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2ième Dimanche de l’Avent – Homélie du Père Louis DATTIN (Mt 3, 1-12)

Préparez-vous

Mt 3,1-12

« Frères, tout ce que les livres Saints nous ont dit, est écrit pour nous instruire afin que nous possédions l’Espérance ».

Cette parole de Paul, entendue tout à l’heure, nous invite aujourd’hui à une écoute attentive de l’Ecriture. Or, les textes d’aujourd’hui sont bien rudes, celui de l’Evangile en particulier : « Convertissez-vous ! Convertissez-vous ! » Celui qui martèle cet ordre sans échappatoire est un homme austère qui se contente d’une nourriture frugale ; il donne libre cours à sa colère contre les juifs bien- pensants :

« Engeance de vipère », leur dit-il.

A Jean-Baptiste, tout de suite, pour nous justifier, nous disons : « Je n’y peux rien, c’est mon caractère, je suis comme ça ! ». C’est ainsi que nous nous disculpons du mal qu’il nous arrive de commettre.

Est-il vrai qu’on ne peut pas changer, qu’on ne peut pas se convertir ? Est-il vrai que chacun de nous est enfermé dans sa génétique, son passé, ses habitudes ? Si cela est vrai, alors où est la liberté de l’homme ? En tous cas, aujourd’hui, Jean-Baptiste, avec une violence inouïe, nous dit le contraire :

« Vous pouvez changer ! Vous pouvez vous améliorer ! Vous le devez ! Il le faut ! »

Il nous dit : « Dieu va faire irruption dans notre monde. C’est bientôt ! C’est proche ! », et cette arrivée de Seigneur exige une conversion urgente. Jean-Baptiste n’est pas tendre pour ceux qui voudraient considérer la venue du Messie comme une bonne petite fête bien tranquille ou insignifiante car c’est la « colère « , le  » jugement  » qui vient !

« Tout arbre qui ne produit pas de bons fruits (c’est nous, les arbres) sera jeté au feu et déjà la cognée est à la racine ! ».

Cette phrase décrit le moment précis où le bûcheron calcule son geste en posant sa hache à l’endroit où il va frapper … tant est grande la proximité du jugement et l’urgence de la conversion.

Une deuxième image vient renforcer cette nécessité de la conversion : Dieu vient pour faire un tri, pour séparer le blé de la balle : « Il tient une pelle à vanner dans la main et il va nettoyer son aire à battre le blé : il va séparer la balle qu’il va jeter au feu et mettre le blé dans son grenier ».

Ainsi, l’irruption de Dieu, c’est sérieux. Avec Jean-Baptiste, nous sommes loin des mièvreries de la crèche autour du « petit Jésus » et encore plus loin des cadeaux et des préparatifs gastronomiques qui envahissent les médias et les vitrines en ces jours qui précèdent Noël. Le « petit Jésus  » de la crèche, c’est quelqu’un ! Quelqu’un avec qui il va falloir compter ! Quelqu’un devant qui, il faudra prendre parti.

Quand le vanneur prend sa pelle pour trier le bon grain de la paille, c’est bien sûr une bonne nouvelle pour le blé qui va être nettoyé, purifié mais c’est une catastrophe pour la paille qui va être brûlée au feu ! Sommes-nous capables d’entendre ces paroles ?

 Nous voilà bien loin de la gentillesse superficielle d’une fête de Noël édulcorée ! Parmi les juifs qui allaient voir Jean-Baptiste, il semble qu’il y ait eu deux types de fidèles :

 –  les uns, très ordinaires sans doute, venaient confesser leurs péchés pour se préparer à la visite de celui que tout Israël attendait. On les devine, sortant de l’eau, résolus à porter du fruit, les fruits de leur vraie conversion.

–  les autres, pharisiens et sadducéens, viennent accomplir le rite avec un cœur encombré de leur fausse sécurité de « gens en règle « . Il n’y a rien de pire que des gens qui se croient  » en règle « . Puisqu’ils sont en règle, pourquoi changeraient-ils ? Pourquoi se convertiraient- ils puisqu’ils se croient déjà convertis ?! Ils peuvent donc se dispenser d’une demande personnelle de conversion.

Chacun de nous le sait très bien, il ne s’agit, pas seulement de quelques petites modifications dans mon style de vie, mais d’un changement radical. Il s’agit de passer des belles théories à la rude réalité de la pratique. Certains convertis ont avoué qu’il leur a fallu parfois des années pour passer de l’éclair de la vérité à l’engagement dans une vie vraiment nouvelle ! Et surtout, surtout ne nous excusons pas de ne pas nous convertir en pensant que nous ne sommes déjà pas si mal que ça ! Pourtant, lequel d’entre nous oserait dire qu’il n’a plus de progrès à faire ? Toujours, nous sommes en dessous de ce que le Christ attend de nous.

Aujourd’hui, Jean-Baptiste, comme un ouragan, nous crie que nous sommes capables d’aller plus loin, que nous avons tort d’être habitués, blasés, lassés.

« Allons ! Debout ! Avance ! Tu fais la révision de ton moteur, fais la révision de ta vie ! Repars à neuf ! Tu peux améliorer ta façon de vivre ! Renonce à ta médiocrité ! Deviens un bon arbre qui produit, pas simplement des feuilles mais de bons fruits » ; « Convertissez-vous ! Préparez le chemin du Seigneur ! Rendez droits ses sentiers car le Royaume de Dieu est proche ! »

  • Se convertir signifie se retourner, changer de mentalité ; ce qui suppose la transformation radicale de celui qui, renonçant aux sécurités antérieures et extérieures (l’orgueil, le pouvoir, le bien-être) se lance dans l’aventure de la foi. Il ne s’agit pas seulement de repeindre la chaloupe du bateau ni même de monter une voile supplémentaire, mais à ce bateau lui faire changer de cap!

  • Se convertir, c’est mettre totalement sa confiance dans un maitre dont les exigences n’ont pas d’autres justifications que l’amour qu’il nous porte. Au catéchuménat, la cellule d’église qui prépare les adultes au Baptême, j’ai entendu des mots très forts pour le dire : « Dieu est entré dans ma vie », me disait l’un d’eux ; et un autre, qu’on félicite de sa démarche, protestait : « Mais ce n’est qu’un commencement ! On n’est pas converti une fois pour toutes ! »

Je me demande parfois si certains, dans l’Eglise depuis leur berceau, ne se sont jamais convertis, une seule fois ? Et pire encore, s’ils se convertiront un jour ?… Il en est de notre foi au Christ comme des amours humaines : le jour du mariage, chacun des époux s’engage avec ferveur dans une vie nouvelle. Il est résolu à se confier totalement à l’autre tandis que l’autre se confiera totalement à lui.

Or, tous les vieux époux vous le diront, le tissu conjugal doit être remaillé au gré des saisons pour garder sa solidité. Le tissu de notre vie chrétienne, lui aussi, doit être remaillé à chaque saison.

Attention, à l’approche de Noël, ne nous contentons pas de bonnes intentions sinon nous aurons raté le Noël de cette année. Avant de parler, il faut poser des actes. Jean-Baptiste, lui a changé son style de vie ; il part au désert, il s’habille et mange de façon frugale : poils de chameau, miel sauvage, sauterelles frites.
Après quoi, il peut parler, et nous, prédicateurs d’homélies, catéchistes, chargés du message de Dieu, parents soucieux de l’éducation de leurs enfants, militants engagés dans la réforme de la société, n’est-il pas fréquent que nous nous contentions de beaux discours qui interpellent les autres, alors que nous n’avons pas, nous-mêmes, produit des fruits de conversion ? Où en sommes-nous en ce deuxième dimanche de l’Avent ? Quels fruits avons-nous porté ces derniers jours ?

