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Dimanche des Rameaux et de la Passion – par le Diacre Jacques FOURNIER (Marc 14, 1-72 ; 15, 1-47)

 « La Croix, sommet de la Révélation de l’Amour » 

(Marc 14, 1-72 ; 15, 1-47)

La fête de la Pâque et des pains sans levain allait avoir lieu deux jours après. Les grands prêtres et les scribes cherchaient comment arrêter Jésus par ruse, pour le faire mourir.
Car ils se disaient : « Pas en pleine fête, pour éviter des troubles dans le peuple. »
Jésus se trouvait à Béthanie, dans la maison de Simon le lépreux. Pendant qu’il était à table, une femme entra, avec un flacon d’albâtre contenant un parfum très pur et de grande valeur. Brisant le flacon, elle lui versa le parfum sur la tête.
Or, de leur côté, quelques-uns s’indignaient : « À quoi bon gaspiller ce parfum ?
On aurait pu, en effet, le vendre pour plus de trois cents pièces d’argent, que l’on aurait données aux pauvres. » Et ils la rudoyaient.
Mais Jésus leur dit : « Laissez-la ! Pourquoi la tourmenter ? Il est beau, le geste qu’elle a fait envers moi.
Des pauvres, vous en aurez toujours avec vous, et, quand vous le voulez, vous pouvez leur faire du bien ; mais moi, vous ne m’aurez pas toujours.
Ce qu’elle pouvait faire, elle l’a fait. D’avance elle a parfumé mon corps pour mon ensevelissement.
Amen, je vous le dis : partout où l’Évangile sera proclamé – dans le monde entier –, on racontera, en souvenir d’elle, ce qu’elle vient de faire. »
Judas Iscariote, l’un des Douze, alla trouver les grands prêtres pour leur livrer Jésus.
À cette nouvelle, ils se réjouirent et promirent de lui donner de l’argent. Et Judas cherchait comment le livrer au moment favorable.
Le premier jour de la fête des pains sans levain, où l’on immolait l’agneau pascal, les disciples de Jésus lui disent : « Où veux-tu que nous allions faire les préparatifs pour que tu manges la Pâque ? »
Il envoie deux de ses disciples en leur disant : « Allez à la ville ; un homme portant une cruche d’eau viendra à votre rencontre. Suivez-le,
et là où il entrera, dites au propriétaire : “Le Maître te fait dire : Où est la salle où je pourrai manger la Pâque avec mes disciples ?”
Il vous indiquera, à l’étage, une grande pièce aménagée et prête pour un repas. Faites-y pour nous les préparatifs. »
Les disciples partirent, allèrent à la ville ; ils trouvèrent tout comme Jésus leur avait dit, et ils préparèrent la Pâque.
Le soir venu, Jésus arrive avec les Douze.
Pendant qu’ils étaient à table et mangeaient, Jésus déclara : « Amen, je vous le dis : l’un de vous, qui mange avec moi, va me livrer. »
Ils devinrent tout tristes et, l’un après l’autre, ils lui demandaient : « Serait-ce moi ? »
Il leur dit : « C’est l’un des Douze, celui qui est en train de se servir avec moi dans le plat.
Le Fils de l’homme s’en va, comme il est écrit à son sujet ; mais malheureux celui par qui le Fils de l’homme est livré ! Il vaudrait mieux pour lui qu’il ne soit pas né, cet homme-là ! »
Pendant le repas, Jésus, ayant pris du pain et prononcé la bénédiction, le rompit, le leur donna, et dit : « Prenez, ceci est mon corps. »
Puis, ayant pris une coupe et ayant rendu grâce, il la leur donna, et ils en burent tous.
Et il leur dit : « Ceci est mon sang, le sang de l’Alliance, versé pour la multitude.
Amen, je vous le dis : je ne boirai plus du fruit de la vigne, jusqu’au jour où je le boirai, nouveau, dans le royaume de Dieu. »
Après avoir chanté les psaumes, ils partirent pour le mont des Oliviers.
Jésus leur dit : « Vous allez tous être exposés à tomber, car il est écrit : Je frapperai le berger, et les brebis seront dispersées.
Mais, une fois ressuscité, je vous précéderai en Galilée. »
Pierre lui dit alors : « Même si tous viennent à tomber, moi, je ne tomberai pas. »
Jésus lui répond : « Amen, je te le dis : toi, aujourd’hui, cette nuit même, avant que le coq chante deux fois, tu m’auras renié trois fois. »
Mais lui reprenait de plus belle : « Même si je dois mourir avec toi, je ne te renierai pas. » Et tous en disaient autant.
Ils parviennent à un domaine appelé Gethsémani. Jésus dit à ses disciples : « Asseyez-vous ici, pendant que je vais prier. »
Puis il emmène avec lui Pierre, Jacques et Jean, et commence à ressentir frayeur et angoisse.
Il leur dit : « Mon âme est triste à mourir. Restez ici et veillez. »
Allant un peu plus loin, il tombait à terre et priait pour que, s’il était possible, cette heure s’éloigne de lui.
Il disait : « Abba… Père, tout est possible pour toi. Éloigne de moi cette coupe. Cependant, non pas ce que moi, je veux, mais ce que toi, tu veux ! »
Puis il revient et trouve les disciples endormis. Il dit à Pierre : « Simon, tu dors ! Tu n’as pas eu la force de veiller seulement une heure ?
Veillez et priez, pour ne pas entrer en tentation ; l’esprit est ardent, mais la chair est faible. »
De nouveau, il s’éloigna et pria, en répétant les mêmes paroles.
Et de nouveau, il vint près des disciples qu’il trouva endormis, car leurs yeux étaient alourdis de sommeil. Et eux ne savaient que lui répondre.
Une troisième fois, il revient et leur dit : « Désormais, vous pouvez dormir et vous reposer. C’est fait ; l’heure est venue : voici que le Fils de l’homme est livré aux mains des pécheurs.
Levez-vous ! Allons ! Voici qu’il est proche, celui qui me livre. »
Jésus parlait encore quand Judas, l’un des Douze, arriva et avec lui une foule armée d’épées et de bâtons, envoyée par les grands prêtres, les scribes et les anciens.
Or, celui qui le livrait leur avait donné un signe convenu : « Celui que j’embrasserai, c’est lui : arrêtez-le, et emmenez-le sous bonne garde. »
À peine arrivé, Judas, s’approchant de Jésus, lui dit : « Rabbi ! » Et il l’embrassa.
Les autres mirent la main sur lui et l’arrêtèrent.
Or un de ceux qui étaient là tira son épée, frappa le serviteur du grand prêtre et lui trancha l’oreille.
Alors Jésus leur déclara : « Suis-je donc un bandit, pour que vous soyez venus vous saisir de moi, avec des épées et des bâtons ?
Chaque jour, j’étais auprès de vous dans le Temple en train d’enseigner, et vous ne m’avez pas arrêté. Mais c’est pour que les Écritures s’accomplissent. »
Les disciples l’abandonnèrent et s’enfuirent tous.
Or, un jeune homme suivait Jésus ; il n’avait pour tout vêtement qu’un drap. On essaya de l’arrêter.
Mais lui, lâchant le drap, s’enfuit tout nu.
Ils emmenèrent Jésus chez le grand prêtre. Ils se rassemblèrent tous, les grands prêtres, les anciens et les scribes.
Pierre avait suivi Jésus à distance, jusqu’à l’intérieur du palais du grand prêtre, et là, assis avec les gardes, il se chauffait près du feu.
Les grands prêtres et tout le Conseil suprême cherchaient un témoignage contre Jésus pour le faire mettre à mort, et ils n’en trouvaient pas.
De fait, beaucoup portaient de faux témoignages contre Jésus, et ces témoignages ne concordaient pas.
Quelques-uns se levèrent pour porter contre lui ce faux témoignage :
« Nous l’avons entendu dire : “Je détruirai ce sanctuaire fait de main d’homme, et en trois jours j’en rebâtirai un autre qui ne sera pas fait de main d’homme.” »
Et même sur ce point, leurs témoignages n’étaient pas concordants.
Alors s’étant levé, le grand prêtre, devant tous, interrogea Jésus : « Tu ne réponds rien ? Que dis-tu des témoignages qu’ils portent contre toi ? »
Mais lui gardait le silence et ne répondait rien. Le grand prêtre l’interrogea de nouveau : « Es-tu le Christ, le Fils du Dieu béni ? »
Jésus lui dit : « Je le suis. Et vous verrez le Fils de l’homme siéger à la droite du Tout-Puissant, et venir parmi les nuées du ciel. »
Alors, le grand prêtre déchire ses vêtements et dit : « Pourquoi nous faut-il encore des témoins ?
Vous avez entendu le blasphème. Qu’en pensez-vous ? » Tous prononcèrent qu’il méritait la mort.
Quelques-uns se mirent à cracher sur lui, couvrirent son visage d’un voile, et le giflèrent, en disant : « Fais le prophète ! » Et les gardes lui donnèrent des coups.
Comme Pierre était en bas, dans la cour, arrive une des jeunes servantes du grand prêtre.
Elle voit Pierre qui se chauffe, le dévisage et lui dit : « Toi aussi, tu étais avec Jésus de Nazareth ! »
Pierre le nia : « Je ne sais pas, je ne comprends pas de quoi tu parles. » Puis il sortit dans le vestibule, au dehors. Alors un coq chanta.
La servante, ayant vu Pierre, se mit de nouveau à dire à ceux qui se trouvaient là : « Celui-ci est l’un d’entre eux ! »
De nouveau, Pierre le niait. Peu après, ceux qui se trouvaient là lui disaient à leur tour : « Sûrement tu es l’un d’entre eux ! D’ailleurs, tu es Galiléen. »
Alors il se mit à protester violemment et à jurer : « Je ne connais pas cet homme dont vous parlez. »
Et aussitôt, pour la seconde fois, un coq chanta. Alors Pierre se rappela cette parole que Jésus lui avait dite : « Avant que le coq chante deux fois, tu m’auras renié trois fois. » Et il fondit en larmes.
Dès le matin, les grands prêtres convoquèrent les anciens et les scribes, et tout le Conseil suprême. Puis, après avoir ligoté Jésus, ils l’emmenèrent et le livrèrent à Pilate.
Celui-ci l’interrogea : « Es-tu le roi des Juifs ? » Jésus répondit : « C’est toi-même qui le dis. »
Les grands prêtres multipliaient contre lui les accusations.
Pilate lui demanda à nouveau : « Tu ne réponds rien ? Vois toutes les accusations qu’ils portent contre toi. »
Mais Jésus ne répondit plus rien, si bien que Pilate fut étonné.
À chaque fête, il leur relâchait un prisonnier, celui qu’ils demandaient.
Or, il y avait en prison un dénommé Barabbas, arrêté avec des émeutiers pour un meurtre qu’ils avaient commis lors de l’émeute.
La foule monta donc chez Pilate, et se mit à demander ce qu’il leur accordait d’habitude.
Pilate leur répondit : « Voulez-vous que je vous relâche le roi des Juifs ? »
Il se rendait bien compte que c’était par jalousie que les grands prêtres l’avaient livré.
Ces derniers soulevèrent la foule pour qu’il leur relâche plutôt Barabbas.
Et comme Pilate reprenait : « Que voulez-vous donc que je fasse de celui que vous appelez le roi des Juifs ? »,
de nouveau ils crièrent : « Crucifie-le ! »
Pilate leur disait : « Qu’a-t-il donc fait de mal ? » Mais ils crièrent encore plus fort : « Crucifie-le ! »
Pilate, voulant contenter la foule, relâcha Barabbas et, après avoir fait flageller Jésus, il le livra pour qu’il soit crucifié.
Les soldats l’emmenèrent à l’intérieur du palais, c’est-à-dire dans le Prétoire. Alors ils rassemblent toute la garde,
ils le revêtent de pourpre, et lui posent sur la tête une couronne d’épines qu’ils ont tressée.
Puis ils se mirent à lui faire des salutations, en disant : « Salut, roi des Juifs ! »
Ils lui frappaient la tête avec un roseau, crachaient sur lui, et s’agenouillaient pour lui rendre hommage.
Quand ils se furent bien moqués de lui, ils lui enlevèrent le manteau de pourpre, et lui remirent ses vêtements. Puis, de là, ils l’emmènent pour le crucifier,
et ils réquisitionnent, pour porter sa croix, un passant, Simon de Cyrène, le père d’Alexandre et de Rufus, qui revenait des champs.
Et ils amènent Jésus au lieu dit Golgotha, ce qui se traduit : Lieu-du-Crâne (ou Calvaire).
Ils lui donnaient du vin aromatisé de myrrhe ; mais il n’en prit pas.
Alors ils le crucifient, puis se partagent ses vêtements, en tirant au sort pour savoir la part de chacun.
C’était la troisième heure (c’est-à-dire : neuf heures du matin) lorsqu’on le crucifia.
L’inscription indiquant le motif de sa condamnation portait ces mots : « Le roi des Juifs ».
Avec lui ils crucifient deux bandits, l’un à sa droite, l’autre à sa gauche.
[…]

