L’Eglise que veut Jésus-Christ : De Jésus à l’Eglise actuelle

par le Père Daniel WOILLEZ :

AVANT-PROPOS : DEMARCHES POUR CONNAITRE L’EGLISE.

1°) TROIS DEMARCHES POSSIBLES :

Quelle démarche prendre pour aborder la réalité de l’Eglise. Plusieurs démarches possibles, notamment selon le point de départ. N.B. Ces démarches ne sont pas opposées mais complémentaires.
1) DEMARCHE DEDUCTIVE. ECCLESIOLOGIE DESCENDANTE. C’EST LA DEMARCHE QUE NOUS PRENONS DANS CE DOSSIER.

1- CE QU’ELLE EST.

On commence par « en-haut ». On considère l’Eglise comme objet de foi, à la lumière de la Révélation et de la Tradition. On part de Jésus-Christ pour arriver à l’Eglise. QUELLE EST L’INTENTION DU CHRIST SUR L’EGLISE ? = CE QUE JESUS A VOULU FAIRE selon ce que nous en dit la foi. Cf. INTENTXT.VEK

2- AVANTAGES ET INCONVENIENTS.

1) AVANTAGES.
On a une réflexion plus complète et plus systématique, sans souci de « recettes » plus immédiates. Cette démarche permet de considérer les principales dimensions de l’institution ecclésiale et d’éviter de graves oublis. Elle prend de la distance par rapport à l’étude de situations locales, mais trop particulières. Elle permet de se mettre en face du mystère de l’Eglise, de son identité profonde qui relève du don gratuit de Dieu. Nécessité de découvrir de plus en plus le lien de l’Eglise avec le mystère trinitaire.
Elle joue alors une fonction critique essentielle, grâce à un certain recul par rapport à l’expérience ecclésiale. Elle aide ainsi à « dépasser » les situations que nous connaissons.

2) RISQUES ET INCONVENIENTS.
Risque de rester dans l’abstrait et l’intemporel. Risque d’élaborer une doctrine idéale, et même utopique, tellement éloignée de la réalité qu’elle n’est pratiquement vécue nulle part. Difficulté à dégager les implications pastorales.

2) DEMARCHE INDUCTIVE. ECCLESIOLOGIE ASCENDANTE.

1- CE QU’ELLE EST.

Démarche qui commence par « en-bas », c’est-à-dire de l’Eglise telle qu’elle est actuellement.. Elle décrit l’Eglise comme une réalité empirique, objet d’analyses sociologiques et pastorales. Elle se tourne ensuite vers « le haut » pour chercher la dimension théologique de cette réalité concrète de l’Eglise actuelle.

2- AVANTAGES ET INCONVENIENTS.

1) AVANTAGES.
Elle reste dans le concret actuel de la vie de l’Eglise. Donc plus près des réalités pastorales.

2) INCONVENIENTS ET RISQUES.
On risque de ne regarder l’Eglise que sous son aspect institutionnel et humain et oublier que l’Eglise est d’abord un « mystère », une réalité essentiellement spirituelle. On ne peut se dispenser d’une réflexion fondamentale sur la nature profonde de l’Eglise.

 

3) DEMARCHE SOTERIOLOGIQUE : PERSPECTIVE DE L’HISTOIRE DU SALUT.

C’est le point commun aux deux démarches précédentes. Cf. Théologie narrative. Les récits du salut.

1- SE SITUER DANS L’ENSEMBLE DU PLAN DE DIEU : L’HISTOIRE DE LA COMMUNICATION DE DIEU ET DE LA LIBERTE DE L’HOMME.

1) TENIR COMPTE DE DEUX REALITES.

A) LA VOLONTE SALVIFIQUE UNIVERSELLE DE DIEU.

Le dessein de Dieu révélé par Jésus-Christ. Le Règne du Père. Cette volonté est d’ailleurs déjà inscrite dans les aspirations de l’homme créé pour cela.
 Chaque homme a besoin d’aimer et d’être aimé. Aspiration de l’humanité dans son ensemble.

B) LA SITUATION DE L’HOMME ET DU MONDE ACTUEL.

Le monde est encore à sauver, dans sa réalité concrète. Place de la liberté de l’homme (espace pour un choix) et expérience du péché ;
 Expérience de chacun, y compris des disciples du christ. La situation de péché du monde : guerres, conflits, inégalités, injustices…

 

2) FAIRE LE LIEN ENTRE CES DEUX REALITES. COMMENT ?

 Le salut apporté par Jésus-Christ. Le monde actuel à sauver.

2- REGARDER LE FAIT HISTORIQUE CHRETIEN. (FAITHIST.VEK)

1) L’ORIGINE ET LE DEVELOPPEMENT HISTORIQUES DE L’EGLISE. A PARTIR DE LA RESURRECTION DE JESUS

2) DIFFERENTS REGARDS SUR CETTE REALITE HISTORIQUE DE L’EGLISE.

 

I- POSITION DU PROBLEME

1) L’Eglise que nous connaissons actuellement est-elle vraiment CELLE que Jésus a fondée et correspond-elle à celle qu’il veut maintenant ?

Cf. Loisy en 1902 : « Jésus annonçait le Royaume, et c’est l’Eglise qui est venue ». Importance pour tout renouvellement de l’Eglise. On ne fait pas une « nouvelle » Eglise. (Différence avec les sectes.) « Confronter l’image idéale de l’Eglise telle que le Christ la voit, la veut et l’aime au visage que présente l’Eglise d’aujourd’hui ». (Paul VI dans « Ecclesiam suam ». Texte cité au début du document de la CEDOI.)

LE FONDEMENT DE L’EGLISE EST LE CHRIST REEL ET ACTUEL.

2) Comment s’est réalisé historiquement le passage de Jésus à l’Eglise.
QUE S’EST-IL PASSE entre la dernière apparition du Ressuscité et les manifestations de premières communautés chrétiennes ? L’Eglise s’est établie avec ses institutions et ses pratiques. Elle s’est organisée. Est-ce bien cela que Jésus voulait ?
QUESTIONS.
Certains disent : Ne voyant pas venir la fin du monde se produire, les disciples de Jésus s’organisèrent en Eglise et s’attribuèrent un pouvoir que Jésus ne leur avait absolument pas donné. L’Eglise n’a-t-elle pas été inventée par des hommes épris de pouvoir ? Le pouvoir de l’évêque de Rome, en particulier, n’est-il pas exagéré ? Comment les premiers chrétiens ont-ils pu faire de Jésus le fondateur de l’Eglise ?

BUT.

Mieux comprendre le lien entre Jésus et l’Eglise. Il en résultera un éclairage plus grand sur la nature de l’Eglise elle-même.
La fondation de l’Eglise et ensuite l’histoire de l’Eglise. Connaissons-nous la pensée de Jésus à ce sujet ? Un discernement est à faire pour découvrir à la fois :
Ce que Jésus avait en vue et ce qu’il voulait réaliser. Et ce qui en est de la réalisation après la Pentecôte

1) Pendant la période apostolique : du vivant de ceux qui ont reçu directement du Christ ses enseignements.

(C’est d’ailleurs dans ce cadre (du vivant des apôtres ou de l’époque apostolique) qu’ont été écrits les évangiles que nous possédons.) Leur pratique reflète aussi l’intention historique de
Jésus. La communauté de Jérusalem. Les communautés pauliniennes.

2) Dans toute l’histoire de l’Eglise, en particulier de nos jours, dans les différents contextes culturels et face aux événements.

Le Christ vivant, tête de l’Eglise, continue son action par son Esprit-Saint, pour la réalisation plénière de l’Eglise qu’il veut. D’où cf. 3) ci-dessous.

3) L’Eglise actuelle est-elle bien l’Eglise TELLE que l’a voulue et le veut actuellement Jésus-Christ ?

Le fondement de l’Eglise. Le Rôle de l’Esprit-Saint. (A la fondation et maintenant.) Bien distinguer :

1- Ce que Jésus VOULAIT pendant sa vie terrestre, A VOULU avant de quitter ses disciples.
Il y a un fondement historique dans l’Evénement « Jésus-Christ », de l’histoire. Nécessité de remonter à Jésus lui-même. Différence essentielle avec les sectes qui se rattachent à la pensée d’un fondateur humain actuel. Cf. L’Esprit-Saint vous rappellera tout ce que je vous ai dit.

