Dieu Créateur et Père de tout homme

Dès le premier chapitre du Livre de la Genèse, Dieu apparaît comme le Créateur et Père de tout homme, quel qu’il soit, où qu’il soit, et ce texte fondateur ne cessera d’être repris tout au long de la Bible. En cette première étape, nous soulignerons donc tout à la fois cette paternité de Dieu et cette perspective universelle, car ces deux points sont les fondements de notre vie : accueillir Dieu comme un Père plein de Tendresse, et tout homme, quel qu’il soit, comme « mon frère »…

 Dieu Créateur - Trinité

La Bible s’ouvre sur le récit de la création du monde, et en ce premier chapitre du Livre de la Genèse, « Dieu » apparaît au travers d’un terme étonnamment général, « אלהים, Élohim » en hébreu, pluriel de majesté de « אל, El », El étant la racine courante dans les langues sémites pour évoquer le mystère de la divinité… Dans le second chapitre, il sera nommé « יהוה, Yahvé » en référence au Nom révélé à Moïse dans le buisson ardent (Ex 3,15), un Nom qui renvoie plutôt à ce Dieu de l’Alliance qui s’est révélé tout spécialement dans le cadre de ses relations avec Abraham et sa descendance : « Dieu dit encore à Moïse : Tu parleras ainsi aux Israélites : Yahvé, le Dieu de vos pères, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob m’a envoyé vers vous. C’est mon nom pour toujours, c’est ainsi que l’on m’invoquera de génération en génération » (Ex 3,15).

Le premier chapitre de la Genèse a donc d’emblée une perspective très générale, universelle. « Dieu, אלהים, Élohim » y apparaît comme le Créateur de tout le monde visible : « Dieu dit : Que la lumière soit et la lumière fut… Dieu dit : Que la terre verdisse de verdure… et il en fut ainsi… Dieu dit : Que la terre produise des êtres vivants selon leur espèce : bestiaux, bestioles, bêtes sauvages selon leur espèce et il en fut ainsi… Dieu dit : « Faisons l’homme à notre image, comme notre ressemblance »… Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, homme et femme il les créa. Dieu les bénit et Dieu leur dit »… Et l’aventure humaine commence…

Dieu apparaît donc comme le créateur de tout homme, et dans ce texte, il n’est pas explicitement nommé « Père », mais les notions d’image et ressemblance ne peuvent qu’y faire penser… Pensons aux expressions multiples de celles et ceux qui se penchent sur un nouveau né : « Comme il ressemble à son papa… C’est le portrait tout craché de sa mère », etc…

pere-et-fils

 

Dieu est donc le Créateur de tout homme, quel qu’il soit… Il est le « Papa » de tout homme, quel qu’il soit… Et la Bible répètera très souvent sa déclaration à Moïse juste après le premier péché grave de son Peuple : « Yahvé, Yahvé, Dieu tendre et miséricordieux » (Ex 34,6)…

Avant de poursuivre, lisons très rapidement le second récit de la création :

Gn 2,4b-7 : « Au temps où Yahvé Dieu fit la terre et le ciel, il n’y avait encore aucun arbuste des champs sur la terre et aucune herbe des champs n’avait encore poussé, car Yahvé Dieu n’avait pas fait pleuvoir sur la terre et il n’y avait pas d’homme pour cultiver le sol. Toutefois, un flot montait de terre et arrosait toute la surface du sol. Alors Yahvé Dieu modela l’homme avec la glaise du sol, il insuffla dans ses narines une haleine de vie et l’homme devint un être vivant. »

Ces textes de Gn 1 et Gn 2 sont très souvent cités dans tous les autres Livres de la Bible. Donnons quelques exemples :

Is 42,5 : « Ainsi parle Dieu, Yahvé, qui a créé les cieux et les a déployés,

qui a affermi la terre et ce qu’elle produit,    (Gn 1)

qui a donné le souffle au peuple qui l’habite,

et l’esprit à ceux qui la parcourent. »   (Gn 2).

 

Ps 33(32),6 : « Par la parole de Yahvé les cieux ont été faits,      (Gn 1)

par le souffle de sa bouche, toute leur armée »…   (Gn 2)

 

Ps 104(103),29-30 : « Tu caches ta face, ils s’épouvantent,

tu retires leur souffle, ils expirent, à leur poussière ils retournent.         (Gn 2)

(30)Tu envoies ton souffle, ils sont créés, tu renouvelles la face de la terre. » (Gn 2)

 

Jdt 16,14 : « Que toute ta création te serve !

Car tu as dit et les êtres furent, (Gn 1)

tu envoyas ton souffle et ils furent construits, (Gn 2)

et personne ne peut résister à ta voix. »

 

Ac 17,24-25 : Le Dieu qui a fait le monde et tout ce qui s’y trouve, (Gn 1)

lui, le Seigneur du ciel et de la terre,

n’habite pas dans des temples faits de main d’homme.

