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4ième Dimanche de Carême (Jn 3, 14-21) – par Francis COUSIN

« La lumière est venue dans le monde. »

 

Une des grandes questions que beaucoup de personnes se posent est : « Qui-a-il après la mort ?, le néant … ou une autre forme de vie … ? ».

Les statistiques à ce sujet ne sont pas très fiables, mais vont toutes dans le même sens : une diminution de ceux qui croient en une vie éternelle, et une augmentation nette de ceux qui croient qu’il n’y a rien ou qui croient à la réincarnation, et un tiers qui doute …

Pour nous, les chrétiens, il ne devrait pas y avoir de doute … et l’évangile de ce jour nous le dit bien : « Car Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle. Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. »

Et dans deux phrases successives, Jésus parle de la vie éternelle : « De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé, afin qu’en lui tout homme qui croit ait la vie éternelle. »

C’est le but même de l’incarnation : que tout le monde qui croit soit sauvé !

Et cela est nouveau par rapport au serpent de bronze.

« Nous avons péché, en récriminant contre le Seigneur et contre toi. Intercède auprès du Seigneur pour qu’il éloigne de nous les serpents. » Moïse intercéda pour le peuple, et le Seigneur dit à Moïse : « Fais-toi un serpent brûlant, et dresse-le au sommet d’un mât : tous ceux qui auront été mordus, qu’ils le regardent, alors ils vivront ! » (Nb 21,77-8).

Ainsi, les hébreux qui regardaient le serpent de bronze pouvaient continuer à vivre et à poursuivre leur chemin vers la Terre Promise … et c’est tout…

Cela ne leur garantissaient absolument pas une place dans le Royaume des cieux.

Il en est de même pour nous … Rien n’est acquis.

Et ce n’est pas parce que Jésus a été élevé sur la croix que nous entrerons dans le Royaume des cieux. C’est une condition nécessaire … mais non suffisante …

 C’est dit dans l’évangile : « Celui qui croit en lui échappe au Jugement … ; celui qui ne croit pas est déjà jugé, du fait qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu. »

C’est ce que Jean nous révèle de la rencontre entre Nicodème et Jésus …

Alors, une autre question se pose : quel est celui qui croit … et celui qui ne croit pas … ?

Quelle différence entre eux ? …

Jésus nous dit : « le Jugement, le voici : la lumière est venue dans le monde, et les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises. (…)  Celui qui fait le mal déteste la lumière (…): il ne vient pas à la lumière, de peur que ses œuvres ne soient dénoncées ; mais celui qui fait la vérité vient à la lumière, pour qu’il soit manifeste que ses œuvres ont été accomplies en union avec Dieu. ».

Or, Jésus est la lumière du monde (Jn 8, 12). Il faut donc croire en Jésus … mais en vérité.

« Ce n’est pas en me disant : “Seigneur, Seigneur !” qu’on entrera dans le royaume des Cieux, mais c’est en faisant la volonté de mon Père qui est aux cieux. ». (Mt 7,21).

Et la volonté de Dieu, c’est que nous fassions sont les œuvres de miséricorde, comme Dieu est miséricordieux avec nous : « Dieu est riche en miséricorde ; à cause du grand amour dont il nous a aimés …  il nous a donné la vie avec le Christ : c’est bien par grâce que vous êtes sauvés, … et par le moyen de la foi … Cela ne vient pas des actes : personne ne peut en tirer orgueil …  C’est Dieu qui nous a faits, il nous a créés dans le Christ Jésus, en vue de la réalisation d’œuvres bonnes qu’il a préparées d’avance pour que nous les pratiquions. » (deuxième lecture).

Que faire alors ?

Une seule chose : croire en Jésus ; Accepter l’amour de Jésus et de Dieu …

Et croire en Jésus crucifié, … et porter son regard vers Jésus crucifié, mort pour nos péchés… et accepter les propositions qu’il ne manquera pas de nous faire connaitre par quelque intermédiaire …

 

Seigneur Jésus,

ce qu’il y a après la mort  

est une question importante pour beaucoup,

et parfois lancinante pour certains,

qu’ils croient en toi ou non.

Permet que nous répondions à tes appels,

même si nous n’en voyons

pas toujours l’utilité,

mais pour que ta volonté soit faite.

                                                                        

 Francis Cousin

  

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4ième Dimanche de Carême (Jn 3, 14-21) – Homélie du Père Louis DATTIN

Le salut par la Croix

Jn 3, 14-21

 

Promenez-vous, un peu partout, que ce soit dans l’île ou même dans le quartier, partout vous rencontrerez des calvaires à la sortie des églises, croix du jubilé à la croisée des chemins, à la sortie d’un champ. Elles nous sont tellement familières, ces croix, que nous en avons oublié leur signification : c’est pourtant l’insigne du chrétien !

Le 1er geste du Baptême est de tracer une croix sur le front de l’enfant, et le jeune chrétien, aussi bien que l’adulte, portera autour de son cou, une chaine dans laquelle est glissée une croix. Pour beaucoup, cela fait joli. C’est un ornement, un bijou, une décoration.

On la voit aussi, cette croix, dressée sur les tombes de nos défunts au cimetière et même là, nous ne faisons pas toujours la liaison entre notre vie, notre mort et ce que cette croix signifie : la croix au-dessus du lit dans la chambre, la croix dans la salle de séjour.

Ce crucifix que l’on offre à la première communion ou à la profession de foi, que nous dit-il, à nous, chrétiens ? N’oublions pas qu’au début, pour les premiers chrétiens, c’était une image terrible, une image scandaleuse : celle d’un pendu, un cadavre cloué à 2 morceaux de bois. C’était une image tellement repoussante, que ce n’est pas tout de suite (même dans l’histoire des chrétiens), que la croix a été reproduite.

On a d’abord dessiné, comme symbole du Christ, un jeune homme ramenant sur ses épaules une brebis (le bon pasteur), puis le poisson qui, en grec, s’appelait ICTUS : premières lettres de la formule « Jésus-Christ Fils de Dieu Sauveur ».

Mais il fallait se rendre à l’évidence, le signe le plus parlant, le plus évocateur pour nous faire voir jusqu’où l’amour de Dieu pouvait aller, c’était encore l’objet de son supplice : cette croix par laquelle Jésus nous avait sauvés.