Les passants l’injuriaient en hochant la tête : ils disaient : « Hé ! toi qui détruis le Sanctuaire et le rebâtis en trois jours,
sauve-toi toi-même, descends de la croix ! »
De même, les grands prêtres se moquaient de lui avec les scribes, en disant entre eux : « Il en a sauvé d’autres, et il ne peut pas se sauver lui-même !
Qu’il descende maintenant de la croix, le Christ, le roi d’Israël ; alors nous verrons et nous croirons. » Même ceux qui étaient crucifiés avec lui l’insultaient.
Quand arriva la sixième heure (c’est-à-dire : midi), l’obscurité se fit sur toute la terre jusqu’à la neuvième heure.
Et à la neuvième heure, Jésus cria d’une voix forte : « Éloï, Éloï, lema sabactani ? », ce qui se traduit : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? »
L’ayant entendu, quelques-uns de ceux qui étaient là disaient : « Voilà qu’il appelle le prophète Élie ! »
L’un d’eux courut tremper une éponge dans une boisson vinaigrée, il la mit au bout d’un roseau, et il lui donnait à boire, en disant : « Attendez ! Nous verrons bien si Élie vient le descendre de là ! »
Mais Jésus, poussant un grand cri, expira.
Le rideau du Sanctuaire se déchira en deux, depuis le haut jusqu’en bas.
Le centurion qui était là en face de Jésus, voyant comment il avait expiré, déclara : « Vraiment, cet homme était Fils de Dieu ! »
Il y avait aussi des femmes, qui observaient de loin, et parmi elles, Marie Madeleine, Marie, mère de Jacques le Petit et de José, et Salomé,
qui suivaient Jésus et le servaient quand il était en Galilée, et encore beaucoup d’autres, qui étaient montées avec lui à Jérusalem.
Déjà il se faisait tard ; or, comme c’était le jour de la Préparation, qui précède le sabbat,
Joseph d’Arimathie intervint. C’était un homme influent, membre du Conseil, et il attendait lui aussi le règne de Dieu. Il eut l’audace d’aller chez Pilate pour demander le corps de Jésus.
Pilate s’étonna qu’il soit déjà mort ; il fit appeler le centurion, et l’interrogea pour savoir si Jésus était mort depuis longtemps.
Sur le rapport du centurion, il permit à Joseph de prendre le corps.
Alors Joseph acheta un linceul, il descendit Jésus de la croix, l’enveloppa dans le linceul et le déposa dans un tombeau qui était creusé dans le roc. Puis il roula une pierre contre l’entrée du tombeau.
Or, Marie Madeleine et Marie, mère de José, observaient l’endroit où on l’avait mis.

     

 

        

           « Pousse des cris de joie, fille de Jérusalem ! Voici ton roi qui vient vers toi : il est juste et victorieux, humble et monté sur un âne, un âne tout jeune. Ce roi fera disparaître les chars de guerre et les chevaux de combat, il brisera l’arc de guerre, et il proclamera la paix aux nations » (Za 9,9-10)…

            La prophétie de Zacharie s’accomplit… Alors que Jésus entre à Jérusalem assis sur un petit âne, « les gens criaient : Hosanna ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Béni soit le roi d’Israël ! » (Mc 11,9-10). Mais sa royauté va les dérouter…

            En effet, c’est au moment de la Passion que le titre de « roi », quasiment absent des Evangiles, va apparaître et se répéter. « Tu es le roi des Juifs », demandera Pilate ? « Tu le dis : je suis roi », répondra Jésus (Jn 18,37). « Voici votre roi… Voulez-vous que je vous relâche le roi des Juifs » (Jn 19,14 ; Mc 15,9), demandera Pilate à la foule ? « Salut, roi des juifs » (Mc 15,18), lui diront les soldats en le frappant… Puis, sur la croix, Pilate fera placer cet écriteau : « Jésus le Nazôréen, le roi des Juifs » (Jn 19,19)…