(25) Il n’est pas non plus servi par des mains humaines,

comme s’il avait besoin de quoi que ce soit,

lui qui donne à tous vie, souffle et toutes choses. (Gn 2)

Toute la Bible a donc comme fondations premières le fait que Dieu est le créateur de tout homme, et en ce sens « le Père » de tout homme, quel qu’il soit,  « créé à son image et ressemblance » (Gn 1,26-27). Le P. Marcel Domergue écrit : « La première paternité dont parle la Bible est celle de Dieu vis à vis des hommes. Elle est insinuée en Genèse 1 quand l’auteur nous dit que Dieu crée l’homme à son image et ressemblance. Même si les deux termes ne sont pas tout à fait équivalents, on peut les prendre en bloc comme caractéristiques de la paternité ‑ filiation. « Image et ressemblance » n’est pas utilisée pour les animaux mais pour l’homme seul. Ainsi en Gn 5,3, après avoir dit (verset 1) que Dieu créa l’homme à la ressemblance de Dieu, le texte poursuit : « Adam engendra un fils à sa ressemblance, selon son image ». Filiation et ressemblance vont donc de pair »…

Et il poursuit : « La Bible pourrait porter en sous titre : Comment l’homme devient fils de Dieu, accomplissant ainsi la paternité du Père. Cette dernière phrase peut surprendre, et pourtant Dieu est-il totalement Père, Père accompli, tant que son fils humain n’est pas totalement fils ? Et aussi tant que tous ses fils ne sont pas encore au monde ? Cela implique que la paternité de Dieu connaîtrait une histoire, un devenir. Parce que notre filiation – notre ressemblance à Dieu – est remise entre nos mains, est confiée à notre liberté, il dépend de nous de faire de Dieu notre Père ».[1]

Dieu est le Père de tout homme… Le prophète Malachie (vers 450 avant JC) ne s’y est pas trompé :

Ml 2,10 ( : N’avons-nous pas tous un Père unique ? N’est-ce pas un seul Dieu qui nous a créés ?

Pourquoi donc sommes-nous perfides l’un envers l’autre ?…

Or le dictionnaire Larousse donne pour « père » : « Homme qui a engendré un ou plusieurs enfants », et l’on pourrait rajouter, en se donnant lui-même. Et c’est bien ainsi que Dieu a créé l’homme « à son image et ressemblance » (Gn 1,26-27), en se donnant lui-même, en donnant son Souffle (Gn 2,7), c’est-à-dire son Esprit. « Dieu » en effet « est Esprit » (Jn 4,24). Et il engendra des hommes ayant à leur tour souffle de vie, des hommes qui sont tout à la fois « corps, âme et esprit » (1Th 5,23). On peut noter que dans le texte d’Isaïe lu précédemment, « souffle » et « esprit » sont bien mis en parallèle, ils désignent la même réalité, et ils peuvent être compris aussi bien comme le Souffle, l’Esprit de Dieu que comme le souffle, l’esprit de l’homme…

Is 42,5 : « Dieu a donné le Souffle (son Souffle) au peuple qui l’habite, 

                                         et l’Esprit (son Esprit) à ceux qui la parcourent. »

Noter à nouveau l’universalité de la perspective : ceci est vrai de tout homme, quel qu’il soit, où qu’il soit, quelles que soient ses origines, sa culture, son éducation, ses cheminements religieux… Et nous allons encore la souligner avec deux autres textes bibliques ‘fondateurs’…

Dans le contexte du Peuple d’Israël, le Livre du Deutéronome appelle Dieu « Père » en tant que c’est Lui qui est à l’origine de ce Peuple par l’appel d’Abraham. Lisons tout de suite cet appel :

Gn 12,1-4 : Le Seigneur dit (à Abraham) :

« Pars de ton pays, laisse ta famille et la maison de ton père,

va dans le pays que je te montrerai.

(2) Je ferai de toi une grande nation,

je te bénirai, je rendrai grand ton nom, et tu deviendras une bénédiction.

(3) Je bénirai ceux qui te béniront, je maudirai celui qui te méprisera.

En toi (ou par toi) seront bénies toutes les familles de la terre. »

 

Abraham est béni par le Seigneur. Il est invité à accueillir de tout cœur cette bénédiction et à se faire le serviteur du Seigneur pour que cette même bénédiction puisse être accueillie par « toutes les familles de la terre », c’est-à-dire tous les hommes, sans aucune exception…

Et lors du premier texte d’Alliance qui apparaît dans la Bible (Gn 9,8-17), nous découvrons que Dieu vit en « Alliance éternelle » avec « tous les êtres vivants, en somme toute chair[2] qui est sur la terre », c’est-à-dire tout homme… Telle est cette Bonne Nouvelle dont les hommes doivent prendre conscience : Dieu vit en Alliance avec eux tous, quels qu’ils soient, où qu’ils soient, proches d’eux tous, et avec un seul désir : les combler de sa bénédiction, de sa vie…

Lisons donc ce texte du Deutéronome, où la notion de paternité renvoie certes aux origines du Peuple d’Israël, mais le vocabulaire employé ne peut que faire penser aussi au Dieu créateur… Soulignons en effet que la notion de Peuple ne se vit que par les personnes qui le constituent. Ce qui est dit du Peuple ne se vérifie concrètement qu’à travers la vie de chacun de ses membres. Il existe donc toujours dans ces textes un « va et vient » entre la figure collective et la réalité de vie qui est celle de chaque personne concernée.

