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4ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (Lc 4, 21-30)

« Aucun prophète ne trouve

un accueil favorable dans son pays. »

 

Ce passage de l’évangile est la suite de celui de la semaine dernière, qui se terminait par la première phrase de celui d’aujourd’hui : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre. », c’est-à-dire, d’une certaine manière l’annonce que Jésus était le Messie attendu par Israël.

La réaction des personnes présentes à la synagogue va se faire en deux temps.

Dans un premier temps, les gens sont surpris, mais subjugués par la parole de Jésus : « Tous lui rendaient témoignage et s’étonnaient des paroles de grâce qui sortaient de sa bouche. ». Ils ne savent pas penser de Jésus. Ni pour ni contre, mais se posant des questions …

Jusqu’à ce que quelqu’un fasse remarquer : « Tu es bien le fils de Joseph ? On te connaît : tu as grandi parmi nous. D’où te viennent les paroles que tu nous as dites ? ». Ils ne connaissent de lui qu’une chose : son identité humaine, et n’arrivent pas à voir en lui son identité divine. C’est pourtant ce que signifiait son commentaire de la parole d’Isaïe.

On ne peut pas leur en vouloir :  si nous avions été à leur place, nous aurions certainement pensé comme eux.

La réponse de Jésus montre bien ce que pensaient les habitants de Nazareth : ils sont plus attirés par les prodiges qu’a pu faire Jésus à Capharnaüm que par sa parole par laquelle il se dit le Messie. Ce qu’ils auraient voulu, c’est du spectaculaire, du concret … et non pas des mots …

Alors Jésus va leur parler de prodiges, ou de miracles, non pas que lui a fait, mais que d’autres avant lui ont fait, des prophètes reconnus comme tels par les juifs …

D’abord la veuve de Sarepta, une étrangère, donc non-juive. C’est à elle que le prophète Elie alla demander de quoi manger pendant la famine, et elle accepta parce qu’elle avait cru à la parole dite par Elie au nom de Dieu : « Jarre de farine point ne s’épuisera, vase d’huile point ne se videra, jusqu’au jour où le Seigneur donnera la pluie pour arroser la terre. » (1R 17,14).

De même Naaman qui crut à la parole d’une jeune servante juive et alla vers Élisée pour se faire guérir de la lèpre.

Pourquoi ont-ils été guéris ? parce qu’ils avaient cru à une parole inspirée par Dieu, quel que soit le niveau de la personne : un prophète reconnu … et une humble jeune fille faite prisonnière …

Ce qui a vexé surtout les habitants de Nazareth, c’est que Jésus, un juif, leur rappelle des guérisons ou des miracles obtenus par des étrangers, des non-juifs, alors que quantité de juifs étaient dans le même cas et n’ont pas été guéris …

Que quelqu’un qui se dit le Messie attendu de tous les juifs (à demi-mots, mais c’était clair pour tous …) mette en avant la foi de non-juifs, ils ne l’ont pas supporté …

Et ils emmènent Jésus pour le précipiter dans un ravin …

« Mais lui, passant au milieu d’eux, allait son chemin. »

Qu’en retenir pour nous ?

D’abord que la foi ne se base pas sur le spectaculaire. Même si Jésus a fait des miracles importants, des résurrections par exemple, il ne l’a fait que parce que la foi était déjà présente, à des degrés divers, mais préexistante au miracle. Ce qui n’empêche pas que les miracles ont pu donner la foi à d’autres personnes …

Ensuite, Dieu veut que tous les humains soient heureux … et il ne regarde pas la nationalité ou la croyance d’une personne pour lui venir en aide, s’il perçoit une attente ou un soupçon de foi.

« Dieu est plus grand que notre cœur. » (1 Jn 3,20)

Enfin, on ne peut ’’commander’’ à Dieu de faire un miracle. On peut lui demander de faire un geste pour quelqu’un, … même rameuter d’autres personnes pour demander la même chose, insister, mais on ne peut l’obliger en quoi que ce soit. Le miracle est un don gratuit de Dieu.

Seigneur Jésus,

les gens de Nazareth

attendaient autre chose de toi

que de t’affirmer comme Messie.

Et tu ne pus faire aucun miracle.

Pour cela, il faut un peu de foi.

Augmente notre foi !

 

                                     Francis Cousin

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4ième Dimanche du Temps Ordinaire – par le Diacre Jacques FOURNIER (Lc 4,21-30)

L’Esprit Saint rend témoignage à Jésus 

En ce temps-là, dans la synagogue de Nazareth, après la lecture du livre d’Isaïe, Jésus déclara : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre. »
Tous lui rendaient témoignage et s’étonnaient des paroles de grâce qui sortaient de sa bouche. Ils se disaient : « N’est-ce pas là le fils de Joseph ? »
Mais il leur dit : « Sûrement vous allez me citer le dicton : “Médecin, guéris-toi toi-même”, et me dire : “Nous avons appris tout ce qui s’est passé à Capharnaüm ; fais donc de même ici dans ton lieu d’origine !” »
Puis il ajouta : « Amen, je vous le dis : aucun prophète ne trouve un accueil favorable dans son pays.
En vérité, je vous le dis : Au temps du prophète Élie, lorsque pendant trois ans et demi le ciel retint la pluie, et qu’une grande famine se produisit sur toute la terre, il y avait beaucoup de veuves en Israël ;
pourtant Élie ne fut envoyé vers aucune d’entre elles, mais bien dans la ville de Sarepta, au pays de Sidon, chez une veuve étrangère.
Au temps du prophète Élisée, il y avait beaucoup de lépreux en Israël ; et aucun d’eux n’a été purifié, mais bien Naaman le Syrien. »
À ces mots, dans la synagogue, tous devinrent furieux.
Ils se levèrent, poussèrent Jésus hors de la ville, et le menèrent jusqu’à un escarpement de la colline où leur ville est construite, pour le précipiter en bas.
Mais lui, passant au milieu d’eux, allait son chemin.

 

  

            « Dieu est Amour », nous dit St Jean (1Jn 4,8.16), une affirmation valable pour chacune des Trois Personnes divines : le Père, le Fils et l’Esprit Saint…

            Le Père est donc Amour : « Le Père aime le Fils et il a tout donné, il donne tout, en sa main » (Jn 3,35). C’est peut-être de ce verset que Ste Thérèse de Lisieux s’est inspirée lorsqu’elle a écrit : « Aimer, c’est tout donner et se donner soi-même », un principe à appliquer pour Dieu au pied de la lettre… Le Père est Lumière ? Il aime le Fils et lui donne tout : « Tout ce qu’a le Père est à moi » (Jn 16,15). Le Fils sera donc lui aussi « Lumière » en tant qu’il est « Lumière né de la Lumière », et cela « avant tous les siècles »…