2- Ce que Jésus VEUT maintenant, puisqu’il est encore vivant et présent à son Eglise par son Esprit-Saint.
Il ne s’agit pas de faire de l’ »archéologisme » ou la copie d’un modèle inchangeable en tout. L’Eglise que veut Jésus-Christ aujourd’hui ne vit pas dans les mêmes conditions que celles de l’Eglise à sa fondation. La fidélité à Jésus-Christ comporte la fidélité à ce qu’il veut actuellement. Il y a un dynamisme actuel d’évolution dans l’Esprit-Saint. Pas d’opposition entre le Jésus de l’histoire et le Christ de la foi. Cf. ci-dessous.) Il y a un lien étroit : Mais c’est à partir de ce que Jésus a exprimé historiquement que nous pouvons, dans l’Esprit-Saint, connaître ce qu’il veut actuellement. « L’Esprit-Saint vous rappellera tout ce que je vous ai dit et il vous le fera comprendre ». Il ne s’agit pas de baptiser arbitrairement nos idées actuelles (selon même le bon sens commun conforme à nos sentiments ou ce qui est « légal ») et d’en faire une « révélation » de l’Esprit. ‘La révélation est close et il n’y a pas à attendre de nouvelle révélation publique autre que celle de Jésus-Christ.). Cf. ci-dessous : « Comment connaître l’intention du Christ. ») Cf. Dei Verbum. N°4 Le Christ plénitude personnelle de la Révélation : « C’est lui qui achève en la complétant la révélation…Aucune nouvelle révélation publique n’est dès lors à attendre avant la manifestation glorieuse de Notre Seigneur Jésus-Christ ».

 

4) ACTUALITE DE LA QUESTION. (Cf. ACTU.VEK : Revu et augmenté.)

Parfois accusation par certaines sectes : L’Eglise a déformé la pensée de Jésus et a inventé des complications qui ne sont pas dans l’évangile. (Conception un peu simpliste du lien entre l’évangile et l’Eglise.) Ou plus simplement, on entend parfois cette réflexion : « Je crois en Jésus-Christ, mais pas en l’Eglise ». Peut-on séparer les deux réalités ? Quel lien faisons-nous entre Jésus et l’Eglise ?
Importance pour la question de l’inculturation.

S’il n’y a pas un discernement à partir de l’intention de Jésus-Christ, on risque de mettre sur le même plan ce qui est essentiel et ce qui est la conséquence de telle ou telle culture ou d’une époque donnée.. On va alors imposer à un pays d’une autre culture des éléments qui sont en réalité très relatifs. Cf. Ce qui s’est déjà passé du temps des Apôtres avec les coutumes juives imposées aux païens devenant chrétiens.
Nous posons-nous des QUESTIONS sur l’Eglise et son fondement ? Nous en pose-t-on ? (Par ex. Les sectes) Les quelles ?

 

II- COMMENT CONNAITRE L’INTENTION DU CHRIST.

1) FAUX CRITERES DE VERITE

1) L’ANCIENNETE par elle-même et absolutisée. On ne fait pas de l’archéologisme. Cf. L’intégrisme, le traditionalisme : grande place pour la « nostalgie » du passé. N.B. La Tradition n’est pas le passé, mais ce qui est vécu et transmis actuellement par l’Eglise vivante aujourd’hui.

2) LA NOUVEAUTE par elle-même. Pour certains, ce qui existe ou subsiste est toujours dépassé et pas valable. On pense Vatican III en passant au dessus de Vatican II et de sa mise en pratique.

3) LE VRAI CRITERE est la FIDELITE à ce que veut Jésus-Christ.
C’est à partir de ce que Jésus a exprimé historiquement que nous pouvons, dans le Saint-Esprit, connaître ce qu’il veut actuellement. « L’Esprit-Saint vous rappellera tout ce que je vous ai dit et vous le fera comprendre ». D’où :

2) COMMENT CONNAITRE L’INTENTION DU CHRIST SUR L’EGLISE ?

Comment connaissons-nous la pensée de Jésus à ce sujet ? Un discernement est à faire pour découvrir à la fois : Ce que Jésus avait en vue et ce qu’il voulait réaliser. Et ce qui en est la réalisation après la Pentecôte dans toute l’histoire de l’Eglise, y compris jusqu’à nos jours, dans les différents contextes culturels et face aux événements. Est-ce ce que Jésus veut actuellement ?

1- LES DOCUMENTS SCRIPTURAIRES que nous avons :

1) LES EVANGILES ET LES ECRITS APOSTOLIQUES.

1- DATES DES ECRITS DU NOUVEAU TESTAMENT.

Dans leurs formes actuelles, ces textes (reconnus par l’Eglise comme « inspirés » par l’Esprit-Saint. Cf. Dei Verbum.) sont des textes datant de l’époque apostolique de l’Eglise et non du vivant terrestre de Jésus Ils sont tous postérieurs à la Résurrection de Jésus.
Il est donc nécessaire de distinguer : (Cf. Plus loin en détail.) Les faits tels qu’ils se sont passés et les paroles qui de fait ont été dites (Ipsissima verba).
Les récits qu’en font ensuite les témoins directs des faits qu’ils présentent dans une perspective donnée. (Catéchèse en fonction de la situation de la communauté. Cf. Ci dessous.)

A- Les plus anciens sont les LETTRES DE PAUL.
Le corpus paulinien : Entre 50 et 60. Les pastorales (1 et 2 Tim. et Tite). Datent des environs de 64. N.B. C’est seulement au cours du second siècle que l’autorité des écrits des Apôtres rejoindra celle des Ecritures de l’A.T.

B- Les EVANGILES SYNOPTIQUES.
Matthieu. Pas avant 55 et pas après 68. Environ vers 65. (Découvertes actuelles qui iraient davantage dans le sens d’un avancement dans le temps. Cf. Philippe Roland.)
Luc. Ecrit après 70. Avec les Actes, aux environ de 80. Pour les événements, il est bien informé. Pour les discours, il les a reconstitués d’après son point de vue.
Marc. Très difficile à dater.

C- Les ECRITS JOHANNIQUES. (Evangile, lettres, Apocalypse) Dans les dernières années du premier siècle. Le milieu johannique.

 

2- Les TRADITIONS ANTERIEURES qui se sont fixées littérairement avant les écrits que nous possédons.

Elles datent du temps de la communauté chrétienne post-pascale. Se reporter à l’histoire de la formation des évangiles. 3- NATURE DES EVANGILES.
Pas des reportages, mais des catéchèses (sous forme de récit) qui datent déjà de l’époque post-pascale.
C’est dans l’Eglise d’après la Pentecôte qu’ils ont été rédigés en tenant compte des destinataires. Mauvaise approche de l’Evangile : en faire des « biographies » de Jésus. (Cf. Jacques Duquesne.) Respecter la nature des évangiles. Conclusions. C’est le livre d’une communauté.
De plus, tenir compte des genres littéraires et du contexte des écrivains. Ne pas faire du « fondamentalisme « en isolant les textes de leur contexte. Cf. L’origine apostolique des évangiles. Vatican II : Dei Verbum. N°18. « Toujours et partout l’Eglise a tenu et tient l’origine apostolique des quatre évangiles ».
Et cependant, on rejoint le Jésus historique d’avant la résurrection :
Témoignage de ceux qui ont vécu avec Jésus depuis le baptême par Jean au Jourdain. Le christianisme ne se présente nullement comme un mythe mais prétend se fonder sur la personne historique de Jésus de Nazareth. Cf. Le caractère historique des évangiles. Dei Verbum N.19. « Les quatre évangiles transmettent fidèlement ce que Jésus le Fils de Dieu, durant sa vie parmi les hommes, a réellement fait et enseigné pour leur salut éternel ».
Concrètement, l’Evangile porte un triple regard sur l’histoire : passé, présent et avenir.

 

2) PAS D’OPPOSITION ENTRE LE JESUS DE L’HISTOIRE ET LE CHRIST DE LA FOI.

1- QUESTION. Position du problème.

1) Jusqu’au 18ème siècle, les croyants ont vécu le lien entre l’histoire et la foi, dans une unité profonde sans problème. On tient à la fois :
L’historicité de l’ »événement-Jésus » va de soi. On fait tout simplement confiance aux récits évangéliques. Dans les premiers siècles, l’événement est encore trop récent pour que le fait soit remis en cause.
L’acte de foi en la résurrection de Jésus, et donc en sa divinité, ne pose pas de problème aux croyants : elle est affirmée et crue, parce qu’elle est à l’évidence au centre de l’événement de Jésus.

2) Certains ont opposé ensuite et opposent encore ces deux réalités.
Selon eux, les documents du Nouveau Testament sont seulement l’expression de la foi des premières communautés de disciples après la Résurrection. Ils disent le Christ de la foi. Par eux, on ne peut pas remonter au Jésus de l’histoire.
Comment atteindre le Jésus de l’histoire ? Tel qu’il a vécu réellement.
C’est pratiquement impossible, selon eux. Du reste (selon Bultmann), cela n’a pas d’importance. Ce qui compte pour le croyant, c’est la foi dans le Christ, quelque soit sa connaissance du Jésus historique. (Subjectivisme, non suivi par les disciples même de Bultmann.)

 

2- DE FAIT, QU’EN EST-IL ? COMMENT CONNAITRE LE JESUS DE L’HISTOIRE ?