Dt 32,6 : Est-ce là ce que vous rendez au Seigneur (Yahvé)[3] ?

Peuple insensé, dénué de sagesse !

N’est-ce pas lui ton Père, qui t’a donné la vie, lui qui t’a fait et par qui tu subsistes ?

 

Le prophète Isaïe appelle également Dieu « Père », avec une allusion manifeste à Gn 2 :

Is 64,7« Et pourtant, Seigneur (Yahvé), tu es notre Père,

nous sommes l’argile, tu es notre potier, nous sommes tous l’œuvre de tes mains. »

Cette notion de « Père » appliquée directement à Dieu intervient rarement dans l’Ancien Testament. Mais lorsqu’elle apparaît, nous sommes toujours dans le contexte des relations « Dieu – hommes »…

Dieu invite ainsi le Roi David à l’appeler « Père » :

 Ps 89(88),21.27-28 : J’ai trouvé David mon serviteur, je l’ai oint de mon huile sainte ;

(27) Il m’appellera : « Toi, mon Père, mon Dieu et le Rocher de mon salut ! »

(28) si bien que j’en ferai l’aîné, le très-haut sur les rois de la terre.

Nous retrouvons ici le fait que le roi, par sa consécration royale, était établi dans une relation de proximité toute particulière avec Dieu. « Lors de son intronisation, le roi choisit par Dieu devenait fils de Dieu et son lieutenant sur terre et participait alors d’une manière nouvelle à l’action divine en faveur de son peuple. En effet, ce n’est pas de lui-même que le roi tient son pouvoir, mais de Dieu qui le choisit pour faire « paître » son peuple »[4]. Le Psaume 2 chanté lors de toute nouvelle consécration royale, dit en effet :

 Ps 2,6-8 : « Moi, j’ai sacré mon roi sur Sion, ma sainte montagne. »

(7) Je proclame le décret du Seigneur (Yahvé) !

Il m’a dit : « Tu es mon fils ; moi, aujourd’hui, je t’ai engendré. »

 

« Cette expression est à interpréter dans le sens d’un acte d’élection et d’adoption et non comme l’affirmation d’une relation de parenté »[5]. Il en ira bien sûr tout autrement lorsque St Luc appliquera ce Psaume au Christ lors de son baptême par Jean-Baptiste (Lc 3,21-22), car là, Jésus est le Fils éternel du Père…

Dieu dit ainsi à David par son prophète Samuel :

2S 7,14 : « Je serai pour lui un père et il sera pour moi un fils »[6]

Le Roi, dans le Livre de la Sagesse, étendra cette filiation à tout son Peuple :

 Sg 9,7 : C’est toi qui m’as choisi pour roi de ton peuple et pour juge de tes fils et de tes filles.

 

Et nous lisons en Sg 18,13 : « Ce peuple était fils de Dieu ».

 

Le prophète Osée (750 av JC)[7] avait fait de même bien avant le Livre de la Sagesse, écrit en grec par un Juif d’Alexandrie vers 50 av JC:

Os 2,1 : Le nombre des enfants d’Israël sera comme le sable de la mer,

qu’on ne peut ni mesurer ni compter; au lieu même où on leur disait :

Vous n’êtes pas mon peuple , on leur dira : Fils du Dieu vivant…

 

Os 11,1-4 : « Quand Israël était jeune, je l’aimai, et d’Égypte j’appelai mon fils[8].

(2) Mais plus je les appelais, plus ils s’écartaient de moi ;

aux Baals ils sacrifiaient, aux idoles ils brûlaient de l’encens.

(3) Et moi j’avais appris à marcher à Éphraïm, je le prenais par les bras,

et ils n’ont pas compris que je prenais soin d’eux !

(4) Je les menais avec des attaches humaines, avec des liens d’amour ;

j’étais pour eux comme ceux qui soulèvent un nourrisson tout contre leur joue,

je m’inclinais vers lui et le faisais manger. »

Nous voyons ici un Père qui a toute la tendresse d’une Mère… C’est ce que diront les prophète Isaïe et Jérémie :

Is 63,15-17.19b : Regarde du ciel et vois, depuis ta demeure sainte et glorieuse.

Où sont ta jalousie et ta puissance ?

Le frémissement de tes entrailles, et ta pitié pour moi (« réhem » : utérus, sein maternel ; tendresse maternelle)

se sont-ils contenus ?

(16) Pourtant tu es notre Père.

Si Abraham ne nous a pas reconnus, si Israël ne se souvient plus de nous,

toi, Seigneur (Yahvé), tu es notre Père, notre rédempteur,

tel est ton nom depuis toujours.

(17) Pourquoi, Seigneur (Yahvé), nous laisser errer loin de tes voies

et endurcir nos cœurs en refusant ta crainte ?

Reviens, à cause de tes serviteurs et des tribus de ton héritage.

