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1er Dimanche de l’Avent – par le Diacre Jacques FOURNIER (Mt 24, 37-44)

« Veillez  et priez »

(Mt 24,37-44)…

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples :
« Comme il en fut aux jours de Noé, ainsi en sera-t-il lors de la venue du Fils de l’homme.
En ces jours-là, avant le déluge, on mangeait et on buvait, on prenait femme et on prenait mari, jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche ;
les gens ne se sont doutés de rien, jusqu’à ce que survienne le déluge qui les a tous engloutis : telle sera aussi la venue du Fils de l’homme.
Alors deux hommes seront aux champs : l’un sera pris, l’autre laissé.
Deux femmes seront au moulin en train de moudre : l’une sera prise, l’autre laissée.
Veillez donc, car vous ne savez pas quel jour votre Seigneur vient.
Comprenez-le bien : si le maître de maison avait su à quelle heure de la nuit le voleur viendrait, il aurait veillé et n’aurait pas laissé percer le mur de sa maison.
Tenez-vous donc prêts, vous aussi : c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra.

        

            Jésus évoque ici sa venue au dernier Jour du monde ou de notre vie… « Alors, on verra le Fils de l’Homme venant sur les nuées du ciel avec puissance et grande gloire ». Et il insiste sur la soudaineté imprévisible de cet évènement : on ne « se doute de rien jusqu’à » son arrivée… « Vous ne connaissez pas le jour où votre Seigneur viendra », « c’est à l’heure où vous n’y pensez pas » qu’il arrivera…

            Tout est donc centré sur Lui : c’est Lui que tous les hommes découvriront, resplendissant de Lumière, car « Dieu est unique, unique aussi le médiateur entre Dieu et les hommes ». Nous verrons alors « le Christ Jésus, celui qui est mort, que dis‑je ? ressuscité, qui est à la droite de Dieu et qui intercède pour nous » (Rm 8,34 ; 1Jn 2,1-2) car « Dieu veut que tous les hommes soient sauvés ». « Voilà ce qui est bon et ce qui plaît à Dieu notre Sauveur » (1Tm 2,3-6)… Jésus, vrai homme et vrai Dieu, l’exprimait lui aussi dans sa prière à son Père, juste avant sa Passion, alors qu’il regardait ses disciples et à travers eux tous les hommes : « Père, je veux que là où je suis, eux aussi soient avec moi » (Jn 17,24)…

            Mais cette réalité du ciel que nous attendons dans l’espérance se propose chaque jour à nos cœurs dans la foi. En effet, Jésus disait encore : « Que votre cœur ne se trouble pas. Vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi. Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures, sinon je vous l’aurais dit ; je vais vous préparer une place. Et quand je serai allé et que je vous aurai préparé une place, à nouveau je viendrai et je vous prendrai près de moi afin que là où je suis, vous aussi vous soyez » (Jn 14,1-3). Et où est Jésus, le Fils ? Uni de toute éternité à son Père dans la communion d’un même Esprit. Et c’est cet Esprit qu’il est venu nous communiquer gratuitement, par Amour, au nom de son Père, pour qu’en le recevant nous puissions « être » nous aussi « là où il est »… « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma Parole et mon Père l’aimera et nous viendrons vers lui et nous nous ferons une demeure chez lui », par l’Esprit et dans l’Esprit (Jn 14,23 et 17).

            Or cet Esprit est un Esprit de Lumière et de Paix… « N’éteignez donc pas l’Esprit… Vérifiez tout : ce qui est bon, retenez-le ; gardez-vous de toute espèce de mal » (1Th 5,19‑20), « veillez ! ». « Vivez dans la prière ; priez en tout temps dans l’Esprit ; apportez-y une vigilance inlassable » (Ep 6,18). Et si « notre cœur venait à nous condamner », nous nous abandonnerions aussitôt entre les mains du « Père des Miséricordes », « car il est bien plus grand que notre cœur et il connaît tout » (1Jn 3,20).

DJF




Fête du Christ-Roi de l’univers – par P. Rodolphe EMARD (St Luc 23,35-43)

En ce dernier dimanche de l’année liturgique, nous solennisons le Christ, Roi de l’univers. Le Christ est bien Roi mais de quelle royauté s’agit-il ?

La première lecture raconte comment, après la mort de Saül, David devint roi sur Israël. Les Juifs attendaient le Messie annoncé par les prophètes comme un nouveau David.

Les Juifs avaient une conception politique du Messie : celui qui battrait les Romains et apporterait enfin la prospérité et la paix tant attendues. Jésus a toujours refusé ce rôle de guerrier. Il n’a pas manqué de rappeler que son Royaume n’est pas de ce monde et encore moins à la manière du monde.

Cette solennité du Christ Roi nous rappelle quelques fondamentaux pour notre vie de foi :

  • Christ est Roi, un Roi universel : le Roi de l’univers.

  • Le Royaume du Christ est éternel. Jésus évoque la réalité du Paradis : « « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume. » Jésus lui déclara : « Amen, je te le dis : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis. » »

  • Cette solennité du Christ Roi nous rappelle que toute l’Église vit dans une attente constante depuis ses origines : celle de la venue de Jésus dans la gloire où il instaurera définitivement le Règne de Dieu, pour toute l’éternité. Rappelons-nous que Dieu seul sait le jour de cette venue.

Le Christ est l’alpha et l’oméga, le début et la fin de toute l’humanité. Saint Paul dans la deuxième lecture le précise bien : « En lui, tout fut créé dans le ciel et sur la terre. (…) tout est créé par lui et pour lui. (…) Il est avant toute chose, et tout subsiste en lui. (…) c’est lui le commencement, le premier-né d’entre les morts, afin qu’il ait en tout la primauté. Car Dieu a jugé bon qu’habite en lui toute plénitude et que tout, par le Christ, lui soit enfin réconcilié, faisant la paix par le sang de sa Croix, la paix pour tous les êtres sur la terre et dans le ciel. » Saint Paul présente le Christ comme le Créateur et le Rédempteur.