Jésus veut demeurer chez nous : faisons-lui place !

En vérité, il nous accueille bien mieux que nous ne l’accueillons :

il nous convertit bien plus que nous ne nous convertissons.

Sachons, au moins, travailler avec lui !     AMEN




1er Dimanche de l’Avent – Père Rodolphe EMARD (St Mt 24, 37-44)

Homélie du premier dimanche de l’Avent / Année A

 

*Textes de référence : Rm 13, 11-14a ; Mt 24, 37-44

Ce dimanche, nous débutons une nouvelle année liturgique, l’année A, durant laquelle, nous entendrons davantage l’Évangile de Matthieu. Cette nouvelle année liturgique débute avec le temps dit de l’Avent.

Le Missel romain précise ce qu’est le temps de l’Avent : « Le temps de l’Avent a une double caractéristique : c’est à la fois un temps de préparation aux solennités de Noël où l’on commémore le premier avènement du Fils de Dieu parmi les hommes, et un temps où, par ce souvenir, les âmes sont tournées vers le second avènement du Christ à la fin des temps. Le temps de l’Avent se présente donc, pour ces deux raisons, comme un temps de prière et joyeuse attente » (voir n°39, Normes universelles de l’année liturgique).

L’essentiel nous est ici précisé pour saisir le vrai sens de l’Avent. Il nous prépare à célébrer la nativité du Fils de Dieu qui a pris chair de la Vierge Marie, par l’action de l’Esprit Saint. Nous pointons ici le mystère de l’incarnation de Dieu. L’Avent nous rappelle aussi que toute l’Église est dans l’attente de la venue du Christ dans la gloire. Le temps de l’Avent, nous devons enfin le vivre dans une attitude de prière et de joie.

Accueillir la venue du Christ, le Sauveur du monde, appelle à la conversion. L’extrait de la lettre de saint Paul aux Romains et celui de l’Évangile nous donnent des balises pour vivre pleinement ce temps de l’Avent.

Paul nous invite à « sortir de [notre] sommeil » car le « salut est « plus près de nous maintenant (…) La nuit est bientôt finie, le jour est tout proche. » Jésus est bien celui qui apporte le salut à toute l’humanité. Nous devons nous réveiller pour l’accueillir vraiment dans nos vies et désirer son salut pour nous.

 

Il y a un appel à sortir de nos routines, de nos habitudes parfois automatiques, surtout celles qui nous éloignent vraiment du chemin du Christ et de son Église. De quels « sommeils » devons-nous nous réveiller ? Chacun est interrogé personnellement…

Saint Paul dresse également des attitudes à adopter :

  • Rejeter « les œuvres des ténèbres » et revêtir les « armes de la lumière ». La lutte contre le péché et contre le mal est ici évoqué : ceux que nous commettons et ceux des autres…

  • Se conduire honnêtement. L’honnêteté est la qualité d’une personne honnête, c’est-à-dire qui agit avec droiture et loyauté et de façon vertueuse. L’honnêteté nous rappelle aussi le sens du devoir et de la responsabilité. Nous avons tous manqué d’honnêteté dans des actes de nos vies. Nous n’avons pas toujours le sens moral dans l’entreprise de certaines situations. Le risque serait de nous habituer à nos malhonnêtetés.

Que ce temps de l’Avent nous donne vraiment de répondre à cet appel de Paul à se conduire honnêtement, « sans orgies ni beuveries, sans luxure ni débauches, sans rivalité ni jalousie ». Chacun sait en conscience sur quels points il a à travailler et à se convertir…

  • Paul nous invite enfin à revêtir le Christ. Il s’agit de nous laisser envelopper par le Christ, d’entrer dans une intimité profonde avec lui, lui consacrer du temps dans la prière et la méditation de la Parole de Dieu. Revêtir le Christ pour pouvoir porter un regard de bienveillance sur notre prochain et un regard d’espérance sur notre monde. Revêtir le Christ, c’est laisser ses sentiments et son amour nous animer afin de pouvoir porter ces regards.

Dans l’Évangile, Jésus évoque clairement sa venue dans la gloire. Il nous invite à deux attitudes : veiller et se tenir prêt. Veiller, car nous ne savons pas quel jour le Seigneur viendra. Ce jour, nul ne peut le prédire ou le calculer. Se tenir prêt, car ce sera au moment où nous ne le penserons pas que le Christ fera sa venue dans la gloire. Ce jour, nul ne peut le prévoir ou le déterminer.

L’Évangile invite à une vigilance profonde. Tout peut arriver à tout moment. Nous sommes appelés à être éveillés en discernant les signes de l’Esprit Saint à l’œuvre en ce monde, y compris lorsque nous sommes heurtés par les difficultés de la vie.

Jésus nous exhorte à veiller. La liturgie dominicale est l’expression de cette veille de l’Église : « Nous attendons ta venue dans la gloire », proclamons-nous dans l’anamnèse à chaque eucharistie. Ne négligeons pas l’Eucharistie durant ce temps de l’Avent.

Demandons au Seigneur que nous puissions tirer leçon des enseignements qui nous sont faits en ce dimanche. À tous et à chacun, bon temps de l’Avent et belle marche vers Noël.




1er Dimanche de l’Avent – par Claude WON FAH HIN (St Mt 24, 37-44)

Commentaire du samedi 26 et Dimanche 27 Novembre 2022

 