(19b) Ah ! si tu déchirais les cieux et descendais

Jr 31,20 : Ephraïm est-il donc pour moi un fils si cher, un enfant tellement préféré,

que chaque fois que j’en parle je veuille encore me souvenir de lui ?

C’est pour cela que mes entrailles s’émeuvent pour lui

(Littéralement : c’est pourquoi grondement, tumulte de mes entrailles pour lui),

que pour lui déborde ma tendresse (maternelle) oracle de Yahvé.

Et en Is 66,13, Dieu est comparé directement à une mère :

Is 66,12-13 : Car ainsi parle le Seigneur (Yahvé) :

Voici que je fais couler vers elle la paix comme un fleuve,

et comme un torrent débordant, la gloire des nations.

Vous serez allaités, on vous portera sur la hanche,

on vous caressera en vous tenant sur les genoux.

(13) Comme celui que sa mère console,

moi aussi, je vous consolerai, à Jérusalem vous serez consolés.

 

Notons aussi Si 4,10 : « Sois pour les orphelins un père et comme un mari pour leur mère. Et tu seras comme un fils du Très-Haut qui t’aimera plus que ne fait ta mère. »

Et Dieu en Jr 3,19 n’a qu’un seul désir : que ses fils l’appellent « Père ! » :

Jr 3,19 : « Et moi qui m’étais dit : Comment te placerai-je au rang des fils ?

Je te donnerai une terre de délices, l’héritage le plus précieux d’entre les nations.

Je me disais : Vous m’appellerez Mon Père et vous ne vous séparerez pas de moi. »

Tel est donc ce Dieu Père qui nous aime d’un amour de Mère, un Dieu Père qui rêve que son Peuple l’appelle « Père », et c’est bien le Christ qui, en nous apprenant à dire ‘Notre Père’, permettra à ce désir d’être exaucé… « Ma nourriture est de faire la volonté de Celui qui m’a envoyé » (Jn 4,34)… Quel sens prend alors ici ce mot de « volonté » : exaucer le désir du Père, travailler à la Joie du Père…

Notons ici ce texte surprenant du Livre de la Sagesse où Dieu est appelé « Père » dans le contexte d’un païen idolâtre, dominé par l’appât du gain, et pourtant, Dieu Père prend soin de lui alors même qu’il prie son idole ! Incroyable ouverture d’esprit pour l’époque…

Sg 14,1-4 : Tel autre qui prend la mer pour traverser les flots farouches

invoque à grands cris un bois plus fragile que le bateau qui le porte.

(2) Car ce bateau, c’est la soif du gain qui l’a conçu, c’est la sagesse artisane qui l’a construit;

(3) mais c’est ta Providence, ô Père, qui le pilote,

car tu as mis un chemin jusque dans la mer, et dans les flots un sentier assuré,

(4) montrant que tu peux sauver de tout,

en sorte que, même sans expérience, on puisse embarquer.

 

Nous retrouvons l’universalisme très présent dans le Livre de la Sagesse :

Sg 11,23-24 : ἐλεεῖς δὲ πάντας, ὅτι πάντα δύνασαι,

Tu fais miséricorde à tous, parce que tu peux tout,

καὶ παρορᾷς ἁμαρτήματα ἀνθρώπων εἰς μετάνοιαν

tu fermes les yeux (παροράω : regarder à côté, ne pas voir, ne pas remarquer) sur les péchés des hommes, pour qu’ils se repentent.

(24) ἀγαπᾷς γὰρ τὰ ὄντα πάντα

Tu aimes en effet tout ce qui existe, et tu n’as de dégoût pour rien de ce que tu as fait ;

car si tu avais haï quelque chose, tu ne l’aurais pas formé.

Dieu a donc tout créé par amour… Nous avons vu qu’un père engendre à la vie en se donnant lui-même… Nous retrouvons ainsi ce principe si bien énoncé par Ste Thérèse de Lisieux et que nous reverrons par la suite : « Aimer, c’est tout donner et se donner soi-même », un principe à prendre pour Dieu au pied de la lettre… Ce « Dieu » qui « est Esprit » (Jn 4,24) nous a créé par amour en se donnant Lui-même, et donc en donnant l’Esprit qui nous a donné d’être à notre tour « Esprit »… Et ce « Dieu » qui « est » aussi « Amour » (1Jn 4,8.16) ne cesse d’aimer, un amour toujours offert qui prend le visage de la Miséricorde pour l’homme pécheur, infidèle…

Sg 15,1 : ΣΥ δὲ ὁ Θεὸς ἡμῶν χρηστὸς καὶ ἀληθής, μακρόθυμος καὶ ἐν ἐλέει διοικῶν τὰ πάντα. « TOI, notre Dieu, tu es bon et vrai, patient, tu gouvernes tout avec miséricorde. »

Ps 145,9 : Il est bon, le Seigneur (Yahvé), envers tous,

         et ses tendresses (maternelles ; καὶ οἱ οἰκτιρμοὶ αὐτοῦ, ses compassions, ses miséricordes)

sont pour toutes ses œuvres.