  • Saint Paul nous laisse également entrevoir que le Royaume du Christ surpasse tous les royaumes de la terre. Le Royaume du Christ est un Royaume de paix et de lumière : « Frères, rendez grâce à Dieu le Père, qui vous a rendus capables d’avoir part à l’héritage des saints, dans la lumière. Nous arrachant au pouvoir des ténèbres, il nous a placés dans le Royaume de son Fils bien-aimé : en lui nous avons la rédemption, le pardon des péchés. »

Le mystère de la croix est ici évoqué, mystère relaté dans l’Évangile. Sur la croix, le Christ manifeste pleinement sa royauté. Par sa croix, il apporte le Salut pour ceux qui mettent sa confiance en lui. De sa croix découle la miséricorde de Dieu pour ceux qui l’accueillent, à l’image du malfaiteur crucifié : « « souviens-toi de moi… » ; « avec moi, tu seras dans le Paradis. » »

Cette parole de Jésus nous donne la foi en l’existence du Paradis que nous pouvons tous y accéder si nous nous remettons au Christ et si nous l’obéissons.

Depuis la venue de Jésus, le Royaume a commencé malgré les violences et les ténèbres qui marque encore notre monde. Le Royaume du Christ est un Royaume de paix et de lumière. Pour y accéder, il s’agit bien d’œuvrer pour des gestes qui font advenir ce Royaume parmi nous : les gestes de réconciliation, de pardon, de charité…

Le Christ est aussi le Roi du service. Il nous enseigne que pour entrer dans le Royaume, c’est en vivant le service du prochain. Demandons la grâce que nous puissions nous attacher fermement au Christ notre Roi et l’obéir.

« Il est digne, l’Agneau immolé,

de recevoir puissance, divinité,

sagesse, force et honneur, alléluia.

À lui, la gloire et la souveraineté

pour les siècles des siècles. »

(Antienne d’ouverture, messe Christ, roi de l’univers)

                                                                                                             P. Rodolphe EMARD




Fête du Christ-Roi de l’univers – par Francis COUSIN (St Luc 23,35-43)

« Aujourd’hui, tu seras avec moi dans le Paradis. » 

Nous sommes au dernier jour de la vie terrestre de Jésus.

Il est là, sur la croix, entouré de deux brigands …

Qu’entend-on ?

Des railleries …

Venant des chefs des juifs : « Il en a sauvé d’autres : qu’il se sauve lui-même, s’il est le Messie de Dieu, l’Élu ! ».

Venant des soldats romains : « Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même ! ».

Venant de Pilate : « Celui-ci est le roi des Juifs. ».

Venant des brigands … Non, d’un seul des deux : « N’es-tu pas le Christ ? Sauve-toi toi-même, et nous aussi ! » … parce que l’autre brigand prend la défense de Jésus : « Lui, il n’a rien fait de mal. ».

C’est le seul, à ce moment, à prendre la défense de Jésus ! Parce que celui-ci n’a fait que du bien !

Ce brigand, que la tradition appelle Dismas, sait faire la différence entre le juste et l’injuste

Brigand … mais sage !

Après sa révolte vis-à-vis de son ’’compagnon de malheur’’, il se tourne vers Jésus et crie, peut-être pas sa foi … mais son espérance … ou du moins son espoir … !

« Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume. »

Le panneau installé au-dessus de Jésus par ordre de Pilate … en trois langue pour être sûr que tout le monde le comprenne … est détourné par le brigand de son objectif premier …

Le bon larron, comme on l’appelle maintenant, d’une raillerie, lui donne son vrai sens.

Et Jésus, qui connaît sans doute les raisons de sa crucifixion … ne lui demande rien, … mais lui pardonne implicitement ce qu’il a pu faire de mal, la réaction du bon larron étant comme une forme de contrition … « Amen, je te le dis : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis. ».

Mais pas tout seul avec Jésus, car il y sera avec son Père … avec la Trinité toute entière, indissociable …

De la part de Jésus, ce n’est pas surprenant. N’avait-il pas dit : « les publicains et les prostituées vous précèdent dans le royaume de Dieu. » (Mt 21,31) … alors pourquoi pas aussi les brigands … qui se repentent ?

Qu’est-ce que ce passage nous apporte ?

– Qu’il vaut mieux éviter, et même mieux bannir toutes sortes de railleries … les moqueries … auxquelles on peut assimiler les commérages, les ’’ladi-lafé’’, parce qu’elles n’apportent en général rien de bon, surtout pour celui qui est visé …

– Qu’il n’est jamais trop tard pour se convertir … non pas changer de religion, mais se tourner résolument vers le Seigneur et lui dire avec foi : « Souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume. ». Croire jusqu’au bout … malgré nos péchés … en la miséricorde de Dieu … « Dieu est plus grand que nos péchés … Dieu est plus grand que tous les péchés que nous pouvons commettre. » (pape François, 30 mars 2016).

– Et puis croire que tout humain est capable de se convertir, dans tous les sens du mot, … ne pas juger trop vite … Ne jamais dire : « Il ne sera jamais bon à rien » ou « Il est indécrottable. ». « Il n’a eu que ce qu’il méritait. » …

« Ne jugez pas, pour ne pas être jugés. » (Mt 7,1)

Seigneur Jésus,

quelle grande leçon tu nous as donné

du haut de ta croix,

malgré tes souffrances :

Promettre sine die à un brigand

le Paradis !

Leçon d’amour pour les hommes

qui se repentent.

 

Francis Cousin 

 

 

        

 

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Solennité du Christ, Roi de l’Univers – Homélie du Père Louis DATTIN

La toute- puissance  d’amour

Lc 23, 35-43

Un pendu lamentable, des rieurs qui se moquent de lui ; à côté,  un autre condamné à mort qui lui donne toute sa confiance et, au-dessus du crucifié, cet écriteau « Celui-ci est le roi des juifs ». Tel est le spectacle qui s’offre au Golgotha, ce vendredi après-midi, le 8 avril de l’an 30. Jésus vit ses derniers moments… Etait-il vraiment le Messie attendu, le roi des juifs ? Hier, comme aujourd’hui, les hommes continuent à se diviser en deux camps : ceux qui y croient et ceux qui n’y croient pas. Pourquoi certains refusent-ils la royauté de Jésus ? C’est tout simplement parce qu’ils se font une autre idée de ce qu’est un roi. Pour eux :

– un roi, c’est celui qui se venge sur ses ennemis

– un roi, c’est celui qui se sauve lui-même bien sûr

– un roi, c’est celui qui est honoré, respecté et non pas humilié.