Isaïe 2,1–5 ; Romains 13,11–14 ; Matthieu 24,37–44

L’avènement du Fils de l’Homme, c’est le retour du Christ sur terre et dans toute sa gloire (Mt 24,30 : « On verra le Fils de l’homme venant sur les nuées du ciel avec puissance et grande gloire ». Ce fait à venir a une portée dès ici-bas et détermine le comportement du croyant, selon sa foi. Comme la date de sa venue est inconnue, (v.42 ) « vous ne savez pas quel Jour va venir le Maître », chacun vit sa vie de chrétien selon sa façon de voir les choses. Et Matthieu nous met en garde en comparant notre époque à celle du temps de Noé : « 37 Comme les jours de Noé, ainsi sera l’avènement du Fils de l’homme. 38 En ces jours qui précédèrent le déluge, on mangeait et on buvait, on prenait femme et mari, jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche,  39 et les gens ne se doutèrent de rien jusqu’à l’arrivée du déluge, qui les emporta tous. Tel sera aussi l’avènement du Fils de l’homme ». Comme au temps de Noé, les gens, même chez les catholiques, vivent dans une grande insouciance, se disant que tout cela est encore loin, on ne connaît pas la date, alors on va profiter de la vie au plus vite, oubliant même que tout nous vient de Dieu. Se pose alors, pour les chrétiens, le problème de la vigilance tout en essayant de vivre du mieux que l’on peut, sans jamais oublier Dieu dans notre vie. Et c’est le combat de la vie du chrétien. En permanence, nous devons faire le choix de Dieu. Le Pape François nous rappelle dans « Gaudete et Exsultate » que « (§158) La vie chrétienne est un combat permanent. Il faut de la force et du courage pour résister aux tentations du diable et annoncer l’Évangile. Cette lutte est très belle, car elle nous permet de célébrer chaque fois le Seigneur vainqueur dans notre vie. (159) Il ne s’agit pas seulement d’un combat contre le monde et la mentalité mondaine qui nous trompe, nous abrutit et fait de nous des médiocres, dépourvus d’engagement et sans joie. Il ne se réduit pas non plus à une lutte contre notre propre fragilité et contre nos propres inclinations (chacun a la sienne : la paresse, la luxure, l’envie, la jalousie, entre autres). C’est aussi une lutte permanente contre le diable qui est le prince du mal. Jésus lui-même fête nos victoires. Il se réjouissait quand ses disciples arrivaient à progresser dans l’annonce de l’Évangile, en surmontant les obstacles du Malin, et il s’exclamait : « Je voyais Satan tomber du ciel comme l’éclair » (Lc 10, 18). (160) Nous n’admettrons pas l’existence du diable si nous nous évertuons à regarder la vie seulement avec des critères empiriques, c’est-à-dire basés sur notre seule expérience, et qui sont approximatifs, confus, imprécis, routiniers et sans le sens du surnaturel. Précisément, la conviction que ce pouvoir malin est parmi nous est ce qui nous permet de comprendre pourquoi le mal a parfois tant de force destructrice… De fait, quand Jésus nous a enseigné le Notre Père, il a demandé que nous terminions en demandant au Père de nous délivrer du Mal. Le terme utilisé ici ne se réfère pas au mal abstrait et sa traduction plus précise est « le Malin ». Il désigne un être personnel qui nous harcèle. Jésus nous a enseigné à demander tous les jours cette délivrance pour que son pouvoir ne nous domine pas. (161)…(Si) nous baissons la garde, (et vivons dans l’insouciance), il en profite pour détruire notre vie, nos familles et nos communautés, car il rôde « comme un lion rugissant cherchant qui dévorer » (1P 5, 8). (164) – Le chemin de la sainteté est une source de paix et de joie que nous offre l’Esprit, mais en même temps il demande que nous soyons avec « les lampes allumées » (Lc 12, 35) et que nous restions attentifs : « Gardez-vous de toute espèce de mal » (1Th 5, 22). « Veillez donc » (Mt 24, 42; Mc 13, 35). « Ne nous endormons pas» (1 Th 5, 6). Car ceux qui ont le sentiment qu’ils ne commettent pas de fautes graves contre la Loi de Dieu peuvent tomber dans une sorte d’étourdissement ou de torpeur. Comme ils ne trouvent rien de grave à se reprocher, ils ne perçoivent pas cette tiédeur (cette mollesse ou indifférence) qui peu à peu s’empare de leur vie spirituelle et ils finissent par se débiliter (par s’affaiblir) et se corrompre. (165) La corruption spirituelle est pire que la chute d’un pécheur, car il s’agit d’un aveuglement confortable et auto-suffisant où tout (ce qui est mal) finit par sembler licite, autorisé, toléré, permis (comme par exemple) : la tromperie, la calomnie, l’égoïsme et d’autres formes subtiles « de faire référence à soi-même », puisque « Satan lui-même se déguise en ange de lumière» (2Co il, 14)…Dans un épisode, Jésus nous met en garde contre cette tentation trompeuse qui nous fait glisser vers la corruption: il parle d’une personne libérée du démon qui, pensant que sa vie est (devenue) pure, finit par être possédée par sept autres esprits malins (Lc 11,24-26).

 

Il nous faut donc rester vigilant dès maintenant et ne pas attendre en fin de vie pour se dire qu’à ce moment-là, je vais tout regretter, et tout cela rentrera dans l’ordre. Saint Augustin nous dit : « Il ne vous servira de rien dans les derniers moments de votre vie de demander pénitence quand vous n’aurez plus ni le temps ni la force de faire pénitence. « Le repentir d’un malade est faible comme celui qui l’exprime…Celui d’entre vous qui veut trouver miséricorde devant Dieu, qu’il fasse pénitence dès maintenant, dans la force de l’âge, afin d’entrer aussi sain dans l’éternité ! » (Serm. 57, De Tempore) « Parce que vous vous êtes confessé, parce que vous avez reçu l’ab­solution, vous croyez pouvoir mourir en sécurité : et moi, je vous dis que je suis beaucoup moins sûr que vous de votre avenir !… Vous n’avez songé à vous repentir que lorsque vous ne pouviez plus pécher (puisque vous attendez d’être en fin de vie pour vous repentir) : c’est donc le péché qui vous délaisse, ce n’est pas vous qui l’avez rejeté. Tenez la chose certaine : votre salut reste incertain ! ». Cornelius a Lapide (Jésuite belge, théologien et bibliste de renom) : « On dira que tous reçoivent les Sacrements à la fin de leur vie. …Même parmi ceux qui les reçoivent, beaucoup les reçoivent mal et n ‘expient donc pas leurs péchés : beaucoup en effet souffrent d’une ignorance crasse en ce qui concerne les articles de foi qu’il faut connaître et auxquels il faut croire explicitement, clairement, ainsi qu’en ce qui concerne les Sacrements; ils ignorent en particulier qu’il faut le ferme propos de ne plus pécher pour être capable de recevoir l’abso­lution; ils ignorent qu’une résolution forte et constante de l’âme est requise, nécessaire,  pour que le ferme propos soit considéré comme absolu et efficace. D’autres savent ce qui est nécessaire pour le salut, mais ils vivent sans se soucier de leur salut personnel, entièrement occupés à amasser richesses et dignités, à construire des maisons, à aménager des jardins, des vignes, etc. de sorte qu’ils ne pensent que rarement ou jamais à Dieu, à la vie éternelle, à leur conscience, sauf au moment de Pâques ; encore ne le font-ils alors, que pour cette seule raison qu’ils sont obligés par un précepte de l’Eglise à se confesser et à communier (au moins une fois par an) ; aussi, (une fois) passées la Communion Pascale et la confession, retourne-t-on bientôt à ses passions, à ses habitudes perverses, à ses péchés, comme le font aussi beaucoup de ceux qui se sont confessés à l’article de la mort (au moment l’agonie) et qui, le danger écarté (et donc ayant un regain de bonne santé), retombent dans toutes leurs misères. Ce retour au mal montre bien qu’on ne s’était converti que par obligation ou par peur de la mort, mais qu’il n ‘y avait réellement rien de sérieux ni de profond. Saint Antoine Marie Claret (P.166) nous fait aussi la remarque : « quand on voit comment vivent les gens, quand on les voit en très grand nombre vivre de façon stable et habituelle en état de péché mortel, on peut dire qu’il ne se passe pas de jour sans qu’augmente le nombre de leurs fautes. Ils pêchent aussi facilement qu’on boit un verre d’eau, comme par jeu et pour rire. Ces malheureux vont, de leur propre mouvement, en enfer ». En ce 1er dimanche de l’Avent, chacun doit prendre la bonne résolution de changer de cap, direction le Christ toujours et partout.

