20e dimanche ordinaire – Année C – Claude WON FAH HIN

Évangile : Luc 12, 49-53

JésusQuand on entend cela de Jésus, cela peut nous effrayer. Mais nous savons tous que Jésus nous aime et qu’il est Miséricordieux, et que nous avons une confiance absolue en son amour et sa miséricorde. Jamais on ne doit avoir peur de Jésus. Il est Amour et Miséricorde. Le feu dont parle Jésus est une image. Il y a quelques semaines, les disciples de Jésus voulaient  faire tomber le feu du ciel sur des Samaritains qui n’ont pas voulu accueillir Jésus de passage vers Jérusalem. Et si Jésus les a sévèrement réprimandés, ce n’est pas pour qu’il le fasse lui-même lorsque Luc nous dit que « Jésus est venu jeter un feu sur la terre ». Le feu est une image de Dieu : Moïse rencontre Dieu au Buisson ardent, puis reçoit les tables de la Loi dans le feu de l’orage au Sinaï, des colonnes de feu accompagnent le peuple juif fuyant l’Egypte pour le protéger des soldats du Pharaon à leur poursuite.

Mais pour Luc, le feu est surtout le symbole de l’Esprit Saint venu brûler d’amour le cœur des Apôtres au jour de la Pentecôte. C’est ce même feu dont parlent les pèlerins d’Emmaüs quand ils disent (Lc 24,32) : Notre cœur n’était-il pas tout brûlant au-dedans de nous, quand il nous parlait en chemin, quand il nous expliquait les Écritures? ». Jésus désire donc donner le feu de l’Esprit au monde afin qu’il soit éclairé et dirigé sur le chemin du Royaume, par l’application du commandement de l’amour : aimer Dieu et aimer son prochain. Ainsi, c’est la terre entière que Jésus veut renouveler de son Esprit, un Esprit vivifiant pour nous mettre en mouvement, un Esprit consolateur qui nous donne l’espérance,  un Esprit de lumière qui nous guide, Esprit de feu qui nous purifie, un Esprit de sainteté qui nous rend à l’image du Christ, un  Esprit de charité et d’amour pour que nous devenions amour comme le Christ et qui nous fait tourner vers les autres. Et c’est ce feu de l’Esprit Saint que nous recevons tous au baptême et à la confirmation. Il s’agit pour nous de ne pas le laisser s’éteindre, car l’Esprit Saint est le don par excellence que Dieu nous fait. En effet toutes les prédications reçues ne pénètrent les âmes que par la grâce l’Esprit Saint.ESPRIT SAINT 1

« Je dois être baptisé d’un baptême, et quelle n’est pas mon angoisse jusqu’à ce qu’il soit consommé »! – Le mot « baptême » signifie « plongée », « bain ». A l’époque, c’est le corps entier qu’on plongeait dans un bassin pour être baptisé. Mais le baptême dont parle Jésus n’est pas le baptême reçu avec Jean Baptiste, le vrai baptême de Jésus c’est sa mort et résurrection. Et tout baptême est mort et résurrection. Quand on plonge une personne dans un bassin (aujourd’hui, on verse un peu d’eau sur la tête), elle est comme le Christ au jour de sa Passion quand il était plongé lui aussi dans un abîme de souffrances, dans un bain de sang dû aux épines sur la tête, aux flagellations de son corps, aux clous dans ses mains et ses pieds, au côté transpercé par une lance, et encore je ne vous donne pas les détails décrits par des saints quand ils racontent la Passion du Christ. Le Christ meurt à son baptême, et une lutte va se faire contre l’Esprit du Mal dans son propre fief qui est celui de la mort et dont il ressortira par la résurrection, tandis que la personne qui reçoit son baptême meurt de son ancienne vie : il n’a plus de péché originel, et si c’est un adulte, ses propres péchés personnels commis jusqu’au jour de son baptême, sont effacés parce que vainqueur du mal au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit.