            Mais si « Dieu est Amour » et si le Fils est « vrai Dieu né du vrai Dieu », il sera donc lui aussi Amour. Sur la base de ce Don qu’il reçoit du Père, il va donc aimer, et « aimer, c’est tout donner et se donner soi-même »… Le Père aime, il se donne, il engendre le Fils… Le Fils unique-engendré aime, il se donne et du Don du Père et du Fils « procède » « l’Esprit Saint qui est Seigneur » et qui « reçoit même adoration et même gloire » comme nous le confessons dans notre Crédo. Le Fils est « de même nature que le Père » en tant qu’il se reçoit du Père depuis toujours et pour toujours ? Il en sera de même de « l’Esprit Saint » en tant qu’il se reçoit, Lui, du Père et du Fils depuis toujours et pour toujours…

            Mais si « Dieu est Amour », l’Esprit Saint lui aussi est « Amour », et « aimer, c’est tout donner et se donner soi-même ». L’Esprit Saint Personne divine est donc tout entier Don de Lui-même, de ce qu’il est en Lui-même. Or, « Dieu est Esprit », nous dit Jésus (Jn 4,42), et « Dieu est Saint » (Lv 11,44). Notons ici, à la différence du nom propre « Esprit Saint » qui désigne une Personne divine unique, que les deux mots « Esprit » et « Saint » sont employés en tant que nom commun et adjectif pour nous dire ce que Dieu est en lui-même : sa nature divine… « L’Esprit Saint » Personne divine donne donc « l’Esprit Saint » nature divine… « L’Esprit Saint se cache derrière ses dons » (P. Y. Congar).

            Telle est toute l’œuvre de « l’Esprit Saint » Personne divine. Et c’est ainsi qu’il rend témoignage à Jésus. Le Fils nous parle de la Vie éternelle ? Au même moment, l’Esprit Saint nous donne cette Vie éternelle en nous communiquant « l’Esprit » nature divine, « l’Esprit qui vivifie » (Jn 6,63)… Quiconque ouvre son cœur à Jésus et à sa Parole, ne pourra donc qu’accueillir au même moment cet Esprit qui est Vie… Voilà ce qu’ont vécu ici les auditeurs de Jésus, et plus tard St Pierre : « Tu as les Paroles de la vie éternelle »…




4ième Dimanche du Temps Ordinaire – Homélie du Père Louis DATTIN

A la synagogue de Nazareth

Lc 4, 21-30

S’il y a un village où Jésus va pouvoir se trouver à l’aise pour prêcher, c’est dans son village, c’est à Nazareth. Là, il connaît tout le monde. Il y a les voisins, les amis, les copains de Joseph le charpentier, les amies de Marie, celles avec qui elles parlent à la fontaine, tous les jeunes de la génération de Jésus, qui toutes les semaines, à la synagogue, apprenaient par cœur la Loi et les prophètes. , il a toujours vécu et on connaît bien Jésus, on l’a vu grandir parmi nous, faire ses 1ers pas, jouer à la toupie, discuter avec les jeunes de son âge sur la place du village. Combien de fois l’a-t-on vu passer avec une poutre sur l’épaule rejoindre le chantier de Joseph à qui il donnait un coup de main.

Aussi se réjouit-on de le revoir, d’autant plus qu’on a entendu dire des choses sur lui, depuis qu’il est parti. Il parait que, maintenant, c’est un grand prophète. Un gars de Nazareth, de notre bled, on se met à l’écouter, ailleurs, avec respect, avec attention et puis, ce n’est pas tout ! Il fait aussi des miracles : on dit qu’il a guéri un paralytique, qu’il fait entendre les sourds, parler les muets. Alors, vous pensez, ici, dans son propre village, ça va être la fête : il n’y aura plus que les bien-portants ; ici, il va se trouver à l’aise uniquement avec des gens qu’il connaît, des amis, des cousins, des oncles, des tantes !

Et de fait, au début, ça se passe bien. Jésus déclare à la synagogue : « Cette parole de l’Ecriture que vous venez d’entendre, c’est aujourd’hui qu’elle s’accomplit ».

Tout le monde est content : « Tous lui rendent témoignage et ils s’étonnaient du message de grâce qui sortait de sa bouche » et ils se demandaient : « N’est-ce-pas le fils de Joseph ? » Ils admirent, mais ils s’étonnent…

  • Quand on croit bien connaitre quelqu’un, qu’on s’en est fait une idée, qu’on lui a mis une étiquette sur le dos, « qu’on en a fait le tour » comme on dit : il est très difficile ensuite de réformer son jugement, de changer d’opinion et de se dire : « Eh non ! Ce n’est pas celui que je croyais ». On préfère s’en tenir à l’idée de lui, qu’on avait avant. A Nazareth, on avait réduit Jésus à ce qu’on voyait extérieurement de lui: on en avait déjà une idée définitive et toute faite.

Il  était « comme  ça » et « pas  autrement ». Ils  se  demandaient: « N’est-ce pas le fils de Joseph, le charpentier? » On l’avait bien étiqueté.

N’avons-nous pas, dans notre religion à nous, une idée un peu trop toute faite de Jésus, de Marie, de Dieu, de l’Esprit ?

Est-ce-que nous ne nous sommes pas faits dans notre tête une idée de Dieu qui, justement, n’est pas Dieu lui-même et ne sommes- nous pas choqués, à notre tour, en lisant l’Evangile ou en voyant vivre un autre chrétien, par une exigence, par un comportement, par un geste qui sort de l’ordinaire, c’est-à-dire de notre ordinaire à nous, de tout le cadre religieux habituel que nous nous sommes fixés ? Attention, notre religion n’est surtout pas une habitude, une routine, des gestes que l’on fait tous les jours ou toutes les semaines.

Alors, nous devenons, nous aussi, des traditionnalistes c’est-à-dire que nous avons bâti notre culte sur tout un échafaudage humain, de rites, de dévotions, de neuvaines, de prières toutes faites, de dates, d’habitudes religieuses qui remplacent peu à peu ce que le Christ appelle la «“ Religion en Esprit et en Vérité”».

  • Pourquoi le Concile Vatican II a-t-il été si mal accepté par certains ? Tout simplement parce qu’il dérangeait nos petites habitudes, nos circuits bien programmés, nos exercices de piété bien cadrés. Ce fut le souffle de l’Esprit dans une fourmilière.

Vous voyez l’affolement : « On nous change la Religion ».

Ce n’est jamais drôle de changer quoi que ce soit : d’appartement, de métier, de famille, d’époque et même d’emploi du temps et c’est si commode de continuer à faire comme on a déjà fait, comme on a toujours fait. Pas facile de se relancer de nouveau dans l’aventure, dans l’inconnu !

Or, Dieu, Jésus-Christ, sont des aventuriers et si nous nous mettons à  leur  suite, la  vie  ne  sera  pas tranquille. Si vous avez une petite vie tranquille, bien balisée, bien calme, bien douillette : c’est mauvais signe, c’est signe que vous ne suivez pas Jésus-Christ, que vous n’écoutez pas ou que vous n’entendez pas, ce qui est plus grave, ses demandes précises :

*  « Celui qui veut me suivre qu’il prenne sa croix et qu’il vienne »

*  « Qu’il quitte sa maison, son frère, sa mère et celui qui ne la quitte pas n’est pas digne de moi »

*  « Va, vends tous tes biens et suis-moi »

*  « Celui qui met la main à la charrue et qui regarde en arrière n’est pas digne de moi »

Etre chrétien, c’est entrer dans une aventure, dans l’incertain, dans le provisoire, dans le périlleux quelquefois.