L’Avent c’est le temps d’attente, pour tous les chrétiens, du retour du Christ glorifié. Mais nous dit Saint-Paul (2 Th 2,7) : « 3 Que personne ne vous séduise d’aucune manière. Il faut que vienne d’abord l’apostasie (= le reniement du Christ et de l’Eglise) et que se révèle l’Homme de l’impiété (= l’homme du péché), le Fils de la perdition, 4 celui qui se dresse et s’élève contre tout ce qu’on appelle Dieu ou qu’on adore, au point de s’asseoir en personne dans le temple (ou sanctuaire ) de Dieu. 8 Alors se révèlera l’Impie, que le Seigneur Jésus détruira du souffle de sa bouche et anéantira par l’éclat de sa venue. 9 Quant à la venue de l’Impie, marquée par l’activité de Satan, elle se manifestera par toutes sortes d’œuvres puissantes, de miracles, de prodiges trompeurs ( inutile, donc, de vous déplacer pour aller voir tout cela) 10 comme de toutes les tromperies du mal, à l’adresse de ceux qui sont voués à la perdition pour n’avoir pas accueilli l’amour de la vérité qui leur aurait valu d’être sauvés. 11 Voilà pourquoi Dieu leur envoie une influence qui les égare, qui les pousse à croire le mensonge, 12 en sorte que soient condamnés tous ceux qui auront refusé de croire la vérité et pris parti pour le mal ». Saint-Paul, dans le 2ème texte d’aujourd’hui nous le rappelle : « C’est l’heure désormais de vous arracher au sommeil;  le salut est maintenant plus près de nous… 12 La nuit est avancée. Le jour est arrivé. Laissons là les œuvres de ténèbres et revêtons les armes de lumière. 13 … conduisons-nous avec dignité : point de ripailles ni d’orgies, pas de luxure ni de débauche, pas de querelles ni de jalousies. 14 Mais revêtez-vous du Seigneur Jésus Christ et ne vous souciez pas de la chair pour en satisfaire les convoitises ». Si nous suivons un peu les actualités, nous voyons que les forces du mal agissent en France contre le catholicisme en particulier : Interdiction partielle de sonner les cloches à Angoulême; pas d’arbre de noël à Lyon, Bordeaux et probablement à Strasbourg où on peut vendre des crucifix « sous réserves » au Marché de Noël; déboulonnage de la statue de Saint Michel aux sables d’Olonne. Et je ne parle pas de toutes les lois sorties contre les valeurs chrétiennes : divorce, euthanasie, mariage pour tous, baptême républicain ( sans passer par l’Eglise), laïcité, le gender, destruction de la famille, interdiction d’instruire les enfants chez soi (2/10/2021), on ne dira plus « les fêtes de Noël, mais les fêtes de fin d’année » proposent certains etc… C’est pour cela qu’il faut être vigilants non seulement à titre individuel contre les péchés et nos faiblesses, mais aussi par rapport aux valeurs chrétiennes partout dans le monde. Mais rassurons-nous malgré tout car, l’homme ne pourra jamais détruire l’œuvre de Dieu. Dieu a planté des valeurs chrétiennes en nous, probablement comme un grain de sénevé ou comme la petite source de Siloé, qui fera son chemin quoi qu’il arrive. Gardons-notre foi en Jésus-Christ. Isaïe nous le rappelle: « la montagne de la maison de Yahvé sera établie en tête des montagnes et s’élèvera au-dessus des collines…Toutes les nations afflueront vers elle, 3 alors viendront des peuples nombreux. Dieu jugera entre les nations, il sera l’arbitre des peuples nombreux, on ne lèvera plus l’épée nation contre nation, on n’apprendra plus à faire la guerre. Présence de Dieu, présence de paix, aussi bien chez l’individu que dans les nations. « Tous sont appelés à se rendre à la montagne de la maison de Dieu », royaume de Dieu (Isaïe). Il nous faudra « veiller » parce que nous ne savons pas quand le maître va arriver. Veiller c’est renoncer au sommeil, c’est lutter contre la torpeur et la négligence. Le chrétien ne doit pas se laisser gagner par le sommeil et rester sur ses gardes pour rester avec le Seigneur à tout moment parce qu’il est « enfant de lumière ». Ce qui fait disparaître le péché, c’est encore l’enseignement du Christ : aimer Dieu et aimer son prochain, le tout dans la plus simple humilité. « La charité couvre une multitude de péchés » et nous ouvre les bras du Seigneur. En ce temps de l’Avent, tournons-nous vers le Christ, vers la préparation spirituelle de Noël car c’est toujours un moment important de fêter sa venue parmi les hommes, nous apportant toujours la paix, l’amour, la fraternité à un moment où la France va mal dans son intérieur même. Que Marie soit toujours avec nous pour nous aider à nous tourner constamment vers son Fils.




1er Dimanche de l’Avent – par Francis COUSIN (Mt 24, 37-44)

 

« Veillez … » 

À quoi ?

Nous sommes au début de l’Avent, au début d’une nouvelle année liturgique, dans une période de préparation à la fête de Noël … Alors veillez à faire la liste des cadeaux ou le menu de Noël … ?

Non !

Noël, l’avènement de Jésus sur terre s’est déjà passé il y a plus de deux mille ans …

Alors, veillez à quoi ? Veillez pour les autres avènements de Jésus … d’abord celui de notre propre mort … où nous pourrons peut-être le rencontrer … et surtout, le dernier, celui où nous serons sûrs de le rencontrer : celui du retour de Jésus sur terre pour le jugement final.

Avec un aspect particulier : il ne sera pas annoncé … pas d’ange Gabriel (ou un autre) … pas de maternité … il viendra à l’improviste, sans qu’on s’y attende …

Comme le déluge du temps de Noé …

Comme le voleur qui vient chez nous …

Et curieusement, ce n’est pas tellement la fin de temps qui nous préoccupe … mais le voleur … on installe chez soi des serrures renforcées, maintenant avec cinq points d’ancrage … pour pouvoir être remboursé par les assurances … certains installe même des systèmes d’alarme connectés au téléphone portable ou à une société spécialisée …

Mais notre mort …mais la fin des temps … C’est loin ! …

Ou du moins le pense-t-on …

« Veillez donc, car vous ne savez pas quel jour votre Seigneur vient. »

Un jour, des pharisiens avaient demandé à Jésus quand le Royaume de Dieu viendrait, et il avait dit : « le royaume de Dieu est au dedans de vous. » (Lc 17,21).

Le Royaume de Dieu n’est pas un territoire … sur terre ou une autre planète !

Le Royaume de Dieu est spirituel … et on peut, et même on doit en faire déjà parti … C’est un état d’esprit auquel nous pouvons participer dès maintenant.

On n’y pense pas souvent … ou du moins pas assez, tellement nous sommes préoccupés par les choses de la vie courante : la guerre en Ukraine … et toutes ses répercussions dans notre vie de tous les jours : le pouvoir d’achat, l’inflation, les pénuries de certains articles … mais aussi le réchauffement climatique, nos petits problèmes familiaux, de santé …

Et nous oublions l’essentiel … la relation à Dieu, sous toutes ses formes : dans la prière, mais aussi, et surtout, dans les actes : « Ainsi donc, la foi, si elle n’est pas mise en œuvre, est bel et bien morte … Vous voyez bien : l’homme devient juste par les œuvres, et non seulement par la foi. » (Jc 2,17.24).

C’est d’ailleurs par les œuvres, celles qu’on appelle les œuvres de miséricorde, que nous serons jugés, ainsi que Jésus nous le dit en parabole : « Alors le Roi dira à ceux qui seront à sa droite : “Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la fondation du monde. Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ; j’étais nu, et vous m’avez habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi !” Alors les justes lui répondront : “Seigneur, quand est-ce que nous t’avons vu… ? “ … Et le Roi leur répondra : “Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait.” » (Mt 25,34-37.40).

Mais Dieu nous laisse libres, comme toujours : « Voici que je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui ; je prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi. » (Ap 3,20). Comme toujours, l’amour de Dieu fait le premier pas.

Entendrons-nous cette voix du Seigneur ?

Lui ouvrirons-nous la porte de notre cœur ?

Profitons de ce temps de l’avent pour réfléchir et répondre à ces questions, … pour accueillir Dieu dans nos vies par l’intermédiaire des autres.

Seigneur Jésus,

Nous nous préparons à la joie de Noël,

quand tu es venu pour nous sortir

de la mort éternelle.