Lorsqu’à notre tour nous faisons le signe de la croix sur nous-mêmes, c’est avec bien de légèreté que nous faisons ce geste routinier qui trace sur nous le signe de notre salut.  Et pourtant, la Croix, c’est à elle que nous devons tout. C’est grâce à elle que nous pouvons encore espérer. Elle n’est pas simplement un insigne, mais le signe de notre sauvetage. Dans la Croix est contenu tout le secret de Dieu, tout son amour, toute sa volonté d’arracher l’homme au péché, fut-ce au prix de son sang, au prix de sa vie. Beaucoup, parmi les Juifs ne pouvaient s’empêcher de rapprocher l’image de Jésus, « élevé » en Croix, à une autre image : celle du serpent de bronze, élevé lui aussi sur un bout de bois.

Vous vous rappelez l’histoire : pendant la traversée du désert, le peuple hébreu, à cause de ses fautes, fut attaqué par des serpents venimeux, des serpents à la morsure brûlante et il en mourut un grand nombre. Alors, sur l’ordre du Seigneur, Moïse fit un « caducée » (ce signe que les médecins affichent encore sur le pare-brise de leur voiture : un serpent de bronze élevé autour d’un bâton), « celui qui était mordu et qui tournait les yeux vers « le signe élevé« , était sauvé, non pas à cause de l’objet regardé, mais par toi, Seigneur ».

Jésus, lui aussi, sera élevé de terre, cloué sur le bois, cloué à la Croix : quelqu’un qui le regardera, en vrai croyant, qui jettera son regard vers lui avec foi, celui-là, aussi, sera sauvé, sauvé de son péché : morsure mortelle que Dieu seul a pouvoir de guérir ; encore faut-il regarder vers lui.

« Dieu, nous dit St-Jean, a tant aimé le monde, qu’il a donné son Fils unique, non pas pour « juger » le monde, mais pour que, par lui, le monde, le monde entier, soit sauvé ». « Dieu nous a tant aimé » qu’il a donné le plus cher de lui-même, ce qu’il avait de plus unique, donner Jésus jusqu’à le laisser détruire, jusqu’à la mort ! Mieux qu’Abraham !

N’oublions pas que St-Jean, était le seul apôtre à être au pied de la croix et que cette scène-là, ce soir-là, Jean n’a jamais pu l’oublier.

Nous sommes, nous, trop habitués à la Croix, à ce signe, et nous oublions, à la fois, sa cruauté et toute la portée d’amour qu’il signifie : « Pour moi, dit Jésus, quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes ».

Il nous faut donc, à notre tour, lever les yeux vers celui qui est élevé entre ciel et terre et prier… cette grande Croix de bois sur laquelle saigne un corps d’homme torturé, c’est un sommet de douleur et de mort, mais c’est aussi le sommet de l’amour du Fils pour son Père, sommet de l’amour du grand frère universel qui veut sauver tous ses frères pécheurs.

Il faut, physiquement, regarder cette image de tous nos yeux grands ouverts mais il faut aussi fermer les yeux pour « voir » ce qui n’est pas visible et dont la Croix est le signe : l’amour extrême qui brûle au cœur du Christ. « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime ». Mais cet amour du Christ, qui le dévore est le signe d’un autre amour extrême : celui du Père. « Dieu a tant aimé le monde, qu’il a donné son Fils unique ».

On raconte qu’un jour, en Espagne, un grand pécheur était allé se mettre à genoux devant un prêtre pour le pardon de ses fautes. Effaré par l’énormité de ses péchés, le prêtre ne voulut pas lui donner l’absolution. Une deuxième fois, le pénitent revient : même refus. Une troisième fois, le pécheur se met à genoux ; le prêtre, indécis, regarde vers le crucifix et voilà que le Christ se met à lui dire : « On voit bien que ce n’est pas toi qui as souffert sur la Croix et avec quel amour j’ai donné ma vie pour cet homme. Immédiatement, sauve-le, pardonne-lui en mon nom ! »

Frères, ne nous habituons pas au péché, mais aussi ne nous habituons pas à la Croix. S’habituer au péché, c’est prendre parti de sa maladie et l’accepter jusqu’à la mort : c’est grave, mais s’habituer à la Croix, c’est ne plus voir, ne plus comprendre que, quel que soit notre état, Jésus mort sur la Croix et ressuscité, est capable de nous sortir de n’importe quelle situation périlleuse, de toute maladie mortelle. De nos jours, beaucoup sont tentés par une sorte de pessimisme : « Le monde est pourri, il n’y a rien à faire : violences, terrorisme, prises d’otages, bassesses de toutes sortes, exploitation de l’homme par l’homme, intoxication de l’opinion publique, mensonges publicitaires ou idéologiques ».

Dieu aussi voit tout cela ! Mais lui, il aime ce monde, quand même, il ne se résigne pas ! Il veut le sauver, ce monde parfois si moche, parfois si pourri, Dieu l’aime ! Pour lui, il n’est pas absurde parce qu’il y a la Croix qui le sauve, parce qu’il y a Jésus-Christ dessus qui donne sa vie pour lui, au lieu de continuer à gémir.

Tournons notre regard vers celui qui a été « élevé » de terre.

Regardons la croix. Ayons le même regard d’amour que Dieu lui-même. Avec lui, donnons notre vie, à notre tour, pour nos frères.  AMEN




4ième dimanche de Carême (Jn 3, 14-21) par le Diacre Jacques FOURNIER

Une Miséricorde infinie (Jn 3,14-21) !

En ce temps-là, Jésus disait à Nicodème : « De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé, afin qu’en lui tout homme qui croit ait la vie éternelle.
Car Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle.
Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé.
Celui qui croit en lui échappe au Jugement ; celui qui ne croit pas est déjà jugé, du fait qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu.
Et le Jugement, le voici : la lumière est venue dans le monde, et les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises.
Celui qui fait le mal déteste la lumière : il ne vient pas à la lumière, de peur que ses œuvres ne soient dénoncées ; mais celui qui fait la vérité vient à la lumière, pour qu’il soit manifeste que ses œuvres ont été accomplies en union avec Dieu. »

           Au désert, le Peuple d’Israël avait murmuré contre Moïse et donc contre Dieu. Les conséquences de leur désobéissance avaient été évoquées avec l’image de la brûlure occasionnée par la morsure d’un serpent venimeux, une morsure qui, en l’absence de remède, conduit à la mort. Mais Dieu avait dit à Moïse : « Façonne-toi un Brûlant, et fixe-le sur une perche. Quiconque aura été mordu et le regardera restera en vie. Moïse façonna donc un serpent de bronze », un alliage de cuivre et d’étain qui, par son éclat et sa couleur dorée, évoque le feu de la brûlure occasionnée par la morsure (Nb 21,4-9)… Comme Adam et Eve autrefois, trompés par le serpent (Gn 3), les Israélites ont donc désobéi à Dieu et expérimenté en eux-mêmes cette « brûlure » du mal qui conduit à la mort… S’ils obéissent maintenant à l’invitation que Dieu leur lance, s’ils regardent ce Brûlant fixé sur le bois, ils seront guéris, ils vivront… Ce petit geste manifestera leur obéissance de cœur à Dieu, une obéissance qui leur permettra de triompher, grâce à Dieu, de toutes les conséquences mortelles de leurs désobéissances passées…

