En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples :
Fête du Christ-Roi de l’univers – par P. Rodolphe EMARD (St Luc 23,35-43)
En ce dernier dimanche de l’année liturgique, nous solennisons le Christ, Roi de l’univers. Le Christ est bien Roi mais de quelle royauté s’agit-il ?
La première lecture raconte comment, après la mort de Saül, David devint roi sur Israël. Les Juifs attendaient le Messie annoncé par les prophètes comme un nouveau David.
Les Juifs avaient une conception politique du Messie : celui qui battrait les Romains et apporterait enfin la prospérité et la paix tant attendues. Jésus a toujours refusé ce rôle de guerrier. Il n’a pas manqué de rappeler que son Royaume n’est pas de ce monde et encore moins à la manière du monde.
Cette solennité du Christ Roi nous rappelle quelques fondamentaux pour notre vie de foi :
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Christ est Roi, un Roi universel : le Roi de l’univers.
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Le Royaume du Christ est éternel. Jésus évoque la réalité du Paradis : « « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume. » Jésus lui déclara : « Amen, je te le dis : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis. » »
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Cette solennité du Christ Roi nous rappelle que toute l’Église vit dans une attente constante depuis ses origines : celle de la venue de Jésus dans la gloire où il instaurera définitivement le Règne de Dieu, pour toute l’éternité. Rappelons-nous que Dieu seul sait le jour de cette venue.
Le Christ est l’alpha et l’oméga, le début et la fin de toute l’humanité. Saint Paul dans la deuxième lecture le précise bien : « En lui, tout fut créé dans le ciel et sur la terre. (…) tout est créé par lui et pour lui. (…) Il est avant toute chose, et tout subsiste en lui. (…) c’est lui le commencement, le premier-né d’entre les morts, afin qu’il ait en tout la primauté. Car Dieu a jugé bon qu’habite en lui toute plénitude et que tout, par le Christ, lui soit enfin réconcilié, faisant la paix par le sang de sa Croix, la paix pour tous les êtres sur la terre et dans le ciel. » Saint Paul présente le Christ comme le Créateur et le Rédempteur.
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Saint Paul nous laisse également entrevoir que le Royaume du Christ surpasse tous les royaumes de la terre. Le Royaume du Christ est un Royaume de paix et de lumière : « Frères, rendez grâce à Dieu le Père, qui vous a rendus capables d’avoir part à l’héritage des saints, dans la lumière. Nous arrachant au pouvoir des ténèbres, il nous a placés dans le Royaume de son Fils bien-aimé : en lui nous avons la rédemption, le pardon des péchés. »
Le mystère de la croix est ici évoqué, mystère relaté dans l’Évangile. Sur la croix, le Christ manifeste pleinement sa royauté. Par sa croix, il apporte le Salut pour ceux qui mettent sa confiance en lui. De sa croix découle la miséricorde de Dieu pour ceux qui l’accueillent, à l’image du malfaiteur crucifié : « « souviens-toi de moi… » ; « avec moi, tu seras dans le Paradis. » »
Cette parole de Jésus nous donne la foi en l’existence du Paradis que nous pouvons tous y accéder si nous nous remettons au Christ et si nous l’obéissons.
Depuis la venue de Jésus, le Royaume a commencé malgré les violences et les ténèbres qui marque encore notre monde. Le Royaume du Christ est un Royaume de paix et de lumière. Pour y accéder, il s’agit bien d’œuvrer pour des gestes qui font advenir ce Royaume parmi nous : les gestes de réconciliation, de pardon, de charité…
Le Christ est aussi le Roi du service. Il nous enseigne que pour entrer dans le Royaume, c’est en vivant le service du prochain. Demandons la grâce que nous puissions nous attacher fermement au Christ notre Roi et l’obéir.
« Il est digne, l’Agneau immolé,
de recevoir puissance, divinité,
sagesse, force et honneur, alléluia.
À lui, la gloire et la souveraineté
pour les siècles des siècles. »
(Antienne d’ouverture, messe Christ, roi de l’univers)
P. Rodolphe EMARD
Fête du Christ-Roi de l’univers – par Francis COUSIN (St Luc 23,35-43)
« Aujourd’hui, tu seras avec moi dans le Paradis. »
Nous sommes au dernier jour de la vie terrestre de Jésus.