Or, Jésus est le contraire de cette image. Il ne correspond en rien à cette définition. Ici nous avons un condamné qui a perdu son procès, qui n’a pas ouvert la bouche pour défendre sa cause. Où est sa force de frappe ? Comment riposte-t-il ?

. Un roi écrase ses adversaires, leur fait payer cher leur agression : lui, Jésus, il se montre impuissant à faire le mal, impuissant même à dire du mal. Au lieu de proférer des menaces, de maudire, il demande à son Père de leur pardonner !

. Un roi doit se tirer d’un mauvais pas. Or, les chefs, les soldats, l’autre malfaiteur lui crient : « Si tu es le roi des juifs, sauve-toi toi-même », «Et nous avec ! », ajoute le brigand, ironique.

Quelle confiance peut-on faire à un soi-disant “Sauveur ” qui ne peut pas se sauver lui-même ?

. Enfin, un roi, c’est quelqu’un qui s’impose, qui triomphe, qui commande, un puissant !

. Or, il est sur la Croix : supplice réservé aux esclaves. Qui va vouloir suivre cet esclave qui se fait obéissant jusqu’à la mort ? Selon les idées du monde, Jésus ne peut pas être le roi promis et attendu : « le Messie ».

Et pourtant, il y a, juste à côté de lui, un homme, un malfaiteur, dans la même situation que lui, lui aussi sur le point d’expirer et qui va nous dévoiler le vrai visage du vrai roi, Jésus crucifié : « Lui, il n’a rien fait de mal ! ». Il proclame l’innocence de son compagnon de misère. Il voit juste : Jésus n’a rien fait de mal. C’est un juste et malgré les apparences, Dieu est avec lui et voilà qu’il se tourne vers son voisin : « Jésus, souviens-toi de moi, quand tu seras dans ton Royaume ».

Cet acte de foi stupéfiant a traversé l’histoire : Jésus n’est plus cet homme fantoche et ridicule. L’inscription a raison, elle dit vrai : oui, cet homme est bien « le roi des Juifs » et c’est bien lui qui reviendra demain dans la puissance et la gloire de son Royaume.

Il y a un autre aussi qui va plus loin que les apparences et qui devine que Jésus est le vrai roi : celui-là, il est au pied de la croix. C’est un centurion romain et il est d’accord avec ce que dit le malfaiteur, lui aussi dit : « Vraiment cet homme était le Fils de Dieu ! ». Deux actes de foi : celui du brigand converti et celui du païen de l’armée d’occupation.

Ces deux  actes de foi  font tout changer et bousculent notre connaissance de Dieu :

– Dieu n’est pas tel que nous l’imaginons parfois, une espèce de Louis XIV dans les cieux, un Napoléon céleste, mais tel qu’il est en son Fils bien-aimé.

– Dieu est comme son Fils : incapable de faire du mal à ses ennemis, impuissant à dire du mal sur les autres.

– Dieu est Père. Il a fait de l’homme un enfant à son image. Il ne peut pas haïr ses enfants. Il est tout puissant, c’est vrai, mais sa toute-puissance est une toute puissance d’amour : « capable d’aimer quand même, capable de pardonner quand même à tous ceux qui le mettent en Croix ».

Voilà où est sa puissance : incapable de maudire, il ne sait que bénir ! Il n’est pas le Dieu qui écrase ses ennemis, qui détruit les pécheurs et punit sévèrement. Il est le Père, tout puissant d’amour et bien sûr, cette paternité change tout le sens de sa royauté : c’est une paternité royale, une royauté paternelle dans une toute puissance d’affection et de pardon, quoiqu’il arrive. N’abusons pas de cette bonté de Dieu, car nous aussi, nous serions de ceux dont il disait : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font ». Nous aurions été incapables de comprendre la vraie royauté de Jésus, une royauté filiale, une royauté fraternelle. Dieu nous aime tellement qu’il préfère perdre la face et se mettre dans le camp des humiliés, des petits, des opprimés, des victimes plutôt que dans le camp des bourreaux, des puissants, des chefs de ce monde, avec ceux qui souffrent, plutôt qu’avec ceux qui font souffrir.

Voilà, maintenant qu’il nous demande à nous de choisir avec lui et comme lui, même si nous devons y perdre l’honneur et la vie comme son Fils bien-aimé !

Sommes-nous  prêts, comme  Jésus, à  choisir  le  camp  de  la justice, de la fidélité, de l’amour et du pardon ?

« Il n’y a pas de plus grande preuve d’amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime ».

Jésus se maîtrise et c’est pour cela qu’il est devenu le « Maître ».

Jésus se domine et c’est pour cela qu’il est devenu « Seigneur ».

Il aime jusqu’au bout : c’est pourquoi il est le plus fort, le plus fort en amour.

A la Croix, il remporte la plus grande victoire de tous les rois : au lieu de se faire servir, il vient servir les autres. « Courage, j’ai vaincu le monde ». Pour le bon larron, la réponse ne se fait pas attendre : « En vérité, je te le dis, aujourd’hui, tu seras avec  moi  dans  le  paradis ». Cet  accueil  triomphal, c’est  pour tout de suite : « Aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis ». Le trône royal est déjà préparé pour celui qui sera décloué de la Croix. Dans un instant, l’Agneau immolé va en prendre possession en compagnie de tous ceux qui ont accepté de partager son destin et son espérance : même s’ils étaient des pécheurs. Le malfaiteur pardonné le reconnaît :

« Pour nous, cette Croix est justice, mais lui, il n’a rien fait ! »

Tout pécheur qu’il est, le brigand entre avec lui, en même temps que lui, dans le Royaume et la Communion des Saints. C’est lui le premier sauvé du Sauveur !