            Et Jésus se compare ici à ce Brûlant ! De fait, il sera fixé sur la Croix, et il prendra sur Lui toutes « nos souffrances et nos douleurs », « il s’accablera lui-même de nos fautes » (Is 52,13-53,12), il brûlera de nos brûlures et mourra de notre mort pour nous sauver et nous donner gratuitement, à nous, pécheurs, de pouvoir vivre de sa Vie ! En agissant ainsi, il manifestera à quel point Dieu est « Feu » lui aussi (cf. Gn 15 ; Ex 3 ; Dt 4,24), non pas un feu de brûlure qui conduit à la mort, mais un Feu d’Amour, de Douceur et de Force qui conduit à la Vie. « O Jésus ! Laisse-moi dans l’excès de ma reconnaissance, laisse-moi te dire que ton amour va jusqu’à la folie… Comment veux-tu devant cette Folie, que mon cœur ne s’élance pas vers toi ? Comment ma confiance aurait-elle des bornes ? » (Ste Thérèse de Lisieux).

            Ainsi, avec le Fils et par le Fils, Dieu tout entier s’est donné Lui-même pour notre salut… L’infini de sa Miséricorde se propose à notre misère, à nos péchés, qui, aussi grands puissent-ils être, ne surpasseront jamais cet infini de Pur Amour… Désormais la seule attitude qu’il désire de nous est ce « Oui ! » de confiance et d’abandon… Car « là où le péché a abondé », humainement, « la grâce a surabondé », divinement, infiniment (Rm 5,20)… Oserons-nous croire à l’infinie de cette Miséricorde, tout entière offerte pour que nous trouvions avec elle la Plénitude de la Vie, de la Paix et de la Joie ?          DJF




Audience Générale du Mercredi 28 Février 2024

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 28 février 2024


Catéchèse – Les vices et les vertus – 9. L’envie et la vaine gloire

Chers frères et sœurs, bonjour !

Aujourd’hui nous examinons deux vices capitaux que nous trouvons dans les grands inventaires que la tradition spirituelle nous a laissés : l’envie et la vaine gloire.

Commençons par l’envie. Si nous lisons les Saintes Écritures (cf. Gn 4), elle nous apparaît comme l’un des vices les plus anciens : la haine de Caïn envers Abel se déchaîne lorsqu’il se rend compte que les sacrifices de son frère plaisent à Dieu. Caïn était le fils aîné d’Adam et Eve, il avait pris la plus grande part de l’héritage de son père ; pourtant, il suffit qu’Abel, son jeune frère, réussisse un petit exploit pour que Caïn se mette en colère. La tête de l’envieux est toujours triste : son regard est baissé, il semble continuellement sonder le sol, mais en réalité il ne voit rien, car son esprit est enveloppé de pensées pleines de méchanceté. L’envie, si elle n’est pas maîtrisée, conduit à la haine de l’autre. Abel sera tué par Caïn, qui n’a pas supporté le bonheur de son frère.

L’envie est un mal qui n’a pas seulement été étudié en contexte chrétien : elle a attiré l’attention de philosophes et d’érudits de toutes cultures. À la base, il y a une relation de haine et d’amour : l’un veut le mal de l’autre, mais secrètement, il souhaite lui ressembler. L’autre est l’épiphanie de ce que nous voudrions être, et qu’en réalité nous ne sommes pas. Sa bonne fortune nous semble une injustice : nous aurions sûrement – pensons-nous – mérité bien davantage ses succès ou sa bonne fortune !

À la base de ce vice, il y a une fausse idée de Dieu : on n’accepte pas que Dieu ait ses propres « mathématiques », différentes des nôtres. Par exemple, dans la parabole de Jésus sur les ouvriers appelés par le maître à aller à la vigne à différents moments de la journée, ceux de la première heure croient avoir droit à un salaire plus élevé que ceux qui sont arrivés en dernier ; mais le maître leur donne à tous le même salaire, et dit : « N’ai-je pas le droit de faire ce que je veux de mes biens ? Ou alors es-tu envieux parce que moi je suis bon ? » (Mt 20,15). Nous voudrions imposer à Dieu notre logique égoïste, mais la logique de Dieu est l’amour. Les biens qu’il nous donne sont faits pour être partagés. C’est pourquoi saint Paul exhorte les chrétiens : « Soyez unis les uns aux autres par l’affection fraternelle, rivalisez de respect les uns pour les autres » (Rm 12,10). Voilà le remède à l’envie !

Et nous arrivons au deuxième vice que nous examinons aujourd’hui : la vaine gloire. Elle va de pair avec le démon de l’envie et, ensemble, ces deux vices sont caractéristiques d’une personne qui aspire à être le centre du monde, libre d’exploiter tout et tout le monde, objet de toutes les louanges et de tous les amours. La vaine gloire est une estime de soi exagérée et sans fondement. Le vantard possède un « moi » encombrant : il n’a aucune empathie et ne se rend pas compte qu’il existe d’autres personnes que lui dans le monde. Ses relations sont toujours instrumentales, marquées par la prévarication de l’autre. Sa personne, ses réalisations, ses succès doivent être montrés à tous : c’est un perpétuel mendiant d’attention. Et si des fois ses qualités ne sont pas reconnues, il se met dans une colère féroce. Les autres sont injustes, ils ne comprennent pas, ils ne sont pas à la hauteur. Dans ses écrits, Évagre le Pontique décrit l’amère histoire de certains moines frappés par la vanité. Il arrive qu’après ses premiers succès dans la vie spirituelle, il se sente déjà arrivé et se précipite dans le monde pour en recevoir les louanges. Mais il ne réalise pas qu’il n’est qu’au début du voyage spirituel et qu’une tentation le guette, qui le fera bientôt tomber.

Pour guérir le vantard, les maîtres spirituels ne proposent pas beaucoup de remèdes. Car au fond, le mal de la vanité a son remède en lui-même : les louanges que l’orgueilleux espérait récolter du monde se retourneront bientôt contre lui. Et combien de personnes, trompées par une fausse image d’elles-mêmes, sont ensuite tombées dans des péchés dont elles auraient bientôt eu honte !