            Au moment de la Passion, le titre de roi peut en effet surgir sans aucune confusion possible. La royauté de Jésus, couronné d’épines, n’est manifestement pas de ce monde… Avec lui, ni « chars de guerre, ni chevaux de combat », mais seulement la Paix de l’Amour, « un Amour plus fort » (Ps 117(116)) que la haine la plus acharnée, un Amour que rien ni personne, pas même la pire cruauté, n’empêchera d’aimer… « Insulté sans rendre l’insulte, maltraité sans faire de menaces », il n’aura que des paroles bienveillantes envers tous ceux qui lui font tant de mal (1P 2,21-25)… « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font » (Lc 23,34)…

            « Vous l’avez livré, vous l’avez renié devant Pilate. Vous avez chargé le Saint et le Juste ; vous avez réclamé la grâce d’un assassin », Barabbas, « tandis que vous faisiez mourir le Prince de la Vie », leur dira plus tard St Pierre. Mais, folie de l’Amour, « c’est pour vous d’abord que Dieu a ressuscité son Serviteur et il l’a envoyé vous bénir du moment que chacun de vous se détourne de ses perversités » (Ac 3,11-26). Et il en sera ainsi pour tous les pécheurs de tous les temps à qui Dieu ne demande qu’une seule chose : se repentir, en vérité et de tout cœur, de tout le mal qui peut habiter notre vie, et consentir à son Amour…         « Pitié pour moi, mon Dieu, dans ton amour, selon ta grande miséricorde, efface mon péché » (Ps 51(50))…

                                                                                                                                          DJF




Dimanche des Rameaux et de la Passion du Seigneur ( Mc 14, 1 – 15, 47)- Homélie du Père Louis DATTIN

Jésus méconnu des siens

Mc 14, 1-15,47

Quelle cérémonie étrange que celle que nous venons de vivre ! Dans une première partie, nous étions en train d’acclamer un roi victorieux qui avance au milieu de la foule qui crie : « Hosannah – Vive Dieu ! Vive Jésus que Dieu nous envoie au nom du Très-Haut ! »

Fête de joie, fête populaire où le Christ est reconnu enfin pour ce qu’il est vraiment : « Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur : le ciel et la terre sont remplis de ta gloire ».

C’est le triomphe ! C’est l’enthousiasme de la foule. Tous, hommes et femmes, ils prennent des palmes pour l’accompagner, pour l’escorter dans son entrée dans sa capitale. C’est la fête pour la foule qui accueille Jésus : il apporte le règne de David. « Hosannah ! » Le salut est proche et nous-mêmes, nous sommes entrés dans cette église avec la joie au cœur. Notre Seigneur est enfin reconnu pour ce qu’il est vraiment ! « Il vient au nom du Seigneur ».

Et puis, après, juste après, la 1ère lecture vient nous choquer. Que dit-elle ? « Je n’en peux plus, je suis une victime qui s’est laissé prendre » « J’ai présenté mon dos à ceux qui me frappaient. Je n’ai pas protégé mon visage contre ceux qui m’injuriaient et crachaient sur moi ». L’antienne suivante nous fait chanter à notre tour :

 

« Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? »

 

 

 

 

 

Alors : « oui ou non ?» Est-ce un triomphateur ou une victime ? Est-ce le roi envoyé par Dieu ? Ou bien un imposteur, un malfaiteur que l’on torture avant de le mettre à mort ?
Devons-nous nous réjouir avec lui dans son triomphe ou pleurer avec lui dans son agonie ?

« Dis-nous qui tu es, Seigneur ? Le héros d’un jour de fête ou la victime d’un jour de deuil ? »

Nous-mêmes, après ces deux récits : celui d’un roi triomphateur ou celui de l’esclave que l’on cloue à la Croix, que disons-nous ? Que pensons-nous ? Que disons-nous de Jésus ?

« Fils de Dieu », oui, c’est notre foi. Mais Fils de Dieu totalement homme, c’est aussi notre foi ! Jésus est allé jusqu’au bout de nos propres questions les plus angoissées ! Dans notre vie, n’y a-t-il pas aussi ces moments de joie, d’exultation, de réussite et puis, aussi, ces temps de malheur, de désolation, de marasme noir et nous nous disons : « Dieu nous abandonne- t-il ? Qu’est-ce-que cela veut dire ? Pourquoi moi et pas un autre ? Pourquoi une telle épreuve, une telle catastrophe ? Dieu nous abandonne-t-il ? ». « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi nous as-tu abandonné ? »

C’est le cri même du Christ en Croix ! Dieu semble abandonner le malade du sida, la vieille maman atteinte de la maladie d’Alzheimer, les victimes des séismes, les chrétiens de Syrie. Serait-ce Dieu qui se retire ? Est-ce-que lui aussi nous laisse tomber ? C’est la question de Jésus sur la Croix. Oui, il a été jusque-là ! Jusqu’à vouloir éprouver lui-même nos moments de désespérance, nos doutes qui nous décapent, notre isolement dans le chagrin extrême, le naufragé qui sent sa dernière minute s’engager.

Alors, Dieu, que tire-t-il de tout cela ? Lui qui se dit créateur et Père ! Ne nous a-t-il mis sur la terre que pour nous faire sentir, un moment, le triomphe des rameaux, pour nous enfoncer ensuite dans le gouffre de la douleur et de la mort ? Tous nos « pourquoi » sont dans le cri de Jésus : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? »

C’est une question posée à son père. Il l’interroge et tant que, au fond de nos malheurs, nous continuerons à questionner Dieu, nous serons avec lui ! Qui nous dira un jour la Croix ? En attendant, elle est là, là pour Jésus, là pour nous aussi !

 Mais, nous chrétiens, nous savons déjà que ce mal n’est pas désespérance, que cette Croix n’est pas que la mort définitive :

 « J’attends la Résurrection des morts et la vie du monde à venir ».

La vie de Jésus ne  s’arrête pas là, elle  va rejaillir, rebondir dans l’éblouissement de Pâques, et Pâques, ce ne sera pas seulement le petit triomphe des Rameaux dans la ville de Jérusalem : la tueuse des prophètes. Ce sera le grand éclaboussement de la gloire définitive d’une vie plus forte que la mort, la naissance d’un monde nouveau comme le cri d’un premier né et non plus celui d’un agonisant !

La réponse au « pourquoi » de Jésus, la réponse à tous nos « pourquoi », c’est la Résurrection ! Ni Pilate, le sceptique, ni les juifs insulteurs, ni le centurion admiratif, ne pouvaient savoir ce qu’allait devenir ce crucifié. Nous, nous savons que le Christ est ressuscité: cela ne doit pas nous empêcher de l’accompagner pendant toute cette Semaine Sainte dans ses souffrances, dans ses angoisses.

Cela doit nous rappeler que la route de la Résurrection passe par là et quand, autour de nous, nous avons du mal à regarder la souffrance du monde, la souffrance de ceux que nous aimons, une seule pensée peut nous aider : Jésus, lui, le Fils de Dieu, lui aussi, est passé par là.

Une seule parole peut nous faire avancer : « Celui qui veut se mettre à ma suite, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive! »

Il vivra, lui aussi, totalement, définitivement ! AMEN




Rencontre autour de l’Évangile (Marc 14, 1-72 ; 15, 1-47) – Dimanche des Rameaux et de la Passion

 » Vraiment cet homme était le Fils de Dieu… »

  

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons (Marc 14, 1-72 ; 15, 1-47)

Tout au long de l’évangile selon saint Marc, une question se pose sans cesse à propos de Jésus : « Qui est cet homme ? »  Nous souvenant que Marc a écrit son évangile pour des chrétiens qui venaient des milieux païens, c’est dans la bouche du centurion, un païen, qu’il met la réponse : « Vraiment, cet homme était le Fils de Dieu ».

Faisons une lecture dialoguée dans le groupe

Tout au long de la lecture, chacun note une réaction, une réflexion ou une question qui lui vient à l’esprit.

Le sens des mots ou des phrases

Des pauvres, vous en aurez toujours parmi vous… mais moi vous ne m’aurez pas toujours : Comment comprendre cette parole de Jésus ?

Judas Iscariote, l’un des Douze : Pourquoi Marc donne cette précision à propos de Judas ?

L’agneau pascal : Quel était le sens du rite de l’agneau pascal ?

Où est la salle ou je pourrai manger la Pâque avec mes disciples ? Pourquoi ce repas pascal que Jésus prend avec ses disciples est-il si important ?

« Prenez, ceci est mon corps »

Ceci est mon sang, le sang de l’Alliance, répandu pour la multitude : Que signifient exactement ces paroles de Jésus ?

Avant que le coq ne chante deux fois, tu m’auras renié trois fois : Quelle est la gravité de la faute de Pierre comparée à celle de Judas ?

Jésus ressent frayeur et angoisse : Pourquoi ?

