1

2ième dimanche de Carême (Mc 9, 2-10) par le Diacre Jacques FOURNIER

« Que ton Règne vienne, sur la terre comme au ciel » (Mc 9,2-10)…

En ce temps-là, Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean, et les emmène, eux seuls, à l’écart sur une haute montagne. Et il fut transfiguré devant eux.
Ses vêtements devinrent resplendissants, d’une blancheur telle que personne sur terre ne peut obtenir une blancheur pareille.
Élie leur apparut avec Moïse, et tous deux s’entretenaient avec Jésus.
Pierre alors prend la parole et dit à Jésus : « Rabbi, il est bon que nous soyons ici ! Dressons donc trois tentes : une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. »
De fait, Pierre ne savait que dire, tant leur frayeur était grande.
Survint une nuée qui les couvrit de son ombre, et de la nuée une voix se fit entendre : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le ! »
Soudain, regardant tout autour, ils ne virent plus que Jésus seul avec eux.
Ils descendirent de la montagne, et Jésus leur ordonna de ne raconter à personne ce qu’ils avaient vu, avant que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts.
Et ils restèrent fermement attachés à cette parole, tout en se demandant entre eux ce que voulait dire : « ressusciter d’entre les morts ».

2ième dimanche de carême

         « Le Fils ne peut rien faire de Lui-même » (Jn 5,19)… Dieu le Père a donc toujours l’initiative dans sa vie… Et il l’invite ici à monter « à l’écart sur une haute montagne » avec trois de ses disciples, « Pierre, Jacques et Jean ». Et là le Père va glorifier son Fils (Jn 12,28) en leur donnant de pouvoir découvrir « quelque chose » de son Mystère. Et que vont-ils percevoir ? Des « vêtements » qui deviennent « resplendissants » d’une « blancheur » sans « pareille »… Et au même moment, ils vont expérimenter un bonheur immense : « Maître, il est heureux que nous soyons ici »… Mais «  » sont-ils ? Tout à la fois sur la terre, « à l’écart, sur une haute montagne », et au ciel dans « la Maison du Père ». Et d’ailleurs, la voix du Père se fait entendre : « Celui-ci est mon Fils Bien‑Aimé. Ecoutez-le. »

            Et c’est bien ce qu’ils ont déjà fait, car c’est Jésus qui les a invités à venir en ce lieu. Ils l’ont écouté, ils lui ont obéi, et voilà que dans les circonstances si simples de leur vie quotidienne, une marche en montagne, ils découvrent la Présence du Père et entendent sa voix… « Le Royaume des Cieux est tout proche », ne cessera de leur répéter Jésus… Et quel est-il ? Un Mystère de Communion dans l’Esprit Saint… Pour le découvrir, il suffit de lui faire confiance, de le suivre, et d’être attentif… Alors le ciel, discrètement, imperceptiblement, se révèlera au cœur des réalités les plus simples, les plus humbles : « ses vêtements devinrent resplendissants », « son visage devint autre », écrit St Luc… Des vêtements, un visage, et voilà que le ciel apparaît… Une incroyable aventure, à laquelle le Christ nous invite tous, dès aujourd’hui, dans la foi… En effet, après sa mort et sa résurrection, « à nouveau je viendrai », nous promet-il, et dans le secret des cœurs, par le Don de l’Esprit Saint, « je vous prendrai près de moi, afin que là où je suis », « dans la Maison de mon Père », uni au Père dans la communion d’un même Esprit, « vous aussi vous soyezJe suis le Chemin, la Vérité et la Vie. Nul ne vient au Père que par moi » (Jn 14,1-6)Oui, « quand je serai parti, je vous enverrai l’Esprit de Vérité qui vient du Père » (Jn 14,26), l’Esprit de Lumière (Jn 4,24 ; 1Jn 1,5) et de Vie (Jn 6,63). Alors, sans voir, vous vivrez et c’est parce que vous vivrez que vous « verrez » que vous avez « libre accès auprès du Père en un seul Esprit » (Jn 14,18-20 ; Ep 2,18)… Et c’est de « cela » que je vous invite à être « les témoins »…   DJF




2ième Dimanche de Carême (Mc 9, 2-10) – Homélie du Père Louis DATTIN

Transfiguration

Mc 9, 2-10

En relisant cet épisode de la Transfiguration, je pensais à l’anecdote que me rapportait, un jour, une jeune maman : emmenant son petit garçon de 5 ou 6 ans à l’église, pour faire une prière, elle lui expliquait que Jésus était présent dans le tabernacle, jusqu’au jour où l’enfant, un peu las sans doute, lui répliqua : « Mais enfin, maman, pourquoi Jésus il fait toujours « coucou » et jamais « le voilà ».

Les enfants ont l’art, n’est-ce-pas, de poser naïvement les questions les plus radicales ! Au moment de la Transfiguration, les trois apôtres ont eu brusquement le sentiment que, cette fois-ci, c’était « le voilà« . Oui, « le voilà« , le Christ, le Fils du Père, s’entretenant avec Moïse et Elie c’est-à-dire avec les partenaires de l’Alliance de la Bible :

« le voilà » avec des vêtements resplendissants, nimbé d’une lumière telle qu’elle parait irréelle,

« le voilà« , le vrai visage de Jésus : c’est le visage même de Dieu,

« le voilà« , aussi, la nuée qui est le signe de l’Alliance,

« le voilà« , aussi cette voix : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le », cette même voix qui répète ce qu’elle a déjà dit le jour du Baptême de Jésus, au Jourdain.

Ah ! C’est autre chose que la physionomie de cet homme grave qui parle de sa Passion prochaine, qui raconte qu’il va être mis à mort et que, pour cela, il doit monter à Jérusalem ! Ce n’est plus cet homme sévère qui vient de dire à Pierre : « Va- t- en loin de moi, Satan » parce qu’il avait osé dire que la Passion pouvait être évitée.

Oui, le voilà sous son vrai visage, un visage de lumière, bienveillant, souriant. Oui, c’est cela : c’est cela le sourire de Dieu, Dieu dans sa tendresse.

Or, savez-vous comment on dit « le sourire de Dieu » en hébreu ? ISAAC …et nous voici reportés à la première lecture, où, là encore, Dieu nous parait bien sévère, bien cruel, disons le mot : bien sadique.

