11ième Dimanche du Temps Ordinaire – Claude WON FAH HIN

11e dimanche ordinaire- Année B – Marc 4 26–34

Le thème de l’Évangile d’aujourd’hui est le Royaume de Dieu. Quand on parle de Royaume, le même mot grecque « basileia » désigne deux choses : il peut désigner un espace géographique, un territoire dans lequel on peut entrer, on va l’appeler le Royaume de Dieu, et il peut aussi désigner l’exercice d’une autorité qui gouverne un royaume, d’un pouvoir qu’on peut dénommer comme « royauté » ou encore « règne de Dieu » que l’on doit accueillir. Le Royaume dont parle Marc dans ce texte d’Évangile c’est d’abord cet espace dans lequel on peut entrer. Entrer non pas après la mort, mais maintenant. Toute personne peut entrer dans ce Royaume aujourd’hui même tout en étant encore vivant sur terre. Le Royaume de Dieu, qui est à notre portée de main, de notre vivant, porte en lui-même un principe de développement, une force secrète qui l’amènera à son complet achèvement.

« 26 Il en est du Royaume de Dieu comme d’un homme qui aurait jeté un grain en terre : qu’il dorme et qu’il se lève, nuit et jour, la semence germe et pousse, il ne sait comment. 28 D’elle-même, la terre produit d’abord l’herbe, puis l’épi, puis plein de blé dans l’épi ». La croissance silencieuse et continue de la semence échappe à l’observation. Pourtant, le semeur sait que la graine germera et portera des fruits, c’est ce qui se passe pour de nombreuses plantes qui n’ont pas besoin de grands soins et qui demandent même très peu d’eau. Autrement dit, le semeur a une totale confiance en la croissance de la plante qui, « d’elle-même produit d’abord l’herbe, puis l’épi, puis plein de blé dans l’épi ». Il attend donc patiemment le précieux fruit de la terre … jusqu’à la fin de la saison agricole, juste avant la nouvelle récolte. Cette parabole nous enseigne l’existence d’une force, secrète et mystérieuse, qui, quoi qu’il arrive, permet la croissance de la graine jusqu’à porter des fruits. D’elle-même, la terre produit d’abord l’herbe, puis l’épi, puis plein de blé dans l’épi. Il y a donc des étapes et il faut de la patience. Dieu, dans sa générosité, sème partout sa Parole. Mais pour donner des fruits, il est nécessaire que la semence de Dieu, sa parole, tombe dans la bonne terre qui est la seule qui soit capable d’incorporer la semence et porter du fruit » (Mc 4,20). Chacun de nous doit travailler à devenir une bonne terre afin que la Parole de Dieu puisse pénétrer en nous et porter des fruits le plus efficacement possible, car la Parole divine est efficace et souvent agit dès qu’elle est dite. : « Dieu dit…et il en fut ainsi », « Silence! Tais-toi et la tempête s’apaise » (Mc 4,39), « lève-toi et marche » et le paralytique marche (Mc 2,9).

