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Quand un braqueur de banques voit le Christ Ressuscité…

Voici un témoignage tout récent d’une rencontre avec le Christ Ressuscité, témoignage qui pourrait être rajouté à ceux de St Jean, St Pierre, St Paul…

« Mon nom est André Levet, je suis né en 1932 dans une famille athée, je n’avais jamais entendu parler de Dieu. Pendant la guerre de 39-40 mon père a été déporté à Auschwitz. N’ayant plus ni père ni mère j’ai été abandonné, puis recueilli dans une ferme pyrénéenne. Mon père a été libéré en 1945, il a tenté de refaire sa vie, mais je n’ai pas accepté ma nouvelle belle-mère et je me suis enfui à Marseille, à l’âge de 13 ans, couchant dans les rues et déchargeant des camions. A cette époque, la police m’arrêta et me mit en prison, aux Baumettes, en attendant de me rendre à ma famille. Au contact des autres prisonniers, je suis devenu un petit délinquant, apprenant toutes les ficelles du « métier ». A 15 ans j’ai été arrêté pour une attaque à main armée, et mis en prison jusqu’à ma majorité. A 18 ans, on avait la possibilité de s’engager pour faire la guerre d’Indochine, ce que j’ai fait pour éviter la prison. J’ai été blessé et rapatrié en France et soigné jusqu’à ma majorité.

Après cela, fort de mes expériences militaires et carcérales, je suis devenu le chef d’une bande de gangsters, spécialisée dans le braquage des banques. Un jour, alors que j’étais venu à Laval pour une « affaire », j’ai aperçu un curé en robe, de l’autre côté de la route. Je suis allé vers lui, et n’en ayant jamais vu auparavant, je lui ai demandé s’il était un homme ou une femme. Il m’a répondu : « Je suis un serviteur de Dieu. Dieu, c’est mon patron ! » Je lui ai dit : « Ton Dieu, où il est ? On ne le voit pas. » Il a répliqué : « Je vois que tu ne connais pas Dieu, mais si un jour tu as du temps, viens en discuter avec moi, 12 bis rue de Solferino. » Je n’ai jamais oublié cette adresse. Plusieurs mois après, alors que j’étais de passage à Laval pour une autre « affaire », je suis tombé par hasard dans cette rue. Je suis allé voir le curé, il était là et m’a dit : « Je t’attendais. » Ce curé est devenu mon ami, il me donnait des conseils, que je ne suivais pas, et chaque fois qu’il me parlait de Dieu, je lui disais : « Laisse ton Dieu où il est »… Quelque temps plus tard, je me trouvais à Rennes pour attaquer une banque. Là, l’affaire a mal tourné, mon copain a été tué et j’ai été arrêté. Je me suis évadé, j’ai gagné l’Amérique du sud où j’ai organisé un trafic de drogue.

Revenu en France, je suis arrêté de nouveau, pour m’évader encore ; 3 fois évadé, 3 fois repris… Toutes mes affaires vont me valoir 120 ans de prison, s’il fallait tout cumuler. On me transfert à Clairvaux dans la prison des durs et avec des copains je vais tenter une évasion en creusant un tunnel, comme dans le film « La Grande Vadrouille. » L’évasion a failli réussir, mais nous avons été repris. J’ai encore tenté une autre évasion, seul, en crochetant un gardien avec une arme. Là encore je me suis fait prendre. Ils ont décidé de m’envoyer à Château Thierry. Le directeur m’a reçu avec ces paroles : « Ici, tu marches ou tu crèves ! » J’ai répondu en lui balançant le bureau sur la tête. Ils m’ont mis dans une toute petite cellule avec un lit scellé. Mon curé ne m’a pas abandonné, il m’a envoyé une lettre par mois ou de temps en temps il me parlait de Dieu me disant qu’il était bon. Je lui ai répondu : « Si ton Dieu est bon, pourquoi faut il qu’il y ait tant de guerres, de misère, pourquoi certains crèvent de faim alors que d’autres ont trop ? Pourquoi certains ont plusieurs maisons alors que d’autres n’en ont pas ? » Le curé m’a répondu : « André, c’est toi le responsable. » Quoi ? Moi ? Je voulais bien être responsable des braquages, mais pas de la misère du monde ! Et puis un jour, le curé m’a envoyé un gros bouquin en me disant : « André, ce bouquin tu pourras le lire tout le temps, même après ta mort, en commençant par n’importe quelle page. » Le gardien me l’a apporté en me disant : « C’est bien ce bouquin, tu devrais le lire, tu pourras même l’emporter au cachot. » « Ca parle de quoi ? » « Du bon Dieu », il me répond. Quoi ! C’est pas vrai ! Il m’a ramené son bon Dieu dans ma cellule, je jetai le bouquin. Mon curé m’écrivait tout le temps, en me suppliant de lire le livre.

Alors, pour lui faire plaisir, en 10 ans je l’ai ouvert 9 fois. J’ai commencé par lire les noces de Cana, où Jésus change l’eau en vin. J’ai tourné le robinet de mon lavabo en disant : « Mec, fais couler du vin ! » Ca n’a pas marché. Je l’ai écrit au curé en disant : « Ton bouquin, ça ne marche pas. » Mon curé m’a répondu : « André tu lis de travers, persévère. » J’ai lu l’histoire de la Samaritaine, l’histoire de la résurrection de Lazare. Avec cette histoire j’ai été révolté, je ne pouvais pas la croire, et mon copain qui s’est fait descendre par les flics, il n’est pas ressuscité lui ? Puis j’ai repris la lecture longtemps après et j’ai lu combien Jésus avait fait de bien aux gens et combien ils l’avaient maltraité ; ils lui avaient craché dessus, ils l’avaient fouetté, injurié, puis cloué sur une croix. J’étais révolté ; je ne comprenais pas pourquoi on faisait autant de mal à quelqu’un qui faisait autant de bien.

J’abandonnai la lecture et je cherchais toujours à m’évader. J’attendais une arme et une lime, mais ces objets ont été interceptés. Il ne me restait plus aucun espoir ; alors en désespoir de cause, j’ai fait appel à Jésus. Je lui ai dit : « Si tu existes, je te donne un rancart. Viens cette nuit à 2 heures du matin dans ma cellule et tu m’aideras à m’évader ». Je me suis endormi cette nuit là et d’un coup, au milieu de la nuit, j’ai été réveillé. Prêt à bondir, j’ai senti une présence dans ma cellule, mais je ne voyais personne. Puis j’ai entendu une voix claire et forte à l’intérieur de moi : « André, il est 2h du matin, on a rendez vous. » J’appelais le gardien en criant : « C’est toi qui m’appelles ? » « Non », me dit-il. « Quelle heure est-il ? » demandai-je. « 2 heures ». « 2 heures combien ? » « 2 Heures pile » me répondit le gardien. Puis la voix se fit entendre à nouveau : « Ne sois pas incrédule, je suis ton Dieu, le Dieu de tous les hommes. » « Mais je ne te vois pas ! » répondis-je… A ce moment-là, vers les barreaux de la lucarne, une lumière apparut. Et dans cette lumière, un homme avec les mains et les pieds percés et un trou au côté droit . Il me dit : « C’est aussi pour toi. »

A ce moment-là, les écailles de mes yeux, lourdes de 37 ans de péchés, sont tombées et j’ai vu toute ma misère et toute ma méchanceté. Je suis tombé à genoux et suis resté dans cette position jusqu’à 7 heures du matin. J’ai pleuré devant Dieu et tout le mal est sorti de moi. J’ai compris que pendant 37 ans, j’avais enfoncé les clous dans ses mains et dans ses pieds. A 7 heures les gardiens m’ont ouvert, ils m’ont vu à genoux et pleurant ; je leur ai dit : « Je ne vous cracherai plus dessus, je ne frapperai plus personne, je ne volerai plus personne, car chaque fois que je le ferai, c’est à Jésus que je le ferai ». Les gardiens ont été surpris, ils ont cru dans un premier temps à une ruse de ma part. Puis rapidement, ils ont compris que j’avais totalement changé. Plusieurs détenus ont été interpellés et ont pu, eux aussi, rencontrer ce Dieu merveilleux et changer de vie. Je suis maintenant libéré, ma vie a totalement changé et je passe tout mon temps à parler aux autres de l’amour de ce Dieu. »