Il est là, sur la croix, entouré de deux brigands …
Qu’entend-on ?
Des railleries …
Venant des chefs des juifs : « Il en a sauvé d’autres : qu’il se sauve lui-même, s’il est le Messie de Dieu, l’Élu ! ».
Venant des soldats romains : « Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même ! ».
Venant de Pilate : « Celui-ci est le roi des Juifs. ».
Venant des brigands … Non, d’un seul des deux : « N’es-tu pas le Christ ? Sauve-toi toi-même, et nous aussi ! » … parce que l’autre brigand prend la défense de Jésus : « Lui, il n’a rien fait de mal. ».
C’est le seul, à ce moment, à prendre la défense de Jésus ! Parce que celui-ci n’a fait que du bien !
Ce brigand, que la tradition appelle Dismas, sait faire la différence entre le juste et l’injuste …
Brigand … mais sage !
Après sa révolte vis-à-vis de son ’’compagnon de malheur’’, il se tourne vers Jésus et crie, peut-être pas sa foi … mais son espérance … ou du moins son espoir … !
« Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume. »
Le panneau installé au-dessus de Jésus par ordre de Pilate … en trois langue pour être sûr que tout le monde le comprenne … est détourné par le brigand de son objectif premier …
Le bon larron, comme on l’appelle maintenant, d’une raillerie, lui donne son vrai sens.
Et Jésus, qui connaît sans doute les raisons de sa crucifixion … ne lui demande rien, … mais lui pardonne implicitement ce qu’il a pu faire de mal, la réaction du bon larron étant comme une forme de contrition … « Amen, je te le dis : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis. ».
Mais pas tout seul avec Jésus, car il y sera avec son Père … avec la Trinité toute entière, indissociable …
De la part de Jésus, ce n’est pas surprenant. N’avait-il pas dit : « les publicains et les prostituées vous précèdent dans le royaume de Dieu. » (Mt 21,31) … alors pourquoi pas aussi les brigands … qui se repentent ?
Qu’est-ce que ce passage nous apporte ?
– Qu’il vaut mieux éviter, et même mieux bannir toutes sortes de railleries … les moqueries … auxquelles on peut assimiler les commérages, les ’’ladi-lafé’’, parce qu’elles n’apportent en général rien de bon, surtout pour celui qui est visé …
– Qu’il n’est jamais trop tard pour se convertir … non pas changer de religion, mais se tourner résolument vers le Seigneur et lui dire avec foi : « Souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume. ». Croire jusqu’au bout … malgré nos péchés … en la miséricorde de Dieu … « Dieu est plus grand que nos péchés … Dieu est plus grand que tous les péchés que nous pouvons commettre. » (pape François, 30 mars 2016).
– Et puis croire que tout humain est capable de se convertir, dans tous les sens du mot, … ne pas juger trop vite … Ne jamais dire : « Il ne sera jamais bon à rien » ou « Il est indécrottable. ». « Il n’a eu que ce qu’il méritait. » …
« Ne jugez pas, pour ne pas être jugés. » (Mt 7,1)
Seigneur Jésus,
quelle grande leçon tu nous as donné
du haut de ta croix,
malgré tes souffrances :
Promettre sine die à un brigand
le Paradis !
Leçon d’amour pour les hommes
qui se repentent.
Francis Cousin
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Image dim ord C 34°, Christ-Roi
Solennité du Christ, Roi de l’Univers – Homélie du Père Louis DATTIN
La toute- puissance d’amour
Lc 23, 35-43
Un pendu lamentable, des rieurs qui se moquent de lui ; à côté, un autre condamné à mort qui lui donne toute sa confiance et, au-dessus du crucifié, cet écriteau « Celui-ci est le roi des juifs ». Tel est le spectacle qui s’offre au Golgotha, ce vendredi après-midi, le 8 avril de l’an 30. Jésus vit ses derniers moments… Etait-il vraiment le Messie attendu, le roi des juifs ? Hier, comme aujourd’hui, les hommes continuent à se diviser en deux camps : ceux qui y croient et ceux qui n’y croient pas. Pourquoi certains refusent-ils la royauté de Jésus ? C’est tout simplement parce qu’ils se font une autre idée de ce qu’est un roi. Pour eux :
– un roi, c’est celui qui se venge sur ses ennemis
– un roi, c’est celui qui se sauve lui-même bien sûr
– un roi, c’est celui qui est honoré, respecté et non pas humilié.
