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Rencontre autour de l’Évangile – 30ième Dimanche du Temps Ordinaire

« Que veux-tu que je fasse pour toi ? »

 «Rabbouni, que je retrouve la vue !»

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons  (Mc 10, 46-52)

C’est la dernière étape avant l’entrée à Jérusalem où Jésus connaîtra l’opposition la plus farouche puis sa Passion  et sa mort. Dans cette guérison de l’aveugle, Marc voit le type du vrai croyant : négligeant les menaces, il appelle Jésus à l’aide et bondit vers lui quand le Christ le fait venir.

 

Regardons-réfléchissons-méditons

Faire lire lentement le texte, suivre les personnages et entrer dans le dialogue

Jéricho : Une ville bien connue de la Bible, située pas loin de la Mer Morte. Elle est située à 400 mètres en dessous du niveau de la mer. Jérusalem est à 600 m au-dessus du niveau de la mer : une simple addition nous aide à réaliser ce que la bible appelle « la montée vers Jérusalem ».

Avec ses disciples et une foule nombreuse : Que fait cette foule avec Jésus ?

Un mendiant aveugle, Bartimée : Que signifie la présence de cet aveugle sur la route de Jésus ?

Jésus, fils de David : Pourquoi ce titre donné à Jésus ?

Aie pitié de moi : Quels sentiments expriment ce cri de l’aveugle ?

Beaucoup de gens l’interpellaient vivement pour le faire taire : La foule est souvent un obstacle qui empêche d’approcher Jésus. Pensons à Zachée.

Jésus s’arrête et dit : « appelez-le » : Admirer l’attitude de Jésus par rapport à celle de la foule.

 Confiance, lève-toi, il t’appelle : Jetant son manteau, il bondit et vint vers Jésus : Quelle était l’importance du manteau au temps de Jésus ? Que signifie ce bond et cette course de l’aveugle, alors qu’il est dans sa nuit ?

Que veux-tu que je fasse pour toi ? Pourquoi cette question étonnante de Jésus ?

Rabbouni, que je voie : Quels peuvent être les deux sens du mot « voir » dans la demande de l’aveugle ?

Va, ta foi t’a sauvé… : Quelle est le sens de la guérison faite par Jésus ?

Il cheminait à sa suite :

Comment définir le disciple de Jésus dans l’évangile ?

Pour l’animateur 

Jéricho, c’est la dernière ville étape avant de « monter à Jérusalem ». Cette montée, c’est le symbole de toute la vie de Jésus, qui a été une montée vers la Passion et la Mort.

L’aveugle Bartimée, est le symbole de l’aveuglement des disciples qui ne comprennent pas que Jésus doit passer par le chemin du Serviteur souffrant pour réaliser sa mission de Messie.

Fils de David : Dans la tradition biblique, c’est le titre qu’on donnait au Messie attendu par le Peuple élu. Pour l’aveugle, Jésus est ce Roi-Messie : C’est pourquoi, il l’appelle « Fils de David ». «Aie pitié de moi » : Son cri est l’expression d’une grande détresse, mais surtout d’une étonnante confiance.

La foule le considère comme un gêneur et veut empêcher le pauvre de parler, mouvement de rejet qui caractérise bien la société de l’époque vis à vis des exclus.  A l’inverse de la foule qui est pressée d’aller à Jérusalem, Jésus « s’arrête » : Une fois encore, le Messie manifeste sa volonté de se laisser approcher par ceux que ses amis veulent  écarter. (comme avec les enfants).

Jésus le fait appeler. On lui dit : « confiance, lève-toi ! Il t’appelle » : Ce « lève-toi » veut dire aussi « ressuscite ».

L’aveugle jeta son manteau : Dans la Bible, le manteau du pauvre, c’est à la fois sa maison, sa couverture, son lit… le vêtement symbolise la personnalité de celui qui le porte. Son manteau est l’unique bien que possède « le pauvre ». Il quitte tout pour suivre le Christ, ce que l’homme riche n’a pas pu faire.

Il bondit : Ce bond, alors qu’il est encore  dans la nuit, est le bond de la foi. Il courut vers Jésus : Pareillement cette course pour rejoindre le Sauveur exprime sa grande foi impatiente.

« Que veux-tu que je fasse pour toi ? » Cette question étonne, car les besoins de cet homme sont évidents. Mais Jésus respecte toujours la liberté humaine de celui qui l’approche. Et il veut qu’il exprime son attente.

« Rabbouni, que je voie » : ces mots ont toute leur force. Rabbouni signifie « mon Maître », avec une note de vénération et de familiarité, (un peu comme lorsque nous disons « Mon Seigneur et mon Dieu »). Le « que je voie » exprime sans doute le désir de retrouver la vue, mais aussi un besoin plus profond.

La réponse de Jésus le rejoint au niveau le plus profond, au niveau de sa foi : « va, ta foi, ta sauvé » : « va », c’est un envoi. Jésus libère l’homme de ce qui le paralysait. Le don fait par Jésus est plus qu’une guérison physique : c’est le salut de l’homme tout entier. C’est le sens profond des miracles accomplis  par Jésus.

Aussitôt : L’homme  guéri emboîte le pas à Jésus. Il se met à le suivre : formule bien connue qui désigne l’attitude du « disciple ».

Bartimée, qui était assis à côté de la route, aveugle et mendiant, le voilà debout, en marche sur la route, voyant clair et porteur de la Bonne Nouvelle.

Placé à cet endroit où Jésus chemine vers Jérusalem, entraînant ses disciples et la foule vers « une lumière » plus grande sur sa personnalité et sa mission, ce récit veut montrer clairement ce qui  fait « le vrai disciple » : Il faut se laisser conduire par le Maître à l’illumination de la foi : Jésus invite ses amis et tous ceux qui veulent le suivre à ouvrir les yeux de leur cœur pour accueillir, dans la foi, la vision d’un Messie souffrant et triomphant.

 

TA PAROLE DANS NOTRE VIE

Quelle est la bonne nouvelle que nous apporte cet évangile ?

Quel visage de Dieu Jésus nous révèle-t-il dans cette rencontre avec l’aveugle Bartimée ?

 Jésus entend quand nous crions vers lui notre misère.

Cet aveugle voulait voir clair ; il a crié sa détresse à Jésus, malgré l’hostilité de la foule. Est-ce que nous demandons à Jésus, avec la même persévérance, de voir le chemin où la volonté de Dieu nous appelle ?

En la personne de Jésus, le Père nous révèle qu’il ne veut laisser personne au bord du chemin, dans le « fénoir ».

Quelle attention portons-nous à ceux qui « ne voient pas », ceux qui sont dans « la nuit de la foi », ceux ont perdu le chemin de leur baptême, le chemin de l’Église, ceux qui sont « assis au bord du chemin » : Peut-être que leur cri est étouffé par notre différence.

Peut-être sommes-nous aveugles sur la médiocrité de notre foi, de notre vie intérieure. Peut-être nous nous fermons les yeux sur notre misère pour éviter de suivre les exigences du Christ ?

ENSEMBLE PRIONS   

Chant : Ouvre mes yeux, Seigneur (Carnet des paroisses p. 183)

 

Notre  Père…

 

 

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29ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (Mc 10, 35-45)

« Maître, ce que nous allons te demander,

nous voudrions que tu le fasses pour nous. »

 

Une demande comme le font souvent les enfants … Avoir l’accord avant de poser la question !

Une manière de forcer la main … !

Jésus répond, comme le font tous les parents : « Qu’est-ce que vous voulez ? ».

« Donne-nous de siéger, l’un à ta droite et l’autre à ta gauche, dans ta gloire. »

En clair, cela veut dire : « On aimerait bien participer avec toi à ta gloire, quand tu prendras le pouvoir en Israël, mais aux premières places, les meilleures … ». Évidemment ! Penser à soi d’abord ! c’est pas nouveau !

C’est quand même curieux. À chaque fois que Jésus annonce à ses disciples qu’il va être condamner à mort par les responsables religieux juifs, subir sa passion et mourir, mais qu’il ressuscitera trois jours après, les apôtres ne veulent pas y croire.