« Prends ton fils, ton unique fils, celui que tu aimes, Isaac ; va au pays de Moriah et là, tu l’offriras en sacrifice sur la montagne que je t’indiquerai ». Un Dieu-amour, celui-là ! Un Dieu sourire, celui-là ! Un Dieu de tendresse ! Allons donc ! Pour celui qui ne connaît pas Dieu, ce texte est scandaleux. Comment un père peut-il admettre qu’un Dieu lui demande de tuer son enfant !

L’attitude d’Abraham nous paraitra moins extraordinaire si nous savons que les sacrifices d’enfants étaient pratiqués chez les peuples voisins d’Israël. Mais, ici, au contraire, Dieu veut sauver cet enfant pour montrer aux Israélites, par un exemple tiré de la vie de leur grand ancêtre, qu’il condamne de telles pratiques.

Oui, trop souvent, nous nous faisons des « images de Dieu » qui sont fausses, qui sont même païennes. Combien de chrétiens ont vécu avec, en eux-mêmes, l’image d’un Dieu justicier, d’un Dieu vengeur : « Dieu » est un Dieu tout autre que nous l’imaginons ! Abraham va découvrir un visage de Dieu qu’il ne connaissait encore : Dieu qui ne veut pas la mort de l’homme, mais l’offrande du cœur de l’homme, le visage d’un Dieu qui donne à nouveau son fils à Abraham, celui qui avait accepté de tout perdre.

Dieu est un Dieu de vie et non de mort. Dieu est un Dieu d’espérance. Dieu désire la construction de l’homme, d’un homme nouveau, enfin libéré de tout ce qui l’entrave pour en faire, enfin, un homme libre ! Nous avons à modifier nos images de Dieu.

Mais attention ! Ne nous y trompons pas, si déjà, à la Transfiguration, nous avons un avant-goût de la joie de Dieu : avoir sauvé l’homme, avant-goût de la Résurrection, avant-goût du triomphe définitif de Dieu sur le péché et sur le mal, lueur prématurée et prémonitoire de Pâques, nous savons aussi qu’il y a, pour y arriver, d’autres étapes à franchir et que, si Abraham, dans sa foi héroïque a pu entendre la Nouvelle Alliance de Dieu avec lui et avec sa descendance, ce fut au prix d’une épreuve sans nom, d’une souffrance indicible : il en fut de même pour Dieu. Et quand nous pensons à Abraham, voyant son fils Isaac gravissant la montagne, avec, sur son dos, le bois de l’holocauste, nous ne pouvons ne pas penser à Dieu, voyant son fils, son unique, celui qu’il aime, son autre lui-même, lui aussi, monter le Calvaire, portant sur son dos le bois de la Croix. Isaac s’étendra sur l’autel comme Jésus se couchera sur la Croix. Et ce n’est plus Abraham qui abandonne son fils, c’est Dieu lui-même qui livre la chair de sa chair ! Abraham, lui, entendit : « Ne porte pas la main sur l’enfant, ne lui fais aucun mal », « Tu ne m’as pas refusé ton fils, ton unique ».

A la Passion, il en va autrement : la main des bourreaux n’est pas arrêtée, les clous se sont enfoncés, le sang humain et divin a coulé, on a entendu le Fils dire : « Père, pardonne-leur », puis la parole stupéfiante : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? ».

Oui, ce que Dieu a refusé à Abraham : la mort de son fils, Dieu l’a fait lui, par amour. Pour son propre Fils… il a été jusque-là ! «“Père, je remets mon âme entre tes mains » : c’est « l’Alliance, la Nouvelle Alliance ».

Une Alliance qui ne sera pas une évasion dans une contemplation devenue rêve : elle s’incarnera dans un visage, visage à la fois douloureux et pacifié, visage de Dieu que le centurion romain saura bien identifier : « Vraiment, celui-là était le fils de Dieu ».

Voilà jusqu’où va l’amour de Dieu ! La main d’Abraham a été arrêtée, immobilisée : « Ne porte pas la main sur l’enfant ».

La main de Dieu, elle, n’a pas été stoppée : ce que Dieu n’a pas réclamé à Abraham, il l’a fait lui-même, pour lui, pour nous « Il nous a livré son propre Fils » nous rappelle St-Paul, dans la seconde lecture, et accepté qu’il soit mis à mort pour nos péchés. Alors, dans ces conditions, comment pourrait-il, avec son Fils, ne pas nous donner tout ?

Qui accusera ? Qui pourra condamner puisque Jésus-Christ est mort et que, ressuscité, il intercède pour nous ? Devant ce visage du Christ, donné pour nous, livré pour nous, nous mesurons l’importance de l’Alliance de Dieu, un Dieu qui s’engage, pas seulement à protéger l’homme, à l’aider ou à le guider, mais un Dieu qui nous aime à ce point que c’est lui-même qui se livre et qui met en jeu sa propre vie pour le salut de son allié.

L’Alliance, dans la Bible, était toujours conclue par le sang : celui d’un agneau. C’est ce même sang qui avait protégé les Hébreux, la fameuse nuit de leur libération d’Egypte, sang sur le bois du linteau de la porte de la maison. Ce sang de l’agneau sur le bois, c’est maintenant celui de Dieu sur la Croix.

Mesurons, en dévisageant ce visage du Christ transfiguré,

la tendresse infinie de Dieu, jusqu’où va son amour pour nous ! AMEN




1° Dimanche de Carême (Mc 1, 12-15) par D. Alexandre ROGALA (M.E.P.)

Dimanche dernier à la sortie de la messe, une paroissienne m’a demandé si dans la Bible, nous trouvions une mention du carême. Je lui ai répondu que l’on ne trouvait pas dans la Bible de mention du carême tel qu’on le vit aujourd’hui dans l’Église. Elle m’a alors demandé pour quelle raison l’Église imposait-elle ce temps de pénitence aux fidèles. Le carême est-il nécessaire ? Ou au moins, utile ? Il est possible que certains d’entre-nous se posent la même question que cette dame. Je vous propose donc de réfléchir ensemble sur le carême à partir des textes bibliques proposés par la liturgie.

Dans la première lecture nous lisons :

« Dieu dit à Noé et à ses fils : « Voici que moi, j’établis mon alliance avec vous, avec votre descendance après vous » (Gn 9, 8)

Dans la Bible, l’Alliance est le terme choisi par les auteurs sacrés pour exprimer le mode de relation entre Dieu et l’humain. Nous trouvons dans le Premier testament de la Bible plusieurs récits dans lesquels Dieu fait alliance avec des personnages : avec Abraham (Gn 15), avec Jacob (Gn 28) ; avec Moïse (Ex 19 ; 24…) etc.