L’Evangile peut être une catapulte qui peut nous envoyer loin, très loin de l’endroit où nous souhaitons atterrir.

L’Evangile est difficile, exigeant. Il nous arrache à tous nos conditionnements, à tous nos réseaux de routine et à toutes nos ornières.

               A Nazareth, Jésus s’était peut-être dit: « Ici, tout va être facile, commode, ils me  connaissent,  je  les  connais,  c’est   conquis  d’avance » et c’est le contraire qui s’est passé. « A ces mots, dans la  synagogue, tous devinrent furieux  », d’autant plus furieux qu’ils s’étaient déjà fait une idée sur lui et que ce n’était pas la bonne : « ils se levèrent et poussèrent Jésus hors de la ville ». C’est « hors de la ville » aussi que Jésus est mort sur une croix parce qu’il ne pensait pas comme les autres, parce qu’il était porteur d’un message trop exigeant où il aurait fallu se remettre en question et changer quelque chose dans sa vie. Combien de fois, n’avons-nous pas dit, en voyant quelqu’un qui prenait son Evangile au sérieux et qui voulait le vivre dans sa vie quotidienne : « Oh ! Il  exagère ! », « Dieu  n’en  demande  pas tant ! » Et si Dieu, justement, en demandait plus ? Et si ce que nous appelons « exagération » n’était que le « plus » de l’Evangile qui est demandé à chaque chrétien ?

Martin Luther King a-t-il exagéré ? Et Mère Theresa ? Et sœur Emmanuelle dans les ordures de la ville du Caire et l’abbé Pierre avec ses chiffonniers d’Emmaüs et Jean Vanier avec ses villages d’handicapés mentaux. « Ils exagèrent » et c’est en exagérant, en poussant un peu plus loin, que l’Evangile se met en place, que le monde ne s’endort pas dans la facilité, qu’il voit devant lui des prophètes capables d’entraîner les autres dans une aventure qui nous fait peur.

Nous aussi, comme Jésus, sortons de Nazareth, sortons du mesquin et du village aux idées toutes faites, sortons des jugements tout faits et préétablis, sortons de nos ornières.

Un vrai chrétien, qui met et qui prend la doctrine de l’Evangile vraiment au sérieux, celui-là, sera jugé sévèrement par les autres qui n’ont pas le courage d’en faire autant. C’est si dur de changer, de se  recycler, surtout  spirituellement !
Or, nous en avons toujours besoin. Le chrétien qui a fait de sa religion un siège confortable n’a plus qu’à se lever et partir à la recherche d’un autre chemin qui, celui-là, sera difficile, malaisé, mais qui mène à Dieu.

  • « Il est difficile, pierreux, malaisé, plein d’épines, le chemin qui conduit au Royaume, tandis que la route de perdition est large, goudronnée, balisée »

En cette approche du Carême, qui doit devenir un passage, un changement sérieux nous sera proposé : celui de Pâques où nous aurons à mourir à une vie facile. La Passion avec Jésus-Christ nous conduit à une Résurrection pour nous aussi… cela ne se fera pas sans dommage, cela ne se fera pas sans courage. « Ils le menèrent jusqu’à un escarpement pour le précipiter en bas ».

Les médiocres ne pardonnent jamais les efforts de ceux qui voient plus large, qui voient plus loin. Ils feront tout pour nous faire basculer. Il faut voir comment, actuellement, l’Eglise est critiquée par ceux qu’elle gêne : les vendeurs de pilules, les avorteurs, les manipulateurs d’embryons, les affairistes magouilleurs, les tricheurs et les menteurs gênés dans leurs entreprises, ils voudraient bien mener le christianisme jusqu’à un escarpement pour le jeter en bas. « Mais lui, passant au milieu d’eux, allait son chemin ».

Nous aussi, frères, sœurs, « allons  notre chemin »,

selon notre conscience, selon l’appel du Christ qui voit plus large, qui voit plus loin.  AMEN




3ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (Lc 1,1-4 ; 4,14-21)

« L’Esprit du Seigneur est sur moi. »

 La première lecture de ce jour relate la ’’prise de possession’’ de la Loi par le peuple hébreu lors du retour de l’exil à Babylone, et la ’’réunification’’ avec ceux qui étaient restés à Jérusalem. Cette assemblée était formée de tous ceux qui étaient en âge de comprendre, hommes, femmes et enfants. Lecture solennelle, avec le prêtre Esdras juché sur une estrade qui dominait l’assemblée, et toute la foule debout qui écoutait et acquiesçait ; des scribes traduisaient (car tous se parlaient plus la même langue) et les lévites expliquaient cette parole.

Et tous comprenaient. Mais pour cela il fallait plusieurs intermédiaires entre Esdras qui lisait et le peuple : les traducteurs et ceux qui expliquaient. (Comme cela se faisait avant le concile Vatican II). La parole ne pouvait pas être comprise directement.

Quand Jésus revient à Nazareth, le village qui l‘avait vu grandir, il va comme à son habitude à la synagogue le jour du sabbat. Ce jour-là, « dans la puissance de l’Esprit », après avoir chanté les psaumes, il se lève pour faire la lecture. Dans le livre d’Isaïe, il choisit le passage où il est écrit : « L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres … ». Jusqu’ici, ça va … mais vient le moment de l’explication du texte, un des sermons les plus courts qu’on puisse entendre : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre. ».

L’actualisation du passage de l’ancien testament n’a pas vraiment plu à tout le monde … et on le comprend facilement, parce qu’ils n’avaient pas les clefs de compréhension … Ils ne pouvaient pas accepter que quelqu’un s’affirme comme le Messie que les juifs attendaient, surtout quelqu’un qu’ils avaient vu grandir.

 Il manquait aux auditeurs deux choses essentielles qui ne viendront que plus tard : la résurrection de Jésus, et surtout la Pentecôte et la venue de l’Esprit Saint sur les apôtres puis sur ceux qui demandaient le baptême.

Là aussi, la Parole de Jésus ne pouvait pas être comprise directement … il fallait qu’elle soit expliquée … grâce à l’Esprit Saint.

Ce qu’a dit Jésus, nous devons de le faire connaître à quelques-uns qui, comme Luc, « ont entrepris de composer un récit des événements qui se sont accomplis parmi nous … »

C’est grâce à cela que la Parole de Jésus est venue jusqu’à nous …

Et il ne faut pas que cela s’arrête ! Il nous faut prendre le relais … pour que cette Bonne Nouvelle apportée par Jésus continue à être connue et surtout vécue …

Nous devons être des témoins, même si nous ne sommes pas témoins oculaires … mais des témoins auditifs de la Parole proclamée, ou des témoins visuels de la Parole lue !