Surtout que cette fois-ci, ils sont sur le chemin de Jérusalem, et « ils [les apôtres] étaient saisis de frayeur, et ceux qui suivaient étaient aussi dans la crainte. » (Mc 10,33-34). Ils ont peur !

Mais peut-être pensent-ils que Jésus va faire un miracle et qu’il échappera à ses détracteurs et prendra le pouvoir ? Pourtant Jésus était clair, et il n’avait pas l’habitude de les mettre à l’épreuve.

Et le miracle, il y en aura un … mais après sa mort … la résurrection annoncée par Jésus !

Sans doute Jésus avait-il déjà dit dans sa tête : « Comme votre cœur est lent à croire. » (Lc 24,25).

Ce qui est sûr, c’est que Jacques et Jean, à ce moment-là, ne pensaient qu’à eux. Peu importe les autres, ils pensaient à leur avenir … et ils le voyaient brouillé par leur centre d’intérêt tout-à-fait égoïste …

Quant aux autres apôtres, c’est un peu la même chose !

Ils sont indignés, dit l’évangile ! Pourquoi ?

Deux possibilités :

La première : « S’ils prennent les deux premières places … Alors, qu’est-ce qui va nous rester ? Des clopinettes ! … et on n’est pas moins bon qu’eux ! ».

La seconde : « Mais ils n’ont rien compris ! Jésus ne nous a pas appelé pour prendre des places … Son royaume est dans les cieux ! Notre but est d’être auprès de Dieu, dans les cieux … et d’y amener d’autres avec nous ! ».

D’après vous, quel était leur motif d’indignation ? La première ou la seconde possibilité ?

Dans les deux cas, Jacques et Jean ou les dix autres apôtres, leurs pensées vont dans le même sens : tournées vers eux, leurs intérêts, et eux seuls !

Comme c’est souvent le cas pour nous aussi !

Jésus l’a bien compris, et il remet les choses en place : « Dans le monde, les chefs commandent en maîtres, et font sentir leur pouvoir. Ce n’est pas le cas pour vous : Si vous voulez être chefs, commencez par être (et rester) serviteurs des autres, comme moi-même je l’ai fait :  Je ne suis pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude. ».

Et il le montrera encore le soir du jeudi saint quand il lavera les pieds de ses disciples, en leur disant : « Si donc moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi, vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. » (Jn 13,14).

Et cela s’adresse à nous tous, encore maintenant : Être serviteur des autres, et à travers eux, devenir serviteur de Dieu : « Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. » (Mt 25,40).

En ce jour où, à la demande du pape François, serviteur des serviteurs de Dieu, s’ouvre partout dans le monde, au niveau de chaque diocèse, la réflexion Pour une Église synodale, mettons-nous au service de cette Église, non pas avec un regard égoïste, tourné vers soi, mais avec un regard tourné vers les autres, ceux que nous connaissons et ceux que nous ne connaissons pas, qui font partie de l’Église ou non, afin que nous participions vraiment à la vie de cette Église, à sa mission, dans une communion fraternelle.

Allons marcher ensemble pour notre Église !

Seigneur Jésus,

combien de fois

nous nous comportons comme les apôtres,

avant ta résurrection et

la venue de l’Esprit Saint à la Pentecôte,

en ne pensant qu’à nous !

Donne-nous un esprit de service,

pour qu’ensemble

nous nous mettions au service

des autres et de l’Église,

pour construire une Église synodale.

 

                                     Francis Cousin

 

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Image dim ord B 29°




29ième Dimanche du Temps Ordinaire – Homélie du Père Louis DATTIN

Le Christ Serviteur

 Mc 10, 35-45

De ma fenêtre du premier étage, j’ai eu souvent l’occasion de regarder les enfants en train de jouer sur la cour de récréation. Pour jouer, il faut commencer, la plupart du temps, à faire deux camps. Il faut donc deux chefs et souvent le conflit commence, non pas avec le jeu, mais avec ceux qui choisissent leurs équipiers : le tri impitoyable de deux leaders qui devront s’imposer pour commander aux autres. Ils s’imposent, le plus souvent, par la force ou la violence et il est rare qu’en cours d’année, ces deux-là soient remis en question. Mais au début, c’est à qui essaie de commander, d’imposer son pouvoir aux autres.

Il n’y a pas que chez les enfants ! Les élections jouent le même scénario; elles sont bien tombées pour nous faire voir que l’on est prêt à tout, y compris au pire, pour prendre le pouvoir, pour avoir un poste de président, pas seulement piétiner les autres, mais aussi imposer ses propres idées.

Ne nous offusquons pas, c’était déjà comme cela… où ? Parmi les apôtres : « Maître, disent Jacques et Jean, nous voudrions que tu exauces notre demande. » En fait, la vraie traduction est celle-ci :

« Maître, nous voulons que tu nous fasses ce que nous te demanderons ». Que demandent-ils donc?

 « Accorde-nous de siéger, l’un à ta droite et l’autre à ta gauche dans ta gloire. » Or, Jésus vient, à l’instant, de leur annoncer pour, la troisième fois, sa Passion :

« Le Fils de l’homme sera livré, ils se moqueront de lui, cracheront sur lui, le flagelleront, le tueront » C’est le moment choisi par Jacques et Jean : le moment où Jésus choisit la dernière place, pour essayer de se pousser aux bonnes places. Ils en sont encore aux rêves de ce triomphateur glorieux, LE MESSIE, qui va tout régler par sa puissance. Et puis, ils sont, eux, les cousins de Jésus : quand l’un d’entre eux arrive au pouvoir, c’est toute la parenté qui partage. Alors pourquoi ne pas profiter du cousin Jésus pour une promotion, un passe- droit, une recommandation. C’est humain : quand on a des relations, n’est- il pas naturel d’en profiter pour en tirer quelques avantages ?

Allons plus loin : notre vie chrétienne, est-elle une vie où nous servons Dieu? Ou bien une vie où nous essayons de mettre Dieu à notre service ? Notre pratique religieuse est-elle adoration, louange, offrande, obéissance ou bien une espèce d’ « assurance-vie éternelle, assurance sur l’au-delà » ? « Maitre, assure-moi un bon strapontin au ciel ! » Jésus leur dit : « Vous ne savez pas ce que vous demandez ». Effectivement : qui sera à sa droite et à sa gauche sur la Croix ? Ni Jacques, ni Jean, mais deux brigands crucifiés avec Jésus sur la colline et Jésus dira à l’un de ces truands : « Aujourd’hui même, tu seras avec moi dans le paradis ».

Nous aussi, souvent, nous ne savons pas ce que nous demandons ! Faisons un peu plus confiance à Dieu. La gloire de Jacques et de Jean sera réalisée un peu plus tard : Jacques sera martyr à Jérusalem et Jean subira l’univers concentrationnaire de Néron, aux travaux forcés, dans l’île de Patmos. « Pouvez-vous boire la coupe que je viens de boire?» La coupe, dans l’écriture, est rarement la coupe de la joie, c’est celle de l’amertume : ce qui est dur à avaler.

« Père, éloigne de moi cette coupe », dit Jésus à l’agonie.

S’ils veulent entrer dans la gloire, il leur faut d’abord boire à cette même coupe. Cette parole prendra encore plus de relief lorsqu’ils boiront plus tard à la coupe eucharistique, « mémorial de la mort du Seigneur ». « Les dix autres apôtres s’indignaient contre Jean et Jacques ». Oh ! Ne croyez pas qu’ils soient scandalisés ! Non ! Ils partagent la même ambition ! Ils sont simplement jaloux de ceux qui ont voulu se pousser : c’est normal, cela leur coupe l’herbe sous les pieds. Jésus, lui, ne s’indigne pas, il ne comprend que trop : ce qui se passe est normal, il a une autre vision des choses ; aussi les appelle-t-il auprès de lui et leur dit :

« Vous le savez : les chefs d’Etat commandent en maîtres. Les grands font sentir leur pouvoir ». Le pouvoir ne peut pas être exercé comme un lieu de domination ou d’oppression, comme un rapport de « force » où le plus fort l’emporte ; et c’est vrai que la notion de pouvoir, à notre époque, est encore basée sur des rapports de force qui entrainent violence et injustice : dans les familles, dans les professions, dans la politique. Nombreux sont ceux qui parlent de « service » dans les partis, syndicats, banques, communes, Eglise même. Tout le monde s’affirme désintéressé, mais que d’illusions ou de mensonges ! Car dans ce rêve on se place : en servant, on se sert.