Dans la première lecture, l’Alliance que Dieu fait avec Noé, ses fils, et avec tous les êtres-vivants est « unilatérale ». Ainsi, Dieu s’engage seul et sans aucune condition, à ne plus détruire sa création par un déluge.

Mais dans la Bible, il existe aussi des alliances « bilatérales », c’est-à-dire des alliances dans lequel Dieu et le Peuple s’engagent réciproquement. Dans ces alliances bilatérales, il y a une condition à l’engagement de Dieu en faveur du Peuple. Par exemple, dans le livre de l’Exode, le Seigneur dit au Peuple par l’intermédiaire de Moïse :

« Vous avez vu ce que j’ai fait à l’Égypte, comment je vous ai portés comme sur les ailes d’un aigle et vous ai amenés jusqu’à moi. Maintenant donc, si vous écoutez ma voix et gardez mon alliance, vous serez mon domaine particulier parmi tous les peuples, car toute la terre m’appartient ; mais vous, vous serez pour moi un royaume de prêtres, une nation sainte.” » (Ex 19, 4-6).

Dans le livre du Deutéronome, l’obéissance du Peuple aux commandements du Seigneur est présentée comme la condition d’une vie heureuse de manière encore plus explicite :

 « Vois ! Je mets aujourd’hui devant toi ou bien la vie et le bonheur, ou bien la mort et le malheur. Ce que je te commande aujourd’hui, c’est d’aimer le Seigneur ton Dieu, de marcher dans ses chemins, de garder ses commandements, ses décrets et ses ordonnances. Alors, tu vivras et te multiplieras ; le Seigneur ton Dieu te bénira dans le pays dont tu vas prendre possession. » (Dt 30, 15-16)

Les premières lectures que nous entendons à la messe, nous montrent souvent que le Peuple hébreu n’a pas été capable d’être fidèle au Seigneur. C’est la raison pour laquelle  pendant l’Exil à Babylone, parlant par des prophètes tels qu’Ezechiel  (Ez 36) et Jérémie (Jr 31), le Seigneur a annoncé qu’il allait conclure une Alliance définitive qui ne serait plus jamais rompue.

Pour nous chrétiens, cette alliance « nouvelle et éternelle » a été établie par la mort et la résurrection de Jésus Christ.

C’est ce que nous rappelle le début de la deuxième lecture tirée de la Première Lettre de Pierre : « Bien-aimés, le Christ, lui aussi, a souffert pour les péchés, une seule fois, lui, le juste, pour les injustes, afin de vous introduire devant Dieu » (1 P 3, 18)

Le baptême que nous avons reçu ou que nous allons recevoir est le signe de notre foi en Christ qui nous donne accès à Dieu pour toujours. Le texte suggère même que Jésus ne veut exclure personne du salut qu’il offre puisque le texte nous dit « qu’il est parti proclamer son message aux esprits qui étaient en captivité. Ceux-ci, jadis, avaient refusé d’obéir » (1 P 3, 19-20).

Si le salut est offert gratuitement sans aucun préalable, il me semble qu’il est possible de dire que la Nouvelle Alliance établie par Jésus est une « alliance unilatérale ». Par la mort et la résurrection de Jésus Christ, notre salut est déjà acquis de manière définitive.

Si le salut est déjà acquis, à quoi bon faire des efforts pendant le carême pour soigner ma relation avec Dieu ? La question que m’a posé la paroissienne dimanche dernier est légitime.

En fait, cette question n’est pas nouvelle. Depuis le début du christianisme, les croyants se sont posés ce genre de question. Dès le Ier siècle, certains chrétiens ont cru pouvoir faire ce qu’ils voulaient et jouir de la vie, puisque quoiqu’ils fassent, ils  étaient sauvés par le Christ. Les responsables de communautés de l’Église primitive ont dû combattre ces déviances.

Sans nier la totale gratuité du salut en Jésus Christ, l’auteur de la Première Lettre de Pierre nous rappelle que « le baptême (…) est l’engagement envers Dieu d’une conscience droite ». Autrement dit, si le baptême est le signe de la confiance que nous mettons en Jésus Christ pour notre salut, il est aussi un engagement envers Dieu. Et cet engagement implique un certain comportement vis-à-vis de Dieu, et de notre prochain.

Si le Peuple Hébreu n’a pas toujours été fidèle au Seigneur, nous ne sommes pas meilleurs que lui. Même si l’Alliance en Jésus Christ ne peut plus être rompue, nous devons admettre que bien souvent, notre comportement nous éloigne de Dieu.

La tendance de l’Homme à céder aux tentations mauvaises et à « faire ce qui est mal aux yeux du Seigneur » est la raison d’être du carême.

Le carême est un temps que l’Église nous donne chaque année pour nous préparer intérieurement à faire mémoire de l’évènement qui est au fondement de la Nouvelle Alliance : la mort et la résurrection de Jésus, en renouvelant notre désir de Dieu et en prenant conscience de ce qui dans notre vie, abîme notre relation à Lui et à notre prochain.

Dans le texte d’évangile de ce premier dimanche de carême, Jésus nous est donné en exemple. Comme nous, il a été tenté mais il n’a pas cédé : « Aussitôt l’Esprit le pousse au désert et, dans le désert, il resta quarante jours, tenté par Satan » (Mc 1, 13).

L’évangéliste Marc ne nous donne pas de détail sur les tentations que subit Jésus. Cependant, le texte nous dit que « les anges le servaient » (Mc 1, 13). Nous pouvons imaginer qu’être servi par des anges devaient être une situation très confortable. Il est possible que Jésus ait pu avoir la tentation de continuer à être servi par les anges ; d’autant plus qu’être servi est naturel lorsqu’on est Fils de Dieu. Jésus aurait ainsi échappé à sa mission qui, nous savons, l’a amené à donner sa vie sur la croix. Mais Jésus n’a pas cédé à cette tentation.

Plus loin dans ce même évangile de Marc, il déclarera que « le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi mais pour servir… » (Mc 10, 45).

Si nous n’avons pas encore choisi quel(s) effort(s) de carême faire cette année, peut-être pourrions-nous simplement nous inspirer de notre Maître et Seigneur Jésus Christ en quittant nous aussi, notre zone de confort pour nous mettre au service des autres.

Amen !




