1

19ième Dimanche du Temps Ordinaire – Claude WON FAH HIN

 

19e dimanche ordinaire – Année B – Jean 6 41–51

 

Après avoir montré la puissance de Yahvé face au dieu Baal au Mont Carmel, le prophète Élie est découragé parce que l’épouse du roi Achab, Jézabel, qui a introduit le culte des idoles en Israël, veut sa mise à mort. C’est pourquoi Élie s’enfuit dans le désert. Il souhaita mourir et dit :  C’en est assez maintenant, Yahvé! Prends ma vie… ». C’est ce qui passe aussi aujourd’hui, lorsque des personnes gravement malades, isolées et abandonnées par leur famille, ou d’autres personnes qui viennent de connaître une séparation, ou d’autres cas de personnes endettées, alcooliques, droguées etc.. se découragent. Pourtant, pendant que le prophète Élie s’endort, Dieu n’arrête de prendre soin de lui en envoyant un ange le nourrir en deux fois : « Lève-toi et mange ». Les expressions « se coucher et s’endormir » s’opposent à « lève-toi et mange » et font penser à la « mort et résurrection du Christ ». Dieu n’abandonne jamais les siens. Un chrétien n’a pas à se décourager, parce que Dieu prendra toujours soin de lui, à sa manière, pour nous ramener à Lui. Uni à Dieu, un chrétien, quelle que soit sa vie, même malade, même très âgée, même abandonnée des siens, est toujours en mission, à l’exemple de Marthe Robin qui, paralysée pendant plus de cinquante ans sur son lit, ne recevant qu’une hostie par jour, a sauvé, par la conversion, de nombreuses personnes qui venaient la visiter. Dans le découragement, cela ne sert à rien de se révolter contre Dieu. Au contraire, refugiez-vous en Lui avec l’aide de Marie.  Saint-Paul nous dit « Ne contristez pas l’Esprit Saint de Dieu, qui vous a marqués de son sceau pour le jour de la rédemption. 31 Aigreur, emportement, colère, clameurs, outrages, tout cela doit être extirpé de chez vous, avec la malice sous toutes ses formes. 32 Montrez-vous au contraire bons et compatissants les uns pour les autres, vous pardonnant mutuellement ». L’expression « les Juifs se mirent à murmurer » signifie que la foule manque de foi envers Jésus, tout simplement parce qu’elle connaît Jésus : « c’est le fils de Joseph dont nous connaissons le père et la mère ». Jusqu’à présent, Jésus apparaissait comme quelqu’un qui n’a rien d’exceptionnel. C’est quelqu’un du village comme n’importe qui. Les gens l’ont jugé sur son apparence extérieure, sans savoir qu’il était fils de Dieu. Il y a ainsi des gens anonymes qui sont des saints en devenir et que nous ignorons parce qu’ils ne font rien d’exceptionnel mais qui, également, ne contristent pas l’Esprit Saint de Dieu, extirpant de chez eux tout ce qui déplaît à Dieu : aigreur, emportement, colère, clameurs, et la malice sous toutes ses formes. Ce sont souvent des gens authentiquement  simples ou non pas ceux qui se croient simples, capables de se montrer bons et compatissants, capables de pardonner, acceptant même l’humiliation en silence comme le Christ dans sa Passion. Ils ont pour ainsi dire « aplani le chemin de Dieu » en leur propre cœur pour mieux se mettre au service des autres, aussi sont-ils centrés sur le Christ et uniquement sur Lui pour mieux se tourner vers les autres. Le Pape François (Gaudete et Exsultate – §112) nous dit : « la première des grandes caractéristiques de la sainteté, c’est d’être centré, solidement axé sur Dieu qui aime et qui soutient. Grâce à cette force intérieure, il est possible d’endurer, de supporter les contrariétés, les vicissitudes de la vie, et aussi les agressions de la part des autres, leurs infidélités et leurs défauts », montrant ainsi que la force de Dieu qui nous anime réside justement dans cette capacité à combattre nos propres défauts, car nos défauts sont nos véritables ennemis, causés par l’esprit du Mal.

Le peuple de Dieu libéré de l’esclavage d’Egypte avait aussi murmuré contre Moïse et Aaron. Mais cette fois-ci, il murmurait parce qu’il avait faim et soif et aurait préféré retourner en Egypte en tant qu’esclave pour pouvoir manger à leur faim. Et Dieu leur donne la manne en plein désert pour les soutenir dans leur traversée du désert. Dieu vient toujours au secours de son peuple affaibli.