« Non », dit Jésus, « parmi vous, il ne doit pas en être ainsi : celui qui veut devenir « grand » sera votre serviteur, celui qui veut être le premier sera l’esclave de tous ». Cette phrase, forte comme un bloc de granit, est la pierre d’angle de l’Eglise à venir, pas seulement une loi dans l’Eglise : c’est la « constitution » de l’Eglise, de la communauté de chrétiens. Chacun doit devenir le serviteur de tous.

Dans l’Eglise, il  faut  renoncer  totalement  au principe  de l’avancement, des galons, de la carrière, des titres, des décorations, des places honorifiques. Un seul principe : le service humble. Il n’y a pas de « chefs » au sens du monde, dans l’Eglise. Il n’y a que des responsables, des serviteurs de la communauté, depuis le pape qui signe « le Serviteur des serviteurs » jusqu’à celles qui tous les samedis matin, dès 7h, sont en train de nettoyer les bancs sur lesquels vous êtes assis ce soir (ce matin). « Car le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude », et en faisant cela, nous ne faisons tout simplement que d’imiter Jésus qui n’a pas joué au « Seigneur », mais au « domestique », pas en « dominateur », mais en « serviteur ».

 Rappelez-vous le Jeudi Saint au soir : « Jésus prit un tablier, une cuvette, une serviette et lava les pieds des apôtres ». « Toi, Seigneur, nous laver les pieds ! » Jésus répond à Pierre : « Plus tard, tu comprendras », « Si je vous ai lavé les pieds, moi le « Seigneur et Maître », vous devez, vous aussi, vous laver les pieds les uns aux autres », et il reprend la même formule qu’après l’Eucharistie, « Faites ceci en mémoire de moi ».

« Ce que j’ai fait pour vous, faites-le, vous aussi, pour les autres ».

C’est ainsi que les parents chrétiens devraient être vis-à-vis de leurs enfants, que les responsables devraient être vis-à-vis de leurs subordonnés.

Prendrons-nous au sérieux l’invitation de Jésus ? Ne faisons pas l’examen de conscience des autres : moi, qui ai-je tendance à dominer ? Qui dois-je aimer ? Qui dois-je suivre ?

Ne nous faisons pas illusion, ce chemin du service, de l’amour qui  s’offre, de l’oubli de soi au profit des autres, ne nous mènera pas à une réussite humaine.

Si jamais nous prenons la décision de suivre le Christ, il nous mènera par où il est lui-même passé : par la Croix. Dans toute la Bible comme dans l’Evangile, l’image n’est pas celle, seulement, du serviteur, mais celui du « serviteur souffrant« . Il nous faut nous aussi, comme le Christ, avec le Christ, connaître les souffrances, dit Isaïe, dans la 1ère lecture, pour sauver les multitudes. « Le juste, mon serviteur, à cause de ses souffrances, se chargera de leurs péchés », et St-Paul, dans la seconde lecture, ne dira pas autre chose : « Jésus a connu l’épreuve, c’est pourquoi nous pouvons recevoir son secours ». Nous ne pouvons pas, à notre tour, suivre un autre chemin pour sauver le monde actuel. C’est toujours par la Passion, par la Croix, par les épreuves et par les souffrances offertes que le monde sera sauvé.

 Il n’y a pas d’autres chemins que celui de la Croix, celui de la petitesse et de l’humilité. Nous sommes nés du sang versé, répandu en signe de l’amour livré jusqu’au bout. Dieu est mort d’aimer. Marcher derrière Jésus, c’est saisir la Croix avec lui : il s’est dépouillé devenant l’image même du serviteur, il s’est abaissé et, dans son obéissance, est allé jusqu’à la mort…

Nous aussi, nous disons avec Jacques, avec Jean : « Seigneur, donne-nous une place dans ton Royaume ». Mais pour cela, nous avons à naître à l’amour et nous devons, pour ce passage, être plongés dans le sang du serviteur. Dans la communauté des disciples, il n’y a qu’un seul titre : le service de l’amour.

Il n’est plus question d’honneur ou de récompense, mais d’une solidarité avec la souffrance des hommes unie à celle de Jésus. AMEN




29ième Dimanche du Temps Ordinaire – par le Diacre Jacques FOURNIER (Mc 10, 35-45)

« Pour nous et pour notre salut »

(Mc 10,35-45)…

 

    Alors, Jacques et Jean, les fils de Zébédée, s’approchent de Jésus et lui disent : « Maître, ce que nous allons te demander, nous voudrions que tu le fasses pour nous. »
Il leur dit : « Que voulez-vous que je fasse pour vous ? »
Ils lui répondirent : « Donne-nous de siéger, l’un à ta droite et l’autre à ta gauche, dans ta gloire. »
Jésus leur dit : « Vous ne savez pas ce que vous demandez. Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire, être baptisé du baptême dans lequel je vais être plongé ? »
Ils lui dirent : « Nous le pouvons. » Jésus leur dit : « La coupe que je vais boire, vous la boirez ; et vous serez baptisés du baptême dans lequel je vais être plongé.
Quant à siéger à ma droite ou à ma gauche, ce n’est pas à moi de l’accorder ; il y a ceux pour qui cela est préparé. »
Les dix autres, qui avaient entendu, se mirent à s’indigner contre Jacques et Jean.
Jésus les appela et leur dit : « Vous le savez : ceux que l’on regarde comme chefs des nations les commandent en maîtres ; les grands leur font sentir leur pouvoir.
Parmi vous, il ne doit pas en être ainsi. Celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur.
Celui qui veut être parmi vous le premier sera l’esclave de tous :
car le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude. »

     

         Quand Jésus annonça pour la première fois à ses disciples sa mort et sa résurrection prochaines, Pierre l’avait tiré à part et s’était mis à lui faire de vifs reproches (Mc 8,31-33)… La seconde fois, les disciples ne comprirent toujours pas (Mc 9,30-32), et juste après, « ils discutaient entre eux pour savoir qui était le plus grand ». Et Jésus leur avait dit : « Si quelqu’un veut être le premier, il sera le dernier de tous et le serviteur de tous » (Mc 9,33-35). Mais ils ne comprenaient toujours pas… Alors, pour la troisième fois, Jésus leur annonça sa Passion (Mc 10,32-34). Et il eut pour réponse cette démarche de Jacques et de Jean rapportée ici : « Maître, nous voulons que tu fasses pour nous ce que nous allons te demander ». Ce sont eux qui commandent… « Accorde-nous de siéger, l’un à ta droite et l’autre à ta gauche, dans ta gloire »… Voilà bien l’attitude qui habite spontanément nos cœurs de pécheurs : rechercher les places d’honneur, ne pas perdre une occasion de se mettre soi-même en avant, courir après la gloire humaine, la notoriété, la célébrité…

Le Christ, lui, a toujours vécu dans l’obéissance à son Père, cherchant à accomplir sa volonté, en Serviteur du Père… « Que ta volonté soit faite », nous apprend-il à dire, car la volonté de ce Dieu Amour n’est que Plénitude de Vie pour chacun d’entre nous. Or, si « le salaire du péché, c’est la mort, le don gratuit de Dieu, c’est la vie éternelle par notre Seigneur Jésus Christ » (Rm 6,23).  C’est pourquoi « le Fils de l’homme », dit ici Jésus, « n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude », afin qu’ils passent, par le « oui » de leur foi, des ténèbres à la lumière, de la mort à la vie… Tel est l’Amour qui est prêt à se donner tout entier pour le seul bien de l’être aimé : « Nul n’a plus grand amour que celui-ci : donner sa vie pour ses amis » (Jn 15,13). Et Jésus se donnera tout entier sur la Croix, versant son sang, donnant sa vie « pour la multitude en rémission des péchés » (Mt 26,28). Car il est venu avant tout pour les pécheurs. En effet, « souffrance et angoisse pour toute âme humaine qui fait le mal » (Rm 2,9). Et ce ne sont pas « les gens bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades. Je ne suis pas venu appeler les justes mais les pécheurs, au repentir » (Lc 5,32). Certes, « il n’est pas de juste, pas un seul » (Rm 3,9-20), mais le Dieu d’Amour et de Tendresse ne peut faire des merveilles de Miséricorde qu’avec celles et ceux qui se reconnaissent pécheurs, et lui offrent tout, jour après jour…

DJF




Rencontre autour de l’Évangile – 29ième Dimanche du Temps Ordinaire

« Le fils de l’homme n’est pas venu pour être servi,

mais pour servir. »

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons  (Mc 10, 35-45)

Jésus, pour la troisième fois, vient d’annoncer à ses disciples qu’il va souffrir et mourir, et que trois jours après il ressuscitera. Mais une fois de plus, c’est l’incompréhension de leur part.