Mais pour cela, il nous faut recevoir l’Esprit Saint en nous, suivre l’Esprit Saint, vivre de l’Esprit Saint

De manière à ce qui nous puissions dire : « Un petit peu de l’Esprit Saint m’éclaire », mais pas seulement, que nous puissions dire aussi : « Un petit peu de l’Esprit Saint éclaire chacun de nous ».

Et si on met ensemble tous ces « petit peu », cela forme un grand tout : l’Église.

Cette Église dont nous parle la deuxième lecture sous la forme d’un corps, constitué de beaucoup de membres, avec chacun sa particularité, son talent, son charisme … « il y a plusieurs membres, et un seul corps. », mais « Tous, nous avons été désaltérés par un unique Esprit. »

Il est important de relire ce passage en ce moment, quand le pape François a demandé que le prochain synode commence par une consultation de tous les baptisés. Tous membres du corps du Christ, nous avons tous notre mot à dire ! Et il serait dommage de ne pas le faire.

Rappelons les trois mots-clefs de ce synode : communion ; participation ; mission.

Communion, parce que nous sommes tous membres d’un même corps.

Participation, parce qu’il est important que chacun puisse s’exprimer et dire ce qu’il lui semble important de vivre en Église, quelle que soit sa position dans l’Église.

Mission, parce que c’est la demande que Jésus à faite à ses disciples : « Allez ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit » (Mt 28,19).

Seigneur Jésus,

Toi le Verbe de Dieu,

ta Parole a été transmise jusqu’à nous

par divers canaux,

selon les moyens de chacun.

Fais que nous puissions continuer à la porter,

à l’apporter,

par nos paroles et par nos actes,

pour que grandisse ton Église.

 

                                     Francis Cousin

Pour accéder à la prière illustrée, cliquer sur le lien suivant : Image dim ord C 3°




3ième Dimanche du Temps Ordinaire – par le Diacre Jacques FOURNIER (Lc 1,1-4 ; 4,14-21)

 » La Bonne Nouvelle du Pardon  « 

Beaucoup ont entrepris de composer un récit des événements qui se sont accomplis parmi nous, d’après ce que nous ont transmis ceux qui, dès le commencement, furent témoins oculaires et serviteurs de la Parole.
C’est pourquoi j’ai décidé, moi aussi, après avoir recueilli avec précision des informations concernant tout ce qui s’est passé depuis le début, d’écrire pour toi, excellent Théophile, un exposé suivi, afin que tu te rendes bien compte de la solidité des enseignements que tu as entendus.
Lorsque Jésus, dans la puissance de l’Esprit, revint en Galilée, sa renommée se répandit dans toute la région.
Il enseignait dans les synagogues, et tout le monde faisait son éloge.
Il vint à Nazareth, où il avait été élevé. Selon son habitude, il entra dans la synagogue le jour du sabbat, et il se leva pour faire la lecture.
On lui remit le livre du prophète Isaïe. Il ouvrit le livre et trouva le passage où il est écrit :
‘L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs leur libération, et aux aveugles qu’ils retrouveront la vue, remettre en liberté les opprimés, annoncer une année favorable accordée par le Seigneur.’
Jésus referma le livre, le rendit au servant et s’assit. Tous, dans la synagogue, avaient les yeux fixés sur lui.
Alors il se mit à leur dire : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre. ».

 

  

            Au baptême de Jésus, son Mystère de Fils avait commencé à se révéler : « Le ciel s’ouvrit, et l’Esprit Saint descendit sur lui », un Esprit donné en fait depuis toujours et pour toujours par le Père qui l’engendre ainsi en Fils, « né du Père avant tous les siècles, Dieu né de Dieu »… « L’Esprit du Seigneur est sur moi », dit-il ici en citant le prophète Isaïe…

            Comblé de toute éternité par le Père, le Fils ne va pas cesser de lui rendre témoignage. « Jésus tressaillit de joie sous l’action de l’Esprit Saint et dit : « Je te bénis, Père, Seigneur du ciel et de la terre » (Lc 10,21-22)… Ah, « si tu savais le Don de Dieu ! » (Jn 4,10). « Je vis par le Père », car « c’est l’Esprit qui vivifie » (Jn 6,57.63)… « Recevez l’Esprit Saint » (Jn 20,22) ! Telle est « la Bonne Nouvelle » de ce Dieu Père, Amour et Don de Lui-même qu’il est venu nous révéler afin que nous vivions nous aussi, dès maintenant et le plus pleinement possible, de cette Vie qui ne cesse de jaillir du Père de toute éternité…

            Mais en se détournant de Dieu, l’humanité a abandonné sa Source de Vie (Jr 2,13), et elle s’est privée elle-même de cette Plénitude de Vie que Dieu veut voir régner dans tous les cœurs (Rm 3,23). Que ses enfants ne soient pas pleinement heureux, qu’ils connaissent la souffrance, l’angoisse, la détresse par suite de leurs fautes (Rm 2,9), voilà ce que Dieu ne supporte pas : « Dieu a tant aimé le monde… qu’il a envoyé son Fils dans le monde non pas pour condamner le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui… Dieu veut que tous les hommes soient sauvés » (Jn 3,16-17 ; 1Tm 2,4-6).

            Toute la mission du Fils est donc de travailler à cette réconciliation des hommes avec Dieu en leur offrant gratuitement, par amour, le pardon de toutes ces fautes par lesquelles il se sont eux-mêmes privés de la Plénitude de sa Vie (Rm 6,23). Serons-nous assez « pauvres » de cœur pour reconnaître nos misères ? Ne sommes-nous pas tous « prisonniers » de tel ou tel mal qui nous « opprime » en fait, en ne nous apportant jamais le bonheur espéré ? Lui, il est venu nous offrir la « libération », la « liberté », un même mot grec, ἄφεσις, répété ici deux fois et qui partout ailleurs sera traduit par « pardon » (Lc 1,77 ; 3,3 ; 24,47)… L’accepterons-nous en vérité ? Car « celui qui fait la vérité » sur ses misères « vient à la Lumière » du « Père des Miséricordes » qui « exerce la Miséricorde en rayonnant de joie », heureux de ce vrai Bonheur qu’il sait pouvoir nous donner pour notre plus grande joie (Jn 3,21 ; 2Co 1,3 ; Rm 12,8 ; So 3,16-18 ; Jn 15,11 ; 17,13) !    DJF




3ième Dimanche du Temps Ordinaire – Homélie du Père Louis DATTIN

 Parole de Dieu et Unité

Lc 1, 1-4 ; 4, 14-21

Deux idées forces traversent aujourd’hui, frères et sœurs, les textes de notre liturgie :

– la 1ère : l’importance de la Parole de Dieu pour la vie d’un chrétien ;

– la 2e : cette Parole de Dieu doit nous unifier, devenir le lieu de notre unité, la force convergente de nos rencontres entre les différentes religions chrétiennes.