bapteme enfantEt quand la personne plongée dans le bassin se relève hors de l’eau (et aujourd’hui, quand on arrête de verser l’eau sur la tête du baptisé), le nouveau baptisé vit une vie nouvelle dans le Christ (même s’il ne voit rien, et même s’il ne ressent rien), il devient enfant de Dieu. Jésus a sacrifié sa vie pour vaincre le Mal et nous sauver. Il est donc normal que nous fassions aussi quelques « petits sacrifices » si on peut les appeler ainsi ou plus exactement suivre les enseignements du Christ et de l’Eglise : venir à la messe, prier, adorer, lire la parole de Dieu, aimer son prochain même si tout cela n’est pas fait de manière parfaite. Tout cela n’est rien comparé au sacrifice unique du Christ à sa Passion. On comprend alors ce qu’est la vie des saints qui, de leur vivant sur terre, ont réussi à faire la volonté de Dieu et dont nombre d’entre eux étaient des religieux, des religieuses, ou des prêtres: les sacrifices qu’ils ont fait, les prières, les messes, la vie intérieure, la parole de Dieu, la règle de la communauté, l’obéissance absolue, la pauvreté, la chasteté, l’humilité, sans compter leur lutte réelle avec l’Esprit du mal, leurs souffrances, leurs privations. Et nous, nous contribuons sans cesse par nos petites histoires qui sèment la division au sein des différents groupes, des communautés, de la chrétienté. Nous ne voyons pas plus loin que le bout de notre nez. La 2ème lecture d’aujourd’hui (He 12,1-4) dit que « nous devons rejeter tout fardeau et le péché, et fixer nos yeux sur Jésus ». – L’un des signes messianiques attendu était la paix comme nous le dit Is 9,5-6 : « 5 un enfant nous est né, un fils nous a été donné, il a reçu le pouvoir sur ses épaules et on lui a donné ce nom : … Prince-de-paix, 6 pour que s’étende le pouvoir dans une paix sans fin sur le trône de David et sur son royaume, pour l’établir et pour l’affermir dans le droit et la justice.». Mais la venue de Jésus provoque des réactions violentes d’opposition : opposition chez les scribes et les pharisiens (Mt 12,14 : « Étant sortis, les Pharisiens tinrent conseil contre lui, en vue de le perdre »), opposition chez les responsables politiques (Ac 4,27 : « Oui, ils se sont rassemblés en cette ville, Hérode et Ponce Pilate, avec les nations et les peuples d’Israël, contre Jésus, ton saint serviteur »), opposition de la foule qui le met à mort, opposition dans les familles (Mt 19,5 : «  je suis venu opposer l’homme à son père, la fille à sa mère et la bru à sa belle-mère »), opposition parmi les disciples mêmes de Jésus (1Co 11,18 : « … lorsque vous vous réunissez en assemblée, il se produit parmi vous des divisions,..»).

saint-esprit

En réalité, Jésus est effectivement venu nous apporter la paix. Mais une paix qui n’est pas facile à mettre en place. Jn 14,27 : « Je vous laisse la paix; c’est ma paix que je vous donne; je ne vous la donne pas comme le monde la donne ». Il y a une paix trompeuse, c’est celle donnée par le monde et reçue du monde. Un monde qui cherche une paix en dehors de Dieu, sans Dieu et qui finalement est un simulacre de paix qui mènera ce monde à sa propre perte. Jr 6,13-14 : « 13 Tous, petits et grands, sont âpres au gain. Tous, prophètes et prêtres, ont une conduite fausse. 14 Ils ont bien vite fait de remédier au désastre de mon peuple, en disant : « tout va bien ! tout va bien ! Et rien ne va ! ». Il y a donc un monde qui cherche la paix sans Dieu et un monde qui ne peut avoir la paix de Dieu que s’il se lie intimement au Christ. Et la division se fait alors entre ceux qui croient en Dieu et ceux qui n’y croient pas, ou pas suffisamment. Il suffit de regarder autour de nous : les enfants qui viennent de faire la confirmation désertent déjà la messe le dimanche, d’autres,  poussés en cela par leurs parents, pratiqueront deux religions, sans compter ceux qui ne veulent pas entendre ou lire la parole de Dieu, ceux qui ne viennent plus à la messe ou au sacrement de réconciliation, à l’adoration du saint sacrement etc… Beaucoup s’éloignent du Christ, victimes eux-mêmes de l’Esprit du Mal qui, sans cesse, sème la division, le découragement, une certaine lassitude d’un Dieu mal compris et donc mal aimé. D’où l’intervention de Saint-Paul qui nous dit en 2Tm 4, 2-4 qu’il nous faut réagir : « …Proclame la parole, insiste à temps et à contretemps, réfute, menace, exhorte, avec une patience inlassable et le souci d’instruire. 3 Car un temps viendra où les hommes ne supporteront plus la saine doctrine, mais au contraire, au gré de leurs passions et l’oreille les démangeant, ils se donneront des maîtres en quantité 4 et détourneront l’oreille de la vérité pour se tourner vers les fables ».