Il est vrai que les textes du N.T. ne sont PAS DES COMPTE-RENDUS descriptifs réalisés du vivant de Jésus. Ils ne sont PAS DES « REPORTAGES » faits sur le vif, ni des livres « d’histoire » au sens actuel du terme.
N.B. Contrairement à ce que veut en faire croire Tresmontant dans son livre « le Christ-Hébreux », en opposition à tous les éxégètes scientifiques.
La perspective n’est pas de donner des précisions sur une chronologie précise ni sur une topographie détaillée avec précision sur le programme des déplacements de Jésus.
Personne ne peut donc prétendre actuellement écrire une « vie de Jésus » (sinon pour mettre en valeur le contexte de cette époque.), une biographie chronologique et circonstanciée. Mauvaise approche de l’Evangile, contraire à la nature des évangiles. Illusions de certains qui l’ont fait. =Appauvrissement de l’Evangile. (Cf. Le livre de Jacques Duquesne.)
Ils ont tous été ECRITS APRES LA RESURRECTION et à la lumière de cette Résurrection de Jésus, dans la lumière pascale.

1) ILS NE SONT PAS NEUTRES, mais expriment la foi de leurs auteurs, ou sont des catéchèses de l’époque apostolique (souvent d’ailleurs rédigés à partir de petites unités préexistantes venant de la prédication des Apôtres après la Résurrection.)
Ils sont des TEMOIGNAGES DE FOI de personnes ayant engagé leur vie sur celle de Jésus. Les textes du N.T. sont des ATTESTATIONS d’une réalité vécue. Ils sont le témoignage historique sur la foi des Apôtres et des premiers chrétiens. (Cf. Dei Verbum N.18. L’origine apostolique des évangiles.)

2) MAIS ILS SE BASENT SUR L’HISTOIRE vécue de Jésus de Nazareth et la supposent.
Ils concernent la figure historique de Jésus. Cf. L’Evangile et l’histoire : On fait « mémoire » de Jésus de Nazareth. Les Apôtres ont d’abord vécu avec ce Jésus de Nazareth qu’ils ont d’abord découvert dans son humanité concrète, avant de croire en Lui. Ils n’ont pas inventé cette existence humaine de Jésus. Ils l’ont partagé avec lui. Leur foi n’est PAS LE PRODUIT DE LEUR IMAGINATION. (Même pour le fait de la résurrection de ce même Jésus, qui s’est imposée à eux presque malgré eux, au delà de leurs doutes.)
Les récits sont de l’histoire au double sens du terme (allemand).
Histoire comme RECIT DU PASSE en tant que passé. Les écrivains entendent bien faire AUSSI le récit d’un passé, celui de Jésus de Nazareth, en tant qu’il est passé. Par exemple ses souffrances de la croix.
– Histoire comme HISTOIRE EVENEMENT, en tant que ces événements demeurent vivants par leur influence et leur fécondité.
= Réalité qui intéresse le présent et qui demeure un champ d’expérience dans l’existence.

3) LES DEUX REALITES DU JESUS DE L’HISTOIRE ET DE CHRIST DE LA FOI sont donc COMPLEMENTAIRES.
Dans la démarche d’une christologie ascendante, nous partons même de la réalité humaine de Jésus de Nazareth. (Selon la démarche même des Apôtres : Ils ont d’abord découvert un homme réel et concret.)
Jésus a historiquement existé et il est un homme véritable.
Cet homme s’est révélé dans sa vie humaine, être l’envoyé du Père, le propre Fils unique de Dieu. Ses Apôtres ont découvert progressivement que cet homme bien concret avec qui ils ont vécu, était le Fils de Dieu et y ont cru.

1- NE PAS OPPOSER LES DEUX REALITES, comme s’il y avait deux domaines opposés :

1- Le domaine de l’histoire : le Jésus d’avant Pâques.
2- Le domaine de la foi : Le Christ ressuscité.

 

2- NE PAS LES SEPARER.

1) Ne pas essayer de se situer au SEUL niveau du « Jésus de l’histoire », de ses paroles littérales, de sa psychologie…comme si n’était valable que la vie pré-pascale de Jésus sur le plan SEULEMENT humain.

2) Ne pas s’attacher à présenter SEULEMENT le « Christ de la foi » qui seul compterait pour le salut. (Peu importerait ce qu’on connaît de son histoire. Cf. Bultmann. )
Entre le Jésus pré-pascal et la prédication de la communauté post-pascale, il y a un lien. En dépit d’un certain changement, il y a une continuité. Poser comme une alternative entre la prédication des Apôtres et l’histoire est une erreur. Le « Jésus de l’histoire » et le « Christ de la foi » ne peuvent être dissociés l’un de l’autre comme deux réalités différentes.

CE N’EST DONC PAS SEULEMENT A PARTIR DU JESUS PRE-PASCAL QU’ON POURRA CONNAITRE LA PENSEE DE JESUS SUR SON EGLISE ET CE QU’IL VEUT REALISER PAR ELLE DANS LE MONDE.

3- PRENDRE A LA FOIS les deux,

car il n’y a qu’un seul Jésus-Christ. C’est l’homme Jésus de Nazareth qui a été fait Christ par la Résurrection, et qui reste pleinement homme. Souvent, phénomène du balancier ou du pendule entre les deux au cours des derniers siècles : on insiste plus sur l’histoire humaine de Jésus ou plus sur sa divinité.

1) Il y a une solidarité concrète entre l’histoire et la foi. L’annonce de Jésus de Nazareth comme Christ et Seigneur est un témoignage de foi rendu à un événement.
Cela veut dire que la foi nous renvoie à l’histoire : la foi a un contenu qui la précède et ce contenu est un événement réalisé dans notre histoire. Différence avec un « mythe ». Le sujet croyant vient confirmer et au besoin corriger sa foi à la lumière de l’événement.
Mais l’histoire nous renvoie aussi à la foi : L’événement de Jésus-Christ ne prend tout son sens qu’en référence à la foi : foi en Dieu, foi de Jésus, foi des témoins. Le sujet croyant lit l’événement à la lumière de la confession de foi qui l’habite.

2) Il y a une unité dans la distinction de l’histoire et de la foi. Analogie avec le mystère de l’incarnation tel qu’il a été défini par le Concile de Chalcédoine.
Si le Christ est vraiment homme, authentiquement incarné dans notre histoire, il doit être accessible dans une démarche historique.
Si le Christ est vraiment Dieu, il ne peut être perçu comme tel que par la foi. Sa divinité n’est pas le constat d’une preuve scientifique. Dans cet ordre, Dieu interpelle notre liberté.
Si le Christ est un seul et le même dans sa divinité et son humanité, alors la foi et l’histoire doivent s’articuler dans une démarche unique sans confusion, mais sans séparation.

4- C’est A PARTIR DU CHRIST DE LA FOI qu’on peut découvrir le Jésus de l’histoire. L’EVENEMENT JESUS-CHRIST comporte : (pour nous)
1) Le fait de la foi des Apôtres et disciples, qui apparait dans les textes.
2) Le présupposé du Jésus de l’histoire, le Jésus prépascal.

2- LA TRADITION VIVANTE DE L’EGLISE

Rôle important de l’Esprit-Saint qui agit dans l’Eglise selon la volonté du Christ. (Cf.2. L’intention de Jésus.) Une des clés de compréhension de l’Eglise : Le rôle de l’Esprit-Saint. (Nécessité d’approfondir la place de l’Esprit-Saint dans le mystère du Christ.)

1- La LITURGIE. La prière de l’Eglise est un des principaux lieux de la foi. (Lex orandi, lex credendi.) La plus ancienne structure de la prière de l’Eglise : la célébration de la Pâque hebdomadaire, par l’Eucharistie..

2- Les PERES DE L’EGLISE. Témoins de la Tradition de l’Eglise.

3- L’ENSEIGNEMENT DE L’EGLISE (ordinaire ou extraordinaire comme dans un Concile oecuménique). Assistance spéciale de l’Esprit-Saint promise par Jésus pour que son Eglise ne soit pas infidèle à ce qu’il veut.

4- La VIE DE L’EGLISE avec tout ce qui se réalise dans le peuple de Dieu : le témoignage des saints. Donc aussi actuellement. Discernement de l’action du Christ par son Esprit-Saint dans la vie habituelle de l’Eglise.
EN BREF : Il faut à la fois : 1- Un regard sur Jésus comme personnage historique. 2- Un regard vers les Ecritures qu’il accomplit. 3- Un regard vers l’Eglise qui porte témoignage au présent.

III- QUELLE EST L’INTENTION DU CHRIST SUR L’EGLISE ?
= CE QUE JESUS A VOULU FAIRE REMARQUE : LES ETAPES de l’oeuvre du Christ.

Phases SUCCESSIVES. (Cf. Le chapitre suivant : la progression De Jésus à l’Eglise.)
D’où : NE PAS CHERCHER dans l’Eglise postérieure comme LE DECALQUE DE CE QUE JESUS FAIT DANS LA PREMIERE PHASE Il y a toute une dynamique dans la naissance et le développement de l’Eglise. (Cette dynamique est l’Esprit-Saint.)