André Levet

Quelques temps après, le directeur de la prison de Château Thierry, qui avait reçu son bureau « sur la figure », voyant le changement advenu dans la vie d’André Levet, est intervenu auprès de la justice pour qu’il ait une remise de peine. Libéré, il ne cessa par la suite de témoigner de ce qu’il avait vécu, notamment dans les prisons… « Si tu existes, je te donne un rancart. Viens cette nuit à 2 heures du matin dans ma cellule et tu m’aideras à m’évader »… Mine de rien, son désir a été exaucé, mais pas comme il le pensait…




HISTORIEN DU CHRISTIANISME ET CHRÉTIEN

HISTORIEN DU CHRISTIANISME ET CHRÉTIEN

Par Yannick Leroy

          Voilà bientôt cinq années que le parcours de la FAC organisé par le SEDIFOP sur le thème de l’Histoire du Christianisme Primitif m’a été confié avec une confiance dont je suis très honoré. De nombreux thèmes ont été abordés et de nombreuses restent à venir. Un cercle s’est constitué, dans le respect et la discussion. Dans la fraternité. Oui, je suis historien des origines du Christianisme. Qu’est-ce que cela signifie ? Un historien étudie les faits, les sources, les mécanismes socio-historiques… Bref, tout ce qui a fait la trajectoire de l’être humain durant des siècles, des millénaires. J’ai choisi les racines de la foi chrétienne et on me demande souvent pourquoi. La réponse est complexe et simple à la fois : ça ne s’explique pas. Je suis habité, fasciné depuis toujours. Suis-je chrétien ? Autre question récurrente : oui, je le suis. L’Histoire n’entre-t-elle pas en conflit avec la foi ? Il convient plutôt de dire qu’elle est parfois en contradiction avec la Tradition, c’est vrai. Mais prenons le temps de l’introspection, du retour sur soi.

          Lorsque j’ai pu enfin prouver que j’étais capable de me lancer dans la recherche historique, il me restait beaucoup à apprendre. Ma foi, elle, était présente depuis toujours, intime, omniprésente. Mais elle me poussait vers cette recherche, comme si toucher du doigt les réalités des fondements de ma croyance était le moyen de la sublimer. C’est probablement ce qui parait le plus paradoxal. Et pourtant, ça ne l’est pas. Lors de ces succulents échanges remplis de convivialité avec les personnes qui assistent régulièrement à mon propos à Saint-Denis, il arrive parfois que certains soient encore heurtés. Alors, je prends le temps de rappeler une phrase simple : ne soyez pas troublés ! Cela paraît si simple à dire mais si difficile à argumenter. L’introspection, c’est d’abord le fait de se pencher sur ce qui nous trouble et simplement se demander : « En quoi cela me heurte-t-il ? En quoi ma foi pourrait en être changée, fissurée ? En quoi crois-je en mon cœur ? En la toute-puissance de la démarche scientifique ? En la toute-puissance de l’Amour de Dieu ? » Je pense que pour tout Chrétien, la réponse est évidente. Je l’affirme : non seulement l’Histoire n’a jamais remis ma foi en question, mais bien au-delà, elle l’a consolidée. Au milieu des contradictions imposées par la réalité des découvertes critiques, une chose ne change pas : l’ineffable puissance de l’enseignement de Jésus et de ses disciples. L’inépuisable force de l’Amour du Dieu Vivant.

          Un historien ne peut répondre à tout. Le premier réflexe à adopter est celui de l’humilité. Un auditeur présent durant la journée de lancement du Cycle Long m’a posé une admirable question : « En tant qu’historien, que pouvez-vous nous dire quant à la Résurrection ? » J’ai vu à son regard que la question était pure et sincère. Ma réponse ne pouvait être que « Rien ! ». En tant que Chrétien, elle est une certitude infaillible ; en tant qu’historien, je ne peux rien en dire car elle échappe à mon appréciation. C’est une simple question d’honnêteté.

          Il ne faut en tous cas pas confondre conflit avec la foi et conflit avec la psychè. C’est radicalement différent. Lorsque je suis heurté, c’est ma raison qui est en jeu ; pas ma foi. Elle sait et n’a aucunement besoin de preuves. Souvent, j’y réfléchis encore et j’en arrive toujours à la même conclusion : si la recherche historique était l’ennemi de la foi, le Père ne m’aurait pas permis de me faire ce mal intolérable. Mais Il m’a laissé faire. De même qu’Il nous a donné cette raison qui est si facilement troublée. Tout cela fait partie de Son dessein. Tout a une utilité, celle de s’adapter à notre fragilité pour nous montrer Sa présence. Alors oui, je le dis avec force et amour pour tous mes amis, sœurs et frères pouvant être troublés par les paroles de l’historien que je suis : n’ayez pas peur ! Vous connaissez votre foi comme je connais la mienne. Vous êtes troublés mais vous êtes venus. C’est aussi une façon de se rassembler en Son Nom. Et Il est parmi nous.




« C’est Lui qui m’as aimé le premier alors que je n’avais rien fait pour mériter son amour » (Jacques Fesch)…

Jacques Fesch est né le 6 avril 1930 dans une famille bourgeoise à St Germain en Laye. Son adolescence et sa jeunesse sont très désordonnées… Il a le projet de faire le tour du monde en bateau mais il sait que son père refusera de lui donner l’argent nécessaire. Il décide alors de braquer un marchand d’or mais l’agression tourne mal. En fuite, paniqué, ayant perdu ses verres de contact, il tire au jugé à travers la poche de son imperméable vers un policier et le tue d’une balle en plein cœur. Nous sommes le 25 février 1954. Rattrapé, emprisonné, jugé, il sera guillotiné trois ans plus tard le 1° octobre 1957. Mais il va rencontrer le Christ en prison, et son témoignage, paru dans le livre « Dans cinq heures, je verrai Jésus » est d’une incroyable beauté. En voici quelques extraits en lien avec cette démarche de conversion à laquelle nous sommes tous invités pendant ce temps de carême…

 

« Oui, c’est lui qui m’a aimé le premier alors que je n’avais rien fait pour mériter son amour…

J’essayais de croire par la raison, sans prier ou si peu ! Et puis, au bout d’un an de détention, il m’est arrivé une douleur affective très forte qui m’a fait beaucoup souffrir et brutalement, en quelques heures, j’ai possédé la Foi, une certitude absolue. J’ai cru et ne comprenais plus comment je faisais pour ne pas croire. La grâce m’a visité, une grande joie s’est emparée de moi et surtout une grande paix. Tout est devenu clair en quelques instants. C’était une joie sensible très forte que j’ai peut-être trop tendance à rechercher maintenant alors que l’essentiel n’est pas l’émotion, mais la foi »…

« Je sens maintenant une nouvelle force en moi, une certitude absolue que mon seul salut et devoir est de me donner entièrement à son Amour. Mais j’y arrive encore bien mal ; il est dur de se désengluer de tous ses vices »…

« Voici que Dieu est maintenant le seul qui compte. Il est au centre du monde… Il m’envahit tout entier et ma pensée ne peut plus éviter Sa rencontre. Une main puissante m’a retourné. Où est-elle, que m’a-t-elle fait ? Je ne sais, car son action n’est pas comme celle des hommes, elle est insaisissable et elle est efficace ; elle me contraint et je suis libre, elle transforme mon être et je n’ai pourtant pas cessé de devenir ce que je suis. Puis la lutte est venue, silencieusement tragique entre ce que je fus et ce que je suis devenu. Car la créature nouvelle qui a été greffée en moi implore de moi une réponse à laquelle je reste libre de me refuser. J’ai reçu le principe, il me faut passer aux conséquences. Mon regard a changé, mais mes habitudes de pensée et de conduite n’ont pas changé : Dieu les a laissées là où elles étaient. Il me faut abattre, adapter, reconstruire les installations intérieures et je ne puis être en paix que si j’accepte cette guerre. Je suis moi-même émerveillé et étonné du changement que la grâce a opéré en moi. Comme le dit Claudel, « l’état d’un homme qu’on arracherait d’un seul coup de sa peau pour le planter dans un corps étranger, au milieu d’un monde inconnu », est la seule comparaison que je puisse trouver pour exprimer cet état de désarroi complet. J’ai trouvé la paix, mais en même temps la lutte, lutte perpétuelle qui me fait progresser et plus je progresse, plus je m’aperçois de ma misère et du chemin infini qu’il me reste à parcourir. Si je reste stationnaire, je redescends. Dans cette expérience principale qui vient de bouleverser ma vie, je découvre pour finir une exigence permanente de réforme spirituelle. La conversion engendre un esprit, et cet esprit m’apprend que la religion n’est pas le confort, mais qu’elle sera toujours en un sens une conversion. Mais Dieu est là ; en Lui, j’ai la force d’apercevoir et d’accomplir ce que je dois être, à son image. Il associe ma prière à Sa volonté. La vocation qu’il me donne suscite une invocation que je lui adresse ».