 

Regardons-réfléchissons-méditons

Faire lire lentement le texte, suivre les personnages et entrer dans le dialogue

Jacques et Jean : Avec Pierre, ces frères formaient un trio particulièrement proche de Jésus. Dès le début ils suivaient Jésus, après avoir tout quitté. Comment qualifier leur démarche auprès de Jésus ?

Quelle était leur ambition ?

Accorde-nous de siéger l’un à ta droite et l’autre à ta gauche, dans ta gloire ?

Qui sera à droite et à gauche de Jésus…sur la croix ?

Pouvez-vous boire à la coupe que je vais boire ?

Que veut dire Jésus ?

Recevoir le baptême dans lequel je vais être plongé ? : Qu’est-ce que Jésus appelle son baptême ? Quel lien avec le baptême qu’il a reçu de Jean Baptiste ?

La coupe, vous y boirez et le baptême… vous le recevrez : Qu’est-ce que Jésus prédit pour ces deux disciples par ces paroles ?

Les dix autres s’indignaient : Quelle est la raison de leur indignation ?

Les chefs  des nations… les grands font sentir leur pouvoir :

Quelle est cette conception de l’autorité ?

Quelle est la conception du pouvoir de Jésus dans son Église ?

Le plus grand sera serviteur… le premier sera l’esclave de tous : Quelle leçon à ces disciples qui rêvent de domination, de supériorité !

« Le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi mais pour servir et donner sa vie en rançon… »

Que révèle Jésus dans ces paroles ?

 Pour la multitude : c’est à dire ?

Pour l’animateur 

Chaque fois que Jésus annonce sa Passion à ses disciples, il y a incompréhension ; la première fois, Pierre veut empêcher Jésus, et il est remis à sa place. La deuxième fois, les disciples discutent entre eux pour savoir qui est le plus grand ; et cette fois, deux amis proches de Jésus, Jacques et Jean, qui avaient tout quitté (filets, barque et leur père) pour suivre Jésus, ne manquent pas d’audace : ils rêvent d’un réel pouvoir de gouvernement dans le Royaume de Jésus.

L’ironie du sort fera que ce sont deux bandits qui seront à la droite et à la gauche de Jésus sur le trône de la croix !

Jésus les remet en face de ce qui va se passer ; il emploie pour cela des images fortes :

La coupe : dans la Bible, c’est souvent le symbole de souffrances à subir. On dit « boire la coupe jusqu’à la lie » en parlant d’épreuves qu’on doit  endurer.

Quand le baptisé était plongé tout entier, la tête comprise, il passait par un moment critique : il était plongé dans la mort.

Le baptême dont parle Jésus, c’est sa Passion : il va être submergé par les flots de la mort. Cette plongée dans la mort était annoncée par la « plongée » de Jésus, avec les pécheurs, dans l’eau du Jourdain.

Jésus annonce que Jacques et Jean boiront à  sa coupe et recevront son baptême: une manière d’annoncer que l’un et l’autre auront à souffrir pour son Nom. Jacques connaîtra le martyre, et l’Apôtre Jean, s’il est décédé de mort naturelle, est passé, selon la tradition, par des épreuves redoutables.

L’indignation des dix autres : Est-ce l’audace trop grande des deux autres qui les fait réagir ? Ou peut-être plutôt la jalousie : on connaît la préoccupation du groupe pour la course aux honneurs.

Jésus en profite pour leur donner une leçon magistrale sur sa façon de concevoir le pouvoir dans son Église : à l’inverse de la façon d’exercer le pouvoir dans l’Empire romain et dans les sociétés civiles (domination le plus souvent totalitaire), Jésus entrevoit pour le gouvernement de son Église une manière tout à fait originale :  en se mettant à la place  de « l’esclave » : à l’époque, les esclaves étaient au dernier rang de la société. L’image se veut frappante pour les Douze qui rêvent de domination, de supériorité.

Le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi…Jésus donne pour modèle sa propre personne et il dévoile le sens de toute son existence : il est le « serviteur souffrant » dont parle Isaïe (53, 10-11).

En rançon : il paiera le prix fort,  en donnant sa vie pour les péchés de « la multitude », c’est à dire de « tous les hommes » sans exception.

Dans l’Église, le fonctionnement des responsables ou l’exercice de l’autorité devra toujours se vérifier en référence à son fondateur : le service et le don de soi jusqu’à l’extrême.

 

TA PAROLE DANS NOS CŒURS

Seigneur Jésus, Toi le Maître et Seigneur, tu t’es mis à la place de l’esclave. Tu es allé jusqu’à donner ta vie pour nous sauver. Libère-nous de toute tentation de grandeur, de pouvoir, de supériorité. Quand nous avons une responsabilité dans ton Église, aide-nous à l’exercer « en Église » pour ne pas tomber dans le piège de l’autoritarisme et du pouvoir dominateur.

TA PAROLE DANS NOTRE VIE

Quelle est la Bonne Nouvelle que nous  apporte cet évangile ?

Aux yeux de Dieu, celui qui est grand, c’est celui qui imite son Fils Jésus : Celui qui s’abaisse sera élevé. N’est-ce pas le chant de Marie : Dieu « renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles. »

Quel visage de Dieu Jésus nous révèle-t-il dans ce passage ?

Le Dieu qui se révèle en Jésus n’est pas un potentat, dominateur, qui écrase l’homme : sa toute-puissance est une «toute-puissance» d’amour qui s’exprime dans la faiblesse. En Jésus, Dieu se fait humble et serviteur. Un théologien a parlé de « l’humilité de Dieu »

Ne rêvons-nous pas de grandeur humaine, d’accroître notre pouvoir sur les autres, plutôt que de les servir ?

Quand  nous accomplissons nos tâches de service (dans notre profession, comme père et mère de famille, comme catéchiste, ou responsable de liturgie ou autre…) le faisons-nous à l’image du Christ Serviteur ?

Il arrive parfois, peut-être même souvent, que l’on refuse de partager une responsabilité avec les autres, on va jusqu’à répondre  « j’ai pas besoin » à quelqu’un qui propose sa collaboration : Une telle attitude ne construit nullement le « Corps du Christ »

ENSEMBLE PRIONS   

On peut proposer au groupe de prier avec le Cantique de Marie (Magnificat)

Béni sois-tu, Seigneur ! Dieu des humbles et secours des opprimés !

Béni sois-tu, Seigneur ! Soutien des faibles et abri des abandonnés !

Béni sois-tu, Seigneur ! Sauveur des désespérés, à toi la gloire éternelle.

 

 Notre  Père….