+ La Parole de Dieu : Dieu en effet nous parle, je prends ce verbe au présent. Il est vrai que Dieu « a parlé » à travers les siècles et la Bible est le reflet de toutes ces époques où Dieu est intervenu pour s’adresser aux hommes. Mais si Dieu a parlé, sa Parole reste toujours au présent. Il continue, par ces paroles du passé, à s’adresser aux hommes d’aujourd’hui et à ceux de demain.

La Parole de Dieu, bien qu’inscrite, datée à une époque déterminée, est toujours actuelle, toujours présente. Le Christ nous le rappelle dans la synagogue de Nazareth :

« Ayant refermé  le  livre, Jésus le rendit au servant et s’assit. Tous dans la synagogue avait les yeux sur lui. Alors, il se mit à leur dire : « Cette  Parole  de  l’écriture, c’est  aujourd’hui qu’elle s’accomplit  » » : et c’est encore vrai !

La Parole de Dieu, c’est aujourd’hui qu’elle s’adresse à nous. Elle n’est pas un souvenir, un retour sur le passé. Dieu, par sa Parole, dans son message, par la Bible, par l’Evangile ne s’adresse pas aux hommes d’hier. C’est à nous, mes frères, bien à nous, que  Jésus parle  quand  le  lecteur  ou le prêtre se met à dire le message du Seigneur.

 

La Parole de Dieu n’est : ni une archive que l’on consulte, ni un document que l’on étudie, pas même un livre que l’on ouvrirait comme n’importe quel livre.

 

 

 

. Elle est Dieu qui, à chaque fois, veut me dire quelque chose, à moi, aujourd’hui et maintenant ;

. Elle est parole vivante qui désire modifier ma vie d’aujourd’hui et de maintenant ;

. Elle est lumière qui doit éclairer mon existence ;

. Elle est une force qui doit m’engager à me convertir, à changer, dans ma vie, tout ce qui m’éloigne de lui ;

. Cette parole est une route que je dois suivre si je veux aller jusqu’à lui.

Si, pendant longtemps, et encore maintenant, des chrétiens n’ont pas été à la hauteur du programme que leur traçait le Christ, c’est, peut-être, tout simplement, parce qu’ils n’ont pas assez écouté, réfléchi, ruminé la Parole de Dieu, et surtout parce qu’ils ne l’ont pas assez mis en liaison avec leur vie personnelle. Pour un chrétien, il doit y avoir sans cesse confrontation entre ce que Dieu me dit par sa Parole et ce que je fais dans ma vie.

La messe, mes frères, vous le savez, comprend 2 parties bien nettes et bien distinctes, quoique complémentaires.

La 1ère partie : c’est la liturgie de la Parole. Dieu me parle par trois messages différents :

l’un extrait de la Bible ; l’autre extrait  d’une lettre d’apôtre ;

le 3e, l’Evangile, la Parole du Christ lui-même.

Ces 3 messages me sont adressés à moi, chaque dimanche.

Elle est le désir de Dieu sur moi pour la semaine à venir. Cette Parole doit me pénétrer à tel point que, peu à peu, dimanche après dimanche, je  m’imprègne de cette parole à ce point que c’est elle qui me guide, que c’est elle qui m’éclaire.

C’est elle qui va me déterminer dans les choix quotidiens que j’aurais à faire pour les jours à venir.

De là, je tirerai une conclusion très pratique et préliminaire : faisons attention à la qualité de la proclamation de nos lectures, qualité de la lecture elle-même. Il FAUT que le lecteur prépare le texte qu’il va proclamer aux autres. S’il n’a pu le faire, qu’il lise lentement, distinctement, en prenant son temps pour qu’elle puisse atteindre ceux à qui elle est adressée.

Qualité aussi de l’écoute de ceux qui, dans l’assistance, doivent être les récepteurs, les auditeurs de cette Parole.

Ces moments de lecture devraient être des temps forts, des moments intenses où lecteurs et auditeurs, dans un silence total, dans un climat de méditation et de recueillement, entendent Dieu parler. On écoute le Christ nous dire quelque chose pour notre vie.

+ 2e idée force de ces textes d’aujourd’hui, c’est l’unité des chrétiens. Nous célébrons aujourd’hui, mes frères, ce que l’on appelle le dimanche, la semaine de l’unité, dimanche qui se trouve dans cette semaine de prières où tous les chrétiens, qu’ils soient catholiques, protestants, anglicans, orthodoxes supplient Dieu d’effacer leurs divisions, de réaliser enfin de nouveau cette unité tant désirée par Jésus lorsqu’il disait, la veille de sa mort :

« Père, que tous soient un, comme toi, Père, tu ne fais qu’un avec moi ».

Saint-Paul, dans la deuxième lecture, nous rappelle que unité ne veut pas dire uniformité. Dans le corps humain, chaque membre a sa fonction. Chacun a son rôle à jouer dans l’Eglise. Encore faut-il qu’il n’y ait pas plusieurs Eglises, que le corps du Christ ne soit pas démembré.

Tous, dans vos communes, vous avez assisté ou vous avez entendu parler de  » remembrement ». Une exploitation agricole n’est viable, que si elle est d’un seul tenant et n’est pas parcellisée et disséminée à droite et à gauche.

L’Eglise du Christ, elle aussi, est viable, parce qu’elle est le Corps mystique du Christ, que si tous, nous faisons un, en lui, avec lui, rattachés à lui et coopérants tous ensemble sous la direction de Jésus, Tête de ce Corps, à une œuvre commune. De gros progrès en 150 ans ont été déjà réalisés pour cette unification de toutes les familles chrétiennes en un seul Corps, grâce à des efforts continus et une plus grande ouverture d’esprit. Des dialogues se sont instaurés, des réunions, des réalisations et surtout des prières communes adressées au Père commun de tous les baptisés. Il n’est plus rare de voir célébrer ensemble catholiques, protestants, orthodoxes, anglicans dans une même liturgie.

La dernière réalisation de ce vouloir d’unité a été l’édition d’une Bible reconnue par tous et fruit du travail de tous : la Bible œcuménique appelée plus souvent « TOB » (Traduction œcuménique de la Bible). Et c’est là que nous en revenons à la Parole de Dieu et à son importance : pouvoir écouter cette Parole avec les mêmes mots, avec les mêmes interprétations, pouvant dire le  » Notre Père  » dans les mêmes termes.

Si chacun de nous, qu’il soit catholique, protestant, orthodoxe, anglican  prend  cette Parole  de Dieu  au sérieux, s’il  la met en pratique, s’il en fait sa conduite de vie, comment voulez-vous qu’un jour, peut-être plus proche que nous l’envisageons, une unité de fait ne se produise pas entre frères autrefois séparés ? Cette parole du Seigneur est le ciment qui rassemble et qui maintient tous les chrétiens dans le même esprit, dans la même action, dans un même amour : celui de l’Esprit-Saint qui est avant tout  » Esprit d’amour « .  AMEN




2ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (Jn 2, 1-11)

« Mariage … signe d’une alliance … »

 

« Il y eut un mariage à Cana de Galilée. La mère de Jésus était là. Jésus aussi avait été invité au mariage avec ses disciples. »

Saint Jean est le seul des évangélistes à parler de ce mariage, qui a lieu tout au début de son évangile. On ne connaît pas le nom des mariés, s’ils avaient un lien de parenté avec Marie et Jésus, le nombre d’invités … Rien. La seule chose qu’on connaisse, c’est que c’était à Cana, une petite bourgade proche de Nazareth …

Pourquoi ce récit ? Les paroles de Jean sont souvent symboliques. Or, ce passage commence par « Le troisième jour », … et pourquoi pas le quatrième ou le sixième, cela ne changerait rien au récit ?