« Lettre à mon fils »…

Témoignage d’une maman après le décès de son fils… Perdu ? Non, retrouvé, dans la foi…

 

Matthieu, mon grand, … Moi, ta maman, si bavarde, me voici soudainement sans voix, sans mot, avec cette impression de peur devant une page blanche.

Cela ne me ressemble pas, n’est-ce-pas ? Toi qui me connait si bien, mon fils, tu dois sourire… de Là-Haut.

Oui, « de Là-Haut », car pour ceux qui ne connaissent pas NOTRE histoire, tu nous a quittés, en août 2015, par un…comment appelle t’on cela, si nous ne souhaitons pas parler de suicide, ni de pendaison ?… ah… je m’en souviens, oui… « départ volontaire »…

Tu avais 23 ans, et toute ta superbe vie devant toi…Non, ce n’est pas un reproche, une maman pardonne tout. Je t’ai promis que je ne crierai jamais « pourquoiiiiiiiii ? « , sachant qu’une erreur peut être commise par n’importe qui, et que celle-ci malheureusement peut être fatale. Ne revenons donc pas, Matthieu, sur une promesse.

Tu es parti, devant moi, (sous mon nez !!!),  prenant tes clés de voiture, sans  me rendre compte qu’un drame nous menaçait… comment savoir à ce moment précis que tu ne reviendrais plus jamais à la maison ?… si j’avais su… que je ne te reverrai que deux heures plus tard, entubé, inconscient, en réanimation, entouré de machines te reliant à une mince chance de survie…

Cette toute petite trace rouge sur ton cou, si minime soit elle, m’a lancé au visage l’énorme douleur que tu m’as cachée. J’essaie depuis d’effacer dans mes souvenirs cette horrible  souffrance que tu as vécue, moralement et ensuite physiquement, afin de la remplacer par cette belle preuve que tu m’as offerte, lorsque j’attendais dans le couloir de l’hôpital, ce soir-là, d’être auprès de toi… te rappelles-tu, Matthieu ?… j’étais assise, face à cette porte du service réanimation, complètement angoissée. Doucement, j’ai ressenti comme une présence chaleureuse envahir mon torse, atteindre mon coeur, l’enrober d’amour,  de force, de courage, jusqu’à subitement le faire IMPLOSER de douleur, et ressortir tout doucement de l’extérieur comme une petite flamme à peine allumée, pour s’éteindre tout en montant vers…Le haut… je me suis entendue dire « Matthieu est en train de partir ». Quatre jours plus tard, plus d’enfant. Tu nous a quittés…

Je te remercie, mon grand, pour ce signe, car cela m’a permis d’être forte, malgré mes chutes, depuis ton départ. Cette présence, mon coeur de maman le sait, c’est toi. Tu m’as prouvé que tu étais toujours là, de manière différente, mais présent malgré tout. Malgré le décès, malgré l’enterrement, malgré la maison vide. Tu es là. Malgré mes cris, mes pleurs cachés, mes insomnies et ma difficulté à respirer sans toi. Et si tu es là, c’est que tu m’aimes. La culpabilité de n’avoir pas pu te sauver s’est effacée grâce à ce signe d’amour que tu m’as offert ce soir-là. Merci, mon ange.

Tu vois, en écrivant, mes larmes « roulent », mais je sourie… pourquoi ? … tant d’amis, m’ont conseillé de voir un voyant, de communiquer avec toi « grâce »  à l’écriture automatique, pensant que cela me consolerait de ton absence. Intérieurement, on en a ri toi et moi…  Depuis le soir de ton enterrement, nous savions tous les deux, comment nous rapprocher, et à quoi nous raccrocher ! Et surtout, comment ne pas nous perdre ! Il n’y avait qu’une issue, qu’une porte de sortie, de secours, à ouvrir afin de survivre face à tant de violences que nous subissions à être séparés. Cette porte, nous l’avions pris séparément, mais ensemble. Et quelle surprise !!! Tu vois, j’avais raison… je t’ai orienté vers le bon chemin, certaine de t’avoir sauvé, après la mort. Cela me console. Ou… est-ce toi qui m’a dirigé vers cette solution, pour ne pas sombrer sans toi, car je t’avais toujours dit que s’il t’arrivait malheur, je te suivrai, toi, ma seule raison de vivre ?… Hummm… la question restera sans réponse. Mais, ce que nous savons tous les deux, Matthieu, c’est qu’aujourd’hui, nous pouvons dire « ouf, bonne décision après ce drame !!! c’est EXACTEMENT ce qu’il nous faillait à tous les deux, pour… vivre… ».

Ne soyons donc pas égoïstes, mon grand, donnons notre secret qui me permet moi de respirer sans toi, et toi de continuer ton chemin vers quelque chose de plus beau…

Cette porte, cette issue de secours, c’est… Jésus. Il a été là avec sa mère, depuis le début, à tenir nos mains, sans que nous le réalisions.

Eux, séparés dans la souffrance, qui se sont retrouvés par ce lien si fort qu’est l’Amour, nous ont montré la voie à prendre : leur coeur.

Grâce à eux, nous avons cheminé, chacun de nos côtés mais toujours unis, afin de mettre des mots qui prennent valeurs et pansent nos blessures à travers « notre nouvelle vie » (ouiiii, je sais, tout le monde parle de ‘chemin de deuil’… beurk…ces mots me donnent la nausée !,  je préfère « nouvelle vie » car elle me rapproche de toi, dans la Vraie Vie!).

Les pleurs, la souffrance, l’abandon, le pardon, ont été difficiles à vivre. Tous mes pleurs, je les ai versés avec toi, Matthieu, avec Jésus, avec Maman Marie. Ma « pauvre » église, si remplie de mes larmes… Matthieu, nous pouvons le dire, elle aussi nous a sauvés.

Elle nous a montré le Chemin, la Vérité et… la Vie.

La Miséricorde, la consolation, l’espérance, l’union, la foi, la paix, ont été données !!! En abondance !!!

Jésus et sa Mère, NOTRE mère, a su nous mener là où nous pensions ne plus avoir droit : le chemin de l’Amour, la seule porte à prendre. Ils t’ont appris à te diriger vers eux, à ouvrir ton coeur à leur coeur. Ils m’ont appris à te nourrir spirituellement par des prières, des chapelets, des messes à ton intention, de l’eau, des bougies, de l’encens bénis, en cadeau ! Ils m’ont appris à souffrir avec eux, afin de transformer cette douleur en bénédiction (qui aurait penser, « Matt-Matt », que notre souffrance pourrait aider les autres ? Waow…). Il m’arrive de me retrouver seule sur ta tombe, et d’entendre quelqu’un pleurer… Tu me connais, je compatis toujours à la douleur des autres, je n’arrive pas à rester dans mon coin, que veux-tu, mon fils, ça s’appelle de la charité, si si crois-moi, et non de la curiosité. Je vais voir, (…) c’est une maman, qui a perdu son enfant, tout comme moi. J’écoute son histoire, qui s’arrête à la mort. Je lui raconte la nôtre, qui continue avec la VIE en notre Seigneur, et la voilà qui repart avec les larmes essuyées, un demi-sourire aux lèvres, à moitié consolée mais une lueur d’espérance dans le regard… Ce genre de trésor, il est préférable de le partager, tu ne croies pas ?  Ce lien qui nous garde unis, qui nous soutient, nous promet de jamais nous laisser seuls, qui est chaque jour un petit sparadrap et un petit kleenex, ce lien qui nous a fait comprendre qu’il ne faut pas s’arrêter à la mort, ce Dieu si FORT, si… WAOW dans nos souffrances… nous ne pouvons que nous incliner, Matthieu, face à cette main tendue remplie d’Amour et de consolation, d’espérance et de seconde chance… cette Paix, tant recherchée par toi lors de tes doutes sur cette vie sur terre, cette Paix tant sollicitée par moi-même depuis ton suicide, nous l’avons obtenue.