La Miséricorde de ce « Père des Miséricordes » (2Co 1,3), est également très présente chez le prophète Jérémie qui rappelle qu’Israël appelait Dieu « Mon Père », alors même qu’ils ne cessaient de lui être infidèles :

Jr 3,1-5 : « Si un homme répudie sa femme,

et que celle-ci le quitte et appartient à un autre, a-t-il encore le droit de revenir à elle ? N’est-elle pas totalement profanée, cette terre-là ?

Et toi qui t’es prostituée à de nombreux amants, tu prétends revenir à moi !

Oracle du Seigneur (Yahvé).

(2) Lève les yeux vers les monts chauves et regarde. Où ne t’es-tu pas livrée ?

Tu étais là, pour eux, le long des chemins, comme l’Arabe au désert.

Tu as profané le pays par tes prostitutions et tes forfaits ;

(3) aussi les pluies furent-elle retenues et l’ondée tardive ne vint plus.

Mais tu conservais un front de prostituée, refusant de rougir.

(4) Dès maintenant, ne me cries-tu pas : Mon Père ! L’ami de ma jeunesse, c’est toi !

(5) Gardera-t-il toujours sa rancune, va-t-il éterniser son courroux ?

Tu parles ainsi en commettant tes crimes, obstinée que tu es.

 

« L’ami de ma jeunesse » renvoie à l’épisode fondateur de l’Exode :

Jr 2,1-7 : « La parole du Seigneur (Yahvé) me fut adressée en ces termes :

(2) Va crier ceci aux oreilles de Jérusalem. Ainsi parle le Seigneur (Yahvé) :

Je me rappelle l’affection de ta jeunesse, l’amour de tes fiançailles,

alors que tu marchais derrière moi au désert, dans une terre qui n’est pas ensemencée.

(3) Israël était une part sainte pour le Seigneur (Yahvé), les prémices de sa récolte ;

tous ceux qui en mangeaient étaient coupables, le malheur fondait sur eux,

oracle du Seigneur (Yahvé).

(4) Écoutez la parole du Seigneur (Yahvé), maison de Jacob

et toutes les familles de la maison d’Israël.

(5) Ainsi parle le Seigneur (Yahvé) :

En quoi vos pères m’ont-ils trouvé injuste pour s’être éloignés de moi,

pour marcher derrière la Vanité et devenir eux-mêmes vanité ?

(6) Ils n’ont pas dit : Où est le Seigneur (Yahvé) qui nous fit monter du pays d’Égypte

et nous fit marcher dans le désert, dans une terre aride et ravinée,

dans une terre desséchée et obscure,

terre que personne ne parcourt, où nul homme ne se fixe?

(7) Pourtant je vous ai conduits au pays du verger

pour vous rassasier de ses fruits et de ses biens ;

vous êtes entrés et vous avez souillé mon pays,

mon héritage, vous l’avez changé en abomination.

Israël est infidèle ? Dieu part à sa recherche par ses prophètes, et il est toujours leur « Père », et c’est Lui qui le dit ! Certes, le sens de ‘fondateur d’Israël’ est encore premier dans ce contexte, mais son comportement vis-à-vis de son Peuple, et donc vis-à-vis de chacun des membres de son Peuple, sa Fidélité, sa Tendresse, tout cela associé également à la notion de Dieu Créateur, ne peut qu’entraîner à aller plus loin… Et c’est le Christ qui nous révèlera la Plénitude de sens que nous pouvons donner à ce Dieu « Père », une Plénitude déjà présente de fait dans l’Ancien Testament puisque Dieu Est de toute éternité ce qu’Il Est, une Plénitude suggérée mais qui ne demande qu’à être pleinement accueillie…

Jr 3,14.22 : Revenez, fils rebelles – oracle du Seigneur (Yahvé)

– car c’est moi votre Maître.

Je vous prendrai, un d’une ville, deux d’une famille, pour vous amener à Sion.

– Revenez, fils rebelles, je veux guérir vos rébellions !

– Nous voici, nous venons à toi, car tu es le Seigneur (Yahvé) notre Dieu.

      Jr 31,1-9 : En ce temps-là – oracle du Seigneur (Yahvé) –

            je serai le Dieu de toutes les familles d’Israël, et elles seront mon peuple.

(2)             Ainsi parle le Seigneur (Yahvé) : Il a trouvé grâce au désert (allusion à l’Exode)

            le peuple échappé à l’épée (allusion à l’exil à Babylone, en 587 av JC ; le retour d’exil est un nouvel exode.)

            Israël marche vers son repos.

(3)             De loin le Seigneur (Yahvé) m’est apparu : D’un amour éternel je t’ai aimée,

            aussi t’ai-je maintenu ma faveur.

(4)             De nouveau je te bâtirai et tu seras rebâtie, vierge d’Israël.

            De nouveau tu te feras belle, avec tes tambourins,

                        tu sortiras au milieu des danses joyeuses.

(5)             De nouveau tu seras plantée de vignes sur les montagnes de Samarie

            (ils planteront, les planteurs, et ils cueilleront).