« …quand le fruit s’y prête, aussitôt il y met la faucille, parce que la moisson est à point ». La moisson symbolise l’établissement définitif du règne de Dieu qui, pour un individu, arrive à son terme au moment de la mort. C’est ainsi que la moisson peut arriver plus tôt que prévu parce que le fruit s’y prête comme nous l’explique Sg 4,7-14 sur la mort prématurée du juste, toujours douloureux pour les parents : « 7 Le juste, même s’il meurt avant l’âge, trouvera le repos. 8 La vieillesse honorable n’est pas celle que donnent de longs jours, elle ne se mesure pas au nombre des années; 9 c’est cheveux blancs pour les hommes que l’intelligence, c’est un âge avancé qu’une vie sans tache ». Et effectivement, c’est toujours difficile aux parents d’un jeune, ou d’un bébé, de comprendre pourquoi il est mort si jeune. D’où parfois la colère de certains parents qui s’élèvent contre Dieu et même perdent la foi. Le livre de la Sagesse (4,10-15) nous dit : « 10 Devenu agréable à Dieu, il a été aimé, et, comme il vivait parmi des pécheurs, il a été transféré. 11 Il a été enlevé, de peur que la malice n’altère son jugement ou que la fourberie ne séduise son âme; 13 Devenu parfait en peu de temps, il a fourni une longue carrière. 14 Son âme était agréable au Seigneur, aussi est-elle sortie en hâte du milieu de la perversité. Les foules voient cela sans comprendre, et il ne leur vient pas à la pensée 15 que la grâce et la miséricorde sont pour ses élus et sa visite pour ses saints ». Si un jeune meurt, ce n’est pas parce Dieu veut punir ni lui, ni ses parents, car jamais Il ne nous punit, au contraire Dieu veut que personne ne se perde. Dieu, dans sa miséricorde, a fait grâce à ce jeune de le prendre maintenant dans son Royaume afin de lui éviter d’être un jour corrompu par le péché s’il devait rester dans ce monde terrestre. Toujours, Dieu veut nous ramener à Lui. On a beau faire toutes les bêtises du monde, tous les péchés possibles, Dieu, parce qu’il nous aime d’un amour incompréhensible, sera toujours prêt à nous les pardonner, Il nous attend, les bras ouverts, comme Il l’a fait pour le fils prodigue ; si nous avons apostasié, renié l’Eglise et ses dogmes, renié notre propre foi, Dieu viendra encore pour nous ramener à Lui comme Il l’a fait pour Osée qui lui avait été infidèle et au lieu de lui faire du mal à celle qui lui a été infidèle, Dieu va de nouveau séduire Osée avec beaucoup de tendresse et d’amour jusqu’à ce qu’elle revienne à Lui. Parce qu’Il nous traite délicatement, Dieu est obligé de régler le degré ou la quantité d’amour qu’il nous accorde selon ce que notre cœur est capable de recevoir, car s’il nous donnait tout son amour, nous mourrons immédiatement sous le poids de son amour. C’est ce que nous dit aussi sœur Faustine (Petit Journal – §§717) : « Tu ne supporterais pas l’immensité de Mon amour si ici, sur la terre, Je te le découvrais dans toute sa plénitude…Mon amour et ma Miséricorde ne connaissent pas de bornes ». Dieu est si proche de nous, et souvent en nous, que nous avons du mal à nous en apercevoir. Si vous écoutez les musulmans qui se sont convertis au christianisme, ils découvrent qu’ils peuvent discuter directement avec Dieu – ce qu’ils ne peuvent pas faire dans l’Islam – et immédiatement presque sentir sa présence autour d’eux, en eux, dans leur corps comme dans leur âme, ils découvrent que Dieu est vivant en nous, que sa Parole agit, qu’il nous demande de pardonner, d’aimer son ennemi, tout cela n’existe pas dans leur religion. Nous avons de la chance d’être catholiques mais nous sommes souvent aveugles et sourds, et nous devons apprendre à redécouvrir les merveilles de Dieu en nous.  Chaque jour, Dieu nous accorde d’innombrables grâces, des signes de son amour, que nous finissons souvent par mettre à la poubelle, parce que nous sommes ou bien des ignorants, ou bien plongés dans le monde, le monde du plaisir, le monde orgueilleux, le monde de l’argent, du pouvoir et des honneurs. Il nous faut nous désencombrer de tout cela pour devenir une bonne terre. Nous devons apprendre à utiliser ce que Dieu nous donne : nos yeux sont faits pour voir les merveilles et les beautés du monde, création de Dieu, et en même temps pour dénicher nos propres défauts afin de nous en débarrasser pour ne causer de tort à personne ; notre langue, nous devons l’ouvrir pour annoncer la Bonne Nouvelle, rendre les gens heureux, louer le Seigneur, prier en toutes circonstances et non pas pour diviser les groupes, dire des mensonges et des calomnies comme le fait l’Esprit du Mal ; notre volonté doit faire place à la volonté divine par l’obéissance aux commandements de Dieu, faire ce que Dieu veut: aimer Dieu et son prochain, et ainsi de suite. Si nous méditons un peu chaque jour sur nos sens, notre intelligence, notre volonté, notre savoir, notre corps, notre esprit, notre intelligence et bien d’autres, nous finirons par comprendre que tout cela nous est donné par Dieu pour être à son service à travers notre prochain. Nous sommes créés par Dieu et nous retournons à Dieu. Et entre les deux, du début à la fin, nous avons le devoir du chrétien, enfant de Dieu, de fixer notre être entier, corps, cœur, âme, esprit sur le Christ afin de vivre dans la paix, la joie sereine, le plus simplement du monde. Nous avons le pouvoir, parce que Dieu nous donne la liberté, de choisir Dieu, en notre être et dans nos actes.