 

 

Pour lire ou imprimer le document en PDF cliquer ici : 29ième Dimanche du Temps Ordinaire B

 

 




28ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Père Rodolphe EMARD

Homélie du dimanche 10 octobre 2021

 

ÉVANGILE

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc (Mc 10, 17-30)

En ce temps-là,
Jésus se mettait en route
quand un homme accourut
et, tombant à ses genoux, lui demanda :
« Bon Maître, que dois-je faire
pour avoir la vie éternelle en héritage ? »
Jésus lui dit :
« Pourquoi dire que je suis bon ?
Personne n’est bon, sinon Dieu seul.
Tu connais les commandements :
Ne commets pas de meurtre,
ne commets pas d’adultère,
ne commets pas de vol,
ne porte pas de faux témoignage,
ne fais de tort à personne,
honore ton père et ta mère.
 »
L’homme répondit :
« Maître, tout cela, je l’ai observé
depuis ma jeunesse. »
Jésus posa son regard sur lui, et il l’aima.
Il lui dit :
« Une seule chose te manque :
va, vends ce que tu as
et donne-le aux pauvres ;
alors tu auras un trésor au ciel.
Puis viens, suis-moi. »
Mais lui, à ces mots, devint sombre
et s’en alla tout triste,
car il avait de grands biens.

    Alors Jésus regarda autour de lui
et dit à ses disciples :
« Comme il sera difficile
à ceux qui possèdent des richesses
d’entrer dans le royaume de Dieu ! »
Les disciples étaient stupéfaits de ces paroles.
Jésus reprenant la parole leur dit :
« Mes enfants, comme il est difficile
d’entrer dans le royaume de Dieu !
Il est plus facile à un chameau
de passer par le trou d’une aiguille
qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu. »
De plus en plus déconcertés,
les disciples se demandaient entre eux :
« Mais alors, qui peut être sauvé ? »
Jésus les regarde et dit :
« Pour les hommes, c’est impossible,
mais pas pour Dieu ;
car tout est possible à Dieu. »

    Pierre se mit à dire à Jésus :
« Voici que nous avons tout quitté
pour te suivre. »
Jésus déclara :
« Amen, je vous le dis :
nul n’aura quitté,
à cause de moi et de l’Évangile,
une maison, des frères, des sœurs,
une mère, un père, des enfants ou une terre
sans qu’il reçoive, en ce temps déjà, le centuple :
maisons, frères, sœurs, mères, enfants et terres,
avec des persécutions,
et, dans le monde à venir,
la vie éternelle. »

    – Acclamons la Parole de Dieu.

Les lectures de ce dimanche nous invitent clairement à discerner ce qui est essentiel pour nous. Nous voyons aussi que les richesses sont remises en cause.

Entendons-nous bien : les richesses ne sont pas condamnées ! Il nous faut bien un minimum ‘matériel’ pour vivre décemment, c’est légitime ! Mais quel est notre vrai trésor ? Quelle est la finalité de nos richesses ?

Nous le voyons bien, nombreux ont cette tentation de vouloir posséder pour eux-mêmes… cette tentation de vouloir se sécuriser par ses propres richesses en oubliant que demain ne nous appartient pas… Il y a comme un enfermement sur soi-même, au risque de devenir ce que nous possédons.

Les richesses terrestres sont parfois idolâtrées et deviennent ainsi un véritable obstacle pour viser la vie éternelle, les richesses du Royaume, qui elles sont impérissables, à la différence des richesses de ce monde qui ne sont que pour un temps.

Les textes de ce dimanche nous invitent à rechercher surtout les trésors de Dieu, à ouvrir réellement nos yeux et nos cœurs à ces trésors :

►Dans la première lecture, il est question de la sagesse de Dieu. Quand les grands sages d’Israël évoquent la sagesse de Dieu dans la Bible, ils contemplent le savoir-faire de Dieu. Dieu, qui a toute la sagesse, est le seul à savoir conduire sa créature jusqu’à lui, pour le rendre saint comme lui est saint.

Dans le passage que nous avons proclamé, la sagesse compte plus que la richesse, la santé et la beauté. Cette richesse est plus que jamais désirée : « Je l’ai préférée aux trônes et aux sceptres ; à côté d’elle, j’ai tenu pour rien la richesse ; je ne l’ai pas comparée à la pierre la plus précieuse ; tout l’or du monde auprès d’elle n’est qu’un peu de sable, et, en face d’elle, l’argent sera regardé comme de la boue. »

Les termes employés sont forts pour nous rappeler que c’est bien cette sagesse de Dieu qu’il nous faut avant tout désirer : « Tous les biens me sont venus avec elle et, par ses mains, une richesse incalculable. »

Le Psaume 89 prolonge ce désir de la sagesse de Dieu : « Apprends-nous la vraie mesure de nos jours : que nos cœurs pénètrent la sagesse. » Ce ne sont pas nos richesses qui donnent la mesure à nos jours mais la sagesse. En ce sens, les richesses matérielles sont de fausses sécurités.

►La deuxième lecture est extraite de la lettre aux Hébreux. Nous avons un passage très bref qui pointe un autre trésor : La Parole de Dieu. Les mots sont là-encore très forts : « Frères, elle est vivante, la parole de Dieu, énergique et plus coupante qu’une épée à deux tranchants ; (…) ; elle juge des intentions et des pensées du cœur. Pas une créature n’échappe à ses yeux, tout est nu devant elle, soumis à son regard ; nous aurons à lui rendre des comptes. »

Nous n’avons pas toujours conscience d’un tel « pouvoir » de la Parole de Dieu : nous aurons à lui rendre des comptes ! Cette Parole de Dieu, nous la négligeons dans nos vies spirituelles. Nous devons la méditer car sans elle, comment atteindre la sagesse de Dieu ?

L’Évangile nous révèle que le vrai trésor c’est le Christ et sa Bonne Nouvelle. L’homme riche dont il est question a déjà un bon « bagage  » dans la pratique de la Loi. Il pose la question la plus pertinente : « Que dois-je faire pour avoir la vie éternelle en héritage ? » Sa question exprime son désir.

Jésus lui rappelle les commandements qu’il assure observer depuis sa jeunesse. Jésus « l’aima »… Mais Jésus va vouloir l’emmener plus loin : « Une seule chose te manque : va, vends ce que tu as et donne-le aux pauvres ; alors tu auras un trésor au ciel. Puis viens, suis-moi. » Mais là, ça bloque : « Il s’en alla tout triste ».

L’homme riche reste accroché à ce qu’il a acquis pour lui-même, malgré la promesse de Jésus d’un trésor au ciel. L’homme reste d’une certaine manière tourné vers le passé terrestre alors que son véritable avenir est éternel.

À la fin de notre passage, un appel nous est fait : nous sommes invités à « quitter » à cause du Christ et de son Évangile, avec la promesse d’obtenir ainsi la vie éternelle. Par « quitter », entendons qu’il nous faut nous détacher, nous désencombrer, nous dépouiller, afin de pouvoir entrer dans une plus grande confiance en la Providence de Dieu.

Il ne s’agit pas tant, pour nous aujourd’hui, de vendre nos biens de façon radicale mais de les partager avec ceux qui sont le plus dans le besoin. Jésus nous propose d’opter pour une sagesse qui passe par la générosité envers les pauvres pour mieux nous abandonner à Dieu.

Frères et sœurs, que le Seigneur nous donne de prendre au sérieux sa Parole, ses invitations. Et que cette promesse de vie éternelle nous stimule, qu’elle soit une véritable espérance pour nous, qu’elle devienne un moteur dans notre agir, à cause du Christ, avec lui et pour lui. Amen.




28ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (Mc 10, 17-30)

La Sagesse … ou la richesse ?

 

Le ton est donné dès la première lecture : « J’ai prié, et le discernement m’a été donné. J’ai supplié, et l’esprit de la Sagesse est venu en moi. Je l’ai préférée aux trônes et aux sceptres ; à côté d’elle, j’ai tenu pour rien la richesse. »

La Sagesse ne vient pas toute seule. On voit bien ici deux étapes.

D’abord la prière. Elle donne le discernement … entre le beau et le laid, entre le bien et le mal … C’est une première étape qui permet de classifier les choses.