Remercions-le, courons le proclamer, que sais-je mon grand, remplissons nos vies de cette mission : TEMOIGNONS DE L’AMOUR DE DIEU, DE SA PRESENCE dans nos souffrances, DE SA PAIX dans nos angoisses, DE SON ESPERANCE dans nos séparations, DE CETTE ASSURANCE EN LUI DE T’AVOIR SAUVE !

Oui, sauvé, malgré ta mort, malgré ton suicide.

Ton choix de mettre fin à ta vie, était un choix libre, Il n’y pouvait rien. Mais ta Vie, en Lui, il l’a sauvée : non pas sauvée de corps, mais… sauvée d’âme.

Car grâce à Lui, grâce à Jésus, je peux toujours te dire :

JE T’AIME, MON FILS.

Grâce à lui, je peux toujours sentir ton amour… à travers Lui.

Grâce à Lui, nous avons cet espoir d’une nouvelle Vie d’éternité…

Nous nous reverrons, tu t’en rends comptes, mon fils, grâce à Lui et à son Histoire, à sa force de nous aimer, à son total abandon face à sa souffrance, à sa résurrection, grâce à son Amour de nous voir sauvés…

N’est-ce-pas merveilleux, Matthieu ?

Je t’embrasse, (fort fort fort fort fort),

Maman.

Ps : je t’aime, je t’aime, je t’aime, je t’aime, je t’aime mon grand… ouiii je m’arrête là.

Attention ! JE T’AIIIIIIIIIIIIIIIIIIIME !

Sourires…




Ma rencontre avec Celui qui Est : témoignage de mon expérience aux frontières de la mort…

Je me trouvais dans ma chambre d’étudiant, pendant les vacances scolaires. Je révisais mes cours. Je me suis senti mal et je suis allé m’allonger en attendant que ça passe. J’ai senti l’angoisse monter et j’avais l’impression que j’allais mourir. A ce moment précis, je me disais en moi-même que je n’étais pas prêt. Un voile noir est apparu devant mes yeux et je suis ‘parti’. Je traverse alors à très grande vitesse un tunnel et je débouche sur un espace infini, lumineux, d’une lumière blanche, intense, d’une pureté que je n’ai jamais vue (plus blanc que neige). Cette lumière est vivante (!). Je vis dans la sensation d’être à la fois spectateur et acteur de ce qui se passe. Cet espace lumineux est entièrement habité par un Être de Lumière invisible, sans forme précise mais dont je ressens la Présence.

« Voici le message que nous avons entendu de lui et que nous vous annonçons : Dieu est Lumière, en lui point de ténèbres » (1Jn 1,5).

Je me sens bien, dans la paix, léger : j’ai l’impression de flotter.

« N’entretenez aucun souci; mais en tout besoin recourez à l’oraison et à la prière, pénétrées d’action de grâces, pour présenter vos requêtes à Dieu.Alors la paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence, prendra sous sa garde vos cœurs et vos pensées, dans le Christ Jésus… Ce que vous avez appris, reçu, entendu de moi et constaté en moi, voilà ce que vous devez pratiquer. Alors le Dieu de la paix sera avec vous » (Ph 4,6-9).

Je vois à ma gauche un homme cloué sur une croix, la tête penchée vers le bas et derrière lui, l’espace lumineux est encore plus lumineux et il m’est donné de sentir que le bonheur y est encore plus intense. Je ressens qu’il faudra passer par cet homme là pour pouvoir rentrer : il est la clef…

 

A ma droite, je vois un trou noir, assez gros, lugubre, sans fond. Je sens une attirance/répulsion : attirance de par ma curiosité à explorer les choses, de par le caractère étrange, surprenant de ce trou noir, répulsion car la noirceur qui s’en dégage est horrible. Je sens que je vais devoir faire un choix.

A ce moment là, derrière l’espace lumineux derrière la croix,  l’Être de Lumière prend comme une forme de nuée. Cette forme n’est pas clairement définie mais je sens un aspect paternel qui s’en dégage : elle s’apparente à l’image de Dieu que j’ai sur ma bible de Jérusalem depuis petit (image issue du plafond de la chapelle Sixtine  de Michel Ange : la rencontre entre Dieu et Adam).

« N’avons-nous pas tous un Père unique? N’est-ce pas un seul Dieu qui nous a créés? » (Ml 2,10).

Alors qu’il se déplace vers moi (il n’y a pas de frottement dans les déplacements, il ‘glisse’), il s’arrête à un moment et se positionne à une distance pertinente de ‘moi’ : il était ni trop proche de moi, ni trop éloigné. Il se tenait à l’exacte distance où je sentais qu’il était suffisamment proche de moi pour que je ne me sente pas en insécurité et ni trop loin pour que je sente qu’il est concerné par ce que je vis (et non avec une attitude condescendante ou hautaine).

L’Être de Lumière s’adresse à moi en français mais dans une forme de communication dont je n’ai pas trouvé de meilleure description que « d’Être à Être ».

Jésus disait : « Moi et le Père, nous sommes un… Père, qu’ils soient un comme nous sommes un » (Jn 10,30 ; 17,22)… « dans l’unité de l’Esprit » (Ep 4,3)…

Nous échangeons en temps réel, sans délai, dans une fluidité totale comme si nous étions interconnectés.

Il m’explique que je vais devoir faire un choix entre la Lumière et la noirceur.  Il m’est donné alors de réaliser à quel point ce choix sera crucial, grave, déterminant (bien que cette scène se déroule dans la paix), que je suis le seul à pouvoir choisir, que je suis Libre de choisir (je mets Libre avec un grand L car je n’ai JAMAIS ressenti une telle liberté et encore plus face à un choix capital !).

« Si le Christ vous libère, vous serez réellement libres » (Jn 8,34).

« J’ai placé devant toi la vie et la mort… Choisis donc la vie afin que tu vives ! » (Dt 30,15-20).

J’ai une lucidité totale sur les conséquences de chaque choix : il n’y a ni tentative de manipulation, de dissimulation ou de minimisation de sa part sur les enjeux. Tout est transparent. Mais tout en étant libre de choisir, il me fait part de son désir le plus profond : je sens alors plutôt comme un aspect maternel chez lui et je le vois comme saisir ses ‘tripes’ (lieu de manifestation de son désir le plus profond) pour me les montrer à ce moment là.

« Ainsi parle Yahvé (Celui qui Est, Ex 3,14-15) : Voici que je fais couler vers elle la paix comme un fleuve, et comme un torrent débordant, la gloire des nations. Vous serez allaités, on vous portera sur la hanche, on vous caressera en vous tenant sur les genoux. Comme celui que sa mère console, moi aussi, je vous consolerai, à Jérusalem vous serez consolés » (Is 63,12-13).

« Quand Israël était jeune, je l’aimai… e les menais avec des attaches humaines, avec des liens d’amour; j’étais pour eux comme ceux qui soulèvent un nourrisson tout contre leur joue, je m’inclinais vers lui et le faisais manger… Mais mon peuple est cramponné à son infidélité. On les appelle en haut, pas un qui se relève ! Comment t’abandonnerais-je… Mon cœur en moi est bouleversé, toutes mes entrailles (littéralement : ‘mes tripes’) frémissent » (Le mot « bouleversé » est très fort ; précisément celui qui est employé à propos de la destruction des cités coupables, (Gn 19, 25 ; Dt 29, 22). Osée laisse entendre que les conséquences du péché sont comme vécues d’avance dans le cœur de Dieu) (Os 11,1-8).

