer la rupture avec le judaïsme : la Bible grecque des Septante traduit également le mot qahal par sunagôguè ; ils ont aussi voulu marquer la continuité avec la tradition héritée du Premier Testament qui impliquait de fonder l’existence de la communauté dans une initiative de Dieu qui rassemble lui-même son peuple et dans une réponse active de ceux qui ont reconnu sa voix et ont répondu à son appel.

BonPasteurSi le mot « église » ne se trouve pas dans les évangiles, la réalité de l’appel s’y trouve bien. Tout particulièrement dans les paraboles de Jésus où il est question des repas, surtout dans saint Luc. En effet, si le verbe kaléô signifie « appeler », il peut aussi se traduire par « inviter ». Vous vous souvenez de ces paraboles des invités qui se mettent à la première place ou qui se dérobent parce qu’ils ont d’autres occupations prévues (Lc 14). Je crois que nous nous retrouvons bien dans la seconde, où « le maître de maison dit à son serviteur : « Vas vite par les places et les rues de la ville, et introduis ici les pauvres, les estropiés, les aveugles et les boiteux. » (Lc 14,21). On pourrait ajouter à la liste les détenus et tous les exclus de notre société. Notre mission est justement celle du serviteur de la parabole. Nous sommes envoyés au nom d’un autre qui veut rassembler à son repas tous ceux qui acceptent son invitation.

L’Église que nous voulons former en prison est donc faite de ceux que Dieu appelle, en faisant une expérience personnelle de conversion intérieure, ou en répondant à l’invitation que nous pouvons faire en son nom. Nous sommes « serviteurs » du « Maître ». Ces mots employés dans la parabole évoquent ceux du lavement des pieds en Jn 13. Je vous laisse prolonger la méditation de ce rapprochement entre « Église » et « serviteur ».

Le projet de Jésus et le nôtre

Jésus n’a pas cessé d’appeler ceux qu’il a rencontrés sur les routes de Galilée, de Samarie et de Judée. Certains ont répondu à son appel et l’ont suivi. D’autres non. Il a constitué une petite « Église », avec les disciples et les femmes. Ce qu’ils ont vécu se résume dans la formule « être avec lui » (Lc 8,1-2). Faire Église, c’est avancer ensemble avec Jésus ; c’est cela que nous essayons de réaliser en prison.

Pape François - jeudi saint en prison

Pour nous, aumôniers en détention, il est un passage qui fonde notre activité en prison. Jésus ouvre sa mission en lisant solennellement dans la synagogue de Nazareth le chapitre 61 d’Isaïe : « L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a consacré par l’onction, pour porter la bonne nouvelle (euangélizô)[4] aux pauvres. Il m’a envoyé (apostellô) annoncer (kèrussô) aux captifs la délivrance (aphésis) et aux aveugles le retour à la vue, renvoyer (apostellô) en liberté (aphésis) les opprimés, proclamer une année d’accueil par le Seigneur » (Lc 4,18-19). Jésus dit qu’il est « envoyé » pour « évangéliser » les pauvres ; et il explique ce que cela veut dire : libérer les captif, guérir les malades, proclamer la grâce et l’accueil du Seigneur pour tous les pauvres.

Jésus commence sa mission en commentant la Parole de Dieu et en invitant la communauté à s’ouvrir, à élargir ses frontières. Il fait comprendre que l’Évangile demande qu’on se convertisse pour accueillir tous ceux qui « sont perdus ». La réaction de la communauté de Nazareth est caricaturale et instructive : elle rejette Jésus ! On peut voir ici l’intention de Luc d’annoncer la passion qui ponctuera la mission de Jésus. Mais on peut aussi en conclure qu’il est difficile pour une communauté de s’ouvrir à l’étranger, à celui qui est du dehors. En prison, nous vivons l’enjeu de l’ouverture de la mission de l’Église ! Il nous sera toujours difficile de faire comprendre cela dans les communautés chrétiennes, en dehors de nos prisons ; pourtant, cela fait partie de notre mission. Comme celle du Christ, elle consiste à aller à la rencontre de gens qui sont le plus souvent des étrangers de nos communautés d’Église, ou qui s’en sont éloignés.