Veillez et priez… l’esprit est ardent, mais la chair est faible  : Pourquoi cette parole de Jésus à ses disciples ? ( relire les réactions de Pierre et des autres disciples quand Jésus annonce le reniement)

Les disciples l’abandonnèrent et s’enfuirent tous : Comment expliquer cette attitude ?

Pierre se mit à pleurer : Que signifient ces larmes de Pierre ?

Chez Caïphe et chez Pilate : Que représentent ces deux personnages ?

« Sauve-toi toi-même, descend de la croix »… : Peut-on relier ces paroles à celles que Jésus a entendu durant la tentation du désert ?

Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? : Comment interpréter cette parole de Jésus ?

Vraiment cet homme était le Fils de Dieu : Qui fait cette profession de foi ? Pourquoi Marc fait parler un païen ?

 

TA PAROLE DANS NOS CŒURS

Inviter le groupe à rester en silence quelques instants.

 

Pour l’animateur  

Jésus ne nie pas qu’il est urgent d’aider les pauvres. Il va lui même s’identifier aux pauvres  qui existeront toujours ; dans la personne du pauvre, il sera présent. Pour l’heure, c’est lui le Pauvre qui va connaître le dépouillement total dans sa Passion et sa Mort.

Judas, l’un des Douze : Jésus l’avait choisi comme les autres apôtres, en toute confiance, pour être avec lui et l’aider dans sa mission.  Il était responsable de la bourse du groupe, et d’après l’apôtre Jean, il dérobait ce qu’on y mettait. C’est donc par appât du gain qu’il a livré Jésus. Malgré la somme énorme que représente le parfum que la femme répand sur Jésus, Jésus maintient la valeur du geste comme un geste prophétique de son ensevelissement : il sera enseveli à la hâte, comme un pauvre, sans être embaumé.

L’agneau pascal : dans chaque famille, à la fête de Pâques, au cours d’un repas rituel on mangeait un agneau pour célébrer la libération du peuple Hébreu : Jésus a profité de ce Repas pascal juif, pour offrir sa vie en sacrifice pour libérer l’humanité du Mal et de la Mort : c’est la Pâque nouvelle. C’est lui l’Agneau immolé de la Pâque nouvelle : et Jésus, dans un geste rituel, que chaque père de famille  faisait, donne sa vie (ceci est mon corps, c’est à dire ma personne, livré pour vous), ceci est mon sang (c’est à dire ma vie) versé pour vous.

Jésus ne donne pas sa chair (au sens matérialiste), les disciples ne boivent pas  du sang humain (au sens matérialiste) : en mangeant le pain consacré et en buvant le vin consacré, les disciples communient à la personne du Christ qui a donné sa vie sur la Croix et qui est maintenant glorifié. Jésus dans l’Eucharistie, sous le signe du Pain et du Vin, devenus son corps et son sang, offre sa personne et sa vie pour le salut du monde. Quand les chrétiens refont le repas de l’Eucharistie, ils font mémoire de la mort et de la résurrection, et ils se rendent ainsi contemporains  des événements du salut.

Jésus est triste à mourir, à cause de la solitude qui est la sienne et l’échec (au moins apparent) de sa mission. Frayeur et angoisse sont bien les signes que Jésus est pleinement homme. Il voit venir la mort et il a peur.

Pierre, Jacques et Jean, qui étaient sur la montagne de la Transfiguration là avec Jésus : témoins de sa tristesse, de son angoisse et de sa prière. Jésus leur demande de prier, car la « chair » c’est à dire la nature humaine, est faible : l’épreuve de la Passion s’est révélée très dure pour les Douze. Tous l’ont lâché et se sont enfuis par peur de subir le même sort. La faute de Pierre est objectivement aussi grave que celle de Judas : celui-ci  a trahi son Maître, Pierre l’a renié malgré son élan de fidélité. La différence : Pierre a pleuré sa faute. Judas n’a pas cru le pardon possible. Jésus a connu un double procès : un religieux devant Caïphe et l’autre politique devant Pilate.

Par la bouche des gens qui se moquent ; Satan revient à la charge (comme au désert) : sauve-toi toi-même et descends de la croix ( sous entendu « si tu es le Fils de Dieu »). Jésus n’a fait aucun miracle pour lui-même !

Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné : ce sont les premiers mots du psaume 22, plainte d’un innocent persécuté. Le psaume débouche sur l’assurance que Dieu n’abandonne jamais son fidèle. Ce n’est donc pas un cri de désespoir : Jésus est solidaire de la solitude immense de tous les justes mourants, de tous ceux qui touchent le fond de la détresse humaine, qui se croient abandonnés même de Dieu.

Vraiment cet homme était le Fils de Dieu : c’est le centurion Romain, un païen, qui donne la réponse de foi à toute la question qui parcourt l’évangile de Marc : « Qui est cet homme ? »

TA PAROLE DANS NOS MAINS :

La Parole aujourd’hui dans notre vie  

 Qu’est-ce que la méditation Passion de Jésus peut changer dans notre vie ?

 

Ensemble prions :   

 Prier avec le chant : Sur les chemins où nous peinons.

 

Pour lire ou imprimer le document en PDF cliquer ici : DIMANCHE DES RAMEAUX

 

 

 

 




Homélie du Père Rodolphe EMARD avec Jn 11, 1-45

Homélie donnée par le P. Rodolphe Emard, responsable du Catéchuménat dans le diocèse de St Denis de la Réunion, à Ste Clotilde, en ce 5ième Dimanche de Carême.

L’Evangile choisi est Jn 11, 1-45, en conformité avec la démarche catéchuménale accomplie en ce jour

 

Nous venons de proclamer l’évangile qu’on intitule couramment « La résurrection de Lazare ». C’est l’évangile de l’année A que l’Église propose pour le 3ème scrutin des catéchumènes.

Un long récit du chapitre 11 de l’évangile de Jean, avec 45 versets. Nous sommes à Béthanie, un village proche de Jérusalem[1], à « quinze stades », un peu moins que 3 km, à une demi-heure de marche environ. Marthe et Marie sont les deux sœurs de Lazare. Elles font connaître à Jésus qu’il est malade.

Pour Jésus, je le cite : « Cette maladie ne conduit pas à la mort, elle est pour la gloire de Dieu, afin que par elle le Fils de Dieu soit glorifié. » D’où le fait qu’il tarde à venir. Ce ne sera que deux jours après que Jésus décidera d’aller à Béthanie, alors que Lazare sera décédé.

Arrivé à Béthanie, Marthe est déconcertée par son retard : « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort. » Mais la profession de Marthe est belle et bien précise : elle sait que Jésus vient de Dieu et que tout ce que Jésus demande à Dieu il lui sera accordé. Et elle a l’espérance en la résurrection « au dernier jour ». Elle croit que Jésus est « le Christ, le Fils de Dieu ».

Jésus va se présenter comme « la résurrection et la vie » et quiconque croit en lui « ne mourra jamais ». Jésus se révèle comme le Maître de la Vie. Il a pouvoir de ressusciter les morts et il va rendre la vie à Lazare : « Lazare, viens dehors ! »

Tu ne fais pas fausse route Johanna. Suite à ce miracle de Jésus, beaucoup de Juifs vont croire en Jésus. La foi en Jésus nous précède, d’autres ont cru avant nous. La foi est un don de Dieu, n’oublie jamais cela. Nous avons la foi parce que nous avons rencontré Jésus, nous avons fait l’expérience de Jésus.

Tous ceux qui ont nous ont précédé dans la foi et qui ont fait une réelle expérience de Jésus l’ont reconnu comme leur Seigneur, un Seigneur riche en compassion et plein de bonté. Cet évangile de la résurrection de Lazare est à la fois intriguant et touchant car on y découvre les sentiments profonds de Jésus. L’évangile nous donne plusieurs caractéristiques :

  • Jésus aimait Marthe, Marie et Lazare comme il t’aime sincèrement Johanna. Continue Johanna d’ouvrir ton cœur à son amour qui ne veut que ton bien et ton bonheur.

  • Jésus va pleurer devant le tombeau de Lazare : « Voyez comme il l’aimait ! » disaient les Juifs. Cela nous montre que Jésus est plein de compassion et de miséricorde et qu’il n’est insensible à aucune souffrance humaine : « Jésus, en son esprit, fut saisi d’émotion, il fut bouleversé… »

Continue Johanna d’ouvrir ton cœur à cette compassion et à cette miséricorde de Jésus qui nous relèvent, qui nous poussent au large… Jésus ne nous enferme pas dans nos erreurs, dans nos échecs et dans nos péchés mais il nous en libère !