« Et toi (Jean Baptiste), petit enfant, tu seras appelé prophète du Très-Haut ; car tu marcheras devant le Seigneur, pour lui préparer les voies, pour donner à son peuple la connaissance du salut par le pardon de ses péchés; grâce aux entrailles de miséricorde de notre Dieu ((littéralement : « grâce aux tripes de miséricorde »), dans lesquelles nous a visités l’Astre d’en haut, pour illuminer ceux qui demeurent dans les ténèbres et l’ombre de la mort, afin de guider nos pas dans le chemin de la paix » (Lc 1,76-79).

Je le sens comme vulnérable face à ma réponse, qu’il joue son va tout, qu’il s’implique entièrement et en même temps il a fait le maximum de ce qu’il pouvait faire pour me ‘séduire’ et m’amener à venir avec lui sans m’influencer d’aucune sorte, dans le respect total de ma liberté.

« Je vais la séduire, et je parlerai à son coeur » (Os 2,16)…

C’est quelque chose d’extrêmement difficile à décrire tellement des choses contraires sont étonnamment  et bienheureusement réunies ensemble. Cet Être de Lumière est celui qui parvient à unir des choses qui pourraient être opposées/opposables au premier abord mais dans la Paix. Incroyable !!! Je suis alors tellement surpris d’éprouver une telle liberté que je suis très joyeux. Il attend ma réponse comme suspendu à ce que je vais choisir mais ne me presse pas. Je lui fais ‘assez vite’ un choix que je ne parviens pas à matérialiser dans des mots parce qu’il est au-delà des mots. En fait, dans cet espace infini, je parle plus qu’avec mes tripes : je ne sais comment formuler cela autrement que par : je parle avec mon Être. Les choses se passent de manière très très spontanées et il n’y a pas de ‘contrôle’ : on est comme on est !

Je lui dis que je vais aller jeter un coup d’œil rapide au trou et qu’ensuite je viendrais avec lui. Sitôt formulé, j’avance vers le trou noir et à mesure que je me rapproche de celui-ci, le sentiment de répulsion augmente jusqu’à ce que j’arrive au bord du trou et que je sois littéralement comme aspiré sans que je puisse m’y opposer. Je vois alors mon ‘cœur’ tout noir incliné vers le bas dans cet espace infini noir, sombre, lugubre, sans ‘air’, absolument vide avec rien de rien. Je sens comme une chape de plomb qui s’est abattu sur moi, chape très très lourde à porter. Ce qui me désole le plus dans ce lieu c’est qu’il est vide et que je me sens seul : j’en étais même rendu à souhaiter pouvoir trouver un caillou (oui vous avez bien lu un caillou) car çà aurait été une goutte de consolation dans mon océan de souffrance de solitude extrême. J’espère que vous mesurez à quel point la souffrance est grande pour en arriver à désirer une telle chose. Et le pire, c’est que je ne vois aucun moyen de sortir de ce lieu (aucune lumière, aucun chemin, aucun secours).

C’est alors que lorsque je pense que je vais peut être passer mon éternité dans ce lieu que surgit en moi comme un cri, une posture : je tourne alors mon cœur vers le ‘haut’ (bien que tout étant noir, il n’y avait pas vraiment de haut et de bas) et je formule quelque chose comme ‘non ce n’est pas le désir que j’ai, je mérite mieux que cela, je ne suis pas fait pour ça’. De nulle part, je vois venir une main lumineuse qui me prend et m’arrache (j’insiste sur ce mot, car la main n’y est pas allé de main morte) aux Ténèbres.

Lorenzo Veneziano (1370)

Les Apôtres dans la barque voient Jésus venir vers eux en marchant sur la mer. « Pierre lui dit : Seigneur, si c’est bien toi, donne-moi l’ordre de venir à toi sur les eaux. Viens, dit Jésus. Et Pierre, descendant de la barque, se mit à marcher sur les eaux et vint vers Jésus.Mais, voyant le vent, il prit peur et, commençant à couler, il s’écria : Seigneur, sauve-moi ! Aussitôt Jésus tendit la main et le saisit, en lui disant : Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté? » (Mt 14,22-33).

« Vous remercierez le Père qui vous a mis en mesure de partager le sort des saints dans la lumière. Il nous a en effet arrachés à l’empire des ténèbres et nous a transférés dans le Royaume de son Fils bien-aimé, en qui nous avons la rédemption, la rémission des péchés » (Col 1,12-14).

Je me retrouve alors instantanément à nouveau dans l’espace lumineux et je ne préciserais plus que tout le reste de l’expérience se passe là dedans (hormis à un moment, je n’ai rien vu comme objet, tout était blanc et c’est tout).

« Jésus prend avec lui Pierre, Jacques, et Jean son frère, et les emmène, à l’écart, sur une haute montagne. Et il fut transfiguré devant eux : son visage resplendit comme le soleil, et ses vêtements devinrent blancs comme la lumière » (Mt 17,1-2)… 

Je suis derrière un mur de pierre qui a des petites fissures, encore apeuré mais content néanmoins d’être sorti de ces Ténèbres. Je sens que l’Être de Lumière veut me rencontrer personnellement : la Lumière pénètre petit à petit via les fissures, les fissures s’agrandissent jusqu’à ce que le mur explose complètement. Je me retrouve alors face à face avec lui, comme dans une autre ‘pièce’.

Il règne un très grand silence dans cette pièce et je sens que l’Être de Lumière se ‘dévoile’ à moi : il est alors lui-même très silencieux. Face à un tel silence, je sens que le seul moyen d’être en communion avec ce qui se vit dans cette pièce est d’être moi-même silencieux. Son silence appelle mon silence. Je le sens alors comme si il me partage sa ‘solitude’…peut être est ce dans ce grand silence qu’on peut s’approcher de qui il est vraiment, seul à être ce qu’il est, au-delà des mots, des idées, des concepts… C’est en presque troublant…

« Il m’entraîne dans des silences d’où je voudrais ne jamais sortir » (Ste Elisabeth de la Trinité).

Je change alors de ‘pièce’.  Je vois alors un puits sur ma gauche d’où jaillit de très belles gerbes lumineuses légèrement colorées à leurs extrémités : ce jaillissement se fait dans un bruissement léger et il est perpétuel, continu mais doux. Je m’approche de ce puits et je vois qu’il est sans fonds et au même moment, il m’est donné de savoir que tout ce qui existe dans l’univers est sorti de ce puits (rien que çà !!!).

L’expérience continue… Je vois alors que ce que je suis est comme comprimé et en présence de cet Être de Lumière, je vois que mon potentiel de croissance explose littéralement dans une grande gerbe qui s’étire à une très grande vitesse. J’ai l’impression alors de monter et au fur à mesure que je monte, je sens comme si je traverse des ‘sphères’ : à chaque fois je ressens les choses (amour, paix, bonheur) avec encore plus d’acuité et de profondeur et je pense être arrivé au maximum de ce que je peux expérimenter et à chaque fois ce n’est pas le cas… il y a encore et encore à profusion… chaque fois que je franchis une sphère, l’acuité et la profondeur sont encore plus intenses…

Jésus disait : « Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit parfaite… Heureux les pauvres de coeur, le Royaume des Cieux est à eux… Heureux les artisans de paix… Heureux les doux… Je suis doux et humble de coeur » (Jn 15,10, Mt 5,1-12; 11,29).

Il y a ensuite comme un échange entre l’Être de Lumière et moi, comme dans une danse… Je vis alors quelque chose de paradoxal : l’Être de Lumière me dévoile progressivement et de manière de plus en plus étendue mon ‘identité’ . A son contact, je deviens de plus en plus ‘moi-même’ et il me connait mieux que moi-même : incroyable qu’un « inconnu » me connaisse mieux que moi-même et me donne d’être ce que je découvre de moi.  J’ai trouvé une autre façon d’exprimer cela dans  l’exhortation apostolique du Pape François au chapitre I, v. 39 : « Tu arriveras à être ce que le Père a pensé quand il t’a créé et tu seras fidèle à ton propre être. » Saint Augustin en parle lui aussi : « Toi, tu étais plus intime que l’intime de moi-même, et plus élevé que les cimes de moi-même ». Suivant que mon ‘attention’ était sur lui ou sur moi, je me voyais comme faisant partie de lui ou je le voyais en moi.