1er Dimanche de Carême année B (Mc 1, 12-15) par D. Jacques FOURNIER

« Le Royaume des Cieux est tout proche » (Mc 1,12-15)

Jésus venait d’être baptisé. Aussitôt l’Esprit pousse Jésus au désert et  dans le désert, il resta quarante jours, tenté par Satan. Il vivait parmi les bêtes sauvages, et les anges le servaient.
Après l’arrestation de Jean, Jésus partit pour la Galilée proclamer l’Évangile de Dieu ; il disait : « Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Évangile. »

 

 

 

         «  Je dis au monde ce que j’ai vu chez mon Père, ce que j’ai entendu de lui », déclare Jésus en St Jean (Jn 8,26). Ainsi, avant de dire quoique ce soit, Jésus le vit. Sa Parole ne fait que rendre témoignage à la relation d’amour qui l’unit à son Père. « Le Père aime le Fils », un présent qui a valeur d’éternité, « et il a tout donné en ses mains » (Jn 3,35). « Le Père est avec moi, il ne m’a pas laissé seul, parce que je fais toujours ce qui lui plaît » (Jn 8,29). Et cette relation est vitale pour lui : « Je vis par le Père » (Jn 6,57). De toute éternité, le Père lui « donne en effet l’Esprit sans mesure » (Jn 3,34) et « c’est l’Esprit qui vivifie » (Jn 6,63). Ainsi, « comme le Père a la vie en lui-même, de même a-t-il donné au Fils d’avoir la vie en lui-même » (Jn 5,26), par « l’Esprit qui vivifie ». Le Père est-il Plénitude d’Esprit ? Le Fils l’est aussi car il reçoit du Père cette même Plénitude… Et c’est ainsi que « moi et le Père, nous sommes un », dit Jésus (Jn 10,30), dans la communion d’un même Esprit et d’une même Vie reçue par Amour et dans l’Amour…

            Or, « le Règne de Dieu est justice, paix et joie dans l’Esprit Saint » (Rm 14,17). Il est donc Mystère de Communion dans « l’unité d’un même Esprit » (Ep 4,3). Jésus reçoit du Père la Plénitude de l’Esprit ? « Recevez l’Esprit Saint », dira-il à ses disciples (Jn 20,22). Alors, son vœu le plus cher à notre égard sera exaucé : « Comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi », par l’Esprit, « qu’eux aussi soient en nous » (Jn 17,21) par ce même Esprit qui est tout à la fois Lumière et Vie (Jn 4,24 ; 1Jn 1,5 ; Jn 8,12 ; 1,4). Or « la Lumière brille dans les ténèbres et les ténèbres ne l’ont pas saisie » (Jn 1,5)… Pour tous ceux et celles qui accepteront de le recevoir par leur foi, l’Esprit se révèlera donc victorieux de tout mal et de ses conséquences. Avec lui et par lui, la Miséricorde infinie et Toute Puissante de Dieu (Lc 1,49-50) règnera, pour notre Vie…

C’est ce que Jésus a manifesté pendant son séjour de quarante jours au désert, « tenté par Satan ». Or ce même Esprit est dès maintenant offert à tous les hommes, gratuitement, par Amour… Pour l’accueillir, il suffit de se repentir de tout son cœur du mal commis et de « croire en la Bonne Nouvelle » de l’Amour Infini et Tout Puissant. Alors, inlassablement, l’Esprit pardonnera et guérira ce qui doit l’être dans nos vies pourvu que nous osions ne mettre aucune limite à la Miséricorde de Dieu…      DJF




1° Dimanche de Carême (Mc 1, 12-15) – par Francis COUSIN

  « Le désert … »

 

Le désert est un mot qui fait peur …, la solitude, l’isolement, se retrouver seul avec soi-même …

C’est souvent l’impression qu’on en a … mais c’est aussi un moment de réflexion sur soi : qu’est-ce qui fait ma vie … ?

Et on n’a pas besoin pour cela d’aller au Sahara ou au Néguev …

Marc nous dit que Jésus venait d’être baptisé … « et aussitôt l’Esprit le pousse au désert. » Et Marc utilise le même mot que quand Jésus expulse les démons … C’est la manière forte …une obligation à laquelle Jésus ne peut résister … « et, dans le désert, il resta quarante jours, tenté par Satan. ».

Jésus s’est fait homme, totalement homme, jusqu’à être tenté par Satan !

Et on sait combien les tentations diverses atteignent tous les humains … égoïsme, tentation de puissance, de pouvoir …

C’est sans doute pourquoi il les a intégrées dans la prière du Notre Père : « Ne nous laisse pas entrer en tentation … ».

Jésus resta quarante jours, seul, en temps qu’être humain, mais toujours en relation avec son Père et l’Esprit Saint.

Il n’était pas isolé …

Et cette relation qu’il avait avec son père … c’est ce qu’il voudrait que nous ayons, nous aussi …

Car c’est sans doute le seul moyen que nous avons pour ne pas succomber aux tentations initiée par Satan.

Être toujours en relation avec Dieu …

Ou dit autrement : avoir toujours notre regard tourné vers Dieu …

C’est-à-dire, en fait : nous convertir

Pas seulement une fois …

Mais chaque jour … sans arrêt …

Et ça … c’est difficile … et cela demande des efforts de notre part …

C’est ce que nous rappelle le temps du carême : un temps de purification permanente qui nous ramène vers Dieu, …

Mais pas vers soi-même, notre petit ’’ moi’’ …

Tentation au combien fréquente …

Au contraire : si le carême nous rapproche de Dieu, nécessairement, il nous oblige à regader aussi les autres …

Ceux qui ne croient pas comme nous … ou autrement …

Ceux qui sont seul …

Ceux qui souffre … physiquement, mentalement, moralement …

Ceux qui sont dans la peine …

Ceux qui ont faim … soif …

Il y a tant de chose à faire pour tous ces gens …

C’est ce que fit Jésus : « Jésus partit pour la Galilée proclamer l’Évangile de Dieu ; il disait : « Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Évangile. ». « Il guérit beaucoup de gens atteints de toutes sortes de maladies, et il expulsa beaucoup de démons. » (Mc 1,34)

Seigneur Jésus,

ouvre nos cœurs à ta Parole,

permet que nous ayons une conversion vraie,

qui nous engage envers toi

et aussi envers tous nos frères.

Sois avec nous tous les jours.

 

Francis Cousin

 

 

 

Cliquer sur le lien ci-dessous pour accéder à l’image illustrée : Image dim Carême B 1°

 




Mercredi des Cendres (Mtth 6, 1-6 ; 16-18) – par Francis COUSIN

 « Le spectacle … ou le secret ? »

Mercredi des cendres … début du carême !