Le meilleur enseignement pour vaincre la vanité se trouve dans le témoignage de Saint Paul. L’apôtre s’est toujours heurté à un défaut qu’il n’a jamais pu surmonter. À trois reprises, il demanda au Seigneur de le délivrer de ce tourment, mais finalement Jésus lui répondit : « Ma grâce te suffit, car ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse ». Depuis ce jour, Paul a été libéré. Et sa conclusion devrait aussi devenir la nôtre : « C’est donc très volontiers que je mettrai plutôt ma fierté dans mes faiblesses, afin que la puissance du Christ fasse en moi sa demeure » (2 Co 12,9).

* * *

Je salue cordialement les pèlerins de langue française, en particulier une délégation du Conseil National de Monaco, ainsi que les paroisses et les jeunes venus de France.

En ce temps de Carême efforçons nous de ne pas nous mettre toujours au centre, mais cherchons plutôt à nous effacer pour laisser la place aux autres, les promouvoir et nous réjouir de leurs qualités et de leurs succès.

Que Dieu vous bénisse.





3ième Dimanche de Carême (Jn 2, 23-24) par D. Alexandre ROGALA (M.E.P.)

« Pendant qu’il était à Jérusalem pour la fête de la Pâque, beaucoup crurent en son nom, à la vue des signes qu’il accomplissait. Jésus, lui, ne se fiait pas à eux parce qu’il les connaissait tous » (Jn 2, 23-24)

Les lectures de ce dimanche nous interrogent sur notre rapport aux signes venant de Dieu. Même s’ils ont leur place dans la foi, nous devons reconnaitre que notre attachement aux signes est parfois désordonné.

Quand j’habitais à Lyon, j’avais une amie qui, à un moment de sa vie, s’était intéressé à la foi chrétienne. Elle est allée dans une Église, s’est assise sur un banc pendant un certain temps, et a demandé à Dieu un signe. Comme elle n’en a pas reçu, elle en a déduit que le Dieu des chrétiens n’existait pas.

Il m’est arrivé aussi de rencontrer des personnes qui, elles, avaient reçu un signe. Elles avaient fait une expérience spirituelle intense, et s’étaient mise en route à la suite du Christ en commençant un parcours de catéchuménat. Mais après leur baptême, au bout d’un certain temps, ces personnes aussi se sont éloignées de l’Église.

La foi qui ne repose que sur l’expérience du miraculeux est fragile, et les textes d’aujourd’hui nous le rappellent.

Le texte d’évangile de ce dimanche (Jn 2, 13-25) se passe dans le contexte de la fête de la Pâque qui, est une fête dans laquelle le peuple juif fait mémoire de la sortie d’Égypte. Ce n’est donc pas par hasard que la liturgie nous ait fait entendre le code de l’alliance du Livre de l’Exode, plus connu sous l’appellation « les dix commandements ».

La toute première Parole que Dieu donne au Peuple est un rappel que c’est Lui qui l’a fait sortir d’Égypte : « Je suis le Seigneur ton Dieu, qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte, de la maison d’esclavage » (Ex 2, 20).

Le premier commandement, celui qui est le plus important vise le péché d’idolâtrie, qui consiste à prendre ce qui n’est pas Dieu pour Dieu : « Tu n’auras pas d’autres dieux en face de moi. Tu ne feras aucune idole, aucune image de ce qui est là-haut dans les cieux, ou en bas sur la terre, ou dans les eaux par-dessous la terre. Tu ne te prosterneras pas devant ces dieux, pour leur rendre un culte. Car moi, le Seigneur ton Dieu, je suis un Dieu jaloux » (Ex 20, 3-5)

Dans l’évangile, Jésus agit à la manière des prophètes qui posaient parfois des signes pour parler. Parmi les signes les plus célèbres, il y a ceux du prophète Jérémie : quand il a brisé une cruche pour signifier le jugement de Dieu sur le peuple (Jr 19), ou quand il s’est baladé dans Jérusalem en portant des liens et des jougs pour avertir le Peuple de l’Exil à Babylone (Jr 27).

En voyant Jésus chasser les marchands, les juifs qui assistent à la scène ne se trompent pas. Ils comprennent que Jésus accomplit un « signe prophétique », donc au lieu de l’arrêter, ils l’interrogent : « Quel signe peux-tu nous donner pour agir ainsi ? » (2, 18).

Mais dans un premier temps, Jésus ne répond pas à la demande de signe, et il répond par une énigme, qui en réalité, annonce le signe par excellence, c’est à dire la Résurrection. « Détruisez ce sanctuaire, et en trois jours je le relèverai. ». Les interlocuteurs de Jésus ne comprennent pas et pensent qu’il parle du Temple.

Peut-être que nous n’aurions pas compris non plus si l’évangéliste Jean qui écrit après la mort et la résurrection de Jésus, ne nous avait pas donné la solution, à savoir que Jésus parlait du sanctuaire de son corps. En fait, le « sanctuaire » n’est pas le « Temple ». Dans l’Ancien Testament grec, le mot « ναός » que nous traduisons par « sanctuaire » ,ne désigne que la partie dans laquelle se trouve le Saint et le Saint des Saints. Le  sanctuaire est donc le « lieu précis » du  Temple où Dieu est présent. Nous comprenons que Jésus se présente comme la véritable demeure de Dieu rendant le Temple et son sanctuaire caduc.

Revenons aux signes. Et si à la demande des juifs, Jésus avait réalisé un signe spectaculaire pour justifier l’expulsion des marchands, que ce serait-il passé ?

En fait, cela aurait tout au plus entrainé un engouement temporaire sur le moment comme nous le montre la fin du texte : « beaucoup crurent en son nom, à la vue des signes qu’il accomplissait. Jésus, lui, ne se fiait pas à eux parce qu’il les connaissait tous » (Jn 2, 23-24). De fait, à la fin de l’évangile, ce sont ces mêmes autorités religieuses qui feront mettre Jésus à mort.

Les miracles ne peuvent pas transformer la nature humaine, c’est la raison pour laquelle Jésus ne se fie pas à l’engouement d’un instant. Jésus ne cherche jamais le merveilleux et le spectaculaire parce qu’une « foi » qui repose sur les miracles expose à l’idolâtrie ; celui-là même qui est visé en premier par le Code de l’alliance. Les disciples que recherche Jésus sont ceux dont la foi repose, non pas sur des miracles, mais sur un véritable engagement à sa suite, ce qui implique la fidélité à sa Parole et une véritable vie de disciple.