  • Jésus va aussi consoler Marthe pour l’amener à grandir dans la foi : « Ne te l’ai-je pas dit ? Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu. » Alors Johanna laisse Jésus te consoler à chaque fois que tu en auras besoin, il saura te faire grandir dans le chemin de la foi.

Chers frères et sœurs, que ce 3ème scrutin pour Johanna nous aide à faire un pas de plus dans la foi. Le Carême touche pas à pas à sa fin, que cela contribue à faire vraiment fortifier notre foi. Jésus nous aime et personne ne peut nous aimer autant que lui. Jésus veut nous consoler, il veut nous secourir de nos morts intérieures, de nos morts spirituelles. Il peut ressusciter en nous ce qui nous semble mort !

Le nom « Lazare » était répandu au premier siècle. Ce nom est un abrégé de « Eléazar » qui signifie « Dieu l’aide ». Lazare nous rappelle que personne ne peut se suffire à lui-même ou s’en sortir tout seul. Nous avons besoin de l’aide de Dieu ! Alors laissons le Christ nous aimer, laissons-le nous ressusciter, il est la « la résurrection et la vie ».

 

N’aie pas peur,

laisse-toi regarder par le Christ

Laisse-toi regarder car il t’aime (bis).

 

 

 

[1] Béthanie se situe à l’Est du Mont des Oliviers.

 

 

 




5ième Dimanche de Carême (Jn 12, 20-33) – par Francis COUSIN

« Le grain de blé. »

Nous sommes au temps de la Pâque juive, et pendant cette période, beaucoup de juifs de la diaspora faisaient le déplacement depuis leurs lieux de vie vers Jérusalem « pour adorer Dieu. », mais aussi des étrangers attirés par la religion juive et qui venaient aussi pour sacrifier et adorer le Dieu des juifs.

C’étaient le cas de quelques grecs qui en arrivant à Jérusalem avaient entendu parler d’un certain Jésus et avaient été intrigués par ce qu’on disait de lui, et voulaient en savoir plus sur lui. Naturellement il se dirigent vers Philippe, de nom grec, et venant de Béthsaïde, au nord-est de la Galilée, là où le grec est parlé.

« Nous voulons voir Jésus. ».

Pas simplement voir … mais le rencontrer, discuter avec lui … comme le fit au début de l’évangile André et son compagnon au bord du Jourdain …

Alerté par Philippe et André de leur demande, la réaction de Jésus parait surprenante, puisqu’il semble ne faire aucun compte avec les grecs …

« L’heure est venue où le Fils de l’homme doit être glorifié. »

Jusqu’à présent Jean faisait dire à Jésus « mon heure n’est pas encore venue » (aux noces de Cana, Jn 2,4 ), ou « son heure n’était pas encore venue. » (Jn 7,30 et 8,20).

De quelle heure s’agit-il ? On ne le dit pas, même si pour les deux dernières références on peut penser à sa mort prochaine  de Jésus …

Maintenant l’heure est venue … : les grecs sont « d’autres brebis, qui ne sont pas de cet enclos », et juste avant, Caïphe « prophétisa que Jésus allait mourir pour la nation ; et ce n’était pas seulement pour la nation, c’était afin de rassembler dans l’unité les enfants de Dieu dispersés» (Jn 11,51-52)

Cette fois, c’est bien l’heure de sa mort …

Et Jésus l’a bien compris puisqu’il ajoute : « Amen, amen, je vous le dis : si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit. »

Phrase qui s’applique à tout le monde, mais surtout à Jésus.

Mais si le grain de blé doit mourir pour porter du fruit, il y a encore une chose à ajouter : mourir à soi-même … de manière à ce que nous fassions soit tourné vers les autres … ce qui nous permettra d’obtenir la vie éternelle !

Cela doit tourner dans la tête de Jésus … Il imagine ce qui va se passer … et cela l’angoisse … Alors il s’écrit : « Maintenant mon âme est bouleversée. Que vais-je dire ? “Père, sauve-moi de cette heure” ? ».

Jean met ici ce que les autres évangélistes ont rapporté dans le jardin de Gethsémani, le soir du jeudi saint, de manière plus dramatique, avec l’injonction donnée aux apôtres : « Veillez et priez pour ne pas entrer en tentation. » (Mt 26,41).

Pour Jean, la réponse à la question que Jésus se pose est beaucoup plus rapide … voire même instantanée. La question n’en est pas une ; ce n’est qu’une pensée fugace …

« Mais non ! C’est pour cela que je suis parvenu à cette heure-ci ! ».

Jésus se remet déjà entre les mains de son Père ! : « Père, glorifie ton nom ! ».

Il va jusqu’au bout de sa mission …

On remarquera que tout à l’heure, Jésus disait : « L’heure est venue où le Fils de l’homme doit être glorifié. » c’est-à-dire lui-même, Jésus … alors que maintenant il dit : « Père, glorifie ton nom ! ».

Le nom du Père sera glorifié quand il aura ressuscité son Fils … et celui-ci sera glorifié parce qu’il est ressuscité par son Père … parce qu’il a vaincu la mort … parce qu’il nous ouvre les portes de la vie éternelle !

Les deux, Père et Fils, sont glorifiés par une même action : la résurrection du Fils Jésus !

Seigneur Jésus,

on comprend que tu as été bouleversé

par cette ’’heure’’, celle de ta mort,

 et surtout celle de ta passion …

Beaucoup de gens actuellement

ont peur de la mort …

même des chrétiens !,

alors que tu nous as ouverts

les portes de la vie éternelle.

 Merci de nous avoir ouvert ces portes !

 

                                                                                  Francis Cousin

 

Cliquer sur le lien ci-dessous pour accéder à l’image illustrée : Image dim Carême B 5°

 




Rencontre autour de l’Evangile (Jn 12, 20-33)– 5ième Dimanche de Carême

 

 « Si le grain de blé tombé en terre meurt,

il porte beaucoup de fruit »

5ième carême 2

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons  (Jn 12, 20-33)

Jésus est à Jérusalem pour sa troisième fête de Pâque. L’heure de sa Passion et de sa Mort approche. Dans le texte de ce dimanche, il donne le sens de sa mort. Il donne aussi un indice sur le genre de mort qui l’attend.

Le sens des mots

Les Grecs… à Jérusalem pour adorer Dieu : Qui sont ces Grecs qui adorent Dieu à Jérusalem ?

Durant la Pâque : Qu’est-ce que les juifs célébraient dans cette grande fête ?

Voir Jésus : Quelles sont les différentes manières de voir quelqu’un ?

L’heure est venue pour le Fils de l’homme : Qui est le « Fils de l’homme » et qu’est-ce que « l’heure » dont parle Jésus ?

La petite parabole du grain de blé : Qui est ce grain de blé ? Quel sens Jésus donne à sa mort ?

Je suis bouleversé : Comment comprendre cette parole de Jésus ?

Père glorifie ton nom : Qu’est-ce qui va glorifier le nom du Père ?

Du ciel vint une voix : Se rappeler ce qui s’est passé au baptême de Jésus et à la Transfiguration.

Voici maintenant que ce monde est jugé : Que veut dire Jésus ? Par qui est-il jugé ?

Le prince de ce monde va être jeté dehors : De qui Jésus parle-t-il ?

Quand j’aurai été élevé de terre : Que veut dire Jésus ?

J’attirerai à moi tous les hommes : Que nous révèle Jésus dans cette  parole ?

Pour l’animateur

Les grecs dont il est question sont des sympathisants de la religion juive. Ils sont à Jérusalem pour la fête de Pâque.  La Pâque juive était la plus grande fête juive célébrée pour commémorer la libération du peuple hébreu, l’Exode.

Voir Jésus, pour saint Jean, c’est plus que le regarder avec ses yeux. C’est pénétrer, percevoir quelque chose de la personne de Jésus. La vue directe et sensible de Jésus est à la base de la démarche de foi. La démarche des Grecs est religieuse.

 La réponse de Jésus peut déconcerter. En fait, Jésus va au fond du désir des Grecs : en entrant dans sa Passion, Jésus va vivre son Heure, l’Heure qui va éclairer toute la vie de Jésus et permettra de voir qui il est vraiment : le Sauveur de tous les hommes.  L’Heure de Jésus c’est à la fois la mort et la glorification. Jésus choisit d’accomplir le dessein de Dieu, de son Père : c’est pour cela qu’il est arrivé à cette heure.

La petite parabole du grain de blé donne le sens de la mort de Jésus : le grain de blé enseveli et resurgi, c’est Jésus. La mort de Jésus c’est l’acte suprême de son amour pour son Père et pour les hommes.