 

1- La VIE TERRESTRE de Jésus, AVANT SA PASSION

1) BAPTEME AU JOURDAIN. Luc.3, 22.
La mission de Jésus dans l’Esprit-Saint.

2) JESUS AU DESERT. LA TRIPLE TENTATION.
Affrontement décisif. L’Esprit qui anime Jésus est l’antidote de l’esprit démoniaque. C’est l’opposé du péché : le Fils dans sa vie humaine dit un OUI LIBRE à son Père.

3) PENDANT LA VIE PUBLIQUE EN PALESTINE.
Pendant cette période, il n’y a PAS BESOIN D’ORGANISATION VISIBLE. Vie à travers la Palestine. Jésus n’a pas où reposer la tête.

RAISON PRINCIPALE : JESUS EST PRESENT VISIBLEMENT et tout est centré sur sa personne présente. Il est l’icône du Père, l’image visible du Dieu invisible.
C’est la base du témoignage qui sera donné ensuite lorsque le Christ ne sera plus visible. Montrer la nature même du salut : Vivre en homme la vie du Fils bien-aimé du Père. Le salut est la communication aux hommes de la vie intime qui existe entre le Père et son Fils, dans l’unité de l’Esprit-Saint. C’est pourquoi cette présence de Jésus est aussi la présence de l’Esprit-Saint. Toute la vie terrestre de Jésus est une communion au Père dans l’Esprit-Saint. (Fondement de l’Eglise-communion.) CE QUI PRIME DANS LA VIE DE JESUS, C’EST LA COMMUNION AU PERE DANS L’ESPRIT-SAINT. L’Esprit-Saint est cette communion au Père et à son Amour (sa volonté). C’est l’irruption de l’Esprit dans le monde, dans la personne de Jésus. Jésus docile à l’Esprit. Communion au Père et à sa volonté. C’est aussi dans l’Esprit-Saint, LA PUISSANCE DU TRES-HAUT que Jésus accomplit les miracles, les signes de la puissance du Père communiquée au Fils.

A LA SYNAGOGUE DE NAZARETH. Luc 4,18-19. « L’Esprit de Dieu repose sur moi ». Consacré à l’oeuvre du salut. Envoyé à tous ceux qui attendent une transformation de leur vie.
Démonstration de la présence et de la puissance de Dieu, « SA GLOIRE ». Cf. Jn.11, 1-54. Sens de la RESURRECTION DE LAZARE.

LA TRANSFIGURATION : Dialogue trinitaire. Luc 9,35. Annonce l’univers nouveau. COMMENT JESUS VOIT-IL L’AVENIR DE SON OEUVRE ? (Pendant sa vie terrestre.)
Pour que l’action de Jésus ne soit pas seulement une illusion, il faut qu’elle s’ouvre sur l’avenir pour lui et pour les siens. La confiance qu’il fait à ses disciples ne se fonde que sur Dieu seul. Jésus l’exprime dans la promesse qu’il leur fait de l’Esprit-Saint. Il ne dessine pas d’institutions à construire et n’indique aucune chose concrète à réaliser, aucun programme à remplir.
Mais IL GARANTIT A CEUX QU’IL VA LAISSER, UNE PRESENCE DIVINE plus forte que toutes les oppositions : IL LEUR PROMET L’ESPRIT-SAINT. C’est un thème essentiel des discours d’adieux :
Mtt.10, 19-20. « Ce que vous aurez à dire vous sera donné à cette heure-là, car ce n’est pas vous qui parlerez, c’est l’Esprit de votre Père qui parlera en vous ». Mc. 13,11. « Ne vous inquiétez pas…Ce n’est pas vous qui parlerez, mais l’Esprit-Saint. » Lc. 21,15. « Moi, je vous donnerai un langage et une sagesse que ne pourront contrarier ni contredire aucun de ceux qui seront contre vous ».
Il y aura un TEMPS DE PERSECUTION. Un des traits communs aux évangiles synoptiques. Un temps où Jésus ne sera plus visiblement avec les siens et où ils auront à affronter les autorités en place. L’action et la passion de Jésus se poursuivront, après sa mort, dans la personne de ses disciples. Thème des discours eschatologiques, des enseignements sur la fin : fin de Jérusalem et fin des temps. Mais Jésus n’organise aucune stratégie pour la résistance. Il ne met sur pied aucune tactique. Tout dépendra de la force qu’ils recevront alors et qui sera l’Esprit-Saint.

L’Eglise ne sera PAS LA « REPRODUCTION » NI LA COPIE de ce qui s’est passé pendant cette période de la présence visible de Jésus.
Le contexte sera radicalement différent puisque Jésus ne sera plus visible. Il ne s’agira pas de copier un modèle préexistant, puisque les conditions ne sont plus les mêmes.

 

2- LA PASSION ET LA MORT. L’Heure.

1) Dans l’IMMINENCE DE SA PASSION. Réaction d’un homme qui est devant sa mort. Il sait d’où elle vient et où elle le mène. Il la désire même pour le salut. Cf. Luc.12, 50 : « C’est un baptême que je dois recevoir et comme il m’en coute d’attendre qu’il soit accompli ». Mais il n’a pas d’autre avenir à dessiner, ni pour lui, ni pour les siens. (La persécution). Il n’exclut rien. Il ne fixe rien. Il assure ses disciples d’une puissance qui porte un nom : l’Esprit-Saint. Cf. Les discours d’adieux. Cette puissance agira quand Jésus aura disparu visiblement et elle prolongera sa présence et son action. L’Esprit se fera connaître en l’absence visible de Jésus.

2) IMPORTANCE DE LA CENE, qui exprime le sens de toute la passion et la Résurrection : le Don du Christ.
A la fois : Prolongement direct de tout ce que Jésus avait vécu avec ses disciples. « Comme il avait aimé les siens qui étaient dans le monde ». Et un accomplissement exceptionnel. « Il les aima jusqu’au bout ». (Jn.13, 1)

3- La RESURRECTION de Jésus et sa glorification auprès du Père.
Le tournant du salut. Jésus, Christ et Seigneur. La communauté des disciples du Christ sera centrée sur ce fait affirmé par des témoins.

4- L’ASCENSION. Jésus ne sera plus visiblement présent au milieu des siens.

5- L’ENVOI DE L’ESPRIT et le temps de l’Eglise. L’action du Christ par son Esprit-Saint.

1) AVANT LA PASSION DE JESUS.
QUESTIONS. Que faisait Jésus quand il parcourait la Palestine, quand il rassemblait des auditoires ? (Dans les synagogues, au bord du lac ou au temple de Jérusalem.) De quoi était-il occupé ? Qu’a-t-il fait de son existence terrestre ? Que voulait-il et qu’attendait-il au cours de sa vie publique ?
IMAGE GENERALE DES EVANGILES : celle d’un homme
qui agit et sait pourquoi, qui agit EN PUBLIC et pour être vu, qui pose des gestes auxquels il donne un sens et qui forment un ensemble, qui attend quelque chose de ceux qui l’écoutent et avec qui il veut faire quelque chose.
Et cependant lui-même ne se souciait pas tellement de « définir » son action. D’où les différents aspects des 4 évangélistes. Il échappe à toute « définition ». Il se présente sous différents aspects qu’il faut considérer :
Il est un réformateur venu rappeler les exigences divines et qui appelle à la pureté du coeur mais sans définir les contours de sa réforme. Il est un prophète, même s’il ne s’habille pas d’un vêtement en poil de chameau. Il est porteur d’une parole et annonce un événement. Il est évangéliste, qui fait corps avec l’événement qu’il annonce. Le héraut d’une Bonne Nouvelle

1- LA PREDICATION DE JESUS.

1) SON ENSEIGNEMENT. La PAROLE de Jésus.
Il donne l’image d’un prophète annonçant l’intervention de Dieu.
A- Jésus vient d’abord ANNONCER UN EVENEMENT : LE REGNE DE DIEU.
Le Royaume ou l’Eglise ? Distinction. Différence.
Du Royaume à l’Eglise et de l’Eglise au Royaume (qui a une tonalité plus eschatologique). Dans les évangiles, Jésus parle surtout du Royaume. (Il n’y a que quelques exceptions où il parle de l’Eglise.) Le Royaume est arrivé. Il est proche. Il va advenir et sera réalisé pleinement à la fin des temps. Horizon BEAUCOUP PLUS VASTE QUE CELUI D’UNE INSTITUTION TEMPORELLE. Ce n’est qu’après la Pentecôte, qu’il sera surtout question de l’Eglise. (Eglise : de « ecclesia »= assemblée.)