Cette quête de signes est aussi dénoncée par saint Paul dans le Deuxième Lecture quand il parle des juifs : « Alors que les Juifs réclament des signes miraculeux, et que les Grecs recherchent une sagesse, nous, nous proclamons un Messie crucifié, scandale pour les Juifs, folie pour les nations païennes. Mais pour ceux que Dieu appelle, qu’ils soient juifs ou grecs, ce Messie, ce Christ, est puissance de Dieu et sagesse de Dieu » (1 Co 1, 22-24).

En essayant de comprendre le monde « par le moyen de la sagesse », les grecs ont réduit Dieu à un « être » prenant place dans un système philosophique. Les Juifs quant à eux, au cours de leur histoire religieuse, ont pris l’habitude de demander des signes avant de faire confiance à Dieu. Le tort des Juifs comme des Grecs est d’avoir cru identifier Dieu et mettre la main sur Lui.

La solution que nous donne saint Paul pour que nous ne tombions pas dans le piège de la quête de signes venant du Ciel, est tout simplement de se souvenir de la Croix du Christ. Dieu s’est révélé de manière définitive là où personne ne l’attendait : sur une Croix.

Et si par hasard, nous ne sommes pas encore convaincus que la quête de signes miraculeux est un danger, souvenons-nous de l’épisode des « tentations de Jésus » au désert. Le premier personnage à demander à Jésus de réaliser des miracles, n’est autre que le Diable. Ne faisons pas comme lui, mais gardons les yeux fixés sur le Crucifié.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 




3ième Dimanche de Carême (Jn 2, 13-25) – par Francis COUSIN

  « Détruisez ce sanctuaire,

et en trois jours je le relèverai. »

 

Contrairement aux autres évangélistes qui montrent Jésus chassant les ’’marchands’’ du Temple au cours de la dernière semaine de sa vie terrestre, Jean, lui, la situe tout au début de son évangile, juste après son baptême par Jean-Baptiste et le miracle de Cana où Jésus changea de l’eau en vin, son premier miracle … et bien avant son dernier ’’miracle’’, si on peut le dire ainsi, quand il institua l’Eucharistie où le pain et le vin sont devenus son corps et son sang, et en disant « Faites ceci en mémoire de moi ! ».

Une manière pour nous faire comprendre que tout son évangile doit être vu à la lumière de la dernière cène et de la résurrection.

Quand Jésus arrive à Jérusalem, il voit tous ces animaux à l’intérieur du temple, promis à la vente en vue d’être offert en sacrifice à Dieu, … et pour la pâque juive, il y en avait à profusion, par dizaines ou centaines, selon la taille, avec le personnel qui va avec … Et puis aussi des changeurs, car il n’était pas possible de mettre dans le trésor du Temple des pièces de monnaie avec des effigies d’empereur ou autre personne …

Jésus est choqué !

Sans doute se rappelle-t-il cette parole de Jérémie : « Est-elle à vos yeux une caverne de bandits, cette Maison sur laquelle mon nom est invoqué ? Pour moi, c’est ainsi que je la vois – oracle du Seigneur. » (Jr 7,11).

Alors, Jésus fait le ménage … par le vide … « Enlevez cela d’ici. Cessez de faire de la maison de mon Père une maison de commerce. »

Bien sûr, ces personnes étaient utiles … On voit mal un juif venant d’Égypte ou d’Asie Mineure arriver à Jérusalem avec son bœuf ou son mouton …

Il est sûr que l’action de Jésus n’est pas passée inaperçue… et les réactions ont été vives : « Quel signe peux-tu nous donner pour agir ainsi ? » …

Parce que dire que le temple de Jérusalem est la maison de son Père, donc aussi la sienne … c’était osé !

Ce à quoi Jésus répondit : « Détruisez ce sanctuaire, et en trois jours je le relèverai. ».

Phrase incompréhensible pour tous à ce moment-là. Jean ajoute donc pour ses lecteurs : « Mais lui parlait du sanctuaire de son corps. » … et après sa résurrection, « ses disciples se rappelèrent qu’il avait dit cela. ».

On est parfois surpris par la réaction de Jésus qui s’arme d’un fouet pour chasser les animaux hors du temple, et qui renverse les tables des changeurs …

Ce n’est pas dans son habitude … car il est comme son Père, « doux et humble de cœur ». (Mt,11,28).

Mais il ne pouvait supporter ce brouhaha qui ne permettait pas la prière …

Au-delà du texte de l’évangile lui-même, en quoi cela nous concerne-t-il actuellement ?

Bien sûr, le temple de Jérusalem n’existe plus ! …mais nous avons toujours des églises, maisons de Dieu, et dans chacune d’elles, il y a un tabernacle dans lequel se trouve la présence réelle de Jésus sous la forme d’hosties consacrées, qui, même si on ne les voit pas, sont bien là ! Et donc Dieu est là en la présence de Jésus dans le Tabernacle …

À chaque fois que nous allons à la messe, et que nous communions, Dieu deviens présent en nous, et nous devenons tabernacle de Dieu …

Pour combien de temps ? Sans doute peu de temps … le temps que nous fassions un péché sans doute …

 

Seigneur Jésus, tu nous aimes tous,

quel que soit notre attitude à ton égard !

Et tu viens en nous à chaque communion. 

Mais nous n’avons pas toujours

conscience de ta présence.

Ouvre nos cœurs à ta présence,

en nous … et dans les autres.

                                                                               

Francis Cousin

 

  

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Rencontre autour de l’Évangile – 3ième Dimanche de Carême (Jn 2, 13-25)

« Détruisez ce Temple, et en trois jours

 je le relèverai »

  

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons (Jn 2, 13-25)

Nous sommes au début de l’évangile selon saint Jean. C’est la première montée de Jésus à Jérusalem ; et la Pâque des juifs est proche.

Le sens des mots

Les marchands et changeurs installés dans le Temple : Pourquoi sont-ils là avec leurs bêtes et bureaux de change ?

Jésus fit un fouet avec  des cordes et les chassa…  : Comment réagissons-nous devant la réaction de Jésus ? Est-ce que ce geste de Jésus nous rappelle certaines manières de faire des prophètes de l’Ancien Testament ?

La maison de mon Père : Dans cette parole qu’est-ce que Jésus nous révèle de sa relation à Dieu.

Détruisez ce Temple : Quel était le rôle du Temple pour le peuple d’Israël ?

En trois jours je le relèverai : Qu’est-ce que Jésus annonce de manière voilée par ces paroles ?

Le Temple dont il parlait, c’était son corps : Quel sera le rôle du « corps » de Jésus pour le Peuple des chrétiens ?

Quand il ressuscita d’entre les morts… : Pourquoi est-ce à ce moment-là seulement que les disciples de Jésus crurent à a parole de Jésus ?