La voix du ciel, comme au baptême et à la transfiguration de Jésus, c’est le Père qui manifeste ainsi qu’il approuve l’acte d’offrande d’amour de son Fils.

Le prince de ce monde, (Satan, l’adversaire), est jeté dehors, c’est à dire vaincu, tandis que Jésus est élevé de terre. Pour saint Jean, c’est quand Jésus est  élevé sur la croix qu’il est exalté et glorifié par le Père. La croix exerce une attraction universelle pour le salut de tous les hommes. Venir à Jésus, pour saint Jean, c’est croire.

TA PAROLE DANS NOS COEURS

Seigneur Jésus, te voici arrivé à ton Heure, l’Heure pour laquelle ton Père t’a donné aux hommes, l’Heure de ta Mort et de ta Glorification pour le salut de tous les hommes. Tu es, toi-même, ce grain de blé qui est tombé en notre terre pour porter beaucoup de fruit : faire de tous les hommes des  enfants bien-aimés pour ton Père. Nous te rendons grâce pour ton amour qui est allé jusqu’au bout.

TA PAROLE DANS NOTRE VIE

Comme Philippe et André pour les Grecs, pourrions-nous être aujourd’hui des intermédiaires permettant aux incroyants de rencontrer Jésus ? Sommes-nous attentifs à ceux qui désirent connaître et rencontrer Jésus ?

C’est la vie donnée de Jésus (grain qui meurt) qui a porté beaucoup de fruit : le salut de tous les hommes. Le grain de blé enseveli et resurgi, c’est Jésus, c’est aussi chacun de nous, «enseveli en sa mort par le baptême » (Rm 6,4) fils et fille du père : Est-ce que notre vie est donnée par amour pour nos frères ?

 

ENSEMBLE PRIONS 

Prier avec le chant  : Le grain de blé (carnet paroissial p.194 ; lire si on ne peut pas le chanter)

Ou

« Quand je serai élevé de terre, j’attirerai tout à moi »

Magnificat

Notre Père.

 

Pour lire ou imprimer le document en PDF cliquer ici : 5ième Dimanche de Carême

 

 

 

 

 




5ième Dimanche de Carême – par le Diacre Jacques FOURNIER (Jean 12, 20-33)

 « J’attirerai tous les hommes à moi » 

(Jean 12, 20-33)

En ce temps-là, il y avait quelques Grecs parmi ceux qui étaient montés à Jérusalem pour adorer Dieu pendant la fête de la Pâque.
Ils abordèrent Philippe, qui était de Bethsaïde en Galilée, et lui firent cette demande : « Nous voudrions voir Jésus. »
Philippe va le dire à André, et tous deux vont le dire à Jésus.
Alors Jésus leur déclare : « L’heure est venue où le Fils de l’homme doit être glorifié.
Amen, amen, je vous le dis : si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit.
Qui aime sa vie la perd ; qui s’en détache en ce monde la gardera pour la vie éternelle.
Si quelqu’un veut me servir, qu’il me suive ; et là où moi je suis, là aussi sera mon serviteur. Si quelqu’un me sert, mon Père l’honorera. »
Maintenant mon âme est bouleversée. Que vais-je dire ? “Père, sauve-moi de cette heure” ? – Mais non ! C’est pour cela que je suis parvenu à cette heure-ci !
Père, glorifie ton nom ! » Alors, du ciel vint une voix qui disait : « Je l’ai glorifié et je le glorifierai encore. »
En l’entendant, la foule qui se tenait là disait que c’était un coup de tonnerre. D’autres disaient : « C’est un ange qui lui a parlé. »
Mais Jésus leur répondit : « Ce n’est pas pour moi qu’il y a eu cette voix, mais pour vous.
Maintenant a lieu le jugement de ce monde ; maintenant le prince de ce monde va être jeté dehors ;
et moi, quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes. »
Il signifiait par là de quel genre de mort il allait mourir.

    

 

            Des Grecs, et donc des païens, désirent voir Jésus… Or, « nul ne peut venir à moi si le Père qui m’a envoyé ne l’attire » (Jn 6,44) disait-il, et « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils Unique pour que le monde soit sauvé par lui » (Jn 3,16-17), le monde entier, tous les hommes, Juifs et païens…

            Jésus voit s’accomplir, dans cette démarche des Grecs, ce projet universel de salut pour lequel il a été envoyé… « L’Heure est venue pour le Fils de l’Homme d’être glorifié »… Très bientôt, « il souffrira beaucoup, il sera rejeté par les Anciens, les Grands Prêtres et les scribes, il sera tué et après trois jours, il ressuscitera » (Lc 8,31). A Gethsémani, cette perspective le plongera dans « la tristesse et l’angoisse ». « Mon Père, s’il est possible, que cette coupe passe loin de moi ! Cependant, non pas comme je veux mais comme tu veux » (Mt 26,36-46). St Jean ne nous rapporte pas cet épisode, mais nous avons ici un écho de ce combat intérieur que le Christ a du affronter : « Maintenant je suis bouleversé. Que puis-je dire ? Père, délivre-moi de cette heure ? Mais non ! C’est pour cela que je suis parvenu à cette heure-ci ! Père, glorifie ton nom ! » Et le Père répondra à cette supplication : « Alors, du ciel, vint une voix qui disait : « Je l’ai glorifié et je le glorifierai encore ». Et sur la Croix, c’est Lui qui donnera à son Fils de pouvoir se donner jusqu’au bout, « jusqu’à l’extrême de l’amour » (Jn 13,1), pour le salut du monde… Et il le glorifiera encore par sa résurrection en lui donnant « la gloire qu’il avait auprès de lui avant que fût le monde » (Jn 17,5)…

            Tombé en terre, le grain de blé mourra. Mais il ne demeurera pas seul. Il portera beaucoup de fruit : cette « foule immense, que nul ne peut dénombrer, de toute nation, race, peuple et langue. Debout devant le trône et devant l’Agneau, vêtus de robes blanches, des palmes à la main, ils crient d’une voix puissante : « Le salut est donné par notre Dieu, lui qui siège sur le trône, et par l’Agneau »… Ils viennent de la grande épreuve » de cette vie sur la terre. « Ils ont lavé la robe de leur cœur et leur vie et les ont blanchies dans le sang de l’Agneau. C’est pourquoi ils sont devant le trône de Dieu, le servant jour et nuit dans son Temple » (Ap 7,9-17).

            « Dieu veut » en effet « que tous les hommes soient sauvés » (1Tm 2,4-6). C’est pourquoi, ressuscité, le Christ continue-t-il aujourd’hui encore d’accomplir la promesse qu’il nous fait ici : « Une fois élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes »… DJF




5ième Dimanche de Carême (Jn 12, 20-33)- Homélie du Père Louis DATTIN

Le grain tombé en terre

Jn 12, 20-33

« Voici venir des jours où je conclurai une alliance nouvelle avec mon peuple. Ce ne sera pas une alliance comme celle que j’ai conclue avec leurs pères, le jour où je les ai pris par la main pour les faire sortir d’Egypte : cette alliance-là, ils l’ont rompue. Voici quelle sera l’alliance que je vais conclure avec eux : je mettrai ma loi au plus profond de leur cœur. Je serai leur Dieu, ils seront mon peuple. Je leur pardonnerai leurs fautes. Je ne me rappellerai plus de leurs péchés”».

Ce que nous promet Jérémie dans cette nouvelle alliance, ce n’est pas un changement des clauses de l’alliance, changement du texte de l’alliance. C’est bien plus important : un changement du cœur de l’homme lui-même, un renouvellement de l’homme ; un cœur humain qui sera profondément accordé aux appels de Dieu sur lui.

« Je lui parlerai au cœur », c’est l’ambition de tout amoureux avec celui ou celle dont il veut partager la vie. C’est le cœur de l’autre qui doit être atteint. C’est jusque dans son cœur que ces paroles doivent pénétrer pour y résonner et atteindre la plénitude de leur portée.

 Tant que le cœur n’est pas atteint, il n’y a pas d’amour partagé : une alliance qui ne sera plus gravée sur des tables de pierre, mais qui sera gravée dans le cœur de chacun, non plus une alliance cosmique signifiée par l’arc-en-ciel, pas même une alliance suscitée par la main d’Abraham allant sacrifier son fils. Notre Père veut aller plus loin ; par son Fils, par Jésus-Christ, victime offerte, il désire nous faire entrer dans une connaissance intime de Dieu, faite d’une communion quotidienne à son amour et à sa volonté.