Or, Jésus est le contraire de cette image. Il ne correspond en rien à cette définition. Ici nous avons un condamné qui a perdu son procès, qui n’a pas ouvert la bouche pour défendre sa cause. Où est sa force de frappe ? Comment riposte-t-il ?
. Un roi écrase ses adversaires, leur fait payer cher leur agression : lui, Jésus, il se montre impuissant à faire le mal, impuissant même à dire du mal. Au lieu de proférer des menaces, de maudire, il demande à son Père de leur pardonner !
. Un roi doit se tirer d’un mauvais pas. Or, les chefs, les soldats, l’autre malfaiteur lui crient : « Si tu es le roi des juifs, sauve-toi toi-même », «Et nous avec ! », ajoute le brigand, ironique.
Quelle confiance peut-on faire à un soi-disant “Sauveur ” qui ne peut pas se sauver lui-même ?
. Enfin, un roi, c’est quelqu’un qui s’impose, qui triomphe, qui commande, un puissant !
. Or, il est sur la Croix : supplice réservé aux esclaves. Qui va vouloir suivre cet esclave qui se fait obéissant jusqu’à la mort ? Selon les idées du monde, Jésus ne peut pas être le roi promis et attendu : « le Messie ».
Et pourtant, il y a, juste à côté de lui, un homme, un malfaiteur, dans la même situation que lui, lui aussi sur le point d’expirer et qui va nous dévoiler le vrai visage du vrai roi, Jésus crucifié : « Lui, il n’a rien fait de mal ! ». Il proclame l’innocence de son compagnon de misère. Il voit juste : Jésus n’a rien fait de mal. C’est un juste et malgré les apparences, Dieu est avec lui et voilà qu’il se tourne vers son voisin : « Jésus, souviens-toi de moi, quand tu seras dans ton Royaume ».
Cet acte de foi stupéfiant a traversé l’histoire : Jésus n’est plus cet homme fantoche et ridicule. L’inscription a raison, elle dit vrai : oui, cet homme est bien « le roi des Juifs » et c’est bien lui qui reviendra demain dans la puissance et la gloire de son Royaume.
Il y a un autre aussi qui va plus loin que les apparences et qui devine que Jésus est le vrai roi : celui-là, il est au pied de la croix. C’est un centurion romain et il est d’accord avec ce que dit le malfaiteur, lui aussi dit : « Vraiment cet homme était le Fils de Dieu ! ». Deux actes de foi : celui du brigand converti et celui du païen de l’armée d’occupation.
Ces deux actes de foi font tout changer et bousculent notre connaissance de Dieu :
– Dieu n’est pas tel que nous l’imaginons parfois, une espèce de Louis XIV dans les cieux, un Napoléon céleste, mais tel qu’il est en son Fils bien-aimé.
– Dieu est comme son Fils : incapable de faire du mal à ses ennemis, impuissant à dire du mal sur les autres.
– Dieu est Père. Il a fait de l’homme un enfant à son image. Il ne peut pas haïr ses enfants. Il est tout puissant, c’est vrai, mais sa toute-puissance est une toute puissance d’amour : « capable d’aimer quand même, capable de pardonner quand même à tous ceux qui le mettent en Croix ».
Voilà où est sa puissance : incapable de maudire, il ne sait que bénir ! Il n’est pas le Dieu qui écrase ses ennemis, qui détruit les pécheurs et punit sévèrement. Il est le Père, tout puissant d’amour et bien sûr, cette paternité change tout le sens de sa royauté : c’est une paternité royale, une royauté paternelle dans une toute puissance d’affection et de pardon, quoiqu’il arrive. N’abusons pas de cette bonté de Dieu, car nous aussi, nous serions de ceux dont il disait : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font ». Nous aurions été incapables de comprendre la vraie royauté de Jésus, une royauté filiale, une royauté fraternelle. Dieu nous aime tellement qu’il préfère perdre la face et se mettre dans le camp des humiliés, des petits, des opprimés, des victimes plutôt que dans le camp des bourreaux, des puissants, des chefs de ce monde, avec ceux qui souffrent, plutôt qu’avec ceux qui font souffrir.