Mais la Sagesse, c’est plus que cela : c’est donner des ordres de priorité, non pas entre le bien et le mal, mais à l’intérieur de ce qui est bien (parce qu’en ce qui nous concerne, on ne va pas choisir entre le ‘moins mal’ et le ‘plus mal’. Le mal, on le rejette : cf renouvellement des promesses du baptême lors de la veillée pascale.). Et pour l’obtenir, il ne suffit pas de prier, il faut supplier le Seigneur pour qu’il nous l’accorde ! Et ce n’est pas accordé à tout le monde. Même si on dit que la sagesse vient avec l’âge, ce n’est qu’une certaine forme de sagesse … et pas toujours la Sagesse.

La Sagesse est au-dessus des biens matériels, de la considération, du superflu …

Mais elle rend plus riche, mais d’une richesse spirituelle, ou philosophique, ou théologique. « Tous les biens me sont venus avec elle et, par ses mains, une richesse incalculable. »

Le psaume nous dit : « Apprends-nous la vraie mesure de nos jours : que nos cœurs pénètrent la sagesse. »

Mais pour que le Seigneur nous apprenne, il ne suffit pas qu’il « fasse son boulot », et il le fait bien, … il faut que nous soyons prêts à l’écouter. Que nous disions comme Samuel : « Parle, Seigneur, ton serviteur écoute ! » (1S 3,9).

Ou comme Salomon qui, lorsque le Seigneur lui demande en songe : « Demande ce que je dois te donner. » lui répondit : « Donne à ton serviteur un cœur attentif pour qu’il sache gouverner ton peuple et discerner le bien et le mal » (1 R 3,5.9), c’est-à-dire un cœur qui sait écouter. Et le Seigneur lui donna la sagesse …

Et c’est sans doute pour cela que saint Benoît, quand il écrivit la règle de son ordre, mit dans le préambule de celle-ci : « Écoute la voix du Seigneur, prête l’oreille de ton cœur », comme prémices à toute la règle.

« Écoute la voix du Seigneur », avec attention, car, nous dit la deuxième lecture : « Elle est vivante, la parole de Dieu, énergique et plus coupante qu’une épée à deux tranchants … elle juge des intentions et des pensées du cœur … nous aurons à lui rendre des comptes. ».

Et les comptes, on le sait, on devra les rendre au jour du jugement dernier, car : « chaque fois que vous l’avez fait ( ou pas fait ) à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. ( ou ne l’avez pas fait ). » (Mt 25,40.45), et ce que nous avons fait (ou non), ce sont les œuvres de miséricorde … c’est-à-dire l’attention que nous avons vis-à-vis de ceux qui nous entourent.

C’est justement de ce dont Jésus parle quand il demande à celui que l’on appelle le jeune homme riche s’il connaît les commandements (on notera qu’il ne parle que des commandements vis-à-vis des autres, et non pas de ceux qui concernent notre relation à Dieu. Peut-être l’a-t-il fait parce justement il lui manquait cette relation aux autres … ?). À sa réponse positive, Jésus lui dit : « Une seule chose te manque : va, vends ce que tu as et donne-le aux pauvres ; alors tu auras un trésor au ciel. Puis viens, suis-moi. » ; mais lui s’en alla tout triste, car il n’avait pas pensé aux autres, il n’avait pas affuté l’oreille de son cœur !

Et Jésus de conclure : « Comme il sera difficile à ceux qui possèdent des richesses d’entrer dans le royaume de Dieu ! », entrainant la surprise des disciples. En effet, la richesse était considérée comme étant un don de Dieu …alors dire qu’il leur sera difficile d’entrer dans le royaume de Dieu … !! Difficile à comprendre.

« Alors, qui peut être sauvé ? »

La réponse est claire : cela dépend uniquement de Dieu, qui jugera si les actes de la personne ont montré une ouverture d’esprit vis-à-vis de ceux qui l’entourent, vis-à-vis de ceux dont il s’est fait le prochain.

Mais Jésus rassure ses disciples : nul n’aura quitté qui ou quoi que ce soit pour lui ou son Évangile, sans recevoir, peut-être des persécutions sur la terre, mais assurément, « dans le mon-de à venir, la vie éternelle. ».

Dieu est toujours plein d’amour et de miséricorde envers nous !

Mais il faut que nous écoutions sa Parole et la mettions en pratique !

« Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés.

Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde. » (Mt 5,6-7)

Seigneur Jésus,

Tu nous demandes de ne pas

oublier ceux qui vivent autour de nous.

Pas simplement en pensée,

mais en actions diverses,

en fonction de nos moyens.

Alors seulement, nous pourrons

entrer dans la Royaume de Dieu.

C’est la Sagesse que tu nous donnes

qui nous permet de le faire !

 

                                     Francis Cousin

 

Pour accéder à la prière illustrée, cliquer sur le lien suivant :

Prière dim 28° TOB




28ième Dimanche du Temps Ordinaire – Homélie du Père Louis DATTIN

Le jeune homme riche

Mc 10, 17-30

En écoutant cette lecture de l’Evangile, beaucoup auront l’impression d’avoir reçu un choc en plein cœur. L’Evangile, ça dérange; l’Evangile, ça décoiffe, ça décape.

Saint-Paul, ailleurs, dans la 2e lecture, nous a dit : « La Parole de Dieu est une épée à deux tranchants qui pénètre jusqu’aux jointures de l’âme ». Avouez que ce n’est pas toujours agréable d’entendre : « Il est plus difficile à un riche d’entrer dans le Royaume des Cieux qu’à un chameau d’entrer par le trou de l’aiguille ». Et cette regrettable histoire du jeune homme riche nous dérange, nous met mal à l’aise.

Il est sympathique cet homme (ce jeune homme précise Matthieu) : il arrive, après avoir couru, tout essoufflé, se jeter aux pieds de Jésus. Il a vraiment un désir au cœur. Visiblement, il en veut, et poli, par-dessus la marché: « Bon maitre ! ».

Jésus le calme :

«Tu m’appelles « bon », mais Dieu seul est bon! » 

« Que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? »

Déjà, il nous montre le bout de l’oreille : il aime l’argent. Il parle « d’héritage » : vocabulaire de la finance et de l’intérêt.

« Tu connais les commandements ? Ne pas léser le prochain ».

« Oh, là-dessus, je n’ai rien à me reprocher. Mes parents sont des gens bien, bienfaiteurs de la paroisse, dans les œuvres, dans les mouvements et je suis moi-même « bien élevé » ».

Du coup, Jésus intrigué, le regarde et il s’aperçoit que c’est vrai « posant son regard sur lui, il l’aima ». « Ah ! Quel bon garçon ! On pourrait peut-être en faire un prêtre, un évêque, un cardinal ! Quelle magnifique recrue il va faire! Voilà un futur 13e apôtre ».

 Alors Jésus n’hésite pas et il propose aussitôt : « Allons, ne rigole pas, une seule chose te manque : liquide tout ce qui t’empêche de décoller, ton compte en banque, tes propriétés. Donne tout aux pauvres et puisque tu veux investir pour le ciel, viens, suis-moi ! » C’est ce qu’avait fait St-François d’Assises.

Mais le jeune homme refuse. Le tragique de cette scène, c’est que Jésus ne fait pas un seul geste pour le récupérer. Il ne dit pas : « Tu ne donneras qu’une partie de tes biens, on s’arrangera avec l’économe de l’Evêché ! » Non, Il le laisse partir, il respecte sa liberté. Oh ! Bien sûr ! En faisant demi-tour, il n’est pas damné, mais il a loupé le coche.

Jésus jette un regard circulaire sur la foule qui l’entoure, sur les disciples médusés : « Les richesses, voyez-vous, c’est un terrible obstacle pour découvrir se trouve l’essentiel ».

 « Mes enfants, il est plus difficile à un riche d’aller dans le Royaume qu’à un chameau de passer par le trou de l’aiguille ». Heureusement, il ajoute, pour ne pas nous décourager :

« Oui, pour les hommes, c’est impossible, mais pas pour Dieu ».

Ouf ! Pour nous, parce que cet Evangile nous concerne ! Si nous nous comparons avec la plus grande partie des habitants du monde, nous sommes tous riches : un pauvre de la Réunion serait, avec les mêmes revenus, un riche, en Inde ou au Bengladesh ou en Haïti.