Aide-nous à écouter les Paroles

que tu nous as dites sur terre,

pour ne pas manquer

l’accès à la Vie Éternelle.

 

Francis Cousin 

    

 

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1er Dimanche de l’Avent – Homélie du Père Louis DATTIN (Mt 24, 37-44).

Attente

Mt 24,37-44

Cette semaine, après le dîner, le téléphone sonne : il s’agissait d’un jeune couple que j’avais marié il y a quelques mois et qui m’annonçait la grande nouvelle. La femme était toute émue, on le sentait au timbre de sa voix et le mari, lui aussi, parlait à son tour avec une voix plus grave qu’à l’ordinaire : « Père, ça y est, nous attendons un enfant ». On sentait dans cette annonce une joie contenue, une gravité dans l’importance de la nouvelle. Une vie, en eux, allait grandir, s’épanouir et l’on devinait que ces quelques mois qui les séparait du jour où ils allaient enfin le voir, serait une période privilégiée : un temps d’attente active, de préparation commune à la venue de ce petit qu’ils entouraient déjà de leur affection avant même qu’il ne soit visible à leurs yeux.

Reposant l’écouteur sur le téléphone, je me suis dit que j’allais vous annoncer la nouvelle à vous aussi, car aujourd’hui, nous les chrétiens, nous nous trouvons dans la même situation !  Un enfant nous est annoncé et pas n’importe lequel ! Et pas dans neuf mois ! Dans moins d’un mois ! La voix des anges nous réveillera comme les bergers et nous entendrons leurs chants joyeux :

 « Un enfant vous est né, un Sauveur-vous est donné », « Voici que je viens vous annoncer une bonne nouvelle, une grande joie pour tout le peuple », « Aujourd’hui vous est né un sauveur », « Il est le Messie, le Seigneur ! Vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire », et il y eut avec l’ange, un groupe céleste qui chantait et louait Dieu en disant :

« Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes qu’il aime ».

Alors qu’allons-nous faire pour attendre cet enfant que Dieu nous envoie et qui est son fils ? Comment allons-nous vivre ce mois qui nous sépare de Noël ? Est-ce un mois comme les autres où nous ne changerons rien à nos habitudes, comme si cet enfant ne nous concernait pas, comme s’il n’y avait pas de naissance dans notre famille, comme si cette naissance du Sauveur n’était pas désirée ? Ou au contraire, allons-nous faire de ce mois, un temps de préparation, un temps d’affection, un temps d’activité pour que sa naissance, le 25 décembre, soit non seulement une fête mais un accueil, un évènement, une date dans notre vie et dans la sienne ?

Alors, pour cela, écoutons de nouveau la voix de St-Paul qui nous clame : « Frères, vous le savez, l’heure est venue de sortir de votre sommeil car le salut est plus près maintenant qu’à l’époque où nous sommes devenus croyants. La nuit est bientôt finie, le jour est tout proche ».

Le Christ « Soleil levant » va bientôt se lever pour une aube nouvelle et définitive.  C’est à  partir de maintenant, d’aujourd’hui, que  nous   devons préparer Noël. Oh ! Pas seulement en préparant la fête proprement dite ! Les jouets des enfants, la commande des huîtres, ou la préparation du boudin blanc ou la confection de guirlandes à mettre sur un sapin !

Non ! Préparer Noël, ce n’est pas cela, c’est d’abord pour les chrétiens, pour l’Eglise  » attendre l’enfant qui doit naître  » : attente active, intérieure, affective pour accueillir cet enfant au moment de sa naissance.

 

 

Pour Noël, le matériel compte peu : Jésus est né à l’improviste, dans une étable, sur de la paille, dans le froid. On ne peut pas dire que l’intendance qui ait suivi était au point. Ce qui doit être au point : c’est notre cœur, c’est notre amour, c’est notre accueil, c’est notre joie.

L’Eglise, c’est-à-dire nous tous, doit avoir le cœur d’une maman qui attend prochainement son enfant. Voilà la disposition qui doit être la nôtre. Une mère qui attend son enfant ne vit déjà plus seule ; elle vit à deux, avec celui qui doit venir. Elle pense à lui, elle lui parle intérieurement, elle prend des précautions pour qu’il s’épanouisse en elle et son mari est plein de prévenances pour celui qu’elle porte en elle.  Voilà l’attitude de l’Eglise pendant ce temps de l’Avent : elle vit à l’avance avec celui qui doit venir.  Nous ne vivons plus seuls : nous savons qu’il va venir. Nous pensons à lui qui va venir parmi nous, dans notre famille, dans notre communauté.

Nous pensons à lui qui doit se développer et grandir dans le cœur de chacun et de chacune d’entre nous. Nous lui parlons intérieurement et c’est la prière qui doit se renouveler et s’intensifier pendant ce mois.  Et nous aussi, nous modifions notre vie : nous vivons davantage selon l’Evangile pour que le jour venu, celui de Noël, notre cœur soit à l’unisson de celui qui naîtra parmi nous. Qu’il y ait entre nous et lui cet accord parfait qu’il devait y avoir entre le cœur de Vierge Marie et le cœur de celui qu’elle venait de mettre au monde.

L’approche de Noël doit nous reposer cette question :

« Est-ce que nous sommes chrétiens par habitude, un peu endormis par la routine ? Notre attente est-elle passive ? Notre désir de l’Avent est-il émoussé ? Peut-être même nous n’attendons rien de la vie ? »

Alors, c’est le temps de nous secouer, de nous frotter les yeux. Notre vie, à nous chrétiens, n’est pas derrière nous, elle est devant et l’avenir est dix fois plus important que tout ce que nous avons vécu jusque-là : un enfant attendu, c’est une vie nouvelle.  Noël, pour chaque chrétien, c’est une naissance et chaque fois que nous désirons quelque chose, ou encore mieux, quelqu’un, cette attente nous ouvre un avenir.  Nous sommes projetés en avant au lieu de rêver d’un bon vieux temps qui n’existe que dans des souvenirs que nous avons idéalisés.

Le secret de notre jeunesse intérieure, quel que soit l’âge que nous avons, c’est de vivre l’avenir, de ce qui va arriver, de préparer le futur.  Est vieux que celui qui se complait dans le passé et qui prend la vie qui vient comme une mauvaise suite de ce qu’il a vécu auparavant :

« Ah ! De mon temps ! Tout était mieux ! Tout était bien ! Tout le monde était beau ! Il était gentil ! »

Pour un chrétien, le temps, le vrai, est devant. Il vit dans l’espérance, dans l’à-venir, dans l’avant. Jésus-Christ est toujours devant nous et nous préparons sa venue. Cet enfant qui s’annonce est pour chacun d’entre nous le temps de la préparation, le temps de l’accueil, un temps qui nous permettra de faire des choses que nous ne faisions pas avant ; en un mot : créer du neuf. Or, l’enfant, c’est tout cela : c’est une page blanche, une histoire nouvelle qui commence, un avenir ouvert.