Oui, reconnaissons-le : « Dieu est plus grand que notre cœur » et c’est pour cela qu’il est notre Roi !   AMEN




Fête du Christ Roi de l’Univers (Lc 23,35-43) – D. Jacques FOURNIER

L’Amour Tout Puissant, Roi de l’univers

(Lc 23, 35-43)

En ce temps-là, on venait de crucifier Jésus, et le peuple restait là à observer. Les chefs tournaient Jésus en dérision et disaient : « Il en a sauvé d’autres : qu’il se sauve lui-même, s’il est le Messie de Dieu, l’Élu ! »
Les soldats aussi se moquaient de lui ; s’approchant, ils lui présentaient de la boisson vinaigrée,
en disant : « Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même ! »
Il y avait aussi une inscription au-dessus de lui : « Celui-ci est le roi des Juifs. »
L’un des malfaiteurs suspendus en croix l’injuriait : « N’es-tu pas le Christ ? Sauve-toi toi-même, et nous aussi ! »
Mais l’autre lui fit de vifs reproches : « Tu ne crains donc pas Dieu ! Tu es pourtant un condamné, toi aussi !
Et puis, pour nous, c’est juste : après ce que nous avons fait, nous avons ce que nous méritons. Mais lui, il n’a rien fait de mal. »
Et il disait : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume. »
Jésus lui déclara : « Amen, je te le dis : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis. »

 

jesus-en-croix

 

            Deux logiques s’affrontent au pied de la Croix. La première est celle de l’orgueilleux qui croit tout savoir et pouvoir juger de tout. Fier de son indépendance d’esprit, du pouvoir de sa position sociale, qu’il soit « chef » du Peuple ou « soldat », il reproche à Jésus de ne pas partager sa logique qui, à l’évidence, est la seule valable en ce monde… « Les chefs ricanaient »… « L’orgueil est leur collier, la violence, l’habit qui les couvre… Ils ricanent, ils prônent le mal, de très haut, ils prônent la force » (Ps 73(72)) car ils comprennent tout en terme de « pouvoir » et donc de « force »… Pour eux, si Jésus a soi-disant accompli des miracles, « sauvé » telle ou telle personne, il le devrait à sa propre force, à la mise en œuvre d’un pouvoir qui serait le sien… « Une force sortait de lui » (Lc 6,19)… S’il est vraiment si fort que cela, qu’il agisse donc pour lui-même, c’est le moment ou jamais ! Ils verront alors de leurs propres yeux et ils ne pourront que croire en l’évidence… « Si tu es le Messie de Dieu, l’Elu », si la force du Dieu Tout Puissant est avec toi, « sauve-toi toi‑même ! » Mais non, à l’évidence, il est là, crucifié, « à bout de force »  (Ps 6,3)…

            Mais la Puissance qui se déployait en Jésus ne venait pas de lui, mais de son Père… Lui est « doux et humble de cœur », il est « le Serviteur » du Père (Mt 11,20 ; Ac 3,13.26 ; 4,27.30).  Il ne peut « rien faire de lui-même, sinon ce qu’il voit faire au Père, car le Père aime le Fils et lui montre tout ce qu’il fait » (Jn 5,19-20)… De plus, la Toute Puissance de Dieu, avec laquelle l’univers visible et invisible a été créé, n’est pas de l’ordre d’une force qui renverse l’adversaire, domine et écrase… Elle est la Toute Puissance de l’Amour. « On dit parfois : Dieu peut tout ! Non, Dieu ne peut pas tout, Dieu ne peut que ce que peut l’Amour. Car il n’est qu’Amour » (P. François Varillon, « Joie de croire, joie de vivre »). Et l’Amour Tout Puissant est respect infini de l’autre… Il ne fait rien sans son consentement: « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » demande un jour Jésus à un aveugle. « Rabbouni, que je recouvre la vue ! » lui répondit-il, « et aussitôt, il recouvra la vue » (Mc 10,46-52). Un autre jour, il vit un « homme, infirme depuis trente huit ans, » qui espérait être guéri par des rituels magiques… Il s’approcha et lui dit : « Veux-tu guérir ? » (Jn 5,1‑9). Dieu ne fera jamais en effet le meilleur pour nous sans notre consentement… « Je me tiens à la porte et je frappe ; si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai » (Ap 3,20)… Sinon, il restera à la porte et continuera à frapper…

            Ici, les cœurs des chefs du Peuple, des soldats et de l’un des malfaiteurs resteront fermés. Et pourtant, Jésus leur a déjà manifesté la Toute Puissance de l’Amour en leur pardonnant (Lc 23,34). Et une fois ressuscité, c’est vers eux qu’il se tournera en premier pour leur offrir sa bénédiction, s’ils acceptent de se repentir (Ac 3,26). Le bon larron l’a fait et aussitôt il a été accueilli par l’Amour Tout Puissant, par une Miséricorde sans limite :

« Aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le paradis ».                                                                                                              

DJF




33ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (St Luc 21, 5-19)

 « Cela vous amènera à rendre témoignage. » 

 

            Plus on approche de la fin de l’année liturgique, et plus la liturgie nous parle de la fin du monde … non pas pour nous faire peur, au contraire, mais pour nous éveiller à ce que Jésus nous a promis : La Vie Éternelle !

Jésus profite de l’admiration des apôtres devant la beauté du Temple de Jérusalem pour leur dire : « Attention ! Ce que vous admirez ne durera pas ! Des jours viendront où il n’en restera pas pierre sur pierre : tout sera détruit. ». Et effectivement, trente-sept ans plus tard, le temple est détruit.

Inquiétude des apôtres : « Maître, quand cela arrivera-t-il ? Et quel sera le signe que cela est sur le point d’arriver ? »

Pas d’affolement, ce n’est pas pour tout-de-suite ! Et Jésus décline toute une série de malheurs … annonciatrice du meilleur !

Comme il l’avait déjà dit par ailleurs : « Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi. Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux. » (Mt 5,11-12).

Tous ces malheurs qui se passeront sur cette terre ne sont que la préfiguration du bonheur que nous aurons dans la Vie éternelle … à une condition : que nous soyons fidèles à la Parole du Christ. « Cela vous amènera à rendre témoignage », témoignage de l’amour de Dieu pour nous, en toutes circonstances … mais aussi témoignage de notre amour pour lui

Et cela, c’est moins évident …

Pourtant, c’est un point essentiel pour tous les baptisés, et qui est repris dans l’intitulé du synode sur la synodalité : « Pour une Église synodale : Communion, Participation, Mission ».