Jésus disait : « Père, que tous soient un. Comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi, qu’eux aussi soient en nous… Je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée, pour qu’ils soient un comme nous sommes un, moi en eux et toi en moi, afin qu’ils soient parfaits dans l’unité »… « Recevez donc l’Esprit Saint », « l’Esprit de Dieu, l’Esprit de gloire » (Jn 17,20-26; 20,22; 1P 4,14)…

Je sens alors que quelque chose comme un ‘sommet’ va être atteint tellement tout est intense. Je sens que je vais franchir alors un point de non retour : si je passe au-delà de ce point de non retour, alors je ne peux plus revenir en arrière. Ce point de non retour s’est matérialisé par une barrière en bois pas très haute (comme la barrière d’un enclos). Je comprends que je ne peux aller plus loin et j’entends cette phrase : « Non pas maintenant ». L’expérience se termine alors et je reviens à moi.

Pour conclure, je vous partage cette prière de John Henry Newmann que j’aime beaucoup :

Mon Seigneur Jésus, toi dont l’amour pour moi a été assez grand pour te faire descendre du ciel afin de me sauver, cher Seigneur, montre-moi mon péché, montre-moi mon indignité, apprends-moi à m’en repentir sincèrement, pardonne-moi dans ta miséricorde. Je te demande, mon cher Sauveur, de reprendre possession de moi-même. Seule ta grâce peut le faire ; je ne peux pas me sauver moi-même ; je suis incapable de recouvrer ce que j’ai perdu. Sans toi, je ne peux pas me tourner vers toi, ni te plaire. Si je compte sur ma propre force, j’irai de mal en pis, je défaillirai complètement, je m’endurcirai dans la négligence. Je ferais mon centre de moi-même au lieu de le faire de toi. J’adorerai quelque idole, façonnée par moi-même, au lieu de t’adorer, toi le seul Dieu véritable, mon Créateur, si tu ne m’en empêches pas par ta grâce. Ô mon cher Seigneur, entends-moi ! J’ai assez vécu dans cet état flottant, indécis et médiocre ; je veux être ton fidèle serviteur, je veux ne plus pécher. Sois miséricordieux envers moi, fais qu’il me soit possible, par ta grâce, de devenir ce que je sais que je devrais être.

Jean.

(Témoignage reçu le 15 décembre 2018. DJF)




« Une lumière indescriptible »… Témoignage de Xavier…

Xavier a vécu une expérience de mort imminente… Rencontré à l’occasion d’un séjour au Carmel des Avirons, il nous offre son témoignage…

« Je suis au Carmel des Avirons depuis quelques jours déjà, pour un temps de retraite… Une sœur qui croise mon chemin a vu ma détresse morale et me propose de rencontrer sœur Marguerite vers 11h pour une écoute spirituelle.

Je comprends maintenant pourquoi Sainte Thérèse d’Avila disait « On est jamais seul quand on est avec Dieu », oui dès l’instant où on est dans la prière et la foi, il envoie toujours quelqu’un frapper à votre porte… Comment vais-je pouvoir parler à ma sœur de toutes mes peines, de mon désarroi ? Je prends ainsi ma plume pour rassembler mes mots…

Sr Marguerite, deuxième en partant de la gauche

« Ma sœur, je me sens le cœur trop lourd. Ce matin pendant ma prière j’ai confié, là-haut, mon fardeau aux pieds de Jésus. Sur terre je viens vous confier mes souffrances et mes soucis. Sans rentrer dans tous les détails qui seraient inutiles, il est temps pour moi d’ouvrir le silence sur mes blessures que je garde au fond de mon cœur depuis déjà de nombreuses années. Conscient que, à mon tour j’ai frappé à la bonne porte, je vous demande mes sœurs, et à toute la communauté du Carmel de prier pour alléger mes peines, mes souffrances et mes blessures intérieures trop profondes, mais aussi pour que je puisse enfin trouver ma voie dans un bon travail qui pourrait me permettre de gagner honorablement ma vie en restant toujours au service de Dieu.

Quelle que soit la volonté du seigneur, je serais là aussi pour lui. A mon tour je comprends que toute la force de vos prières qui me seront envoyées, ne serviront à rien, si je ne suis pas entièrement prêt et pleinement disposé à les recevoir, mais aussi, à les garder précieusement comme un cadeau du ciel.

Mon Dieu, depuis tout petit je suis né le cœur sur la main sans jamais pouvoir comprendre tant de méchancetés, de haines, de violences et d’injustices dans ce monde… Mon Dieu s’il vous plaît, aidez-moi ! Que je puisse continuer à avoir la force de rester tel que je suis, dans votre très grande miséricorde aidez-nous. Petite sœurs s’il vous plaît priez pour moi, notre couple, mon travail et notre famille ».

La chapelle du Carmel, Pentecôte 2016

A présent la cloche sonne et nous appelle pour la prière de 12h45. Je remercie sœur Marguerite de m’avoir reçu et sans demander mon reste je me dirige vers la pièce centrale de la maison du Seigneur, notre lieu commun de prière. Croyez-moi, ces moments de partages sont toujours uniques et différents. Même si mon cœur s’est assombri, l’écoute que j’ai reçue aujourd’hui, les chants des sœurs qui s’élèvent me transportent à nouveau et m’apportent un peu de soulagement et de consolation.

Le repas du midi s’est passé dans un silence relatif et consenti, comme si les compagnons visiteurs avait compris eux aussi ma détresse. Une fois le repas terminé, je m’efface rapidement dans ma chambre pour aller me rafraîchir et me changer. Je redescends aussitôt pour la prière de 12h45. Après l’office du milieu du jour nous avons rendez-vous à 15h pour une formation et un éveil Biblique dans la foi avec Diacre Jacques Fournier.

Nous sommes à nouveau tous rassemblés dans la petite chapelle pour travailler sur le thème « Dieu est Amour », « Dieu est Esprit », « Dieu est Lumière », puisque nous lisons le début de la Première de Lettre de St Jean où apparaît pour la seule et unique fois dans tout le Nouveau Testament « Dieu est Lumière » (1Jn 1,5). Traduction grecque, paraboles et interprétations nous sont enseignées au travers de lectures croisées entre l’évangile de Saint Jean, de Saint Marc, mais aussi dans les Epîtres aux Hébreux et aux Colossiens. Puis Jacques Fournier va nous parler de la vérité et de la lumière. Bien sur Jésus nous accueille tels que nous sommes, pêcheurs, mais il nous demande de faire la vérité face à nos problèmes les plus importants, afin de ne pas nous confondre dans les ténèbres.

De cette vérité nous sera donnée la lumière éternelle car « celui qui fait la vérité vient à la lumière » (Jn 3,21). Je prends conscience, que je dois porter la vérité à ce moment précis, à ceux qui m’ont tant donné. Je fais la demande à notre formateur de pouvoir apporter un témoignage concernant un moment très dur de ma vie. Après avoir reçu le consentement pour témoigner, je dois vraiment là, prendre mon courage à pleines mains pour me lever et parler, comme lorsque vous êtes réunis en famille et que l’on vous sollicite pour faire un discours.