     B- CET EVENEMENT VIENT AVEC LUI. « Proclamer l’Evangile de Dieu » (Mc.1, 14)
Il y a correspondance entre la parole de Jésus et l’événement qu’il annonce : trait proprement sacramentel.
La Parole de Jésus réalise ce qu’elle annonce. Cf. A la Synagogue de Nazareth. Il n’emploie jamais la formule traditionnelle « Parole de Dieu ». Lorsqu’il engage son autorité, il le fait à la première personne : « Amen, Amen, je vous le dis… » « Et moi je vous dis ». Il montre une AUTORITE SOUVERAINE proclamant en son propre nom la parole reçue d’un AUTRE.
Jésus se présente comme révélant Dieu et pouvant le faire, PARCE QU’IL VIENT DE DIEU. (Cf. Jn. Nul ne connait le Père sinon le Fils et celui à qui le Fils veut le révéler.)
Ce n’est pas Jésus qui fait venir cet événement, mais Dieu son Père.
Place du Père qu’il révèle. (Le Mystère trinitaire.) Le Plan d’amour du Père sur le monde. Un plan essentiellement de salut.

2) MOYENS QU’IL PREND pour cette prédication.
Ceux de son temps et de la culture de son époque. Ex. Les paraboles (Cf. Ci-dessous). Culture orientale. Importance de la culture orale.
Mais il NE DICTE PAS UN TEXTE et n’écrit rien.
Intention de ne pas figer sa pensée dans un texte écrit. (Sa volonté ne se limite pas au temps où il vit avec ses Apôtres en Palestine. Il l’exprimera aussi après la résurrection et ensuite pas son Esprit-Saint. Cf. III.) Son Eglise ne sera pas l’application matérielle et exacte d’un texte écrit par lui. Il met même en garde contre cela. Cf. Ses propos avec les pharisiens. La lettre tue. (Cf. Actuellement les sectes ou l’Islam et le Coran.)
LES PARABOLES. Pas seulement une image. La parabole évoque une situation et annonce un avenir.
S’apparentent aux sacrements : Elles visent toujours le Royaume , mais ne peuvent le décrire, car il est encore une expérience à faire. Il parle d’un événement à travers des images, sans trop les préciser dans le sens d’une réglementation juridique. LE DISCOURS, comme celui sur la montagne. Les béatitudes. Désignent une réussite, un idéal réellement atteint.

IL NE FAIT PAS DE REFORME CONCRETE QU’IL FIXERAIT AVEC PRECISION. La marge reste large ouverte à l’avenir et à la liberté. Le Règne qu’il annonce viendra quand Dieu le voudra et comme il voudra. C’est Dieu qui lui donnera sa forme ultérieurement. Cependant Jésus n’est pas hésitant ni tatonnant. Nul n’est plus tranquillement sûr de ce qu’il annonce et des chemins qu’il trace.
LES GESTES : Cf. ci-dessous.

 

2- SON ATTITUDE ET SES GESTES.

1- IMPORTANCE DES GESTES ET DE L’ATTITUDE du Christ, dans un contexte humain.

1) = Un MOYEN DE REVELER Dieu et son oeuvre d’amour.
Son attention aux personnes et aux drames qu’ils vivent, aux situations. Vg. Le fils de la veuve de Naïm. (Lc.11,7-17) (= une orientation profonde pour l’Eglise qui devra être attentive aux situations.)
2) La Parole de Jésus s’accompagne d’une action. Elle est EFFICACE. Toute sa manière de faire.
Fondement des sacrements. Elle produit des résultats immédiats et visibles. Déja figure des sacrements : Parole efficace produisant l’effet qu’elle annonce. Jésus vit sa vie humaine dans la puissance de l’Esprit. Et Jésus par sa parole donne souvent le sens du geste qu’il pose. Il le précise au besoin si on a mal compris son geste ou sa manière de faire. Cf. Jn. Chap.6.

2- Les MIRACLES DE JESUS.
Leur nombre.
Jésus agit de façon visible et constatable. On ne peut pas les négliger. (Même s’il y a un certain grossissement dans les expressions.) On ne peut réduire l’activité miraculeuse de Jésus à quelques exceptions. Ce serait fausser radicalement le sens de l’Evangile. Ils ne sont pas en marge de l’activité de Jésus. Ce serait fausser radicalement le personnage que nous présentent les évangélistes. Jésus guérit partout où il passe.
Sens de ces mirales.
Son but n’est pas d’être un guérisseur qui attire les foules (Il se méfiera de cet engouement populaire : on risquerait de le prendre pour un magicien.). Mais il en fait UN SIGNE DU ROYAUME QUI VIENT, qui sera un royaume d’amour qui s’exprime concrétement par la charité en face de toute souffrance. (L’Eglise est à situer dans cette perspective.)
1) Ce signe est fait pour SUSCITER LA FOI, la foi qui sauve. « Ta foi t’a sauvé ». L’action de Jésus à travers les miracles est de susciter cette foi, et non le spectaculaire. (Cf. Tentation au désert.) Importance de la foi dans la participation à la vie de l’Eglise. On en n’est pas membre inconscient.
2) Les miracles manifestent la PRESENCE ACTIVE D’UN DYNAMISME QUI EST EN JESUS, notamment contre les forces du mal.

 

3- LES PRINCIPALES ATTITUDES DE JESUS.

1) L’UNION AVEC DIEU ET ENTRE LES HOMMES.
Opposition à tout ce qui s’oppose à cette union. Sa lutte contre les forces du mal. Lien entre les gestes de Jésus et la vie qu’il apporte au monde. (Il n’est pas un révolutionnaire violent, qui excite la haine des adversaires.) Mise en valeur de l’amour fraternel sans aucune limite. 2) LE PARDON ET LA REMISSION DES PECHES. L’accueil qu’il fait aux pécheurs.(Luc. 15,1-32)

Il faut reconnaître cependant que si le pardon a une importance majeure pour Jésus, il demeure rare dans les évangiles. Le compte est vite fait. (Zachée, la femme adultère, la pécheresse chez Simon.)
Le pardon ne s’étendra au monde entier et à tous qu’après la Résurrection.

Le pardon ne peut venir qu’avec le Royaume et pour qu’advienne le Royaume, il faut d’abord que Jésus aille jusqu’au bout de son existence et de sa mission. (Tout est accompli). Si le pardon était donné d’avance, si le Royaume arrivait avant que Jésus n’ait achevé son oeuvre, alors il ne dépendrait plus de sa personne et du don de sa vie. Tous les « il faut » des évangiles perdraient leur sens.

Si Jésus se manifeste volontiers en compagnie des pécheurs et des publicains (Mt.9,10sq ; 11,19 ; Lc.15,1sq.), de pécheresses et de prostituées (lc.7,37 ; Mt.21,31sq), c’est qu’il s’y trouve accueilli, et donc que le pardon de Dieu est venu sur ces gens. Venu avec Lui, avec sa mission.

Pour ce pardon, Jésus utilise le « passif divin » : « Tes péchés sont pardonnés » (Mc.2,5 ; Lc.7,48) Le but est de manifester que si « le Fils de l’homme a pouvoir de pardonner les péchés sur terre » (Mc2,10),ce pouvoir tient à sa mission et donc en définitif lui vient de Dieu.

 

3- SA PRIERE.

1) COMMUNION INTIME AVEC LE PERE DANS L’ESPRIT-SAINT.
« Abba ». Dialogue permanent qui va du Père au Fils et du Fils au Père. Fondement de la prière de l’Eglise qui s’adressera essentiellement au Père. Cf. L’Eucharistie, centre de cette prière de l’Eglise, et toute la prière liturgique.
2) INSTITUTION DE L’EUCHARISTIE, centre de la vie de l’Eglise. (Avec le devoir pour l’Eglise de l’assurer.) Cf. Di dessous : Moment de la passion.

 

4- LES APOTRES ET LES DISCIPLES.

1) IMPORTANCE DU CHOIX DES DOUZE. Des futurs témoins.
L’action de Jésus est inséparable des disciples qu’il appelle à sa suite. Signalé dès les début de la vie publique et par tous les évangélistes. Fait partie de l’essentiel de l’Evangile. Les Apôtres ne sont pas pour Jésus un à-côté secondaire. Ils tiennent une place importante. Aussi Jésus les prend spécialement à sa suite. Il a voulu les douze. Douze pour signifier l’ensemble du nouveau peuple de Dieu. (Aussi on remplacera Judas) D’où une STRUCTURATION FONDAMENTALE DE L’EGLISE : LE RATTACHEMENT AUX APOTRES.
Il est dificile de contester que la constitution du groupe des 12 remonte à Jésus lui-même. Si cela avait été une invention de la communauté primitive, elle n’aurait jamais imaginé de faire figurer Judas dans le groupe.
Jésus à UN BUT : FAIRE DES TEMOINS.