Le semeur est aussi moissonneur. Autrement dit, Dieu est le Semeur. C’est Lui qui sème dans notre cœur la graine qui va nous faire entrer et grandir dans le Royaume. La graine semée en nous c’est la Parole de Dieu, et la Parole c’est le Fils envoyé par le Père, Il est le Verbe incarné, Parole de Dieu devenue chair. Il est aussi la Résurrection et la Vie (Jn 11,25).  Jn 6,63 : « Les paroles que je vous ai dites sont esprit et elles sont vie ». La Parole divine contient en elle-même la Vie et l’Esprit qui met en mouvement. Une Vie divine qui va travailler en nous à la fois comme un extracteur de mauvaises herbes et une force vitale qui nous mène à porter des fruits. Ez 11,19 -20 : « 19 Je leur donnerai un seul cœur et je mettrai en eux un esprit nouveau : j’extirperai de leur chair le cœur de pierre et je leur donnerai un cœur de chair. 20 afin qu’ils marchent selon mes lois, qu’ils observent mes coutumes et qu’ils les mettent en pratique. Alors ils seront mon peuple et moi je serai leur Dieu. ». L’expression « ils seront mon peuple et moi je serai leur Dieu » n’est rien d’autre qu’un pacte entre Dieu et nous, et qui nous est offert gratuitement de sa propre initiative parce que Dieu connaît nos faiblesses, et dorénavant, il sera lui-même notre guide. Dieu, qui est Parole Vivante en son Fils incarné, est cette force secrète et mystérieuse qui fait pousser la plante qui paraît grandir d’elle-même parce qu’on ne voit pas l’action mystérieuse de Dieu en nous. Que l’on dorme ou qu’on soit actif, nuit et jour, la parole de Dieu fait son travail. Is 55,10-11 : « 10 De même que la pluie et la neige descendent des cieux et n’y retournent pas sans avoir arrosé la terre, sans l’avoir fécondée et l’avoir fait germer pour fournir la semence au semeur et le pain à manger, 11 ainsi en est-il de la parole qui sort de ma bouche, elle ne revient pas vers moi sans effet, sans avoir accompli ce que j’ai voulu et réalisé l’objet de sa mission ». Nous sommes déjà, maintenant, dans le Royaume de Dieu. Si nous acceptons cette situation, quoi qu’il arrive dans notre vie, la Parole de Dieu fera son chemin et nous fera grandir, et d’elle –même, elle nous procurera des fruits. Alors ce sera la récolte : Dieu fera la récolte après avoir semé son Esprit dans notre cœur, et nous serons dans son Royaume, car c’est là qu’il engrange sa récolte.

Cette parabole est aussi une consolation pour ceux qui prêchent la Bonne Parole « dans le désert », car si la Parole de Dieu semble couler parfois comme « de l’eau sur feuille songe » pour certaines personnes rebelles à Dieu, qui n’entendent pas ou ne veulent pas entendre sa Parole, volontairement sourdes, parce qu’elles ne désirent pas les mettre en pratique, parce qu’elles ne veulent pas se convertir et changer d’attitude ou de vie, la Parole semée, comme un boomerang, atteindra efficacement sa cible tôt ou tard. La Parole de Dieu est toujours efficace.

Le Royaume de Dieu est encore comme un grain de sénevé qui, lorsqu’on le sème sur la terre, est la plus petite de toutes les graines qui sont sur la terre. C’est une toute petite graine qu’on peut à peine voir lorsqu’on vous la dépose dans le creux de la main. Eh bien, le Royaume de Dieu est comparable à ce grain de moutarde. Au début, ce Royaume de Dieu sur terre est tout petit, il paraît très fragile. Mais cette situation ne doit pas nous tromper. Il faut être patient et confiant car il est promis à une réussite exceptionnelle vu l’ampleur de la croissance: le grain de sénevé devient la plus grande de toutes les plantes potagères. Ainsi, malgré les faiblesses de l’Eglise primitive au temps de Jésus, elle est plus active que jamais et s’étend de plus en plus dans le monde entier. Personne ne pourra rien pour contrer l’œuvre de Dieu. On pourra le freiner mais pas l’arrêter.

Avec Marie, louons le Seigneur et remercions-Le de nous inviter à vivre par Lui, avec Lui et en Lui.

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