(6)             Oui, ce sera le jour où les veilleurs crieront sur la montagne d’Éphraïm :            

                 Debout ! Montons à Sion, vers le Seigneur notre Dieu !

(7)             Car ainsi parle le Seigneur (Yahvé) :

            Criez de joie pour Jacob, acclamez la première des nations ! Faites-vous entendre !            

             Louez ! Proclamez : le Seigneur (Yahvé) sauve son peuple, le reste d’Israël !

(8)             Voici que moi je les ramène du pays du Nord,

            je les rassemble des extrémités du monde.

            Parmi eux l’aveugle et le boiteux, la femme enceinte et la femme qui enfante,

            tous ensemble : c’est une grande assemblée qui revient ici !

(9)             En larmes ils reviennent, dans les supplications je les ramène.

            Je vais les conduire aux cours d’eau,

            par un chemin tout droit où ils ne trébucheront pas.

            Car je suis un Père pour Israël et Éphraïm est mon premier-né.

 

Citons également le Livre de Tobie :

Tb 13,1-4 (vers 330 av JC) : « Et Tobit, père de Tobie, dit :

Béni soit Dieu qui vit à jamais, car son règne dure dans tous les siècles !

(2) Car tour à tour il châtie et il pardonne,

il fait descendre aux profondeurs des enfers et il retire de la grande Perdition : personne n’échappe à sa main.

(3) Célébrez-le en face des nations, vous, enfants d’Israël !

Car s’il vous a dispersés parmi elles,

(4) c’est là qu’il vous a montré sa grandeur.

Exaltez-le en face de tous les vivants,

c’est lui notre Seigneur et c’est lui notre Dieu et c’est lui notre Père

et il est Dieu dans tous les siècles ! »

Cette Plénitude « paternelle » de Dieu se laisse tout spécialement pressentir lorsque, quittant le domaine de l’appellation générale vis-à-vis du Peuple d’Israël, elle se focalise sur telle ou télé catégorie de personne, montrant un Dieu Père tout spécialement proche de celles et ceux qui souffrent :

     Ps 68,6 : « Père des orphelins, justicier des veuves, c’est Dieu dans son lieu de sainteté »…

 

Et puis parfois, ce Dieu Père entre dans la vie de l’auteur biblique… L’intense relation personnelle entre lui et son Dieu et Père laisse pressentir tout le sens que l’on peut donner à ce mot de « Père », un sens qui, encore une fois, apparaîtra pleinement avec le Christ, le Fils éternel du Père, l’unique engendré, venu révéler à tout homme sa vocation : être fils à l’image du Fils (Rm 8,29)…

Si 23,1 : « Seigneur, Père et Maître de ma vie,

ne me laisse pas trébucher par leur fait. »

Si 23,4 : « Seigneur, Père et Dieu de ma vie, ne m’abandonne pas à leur caprice,

fais que mes regards ne soient pas effrontés »…

 

Notons aussi ce texte étonnant du Livre de la Sagesse, écrit en grec à Alexandrie, une cinquantaine d’années avant le Christ. Il évoque un homme « juste » qui se nomme « enfant du Seigneur », qui « se vante d’avoir Dieu pour Père ». Ses adversaires l’éprouveront, pour voir si ce qu’il dit est vrai… On croirait lire un extrait de la Passion, suivie de la Résurrection :

             Sg 2,12-20 ; 5,1-5 : Tendons des pièges au juste,

            puisqu’il nous gêne et qu’il s’oppose à notre conduite,

            nous reproche nos fautes contre la Loi et nous accuse de fautes contre notre éducation.

(13)             Il se flatte d’avoir la connaissance de Dieu et se nomme enfant du Seigneur.

(14)             Il est devenu un blâme pour nos pensées, sa vue même nous est à charge ;

(15)             car son genre de vie ne ressemble pas aux autres, et ses sentiers sont tout différents.

(16)             Il nous tient pour chose frelatée et s’écarte de nos chemins comme d’impuretés.

            Il proclame heureux le sort final des justes et il se vante d’avoir Dieu pour Père.

(17)             Voyons si ses dires sont vrais, expérimentons ce qu’il en sera de sa fin.

(18)    Car si le juste est fils de Dieu, Il l’assistera et le délivrera des mains de ses adversaires[9].

(19)             Éprouvons-le par l’outrage et la torture afin de connaître

                        sa sérénité et de mettre à l’épreuve sa résignation.

(20)             Condamnons-le à une mort honteuse, puisque, d’après ses dires, il sera visité. (…)

(5,1)            Alors le juste se tiendra debout, plein d’assurance,

            en présence de ceux qui l’opprimèrent, et qui, pour ses labeurs, n’avaient que mépris.

(2)            À sa vue, ils seront troublés par une peur terrible,

            stupéfaits de le voir sauvé contre toute attente.

(3)            Ils se diront entre eux, saisis de regrets et gémissant, le souffle oppressé :

(4)            Le voilà, celui que nous avons jadis tourné en dérision

            et dont nous avons fait un objet d’outrage, nous, insensés !

            Nous avons tenu sa vie pour folie, et sa fin pour infâme.