 

 

TA PAROLE DANS NOS CŒURS

Seigneur Jésus ressuscité, en toi nous rencontrons le vrai Dieu, ton Père et notre Père. En toi nous formons un seul Corps, ton Corps, l’Église. Fais grandir en nous l’amour de ton Église. Elle est la demeure de Dieu parmi les hommes. Donne-nous la grâce de l’embellir par la sainteté de notre vie ; Donne-nous de savoir la purifier de tout ce qui peut la souiller.

  

Pour l’animateur  

Les marchands étaient installés, directement à l’intérieur du Temple, sur le parvis où se tenaient habituellement les étrangers qui venaient en pèlerinage. C’est là, qu’ils pouvaient acheter un animal pour l’offrir en sacrifice. Mais pour l’acheter, il fallait qu’ils changent leur monnaie romaine considérée comme impure pour faire leurs achats avec la monnaie du Temple. La présence des changeurs était donc indispensable.

Jésus considère que tout ce trafic souille le Temple lui-même, qu’il appelle la « maison de son Père ».

Jésus fait un geste prophétique, comme les prophètes de l’Ancien Testament : pour mieux communiquer leur message, il y a un geste et des paroles pour interpréter. Devant la profanation du Temple, Jésus proteste comme Jérémie (7, 13-14) ou comme Isaïe (56,7).

La parole de Jésus est double : d’abord il demande de mettre fin à une pratique indigne de Dieu. Jésus se comporte en défenseur des droits de Dieu son Père. Il révèle en même temps sa relation filiale avec son Père. Il est chez lui dans le Temple. Ensuite il répond à la demande de signe, en parlant du Temple de son corps. Exactement Jésus pense au sanctuaire, c’est-à-dire le Saint des Saints, le lieu le plus sacré du Temple, qui était le lieu de la rencontre entre le Peuple d’Israël et son Dieu. Désormais, c’est le Christ ressuscité qui est le seul chemin vers Dieu,  le seul Temple véritable où les hommes peuvent rencontrer Dieu. Et ce nouveau Temple est universel, il n’est la propriété d’aucun peuple, d’aucune civilisation.

Quand Jésus dit « en trois jours je le relèverai », il parle de sa résurrection.

L’évangéliste saint Jean fait lui-même le commentaire du geste de Jésus en le rapprochant du psaume 69, 9-10 : « l’amour de ta maison fera mon tourment » et ce zèle de Jésus pour la maison de Dieu le conduira à la mort, et Jean explique que c’est à la lumière de la résurrection de Jésus qu’on peut bien comprendre Jésus quand il parle du temple de son corps.

Jean écrit son évangile après la destruction du Temple de Jérusalem par les armées romaines de Titus en l’an 70. Sans doute, il s’agit dans cet évangile de souligner le caractère caduc des sacrifices du Temple. Désormais, seul reste valable pour réconcilier l’homme avec Dieu le sacrifice de l’unique Sauveur, l’homme-Dieu Jésus. En son Corps ressuscité, tous les hommes sont appelés à se rassembler comme dans l’unique Temple nouveau.

 

TA PAROLE DANS NOS MAINS :

La Parole aujourd’hui dans notre vie  

Est-ce que le Christ ressuscité est bien au cœur de notre relation avec Dieu, de notre prière. (Attention aux chaînes de prière qui nous tombent entre les mains avec des consignes pour les reproduire et les diffuser. Les arrêter sans hésiter.)

Jésus ressuscité, le nouveau Temple, est pour tous. Est-ce que notre communauté chrétienne, nos groupes, sont ouverts, accueillants à tous ? (Parfois nous sommes satisfaits de nous retrouver entre nous, avec les mêmes idées, les mêmes pensées…et nous risquons de n’être plus, dans le Christ, un chemin vers Dieu pour d’autres, surtout s’ils ne pensent pas tout à fait comme nous…).

Ensemble prions  

Chant : Peuple choisi  (Carnet paroissial p.239  c.1,2,3)

Confions-nous aux promesses du Christ et prions pour l’Église :

Temple fondé sur le Christ, la pierre angulaire, Peuple qui met en lui sa foi.

Voici  la demeure de Dieu  chez  les hommes !

Voici la maison de paix où l’homme reçoit le don de Dieu

Voici le temple ouvert où l’homme qui adore devient témoin de Dieu.

 

 

Pour lire ou imprimer le document en PDF cliquer ici : 3ième Dimanche de Carême

 

 

 

 




3ième Dimanche de Carême (Jn 2, 13-25) – par le Diacre Jacques FOURNIER

 » Jésus, au coeur de l’Alliance Nouvelle « 

(Jean 2, 13-25)…

Comme la Pâque juive était proche, Jésus monta à Jérusalem.
Dans le Temple, il trouva installés les marchands de bœufs, de brebis et de colombes, et les changeurs.
Il fit un fouet avec des cordes, et les chassa tous du Temple, ainsi que les brebis et les bœufs ; il jeta par terre la monnaie des changeurs, renversa leurs comptoirs,
et dit aux marchands de colombes : « Enlevez cela d’ici. Cessez de faire de la maison de mon Père une maison de commerce. »
Ses disciples se rappelèrent qu’il est écrit : ‘L’amour de ta maison fera mon tourment.’
Des Juifs l’interpellèrent : « Quel signe peux-tu nous donner pour agir ainsi ? »
Jésus leur répondit : « Détruisez ce sanctuaire, et en trois jours je le relèverai. »
Les Juifs lui répliquèrent : « Il a fallu quarante-six ans pour bâtir ce sanctuaire, et toi, en trois jours tu le relèverais ! »
Mais lui parlait du sanctuaire de son corps.
Aussi, quand il se réveilla d’entre les morts, ses disciples se rappelèrent qu’il avait dit cela ; ils crurent à l’Écriture et à la parole que Jésus avait dite.
Pendant qu’il était à Jérusalem pour la fête de la Pâque, beaucoup crurent en son nom, à la vue des signes qu’il accomplissait.
Jésus, lui, ne se fiait pas à eux, parce qu’il les connaissait tous
et n’avait besoin d’aucun témoignage sur l’homme ; lui-même, en effet, connaissait ce qu’il y a dans l’homme.