2) CEPENDANT, AUCUNE ORGANISATION D’UNE COMMUNAUTE pour l’avenir n’est indiquée. (Même s’il y a certaines charges dans l’équipe. Ex. La bourse confiée à Judas.)
N.B. Les évangélistes qui écrivent après la Résurrection n’ont pas cherché à décrire les structures des communautés de leur temps en les rattachant à une organisation créée par Jésus. Ils donnent en Jésus UN MODELE DE VIE.
Les disciples suivent Jésus, simplement parce qu’ils sont attachés à sa personne. L’appel de Jésus demande une réponse (qui va loin dans le désintéressement) et une réponse libre.
Mais LA REPONSE N’EST PAS L’ACCORD SUR UN PROGRAMME, ni l’engagement sur une tâche à accomplir. Elle est l’adhésion à quelqu’un et à sa parole. Cf. Jn.6. Après le discours sur le pain de vie. « A qui irions-nous ? ». Pas attachement parce qu’ils ont compris. Jésus « fait les douze », pour « être avec lui ».C’est la première explication donnée.
Jésus n’organise pas sa succession, ni une « église ». Il n’a pas laissé d’instructions précises comme s’il avait en tête un modèle d’Eglise déterminé par avance. Jamais on n’entend Jésus dire qu’il est venu constituer un noyau de disciples, une communauté de fidèles. Son regard déborde toujours les limites que constituerait un groupe. Le cercle na pas de limites. Cf.Mc.3,34sq. « Quiconque fait la volonté de mon Père. » Jamais il n’invite ses Apôtres à retenir ses paroles, pour ensuite less transmettre exactement, pour répéter littéralement ce qu’il aura entendu. (Pour cela Jésus parlera de l’envoi ultérieur de l’Esprit-Saint.)

3) PUISQU’IL EST PRESENT.
Jésus vit intensément le présent et l’événement qui vient avec lui. « Faire les douze », ce n’était pas seulement mettre 12 compagnons dans une situation en vue. C’était faire d’eux, de leur présence à sa suite, le signe de l’événement qu’il apportait. Sa présence visible EST le salut. Ce sera la même réalité à la fin des temps. Il n’y aura plus alors besoin de l’institution « Eglise » qui n’est qu’un moyen. Le but sera atteint.

5- CONCLUSION. (Synthèse)

Tout est centré sur la PERSONNE de Jésus. Il est lui-même l’événement du salut dans notre monde. Dans la situation de sa présence visible et palpable. A ce stade, pas besoin d’une église organisée .
1- Jésus parle surtout du Royaume plus que de l’Eglise.
Dans les Evangiles, le mot « église » n’est employé que 2 ou 3 fois. (Mtt.16,18 ; 18,17) A la différence du terme « royaume ». La pensée de jésus s’inscrit dans la proclamation du Royaume des cieux, précédé d’une étape terrestre, phase de lente croissance. Cf. Les paraboles du Royaume. Cette phase terrestre comprendra elle-même deux étapes (Cf. infra) : 1- Pendant la vie mortelle de Jésus. 2- A partir de la résurrection.
Jésus voit plus loin et plus grand que l’Eglise visible institutionnelle. Il est déja présent puisqu’il est lui-même le Royaume..
2- Place importante d’Israël dans la pensée de Jésus.
Les brebis perdues de la maison d’Israël. Une priorité au début de son ministère. Cf. Fiche « Jésus et Israël ». Intention de réaliser le Nouvel Israël de la fin des temps.
Pose les bases du nouvel Israël, celui de la fin des temps. l’Eglise : Cf. Jésus et ses disciples.
Le choix des Douze. Importance de ce groupe dans les évangiles : enseignement, formation, partage de vie plus grand, etc. Témoins privilégiés. (Ne se pose pas la question d’hommes ou de femmes : référence aux chefs des 12 tribus.) ( Au début, il y aura une inculturetion juive de la forme d’autorité. Il y aura ensuite une inculturation gréco-romaine etc…) Luc emploie déja le terme « Apôtres » et pas seulement les Douze.
Les différents cercles de disciples.
Parmi les gens qui écoutèrent Jésus et s’attachèrent à lui, il faut distinguer deux groupes principaux. 1- Les adeptes qui l’accueillent, mais qui restent dans leurs conditions familiales, etc.. Cf. Lazare et ses soeurs. Joseph d’Arimathie. Zachée. 2- Les disciples proprement dits qui se sont mis à la suite de Jésus. (Bien au delà des 12) Parmi eux, il y a des hommes : Cléophas (Lc.24,18), Joseph Barsabas et Matthias. (Act.1,23) Il y a aussi des femmes : Cf. Lc.8,1-3 : Marie Magdeleine, Jeanne,femme de Chouza,Suzanne, etc.. C’est un groupe nettement défini. Ils ont été choisis par le Maître pour le suivre. Une certaine communauté de vie avec Lui, en renonçant à la vie de famille. Exigences particulièrement radicales pour suivre Jésus.(qui est resté célibataire.) Autre état de vie dans la perspective du Royaume des cieux. Une nouvelle famille. Il faut quitter tout pour le suivre et recevoir le centuple. Cf.Mc.10,17-27. Le jeune homme riche. Ceux qui ont tout quitté.
Parmi les disciples Jésus choisit « LES DOUZE »
3- Importance de l’Esprit-Saint dans la vie et la mission de Jésus lui-même. Dès l’incarnation. Baptême au Jourdain. Au désert, etc… Pas d’organisation institutionnelle car Jésus est visiblement présent, porteur de l’Esprit..

4- L’enseignement aux Apôtres et aux disciples au sujet de ce nouvel Israël à rassembler.

1- Une union profonde et permanente avec Jésus lui-même. Image de la vigne. « Demeurez en moi ».
2- Une vie fraternelle dans une communauté. Le partage. La correction fraternelle. L’amour fraternel. Le grand commandement de Jésus.
3- Une réalité visible. cf. la ville située sur une montagne.
Cf. Mt.5,13-16. La pointe de l’image : la visibilité. La Jérusalem de la fin des temps s’élèvera un jour au dessus de toutes les montagnes et sa lumière éclairera les peuples paiens. L’Eglise est une église pour le ponde, visible de tous. Le lampadaire. Sera repris par vatican II : L’Eglise signe et moyen universel de salut. (Sacramentalité.)
4- L’exercice du pouvoir est essentiellement un service.
L’exclusion de la violence. Renonciation à la violence. Cf. Mtt.5,39-42. « Celui qui te frappe sur la joue droite… » Progression dans les exigences. Aller à la rencontre de l’adversaire. Pas une question d’honneur ni de titres d’honneur. Cf. Mtt.23,1-36. Grand discours contre les pharisiens et les scribes. Catéchèse pour les leaders de la communauté chrétienne. « Ne vous faites pas appeler rabbi….père… » La renonciation au pouvoir à la manière du monde. Nécessité d’une autorité, mais qui soit un service. Cf. Mc.10,32-45 : l’Eglise devra toujours s’en souvenir dans la manière dont elle exerce l’autorité au cours de son histoire. L’annonce aux Douze de la passion et non d’un pouvoir triomphaliste. La prière des fils de zébédée. Vision sur le pouvoir humain. Parmi vous, le premier sera l’esclave de tous. Le Fils de l’homme venu pour servir et non pour être servi.

5- Les attitudes et les gestes de Jésus.
Importance comme fondement des sacrements qui seront des gestes du Christ actuellement. Son attitude vis-à-vis des pécheurs. Signes de la miséricorde du Père. Les miracles de Jésus. Des signes qui ont un sens. Les guérisons. (Et non un pouvoir regardé comme magique.) Cf.Lc.11,20 : « Si c’est par le doigt de Dieu que j’expulse les démons, c’est donc que le Royaume de Dieu est arrivé jusqu’à vous ». Les principales attitudes de Jésus. Ex. Vis-à-vis des plus pauvres, des marginaux… Le grand commandement de l’amour. Essentiel à l’Eglise.