« Voici venir des jours ». Oui, ils arrivent ces jours, ils s’approchent ces heures où Jésus, par sa Passion et sa Croix, va opérer le renouvellement d’une alliance nouvelle et éternelle qui fera de notre relation avec Dieu non plus un contrat légaliste, pas même un pacte entre 2 partenaires, ni un accord entre deux amis, mais bien plus ! Un don de soi à l’autre, don irréversible : alliance définitive, don toujours offert, alliance toujours nouvelle.

Pâques 2024, sera-ce pour moi, une alliance ? Une alliance nouvelle, une alliance éternelle ? Est-ce-que je prépare, en ce moment, ce renouvellement de mon être dont a parlé le prophète Jérémie tout à l’heure, travail de Carême, effort préliminaire à toute résurrection personnelle ?

Est-ce-que, peu à peu, j’essaie d’accorder mon âme aux désirs de Dieu sur moi, tout comme on accorde, par essais successifs, un piano ou une guitare pour qu’ils puissent sonner juste à la mélodie de Dieu, m’accorder aux notes graves et déchirantes de la Passion et de la souffrance, m’accorder aux notes légères, allègres ou triomphantes de la Résurrection, m’accorder aux notes joyeuses de l’alléluia et de l’annonce de notre salut définitif ?

A cette approche des événements décisifs d’une alliance renouvelée entre Dieu et chacun d’entre nous, le Christ me tend la main, il désire me prendre par la main pour m’emmener avec lui : allons-nous nous laisser faire ? Allons-nous le suivre dans cette Passion, dans cette Résurrection qui sera la mienne aussi et qui sera le renouvellement de mon Baptême que je proclamerai dans la nuit du samedi au dimanche de Pâques ? Allons-nous le laisser tout seul poursuivre sa route vers la maison de Caïphe, dans le palais de Pilate, sur la montée du Calvaire ?

Serons-nous, là, avec Marie, avec Jean, au pied de la Croix, le Vendredi Saint ?

Serons-nous avec les Saintes femmes, le matin du dimanche de Pâques, pour écouter l’ange nous dire : « Vous cherchez Jésus de Nazareth, le crucifié ? Il est ressuscité ! Il n’est pas ici ! », ou bien partirons-nous sur la pointe des pieds, après Gethsémani, comme ces apôtres qui dormaient pendant l’agonie de Jésus et que l’on n’a plus revus jusqu’à le Résurrection, ou bien dirons-nous comme Pierre : « Non, cet homme, je ne le connais pas » ?

Le coq ne chantera pas trois fois ! Mais nous l’aurions renié une fois de plus ! La Passion du Christ, elle est toujours actuelle, sa Résurrection aussi, heureusement !

Si nous sommes sincères, si nous sommes, non seulement de bonne foi, mais avec une foi qui soit bonne, c’est-à-dire assez solide pour  accompagner le Christ n’importe où, nous dirons avec le psaume d’aujourd’hui :

« Donne-nous, Seigneur, un cœur nouveau », car il en faut du cœur et du courage pour te suivre là où tu souffres pour nous,

« Donne-nous, Seigneur, un « Esprit nouveau » » car cet Esprit-là, celui de ton Fils, il faut que, moi aussi, je le remette entre les mains du Père. Sommes-nous capable d’entendre le Christ présenter avec un grand cri et des supplications, à son Père qui pouvait le sauver de la mort, sa prière de détresse ? « Père, que ce ne soit pas ma volonté qui soit faite mais la tienne »

Nul, désormais, ne peut se dire solitaire ou abandonné dans sa peine. Jésus est toujours près de lui, compagnon de douleur qui lui apporte secours et miséricorde. Découvrir Jésus souffrant à côté de moi, c’est découvrir que mes propres souffrances, que mes épreuves personnelles ont, elles aussi, un sens et une valeur rédemptrice capable de sauver le monde.

Oh ! Si pendant ces jours saints, ceux qui sont dans l’épreuve pouvaient réaliser qu’ils sont en train de sauver le monde avec Jésus-Christ ! Qu’en offrant leurs douleurs et les unissant avec celles du Calvaire et de la Croix, ils jouent dans le monde un rôle bien plus important que n’importe quel chef d’état !

Ce n’est pas Pilate qui a changé le monde, ce n’est pas Hérode qui l’a sauvé, c’est Jésus, et Jésus en Croix ! « Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul, il est stérile et inutile, mais s’il meurt, il donne beaucoup de fruits, il devient fécond ».

Ces jours qui vont venir, seront-ils témoins des semailles de Dieu en nos cœurs ? Verront-ils se lever une moisson spirituelle parce que nous avons accepté de faire mourir en nous toutes nos forces d’égoïsme pour faire épanouir au soleil de Dieu toutes nos forces d’oubli de nous-mêmes et de générosité ?

Si oui, Jérémie pourra redire encore de la part de Dieu :

« Voici venir des jours où je conclurai une alliance nouvelle ». AMEN




4ième Dimanche de Carême (Jn 3, 14-21) par D. Alexandre ROGALA (M.E.P.)

« C’est bien par grâce que vous êtes sauvés »

(Ep 2, 5)

Lorsque je rencontre les parents qui souhaitent inscrire leur enfant au catéchisme ou à l’aumônerie, l’une des raisons qui motivent la demande des parents est que leur enfant apprenne les valeurs chrétiennes et qu’il apprenne à bien se comporter en toute situation.

De même, lorsque je discute avec de jeunes chrétiens, ils me demandent souvent si telle ou telle chose est un péché ; ou encore, s’il est permis ou défendu de faire ceci ou cela.

Depuis notre enfance, on nous a tellement rabâché que pour être un véritable chrétien, ce qui est le plus important c’est l’agir, que ce qui nous différencie des protestants, c’est que pour nous les catholiques, les bonnes œuvres participent à notre salut.

Mais à trop insister sur les « œuvres », nous réduisons d’une part, le christianisme à être un ensemble de pratiques permettant d’être en règle avec Dieu, et d’autre part, nous oublions l’essentiel : le salut est un don totalement gratuit que Dieu nous offre. Ce salut qui nous est donné sans condition est une bonne nouvelle pour nous car nous ne sommes pas meilleurs que les chefs des prêtres et du peuple dont parle la première lecture qui multipliaient les infidélités.

Celle-ci est la fin du Second Livre des Chroniques (2 Ch 36, 14-23) dont le schéma est la dégradation de la fidélité du peuple et de ses souverains qui aboutit à l’Exil à Babylone : « finalement, il n’y eut plus de remède à la fureur grandissante du Seigneur contre son peuple. Les Babyloniens brûlèrent la Maison de Dieu, détruisirent le rempart de Jérusalem, incendièrent tous ses palais, et réduisirent à rien tous leurs objets précieux. Nabucodonosor déporta à Babylone ceux qui avaient échappé au massacre ; ils devinrent les esclaves du roi et de ses fils jusqu’au temps de la domination des Perses » (2 Ch 36, 16-20).

Le psaume 136 que nous avons chanté en réponse à la première lecture, nous laisse imaginer à quel point l’Exil a dû être difficile pour le peuple hébreu : « Au bord des fleuves de Babylone nous étions assis et nous pleurions, nous souvenant de Sion… »

Voilà quel genre de grand malheur nous aurions mérité si nous étions encore sous le « régime de la Loi » et que le salut dépendait de nos œuvres. Heureusement, en Christ nous ne sommes plus sous le « régime de la Loi », mais sous le « régime de la grâce » (cf. Rm 6, 14)

C’est ce que nous rappelle l’auteur de la Lettre aux Éphésiens qui souligne que l’initiative vient de Dieu, et non pas de nos mérites : « C’est bien par la grâce que vous êtes sauvés, et par le moyen de la foi. Cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. Cela ne vient pas des actes : personne ne peut en tirer orgueil » (Ep 2, 89).

Cependant, si nous ne pouvons pas en tirer fierté, cela ne signifie pas que nous sommes dispensés d’accomplir de bonnes œuvres. Dieu les « a préparées d’avance
pour que nous les pratiquions » (Ep 2, 10). Autrement dit, nous ne sommes pas sauvés par la réalisation de bonnes œuvres, mais nous sommes sauvés pour la réalisation des bonnes œuvres.

Dans le texte d’évangile de ce dimanche (Jn 3, 14-21) Jésus nous enseigne la même chose, à savoir que nous sommes sauvés « par grâce au moyen de la foi ».

Jésus commence par faire référence à l’épisode du serpent d’airain pour parler de la Croix et de son exaltation auprès du Père. Il est utile que nous nous y penchions un moment. Jésus dit à Nicodème : « De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé, afin qu’en lui tout homme qui croit ait la vie éternelle » (3, 14).