Et la mission, ce n’est pas d’abord à l’étranger, loin de chez soi …

La mission, elle se fait là où l’on vit, d’abord : dans la famille, dans les lieux de travail ou d’études, dans le monde associatif, dans le sport … partout où nous rencontrons des personnes … « Soyez toujours prêts à rendre compte de l’espérance qui est en vous » (1P 3,16).

La mission, cela s’apprend, il existe des formations pour cela, et c’est sans doute plus facile quand on est plusieurs … on s’entraide, on peut se relayer, avec des points de vue divers …

Mais si cela s’apprend, cela ne suffit pas. Comme le dit le Père Etienne Grenet, responsable du pôle mission du diocèse de Paris : « On croit trop souvent qu’il faut avoir fait des années d’études pour parler de la foi. En réalité, il suffit de l’avoir pour qu’un autre puisse la recevoir. »

Oui … mais … ?

Mais on n’est pas seul : « C’est moi qui vous donnerai un langage et une sagesse à laquelle tous vos adversaires ne pourront ni résister ni s’opposer. », et c’est aussi vrai pour la défense que pour l’annonce de la foi !

« C’est par votre persévérance [dans la foi] que vous garderez votre vie », votre Vie Éternelle … bien sûr !

« La fin du monde, ce n’est pas notre affaire, mais celle du créateur de l’univers et de son Fils qui feront ce qu’il faut au bon moment, et pour le bien de tous. Nous, occupons-nous du présent en persévérant dans l’estime de la foi et en enfonçant dans notre caboche le mot de Charlie Chaplin : ’’La vie est merveilleuse si l’on n’en a pas peur’’. » (Père Michel-Marie Zanotti-Sorkine).

Que rien ne te trouble,

que rien ne t’épouvante.

Tout passe,

Dieu ne change pas.

La patience triomphe de tout.

Celui qui possède Dieu

ne manque de rien.

Dieu seul suffit

                                  Sainte Thérèse d’Avila

 

                                                                                                    Francis Cousin 

 

 

        

 

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33ième Dimanche du Temps Ordinaire – Homélie du Père Louis DATTIN

La « fin d’un monde »

Lc 21, 5-9

L’année liturgique est bientôt terminée. Vous savez que l’on  recommence  une autre année avec le 1er dimanche de l’avent qui se situe environ un mois avant Noël. Et traditionnellement,  nos derniers dimanches ordinaires insistent sur le futur, sur ce que nous appelons « la fin du monde » et que j’appellerai plutôt « la fin d’ »un monde » et  la naissance d’un « nouveau monde ».

 

Certains, pensant  à cette fin du monde, sont affolés, ont peur ! Pour eux, « fin du monde » égale : catastrophes, ténèbres, panique générale et il est vrai que le Christ lui-même nous parle, pour ce moment-là, de guerres, de conflits, d’épidémies, de faits terrifiants et de grands signes dans le ciel. Or, le Christ nous dit : « Ne vous effrayez pas ! » Bien sûr, il faut que cela arrive ! Mais ce sera pour nous, chrétiens, l’occasion de « porter témoignage » et il ajoute : « Mettez-vous dans la tête que vous n’avez pas à préparer votre défense… que ce sera l’Esprit Saint  qui vous inspirera un langage et une sagesse à  laquelle vos adversaires ne pourront opposer ni résistances ni contradictions ». Saint Luc, d’ailleurs, met l’accent sur le caractère actuel de la crise, son caractère intérieur et il décourage les questions sur l’avenir.

La fin du monde n’est pas un lointain mystérieux : elle fait déjà partie de notre histoire, déjà le combat est engagé, autour de nous, et en nous, entre le bien et le mal, entre Jésus et Satan, entre la lumière et les ténèbres.

Déjà Jésus, par sa Passion et sa Résurrection,  nous  a  dit comment tout se terminera : il y aura certes, comme pour lui, l’agonie, la passion, l’échec apparent du Vendredi Saint, mais surtout Pâques, et la victoire finale, …

La « fin du monde », ce sera la Passion de Jésus que nous vivrons à notre tour et aussi et surtout « le triomphe de la Résurrection », la vie définitive et glorieuse ; le mal étant écrasé une fois pour toutes…

Tout ce qui est arrivé à Jésus, nous arrivera à nous aussi : persécutions, trahison, mort… mais aussi la victoire dans la persévérance : « Par où est passé le maitre, le disciple passera aussi »  et de même que nous ne pouvons pas séparer  » la Passion » de « la   Résurrection », nous ne pouvons pas non plus séparer les épreuves de la fin du monde d’avec son aboutissement heureux : son issue finale qui est la joie et le bonheur de tous dans un monde divin, enfin libéré du mal, du péché et de toute menace. C’est pourquoi, ce texte, aussi bien que celui de l’Apocalypse, est gorgé d’espérance et de sérénité.

Bien loin de nous  affoler, ce temps, pour les chrétiens, est un « temps de grâce » et l’occasion de manifester davantage encore de notre foi et notre témoignage.

            Aussi, Jésus  nous donne-t-il quelques conseils applicables, non seulement pour « la fin des temps », mais pour tout temps, y compris le nôtre, conseils applicables dès aujourd’hui dans notre vie quotidienne.

Le 1er est « Ne vous laissez pas égarer » : à la fin des temps, comme maintenant, nous avons à discerner le « vrai » du « faux ». Il y a tellement de faux prophètes, de fausses théories, de propagandes, de mensonges, de publicités que les gens sont intoxiqués et qu’ils sont prêts à suivre n’importe qui, dans des sectes, des mouvements, des partis. On ne sait plus “ est la vérité ?”, “où est le faux ?” C’est ce que l’on appelle à présent : la « désinformation ». Systématiquement, on lance de fausses nouvelles pour désorienter d’abord et embrigader ensuite des populations entières. Nous, chrétiens, ayons de la jugeote, du sens critique et tout simplement du  « bon sens » en jugeant d’après l’idéal que le Seigneur nous a proposé dans l’Evangile.