 

         

               Dans le cadre de l’ancienne Alliance, la Loi de Moïse exigeait de tout pécheur qu’il « amène au Seigneur à titre de sacrifice de réparation pour le péché commis » un bœuf, une tête de petit bétail ou deux colombes. Tout dépendait de la gravité de sa faute et de ses moyens financiers (Lv 5). Et à l’époque de Jésus, les Grands Prêtres avaient décidé de n’utiliser dans le Temple que la monnaie de la ville de Tyr, en signe de résistance à l’envahisseur romain. Avant d’acheter un animal pour l’offrir en sacrifice, il fallait donc commencer par changer sa monnaie romaine. Et toutes ces transactions étaient autant d’occasions pour s’enrichir ; les Grands Prêtres eux-mêmes percevaient un pourcentage auprès des changeurs et des vendeurs d’animaux…

            Or, « vous ne pouvez servir Dieu et l’argent » (Lc 16,13), car « là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur » (Mt 6,21). Pour que la maison de Dieu soit réellement une « maison de prière pour tous les peuples » (Is 56,7), Jésus, sans violence pour les hommes, chasse tous les animaux du Temple et renverse les tables des changeurs… « Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de commerce »…

            Il accomplit ici un acte prophétique fort et ses interlocuteurs le comprennent bien ainsi : « Quel signe peux-tu nous donner pour justifier ce que tu fais là », si tu es vraiment un envoyé de Dieu ? Mais cette question trahit leur aveuglement. Jésus est, en effet, est le plus beau signe que Dieu peut nous offrir, car avec le Fils « fait chair » (Jn 1,14), Dieu lui-même, en Personne, s’offre dans la chair au regard des hommes. Mais seul un cœur ouvert, vrai, sincère, renonçant à mettre l’idole de l’argent à la première place, saura le reconnaître…

            Et son geste va plus loin encore… « La Pâque des Juifs approchait » ? Bientôt, lors d’une fête de Pâque, il mourra sur une Croix au moment où des milliers d’agneaux étaient égorgés au Temple en vue du repas pascal. « Il est l’Agneau de Dieu » offert une fois pour toutes pour les péchés de tous les hommes, de tous les temps… Désormais, les sacrifices d’animaux sont inutiles… De plus « le Père est en Lui » (Jn 14,10-11), et il est « l’unique médiateur entre Dieu et les hommes » (1Tm 2,5), le « Chemin » vers la Maison du Père et « la Porte » qui en ouvre l’accès (Jn 14,6 ; 10,9). Le Temple n’est donc plus le seul lieu de la rencontre avec Dieu. Avec le Fils et par le Fils, c’est en tout lieu que Dieu s’offre désormais à notre foi, « en Esprit et en Vérité » (Jn 4,19-24)…

                                                                                                                                  DJF

 




3ième Dimanche de Carême (Jn 2, 13-25)- Homélie du Père Louis DATTIN

Vendeurs du temple

Jn 2, 13-25

L’affaire des « marchands du temple » est un des épisodes les plus connus de la vie de Jésus. Il a été raconté par les quatre évangélistes. Il a été illustré par de nombreux peintres et graveurs. Quelle scène extraordinaire ! Quelle belle colère ! Il n’est pas étonnant que Jésus soit arrêté et condamné, après une telle performance !

Si quelqu’un s’avisait d’en faire autant à St-Pierre de Rome, à Lourdes ou à Lisieux : on ne donnerait pas cher de sa peau ! Puisse-t-il ne pas avoir trop d’imitateurs car nous aurions de jolies pagailles. Jésus, lui, le prédicateur de l’amour, voici qu’il prend un fouet, pénètre dans le parvis du temple, chasse les marchands de colombes, de bœufs et de brebis, jette à terre les tables des changeurs et renverse les comptoirs et c’est le même qui, au bord du lac, a proclamé les Béatitudes :

« Heureux les doux ! »

Alors ce Jésus ? Est-il un violent ou un non-violent ? Essayons de comprendre ce qu’il veut nous montrer car cet épisode se prête à bien de contre-sens.

Tout d’abord, le Christ ne s’en prend pas aux commerçants comme tels. Il ne les accuse pas d’être  » malhonnêtes » et c’était commode pour les fidèles d’acheter sur place, ce qui était nécessaire au sacrifice, de changer de la monnaie pour avoir celle qui était acceptée à l’intérieur. Il faut se rendre compte de ce qu’était alors le Temple des Juifs.

Ce n’était pas qu’un Temple parmi d’autres… c’était le Temple ! Le seul lieu réservé à l’adoration du Seigneur, un lieu vers lequel, chaque juif de Palestine devait aller chaque année pour y faire des sacrifices au Seigneur et payer l’impôt religieux.

C’est seulement à cause de la dispersion du peuple juif que se sont élevées un peu partout des synagogues de plus en plus nombreuses.

Le Temple était vraiment le cœur de la vie des Juifs et justement, c’est ici qu’apparaît le sens profond de ce récit, au-delà du temps et de l’espace. Vous avez remarqué le mot, l’expression que Jésus a employé pour parler du Temple : il a dit « la maison de mon Père ». Par là même, il déclare qu’il est « le Fils » et les prêtres, pas contents du tout, l’interpellent : « Quel signe peux-tu nous donner pour justifier ce que tu as fait là ? »

« Détruisez ce Temple et, en trois jours, je le rebâtirai, je le relèverai ». Mais de quel temple s’agit-il ? Non plus le Temple de Jérusalem qui va être définitivement détruit quelques années plus tard, mais le Temple de son corps. Bientôt les disciples comprendront que la reconstruction en trois jours, c’était, en fait, l’annonce de la Résurrection !

Ce que Jésus veut nous révéler aujourd’hui, c’est que nous n’avons plus besoin d’un lieu pour le culte « en esprit et en vérité« . Rappelez-vous ce que lui demandait la Samaritaine. « Nos pères ont adoré sur cette montagne (le mont Garizim) et vous, vous affirmez que c’est à Jérusalem que se trouve le lieu où il faut adorer ».

Jésus lui dit : « “Crois-moi, femme, l’heure vient où ce n’est ni sur cette montagne, ni à Jérusalem que vous adorerez le Père” ». « Dieu est « Esprit » et c’est pourquoi ceux qui veulent l’adorer, doivent le faire « en esprit et en vérité ».

Enfermer Dieu dans un édifice, dans des rites, dans un code, c’est la tentation de toutes les religions. Certes, des lieux de rassemblement sont nécessaires mais gardons-nous de nous en servir pour édifier des murs qui seraient autant d’obstacles à la rencontre de Dieu. Le signe authentique de la présence de Dieu, c’est désormais, ni le Temple, ni la Loi, c’est Jésus lui-même, le Verbe de Dieu. Le Temple de Dieu, c’est Jésus : nous aussi, comme les marchands, il faut nous laisser bousculer, renoncer à nos calculs mesquins, dépasser les barrières autour de nos églises, pour nous centrer, pendant ce Carême, nous recentrer autour de la personne de Jésus : seul véritable Temple de Dieu.