Vivons cet avant pour vivre Noël.     AMEN




1er Dimanche de l’Avent – par le Diacre Jacques FOURNIER (Mt 24, 37-44)

« Veillez  et priez »

(Mt 24,37-44)…

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples :
« Comme il en fut aux jours de Noé, ainsi en sera-t-il lors de la venue du Fils de l’homme.
En ces jours-là, avant le déluge, on mangeait et on buvait, on prenait femme et on prenait mari, jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche ;
les gens ne se sont doutés de rien, jusqu’à ce que survienne le déluge qui les a tous engloutis : telle sera aussi la venue du Fils de l’homme.
Alors deux hommes seront aux champs : l’un sera pris, l’autre laissé.
Deux femmes seront au moulin en train de moudre : l’une sera prise, l’autre laissée.
Veillez donc, car vous ne savez pas quel jour votre Seigneur vient.
Comprenez-le bien : si le maître de maison avait su à quelle heure de la nuit le voleur viendrait, il aurait veillé et n’aurait pas laissé percer le mur de sa maison.
Tenez-vous donc prêts, vous aussi : c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra.

        

            Jésus évoque ici sa venue au dernier Jour du monde ou de notre vie… « Alors, on verra le Fils de l’Homme venant sur les nuées du ciel avec puissance et grande gloire ». Et il insiste sur la soudaineté imprévisible de cet évènement : on ne « se doute de rien jusqu’à » son arrivée… « Vous ne connaissez pas le jour où votre Seigneur viendra », « c’est à l’heure où vous n’y pensez pas » qu’il arrivera…

            Tout est donc centré sur Lui : c’est Lui que tous les hommes découvriront, resplendissant de Lumière, car « Dieu est unique, unique aussi le médiateur entre Dieu et les hommes ». Nous verrons alors « le Christ Jésus, celui qui est mort, que dis‑je ? ressuscité, qui est à la droite de Dieu et qui intercède pour nous » (Rm 8,34 ; 1Jn 2,1-2) car « Dieu veut que tous les hommes soient sauvés ». « Voilà ce qui est bon et ce qui plaît à Dieu notre Sauveur » (1Tm 2,3-6)… Jésus, vrai homme et vrai Dieu, l’exprimait lui aussi dans sa prière à son Père, juste avant sa Passion, alors qu’il regardait ses disciples et à travers eux tous les hommes : « Père, je veux que là où je suis, eux aussi soient avec moi » (Jn 17,24)…

            Mais cette réalité du ciel que nous attendons dans l’espérance se propose chaque jour à nos cœurs dans la foi. En effet, Jésus disait encore : « Que votre cœur ne se trouble pas. Vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi. Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures, sinon je vous l’aurais dit ; je vais vous préparer une place. Et quand je serai allé et que je vous aurai préparé une place, à nouveau je viendrai et je vous prendrai près de moi afin que là où je suis, vous aussi vous soyez » (Jn 14,1-3). Et où est Jésus, le Fils ? Uni de toute éternité à son Père dans la communion d’un même Esprit. Et c’est cet Esprit qu’il est venu nous communiquer gratuitement, par Amour, au nom de son Père, pour qu’en le recevant nous puissions « être » nous aussi « là où il est »… « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma Parole et mon Père l’aimera et nous viendrons vers lui et nous nous ferons une demeure chez lui », par l’Esprit et dans l’Esprit (Jn 14,23 et 17).

            Or cet Esprit est un Esprit de Lumière et de Paix… « N’éteignez donc pas l’Esprit… Vérifiez tout : ce qui est bon, retenez-le ; gardez-vous de toute espèce de mal » (1Th 5,19‑20), « veillez ! ». « Vivez dans la prière ; priez en tout temps dans l’Esprit ; apportez-y une vigilance inlassable » (Ep 6,18). Et si « notre cœur venait à nous condamner », nous nous abandonnerions aussitôt entre les mains du « Père des Miséricordes », « car il est bien plus grand que notre cœur et il connaît tout » (1Jn 3,20).

DJF




Fête du Christ-Roi de l’univers – par P. Rodolphe EMARD (St Luc 23,35-43)

En ce dernier dimanche de l’année liturgique, nous solennisons le Christ, Roi de l’univers. Le Christ est bien Roi mais de quelle royauté s’agit-il ?

La première lecture raconte comment, après la mort de Saül, David devint roi sur Israël. Les Juifs attendaient le Messie annoncé par les prophètes comme un nouveau David.

Les Juifs avaient une conception politique du Messie : celui qui battrait les Romains et apporterait enfin la prospérité et la paix tant attendues. Jésus a toujours refusé ce rôle de guerrier. Il n’a pas manqué de rappeler que son Royaume n’est pas de ce monde et encore moins à la manière du monde.

Cette solennité du Christ Roi nous rappelle quelques fondamentaux pour notre vie de foi :

  • Christ est Roi, un Roi universel : le Roi de l’univers.

  • Le Royaume du Christ est éternel. Jésus évoque la réalité du Paradis : « « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume. » Jésus lui déclara : « Amen, je te le dis : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis. » »

  • Cette solennité du Christ Roi nous rappelle que toute l’Église vit dans une attente constante depuis ses origines : celle de la venue de Jésus dans la gloire où il instaurera définitivement le Règne de Dieu, pour toute l’éternité. Rappelons-nous que Dieu seul sait le jour de cette venue.

Le Christ est l’alpha et l’oméga, le début et la fin de toute l’humanité. Saint Paul dans la deuxième lecture le précise bien : « En lui, tout fut créé dans le ciel et sur la terre. (…) tout est créé par lui et pour lui. (…) Il est avant toute chose, et tout subsiste en lui. (…) c’est lui le commencement, le premier-né d’entre les morts, afin qu’il ait en tout la primauté. Car Dieu a jugé bon qu’habite en lui toute plénitude et que tout, par le Christ, lui soit enfin réconcilié, faisant la paix par le sang de sa Croix, la paix pour tous les êtres sur la terre et dans le ciel. » Saint Paul présente le Christ comme le Créateur et le Rédempteur.

  • Saint Paul nous laisse également entrevoir que le Royaume du Christ surpasse tous les royaumes de la terre. Le Royaume du Christ est un Royaume de paix et de lumière : « Frères, rendez grâce à Dieu le Père, qui vous a rendus capables d’avoir part à l’héritage des saints, dans la lumière. Nous arrachant au pouvoir des ténèbres, il nous a placés dans le Royaume de son Fils bien-aimé : en lui nous avons la rédemption, le pardon des péchés. »

Le mystère de la croix est ici évoqué, mystère relaté dans l’Évangile. Sur la croix, le Christ manifeste pleinement sa royauté. Par sa croix, il apporte le Salut pour ceux qui mettent sa confiance en lui. De sa croix découle la miséricorde de Dieu pour ceux qui l’accueillent, à l’image du malfaiteur crucifié : « « souviens-toi de moi… » ; « avec moi, tu seras dans le Paradis. » »

Cette parole de Jésus nous donne la foi en l’existence du Paradis que nous pouvons tous y accéder si nous nous remettons au Christ et si nous l’obéissons.

Depuis la venue de Jésus, le Royaume a commencé malgré les violences et les ténèbres qui marque encore notre monde. Le Royaume du Christ est un Royaume de paix et de lumière. Pour y accéder, il s’agit bien d’œuvrer pour des gestes qui font advenir ce Royaume parmi nous : les gestes de réconciliation, de pardon, de charité…

Le Christ est aussi le Roi du service. Il nous enseigne que pour entrer dans le Royaume, c’est en vivant le service du prochain. Demandons la grâce que nous puissions nous attacher fermement au Christ notre Roi et l’obéir.

« Il est digne, l’Agneau immolé,

de recevoir puissance, divinité,

sagesse, force et honneur, alléluia.

À lui, la gloire et la souveraineté

pour les siècles des siècles. »

(Antienne d’ouverture, messe Christ, roi de l’univers)

                                                                                                             P. Rodolphe EMARD




Fête du Christ-Roi de l’univers – par Francis COUSIN (St Luc 23,35-43)

« Aujourd’hui, tu seras avec moi dans le Paradis. » 

Nous sommes au dernier jour de la vie terrestre de Jésus.