Le 2e conseil : « Ne vous effrayez pas » : bien sûr, les temps sont durs, et ils le seront encore ; il a des crises : morales encore plus qu’économiques. Mais pensons au cri de Saint Jean-Paul II : « N’ayez pas peur », ne cédez pas à la peur, ne paniquez pas, d’ailleurs la peur est pourvoyeuse de haine et de mal. A travers la dureté des temps, les nôtres et ceux de la fin, nous avons à faire confiance. La victoire est au bout, comme la Résurrection, celle du Christ et la nôtre. D’ailleurs Jésus ne nous a t-il pas dit : « Désormais, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps », et « s’il est avec nous, qui sera contre nous ? », uniquement les ennemis de Dieu. Il est vainqueur avec nous, alors qu’avons-nous à craindre ?

3e conseil relevé dans cet évangile : « Ne vous souciez pas de votre défense ». Dès que nous sommes en conflit, nous cherchons tout de suite quels sont les arguments que je vais avancer, quelles sont les preuves que je vais produire, quelles sont mes justifications personnelles.  Là, le Seigneur nous dit :

« Ne vous en faites pas, ne préparez pas à l’avance une plaidoirie en votre faveur ».

Vous n’avez pas à préparer votre défense, vous aurez en vous « l’Esprit Saint » que l’on appelle aussi « le Paraclet » qui veut dire, en grec, l’avocat : un autre parlera pour vous et parlera bien mieux que vous ! Il mettra dans votre bouche, un langage qui sera bien supérieur au vôtre et auquel vos adversaires ne pourront pas répondre grand-chose…

4e remarque du Christ à notre égard, pour les temps difficiles : « Je vous inspirerai une sagesse ». Ce langage, cette sagesse n’est pas fixée une fois pour toutes : on ne la trouve dans aucun livre, elle vient en nos cœurs, « par l’Esprit Saint » et celui-ci le réinvente tout au long de l’histoire, s’adaptant à notre temps, à notre mentalité, à notre contexte historique. Si nous portons l’Esprit de Dieu en nous, celui-ci saura bien nous inspirer la conduite à tenir.

5e et dernière remarque adressée à tous les chrétiens :     « C’est  par votre persévérance que vous obtiendrez la vie ».  

A travers toutes les crises, au travers de tous les évènements douloureux ou perturbés de notre monde, une seule chose nous fera tenir debout, une seule qualité nous fera traverser la tourmente : notre fidélité qui prouve la solidité de notre foi.

Il faut durer, persévérer, ne pas changer de cap ;

alors, nous arriverons, malgré les tempêtes,

jusqu’à la rive de Dieu.  AMEN

 




33ième Dimanche du Temps Ordinaire – par le Diacre Jacques FOURNIER (St Luc 21, 5-19)

Triompher des épreuves avec le Christ

(Lc 21,5-19)

En ce temps-là, comme certains parlaient du Temple, des belles pierres et des ex-voto qui le décoraient, Jésus leur déclara :
« Ce que vous contemplez, des jours viendront où il n’en restera pas pierre sur pierre : tout sera détruit. »
Ils lui demandèrent : « Maître, quand cela arrivera-t-il ? Et quel sera le signe que cela est sur le point d’arriver ? »
Jésus répondit : « Prenez garde de ne pas vous laisser égarer, car beaucoup viendront sous mon nom, et diront : “C’est moi”, ou encore : “Le moment est tout proche.” Ne marchez pas derrière eux !
Quand vous entendrez parler de guerres et de désordres, ne soyez pas terrifiés : il faut que cela arrive d’abord, mais ce ne sera pas aussitôt la fin. »
Alors Jésus ajouta : « On se dressera nation contre nation, royaume contre royaume.
Il y aura de grands tremblements de terre et, en divers lieux, des famines et des épidémies ; des phénomènes effrayants surviendront, et de grands signes venus du ciel. »
Mais avant tout cela, on portera la main sur vous et l’on vous persécutera ; on vous livrera aux synagogues et aux prisons, on vous fera comparaître devant des rois et des gouverneurs, à cause de mon nom.
Cela vous amènera à rendre témoignage.
Mettez-vous donc dans l’esprit que vous n’avez pas à vous préoccuper de votre défense.
C’est moi qui vous donnerai un langage et une sagesse à laquelle tous vos adversaires ne pourront ni résister ni s’opposer.
Vous serez livrés même par vos parents, vos frères, votre famille et vos amis, et ils feront mettre à mort certains d’entre vous.
Vous serez détestés de tous, à cause de mon nom.
Mais pas un cheveu de votre tête ne sera perdu.
C’est par votre persévérance que vous garderez votre vie. »

            En 66, Israël se soulève contre l’occupant romain… Le 29 août 70, Titus, le fils de l’empereur Vespasien, prend la ville de Jérusalem… Le Temple est incendié, détruit… Il est encore possible aujourd’hui de voir  les énormes pierres qui tombèrent au pied de ses murs d’enceinte… Les premières paroles de Jésus font ici allusion à cette catastrophe : « Il n’en restera pas pierre sur pierre : tout sera jeté bas »…

            A cette même époque, les Juifs qui n’avaient pas reconnu en Jésus le Messie, persécuteront leurs compatriotes devenus chrétiens. Le Grand Prêtre Caïphe avait en effet crié au blasphème lorsque Jésus avait fait allusion à sa dignité de rang divin (Mt 26,64-66). Etienne sera lapidé (Ac 7,55-60), Paul et ses compagnons « ravageaient l’Eglise ; allant de maison en maison, ils en arrachaient hommes et femmes et les jetaient en prison » (Ac 8,3). Les chrétiens seront exclus des synagogues. Nous en trouvons un écho dans l’Evangile de Jean écrit à la fin du 1° siècle : « Les parents (de l’aveugle né) avaient peur des Juifs ; car déjà les Juifs étaient convenus que, si quelqu’un reconnaissait Jésus pour le Christ, il serait exclu de la synagogue » (Jn 9,22). « On vous persécutera, on vous livrera aux synagogues et aux prisons », dit ici Jésus. « Vous serez livrés même par vos père et mère, vos frères, vos proches et vos amis ; on fera mourir plusieurs d’entre vous »…