C’est donc que cette indication est symbolique.

Que s’est-il passé avant ? Premier jour : Jean Baptiste reçoit des prêtres et des lévites de Jérusalem. Deuxième jour : Jésus vient vers Jean Baptiste. Troisième jour : André et son compagnon suivent Jésus où il demeurait, et André amène son frère Simon-Pierre à Jésus. Quatrième jour : Jésus part pour la Galilée avec ses disciples : André, Pierre, Philippe et Nathanaël, et sans doute Jean, le compagnon d’André.

Quatre jours, plus trois jours, cela fait sept jours, une semaine. Or, le septième jour est le jour où Dieu se reposa de la création qu’il avait faite : « Et Dieu bénit le septième jour : il le sanctifia. » (Gn 2,3)

Un autre symbole, plus évident, c’est le troisième jour que Jésus est ressuscité. Cela veut dire que tout ce qui va se passer à Cana doit être compris à la lumière de ce qui va se passer pendant la Passion et la résurrection de Jésus.

Un mariage, c’est le signe d’une alliance entre une femme et un homme, pour le reste de leur vie. À Cana, au bout d’un certain temps (Les noces duraient alors jusqu’à une semaine), le vin manqua. Marie s’en rendit compte, et elle le signala à Jésus, qui répondit d’une manière que l’on peut dire surprenante : « Femme, que me veux-tu ? Mon heure n’est pas encore venue. ».

Et il faudra attendre le soir du jeudi saint pour que Jésus dise : « Père, l’heure est venue. Glorifie ton Fils. (…) et moi, je viens vers toi. » (Jn 17,1.11), juste avant la Passion.

Marie respecte le refus de Jésus, mais elle dit aux serviteurs : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le. ».

Jésus, sans doute après avoir demandé à son Père ce qu’il devait faire, dit aux serviteurs : « Remplissez d’eau les jarres. ». C’étaient des « jarres de pierre pour les purifications rituelles des Juifs », et une fois remplies, l’eau devint du vin, de l’excellent vin !

Jésus a supprimé l’eau pour les purifications par du vin, le vin qu’il présenta la veille de sa passion comme « le sang de l’alliance nouvelle et éternelle qui sera versé pour vous et pour la multitude en rémission des péchés ».

Cette suppression de l’eau de purification montre qu’une page va être tournée, ce qui compte maintenant, c’est le sang de l’alliance. On passe d’une prescription de l’ancien testament à une nouvelle prescription à venir à la fin de la vie de Jésus : le soir de sa résurrection, Jésus dit aux apôtres : « Recevez l’Esprit Saint. À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus. » (Jn 20,22-23). La purification rituelle, purement formelle, est remplacée par une décision extérieure sous couvert de l’Esprit Saint : la confession. On est dans le Nouveau Testament.

Ce sang de l’alliance, c’est le sang qui coula du côté de Jésus quand le soldat y enfonça sa lance : « Et aussitôt, il en sortit du sang et de l’eau. ». (Jn 19,34).

À Cana, Jésus transforma l’eau en vin. Lors de sa Passion, le vin devient son sang, source de vie éternelle.

Cette alliance nouvelle et éternelle, c’est l’alliance entre Jésus et le peuple de Dieu, scellée par la mort et la résurrection de Jésus, rappelée à chaque eucharistie : « Heureux les invités au repas des noces de l’Agneau ! » (Ap 19,9), comme nous le rappelle le nouveau missel romain, où tous sont invités : les chrétiens … et ceux qui ne le sont pas encore …

Seigneur Jésus,

le premier signe que tu fais

pour inaugurer ta vie publique

est un signe de joie :

tu donnes le vin

qui réjouit le cœur de l’homme,

et en même temps, tu prépares

ce qui arrivera à ton heure :

le don de ta vie pour sceller

une nouvelle alliance éternelle

entre toi et ton peuple.

C’est le bon vin

que tu as gardé jusqu’à maintenant.

 

                                     Francis Cousin

 

 

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2ième Dimanche du Temps Ordinaire – par le Diacre Jacques FOURNIER (Jn 2, 1-12).

 » Le bon vin de l’Esprit « 

(Jn 2,1-12)

En ce temps-là, il y eut un mariage à Cana de Galilée. La mère de Jésus était là.
Jésus aussi avait été invité au mariage avec ses disciples.
Or, on manqua de vin. La mère de Jésus lui dit : « Ils n’ont pas de vin. »
Jésus lui répond : « Femme, que me veux-tu ? Mon heure n’est pas encore venue. »
Sa mère dit à ceux qui servaient : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le. »
Or, il y avait là six jarres de pierre pour les purifications rituelles des Juifs ; chacune contenait deux à trois mesures, (c’est-à-dire environ cent litres).
Jésus dit à ceux qui servaient : « Remplissez d’eau les jarres. » Et ils les remplirent jusqu’au bord.
Il leur dit : « Maintenant, puisez, et portez-en au maître du repas. » Ils lui en portèrent.
Et celui-ci goûta l’eau changée en vin. Il ne savait pas d’où venait ce vin, mais ceux qui servaient le savaient bien, eux qui avaient puisé l’eau. Alors le maître du repas appelle le marié et lui dit : « Tout le monde sert le bon vin en premier et, lorsque les gens ont bien bu, on apporte le moins bon. Mais toi, tu as gardé le bon vin jusqu’à maintenant. »
Tel fut le commencement des signes que Jésus accomplit. C’était à Cana de Galilée. Il manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui.

 

       Dans l’Evangile selon St Jean, le récit du miracle des noces de Cana inaugure le ministère public de Jésus. Et il ne cesse de faire allusion à sa fin : « Le troisième jour, il y eut des noces à Cana de Galilée », un clin d’œil à la Résurrection, « le troisième jour selon les Ecritures » (1Co 15,4). « Femme, que me veux-tu ? », demande ici Jésus à Marie. Et elle disparaît ensuite de l’Evangile pour ne réapparaître qu’au pied de la Croix, où Jésus l’appelle à nouveau « Femme ». Mère du Fils, elle sera désormais la Mère de l’humanité que Dieu appelle au salut : « Femme, voici ton fils… Voici ta Mère » (Jn 19,25-27).