Rappelons-nous qu’alors qu’ils étaient dans le désert, les hébreux avaient récriminé contre le Seigneur et contre Moïse, et Dieu avait permis que des serpents à la morsure brulante s’en prennent au Peuple. Quelques temps après, le peuple a reconnu son péché, Dieu a donné à Moïse la consigne suivante :

« Fais-toi un serpent brûlant, et dresse-le au sommet d’un mât : tous ceux qui auront été mordus, qu’ils le regardent, alors ils vivront ! » Moïse fit un serpent de bronze et le dressa au sommet du mât. Quand un homme était mordu par un serpent, et qu’il regardait vers le serpent de bronze, il restait en vie ! » (Nb 21, 8-9)

Il est surprenant que Dieu ait demandé à Moïse de fabriquer un serpent qui était justement la cause du mal en raison de leurs morsures venimeuses.

Le livre de la Sagesse qui a été écrit au tournant de l’ère chrétienne relira cet épisode du serpent d’airain ainsi :

« Quand s’abattit sur les tiens la fureur terrible de bêtes venimeuses, lorsqu’ils périssaient sous la morsure de serpents tortueux, ta colère ne persista pas jusqu’à la fin. C’est en guise d’avertissement qu’ils avaient été alarmés pour un peu de temps, mais ils possédaient un signe de salut, qui leur rappelait le commandement de ta Loi » (Sg 16, 5-6).

Il est intéressant de constater que l’auteur du Livre de la Sagesse appelle le serpent d’airain qu’a fabriqué Moïse : « signe de salut »

Revenons au texte d’évangile. Après s’être comparé au serpent d’airain, et avoir affirmé que la volonté de Dieu le Père est de sauver tous les hommes, Jésus parle quand même d’un jugement :

« Celui qui croit en lui échappe au Jugement, celui qui ne croit pas est déjà jugé, du fait qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu » (3, 18).

Nous constatons que le jugement porte sur l’incrédulité. À la lumière de la comparaison que fait Jésus de sa Croix et du serpent d’airain, nous pourrions dire que l’incrédule est jugé pour avoir refusé le « signe de salut » qu’est le Crucifié-Ressuscité.

Réécoutons maintenant ce que dit Jésus sur les œuvres : « Celui qui fait le mal déteste la lumière : il ne vient pas à la lumière, de peur que ses œuvres ne soient dénoncées ; mais celui qui fait la vérité vient à la lumière, pour qu’il soit manifeste que ses œuvres ont été accomplies en union avec Dieu » (3, 20-21). 

Remarquons d’abord que les personnes sont distinctes de leurs œuvres, que celles-ci soient bonnes ou qu’elles soient mauvaises. En ce qui concerne celui qui commet le mal, le texte ne nous dit pas que s’il vient à la lumière il sera dénoncé et pointé du doigt. Le texte nous dit que le méchant « ne vient pas à la lumière, de peur que ses œuvres ne soient dénoncées ». Ce sont les œuvres qui sont visées, et non pas le pécheur. De même, les bonnes œuvres, puisqu’elles ont été accomplies « en union avec Dieu » ne peuvent pas devenir des motifs de mérite ou de fierté. Elles ne sont pas les œuvres de la personne qui les fait, mais elles sont en réalité, les « œuvres de Dieu » lui-même.

La semaine dernière les lectures nous ont mise en garde contre la quête de signes miraculeux. Cette semaine, les textes bibliques nous avertissent du danger de la quête aux bonnes œuvres. Peut-être que nous ne comprenons pas. Après tout, la réalisation de bonnes œuvres, n’est-elle pas positive ? En fait, ce ne sont pas les bonnes œuvres en tant que telles qui sont visées. Au contraire, celles-ci sont la conséquence logique du salut qui nous est offert. Ce dont notre Seigneur nous met en garde ce matin, c’est de croire que par les bonnes œuvres nous pourrions d’une certaine manière « mériter » notre salut. En plus d’être faux, penser que l’on mérite d’être sauvé parce que nous agissons bien est un péché d’orgueil.

Cher frères et sœurs, ayons l’humilité de reconnaître qu’en ce qui concerne notre salut, nous n’avons aucun mérite personnel, et qu’accomplir des bonnes actions n’est que la moindre des choses que nous pouvons faire pour manifester à Dieu notre reconnaissance.  Donc, pour la suite de ce temps de carême, poursuivons nos efforts, mais faisons-le avec humilité comme des « serviteurs inutiles qui n’ont fait que leur devoir » (Cf. Lc 17, 10).

 

 

 




4ième Dimanche de Carême (Jn 3, 14-21) – par Francis COUSIN

« La lumière est venue dans le monde. »

 

Une des grandes questions que beaucoup de personnes se posent est : « Qui-a-il après la mort ?, le néant … ou une autre forme de vie … ? ».

Les statistiques à ce sujet ne sont pas très fiables, mais vont toutes dans le même sens : une diminution de ceux qui croient en une vie éternelle, et une augmentation nette de ceux qui croient qu’il n’y a rien ou qui croient à la réincarnation, et un tiers qui doute …

Pour nous, les chrétiens, il ne devrait pas y avoir de doute … et l’évangile de ce jour nous le dit bien : « Car Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle. Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. »

Et dans deux phrases successives, Jésus parle de la vie éternelle : « De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé, afin qu’en lui tout homme qui croit ait la vie éternelle. »

C’est le but même de l’incarnation : que tout le monde qui croit soit sauvé !

Et cela est nouveau par rapport au serpent de bronze.

« Nous avons péché, en récriminant contre le Seigneur et contre toi. Intercède auprès du Seigneur pour qu’il éloigne de nous les serpents. » Moïse intercéda pour le peuple, et le Seigneur dit à Moïse : « Fais-toi un serpent brûlant, et dresse-le au sommet d’un mât : tous ceux qui auront été mordus, qu’ils le regardent, alors ils vivront ! » (Nb 21,77-8).

Ainsi, les hébreux qui regardaient le serpent de bronze pouvaient continuer à vivre et à poursuivre leur chemin vers la Terre Promise … et c’est tout…

Cela ne leur garantissaient absolument pas une place dans le Royaume des cieux.

Il en est de même pour nous … Rien n’est acquis.

Et ce n’est pas parce que Jésus a été élevé sur la croix que nous entrerons dans le Royaume des cieux. C’est une condition nécessaire … mais non suffisante …

 C’est dit dans l’évangile : « Celui qui croit en lui échappe au Jugement … ; celui qui ne croit pas est déjà jugé, du fait qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu. »

C’est ce que Jean nous révèle de la rencontre entre Nicodème et Jésus …

Alors, une autre question se pose : quel est celui qui croit … et celui qui ne croit pas … ?

Quelle différence entre eux ? …

Jésus nous dit : « le Jugement, le voici : la lumière est venue dans le monde, et les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises. (…)  Celui qui fait le mal déteste la lumière (…): il ne vient pas à la lumière, de peur que ses œuvres ne soient dénoncées ; mais celui qui fait la vérité vient à la lumière, pour qu’il soit manifeste que ses œuvres ont été accomplies en union avec Dieu. ».

Or, Jésus est la lumière du monde (Jn 8, 12). Il faut donc croire en Jésus … mais en vérité.

« Ce n’est pas en me disant : “Seigneur, Seigneur !” qu’on entrera dans le royaume des Cieux, mais c’est en faisant la volonté de mon Père qui est aux cieux. ». (Mt 7,21).

Et la volonté de Dieu, c’est que nous fassions sont les œuvres de miséricorde, comme Dieu est miséricordieux avec nous : « Dieu est riche en miséricorde ; à cause du grand amour dont il nous a aimés …  il nous a donné la vie avec le Christ : c’est bien par grâce que vous êtes sauvés, … et par le moyen de la foi … Cela ne vient pas des actes : personne ne peut en tirer orgueil …  C’est Dieu qui nous a faits, il nous a créés dans le Christ Jésus, en vue de la réalisation d’œuvres bonnes qu’il a préparées d’avance pour que nous les pratiquions. » (deuxième lecture).

Que faire alors ?

Une seule chose : croire en Jésus ; Accepter l’amour de Jésus et de Dieu …

Et croire en Jésus crucifié, … et porter son regard vers Jésus crucifié, mort pour nos péchés… et accepter les propositions qu’il ne manquera pas de nous faire connaitre par quelque intermédiaire …

 

Seigneur Jésus,

ce qu’il y a après la mort  

est une question importante pour beaucoup,

et parfois lancinante pour certains,

qu’ils croient en toi ou non.

Permet que nous répondions à tes appels,

même si nous n’en voyons

pas toujours l’utilité,

mais pour que ta volonté soit faite.

                                                                        

 Francis Cousin

  

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