Des Malgaches, des Comoriens, des Mahorais le savent bien qui viennent s’installer ici : ils ne se trompent pas d’endroit. Un Rmiste ici gagne deux fois plus qu’un Mauricien, cinq fois plus qu’un Malgache.

J’ai envie, ce matin, de reprendre trois phrases de ce texte merveilleux et de vous les offrir :

1 – « Jésus, le regarda et l’aima ». Vous aussi, il vous regarde et vous aime, comme le jeune riche. Un curé ne fait pas souvent des compliments à ses paroissiens : il les exhorte à plus de rigueur et d’exigences. Bien mieux, les paroissiens, pendant l’homélie se font parfois attraper à la place de ceux qui ne viennent pas et que le curé ne voit pas. Eh bien, aujourd’hui, j’ai envie de vous dire, vous, les pratiquants du dimanche : « Vous êtes formidables ». Pourquoi ? Parce que vous avez le courage de faire l’effort de vous déranger pour une messe du dimanche. Parfois, vous avez été tentés de trouver une bonne excuse pour ne pas venir, les bonnes excuses de ceux qui n’y vont pas… et puis, vous y êtes allés quand même, comme le jeune homme riche. Vous avez été attirés, aspirés par lui.

Alors, à chaque fois, Jésus est touché de votre geste et il jette sur vous un regard d’amour. En outre, même s’il est bon de critiquer ceux qui pratiquent, vous faites partie de ceux qui ont une certaine moralité et Jésus est touché de votre droiture et puis, vous avez un désir de mieux faire. Ça vous arrive d’écouter les lectures et même les homélies et de vous laisser interroger et de vous remettre en question, vous êtes venus ici avec un désir profond de rencontrer Jésus, et il est touché de votre réponse à son invitation.

2 – Et pourtant une chose vous manque : Jésus regarde l’état de votre cœur et il a envie de vous dire, comme au jeune riche,

« Croyez-moi, vous pouvez mieux faire », ce que marquent les professeurs sur les bulletins de notes trimestriels, sur le livret scolaire « Peut mieux faire », « Peut tellement mieux faire ». Ah, si vous vouliez ! Ne sois pas rassasié, ne sois pas satisfait, ne dis pas : « c’est assez », ne dis pas : « Dieu n’en demande pas tant ! ».

Nous avons encore à découvrir que les biens terrestres, même s’ils sont nécessaires, peuvent nous détourner de l’essentiel : les sommets auxquels nous sommes appelés. Rappelons-nous qu’il y a plus de joie à donner qu’à recevoir et qu’il nous faut nous désinstaller pour trouver notre vrai centre de gravité : Dieu lui-même.

Nous ne sommes pas programmés pour le provisoire de notre existence terrestre, nous sommes programmés pour l’absolu, en fonction de Dieu lui-même : ce qui explique nos faims et nos soifs d’ici-bas, faims et soifs d’une source meilleure, sinon nous sommes des frustrés, des insatisfaits, « en manque ».

 3 – Jésus vous regarde et vous aime. Une seule chose vous manque. Vendez tout.

Essayez donc de faire la différence entre vos vrais besoins, ceux qui, obtenus, vont vous épanouir et les faux désirs qui ne sont que des mirages de la consommation. Nous sommes un peu comme des montgolfières que l’on voit dans certaines fêtes : elles ne demandent qu’à s’élever, à monter, mais elles sont maintenues sur terre par tous les filins qui les retiennent au sol. Ce sont des ballons « captifs« . Nous aussi, nous devenons « captifs » par tous ces fils à la patte qui nous empêchent de décoller et qui nous empêchent de prendre notre envol ! Ces filins qui nous retiennent au sol :

  • – la peur de Dieu: si je me laisse faire par lui, où va-t-il nous conduire ?

  • – la paresse: on est déjà tellement pressés, sur-occupés dans la société : « Que Dieu n’en rajoute pas ! »

  • – mais surtout, l’argent et tout ce qu’il procure : le confort, le kit: les marques – le gadget – les modes, toute la batterie de tout ce qui n’est que fantaisie, surplus, superflus.

Oui, l’Evangile a raison : c’est difficile d’être riche et d’être pleinement chrétien. On le voit bien avec toutes les affaires financières : les traders, les banques véreuses, les comptes en Suisse, les paradis fiscaux, Wolkswagen ou Cahusac, la crise et les faillites : quatre millions d’euros, en France, chaque année, partent en fumée de cigarettes, 150 millions de bouteilles de champagne.

Frères et sœurs, recherchons le vrai bonheur. Souvent, nous passons à côté parce que nous nous sommes trompés de but. Repérons les filins qui nous empêchent de décoller.

Coupons-les et notre vie pourra s’élever vers Dieu, qui lui, est capable de tout nous donner. AMEN




28ième Dimanche du Temps Ordinaire – par le Diacre Jacques FOURNIER (Mc 10, 17-30)

« Accueillir avec Jésus la vraie Joie »

(Mc 10,17-30)

 

    En ce temps-là, Jésus se mettait en route quand un homme accourut et, tombant à ses genoux, lui demanda : « Bon Maître, que dois-je faire pour avoir la vie éternelle en héritage ? »
Jésus lui dit : « Pourquoi dire que je suis bon ? Personne n’est bon, sinon Dieu seul.
Tu connais les commandements : ‘Ne commets pas de meurtre, ne commets pas d’adultère, ne commets pas de vol, ne porte pas de faux témoignage, ne fais de tort à personne, honore ton père et ta mère.’ »
L’homme répondit : « Maître, tout cela, je l’ai observé depuis ma jeunesse. »
Jésus posa son regard sur lui, et il l’aima. Il lui dit : « Une seule chose te manque : va, vends ce que tu as et donne-le aux pauvres ; alors tu auras un trésor au ciel. Puis viens, suis-moi. »
Mais lui, à ces mots, devint sombre et s’en alla tout triste, car il avait de grands biens.
Alors Jésus regarda autour de lui et dit à ses disciples : « Comme il sera difficile à ceux qui possèdent des richesses d’entrer dans le royaume de Dieu ! »
Les disciples étaient stupéfaits de ces paroles. Jésus reprenant la parole leur dit : « Mes enfants, comme il est difficile d’entrer dans le royaume de Dieu !
Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu. »
De plus en plus déconcertés, les disciples se demandaient entre eux : « Mais alors, qui peut être sauvé ? »
Jésus les regarde et dit : « Pour les hommes, c’est impossible, mais pas pour Dieu ; car tout est possible à Dieu. »
Pierre se mit à dire à Jésus : « Voici que nous avons tout quitté pour te suivre. »
Jésus déclara : « Amen, je vous le dis : nul n’aura quitté, à cause de moi et de l’Évangile, une maison, des frères, des sœurs, une mère, un père, des enfants ou une terre
sans qu’il reçoive, en ce temps déjà, le centuple : maisons, frères, sœurs, mères, enfants et terres, avec des persécutions, et, dans le monde à venir, la vie éternelle.