Voilà, maintenant qu’il nous demande à nous de choisir avec lui et comme lui, même si nous devons y perdre l’honneur et la vie comme son Fils bien-aimé !
Sommes-nous prêts, comme Jésus, à choisir le camp de la justice, de la fidélité, de l’amour et du pardon ?
« Il n’y a pas de plus grande preuve d’amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime ».
Jésus se maîtrise et c’est pour cela qu’il est devenu le « Maître ».
Jésus se domine et c’est pour cela qu’il est devenu « Seigneur ».
Il aime jusqu’au bout : c’est pourquoi il est le plus fort, le plus fort en amour.
A la Croix, il remporte la plus grande victoire de tous les rois : au lieu de se faire servir, il vient servir les autres. « Courage, j’ai vaincu le monde ». Pour le bon larron, la réponse ne se fait pas attendre : « En vérité, je te le dis, aujourd’hui, tu seras avec moi dans le paradis ». Cet accueil triomphal, c’est pour tout de suite : « Aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis ». Le trône royal est déjà préparé pour celui qui sera décloué de la Croix. Dans un instant, l’Agneau immolé va en prendre possession en compagnie de tous ceux qui ont accepté de partager son destin et son espérance : même s’ils étaient des pécheurs. Le malfaiteur pardonné le reconnaît :
« Pour nous, cette Croix est justice, mais lui, il n’a rien fait ! »
Tout pécheur qu’il est, le brigand entre avec lui, en même temps que lui, dans le Royaume et la Communion des Saints. C’est lui le premier sauvé du Sauveur !
Oui, reconnaissons-le : « Dieu est plus grand que notre cœur » et c’est pour cela qu’il est notre Roi ! AMEN
Fête du Christ Roi de l’Univers (Lc 23,35-43) – D. Jacques FOURNIER
L’Amour Tout Puissant, Roi de l’univers
(Lc 23, 35-43)
En ce temps-là, on venait de crucifier Jésus, et le peuple restait là à observer. Les chefs tournaient Jésus en dérision et disaient : « Il en a sauvé d’autres : qu’il se sauve lui-même, s’il est le Messie de Dieu, l’Élu ! »
Les soldats aussi se moquaient de lui ; s’approchant, ils lui présentaient de la boisson vinaigrée,
en disant : « Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même ! »
Il y avait aussi une inscription au-dessus de lui : « Celui-ci est le roi des Juifs. »
L’un des malfaiteurs suspendus en croix l’injuriait : « N’es-tu pas le Christ ? Sauve-toi toi-même, et nous aussi ! »
Mais l’autre lui fit de vifs reproches : « Tu ne crains donc pas Dieu ! Tu es pourtant un condamné, toi aussi !
Et puis, pour nous, c’est juste : après ce que nous avons fait, nous avons ce que nous méritons. Mais lui, il n’a rien fait de mal. »
Et il disait : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume. »
Jésus lui déclara : « Amen, je te le dis : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis. »
Deux logiques s’affrontent au pied de la Croix. La première est celle de l’orgueilleux qui croit tout savoir et pouvoir juger de tout. Fier de son indépendance d’esprit, du pouvoir de sa position sociale, qu’il soit « chef » du Peuple ou « soldat », il reproche à Jésus de ne pas partager sa logique qui, à l’évidence, est la seule valable en ce monde… « Les chefs ricanaient »… « L’orgueil est leur collier, la violence, l’habit qui les couvre… Ils ricanent, ils prônent le mal, de très haut, ils prônent la force » (Ps 73(72)) car ils comprennent tout en terme de « pouvoir » et donc de « force »… Pour eux, si Jésus a soi-disant accompli des miracles, « sauvé » telle ou telle personne, il le devrait à sa propre force, à la mise en œuvre d’un pouvoir qui serait le sien… « Une force sortait de lui » (Lc 6,19)… S’il est vraiment si fort que cela, qu’il agisse donc pour lui-même, c’est le moment ou jamais ! Ils verront alors de leurs propres yeux et ils ne pourront que croire en l’évidence… « Si tu es le Messie de Dieu, l’Elu », si la force du Dieu Tout Puissant est avec toi, « sauve-toi toi‑même ! » Mais non, à l’évidence, il est là, crucifié, « à bout de force » (Ps 6,3)…