            Mais les chrétiens persécutés pour leur foi ne seront pas abandonnés à eux-mêmes. « Ce sera l’occasion pour vous de rendre témoignage… Je vous inspirerai un langage et une sagesse à laquelle tous vos adversaires ne pourront opposer ni résistance ni contradiction », dit ici Jésus. « Quand on vous livrera, ne vous tourmentez donc pas pour savoir ce que vous direz ni comment vous le direz : ce que vous aurez à dire vous sera donné à cette heure-là. Car ce n’est pas vous qui parlerez, c’est l’Esprit de votre Père qui parlera en vous » (Mt 10,19-20). « Heureux alors serez-vous quand on vous insultera, qu’on vous persécutera, et qu’on dira faussement contre vous toute sorte d’infamie à cause de moi. Soyez dans la joie et l’allégresse », « car l’Esprit de gloire, l’Esprit de Dieu repose sur vous » (Mt 5,11-12 ; 1P 4,14). Tel est en effet le grand cadeau que Dieu propose à tout homme de bonne volonté pour le soutenir, le réconforter, le consoler dans ses épreuves (2Co 1,3-7). Grâce à Lui, il est possible de traverser l’épreuve, toujours difficile humainement parlant, avec « quelque chose » qui, envers et contre tout, est de l’ordre de la joie, « la joie de l’Esprit Saint » (1Th 1,6).

                                                                                                                                              DJF




32ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (St Luc 20, 27-38)

       « Dieu n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants. » 

Quelle affaire !

« Quelques sadducéens – ceux qui soutiennent qu’il n’y a pas de résurrection – interrogèrent Jésus … » pour lui présenter un cas abracadabrantesque de sept frères qui meurent successivement sans avoir pu donner un enfant à la femme du premier, selon la loi du lévirat (Dt 25,5), « A la résurrection, cette femme-là, duquel d’entre eux sera-t-elle l’épouse, puisque les sept l’ont eue pour épouse ? »

Il faut vraiment être un peu farfelu pour inventer une telle situation … mais enfin, la question est posée … non pas pour avoir une réponse … mais pour mettre Jésus dans l’embarras au sujet de la résurrection.

C’est un thème qui existait déjà depuis quelques temps, et dont la première lecture, qui date du deuxième siècle avant Jésus-Christ, nous montre des hommes qui y croyaient : « Mieux vaut mourir par la main des hommes, quand on attend la résurrection promise par Dieu, tandis que toi, tu ne connaîtras pas la résurrection pour la vie. »

Ce débat entre ceux qui croient ou non à la résurrection des morts, à une vie éternelle, existe encore aujourd’hui puisque selon certaines statistiques seulement dix pour cent des français croient à la résurrection après la mort, cette vie après la mort … Et même parmi les catholiques pratiquants, beaucoup de croient pas à la résurrection … même s’ils disent qu’il y a quelque chose près la mort, mais qu’ils ne savent pas quoi …

Et pourtant, tous les dimanches on affirme dans le credo « Je crois … à la résurrection de la chair, à la vie éternelle. » …

Et nous venons de fêter la Toussaint … qui est la fête de tous les saints, reconnus par l’Église, et surtout de tous ceux qui ne sont pas reconnus … les défunts de nos familles … qui ont vécu une vie normale de chrétien, avec ses hauts et ses bas … et qui sont auprès de Dieu, ce que nous espérons (et croyons …).

Serait-ce en vain ?

Non !

La vie éternelle après la mort existe ! Et Jésus nous le dit dans l’évangile de ce jour : « … ceux qui ont été jugés dignes d’avoir part au monde à venir et à la résurrection d’entre les morts … ils sont enfants de Dieu et enfants de la résurrection. », ainsi qu’à chaque fois qu’il parle du Royaume des cieux, ou quand il dit : « Quand je serai parti vous préparer une place, je reviendrai et je vous emmènerai auprès de moi, afin que là où je suis, vous soyez, vous aussi. ( … ) Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ; personne ne va vers le Père sans passer par moi. » (Jn 14,3.6)

Il est vrai que la vie après la mort, on a du mal à imaginer ce que cela sera !

Et on ne le saura que quand on y sera … Donc, attendons, et nous verrons !

Mais on connait déjà un peu … quelques aperçus racontés par ceux qui ont vécu ce qu’on appelle des Expériences de Mort Imminente … Et il n’y a pas de quoi avoir peur, au contraire …

Pourrait-il en être autrement ?

Dieu qui n’est que tout amour ne peut que nous combler d’amour … et nous offrir ce qu’il y a de mieux pour nous … pour tous … dans une vie éternelle …

« Si donc vous, qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus votre Père qui est aux cieux donnera-t-il de bonnes choses à ceux qui les lui demandent ! » (Mt 7,11)

« Et j’entendis une voix forte qui venait du Trône. Elle disait : « ’’Voici la demeure de Dieu avec les hommes ; il demeurera avec eux, et ils seront ses peuples, et lui-même, Dieu avec eux, sera leur Dieu. Il essuiera toute larme de leurs yeux, et la mort ne sera plus, et il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur : ce qui était en premier s’en est allé.’’. Alors celui qui siégeait sur le Trône déclara : ’’Voici que je fais toutes choses nouvelles.’’ Et il dit : ’’Écris, car ces paroles sont dignes de foi et vraies. ’’ » (Ap 21,3-5)

Seigneur Jésus,

Beaucoup ne croient pas en la résurrection,

sans doute par peur de la mort,

par peur de l’inconnu,

de ce qu’on ne peut imaginer …

Et pourtant tu nous attends,

auprès de ton Père,

et avec l’Esprit Saint,

pour nous donner tout votre amour !

Alors, pourquoi hésiter ?

Oui, je crois en la résurrection !

 Francis Cousin 

 

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32ième Dimanche du Temps Ordinaire – Homélie du Père Louis DATTIN

Joyeuse espérance

 Lc 20,27-38

Un de mes amis me racontait que dernièrement, un jeune de 17 ans fut tué dans un accident de moto. Ses parents, incroyants, ne  l’avaient  pas  élevé  chrétiennement – aussi choisissent-ils, ce qui était logique, un enterrement civil. On alla donc directement de sa maison au cimetière.

Beaucoup de jeunes, amis de Christian, suivaient le convoi et parmi eux, beaucoup furent choqués de voir qu’on ne passait pas à l’église. Pourtant, la plupart étaient des non-pratiquants et quelques-uns incroyants. Ils estimaient qu’il manquait quelque chose : tout simplement, ils soupçonnaient qu’il y a dans toute vie humaine, une spirituelle, religieuse et c’est là notre foi, à nous les chrétiens !