ESPRIT SAINT

Ne laissons pas le feu de l’Esprit Saint s’éteindre en nous. Et c’est pourquoi, Jésus est venu jeter un feu sur la terre, l’Esprit Saint qui nous anime, nous purifie, nous guide car les fruits de l’Esprit sont (Ga 5,22-23) : « 22 charité, joie, paix, longanimité, serviabilité, bonté, confiance dans les autres, 23 douceur, maîtrise de soi : contre de telles choses il n’y a pas de loi ». Il est donc nécessaire également que chacun de nous soit réellement en lien constant avec le Christ par une prière continuelle, par l’Eucharistie (les messes), les sacrements, l’adoration du Saint Sacrement, avec bien sûr un ardent désir de Dieu, de s’unir au Christ qui nous donnera l’Esprit Saint. C’est tout cela qui nous donnera cette force à la fois pour lutter contre le Malin et rester uni au Christ, et nous permettre d’avancer, coûte que coûte, pour établir le Royaume de Dieu au moyen de la fraternité, de la solidarité, de l’amour tel que le Christ nous l’a enseigné par son exemple et par sa parole. C’est à ce petit groupe de chrétiens dans le monde de relever le défi de l’amour, de la paix véritable, contre la violence, la division, la haine. C’est dans le Christ seul que nous pouvons avancer dans la paix, même si l’on doit souffrir. Jn 1,9-11 : « 9 Le Verbe était la lumière véritable, qui éclaire tout homme; il venait dans le monde. 10 … et le monde ne l’a pas reconnu. 11 Il est venu chez lui, et les siens ne l’ont pas reconnu ». La passion du Christ, c’est le prix à payer pour sauver le monde par l’amour, source de paix. Et cette agonie n’est malheureusement pas terminée. Padre Pio, dans une vision, nous raconte : « Jésus me dit : Mon fils, ne crois pas que mon agonie n’ait duré que trois heures, non, à cause des âmes que j’ai le plus comblées, je serai en agonie jusqu’à la fin du monde. Pendant le temps de mon agonie, mon fils, il ne faut pas dormir. Mon âme va à la recherche de quelques gouttes de piété humaine; mais hélas, je suis seul sous le poids de l’indifférence. L’ingratitude et la somnolence de mes ministres me rendent plus pénible mon agonie. Hélas, comme ils répondent mal à mon amour! Ce qui m’afflige le plus, c’est que ceux-ci ajoutent à leur indifférence le mépris et l’incrédulité ». L’indifférence, l’ingratitude, l’impiété, la somnolence, le mépris, l’incrédulité des chrétiens et du monde, tout cela fait que l’on réponde mal à l’amour de Dieu pour nous, et devient cause de division. Et la division c’est la spécialité de l’Esprit du Mal. C’est bien par les fruits que nous pouvons reconnaître quel esprit nous anime. Le chrétien vigilant s’associe au Christ en permanence par la prière et, principalement par l’Eucharistie où son union au sacrifice du Christ participe également à la rédemption et au salut du monde. C’est « surtout dans le divin sacrifice de l’Eucharistie, que s’exerce l’œuvre de notre rédemption » (SC2), c’est à dire le rachat des péchés du monde. CEC 776 : « Entre les mains du Christ, l’Eglise – c’est-à-dire l’ensemble des fidèles du Christ – est instrument de la Rédemption de tous les hommes » (LG 9).  En participant à la messe, chaque chrétien, vivant en vérité dans le Christ,  participe aussi au salut du monde. Conscient de ce salut auquel il contribue, le chrétien ne peut plus venir à la messe avec indifférence, ni par habitude, oubliant ce pour quoi il vient à la messe. Et si la Vierge Marie est apparue à la Salette à Mélanie et à Maximin, c’est bien pour rappeler l’importance de la messe. Soyons fiers de ce bel instrument que Dieu nous a donné par son Fils et qui s’appelle l’Eglise, pour la paix et le salut du monde.

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