Réactions mitigées de la part des gens …

Pour beaucoup (mais je me trompe peut-être …), c’est plus ou moins le début d’une période d’austérité, de tristesse, où on ne peut peux vivre comme d’habitude …, où on est triste … et on où on affiche ’’une face de carême’’ …

Heureusement, la veille, on a fait le plein de bonheur superficiel …crêpes, chants, danses, voir carnaval …

C’est vrai que quarante jours … c’est long ! … mais cela ne fait qu’un peu plus d’un pourcent de l’année !

Et puis, maintenant, on ne peut plus dire que ce soit très prenant …

Fini le jeûne, sauf le jour des cendres et le vendredi saint !

Fini l’abstinence de viande les vendredis !

Fini les efforts de carême … du moins pour les plus jeunes !

Fini presque partout dans les écoles catholiques les ’’collectes’’ de denrées pendant le carême : boites de sardine ou de thon (pas de cassoulet !), vêtements etc …

Fini … du moins pour la plupart des gens …

C’est vrai que l’essentiel, et qui est une force pour tous les chrétiens, c’est de prendre ce temps de carême comme un appel à la conversion, un retour vers le Seigneur !

Et tous les textes liturgiques de ce jour vont dans ce sens !

« Et maintenant – oracle du Seigneur – revenez à moi de tout votre cœur, dans le jeûne, les larmes et le deuil ! Déchirez vos cœurs et non pas vos vêtements, et revenez au Seigneur votre Dieu, car il est tendre et miséricordieux, lent à la colère et plein d’amour, renonçant au châtiment. (…)  Faudra-t-il qu’on dise : “Où donc est leur Dieu ? » (Première lecture).

« Pitié pour moi, mon Dieu, dans ton amour, selon ta grande miséricorde, efface mon péché. Lave-moi tout entier de ma faute, purifie-moi de mon offense. Oui, je connais mon péché, ma faute est toujours devant moi. » (Psaume).

« Par nous c’est Dieu lui-même qui lance un appel : nous le demandons au nom du Christ, laissez-vous réconcilier avec Dieu. » (Deuxième lecture).

Les cendres que nous recevons aujourd’hui sont un symbole de notre faiblesse devant Dieu : une matière qui n’a pas de consistance, qui d’envole au vent, et qui nous rappelle que nous sommes issus de la poussière du sol ( cf Gn 2,7) et que nous y retournerons à notre mort.

Ce signe des cendres nous est donné pour nous aider à vivre mieux et à comprendre l’amour de Dieu qui a choisi de se lier à des personnes faibles et fragiles comme nous le sommes.

Quant à l’évangile de ce jour il nous demande d’être vrai dans notre relation avec les autres hommes ; mais aussi vrai dans notre relation avec Dieu, en donnant trois exemples : au sujet de l’aumône, de la prière et du jeûne ; Trois thèmes qui sont recommandés à tous de manière plus importante pendant le carême.

« Ce que vous faites pour devenir des justes, évitez de l’accomplir devant les hommes pour vous faire remarquer. Sinon, il n’y a pas de récompense pour vous auprès de votre Père qui est aux cieux. ».

Ne vous donnez pas en spectacle, « pour obtenir la gloire qui vient des hommes. Amen, je vous le déclare : ceux-là ont reçu leur récompense. ».

« Quand tu fais l’aumône, que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite, »

« Quand tu pries, retire-toi dans ta pièce la plus retirée, ferme la porte, et prie ton Père qui est présent dans le secret »

« Quand tu jeûnes, parfume-toi la tête et lave-toi le visage. ».

Avec à chaque fois ce refrain : « Ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra » …

Il vaut mieux que nos actions soit connus par Dieu, plutôt que par les hommes, pour une ’’gloire’’ qui ne dure pas !

Seigneur Jésus,

au seuil de ce carême,

aide-nous à nous retourner vers toi,

à nous réconcilier avec toi,

et à choisir ce qui est vrai et durable.

 

Francis Cousin

    

 

 

 

Cliquer sur le lien ci-dessous pour accéder à l’image illustrée : Image Cendres B

 




Mercredi des cendres (Mt 6, 1-18) – Homélie du Père Louis DATTIN

Mt 6, 1-18

Nous voici entrés ce matin dans le Carême. Que sera-t-il pour nous ? Une période où l’on attend vaguement la fête de Pâques sans beaucoup se soucier de ce qu’attend l’Eglise de nous ? Non, c’est une période importante, la plus importante : pour changer notre vie, la faire avancer, la faire progresser, pour participer, 40 jours après, à la Passion du Christ et surtout à sa Résurrection qui doit être aussi la nôtre. Ce Carême est un temps fort de conversion intérieure, de lutte ; c’est le moment de nous rappeler que pour suivre Jésus, il nous faut : avancer, cheminer, progresser.

Le Seigneur, dans l’Evangile que nous venons de lire, nous recommande trois moyens pour faire un bon Carême : la prière, le jeûne, le partage. Mais attention, le Seigneur nous dit, tout de suite après, que ces trois moyens ne sont pas seulement une pratique extérieure.

Ce qui compte : c’est la manière dont nous les vivrons, c’est l’intention de notre cœur.

A quoi sert de prier si, même pendant ma prière, je pense à autre chose… et que, pendant tout mon chapelet, j’ai pensé à mon voisin pour voir quelle vengeance ou quelle réponse je vais lui donner ?

A quoi sert de jeûner si, pendant que je jeûne, un pauvre à côté de moi fait un jeûne forcé et que je ne lui donne rien ?

Et mon aumône elle-même, à quoi servira-t-elle si le cœur n’y est pas, si mon partage de mes vêtements n’est que le moyen de faire un peu plus de place dans mon armoire ?

Ce qui compte : c’est la manière de vivre tout cela, c’est l’intention de notre cœur. Jésus a parlé du moindre verre d’eau donné à un petit en son nom ; et rappelez-vous l’obole de la veuve : 2 piécettes seulement, mais c’était tout ce qu’elle avait !

Le Christ, pendant ce carême, veut nous entraîner, non dans une religion de gestes extérieures, mais dans une  religion d’amour où il s’agit de plaire à Dieu plutôt qu’aux  hommes ou à nous-mêmes…

Quand nous faisons quelque chose de bien, nous sommes assez satisfaits ; c’est assez gratifiant et nous sommes tentés de nous dire : « Après tout, je ne suis pas si mal que ça ! ».