        

            Un Juif fervent demande à Jésus : « Que dois-je faire pour avoir la vie éternelle en héritage ? » Nous sommes bien dans la logique pharisienne : « faire pour avoir ». Mais après un « faire », « l’avoir » est souvent considéré comme un mérite, un salaire, un dû… Dans un premier temps, Jésus rejoint cet homme dans son système de pensée, et lui redit tout simplement quelques « commandements » extraits du cœur de la Loi, « les dix commandements » (Ex 20,1-17). « Maître, tout cela, je l’ai observé dès ma jeunesse ». Mais quel but a-t-il vraiment poursuivi ? Le faisait-il pour plaire à Dieu, ou pour se rechercher lui-même ? Accomplir de belles œuvres peut en effet être un moyen de se glorifier soi-même, comme « ceux qui sonnent de la trompette » quand ils font l’aumône, « afin que tout le monde les voit » (Mt 6)…

            Cette logique n’est pas celle de Dieu, et Jésus l’a suggéré dès le début quand cet homme l’a appelé « bon Maître » et qu’il lui a répondu : « Pourquoi dire que je suis bon ? Personne n’est bon, sinon Dieu seul ». Pourtant Jésus, le Fils, est Dieu ! Mais il est « Dieu né de Dieu », « né du Père avant tous les siècles », et c’est de Lui qu’il tient de toute éternité l’Être et la vie… Sans Lui, il n’est rien, il ne peut rien (Jn 5,19-20 ; 5,26). Ainsi, avec Jésus, le Dieu Tout Puissant se révèle ainsi comme étant « pauvre de cœur » (Mt 5,3 avec Jn 15,11), « doux et humble » (Mt 11,29), …

            « Jésus le regarda et l’aima »… Or « aimer », pour Dieu, c’est « tout donner » (Jn 3,35), tout ce qu’il a, tout ce qu’il est (Jn 16,15 ; 17,10 ; Lc 15,31). « Dieu est Esprit » (Jn 4,24), Dieu est Saint ? Avec ce « Jésus l’aima », le Don de l’Esprit Saint qui est Vie, Paix et Joie vient frapper à la porte de son cœur… Ouvrira-t-il ? Un choix s’impose… Ou bien la logique de l’argent : amasser pour soi au détriment des autres… Ou bien la logique de Dieu : donner, partager pour le bien des autres (Lc 3,11). Ici, Jésus est radical : « Va, vends ce que tu as et donne-le aux pauvres ; alors tu auras un trésor au ciel », le trésor de l’Esprit Saint offert dès maintenant à notre foi. « Puis viens, suis-moi », abandonne-moi ta vie et je te conduirai, pour le meilleur, car l’Amour ne peut que vouloir le meilleur pour celles et ceux qu’il aime… Aujourd’hui, « à ces mots, il devint sombre et s’en alla tout triste, car il avait de grands biens ». Mais demain, peut-être, avec le secours d’en haut, réussira-t-il à renoncer à ses biens ; alors il recevra « le centuple dès maintenant » avec ce Trésor de l’Esprit qui est Amour, Paix, Joie…                                                                                                                    DJF




Rencontre autour de l’Évangile – 28ième Dimanche du Temps Ordinaire

« Posant son regard sur lui,

Jésus se mit à l’aimer. »

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons  (Mc 10, 17-30)

L’appel de l’homme riche fait suite à cette scène étonnante où Jésus accueille les enfants face aux prétentions orgueilleuses des disciples. Il s’agit dans ce passage du dépouillement nécessaire pour celui qui veut suivre le Christ.

 

Le sens des mots 

  • Faire lire lentement le texte, suivre les personnages et entrer dans le dialogue.

    Un homme accourut vers Jésus : La démarche de cet homme !

    Se mit à genoux : son geste.

    Bon maître : Cette manière de s’adresser à Jésus.

    Dieu seul est bon : Réplique étonnante de Jésus.

    Que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ?

    Une question qui révèle le souci de ce juif pieux

    Les commandements : Jésus cite l’essentiel de la Loi. L’importance du Décalogue.

    J’ai observé… depuis ma jeunesse : Révélation de la droiture et de la fidélité religieuse de ce juif pieux.

    Posant son regard : Souvent il est question du regard de Jésus  dans l’évangile.

    « Jésus se mit à l’aimer » : Expression qui en dit long sur l’amour de Dieu, amour gratuit qui est toujours premier.

    Une seule chose te manque : Jésus va lui adresser un appel d’une exigence rare.

    « Viens, suis-moi » : C’est la pointe de l’appel.

    Trésor dans le ciel : Image chère à Jésus. « Là où est ton trésor là aussi sera ton cœur ! »

    Il avait de grands biens : L’obstacle majeur au dépassement que Jésus demande de cet homme.

 

Pour l’animateur 

La démarche de l’homme, qui accourt vers Jésus montre qu’il y a chez lui un désir pressant de rencontrer Jésus et son geste de se mettre à genoux exprime une grande vénération pour Jésus reconnu comme un « bon maître ».

« Personne n’est bon, sinon Dieu seul » : Cette réplique de Jésus est étonnante, mais on la comprend, parce que Jésus est devant un Juif qui connaît bien la Torah (la Loi) et il tient d’abord à réaffirmer l’essentiel de la foi juive : Dieu et lui seul possède la « Bonté ».

L’héritage de la vie éternelle : Le souci de parvenir au bonheur futur est louable chez le juif pieux, et Jésus accueille avec bienveillance sa question. En bon connaisseur de la Loi, Jésus cite d’abord les commandements divins est la voie, normale, suffisante pour parvenir à la « vie éternelle ». On découvre que ce juif est un familier de la Torah. Sa réponse  révèle sa droiture et sa fidélité religieuse (« J’ai observé… depuis ma jeunesse »). Jésus le reconnaît, et son regard sur cet homme est un regard de tendresse et d’estime. « Il se mit à l’aimer » : Tout comme l’amour de Dieu est au départ du choix d’Israël, le regard de Jésus le pousse à porter son choix sur ce juif fidèle. Ce choix, Jésus va l’exprimer par un appel particulièrement exigent. Jésus lui dit : «  Viens, suis-moi », c’est à dire, dépasse la foi de tes pères, et deviens disciple du Messie que je suis. Dépassement difficile. Il ne s’agit plus de suivre une loi, mais de suivre quelqu’un. On découvre seulement à la fin que cet homme était très riche et que cette richesse l’a empêché de répondre positivement à l’appel de Jésus.

Dans l’entretien particulier avec ses disciples, Jésus insiste sur le fait que la possession de la richesse est un obstacle majeur quand quelqu’un veut se mettre en route à sa suite. Marc nous fait assister à une vocation manquée. Jésus vient révéler une exigence plus haute que la religion juive, dont le Décalogue pourtant était pour Israël un chemin en direction de la vie éternelle.

La Bonne nouvelle proposée par Jésus est l’appel à un dépassement. Pour se dire chrétien, il ne suffit pas d’être fidèles aux commandements de Dieu, il faut se mettre à la suite de la personne même du Messie. La foi chrétienne vient accomplir la foi juive. Suivre le Christ ne va pas sans un certain dépouillement. N’oublions pas que Jésus marche vers sa Passion.

 

TA PAROLE DANS NOS CŒURS

Seigneur Jésus, tu es venu, non pour abolir la Loi, mais pour l’accomplir. A celui qui pratique les commandements, tu adresses l’appel à te suivre, à devenir ton disciple. A celui qui est encombré par ses richesses, ses biens matériels, tu demandes le détachement, pour te suivre avec un cœur libéré. A certains, tu adresses l’appel à tout quitter pour te suivre de plus près.

TA PAROLE DANS NOTRE VIE

Quelle est la bonne nouvelle que nous apporte cet évangile ?

Quel visage de Dieu Jésus nous révèle-t-il dans cette rencontre avec l’homme riche ?

Cet homme a accouru vers Jésus et s’est mis à genoux devant lui :

Qu’est-ce qui empêchent les gens d’aujourd’hui d’aller à Jésus ?

Cet homme avait de grands biens : Qu’est-ce qui encombrent les gens d’aujourd’hui et qui les empêches d’entendre l’appel de Jésus ?

La foi chrétienne, est-ce seulement suivre les commandements ?

Ce qui nous distingue, ce ne sont pas de beaux enseignements et de belles prières. On trouve cela également dans d’autres religions. Ce que nous sommes  les seuls à avoir, c’est un Maître qui peut nous dire : « Viens et suis-moi », car lui-même a marché sur nos route humaines. Il nous a ouvert le chemin de la résurrection.

ENSEMBLE PRIONS   

Dieu notre Père, tu as toujours appelé l’homme à dépasser son égoïsme. Ton Fils Jésus est venu nous montrer le chemin du don total pour ceux que l’on aime. Nous ne pouvons pas dire que nous avons fait assez pour suivre Jésus ton Fils. Quand l’Évangile nous paraît difficile, quand il nous semble impossible de tout donner pour suivre Jésus, toi-même tu nous donnes ta force et nous permets d’avancer sur le chemin de la foi.

Notre Père …..

 

 

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