Il est là, sur la croix, entouré de deux brigands …

Qu’entend-on ?

Des railleries …

Venant des chefs des juifs : « Il en a sauvé d’autres : qu’il se sauve lui-même, s’il est le Messie de Dieu, l’Élu ! ».

Venant des soldats romains : « Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même ! ».

Venant de Pilate : « Celui-ci est le roi des Juifs. ».

Venant des brigands … Non, d’un seul des deux : « N’es-tu pas le Christ ? Sauve-toi toi-même, et nous aussi ! » … parce que l’autre brigand prend la défense de Jésus : « Lui, il n’a rien fait de mal. ».

C’est le seul, à ce moment, à prendre la défense de Jésus ! Parce que celui-ci n’a fait que du bien !

Ce brigand, que la tradition appelle Dismas, sait faire la différence entre le juste et l’injuste

Brigand … mais sage !

Après sa révolte vis-à-vis de son ’’compagnon de malheur’’, il se tourne vers Jésus et crie, peut-être pas sa foi … mais son espérance … ou du moins son espoir … !

« Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume. »

Le panneau installé au-dessus de Jésus par ordre de Pilate … en trois langue pour être sûr que tout le monde le comprenne … est détourné par le brigand de son objectif premier …

Le bon larron, comme on l’appelle maintenant, d’une raillerie, lui donne son vrai sens.

Et Jésus, qui connaît sans doute les raisons de sa crucifixion … ne lui demande rien, … mais lui pardonne implicitement ce qu’il a pu faire de mal, la réaction du bon larron étant comme une forme de contrition … « Amen, je te le dis : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis. ».

Mais pas tout seul avec Jésus, car il y sera avec son Père … avec la Trinité toute entière, indissociable …

De la part de Jésus, ce n’est pas surprenant. N’avait-il pas dit : « les publicains et les prostituées vous précèdent dans le royaume de Dieu. » (Mt 21,31) … alors pourquoi pas aussi les brigands … qui se repentent ?

Qu’est-ce que ce passage nous apporte ?

– Qu’il vaut mieux éviter, et même mieux bannir toutes sortes de railleries … les moqueries … auxquelles on peut assimiler les commérages, les ’’ladi-lafé’’, parce qu’elles n’apportent en général rien de bon, surtout pour celui qui est visé …

– Qu’il n’est jamais trop tard pour se convertir … non pas changer de religion, mais se tourner résolument vers le Seigneur et lui dire avec foi : « Souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume. ». Croire jusqu’au bout … malgré nos péchés … en la miséricorde de Dieu … « Dieu est plus grand que nos péchés … Dieu est plus grand que tous les péchés que nous pouvons commettre. » (pape François, 30 mars 2016).

– Et puis croire que tout humain est capable de se convertir, dans tous les sens du mot, … ne pas juger trop vite … Ne jamais dire : « Il ne sera jamais bon à rien » ou « Il est indécrottable. ». « Il n’a eu que ce qu’il méritait. » …

« Ne jugez pas, pour ne pas être jugés. » (Mt 7,1)

Seigneur Jésus,

quelle grande leçon tu nous as donné

du haut de ta croix,

malgré tes souffrances :

Promettre sine die à un brigand

le Paradis !

Leçon d’amour pour les hommes

qui se repentent.

 

Francis Cousin 

 

 

        

 

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Image dim ord C 34°, Christ-Roi




Solennité du Christ, Roi de l’Univers – Homélie du Père Louis DATTIN

La toute- puissance  d’amour

Lc 23, 35-43

Un pendu lamentable, des rieurs qui se moquent de lui ; à côté,  un autre condamné à mort qui lui donne toute sa confiance et, au-dessus du crucifié, cet écriteau « Celui-ci est le roi des juifs ». Tel est le spectacle qui s’offre au Golgotha, ce vendredi après-midi, le 8 avril de l’an 30. Jésus vit ses derniers moments… Etait-il vraiment le Messie attendu, le roi des juifs ? Hier, comme aujourd’hui, les hommes continuent à se diviser en deux camps : ceux qui y croient et ceux qui n’y croient pas. Pourquoi certains refusent-ils la royauté de Jésus ? C’est tout simplement parce qu’ils se font une autre idée de ce qu’est un roi. Pour eux :

– un roi, c’est celui qui se venge sur ses ennemis

– un roi, c’est celui qui se sauve lui-même bien sûr

– un roi, c’est celui qui est honoré, respecté et non pas humilié.

Or, Jésus est le contraire de cette image. Il ne correspond en rien à cette définition. Ici nous avons un condamné qui a perdu son procès, qui n’a pas ouvert la bouche pour défendre sa cause. Où est sa force de frappe ? Comment riposte-t-il ?

. Un roi écrase ses adversaires, leur fait payer cher leur agression : lui, Jésus, il se montre impuissant à faire le mal, impuissant même à dire du mal. Au lieu de proférer des menaces, de maudire, il demande à son Père de leur pardonner !

. Un roi doit se tirer d’un mauvais pas. Or, les chefs, les soldats, l’autre malfaiteur lui crient : « Si tu es le roi des juifs, sauve-toi toi-même », «Et nous avec ! », ajoute le brigand, ironique.

Quelle confiance peut-on faire à un soi-disant “Sauveur ” qui ne peut pas se sauver lui-même ?

. Enfin, un roi, c’est quelqu’un qui s’impose, qui triomphe, qui commande, un puissant !

. Or, il est sur la Croix : supplice réservé aux esclaves. Qui va vouloir suivre cet esclave qui se fait obéissant jusqu’à la mort ? Selon les idées du monde, Jésus ne peut pas être le roi promis et attendu : « le Messie ».

Et pourtant, il y a, juste à côté de lui, un homme, un malfaiteur, dans la même situation que lui, lui aussi sur le point d’expirer et qui va nous dévoiler le vrai visage du vrai roi, Jésus crucifié : « Lui, il n’a rien fait de mal ! ». Il proclame l’innocence de son compagnon de misère. Il voit juste : Jésus n’a rien fait de mal. C’est un juste et malgré les apparences, Dieu est avec lui et voilà qu’il se tourne vers son voisin : « Jésus, souviens-toi de moi, quand tu seras dans ton Royaume ».

Cet acte de foi stupéfiant a traversé l’histoire : Jésus n’est plus cet homme fantoche et ridicule. L’inscription a raison, elle dit vrai : oui, cet homme est bien « le roi des Juifs » et c’est bien lui qui reviendra demain dans la puissance et la gloire de son Royaume.

Il y a un autre aussi qui va plus loin que les apparences et qui devine que Jésus est le vrai roi : celui-là, il est au pied de la croix. C’est un centurion romain et il est d’accord avec ce que dit le malfaiteur, lui aussi dit : « Vraiment cet homme était le Fils de Dieu ! ». Deux actes de foi : celui du brigand converti et celui du païen de l’armée d’occupation.

Ces deux  actes de foi  font tout changer et bousculent notre connaissance de Dieu :

– Dieu n’est pas tel que nous l’imaginons parfois, une espèce de Louis XIV dans les cieux, un Napoléon céleste, mais tel qu’il est en son Fils bien-aimé.

– Dieu est comme son Fils : incapable de faire du mal à ses ennemis, impuissant à dire du mal sur les autres.