. Notre vie a une dimension familiale : on a tous des parents ou des enfants ou un conjoint.

. Notre vie a aussi une dimension professionnelle : on est étudiant, agriculteur, menuisier ou avocat,…

. Elle peut aussi avoir une dimension artistique : on joue de la flûte, on fait partie d’une chorale, on s’adonne à la peinture,…

. Elle peut avoir une dimension sportive : judo, football, danse,…

Mais notre vie a aussi une dimension religieuse. Nous savons bien en effet, que cette vie, ce n’est pas nous qui nous la sommes donnée ; nous l’avons reçue par l’intermédiaire de nos parents, comme nous avons reçu un capital de santé, d’intelligence, de courage, et toutes sortes de talents.

Tout cela, bien sûr, est à nous, mais elle vient, non seulement de notre hérédité, de notre éducation et de bien plus loin, tout cela vient d’ailleurs. Tout cela nous dépasse et, en même temps, tout cela est très fragile. Nous sommes limités, à la merci d’un échec, d’un accident, de la souffrance, limités dans nos affections et notre amitié, dans notre santé, dans nos décisions et ce n’est pas nous (heureusement) qui décidons du jour et de l’heure de notre mort.

Ainsi notre vie est à nous, sans être à nous, elle nous échappe : nous n’en sommes pas les maîtres absolus et n’est-elle pas faite aussi pour aboutir ailleurs?

C’est bien ce que veut nous faire comprendre Jésus dans cet évangile  d’aujourd’hui : « Le  vrai  Dieu  n’est  pas « le  Dieu  des morts », mais  le « Dieu  des  vivants » ». Tous  vivent  en  effet PAR LUI.

. Oui, notre vie vient d’ailleurs, elle vient de Dieu : « Il est le Dieu des vivants et non celui des morts ». Il est la source de toute vie.

. C’est Dieu qui est à l’origine de notre vie et il ne nous a pas créés pour rien, mais pour que nous fassions grandir cette vie dans toutes ses dimensions. Cette existence, dès ici-bas, demande à s’épanouir. Toutes ces possibilités qui nous sont offertes dès ici-bas, nous avons à les mettre en œuvre, à les épanouir, à leur faire rendre un maximum, comme un talent, un capital que Dieu nous a confié et qu’il faut faire valoir.

Notre vie nous appartient – mais en même temps, elle appartient à Dieu – et si, à l’origine, elle ne vient pas de nous, à son terme notre vie va ailleurs. C’est ce qu’on appelle la « Résurrection des morts » ou la « Résurrection de la chair ».

Nous récitons le dimanche dans le Credo : « Je crois à la Résurrection de la chair ». Que signifient au juste ces mots : « Résurrection de la chair » ?

Il  serait  ridicule  d’y  voir  un  phénomène  biologique,  comme si c’était un  cadavre  qui  pourrait  retrouver  ses  membres, ses cellules, ses articulations et   parvenir à se réanimer.

Il serait ridicule de comprendre cette résurrection, comme un retour en arrière, comme une réanimation, un retour à la vie semblable à celle que l’on a perdue au moment de la mort. C’est ce que pensaient les Saducéens de l’Evangile qui s’imaginaient que la résurrection des morts devait entrainer des problèmes de vie conjugale de même type qu’ici-bas !

. Non, la résurrection des morts n’est ni un phénomène biologique ni un retour en arrière, c’est une réalité toute spirituelle.

. C’est un « bond en avant » vers quelque chose de tout neuf, de tout nouveau. C’est comme une « nouvelle naissance » à la vie définitive. Cette plénitude de vie à laquelle nous sommes appelés, nous ne pouvons pas l’imaginer : plus de limites à nos affections, plus de limites dans nos amitiés, plus de limites dans nos connaissances, « l’ancien monde, nous dit l’Apocalypse, s’en sera allé ».

Dieu sera « tout en tous » et l’amour sera « tout » en chacun.

. Plus de problèmes de communication les uns avec les  autres : nous  serons tous parfaitement transparents les uns aux autres.

. Joie d’aimer, joie de comprendre, joie de découvrir tant de richesses insoupçonnées en ceux que nous avions cru connaître ici-bas.

. Tel sera le monde auquel nous sommes appelés à naître le jour de notre mort. Alors, nous serons devenus des vivants, des vivants dans leur plénitude, nous aurons atteint notre pleine dimension, car nous serons remplis de Dieu et imprégnés de son Esprit.

. C’est pourquoi, il n’y a rien d’étonnant à ce que, ici-bas, nous ne soyons jamais  satisfaits. Nous avons toujours soif d’un plus ou d’un mieux. Rien d’étonnant non plus à ce que, même nos plus grandes joies, soient le résultat d’un dépassement de nous-mêmes, par une ouverture à Dieu et aux autres.

. Déjà ici-bas : plus nous nous ouvrons à Dieu et aux autres, plus nous recevons cette vie pour laquelle Dieu nous a créés.

. La plénitude de la vie est liée à la rencontre de Dieu au terme d’une véritable germination spirituelle. Cette résurrection des morts est une recréation spirituelle, une renaissance donnée par  l’Esprit Saint, mais  n’oublions pas qu’elle commence dès ici-bas, chez tous ceux qui accèdent peu à peu à l’amour, le corps qui meurt, comme le grain jeté en terre n’est que la semence de ce qui viendra : le grain ne ressemble pas à l’épi.

Le grain semé disparaît : on ne le retrouve plus. L’épi est autre chose que le grain et pourtant, sans le grain, pas d’épi.

Le corps terrestre apparaît comme un point de départ, mais il connaît une transformation telle qu’on ne peut le comparer à ce qu’il deviendra ou à ce qu’il a été. C’est bien moi qui ressuscite, mais je ressuscite autre : ce que nous vivons actuellement n’est qu’une sorte d’ébauche qui sera dépassée, comme l’adulte dépasse l’embryon, comme le grain par rapport à l’épi.

Il n’y a rien de perdu dans notre vie actuelle. Tout sera sauvé et ce que nous allons vivre ne sera pas un autre monde, mais un monde transfiguré.  AMEN