            Le Don de Jésus à Cana est donc un signe visible, matériel, du Don spirituel invisible qu’il est venu offrir au Nom de son Père à l’humanité toute entière, un Don qui sera à nouveau évoqué par le signe visible du sang et de l’eau jaillissant de son cœur ouvert sur la Croix : « L’un des soldats, de sa lance, lui perça le côté et il sortit aussitôt du sang et de l’eau » (Jn 19,31-37). Or, on croyait à l’époque que « la vie de la chair est dans le sang » (Lv 17,11). Le sang versé de Jésus renvoie donc à sa Vie éternelle de Fils, qu’il est venu offrir gratuitement à tout homme pour que sa vocation de « fils » puisse également s’accomplir. « Je suis venu pour qu’on ait la Vie, et qu’on l’ait surabondante… Va dire à mes frères : je monte vers mon Dieu et votre Dieu, vers mon Père et votre PèreAyant dit cela, il souffla sur eux et leur dit : « Recevez l’Esprit Saint » » (Jn 10,10 ; 20,17-22)…

            Au moment du baptême de Jésus, « le ciel s’ouvrit » et du ciel « descendit » du Père sur le Fils la Plénitude de « l’Esprit Saint », en révélation de ce Don éternel que le Père ne cesse de faire au Fils, un Don par lequel il « l’engendre » en Fils, « né du Père avant tous les siècles. » « Comme le Père a la Vie en lui-même, de même a-t-il donné au Fils d’avoir la Vie en Lui-même », par ce Don de « l’Esprit qui vivifie » (Jn 5,26 ; 6,63). Et sur la Croix, le cœur de chair de Jésus « s’ouvrit », et il en jaillit « du sang et de l’eau » en signe visible de ce cœur spirituel toujours ouvert du Fils d’où jaillissent des « fleuves d’eau vive » pour laver, purifier, vivifier et combler l’humanité tout entière (Jn 7,37-39)…

            « Cherchez donc dans l’Esprit votre plénitude » (Ep 5,18), car « c’est par elle », comblés par le Don de l’Esprit, « que vous entrerez dans toute la Plénitude de Dieu » (Ep 3,18). Et cela ne pourra qu’être synonyme de bonheur profond, de paix, de joie… « Le fruit de l’Esprit est amour, joie, paix » (Ga 5,22), une joie annoncée ici par ce « bon vin » de l’Esprit, donné en surabondance : plus de six cents litres !                                                      DJF




2ième Dimanche du Temps Ordinaire – Homélie du Père Louis DATTIN

Cana

Jn 2, 1-11

Avez-vous remarqué, frères et sœurs, que le 1er miracle accompli par Jésus, fut précisément un miracle non utile, non nécessaire, non rentable, mais simplement un petit geste pour que la vie soit agréable et heureuse.  Le 1er miracle eut lieu au cours d’un repas de noces : il ne s’agit nullement d’un accident grave, d’un malade à sauver ou d’un mort à ressusciter. Non ! Tout simplement : « Tiens ! Il n’y a plus de vin ! ». C’est tout… avouez que pour le salut du monde, c’est une bricole, un détail sans importance.

Jésus, vous êtes tous bien d’accord, est venu sur la terre pour des affaires autrement plus sérieuses… alors ? Un grand miracle, ce 1er miracle ? Peut-être le plus grand et le plus significatif ! Le plus lourd de sens pour faire voir et expliquer ce que Jésus est venu faire parmi nous. Et le Christ, sur la demande de Marie, va le faire, pour que, dans une petite noce de campagne, les convives, ayant déjà bu, un peu plus qu’on n’avait prévu, puissent être dans la joie jusqu’au bout, sans histoire, sans regrets, sans ombre au tableau de cette journée de fête… pour que l’ambiance y règne jusqu’à la fin.

Si nous sommes un peu surpris, c’est que nous nous faisons parfois une idée fausse de notre religion et des désirs du Christ pour nous. Pour beaucoup, en effet, souvent parmi les jeunes qui n’ont pas eu encore le temps d’approfondir : religion est synonyme d’embêtant, d’ennuyeux, de sérieux, il faut « bien se tenir », il ne faut  pas  sourire !

Ils s’imaginent qu’être chrétien, c’est entrer dans un vaste réseau d’obligations, de menaces, de commandements, avec du « permis » et du « défendu », participer à une entreprise de salut où la joie et la fête ne sont pas de mise, et puis… il doit s’agir d’abnégation, de renoncement. Bref, « du pas drôle du tout ». Quant au bonheur, il n’en est guère question pour aujourd’hui… ce sera peut-être pour demain… ou pour après-demain, et encore, si tout va bien !… pour le ciel, mais pas pour la terre !

Or, nous avons envie, et c’est normal, de vivre cette vie sur la terre de la façon la plus agréable qui soit : pourquoi ne pas se distraire ? S’amuser ? Etre en vacances et se divertir, organiser des fêtes ? Rarement, j’ai entendu des jeunes dire que la vie chrétienne, c’était le « pied ».

Et toutes ces personnes se font une fausse idée de leur christianisme : ils choisissent de se réjouir, de se réunir et de faire la fête en dehors même de toute religion, tout comme ils ont choisi de servir Dieu, sans joie.

C’est justement ce que Jésus attaque par ce miracle. Il ne veut pas cette séparation absurde, sacrilège entre le bonheur et Dieu, entre la joie et la vie chrétienne, entre la vie d’ici-bas et la vie divine. Dieu me donne tout, tout à la fois : mon âme et mon corps, le ciel et la terre, la nature et la grâce, le plaisir et le bonheur et il veut et il désire notre bonheur et il n’est jamais plus heureux lui-même que lorsqu’il nous voit heureux, épanouis à notre tour et lui rendant grâce, dans la joie, de tout ce qu’il nous a offert.

St-Irénée ne se trompait pas quand il affirmait : « La gloire de Dieu, c’est-à-dire sa joie, sa plus grande satisfaction, c’est l’homme vivant », vivant :

– en plein épanouissement de son corps,

– en plein épanouissement de son esprit,

– en plein ouverture de son cœur,

– en plein accueil de la vie spirituelle.

Un homme « bien dans sa peau » et content de sa condition d’homme et de tout ce que son Créateur et Sauveteur lui a donné. C’est nous, parfois, qui nous nous privons de la meilleure partie de notre vie en considérant, à tort, les plaisirs de la vie comme des vols, comme des tranches que l’on prélève indûment et avec une sorte de revanche au lieu de les accueillir comme des dons de l’amour de Dieu. Nous sommes encore imprégnés d’une religion doloriste, grave, tendue et sans joie telle que le jansénisme d’hier et d’avant-hier nous l’avait transmis !

Sommes-nous de ceux, qui, parce qu’ils savent qu’ils sont sauvés par Jésus-Christ, que Jésus-Christ les a tirés de la mort, et qu’ils sont promis à un avenir magnifique, nagent dans la joie, sont plein d’espérance et d’optimisme et n’hésitent pas à fêter et à célébrer, et pas seulement à l’église, cette foi au Christ qui est le secret de leur joie et de leur bonheur le plus profond ?