Jn 6,32-33 : « 32 ce n’est pas Moïse qui vous a donné le pain qui vient du ciel; mais c’est mon Père qui vous donne le pain qui vient du ciel, le vrai; 33 car le pain de Dieu, c’est celui qui descend du ciel et donne la vie au monde ». Le Pain de vie est un homme envoyé par le Père : Jésus. Il se présente à nous de deux manières : le Verbe de Dieu ou Parole de Dieu- et le Pain sous forme d’hostie. Et nous avons besoin des deux. Mt 4,4 : « Ce n’est pas de pain seul que vivra l’homme, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu ». Sg 16,26 : « ce ne sont pas les diverses espèces de fruits qui nourrissent l’homme, mais c’est ta parole qui conserve ceux qui croient en toi ». La Parole est si importante qu’une personne qui ne peut pas communier à l’hostie peut le faire à la Parole de Dieu. Et cette communion à la Parole est parfois bien plus importante que celle à l’hostie : lorsque l’on communie à la Parole, il y a souvent un échange entre la Parole de Dieu et celui qui l’écoute attentivement, et cela devient une oraison, une prière face à face avec Dieu. Marthe Robin nous dit (« Marthe Robin – J.Jacques Antier – P.326-327 ) : «  Si on me demandait que vaut-il mieux faire, l’oraison (prière en tête à tête avec Dieu) ou la communion, je répondrai l’oraison. « Priez, priez sans cesse ! » Or, il est difficile de bien prier et de prier sans cesse si le cœur ne se remplit pas de bonnes pensées, fruits de la méditation. La communion ne suppose pas toujours la vertu. On peut communier et se rendre coupable. L’oraison de chaque jour ne veut pas dire qu’on soit vertueux ; elle est une preuve qu’on tend à le devenir. On trouve des chrétiens qui communient tous les jours et qui sont en état de péché mortel. Mais on ne trouve jamais une âme qui fasse oraison tous les jours et qui demeure dans le péché ». Il est en effet impossible à quiconque de faire une fausse prière à Dieu : ou bien il prie du fond du cœur, ou bien il ne prie pas, mais il ne peut pas faire semblant. Alors que pour la communion à l’hostie, Marthe Robin le dit : « il y a des chrétiens qui communient tous les jours alors qu’ils sont en état de péché mortel ». Il est nécessaire de communier au Christ des deux manières : Parole et Pain. Prenez un soin particulier pour la communion au Pain, à l’hostie. Ce n’est pas parce que vous mangez l’hostie que vous êtes forcément en communion avec le Christ, cela peut être aussi un moment de scandale devant Dieu même si vous voulez sauver les apparences devant les hommes. Centrons-nous sur le Christ, avec un véritable esprit de pureté ou un grand désir de pureté, au moment de communier à l’hostie. Voici ce que Jésus dit à deux grandes saintes : Marguerite Marie Alacoque et Sainte Gertrude.

Un jour que sainte Marguerite-Marie se préparait à la sainte communion, elle entendit une voix qui disait : « Regarde, ma vie, le mauvais traitement que je reçois dans cette âme qui vient de me recevoir. Elle a renouvelé toutes les douleurs de ma passion… Je veux que, lorsque je te ferai connaître le mauvais traitement que je reçois de cette âme, tu te prosternes à mes pieds après m’avoir reçu, pour faire amende honorable à mon Cœur, offrant à mon Père le sacrifice sanglant de la croix, à cet effet, et tout ton être pour rendre hommage au mien et réparer les indignités que je reçois dans ce cœur. » La sainte fut surprise d’entendre ces paroles sur une âme qui venait de se laver dans le sang précieux ; Notre-Seigneur lui dit : « Ce n’est pas qu’elle soit dans le péché, mais la volonté de pécher n’est pas sortie de son cœur, ce que j’ai le plus en horreur que l’acte du péché, car c’est appliquer mon sang par mépris sur un cœur corrompu, d’autant que la volonté du mal est la racine de toute corruption ».  A ces mots, la sainte souffrit de grandes peines, demandant miséricorde pour cette âme ; Notre-Seigneur lui dit : « J’ai oui ton gémissement, et j’ai incliné ma miséricorde sur cette âme. » (Éd. Gauthey, 1, p. 112.)

Jésus avait montré à Sainte Gertrude comment la gloire d’une âme s’accroît par la fréquente réception de l’Eucharistie. Oh ! mon Bien-Aimé, soupirait-elle, combien les prêtres nous dépasseront dans la gloire, car ils ont la joie de communier tous les jours » lui dit alors Gertrude. Jésus consola cette plainte amoureuse en expliquant à Sainte Gertrude que le désir de Le recevoir compense largement les nombreuses communions d’habitude, tièdes et peu ferventes : « une ferveur plus grande peut compenser la participation moins fréquente au divin banquet. Pourvu qu’on approche, convenablement disposé à la table sainte (c’est-à-dire « bien disposé à recevoir le Christ parce qu’on le désire ardemment), on aura un accroissement de la grâce propre à ce sacrement, dont les effets et les fruits diffèrent selon la pureté de la préparation…Nulle de ces joies ne sera le partage de ceux qui célèbrent le Saint Sacrifice avec froideur et routine ».

Il faut donc un grand désir de recevoir Dieu au moment de la communion, et donc de se préparer sérieusement à la messe afin d’avoir ce « désir du Christ », et ne pas s’approcher du Seigneur sans une ferveur profonde et vraie en sa vie intérieure. Approchons-nous du Seigneur en toute humilité, sans aucune honte, avec le cœur d’un enfant, heureux d’avancer vers le Père (toute la messe s’adresse au Père) par un grand désir du Christ. Il en sera de même pour les personnes qui ne peuvent pas communier au Corps du Christ mais veulent une bénédiction du Père : qu’ils désirent au plus profond d’elles-mêmes s’unir ardemment au Christ.  Mais il nous sera difficile de venir à la communion à La Parole de Dieu ou au Corps du Christ le samedi ou le dimanche si on ne s’est pas préparé pendant toute la semaine : avec Marie, prions Dieu, chaque jour de la semaine, de nous donner ce désir ardent d’être en communion avec le Christ tous les jours de la vie et particulièrement à chaque messe au moment de la communion à la Table de la Parole et à la Table de l’Eucharistie.