2) TOURNANT DE LA PASSION ET DE LA RESURRECTION DE JESUS

1- IMPORTANCE DE LA CENE.
La nouvelle Pâque du nouvel Israël. Institution centrale de l’Eglise. La prière sacerdotale de Jésus. Prière pour l’unité. Perspective : tous ceux qui croiront en la parole des Apôtres. Jésus y attache beaucoup d’importance : comme son testament. « J’ai désiré vivement célébrer cette
Pâque avec vous ». L’Eglise du Christ se réunira dans la participation à l’eucharistie. La structure de base voulue par le Christ sera la constitution de son Corps mystique par l’eucharistie. Accord oecuménique à ce sujet.
On en a QUATRE RECITS qui viennent de deux traditions différentes : (Cf. feuille synoptique.)
Une TRADITION NARRATIVE : Marc et Mtt. Tradition PALESTINIENNE. (Mtt. ajoute simplement quelques mots à Mrc.)
Une TRADITION LITURGIQUE : Luc et Paul. Reproduisent le texte utilisé dans les assemblées de la communauté. La fraction du pain avec les disciples d’Emmaüs est réalisée dès la Résurrection. Elle est réalisation et mise en route du « Vous ferez cela en mémoire de moi ».
Tous les récits montrent un lien intime entre les gestes et les paroles. Jésus rend présent pour y faire participer les disciples, une réalité qui sera celle de sa passion : Le don de lui-même. Alors que tout est organisé et prêt pour la condamnation et la mort de Jésus, Celui-ci MET TOUT EN MARCHE pour qu’elle se réalise. Il ouvre sacramentellement (paroles efficaces) son HEURE. Il « entre LIBREMENT dans sa passion ». Noter le terme « LIVRER » qui revient tout le temps dans tous les récits. Librement, Jésus accepte de connaître jusqu’au bout le mal que peuvent faire les hommes, pour être capable de leur pardonner.
L’Eucharistie va rendre présent sacramentellement la passion et la résurrection ( la totalité du sacrifice.) du Christ à travers les siècles et dans tous les lieux. Rôle de l’Esprit-Saint qui rend présent le Christ et son offrande pour la gloire du Père. Cf. Epiclèse. (Pas un rite magique.) C’est l’effusion de l’Esprit au centre le da vie de l’Eglise. (Equilibre avec les autres effusions de l’Esprit, parfois présentées comme un rite magico-religieux.) = Une des « institutions » que Jésus fonde concrètement dans ce qu’elle a d’essentiel. (Sans prescrire les détails de la réalisation du « CELA ».)
2- LA MORT SUR LA CROIX 1) L’HEURE DE JESUS. Le « baptême » de Jésus. Dans l’Esprit-d’amour. Sommet et changement radical de la situation. LE SALUT EST ACCOMPLI. Situation radicalement nouvelle : sommet de la communion d’un homme au Père dans l’Esprit d’Amour.
2) Jésus « REMET L’ESPRIT ». L’Esprit de communion avec le Père : La réconciliation de l’humanité avec Dieu est réalisée. Le salut consiste dans cette communion communiquée. Cf. Luc 12,49-50 : « Je suis venu apporter un feu sur la terre et comme je voudrais qu’il soit déja allumé. Je dois recevoir un baptême… » = Lien entre la passion et le don de l’Esprit-Saint. Cf. Le côté ouvert du Christ en croix dans Jn. Lien avec la prophétie d’Ezéchiel sur la source jaillie du Temple. Détruisez ce temple…Il parlait du temple de son corps.
3) La sacrifice de Jésus pour le rassemblement de tous les hommes en un seul peuple. (Cf. Prière pour l’unité.) Refus de l’imposer par la force. On est arrivé à éliminer Jésus par la force. Il a préféré se laisser tuer.
4) Le pardon des péchés accordé. L’attitude du Christ en croix. Le bon Larron. Le pardon des ennemis.

3-LA RESURRECTION DE JESUS ET LE DON DE L’ESPRIT-SAINT fruit du sacrifice du Christ. Lien entre la Résurrection et la mission (sommet de tous les récits de Pâques).

4- LES DERNIERS TEMPS SONT ARRIVES. Et donc l’Israël nouveau. Nous sommes dans les derniers temps. (ne pas confondre avec « la fin du monde ».) L’universalité. Cf. ci-dessous.

3) A PARTIR DE LA RESURRECTION DE JESUS

1- L’ASCENSION.

1) Jésus partage la SEIGNEURIE du Père. « Il est assis à la droite du Père ».
2) JESUS CESSE D’ETRE VISIBLEMENT PRESENT au milieu des siens. Une autre visibilité va commencer : une visibilité dans la foi, par exemple dans les sacrements, signe visible d’une présence invisible.

2- Place importante de la MISSION UNIVERSELLE du nouveau peuple de Dieu, du nouvel Israël.

3- L’ESPRIT-SAINT, âme de l’Eglise.(Expression de St.Augustin.)

L’ENVOI DE L’ESPRIT-SAINT, fruit de la résurrection. Passage à l’Eglise. La nouvelle communion dans l’Esprit-Saint.
Dès le jour de Pâques. Cf. Jean. Débouchera sur le baptême : mort et résurrection dans le Christ. A la Pentecôte pour la mission. Débouchera sur la « confirmation ».
C’est l’Esprit-Saint qui RENDRA VISIBLE L’ACTION DU CHRIST agissant par lui. Il est la source de la sacramentalité de l’Eglise et des institutions sacramentelles (Parole, Culte-Eucharistie, l’amour visible…). Tout sacrement est un épiclèse. Besoin d’une présence sensible. Mais cette présence sera d’une autre manière que celle du Christ pendant sa vie terrestre avant Pâques. Elle sera d’ordre sacramentelle et charismatique..
Source du DEVELOPPEMENT DE L’EGLISE à la fois en fidélité avec la volonté du Christ. (Grâce à l’Esprit-Saint.) en lien avec la situation (culturelle, sociale, politique…) de l’implantation de l’Eglise. (Incarnation.) Pas éternelle copie d’un modèle préfabriqué.
Un DYNAMISME D’EVOLUTION jusqu’à une plénitude à la fin des temps. Cf. Prière eucharistique : « Que nous soyons rassemblés PAR L’ESPRIT-SAINT en un seul corps ».
« Il vous rappellera tout ce que je vous ai dit et il vous le fera comprendre ». Communion fondamentale avec l’intention du Christ dans des formes qui dépendront aussi du contexte dans lequel l’Eglise se développera. Cf. 1 Tim.1,14 : « Tu es le dépositaire de l’Evangile. Garde-le dans toute sa pureté GRACE A L’ESPRIT-SAINT QUI HABITE EN NOUS. » (Donc plus question de « possession du démon » pour un baptisé.)
Importance pour bien situer dans les évolutions de l’Eglise à la fois : (Bien distinguer)
La CONTINUITE FONDAMENTALE avec le Christ qui agit par son Esprit-Saint. Certaines réalités fondamentales voulues par le Christ ne peuvent pas être changées.
LES CHANGEMENTS qui ont été faits par l’Eglise elle-même animée par l’Esprit-Saint, et qu’elle peut donc par la suite modifier. Possibilités d’évolutions. Cf. Histoire dans III. Distinguer :
LA TRADITION APOSTOLIQUE. C’est la « règle » de base. (Cf. Grelot « Eglise et ministères. Ch.1.) C’est la tradition fondatrice de référence ultérieure.
1- Les communautés chrétiennes primitives ne s’organisent pas à leur guise mais en référence à l’expérience apostolique.
2- Par la suite, dans l’Eglise, il y aura toujours le caractère normatif de cette Eglise primitive et de sa référence aux Apôtres.
LA TRADITION ECCLESIASTIQUE. (ou ecclésiale) C’est la « règle » appliquée. La manière de vivre en conformité avec la tradition apostolique.
L’HISTOIRE DE L’EGLISE est à la fois marquée
par la présence de l’Esprit-Saint par lequel le Christ gouverne son Eglise et la guide. C’est ce qu’on entend lorsqu’on parle de la sainteté de l’Eglise.
par les limites et faiblesses humaines. La « sainte » Eglise est faite de pécheurs que nous sommes tous.. L’humain (et ses faiblesses) dans l’Eglise.
4- VISIBILITE de l’Eglise, sacrement universel du salut : Signe dressé au milieu des nations. Action de l’Esprit-Saint pour adapter cette visibilité essentielle. (Cf. Communion organique fruit de l’Esprit-Saint.)
5-LES COMMUNAUTES CHRETIENNES PRIMITIVES. Leur organisation progressive. Cf. Les communautés pauliniennes.
Caractéristiques de ces communautés, en fidélité aux intentions du Christ.

1- La présence de l’Esprit.

La primitive Eglise apparait comme la manifestation subjugante de l’Esprit. Phénomène lié à la fin des temps. Cf. Act 2,17-19 qui cite Joël.3. Act. 3,1-10 : La guérison du paralytique dans le Temple par Pierre et Jean. Activité miraculeuse des prédicateurs. Dieu travaille avec eux. Les miracles accompagnent la prédication apostolique, jusque dans la dimension corporelle. C’est le signe (et non activités magiques) qu’ils ont reçu l’Esprit. Cf. Gal.3,1-5. Les miracles accomplis dans la force de l’Esprit sont signe de la présence de l’Esprit.

2- Le Peuple de Dieu. la communauté des disciples se comprend comme le véritable Israêl : « Ekklesia », qahal, « rassemblement ».

Elle est le peuple de Dieu de la fin des temps. Eccalein= appeler, convoquer. Israël, le Peuple de Dieu, était le rassemblement des hommes convoqués par
l’initiative divine. Convocation sainte. Cf. Ex.12,126. Tâche d’appeler encore une fois à la conversion la totalité d’Israël, car la Parousie est imminente. Cf. Prédication post-pascale. Sens de l’élection du remplaçant de Judas. La communauté primitive post-pascale attendait le rassemblement définitif d’Israël commencé par Jésus. La communauté des disciples se comprend elle-même comme le véritable Israël. (=Ecclesia »). De même Les « saints »= le peuple de Dieu de la fin des temps. Tous ceux qui croient au Christ deviennent la véritable descendance d’Abraham, i.e.le peuple de Dieu. L’Eglise et la Synagogue sont liées dans une même histoire du salut. La communauté des disciples est la préfiguration de l’Israël de la fin des temps. La déficience d’Israël sera l’occasion de l’entrée des paiens, mais Dieu ne retire jamais sa grâce à Israël sa grâce. (Contre-sens de l’antisémitisme.) Cf. Rom. 9-11.