Si le monde devient triste, morose et qu’il montre un visage qui ressemble à une porte de prison, c’est parce que le monde se paganise, qu’il n’a pas de véritable espérance et qu’il va chercher dans les horoscopes ou chez des tireurs de cartes, une joie qui ne peut se trouver qu’en Jésus-Christ !

Sommes-nous de ceux qui ont le courage de vivre une vie pleinement humaine et pleinement religieuse, sans séparer les deux ? Jésus a vécu cela, lui, sans faire de séparation. Il a été pleinement homme et pleinement Dieu. Notre tort, c’est de croire que pour lui ressembler, il faudrait devenir tout autre que ce que nous sommes : devenir plus célestes, plus angéliques. Nous n’avons pas à jouer les bêtes que nous n’en sommes pas, pas plus que les anges que nous ne sommes pas non plus !

         Le vrai moyen pour nous de ressembler davantage à Jésus (car dans notre vie chrétienne, il ne s’agit que de cela), c’est de devenir plus homme, incarné comme Jésus l’a été.

 

Et si quelqu’un vient dire « J’aime trop la vie de famille, les joies de ce monde, je suis plus heureux dans la nature qu’à l’église, donc  je ne suis pas assez religieux parce que je suis trop humain !», je lui répondrai simplement qu’il a mal compris ce qu’était sa vie chrétienne et que c’est tout simplement parce qu’il n’est pas assez humain, c’est-à-dire pas assez ressemblant à Jésus, le prototype de tout homme, qu’il n’a pas encore senti en lui, cette unité profonde de l’humain et du divin.

Si nous étions, comme le Christ, plus humains, plus généreux, plus tendres, plus attentifs aux autres, plus délicats comme le fut Jésus aux noces de Cana, nous aurions en commun avec lui tous ces sentiments, qui créent en nous notre valeur intime, et avec les autres, une fraternité, une amitié, source de toute vie communautaire qui nous ferait dire : « Le ciel, c’est les autres », alors que Sartre, lui, coupé du Christ, affirmait : « L’enfer, c’est les autres ».

Jésus, lui, n’attend pas la mort des gens pour les rendre heureux : il désire que nous le soyons déjà, maintenantà présent, cette année, aujourd’hui. Il a souffert à la pensée que deux jeunes gentils mariés allaient être ennuyés le jour de leurs noces. Il a pensé au dépit de tous ces braves invités obligés de baisser le coude et de cesser de boire en plein milieu du repas !

Il change l’eau en vin avec la même tendresse avec laquelle pour nous, pendant cette messe, il va changer le vin en son Sang et le pain en son Corps, pour que nous puissions davantage être unis à lui et participer à sa vie.

Jésus se soucie de l’homme : il sait que ce sont nos petits bonheurs terrestres qui nous permettent d’entrevoir et de goûter à l’avance cette joie totale que nous vivrons demain.

Nous aussi, soucions-nous des autres, de leurs petits problèmes, afin que maintenant notre vie soit déjà plus heureuse, plus humaine. En le faisant, nous participons au travail et au bonheur de Dieu.  AMEN




Fête du Baptême de Notre Seigneur – par P. Rodolphe EMARD (Lc 3, 15-16.21-22).

En ce dernier dimanche du temps de Noël, nous fêtons le Baptême du Seigneur. Dans les textes que nous avons proclamés, notamment la seconde lecture et l’Évangile, il est question de trois sortes de baptême.

Le baptême de Jean

Jean était si populaire et apprécié que tous se demandaient s’il n’était pas le Christ. Conscient de cela, Jean fait une mise au point : lui baptise « avec de l’eau » mais il renvoie à quelqu’un de « plus fort » que lui, celui qui « baptisera dans l’Esprit Saint et le feu ».

Le baptême de Jean est avant tout un rite de conversion, pour aider ses contemporains à préparer la venue du Christ.

Le baptême de Jean est aussi un rite d’attente. Ce baptême « avec de l’eau » annonçait et préparer au baptême « dans l’Esprit Saint et le feu ». Nous y reviendrons.

Le baptême de Jésus

Pourquoi Jésus, le Verbe de Dieu fait chair, conçu sans péché, s’est-il fait baptisé par Jean ? Alors que Jean lui-même dira n’être « pas digne de dénouer la courroie de ses sandales »… Nous pouvons retenir trois points :

  • Le baptême de Jésus marque solennellement son ministère public, sa mission de l’annonce de la Bonne Nouvelle du Royaume.

La fête de Nativité et celle de l’Épiphanie permettent de mieux comprendre l’identité de Jésus comme le Dieu fait homme, le Sauveur de toute l’humanité.

Saint Paul, dans la deuxième lecture, précise : nous attendons « que se réalise la bienheureuse espérance : la manifestation de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur, Jésus Christ. Car il s’est donné pour nous afin de nous racheter de toutes nos fautes, et de nous purifier pour faire de nous son peuple, un peuple ardent à faire le bien ». Saint Paul rappelle le sacrifice du Christ pour le Salut du monde.

  • Le baptême de Jésus est l’occasion d’une manifestation du Dieu Trinitaire : L’Esprit Saint qui descend sur Jésus et cette voix du Père qui révèle Jésus comme son « Fils bien-aimé », « une voix venue du ciel qui atteste que [le] Verbe habite parmi les hommes »[1].

  • Bien que sans péché, Jésus a tenu à recevoir le baptême de Jean afin de se montrer solidaire des pécheurs qu’il venait libérer.

Le baptême des croyants

Après la Résurrection, la Pentecôte marquera l’avènement du baptême « dans l’Esprit Saint et le feu ». Saint Paul évoque le baptême des disciples du Christ : « Par le bain du baptême, il nous a fait renaître et nous a renouvelés dans l’Esprit Saint. Cet Esprit, Dieu l’a répandu sur nous en abondance, par Jésus Christ notre Sauveur, afin que, rendus justes par sa grâce, nous devenions en espérance héritiers de la vie éternelle ».

Cette fête du Baptême du Seigneur nous invite à faire mémoire de notre propre baptême où nous sommes nés à la vie nouvelle de Dieu, nous avons reçu l’Esprit Saint qui fait de nous des fils adoptifs de Dieu, des membres de l’Église et des témoins du Christ et de l’Évangile.

Comment, en cette nouvelle année, allons-nous redécouvrir cette grâce de notre baptême ? Y trouver réellement notre joie ? Oui y mettre vraiment notre joie dans cette espérance de saint Paul, d’être « des héritiers de la vie éternelle ».

Redécouvrons avec force que le don de l’Esprit Saint est une réalité qui s’expérimente au sein de la communauté des croyants, au cœur de nos assemblées eucharistiques.

Saint Paul nous rappelle enfin que Dieu nous a manifesté sa bonté et son amour, qu’il nous a sauvé par pure miséricorde. Bonté, amour et miséricorde sont bien les axes que nous devons entreprendre en 2022 pour réussir notre baptême, au nom du Père, du Fils et du saint Esprit. Amen.

[1] Voir préface de la messe.