Il n’est pas mauvais, certes, de participer aux cérémonies de l’église, de faire notre examen de conscience pour aller nous réconcilier d’une façon vraie avec le Seigneur… mais en vue de l’essentiel : qui est la « conversion de notre cœur ».

L’urgent, est de nous réorienter vers celui qui nous donne accès au Père : Jésus, le Christ, mort sur la Croix par amour. Le vrai Temple de Dieu, c’est le Corps du Christ et le Corps du Christ aujourd’hui, c’est le peuple qui met sa foi en lui. Jésus opère une révolution subversive pour l’architecture religieuse : non seulement, il laisse entendre que les temples sont devenus inutiles mais, en plus, il désigne le nouveau Temple : son Corps mort et ressuscité. Le nouveau Temple, c’est lui, en qui se transmet et se noue l’amour de Dieu et des hommes dans une seule communion.

Jésus le ressuscité est toujours avec nous. Dieu habite au milieu des hommes. C’est Jésus le vrai Temple de Dieu. L’humanité de Jésus constitue donc « le grand signe de Dieu » glorifié dans son humanité.

Il est le Temple nouveau. Comme celle des juifs, notre foi doit être purifiée. Quel est le signe de notre Dieu ? Celui d’un potentat enfermé dans son palais d’où il gouverne à coups d’interdits et d’obligations tatillonnes ? Celui du gendarme avec qui on pourrait marchander quelque adoucissement de peine ? Le Christ est la vraie révélation du vrai visage de Dieu.

Pour vivre avec nous une authentique relation d’amour, il nous entraine sur les chemins radicalement nouveaux du Royaume qui vient.

Pour progresser vers Pâques, laissons-nous être bousculés comme les marchands et renonçons aux mesquines sécurités de nos petits calculs, dépassons les barrières sociales édifiées autour de nos églises, laissons-nous emporter par la folie de l’amour qui culmine au Calvaire.

En fait, où est Dieu ?

1- Qui l’a placé à l’extérieur de la vie, dans l’enclos des lieux de cultes, l’enfermant dans le rôle de celui à qui on doit des rites ? C’est l’homme.

2- Qui a délimité la frontière entre 2 terres : le « profane » et le « sacré » ?

3- Qui a séparé Dieu de son peuple au milieu duquel il voyageait ? Toujours l’homme.

Les marchands du temple sont le signe de cette relation faussée entre l’homme et Dieu. Ils perçoivent indûment une sorte de péage entre le pays des hommes et le Royaume de Dieu. C’est ce signe que Jésus chasse à coups de fouet : Jésus veut vivre avec nous, être avec nous, demeurer en nous.

« Demeurer en nous » ? Mais alors ne serions-nous pas nous-mêmes, des « temples de Dieu » ? Incroyable mutation qui va jusqu’à faire dire à St-Pierre que le Temple qui a Jésus pour « pierre angulaire », est fait de « pierres vivantes » que sont les chrétiens. Temple sacré, non de pierres ni de briques, mais de personnes appelées à s’aimer pour que circule l’amour infini de Jésus. La maison de Dieu est sacrée.

Comment pourrait-on donner asile à Dieu et, en même temps se dégrader à l’intérieur ? Etre en contradiction avec lui dans ses relations humaines ? Construire des institutions du monde à l’envers de l’Esprit de Dieu ? St-Paul dit aux chrétiens de Corinthe : « Vous êtes le temple de l’Esprit de Dieu ».

Nous sommes devenus les « pierres vivantes » de la maison de Dieu parmi les hommes. Alors ? Parce que Jésus est le seul Temple de Dieu, parce que nous-mêmes, nous sommes « la demeure » de son Esprit : « Ce temple est sacré et ce temple c’est vous ». Balayez-moi tout ça ! Balancez-moi tout ça ! Place à Dieu ! Rien qu’à Dieu ! C’est sacré et tout homme est sacré ! Comme Dieu !

Profitons de ce Carême pour chasser de nous tout ce qui est impur. Notre cœur est un lieu de rencontre avec Dieu. Il doit être un Temple sans reproche, une « maison de prière« . AMEN




Vendredi 23 février, 1ère semaine de Carême (Mc 5, 20-26) – Homélie du Père Rodolphe EMARD

Nous pouvons retirer au moins deux leçons de Jésus dans l’Évangile de ce jour :

  • Jésus nous rappelle l’interdit du meurtre. Certains aiment dire : « Mi tue pas, mi vole pas, moin lé pas plus mauvais qu’un autre… »

Dans l’interdit du meurtre, nous entendons bien sûr l’interdiction d’ôter la vie physique à quelqu’un. Mais Jésus nous rappelle aussi d’autres manières de tuer : Nous pouvons détruire la vie des autres si nous nourrissons une colère excessive dans nos cœurs envers eux ou si nous les insultons (cf. Mt 5,22). La colère et l’insulte amènent donc à la mort d’autrui.

Nous pouvons aussi tuer la réputation de l’autre, nous pouvons mépriser notre prochain, l’ignorer ou le voir comme un marginal. Nous pouvons encore garder rancune contre notre prochain. Ces exemples sont des manières de tuer, non pas physiquement mais moralement et spirituellement.

Le temps du Carême nous invite clairement à faire la lumière sur ces points dans nos vies…

  • Jésus nous enseigne également sur le devoir de se réconcilier avec son frère : « va d’abord te réconcilier avec ton frère, et ensuite viens présenter ton offrande »...

Le temps du Carême est un temps de conversion, le temps de la réconciliation avec Dieu, avec notre prochain, avec nous-même. Le Seigneur nous interpelle davantage sur la réconciliation avec son prochain dans l’évangile du jour. Le temps du Carême nous invite également à faire également la lumière sur ce point dans nos vies…

Je termine avec deux citations :

▌Saint Jean Chrysostome : « Rien ne nous rapproche plus de Dieu que d’être toujours prêts à pardonner ».

▌Pape Benoît XVI : « Nous ne pouvons pas communiquer avec le Seigneur, si nous ne communiquons pas entre nous. (…) C’est pourquoi il faut apprendre la grande leçon du pardon : ne pas laisser notre âme être rongée par le ressentiment, mais ouvrir notre cœur à (…) l’écoute de l’autre, ouvrir notre cœur à la compréhension à son égard, à l’éventuelle acceptation de ses excuses, au don généreux des nôtres »[1].

 

[1] Benoît XVI, extrait de l’homélie pour la clôture du 24ème Congrès eucharistique italien, le 29 mai 2005.