Nous nous regardons encore de trop. « Que ta main gauche ignore ce que donne ta main droite », donc n’avoir ‘’aucun retour sur soi’’.

Mettons-nous dans la cendre, c’est-à-dire dans l’humilité. C’est là que nous pouvons trouver ce que nous voulons vraiment. Si nous sommes vrais, c’est là que nous pourrons expérimenter notre faiblesse radicale. Alors, nous pourrons lever les yeux vers Dieu.  AMEN




1er Dimanche de Carême (Mc 1, 12-15)- Homélie du Père Louis DATTIN

Les temps sont accomplis

Mc 1, 12-15

Jésus partit pour la Galilée proclamer la Bonne Nouvelle de Dieu, en disant : « Les temps sont accomplis », « Convertissez-vous ».

« Les temps sont accomplis » : essayons pendant quelques minutes, frères et sœurs, de réfléchir sur le temps, le temps que Dieu nous donne et qu’il va encore nous offrir pendant ce Carême, pour avoir le temps de nous changer, de nous convertir. L’Ecclésiaste nous rappelle qu’il y a un temps pour tout : un temps pour prier, un temps pour agir, un temps pour planter, un temps pour abattre, un temps pour bâtir, un temps pour détruire.

A quoi, frères et sœurs, allons-nous consacrer notre temps pendant ce Carême ? Serait-ce du temps utile ou du temps perdu ? En principe, nous sommes maîtres de notre temps. En réalité, nous savons bien que c’est le temps qui est notre maître et que nous essayons toute la journée de le maîtriser, sans pouvoir toujours y réussir. On a dit que notre monde, notre vie, était une valse à trois temps.

Tout d’abord:

1 – le temps biologique : celui de notre corps et de ses rythmes : la nuit, le jour, le sommeil, l’activité – l’enfance, l’adolescence, la vie adulte, la vieillesse.

2 – il y a aussi le temps mécanique : le découpage, fait par l’homme, de ce temps avec les ans, les mois, les jours, les heures, les minutes et le temps de nos horloges et de nos chronomètres.

3 – et il y a aussi le temps social : les mi-temps, les trois-huit, les vacances, les trimestres de la sécurité sociale, le temps de la retraite, le travail temporaire, les contrats à durée déterminée : CDI-CDD.

Si bien que notre temps est devenu extrêmement artificiel. C’est un évêque africain qui disait à ses fidèles : « Depuis que vous avez l’heure, vous n’avez plus le temps ». Nos rythmes profonds ont été refoulés par les occupations multiples qui nous sont imposées de l’extérieur, si bien que le temps, qui n’est qu’un « moyen« , un espace horaire pour réaliser telle ou telle œuvre, devient un « but » : nous cherchons à gagner du temps au lieu de veiller à bien le remplir et si par hasard, nous avons le temps, si nous avons du temps, nous avons peur et nous multiplions les activités pour soi-disant « occuper le temps » sans nous avouer que c’est pour « tuer le temps » dont nous ne savons plus quoi faire.

A notre époque, le temps a subi aussi trois modifications :

1 – Il est raccourci : on sait les nouvelles en quelques secondes, à la télé, à la radio. C’est du « direct » où le temps ne compte plus.

2 – Le temps est impatient : pour un journaliste comme pour un téléspectateur, il faut qu’il se passe toujours quelque chose sinon on a l’impression de n’être pas dans la vie.

3 – En outre, c’est un temps en miettes : le temps ne peut plus nous faire réagir à l’évènement que déjà un autre vient nous bousculer.

Alors, en face de ce temps, l’Evangile pourrait nous dire : « Arrêtez vos montres ». Le temps, c’est d’abord un « don de Dieu » que je peux gaspiller ou remplir de façon utile. Donnez un cahier à un enfant de trois ans et un autre à un savant : regardez la façon dont il va être employé.

Dans le 1er, je vais trouver des gribouillis, des taches, des tracés incompréhensibles ; dans l’autre, un texte admirable que l’on appellera « chef-d’œuvre ». Au départ, Dieu leur a donné le même cahier : quelle différence dans le résultat !

Le temps que Dieu me donne, cette heure qui va suivre, ce demain qu’il va m’offrir, ce mois suivant, l’année prochaine : que vais-je en faire ? Vais-je les gaspiller ou en faire le contenant d’un chef-d’œuvre? L’heure de Dieu, c’est une heure qui m’est offerte par Dieu pour aimer : vais-je remplir mon temps par de l’amour envers Dieu et envers les autres ? Lorsque Jésus dit dans cet Evangile « Les temps sont accomplis », « Convertissez-vous », c’est cela que Jésus veut nous dire : « Ne gaspillez pas ce temps que Dieu vous offre, il est limité ». Il a eu un commencement : la date de votre naissance, il aura une fin : la date de votre mort » et il vous sera demandé un jour : « Ces 20 ans, ces 50 ans, ces années que je t’ai données : qu’en as-tu fait ? Un grand sac vide avec quelques bricoles au fond ou bien, au contraire, un container rempli jusqu’au bord de tout ce que tu as fait ? »

Dans ton existence, as- tu travaillé à créer plus de justice, plus d’amour, plus de fraternité entre les hommes, plus de compréhension ? Jésus-Christ nous le rappelle : « Le règne de Dieu est tout proche ». Ce règne de Dieu qui est, qui était et qui vient pour les siècles des siècles c’est-à-dire où le temps ne s’écoule plus, ce temps qui n’est plus qu’un instant éternel. « Cette parole de l’Ecriture, c’est aujourd’hui qu’elle s’accomplit. C’est déjà l’annonce d’un moment définitif où Jésus sur la Croix, ayant terminé sa mission pourra s’écrier : « Tout est accompli ». La victoire sur la mort est remportée.

« Les temps sont accomplis » ne veut pas dire « L’histoire est finie » « Il n’y a plus rien à vivre », cela veut dire au contraire « Ce temps que je vous donne maintenant, profitez-en, utilisez-le, jour par jour, mois après mois, pour accomplir, à votre tour, le projet de Dieu sur vous. Accueillez ce temps pour vivre à fond l’Evangile et déjà anticiper sur la terre le temps du Royaume de Dieu. « Convertissez-vous », c’est-à-dire ne perdez votre temps à des broutilles, attaquez-vous à l’essentiel : que tout « le temps » qui vous est donné depuis votre Baptême soit un temps d’amour, un temps de construction, un temps d’ouverture, d’accueil aux autres : « Le Royaume de Dieu, il est déjà là ». La vie nouvelle ne commence pas dans l’au-delà de la mort, elle est déjà présente en vous depuis votre Baptême.