Mais la Puissance qui se déployait en Jésus ne venait pas de lui, mais de son Père… Lui est « doux et humble de cœur », il est « le Serviteur » du Père (Mt 11,20 ; Ac 3,13.26 ; 4,27.30). Il ne peut « rien faire de lui-même, sinon ce qu’il voit faire au Père, car le Père aime le Fils et lui montre tout ce qu’il fait » (Jn 5,19-20)… De plus, la Toute Puissance de Dieu, avec laquelle l’univers visible et invisible a été créé, n’est pas de l’ordre d’une force qui renverse l’adversaire, domine et écrase… Elle est la Toute Puissance de l’Amour. « On dit parfois : Dieu peut tout ! Non, Dieu ne peut pas tout, Dieu ne peut que ce que peut l’Amour. Car il n’est qu’Amour » (P. François Varillon, « Joie de croire, joie de vivre »). Et l’Amour Tout Puissant est respect infini de l’autre… Il ne fait rien sans son consentement: « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » demande un jour Jésus à un aveugle. « Rabbouni, que je recouvre la vue ! » lui répondit-il, « et aussitôt, il recouvra la vue » (Mc 10,46-52). Un autre jour, il vit un « homme, infirme depuis trente huit ans, » qui espérait être guéri par des rituels magiques… Il s’approcha et lui dit : « Veux-tu guérir ? » (Jn 5,1‑9). Dieu ne fera jamais en effet le meilleur pour nous sans notre consentement… « Je me tiens à la porte et je frappe ; si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai » (Ap 3,20)… Sinon, il restera à la porte et continuera à frapper…
Ici, les cœurs des chefs du Peuple, des soldats et de l’un des malfaiteurs resteront fermés. Et pourtant, Jésus leur a déjà manifesté la Toute Puissance de l’Amour en leur pardonnant (Lc 23,34). Et une fois ressuscité, c’est vers eux qu’il se tournera en premier pour leur offrir sa bénédiction, s’ils acceptent de se repentir (Ac 3,26). Le bon larron l’a fait et aussitôt il a été accueilli par l’Amour Tout Puissant, par une Miséricorde sans limite :
« Aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le paradis ».
DJF
33ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (St Luc 21, 5-19)
« Cela vous amènera à rendre témoignage. »
Plus on approche de la fin de l’année liturgique, et plus la liturgie nous parle de la fin du monde … non pas pour nous faire peur, au contraire, mais pour nous éveiller à ce que Jésus nous a promis : La Vie Éternelle !
Jésus profite de l’admiration des apôtres devant la beauté du Temple de Jérusalem pour leur dire : « Attention ! Ce que vous admirez ne durera pas ! Des jours viendront où il n’en restera pas pierre sur pierre : tout sera détruit. ». Et effectivement, trente-sept ans plus tard, le temple est détruit.
Inquiétude des apôtres : « Maître, quand cela arrivera-t-il ? Et quel sera le signe que cela est sur le point d’arriver ? »
Pas d’affolement, ce n’est pas pour tout-de-suite ! Et Jésus décline toute une série de malheurs … annonciatrice du meilleur !
Comme il l’avait déjà dit par ailleurs : « Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi. Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux. » (Mt 5,11-12).
Tous ces malheurs qui se passeront sur cette terre ne sont que la préfiguration du bonheur que nous aurons dans la Vie éternelle … à une condition : que nous soyons fidèles à la Parole du Christ. « Cela vous amènera à rendre témoignage », témoignage de l’amour de Dieu pour nous, en toutes circonstances … mais aussi témoignage de notre amour pour lui …
Et cela, c’est moins évident …
Pourtant, c’est un point essentiel pour tous les baptisés, et qui est repris dans l’intitulé du synode sur la synodalité : « Pour une Église synodale : Communion, Participation, Mission ».