prodigueD’une certaine manière, ceux qu’un comportement déviant a éloignés de l’Église ressemblent à l’enfant prodigue : le milieu carcéral, comme la famine de la parabole, provoque une « rentrée en soi-même » (Lc 15,17) qui rend possible une vraie prise de conscience de la situation sans issue dans laquelle ils se sont mis. Nous sommes souvent témoins de ce retournement, de ces itinéraires de conversion ; un changement de vie est vraiment souhaité, pas seulement rêvé. C’est l’occasion de faire l’expérience d’un Dieu miséricordieux qui n’enferme pas le pécheur dans la situation où il s’est mis lui-même, mais qui accueille sans condition ses enfants perdus qui reviennent vers lui, comme le Père de la parabole. Notre mission est sans doute d’aider de telles personnes à découvrir ce vrai Dieu, qui sait toujours redonner une chance, qui réintroduit le fils converti dans sa maison. Perçu comme un ami du Christ, qui va vers ceux qui sont abandonnés, perdus, pécheurs, l’aumônier renvoie à ce Dieu miséricordieux. Le plus important dans sa mission est sa disponibilité à l’écoute. Dans la parabole, le Père ne pose aucune question au fils qui revient. Simplement il va à sa rencontre et il l’accueille en silence. Il l’habille avec de beaux vêtements et fait préparer un repas de fête. Il accueille sans prononcer un seul reproche, sans même demander ce qui s’est passé ! N’est-ce pas le premier rôle de l’aumônier que d’être là, simplement pour l’accueil ! Être signe, par la présence, du Dieu miséricordieux, et du Christ dont la mission est de chercher tous ceux qui sont perdus.

Le document de janvier 2009 Accompagner des coupables souligne que l’aumônier est au service de tout détenu qui appelle, sans distinction : « Nous devons répondre présent quand quelqu’un nous appelle, quel que soit l’acte qu’il a commis. Nous nous interdisons de l’enfermer dans la condamnation sans appel, plaquée sur lui, y compris à l’intérieur d’un monde carcéral sans pitié pour les auteurs présumés ou avérés de certains actes criminels. À ceux-ci, nous essayons d’être particulièrement attentifs : les indéfendables, eux aussi, font partie des exclus ! » (p. 2). À l’aumônerie, toute personne doit pouvoir se sentir accueillie sans préjugé. Accueillir comme Jésus n’est pas facile ! Lui-même s’est heurté à des réactions st jeannégatives quand il accueillait des prostituées (Lc 7,37-39), mangeait avec des publicains ou s’invitait dans la maison de Lévi après l’avoir appelé à sa suite (Lc 5,29-32) ou dans celle de Zachée (Lc 19,7). Comme Dieu, dont on dit qu’il « ne fait pas acception des personnes », qu’il est « impartial » (cf. Ac 10,34-35 ; Rm 2,11 ; Ep 6,9 ; Col 3,25 ; 1 P 1,17), Jésus ne juge pas les personnes d’après leurs actes ou leurs conduites (cf. la femme adultère en Jn 8,10-11) ; quand ils les rencontrent, elles se trouvent rétablies dans leur dignité et décident de changer de vie ! Jésus ne leur impose aucune conversion ; s’il invite à un changement de vie, il laisse toujours la liberté, comme on le voit pour le jeune homme riche (Lc 18,22-23). Ayant rencontré Jésus, beaucoup décident librement de changer de vie, souvent de suivre Jésus, tel Bartimée, l’aveugle de Jéricho (Lc 18,42-43).

Le document Accompagner des coupables dit encore : « Quand bien même un condamné aurait causé l’irréparable, il mérite notre attention et notre respect. Nous avons à aider cette personne qui compte sur nous, sur ce que notre ministère représente pour elle » (p. 2). Au fond, ce qui importe avant tout c’est la façon dont les membres de l’aumônerie accueillent les Pape françois et jeune enfantdétenus et sont disponibles pour écouter leurs détresses et leurs souffrances. Nous pouvons nous référer à ce beau passage de Gaudium et spes : « De nos jours surtout, nous avons l’impérieux devoir de nous faire le prochain de n’importe quel homme et, s’il se présente à nous, de le servir activement : qu’il s’agisse de ce vieillard abandonné de tous, ou de ce travailleur étranger, méprisé sans raison, ou de cet exilé, ou de cet enfant né d’une union illégitime qui supporte injustement le poids d’une faute qu’il n’a pas commise, ou de cet affamé qui interpelle notre conscience en nous rappelant la parole du Seigneur : ‘Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait’ (Mt 25,40) » (n° 27 § 2).