Cette vie-là, « vivez-là dans le temps que je vous offre ».

C’est le temps du salut.

 Puisque « les temps sont accomplis », chaque jour que nous avons à vivre désormais, va avoir sa valeur propre. Chaque jour est l’aujourd’hui de Dieu : chaque jour, nous pouvons vivre et partager ce qui nous est donné en Jésus. Voilà pourquoi, Jésus, conscient du temps qui lui est donné (il ne lui reste que moins de trois ans à vivre), commence à passer 40 jours dans le désert. Nous avons besoin, nous aussi, pendant ce Carême, d’un temps de désert, d’un temps de halte, en nous laissant, nous aussi, pousser par l’Esprit ; alors, au milieu de nos occupations, nos déplacements, nous pourrons réaliser que « Les temps sont accomplis », qu’il est temps de changer : le temps de nous convertir et de croire vraiment à la Bonne Nouvelle.

Demain, nous serons encore bousculés. Demain encore, nous aurons l’impression de perdre notre temps et cependant, pendant ce Carême, je vous souhaite une grâce : celle de « retrouver le goût du temps » et ensuite de savoir féconder chaque jour qui nous sera donné jusqu’à Pâques.

Essayons pendant ce Carême de nous organiser pour donner du temps à Dieu, à la communauté des croyants, à notre famille, aux pauvres, aux proches et pourquoi pas … à nous-mêmes ! Nous avons besoin de temps pour nous reprendre. « Le temps est venu » de l’accomplissement du projet de Dieu en nous, sur nous.

Comment voyez-vous le temps de votre vie ? Comme un temps mort ? Un temps vide ? Un temps dévoré ? Un temps bousculé ?  Comment, pendant ce Carême, mieux gérer notre temps, pour en faire un temps « occupé » à l’essentiel et non « perdu » en des occupations futiles ?

 Voilà que le Seigneur nous offre 40 jours jusqu’à Pâques : qu’allons-nous en faire ? Allons-nous féconder chaque jour qui nous sera donné ? Ce serait magnifique, si, chaque soir, revoyant la journée écoulée, nous puissions dire au Seigneur :

 « La voici, Seigneur, cette journée. Reçois-là, je te l’offre, pleine de mon travail offert, de l’écoute aux autres, de l’attention aux plus petits, de mon dévouement à ceux qui m’ont entouré. Cette journée est une étape Seigneur, celle qui va suivre en sera une autre et ainsi jusqu’à Pâques où, à l’offertoire et à la Consécration de la messe, tu transformeras tout cela pour en faire une œuvre sacrée, une pierre de la construction de ton Royaume ».

« Prenons la main que Dieu nous tend. Voici le temps où Dieu fait grâce à notre terre. Prenons le temps de vivre en grâce avec  nos frères ».  AMEN




Vendredi 9 février, 5ème Semaine du Temps Ordinaire (Mc 7, 31-37) – Homélie du Père Rodolphe EMARD

« Extrêmement frappés, ils disaient : « Il a bien fait toutes choses » ». Littéralement : « Il a fait toutes choses bonnes ». Jésus est celui qui fait toutes choses bonnes, de façon admirable. Jésus ne fait que de bonnes choses pour au moins deux raisons :

 

 

  • La première c’est parce qu’il nous aime et qu’il veut nous redresser. Jésus ne peut pas rester indifférent à ce qui nous accable ! Il se soucie de nous ! Comme pour le sourd-muet de l’évangile, Jésus veut nous guérir de nos cécités, de nos surdités intérieures… Ce que nous ne voyons pas, ce que nous n’entendons pas et que nous devons voir et entendre pour avancer sur le chemin de l’Évangile.

  • Jésus fait également toutes choses bonnes parce qu’il finit toujours ce qu’il fait. Il ne fait rien à moitié et il ne laisse rien de côté pour le finir après.

Le Seigneur lui-même nous enseigne aujourd’hui comment agir. Nous pouvons relever quelques leçons pour nous :

  • Pour que toutes choses soient bonnes, il faut être animé de l’amour fraternel, avoir ce souci nous-même de redresser notre prochain dans le besoin.

  • Reconnaître nos cécités et surdités intérieures. Laisser le Christ nous délier intérieurement de ce qui nous empêche encore de vivre pleinement notre vraie liberté de fils et de fille de Dieu.

  • Ne rien faire à moitié… Apprenons à moins tolérer les choses faites à moitié ou pour certaines mal faites. C’est une exigence à cultiver tout au long de notre vie !

  • Ne pas remettre à demain ce que nous pouvons faire le jour même. Voilà une autre exigence à cultiver tant nos agendas sont parfois voire même souvent bousculés ! Mais il en va pour faire les choses plus efficacement et pour ne pas se dérober à la tâche.

À chacun d’y répondre !  C’est à chacun que le Seigneur redit : « Effata ! » « Ouvre-toi ! » Qu’il nous vienne en aide : Seigneur Jésus, nous te supplions, toi notre Maître et Seigneur, enseigne-nous, apprends-nous à bien faire toutes choses. Amen.




6ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mc 1, 40-45) par D. Alexandre ROGALA (M.E.P.)

Quel changement d’attitude surprenant ! Alors qu’à la demande du lépreux, Jésus est « saisi de compassion » (Mc 1, 41), après l’avoir purifié, Jésus le renvoie aussitôt « avec fermeté ». La traduction liturgique a adouci le texte, car le texte grec nous dit clairement que Jésus « réprimande » le lépreux…qu’il lui parle de manière très dure !

Je ne pense pas que notre maître et Seigneur, soit lunatique. Alors, pour quelle raison Jésus passe-t-il de la compassion à l’agacement ?  Comment comprendre ce changement soudain d’attitude ? Cherchons une réponse dans les textes.

La première lecture est tirée du Livre du Lévitique (Lv 13, 1-2.45-46) nous rappelle ce que prescrit la Loi juive pour les personnes atteintes de lèpre. Tout d’abord, nous apprenons que c’est au prêtre que revient la tâche de constater la lèpre dont est atteint un membre de la communauté. La suite du texte que nous n’avons pas lu, nous informe que c’est aussi le prêtre qui peut constater la purification d’un lépreux et le réintégrer à la communauté.