(5)            Comment donc a-t-il été compté parmi les fils de Dieu ?

            Comment a-t-il son lot parmi les saints ?

Notons aussi cette belle leçon du Livre de la Sagesse :

 Sg 12,19-22 : En agissant ainsi, tu as enseigné à ton peuple

que le juste doit être ami des hommes,

et tu as donné le bel espoir à tes fils qu’après les péchés tu donnes le repentir.

(20) Car, si ceux qui étaient les ennemis de tes enfants et promis à la mort,

tu les as punis avec tant d’attention et d’indulgence,

leur donnant temps et lieu pour se défaire de leur malice,

(21) avec quelle précaution n’as-tu pas jugé tes fils,

toi qui, par serments et alliances, as fait à leurs pères de si belles promesses ?

(22) Ainsi, quand tu châties nos ennemis avec mesure,

tu nous apprends à songer à ta bonté quand nous jugeons,

et, quand nous sommes jugés, à compter sur ta miséricorde.

Sg 16,26 (cf. v. 10 ; 18,4.13) :

Ainsi tes fils que tu as aimés, Seigneur, l’apprendraient :

ce ne sont pas les diverses espèces de fruits qui nourrissent l’homme,

mais c’est ta parole qui conserve ceux qui croient en toi.

 

Cette notion « d’enfants », de « fils », très présente en fait dans le Livre de la Sagesse, intervenait aussi dans des écrits plus anciens :

Dt 32,5.19-20 : Ils se sont corrompus, eux qu’il avait engendrés sans tare,

génération fourbe et tortueuse.

(19) Le Seigneur (Yahvé) l’a vu, et dans sa colère il a rejeté[10] ses fils et ses filles.

(20) Il a dit : Je vais leur cacher ma face et je verrai ce qu’il adviendra d’eux.

Car c’est une génération pervertie, des fils sans fidélité.

Is 1,2-4 : Cieux écoutez, terre prête l’oreille, car le Seigneur parle.

J’ai élevé des enfants, je les ai fait grandir, mais ils se sont révoltés contre moi.

(3) Le bœuf connaît son possesseur, et l’âne la crèche de son maître,

Israël ne connaît pas, mon peuple ne comprend pas.

(4) Malheur ! nation pécheresse ! peuple coupable !

race de malfaiteurs, fils pervertis !

Ils ont abandonné Yahvé, ils ont méprisé le Saint d’Israël,

ils se sont détournés de lui.

 

Is 30,1.9 : Malheur aux fils rebelles ! oracle du Seigneur.

Ils font des projets qui ne viennent pas de moi,

ils trament des alliances que mon esprit n’inspire pas,

accumulant péché sur péché.

(9) Car c’est un peuple révolté, des fils menteurs,

des fils qui refusent d’écouter la Loi du Seigneur…

 

Mais ces fils rebelles, Dieu les aime toujours, ils ont beaucoup de prix à ses yeux, et il n’a qu’un seul désir, les sauver des conséquences de leurs péchés… Notons ces texte d’Isaïe où intervient également le vocabulaire de la création, et où Dieu appelle chacun des membres de son Peuple « mes fils », « mes filles », « mes enfants » :

      Is 43,1-7 : « Et maintenant, ainsi parle le Seigneur,

            celui qui t’a créé, Jacob, qui t’a modelé, Israël.

            Ne crains pas, car je t’ai racheté, je t’ai appelé par ton nom : tu es à moi.

(2)             Si tu traverses les eaux je serai avec toi, et les rivières, elles ne te submergeront pas.

            Si tu passes par le feu, tu ne souffriras pas, et la flamme ne te brûlera pas.

(3)             Car je suis Yahvé, ton Dieu, le Saint d’Israël, ton sauveur.

            Pour ta rançon, j’ai donné l’Égypte, Kush et Séba à ta place.

(4)             Car tu comptes beaucoup à mes yeux, tu as du prix et je t’aime.

            Aussi je livre des hommes à ta place et des peuples en rançon de ta vie.

(5)             Ne crains pas, car je suis avec toi, du levant je vais faire revenir ta race,

            et du couchant je te rassemblerai.

(6)             Je dirai au Nord : Donne! et au Midi : Ne retiens pas !

            Ramène mes fils de loin et mes filles du bout de la terre,

(7)             quiconque se réclame de mon nom, ceux que j’ai créés pour ma gloire,

            que j’ai formés et que j’ai faits.

Is 45,11 : Ainsi parle le Seigneur, le Saint d’Israël, son créateur :

On me demande ce qui va se passer pour mes enfants,

au sujet de l’œuvre de mes mains, on me donne des ordres.

 

Et Isaïe loue le Seigneur en ces termes :

Is 63,7-8 : Je vais célébrer les grâces du Seigneur (Yahvé),

les louanges de Dieu (Yahvé),

pour tout ce que le Seigneur (Yahvé) a accompli pour nous,

pour sa grande bonté envers la maison d’Israël,

pour tout ce qu’il a accompli dans sa miséricorde, pour l’abondance de ses grâces.