« Avez-vous déjà entendu parler des gens qui ont traversé la mort un court instant et qui sont revenus à la vie ? Il y a quelques temps de cela je fus accablé par une suite de problèmes de santé vraiment préoccupants, je me sentais diminué de jours en jours avec un diagnostic pas très encouragent… A bout de force j’ai décidé d’en finir… Ayant travaillé dans le milieu médical j’ai donc mis les moyens pour ne pas revenir. Au moment où j’étais pratiquement cliniquement mort, allongé sur le lit, mon âme et mon esprit ont commencé à se détacher de mon corps pour s’élever doucement de plus en plus haut dans une douceur incroyable vers une lumière jaune céleste indescriptible… Je voyais alors très exactement mon corps sur le lit et tout ce qui se passait en bas. A ce moment-là, comme avec un diaporama, j’ai vu défiler ma vie devant moi de façon très brève. Puis sans attendre, trois personnes de ma famille déjà décédées se sont approchées de moi comme pour venir me chercher. J’ai bien reconnu leurs visages, je n’ai pas lutté pour me laisser emmener… Et là, d’un seul coup, cela a était un trou noir incroyable !  Comme si un ange m’avait coupé la route, en me disant, ça suffit maintenant ! Lorsque j’ai repris conscience peu à peu, j’ai réalisé que ce que j’avais fait, ce n’était pas bien du tout ! »…

Merci au petit groupe de chrétiens et aux sœurs du Carmel qui m’ont écouté, merci à tous de ne m’avoir ni jugé ni condamné. Merci seigneur de m’avoir donné le courage d’avoir pu m’exprimer, de pouvoir à mon tour porter la vérité et la lumière »…

                                                                                    Xavier Vivona

 




« Mes yeux ont vu la gloire de la venue du Seigneur »…

Dernier paragraphe de son sermon du 3 avril 1968 :

« Ce qui va m’arriver maintenant m’importe guère. Nous avons devant nous des journées difficiles. Mais peu m’importe ce qui va m’arriver maintenant. Car je suis allé au sommet de la montagne. Et je ne m’inquiète plus. Comme tout le monde, je voudrais vivre longtemps. La longévité à son prix. Mais je ne m’en soucie guère maintenant.

Je veux simplement que la volonté de Dieu soit faite. Et il m’a permis d’atteindre le sommet de la montagne. Et j’ai regardé autour de moi. Et j’ai vu la Terre promise. Il se peut que je n’y pénètre pas avec vous. Mais je veux vous faire savoir, ce soir, que notre peuple atteindra la terre promise.

Ainsi je suis heureux ce soir. Je ne m’inquiète de rien. Je ne crains aucun homme. Mes yeux ont vu la gloire de la venue du Seigneur. »

 

           Le lendemain 4 avril 1968, Martin LUTHER KING était assassiné.




Témoignage d’un « fusillé »…

Voici une lettre écrite par l’Abbé Jean DEROBERT, témoignage certifié donné en vue de la canonisation du Padre PIO. Le Père DEROBERT, décédé récemment, a écrit un livre sur la vie de ce saint : Padre PIO transparent de Dieu.

 

P. Jean Derobert en pleine séance de dédicace de son livre.

Cher Père,

Vous m’avez demandé un résumé écrit au sujet de l’évidente protection dont j’ai été l’objet en août 1958, pendant la guerre d’Algérie.

J’étais, à ce moment-là, au service de santé des armées.

J’avais remarqué qu’à chaque moment important de ma vie, Padre PIO qui m’avait pris en 1955 comme fils spirituel, me faisait parvenir une carte m’assurant de sa prière et de son soutien.

Tel fut le cas avant mon examen de l’Université Grégorienne de Rome, tel fut le cas au moment de mon départ à l’Armée, tel fut le cas au moment où je du rejoindre les combattants d’Algérie.

Un soir, un commando F.L.N. ((Front de Libération Nationale Algérienne) attaqua notre village et je fus bientôt maîtrisé et mis devant une porte avec cinq autres militaires et là, nous fûmes fusillés. Je me souviens que je n’ai pensé ni à mon père, ni à ma mère dont j’étais pourtant le fils unique mais j’éprouvai seulement une grande joie car «  j’allais voir ce qu’il y a de l’autre côté. »

J’avais reçu, le matin même, une carte de la part de Padre PIO avec deux lignes manuscrites : « La vie est une lutte mais elle conduit à la Lumière » (souligné deux et trois fois)

Immédiatement, je fis l’expérience de la dé-corporation.

Je vis mon corps à côté de moi-même, couché et sanglant au milieu de mes camarades tués, eux aussi.

Et je commençais une ascension curieuse dans une sorte de tunnel. De la nuée qui m’entourait, émergeaient des visages connus et inconnus.

A mesure que je montais, les visages rencontrés devenaient plus lumineux. Je m’étonnais de ce que je pouvais marcher… et je me dis que, pour moi, j’étais hors du temps, donc j’étais ressuscité…

Subitement, ma pensée s’envola vers mes parents. Immédiatement, je me suis retrouvé chez moi, à Annecy, dans la chambre de mes parents que je vis dormir. J’essayais de leur parler, sans succès. J’ai visité l’appartement notant le changement de place d’un meuble.

Plusieurs jours après, écrivant à ma mère, je lui ai demandé pourquoi elle avait déplacé ce meuble. Elle m’écrivit en réponse : « Comment le sais-tu ? »

J’ai pensé au Pape Pie XII que je connaissais bien (j’étais étudiant à Rome) et, de suite, je me suis trouvé dans sa chambre. Il venait de se mettre au lit. Nous avons parlé par échanges de pensées, car c’était un grand spirituel.

J’ai continué mon ascension jusqu’au moment où je me suis trouvé dans un paysage merveilleux, enveloppé d’une lumière bleutée et douce…

J’ai vu là des milliers de personnes, toutes à l’âge de trente ans à peu près, mais j’en rencontrais quelques unes que je connaissais de leur vivant… Telle était morte à 80 ans… et elle semblait en avoir 30… telle autre était morte à 2 ans… et elle avait le même âge…

J’ai quitté ce « paradis » pleins de fleurs extraordinaires et inconnues ici-bas. Et je suis monté encore plus haut… Puis je vis Marie, merveilleusement belle dans son manteau de lumière qui m’accueillait avec un sourire indicible… Derrière elle, il y avait Jésus, merveilleusement beau, et derrière, une zone de lumière dont je savais qu’elle était le Père, dans laquelle je me suis plongé…

J’ai ressenti là l’assouvissement total de tout ce que je pouvais désirer… J’ai connu le bonheur parfait… et brusquement, je me suis retrouvé sur terre, le visage dans la poussière, au milieu des corps sanglants de mes camarades.

Je me suis rendu compte que la porte devant laquelle je me trouvais, était criblée par les balles qui m’avaient traversé le corps, que mon vêtement était percé et plein de sang, que ma poitrine et mon dos étaient maculés de sang à moitié séché, un peu visqueux… mais que j’étais intact. Je suis allé voir le commandant dans cette tenue. Il vint à moi et cria au miracle. C’était le commandant CAZELLE, aujourd’hui décédé.

Cette expérience m’a beaucoup marqué, on s’en doute.

Mais lorsque, libéré de l’Armée, je me rendis auprès de Padre PIO, celui-ci m’aperçut de loin dans le salon Saint-François. Il me fit signe de m’approcher et me donna, comme d’habitude, un petit signe d’affection. Puis il me dit ces simples mots : « Oh ! Ce que tu as pu me faire courir, toi ! Mais ce que tu as vu, c’était très beau ! » Et il borna là ses explications.

On comprend maintenant pourquoi je n’ai plus peur de la mort… puisque je sais ce qu’il y a de l’autre côté.

   Père Jean DEROBERT.

Témoignage : https://www.youtube.com/watch?v=J7JnkjmKBLk



Mariam Baouardy, « la petite arabe »…

Cette histoire peut paraître ancienne, datant de 1958, mais elle n’est pas contestable de par les recoupements effectués.

Il s’agit de Mariam BAOUARDY née en 1846, de famille pauvre, très croyante (de rite grec-melkite catholique) en Palestine, en Galilée.

Entrée à l’âge de 20 ans au carmel de Pau, elle prend le nom de Soeur Marie de Jésus crucifié, mais dénommée par ses sœurs la petite Arabe, très humble (elle-même se disant le petit rien), elle reste toute sa vie « sœur converse » vu son ignorance, son incapacité à lire, à écrire, à étudier, à chanter à l’office.