Et la mission, ce n’est pas d’abord à l’étranger, loin de chez soi …
La mission, elle se fait là où l’on vit, d’abord : dans la famille, dans les lieux de travail ou d’études, dans le monde associatif, dans le sport … partout où nous rencontrons des personnes … « Soyez toujours prêts à rendre compte de l’espérance qui est en vous » (1P 3,16).
La mission, cela s’apprend, il existe des formations pour cela, et c’est sans doute plus facile quand on est plusieurs … on s’entraide, on peut se relayer, avec des points de vue divers …
Mais si cela s’apprend, cela ne suffit pas. Comme le dit le Père Etienne Grenet, responsable du pôle mission du diocèse de Paris : « On croit trop souvent qu’il faut avoir fait des années d’études pour parler de la foi. En réalité, il suffit de l’avoir pour qu’un autre puisse la recevoir. »
Oui … mais … ?
Mais on n’est pas seul : « C’est moi qui vous donnerai un langage et une sagesse à laquelle tous vos adversaires ne pourront ni résister ni s’opposer. », et c’est aussi vrai pour la défense que pour l’annonce de la foi !
« C’est par votre persévérance [dans la foi] que vous garderez votre vie », votre Vie Éternelle … bien sûr !
« La fin du monde, ce n’est pas notre affaire, mais celle du créateur de l’univers et de son Fils qui feront ce qu’il faut au bon moment, et pour le bien de tous. Nous, occupons-nous du présent en persévérant dans l’estime de la foi et en enfonçant dans notre caboche le mot de Charlie Chaplin : ’’La vie est merveilleuse si l’on n’en a pas peur’’. » (Père Michel-Marie Zanotti-Sorkine).
Que rien ne te trouble,
que rien ne t’épouvante.
Tout passe,
Dieu ne change pas.
La patience triomphe de tout.
Celui qui possède Dieu
ne manque de rien.
Dieu seul suffit
Sainte Thérèse d’Avila
Francis Cousin
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Image dim ord C 33°
33ième Dimanche du Temps Ordinaire – Homélie du Père Louis DATTIN
La « fin d’un monde »
Lc 21, 5-9
L’année liturgique est bientôt terminée. Vous savez que l’on recommence une autre année avec le 1er dimanche de l’avent qui se situe environ un mois avant Noël. Et traditionnellement, nos derniers dimanches ordinaires insistent sur le futur, sur ce que nous appelons « la fin du monde » et que j’appellerai plutôt « la fin d’ »un monde » et la naissance d’un « nouveau monde ».
Certains, pensant à cette fin du monde, sont affolés, ont peur ! Pour eux, « fin du monde » égale : catastrophes, ténèbres, panique générale et il est vrai que le Christ lui-même nous parle, pour ce moment-là, de guerres, de conflits, d’épidémies, de faits terrifiants et de grands signes dans le ciel. Or, le Christ nous dit : « Ne vous effrayez pas ! » Bien sûr, il faut que cela arrive ! Mais ce sera pour nous, chrétiens, l’occasion de « porter témoignage » et il ajoute : « Mettez-vous dans la tête que vous n’avez pas à préparer votre défense… que ce sera l’Esprit Saint qui vous inspirera un langage et une sagesse à laquelle vos adversaires ne pourront opposer ni résistances ni contradictions ». Saint Luc, d’ailleurs, met l’accent sur le caractère actuel de la crise, son caractère intérieur et il décourage les questions sur l’avenir.
La fin du monde n’est pas un lointain mystérieux : elle fait déjà partie de notre histoire, déjà le combat est engagé, autour de nous, et en nous, entre le bien et le mal, entre Jésus et Satan, entre la lumière et les ténèbres.
Déjà Jésus, par sa Passion et sa Résurrection, nous a dit comment tout se terminera : il y aura certes, comme pour lui, l’agonie, la passion, l’échec apparent du Vendredi Saint, mais surtout Pâques, et la victoire finale, …
La « fin du monde », ce sera la Passion de Jésus que nous vivrons à notre tour et aussi et surtout « le triomphe de la Résurrection », la vie définitive et glorieuse ; le mal étant écrasé une fois pour toutes…
Tout ce qui est arrivé à Jésus, nous arrivera à nous aussi : persécutions, trahison, mort… mais aussi la victoire dans la persévérance : « Par où est passé le maitre, le disciple passera aussi » et de même que nous ne pouvons pas séparer » la Passion » de « la Résurrection », nous ne pouvons pas non plus séparer les épreuves de la fin du monde d’avec son aboutissement heureux : son issue finale qui est la joie et le bonheur de tous dans un monde divin, enfin libéré du mal, du péché et de toute menace. C’est pourquoi, ce texte, aussi bien que celui de l’Apocalypse, est gorgé d’espérance et de sérénité.