(8) Car il dit : Certes, c’est mon peuple, des fils qui ne vont pas me tromper ;

et il fut pour eux un sauveur.

Par cette appellation de « fils », Dieu apparaît donc indirectement « comme » un Père… Et il existe aussi dans l’Ancien Testament toute une série de textes où Dieu est comparé à un père…

 Dt 1,31 : Tu l’as vu aussi au désert : le Seigneur (Yahvé) ton Dieu te soutenait

comme un homme soutient son fils,

tout au long de la route que vous avez suivie jusqu’ici.

 

Dt 8,5 : Comprends donc que le Seigneur (Yahvé) ton Dieu te corrigeait

comme un père corrige son enfant,

Dt 32,18 : (Tu oublies le Rocher qui t’a mis au monde,

tu ne te souviens plus du Dieu qui t’a engendré !)

 

Ml 3,17 : Au jour que je prépare, ils seront mon bien propre, dit Yahvé Sabaot.

J’aurai compassion d’eux comme un homme a compassion de son fils qui le sert.

 

Ps 103,13 : Comme est la tendresse d’un père pour ses fils,

tendre est Yahvé pour qui le craint…

 

Jb 31,18 : Dieu, dès mon enfance, m’a élevé comme un père,

guidé depuis le sein maternel !

 

Pr 3,12 : Yahvé reprend celui qu’il aime, comme un père le fils qu’il chérit.

 

Sg 11,10 : Tu les avais éprouvés en père qui avertit…

 

Jésus reprendra ce principe de comparaison aux pères ‘terrestres’ pour faire grandir la confiance de ses disciples en leur Père céleste :

Lc 11,11-13 : Quel est d’entre vous le père auquel son fils demandera un poisson,

et qui, à la place du poisson, lui remettra un serpent ?

(12) Ou encore s’il demande un œuf, lui remettra-t-il un scorpion?

(13) Si donc vous, qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants,

combien plus le Père du ciel donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent !

Ce Dieu Père sera la grande révélation du Nouveau Testament. La Concordance de la Bible de Jérusalem donne ainsi pour « Père, nom divin », quatre références explicites dans l’Ancien Testament (Tob 13,4 ; Sg 14,3 ; Jr 3,19 ; Ml 2,10), et 258 références pour le Nouveau Testament, alors que l’Ancien Testament représente les ¾ de la Bible, et le Nouveau Testament ¼ …

                                                                                                                   D. Jacques Fournier

[1] DOMERGUE M., « La paternité de Dieu », « Croire aujourd’hui » (n° 59, 15 Novembre 1998) p. 21.

[2] Et pour souligner cette universalité, l’expression « toute chair » intervient quatre fois dans le texte, quatre étant le chiffre symbole de l’universalité : les quatre points cardinaux (nord, sud, est, ouest).

[3] « Yahvé » est le nom que Dieu révèle à Moïse en Ex 3,13-15. Yahvé est ainsi « le Dieu de l’Alliance ».

[4] POUILLY J., « Dieu Notre Père » (Cahiers Evangile 68) p.18.

[5] Id p. 9.

[6] Cette réciprocité dans l’expression est caractéristique des formules d’alliance, basée sur celle du mariage tel qu’il était célébré à l’époque (Dt 26,16-19). Quelques exemples : « Je serai votre Dieu et vous serez mon Peuple » (Jr 7,23 ; 11,4 ; 24,7 ; 30,22 ; 31,33 ; 32,38). « Ils seront mon peuple et moi, je serai leur Dieu » (Ez 11,20 ; 14,11 ; 34,30 ; 36,28 ; 37,23.27)…

[7] De même en Ex 4,22-23 : « Alors tu diras à Pharaon : Ainsi parle le Seigneur (Yahvé) : mon fils premier-né, c’est Israël. (23) Je t’avais dit : Laisse aller mon fils, qu’il me serve »…

Dt 14,1 : Vous êtes des fils pour Yahvé votre Dieu.

[8] St Matthieu appliquera ce texte à Jésus (Mt 2,15) : vrai homme, il récapitule et accomplit la vocation d’Israël. On retrouve ici la remarque précédente sur ‘figure collective’ – ‘figure individuelle’.

[9] Mt 27,43 (Jésus en croix, raillé et outragé) : « Il a compté sur Dieu ; que Dieu le délivre maintenant, s’il s’intéresse à lui ! Il a bien dit : Je suis fils de Dieu ! »

[10] Ces notions de colère et de rejet appartiennent à ces « choses imparfaites et dépassées » de l’Ancien Testament (Concile Vatican II, Dei Verbum & 15). Dieu ne rejeté jamais qui que ce soit. C’est le pécheur qui, par le mal qu’il commet, s’exclue lui-même de la Lumière pour se plonger dans les ténèbres. Et le Père ira le chercher, avec son Fils et par son Fils, au plus profond de sa nuit, pour lui tendre la main, « l’arracher à ses ténèbres et le transférer dans le Royaume de son Fils Bien-Aimé » (Col 1,13‑14) car il n’a jamais cessé d’être lui aussi à ses yeux « un fils bien-aimé »…

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