Il me semble que les fondements d’une Église en prison sont très bien exprimés dans ces mots de Pierre Claverie, prononcés dans une homélie en 1981 : « Nous sommes et nous Dieu-Amourvoulons être des missionnaires de l’amour de Dieu tel que nous l’avons découvert en Jésus-Christ. Cet amour, infiniment respectueux des hommes ne s’impose pas, n’impose rien, ne force pas les consciences et les cœurs. Avec délicatesse et par sa seule présence, il libère ce qui était enchaîné, réconcilie ce qui était déchiré, remet debout ce qui était écrasé, fait renaître à une vie nouvelle ce qui était sans espoir et sans force. Cet amour, nous l’avons connu et nous y avons cru : nous l’avons vu à l’œuvre dans la vie de Jésus et de ceux qui vivent de son Esprit. Il nous a saisis et entraînés. Nous croyons qu’il peut renouveler la vie de l’humanité pour peu qu’elle le reconnaisse. Mais comment le reconnaîtrait-elle si elle n’était mise en présence d’authentiques témoins ? Dieu nous a donné de connaître son Christ pour que nous soyons ces témoins. »

Pourquoi l’Église en prison ?

Quelques semaines avant sa mort, le même Pierre Claverie disait avec insistance que la mission de l’Église du Christ est avant tout de se tenir au pied de la croix, où Jésus meurt, abandonné des siens. Il ajoutait : « Je crois que l’Église meurt de ne pas être assez proche de la croix de son Seigneur. Sa force et sa fidélité, son espérance et sa fécondité viennent de là et de nulle part ailleurs. » S’il y a une justification théologique de la présence de l’Église en prison, il faut donc la chercher dans cette présence silencieuse de la Mère et du disciple au pied de la croix. En étant dans les lieux de détention, nous nous tenons au pied de la croix du Christ, parce que nous sommes dans des lieux où des femmes et des hommes souffrent. C’est une place difficile et humble que de se tenir au pied de la croix. Cela nous demande une attitude spirituelle qui consiste à confier, à celui qui est sur la croix et qui est vainqueur du mal, chaque détenu que lui seul peut rejoindre dans le mystère de sa personne, un mystère qui nous reste inaccessible. La justification de l’aumônerie en détention est donc principalement théologique, avant même d’être pastorale.

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Pour finir, j’aimerais vous lire un texte assez ancien qui a été écrit par un détenu du Centre de Détention de Mulhouse, sous la forme d’une lettre de Jésus, intitulée « Lettre de Jésus aux hommes abandonnés ».

Tu n’es pas seul entre tes quatre murs.

Avec toi, je suis là.

Je partage ta peine.

Chaque jour de ton enfer, je pleure avec toi.

Ton angoisse, je la connais.

Je l’ai vécue comme toi.

Moi aussi, j’ai été abandonné de tous.

C’est pour cela que je te dis

que je suis avec toi,

car si je ne connaissais pas ta peine,

comment pourrais-je dire

que je suis avec toi ?

 

Croix de Lumière

N’écoute pas ceux qui t’ont parlé de moi.

Ils ne me connaissent pas.

Car pour me connaître,

il faut être comme moi,

seul et abandonné de tous.

Ta peine, ils ne la porteront pas,

car ils ne savent pas.

Non tu n’es pas seul dans ta cellule.

Car, sache-le, je te vois.

Dans cette ombre où seul retentit

le bruit des clefs et des portes.

Dans ce lieu

où l’on t’a jeté et rejeté,

moi je suis là.

Désormais dis-toi

que tu as un ami.

Ton Dieu aime

les plus pauvres de ce monde

et les plus abandonnés.

Et moi, Jésus,

je suis mort sur une croix

où comme pour toi,

plus personne n’était là…

Signé : Jésus.

[1] Lettres et messages d’Algérie, Karthala, 1996, p. 155.

[2] Le Monde, 9-10 juillet 1978.

[3] Voir Michel Trimaille, Cahiers Évangile 39, p. 13-16.

[4] Littéralement : « évangéliser ».

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