3- La suppression des barrières sociales.

Il se crée dans la première communauté une nouvelle relation mutuelle sans privilèges ni exclusions. C’est la continuation de ce qu’a commencé Jésus : un peuple réconcilié. (Cf. Lohfink p.96-97) Contrairement à la mentalité de l’époque, il y avait beaucoup de femmes parmi les disciples de Jésus. Cf. Gal.3,26-29 : Il n’y a plus ni juif, ni grec…. 1 Cor. 12,12 sq. Unité et pluralité dans l’Eglise. (N.B. Il n’y a pas de femme parmi les Douze car le symbolisme (le signe) aurait été détruit : A cette époque, les 12 tribus ne peuvent pas être représentées par des femmes.) Le partage des biens. Cf. Les Actes. Cf. Lettre à Philémon. L’esclave = un frère. Profond changement intérieur, véritable suppression de l’esclavage et qui engage plus que le changement d’institution. Place importante des « communautés domestiques restreintes » dans l’Eglise primitive : on pouvait connaître tout le monde. Le projet pastoral des petites communautés rejoint cette réalité.

4- L’amour fraternel. L’agapè

(Différent de eros) mot nouveau pour désigner l’amour dans la communauté. Cf. Rom.12 et 13. (Cf. Lohfink.p.118. Notre 43.) Peut provoquer des divisions dans les familles. Cf. Lc.12,53. « On sera divisé, père contre fils.. L’expérience de l’Esprit amène la filiation divine promise pour la fin des temps. D’où la fraternité. Cf.Rom.8,14-16. Epitre à Philémon. L’amour de chrétiens entre eux = signe de l’appartenance à J.C.
« Les uns les autres ». « Allêlôn » Cf. Lohfink.p.107. L’Eglise que voulait Jésus. p.106 sq. La « koinonia ». Notion de « communauté ». Le thème « édification » dans son sens communautaire. Edifier veut dire redresser, amener à la vie. Edifier la communauté chez Paul = rassemblement d’Israël chez Jésus. = Responsabilité des uns vis à vis des autres dans la communauté.

5- Une autorité qui n’est pas domination, mais service. Diakonia.

Une structure de service. « Exousia » = pouvoir apostolique conféré par le Christ lui-même.

6- La place de la Parole de Dieu. l’annonce de l’Evangile.

7- L’ouverture aux nations. Attitude de Pierre et combat de Paul.

PLACE IMPORTANTE DE LA MISSION. (Sommet de tous les récits de Pâques)
MISSION SPECIALE CONFIEE A PIERRE.
La « communion » ne peut progresser que si l’Eglise elle-même vit cette communion dans l’unité. (Cf. 4. L’Eglise communion et institution.) D’où le « service » de l’unité confiée à Pierre.

IV- LES CARACTERISTIQUES OU NOTES DE L’EGLISE DE JESUS-CHRIST.

Une des affirmations du Credo. Que mettons-nous sous ces mots ? (Sera vu ultérieurement.) Caractéristiques qui « subsistent » dans l’Eglise Catholique, dans un dynamisme vers une réalisation complète.
1- UNE. CEC.813. »L’Église est une de par sa source :  » De ce mystère, le modèle suprême et le principe est dans la trinité des personnes l’unité d’un seul Dieu Père, et Fils, en ‘l’Esprit Saint  » (UR 2). L’Église est une de par son Fondateur :  » Car le Fils incarné en personne a réconcilié tous les hommes avec Dieu par sa Croix, rétablissant l’unité de tous en un seul Peuple et un seul Corps  » (GS 78, §3). L’Église est une de par son  » âme  » :  » L’Esprit Saint qui habite dans les croyants, qui remplit et régit toute l’Église, réalise cette admirable communion des fidèles et les unit tous si intimement dans le Christ, qu’il est le principe de l’Unité de l’Église  » (UR 2). Il est donc de l’essence même de l’Église d’être une : Quel étonnant mystère ! Il y a un seul Père de l’univers, un seul Logos de l’univers et aussi un seul Esprit Saint, partout identique ; il y a aussi une seule vierge devenue mère, et j’aime l’appeler l’Église (S. Clément d’Alexandrie, pæd. 1, 6). » L’Eglise de Jésus-Christ est UNIQUE.
L’unique corps mystique de Jésus-Christ. Un seul peuple choisi.
L’UNITE de l’Eglise de Jésus-Christ.
Cf. La prière du Christ pour l’unité le jeudi saint. = L’EGLISE-COMMUNION.
Le scandale de la division des chrétiens et des églises. Les schismes et les hérésies. L’Oécuménisme.

2- SAINTE. CEC.828. « En canonisant certains fidèles, c’est-à-dire en proclamant solennellement que ces fidèles ont pratiqué héroïquement les vertus et vécu dans la fidélité à la grâce de Dieu, l’Église reconnaît la puissance de l’Esprit de sainteté qui est en elle et elle soutient l’espérance des fidèles en les leur donnant comme modèles et intercesseurs (cf. LG 40 ; 48-51).  » Les saints et les saintes ont toujours été source et origine de renouvellement dans les moments les plus difficiles de l’histoire de l’Église  » (CL 16, 3). En effet,  » la sainteté est la source secrète et la mesure infaillible de son activité apostolique et de son élan missionnaire  » (CL 17, 3). » N.B. La Sainteté de l’Eglise ne veut pas dire que les membres terrestre de l’Eglise sont des saints accomplis. Ils sont tous des pecheurs qui sont progressivement transformés dans la sainteté, pendaant toute leur vie terrestre.
Dieu seul est saint, c’est-à-dire tout autre. L’Eglise, bien que dans le monde, doit être toute autre.
Cf. Lohfink : L’Eglise « société alternative ». Des communautés de disciples ne vivant pas comme le monde et ne formant cependant pas ghéto. L’Eglise est un peuple saint, séparé et mis-à-part en vue d’un autre style de vie., différent de celui du monde malade.
Un peuple de pécheurs sanctifiés par l’Esprit-Saint. Appellation des disciples de Jésus dès le début : les « saints »- appelés à être différents du monde.
Permanence de l’Esprit-Saint dans l’Eglise. Il « demeurera ». L’Eglise est sainte car il y a en elle le principe même de la sainteté qui est l’Esprit-Saint.
Dimension eschatologique de l’Eglise. Il y a en elle un dynamisme qui construit, édifie progressivement la Jérusalem céleste.

3- CATHOLIQUE, c’est-à-dire universelle. CEC.830. « Le mot « catholique « signifie « universel « dans le sens de « selon la totalité « ou « selon l’intégralité « . L’Église est catholique dans un double sens : Elle est catholique parce qu’en elle le Christ est présent. « Là où est le Christ Jésus, là est l’Église Catholique « (S. Ignace d’Antioche, Smyrn. 8, 2). En elle subsiste la plénitude du Corps du Christ uni à sa Tête (cf. Ep 1, 22-23), ce qui implique qu’elle reçoive de lui « la plénitude des moyens de salut « (AG 6) qu’Il a voulus : confession de foi droite et complète, vie sacramentelle intégrale et ministère ordonné dans la succession apostolique. L’Église était, en ce sens fondamental, catholique au jour de la Pentecôte (cf. AG 4) et elle le sera toujours jusqu’au jour de la Parousie. Sa mission est universelle. « Sous l’impulsion de l’Esprit, la foi chrétienne s’ouvre délibérément aux « nations » …C’est l’Esprit qui pousse à aller toujours au-delà, non seulement du point de vue géographique mais aussi au-delà des barrières ethniques et religieuses, pour accomplir une mission réellement universelle. » (Encycl. Redemptoris missio ; N°25.)
Le pélerinage des nations vers la Jérusalem nouvelle, l’Israël de la fin des temps. L’Eglise est le signe de cette réalité et de cet appel, au milieu des nations. Cf. L’Eglise, Sacrement du salut.
Rapport à la mission de l’Eglise.
L’universalité du salut et de l’Eglise qui est le nouvel Israël de Dieu. (A ne pas confondre avec l’Israël territorial et racial., selon la chair et le sang.)

4- APOSTOLIQUE, c’est-à-dire fondée sur les Apôtres. L’Eglise repose sur la fondation des douze et leurs successeurs par le Christ. CEC.861.  » Pour que la mission qui leur avait été confiée pût se continuer après leur mort, les apôtres donnèrent mandat, comme par testament, à leurs coopérateurs immédiats d’achever leur tâche et d’affermir l’oeuvre commencée par eux, leur recommandant de prendre garde au troupeau dans lequel l’Esprit Saint les avait institués pour paître l’Église de Dieu. Ils instituèrent donc des hommes de ce genre, et disposèrent par la suite qu’après leur mort d’autres hommes éprouvés recueilleraient leur ministère  » (LG 20 ; cf. S. Clément de Rome, Cor. 42 ; 44). » Place importante du sacrement de l’Ordre qui est le sacrement qui fait les successeurs de Douze, les éveques.

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