Pratique, les pieds sur terre, Mariam fut robuste bâtisseuse, à l’origine du Carmel de Mangalore en Inde, puis du Carmel de Bethléem où elle mourut à l’âge de 33 ans (le 26 août 1878) des suites d’un accident.

Sa biographie réalisée par plusieurs auteurs sûrs, à commencer par le Père ESTRATE, son père spirituel qui a mis par écrit tout ce qu’il a connu d’elle sur l’ordre de l’Evêque de Bayonne de l’époque, Mgr. LACROIX. Son histoire vient du livre du Père Amédée BRUNO, Mariam, la petite arabe. Sœur Marie de Jésus crucifié. Edition Salvator, 1981.

Orpheline à l’âge de trois ans, ses parent adoptifs partent se fixer en Egypte à Alexandrie et, dès l’âge de 13 ans, suivant la coutume, sans la consulter, veulent la fiancer à un oncle. Mariam refuse absolument. L’oncle furieux, choisit de la traiter comme une esclave pendant trois mois. Personne ne cède.

Voulant rejoindre son petit frère ainé resté en Galilée, elle se sauve un soir pour rejoindre un ancien domestique de la famille, un musulman qui s’apprête partir pour Nazareth. Celui-ci cherche à la faire abandonner sa foi catholique pour devenir musulmane. C’est est trop pour ce tempérament de feu qui rejette avec véhémence cette idée. Furibond de se voir remis en place par cette petite chrétienne, l’homme ne se retient pas, dégaine son cimeterre et tranche la gorge de l’adolescente. Il l’enveloppe dans son grand voile et, aidée de sa mère et de sa femme, dépose son corps ensanglanté dans une ruelle obscure.

Ce drame se passe dans la nuit du 7 au 8 septembre 1858.

Voici le récit du Père BRUNOT : « Obligée, plus tard, par obéissance, de raconter son martyre, Mariam affirmera qu’elle était vraiment morte. A sa maîtresse des novices de Marseille, qui lui demandera si elle avait subi le jugement particulier, elle répondra :

« Oh, non, mais je me suis retrouvée au Ciel. J’ai vu la Sainte Vierge, les anges, les saints m’accueillir avec une grande bonté, et je voyais aussi mes parents en leur compagnie.

Je voyais le trône éclatant de la très sainte Trinité,  Jésus-Christ notre Seigneur en son humanité. Point de soleil point de lampe ; mais tout était brillant de clarté. Alors quelqu’un me dit : « Vous êtes vierge, c’est vrai, mais votre livre n’est pas achevé. »

 La suite mérite d’être racontée. La vision éteinte, Mariam se trouve dans une grotte. Près d’elle une religieuse aux vêtements d’azur.

Celle-ci lui dit l’avoir ramassée dans la ruelle, l’avoir portée dans cet abri et lui avoir recousu le cou tranché. Cette mystérieuse sœur de la charité aux habits bleus se montre d’une délicatesse extraordinaire. Elle parle très peu, elle humecte les lèvres de l’enfant avec du coton, elle la fait dormir, lui donne une soupe délicieuse pour la revigorer. Elle ne ressemble à aucune autre religieuse (…)

Quand la blessure est cicatrisée, la religieuse fait sortir Mariam de la grotte ; elle la conduit dans l’Eglise Sainte Catherine, desservie par des Franciscains ; elle appelle un confesseur. Quand Mariam sort du confessionnal, elle se retrouve seule. L’infirmière aux vêtements d’azur a disparu !

Qui donc était-elle ? En 1874, en la fête de la nativité de Notre Dame, anniversaire du martyre et du miracle, Mariam dira en extase : En pareil jour, j’étais avec ma Mère. En pareil jour, j’ai consacré ma vie à Marie. On m’avait coupé le cou et demain Marie m’avait prise.

Un peu plus tard, en août 1875, alors qu’elle naviguait vers la Palestine, racontant ses souvenirs au Père ESTRATE, elle précisera : Je sais à présent que la religieuse qui m’a soignée après mon martyre était la sainte Vierge.

Au cours de l’escale d’Alexandrie avec l’essaim de carmélites parties fonder le Carmel de Bethléem, Mariam conduira cette petite caravane pour visiter l’Eglise Sainte-Catherine et la petite grotte transformées en salles par les grecs catholiques.

Et le Père Brunot de poser une question essentielle :

Quelles garanties avons-nous pour admettre un tel merveilleux ?

Il est sûr que nous n’avons qu’un témoignage : celui de Mariam. Le meurtrier ne s’est évidemment jamais fait connaître. La religieuse qui s’occupa de cet enfant n’a jamais révélé son identité : on devine pourquoi ! Quant aux parents de l’orpheline, ignorant tout de la tragédie, ils pensèrent que Mariam s’était enfuie pour échapper aux mauvais traitements et, peut-être, pour se livrer au désordre dans la ville d’Alexandrie. Ils avaient tout intérêt à faire silence sur cette malheureuse ! Elle ne pouvait leur procurer que du déshonneur.

Il reste donc le témoignage de Mariam.

Celui-ci est confirmé par le sérieux, la sincérité et l’humilité de toute se vie, comme l’attestent les témoins.

Plusieurs détails seront, plus tard, confirmés par son frère Boulos : il reçut en effet la fameuse lettre de sa sœur. Il répondit à l’appel en faisant le voyage d’Alexandrie, mais, n’ayant pas retrouvé sa sœur chez l’oncle, il repartit pour la Galilée.

Un fait sera irrécusable : la cicatrice du cou.

Elle sera constaté au cours des nombreuses maladies de Mariam par des médecins et des infirmières tant à Marseille qu’à Pau, à Magalore et, enfin, à Bethléem. Cette cicatrice mesurait 10 cm de long sur 1 cm de large : elle marquait tout le devant du cou ; la peau y était plus fine et plus blanche. Il manquait plusieurs anneaux de la trachée-artère, comme le constatera le médecin de Pau, le 2 juin 1875.

La maîtresse des novices écrira : « Un célèbre docteur de Marseille, qui l’avait soignée, avait confessé, quoique ce fut un athée, qu’il devait y avoir un Dieu, car, naturellement, elle ne pouvait vivre. » A la suite de cette entaille profonde, Mariam gardera une voix brisée.

Le Père Brunot conclut : Le martyre de la petite Arabe n’avait pas été un rêve. Il restait inscrit dans sa chair.

Elle a été béatifiée par Jean-Paul II en 1983 et canonisé le 17 mai 2015 par le Pape François.




« La Prière du Cœur » (Thomas Merton)

Dans la « prière du cœur », nous cherchons d’abord le fondement le plus profond de notre identité en Dieu. Nous ne faisons pas de raisonnements sur les dogmes de la foi ni sur les « mystères ». Nous cherchons plutôt à parvenir à une saisie existentielle directe, à une expérience personnelle des vérités les plus profondes de la vie et de la foi, nous découvrant ainsi nous-mêmes dans la vérité de Dieu. La certitude intérieure dépend de la purification. La nuit obscure rectifie nos intentions les plus profondes. Dans le silence de cette « nuit de la foi » nous retournons à la simplicité et à la sincérité du cœur. Nous y apprenons le recueillement qui consiste à écouter pour connaître la volonté de Dieu dans une attention simple et directe à la réalité. Le recueillement est une prise de conscience de l’inconditionnel. Prier signifie alors désirer ardemment la présence de Dieu, une compréhension personnelle de sa Parole, la connaissance de sa volonté et la capacité de l’écouter et de lui obéir. C’est donc quelque chose de bien plus grand que de formuler des demandes pour obtenir des biens étrangers à ce qui nous touche le plus profondément.

Notre désir et notre prière devraient se résumer dans ces mots de St Augustin : « Que je te connaisse et que tu me connaisses ! » Nous voudrions parvenir à une connaissance vraie et aimante de Dieu, notre Père et notre Rédempteur. Nous voudrions nous perdre nous-mêmes dans son amour et nous reposer en Lui. Nous voudrions entendre sa Parole et y répondre de tout notre être. Nous voudrions connaître sa volonté miséricordieuse et nous soumettre à tout ce qu’elle demande…

                                                      Thomas Merton, « Les voies de la vraie prière »