Bien loin de nous affoler, ce temps, pour les chrétiens, est un « temps de grâce » et l’occasion de manifester davantage encore de notre foi et notre témoignage.
Aussi, Jésus nous donne-t-il quelques conseils applicables, non seulement pour « la fin des temps », mais pour tout temps, y compris le nôtre, conseils applicables dès aujourd’hui dans notre vie quotidienne.
Le 1er est « Ne vous laissez pas égarer » : à la fin des temps, comme maintenant, nous avons à discerner le « vrai » du « faux ». Il y a tellement de faux prophètes, de fausses théories, de propagandes, de mensonges, de publicités que les gens sont intoxiqués et qu’ils sont prêts à suivre n’importe qui, dans des sectes, des mouvements, des partis. On ne sait plus “où est la vérité ?”, “où est le faux ?” C’est ce que l’on appelle à présent : la « désinformation ». Systématiquement, on lance de fausses nouvelles pour désorienter d’abord et embrigader ensuite des populations entières. Nous, chrétiens, ayons de la jugeote, du sens critique et tout simplement du « bon sens » en jugeant d’après l’idéal que le Seigneur nous a proposé dans l’Evangile.
Le 2e conseil : « Ne vous effrayez pas » : bien sûr, les temps sont durs, et ils le seront encore ; il a des crises : morales encore plus qu’économiques. Mais pensons au cri de Saint Jean-Paul II : « N’ayez pas peur », ne cédez pas à la peur, ne paniquez pas, d’ailleurs la peur est pourvoyeuse de haine et de mal. A travers la dureté des temps, les nôtres et ceux de la fin, nous avons à faire confiance. La victoire est au bout, comme la Résurrection, celle du Christ et la nôtre. D’ailleurs Jésus ne nous a t-il pas dit : « Désormais, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps », et « s’il est avec nous, qui sera contre nous ? », uniquement les ennemis de Dieu. Il est vainqueur avec nous, alors qu’avons-nous à craindre ?
3e conseil relevé dans cet évangile : « Ne vous souciez pas de votre défense ». Dès que nous sommes en conflit, nous cherchons tout de suite quels sont les arguments que je vais avancer, quelles sont les preuves que je vais produire, quelles sont mes justifications personnelles. Là, le Seigneur nous dit :
« Ne vous en faites pas, ne préparez pas à l’avance une plaidoirie en votre faveur ».
Vous n’avez pas à préparer votre défense, vous aurez en vous « l’Esprit Saint » que l’on appelle aussi « le Paraclet » qui veut dire, en grec, l’avocat : un autre parlera pour vous et parlera bien mieux que vous ! Il mettra dans votre bouche, un langage qui sera bien supérieur au vôtre et auquel vos adversaires ne pourront pas répondre grand-chose…
4e remarque du Christ à notre égard, pour les temps difficiles : « Je vous inspirerai une sagesse ». Ce langage, cette sagesse n’est pas fixée une fois pour toutes : on ne la trouve dans aucun livre, elle vient en nos cœurs, « par l’Esprit Saint » et celui-ci le réinvente tout au long de l’histoire, s’adaptant à notre temps, à notre mentalité, à notre contexte historique. Si nous portons l’Esprit de Dieu en nous, celui-ci saura bien nous inspirer la conduite à tenir.
5e et dernière remarque adressée à tous les chrétiens : « C’est par votre persévérance que vous obtiendrez la vie ».
A travers toutes les crises, au travers de tous les évènements douloureux ou perturbés de notre monde, une seule chose nous fera tenir debout, une seule qualité nous fera traverser la tourmente : notre fidélité qui prouve la solidité de notre foi.
Il faut durer, persévérer, ne pas changer de cap ;
alors, nous arriverons, malgré les tempêtes,
jusqu’à la rive de Dieu. AMEN