– Dieu est Père. Il a fait de l’homme un enfant à son image. Il ne peut pas haïr ses enfants. Il est tout puissant, c’est vrai, mais sa toute-puissance est une toute puissance d’amour : « capable d’aimer quand même, capable de pardonner quand même à tous ceux qui le mettent en Croix ».

Voilà où est sa puissance : incapable de maudire, il ne sait que bénir ! Il n’est pas le Dieu qui écrase ses ennemis, qui détruit les pécheurs et punit sévèrement. Il est le Père, tout puissant d’amour et bien sûr, cette paternité change tout le sens de sa royauté : c’est une paternité royale, une royauté paternelle dans une toute puissance d’affection et de pardon, quoiqu’il arrive. N’abusons pas de cette bonté de Dieu, car nous aussi, nous serions de ceux dont il disait : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font ». Nous aurions été incapables de comprendre la vraie royauté de Jésus, une royauté filiale, une royauté fraternelle. Dieu nous aime tellement qu’il préfère perdre la face et se mettre dans le camp des humiliés, des petits, des opprimés, des victimes plutôt que dans le camp des bourreaux, des puissants, des chefs de ce monde, avec ceux qui souffrent, plutôt qu’avec ceux qui font souffrir.

Voilà, maintenant qu’il nous demande à nous de choisir avec lui et comme lui, même si nous devons y perdre l’honneur et la vie comme son Fils bien-aimé !

Sommes-nous  prêts, comme  Jésus, à  choisir  le  camp  de  la justice, de la fidélité, de l’amour et du pardon ?

« Il n’y a pas de plus grande preuve d’amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime ».

Jésus se maîtrise et c’est pour cela qu’il est devenu le « Maître ».

Jésus se domine et c’est pour cela qu’il est devenu « Seigneur ».

Il aime jusqu’au bout : c’est pourquoi il est le plus fort, le plus fort en amour.

A la Croix, il remporte la plus grande victoire de tous les rois : au lieu de se faire servir, il vient servir les autres. « Courage, j’ai vaincu le monde ». Pour le bon larron, la réponse ne se fait pas attendre : « En vérité, je te le dis, aujourd’hui, tu seras avec  moi  dans  le  paradis ». Cet  accueil  triomphal, c’est  pour tout de suite : « Aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis ». Le trône royal est déjà préparé pour celui qui sera décloué de la Croix. Dans un instant, l’Agneau immolé va en prendre possession en compagnie de tous ceux qui ont accepté de partager son destin et son espérance : même s’ils étaient des pécheurs. Le malfaiteur pardonné le reconnaît :

« Pour nous, cette Croix est justice, mais lui, il n’a rien fait ! »

Tout pécheur qu’il est, le brigand entre avec lui, en même temps que lui, dans le Royaume et la Communion des Saints. C’est lui le premier sauvé du Sauveur !

Oui, reconnaissons-le : « Dieu est plus grand que notre cœur » et c’est pour cela qu’il est notre Roi !   AMEN




Fête du Christ Roi de l’Univers (Lc 23,35-43) – D. Jacques FOURNIER

L’Amour Tout Puissant, Roi de l’univers

(Lc 23, 35-43)

En ce temps-là, on venait de crucifier Jésus, et le peuple restait là à observer. Les chefs tournaient Jésus en dérision et disaient : « Il en a sauvé d’autres : qu’il se sauve lui-même, s’il est le Messie de Dieu, l’Élu ! »
Les soldats aussi se moquaient de lui ; s’approchant, ils lui présentaient de la boisson vinaigrée,
en disant : « Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même ! »
Il y avait aussi une inscription au-dessus de lui : « Celui-ci est le roi des Juifs. »
L’un des malfaiteurs suspendus en croix l’injuriait : « N’es-tu pas le Christ ? Sauve-toi toi-même, et nous aussi ! »
Mais l’autre lui fit de vifs reproches : « Tu ne crains donc pas Dieu ! Tu es pourtant un condamné, toi aussi !
Et puis, pour nous, c’est juste : après ce que nous avons fait, nous avons ce que nous méritons. Mais lui, il n’a rien fait de mal. »
Et il disait : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume. »
Jésus lui déclara : « Amen, je te le dis : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis. »

 

jesus-en-croix

 

            Deux logiques s’affrontent au pied de la Croix. La première est celle de l’orgueilleux qui croit tout savoir et pouvoir juger de tout. Fier de son indépendance d’esprit, du pouvoir de sa position sociale, qu’il soit « chef » du Peuple ou « soldat », il reproche à Jésus de ne pas partager sa logique qui, à l’évidence, est la seule valable en ce monde… « Les chefs ricanaient »… « L’orgueil est leur collier, la violence, l’habit qui les couvre… Ils ricanent, ils prônent le mal, de très haut, ils prônent la force » (Ps 73(72)) car ils comprennent tout en terme de « pouvoir » et donc de « force »… Pour eux, si Jésus a soi-disant accompli des miracles, « sauvé » telle ou telle personne, il le devrait à sa propre force, à la mise en œuvre d’un pouvoir qui serait le sien… « Une force sortait de lui » (Lc 6,19)… S’il est vraiment si fort que cela, qu’il agisse donc pour lui-même, c’est le moment ou jamais ! Ils verront alors de leurs propres yeux et ils ne pourront que croire en l’évidence… « Si tu es le Messie de Dieu, l’Elu », si la force du Dieu Tout Puissant est avec toi, « sauve-toi toi‑même ! » Mais non, à l’évidence, il est là, crucifié, « à bout de force »  (Ps 6,3)…

            Mais la Puissance qui se déployait en Jésus ne venait pas de lui, mais de son Père… Lui est « doux et humble de cœur », il est « le Serviteur » du Père (Mt 11,20 ; Ac 3,13.26 ; 4,27.30).  Il ne peut « rien faire de lui-même, sinon ce qu’il voit faire au Père, car le Père aime le Fils et lui montre tout ce qu’il fait » (Jn 5,19-20)… De plus, la Toute Puissance de Dieu, avec laquelle l’univers visible et invisible a été créé, n’est pas de l’ordre d’une force qui renverse l’adversaire, domine et écrase… Elle est la Toute Puissance de l’Amour. « On dit parfois : Dieu peut tout ! Non, Dieu ne peut pas tout, Dieu ne peut que ce que peut l’Amour. Car il n’est qu’Amour » (P. François Varillon, « Joie de croire, joie de vivre »). Et l’Amour Tout Puissant est respect infini de l’autre… Il ne fait rien sans son consentement: « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » demande un jour Jésus à un aveugle. « Rabbouni, que je recouvre la vue ! » lui répondit-il, « et aussitôt, il recouvra la vue » (Mc 10,46-52). Un autre jour, il vit un « homme, infirme depuis trente huit ans, » qui espérait être guéri par des rituels magiques… Il s’approcha et lui dit : « Veux-tu guérir ? » (Jn 5,1‑9). Dieu ne fera jamais en effet le meilleur pour nous sans notre consentement… « Je me tiens à la porte et je frappe ; si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai » (Ap 3,20)… Sinon, il restera à la porte et continuera à frapper…

            Ici, les cœurs des chefs du Peuple, des soldats et de l’un des malfaiteurs resteront fermés. Et pourtant, Jésus leur a déjà manifesté la Toute Puissance de l’Amour en leur pardonnant (Lc 23,34). Et une fois ressuscité, c’est vers eux qu’il se tournera en premier pour leur offrir sa bénédiction, s’ils acceptent de se repentir (Ac 3,26). Le bon larron l’a fait et aussitôt il a été accueilli par l’Amour Tout Puissant, par une Miséricorde sans limite :

« Aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le paradis ».                                                                                                              

DJF