Comme le suggère le texte, le lépreux était exclu du monde normal des vivants. C’est la raison pour laquelle on imposait au lépreux qui se déplaçait, d’avertir les autres de se tenir à l’écart de lui, à cause de son impureté, car dans la pensée juive l’impureté se transmet par le contact physique.

« Le lépreux atteint d’une tache portera des vêtements déchirés et les cheveux en désordre » (Lv 13, 45)

La mention du « vêtement déchiré » est très parlante, car il s’agit d’un rite de deuil. Dans la Bible, le vêtement déchiré peut aussi signifier la tristesse ou la colère. Nous pourrions dire que ce vêtement déchiré exprime extérieurement ce qui est ressenti intérieurement par le lépreux qui est exclu de la société.

Venons-en au texte d’évangile.   

Ce dimanche nous poursuivons la lecture du chapitre 1 de l’évangile selon Marc. « En ce temps-là, un lépreux vint auprès de Jésus » (Mc 1, 40). Remarquons d’emblée, que ce lépreux a eu l’audace de s’approcher de Jésus, c’est-à-dire, de s’approcher du monde des « personnes pures », alors que comme nous venons de le voir, la Loi de Moïse prescrivait aux lépreux de rester éloignés des autres.

Serait-ce pour cette transgression de le Loi que Jésus réprimande le lépreux à la fin du texte ? C’est peu probable puisque Jésus accède à sa demande : « Saisi de compassion, Jésus étendit la main, le toucha et lui dit : « Je le veux, sois purifié. » (1, 41).

Le texte nous dit que Jésus touche le lépreux, et en le touchant devient lui-même impur. Serait-ce donc parce qu’il s’est rendu impur que Jésus se met en colère ? C’est peu vraisemblable. En effet, nous savons par le récit de l’exorcisme dans la synagogue de Capharnaüm (1, 21-28) que Jésus est capable d’opérer un miracle par sa seule parole. Il n’avait donc pas besoin de toucher le lépreux pour le purifier. S’il l’a fait, c’est parce que ce geste a une signification. Si Jésus a touché le lépreux, c’est pour signifier qu’il prenait sur lui la condition du lépreux, c’est-à-dire qu’il prenait sur lui son « exclusion ». De fait, nous savons que lors de sa Passion, Jésus sera seul, rejeté par ses compatriotes. Il sera même abandonné par ses propres disciples qui fuiront, comme on « fuyait » à l’approche d’un lépreux.

« Avec fermeté, Jésus le renvoya aussitôt en lui disant : « Attention, ne dis rien à personne, mais va te montrer au prêtre, et donne pour ta purification ce que Moïse a prescrit dans la Loi : cela sera pour les gens un témoignage. » (1, 43-44)

Il me semble que ce verset est la clé qui peut nous permettre de comprendre pourquoi Jésus s’emporte contre le lépreux. La fin du texte nous montre que le lépreux purifié fait exactement l’inverse de ce qui lui a été demandé. Alors que Jésus a répondu à sa demande, lui ne s’est pas mis à l’écoute de la volonté de Jésus. La fin du texte nous dit que le lépreux « se mit à proclamer et à répandre la nouvelle » (1, 45).

Le problème, c’est que ce que le lépreux proclame, ce n’est pas l’Évangile, ce n’est pas la « Bonne Nouvelle ». C’est sa petite histoire de guérison qui réduit l’identité de Jésus à celle d’un puissant thaumaturge. L’histoire du lépreux donne à d’autres personnes le désir de bénéficier de la puissance bienfaisante de Jésus, et finalement, plus personne n’est disposé à écouter la proclamation et l’enseignement de Jésus, alors que « c’est pour cela qu’il est sorti » (1, 38). Dans l’évangile de dimanche dernier déjà, il nous a été rappelé que Jésus n’était pas un distributeur de miracles, et que les actes de puissance qu’il réalisait n’étaient que des signes attestant la véracité de sa proclamation de l’approche du Règne de Dieu.

Et à cause de sa renommée de puissant thaumaturge qui se répand partout, Jésus ne peut plus accomplir sa mission première qui, encore une fois, est de proclamer l’évangile de Dieu. L’évangéliste Marc écrit : « que Jésus ne pouvait plus entrer ouvertement dans une ville, mais restait à l’écart, dans des endroits déserts. De partout cependant on venait à lui » (1, 45). Même les « endroits désert » dans lesquels Jésus se retirait pour prier (1, 35), ne sont plus des lieux de ressourcement, car les gens viennent le trouver dans le but d’obtenir une guérison.

Pour répondre à notre question sur la raison pour laquelle Jésus s’emporte et réprimande le lépreux, nous comprenons d’une part, que Jésus devait être agacé de n’être considéré que comme un « faiseur de miracle », et que d’autre part, Jésus a dû comprendre  d’avance que le lépreux n’allait pas respecter la recommandation du silence, et que par conséquent, ce miracle finirait par devenir un obstacle à sa mission.

« Ne soyez un obstacle pour personne » nous dit l’apôtre Paul dans la deuxième lecture (1 Co 10, 32). Évidemment, le contexte est différent. L’obstacle dont il est question dans ce passage de 1 Co, est le scandale que peut causer le comportement d’un croyant.

« Je tâche de m’adapter à tout le monde, sans chercher mon intérêt personnel, mais celui de la multitude des hommes, pour qu’ils soient sauvés » (10, 33). Saint Paul nous rappelle que ce qui importe le plus, c’est que l’Évangile se répande afin que par lui, la multitude des hommes soit sauvée.

La mission première du chrétien est et sera toujours l’annonce de l’Évangile. Car c’est uniquement par l’Évangile qu’est Jésus Christ, que l’Homme peut être sauvé.

Contrairement à Saint Paul, nous ne pouvons sans doute pas encore dire avec assurance qu’en toute circonstance, notre unique souci est que l’Évangile se répande.

Peut-être pourrais-je profiter de ce bref moment en silence avant la suite de la célébration, pour faire un examen de conscience afin d’identifier les lieux et les situations dans lesquels, comme le lépreux, je suis un obstacle à l’Évangile : par mon comportement scandaleux, par mon orgueil, ou par mon manque de charité…

Ce matin, cette exhortation de saint Paul nous est adressée : « Imitez-moi, comme moi aussi j’imite le Christ » (1 Co 11, 1).  Ne soyons plus un obstacle à l’Évangile, mais devenons des imitateurs du Christ, en vivant nous-aussi selon l’Esprit de Dieu, et en portant avec notre Maître le souci du salut de tous les hommes. Amen !