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« C’est la miséricorde que je désire »
(Lc 7,36-8,3 ; Mt 9,13)… »
En ce temps-là, un pharisien avait invité Jésus à manger avec lui. Jésus entra chez lui et prit place à table.
Survint une femme de la ville, une pécheresse. Ayant appris que Jésus était attablé dans la maison du pharisien, elle avait apporté un flacon d’albâtre contenant un parfum.
Tout en pleurs, elle se tenait derrière lui, près de ses pieds, et elle se mit à mouiller de ses larmes les pieds de Jésus. Elle les essuyait avec ses cheveux, les couvrait de baisers et répandait sur eux le parfum.
En voyant cela, le pharisien qui avait invité Jésus se dit en lui-même : «Si cet homme était prophète, il saurait qui est cette femme qui le touche, et ce qu’elle est : une pécheresse.»
Jésus, prenant la parole, lui dit : « Simon, j’ai quelque chose à te dire. – Parle, Maître. »
Jésus reprit : « Un créancier avait deux débiteurs ; le premier lui devait cinq cents pièces d’argent, l’autre cinquante.
Comme ni l’un ni l’autre ne pouvait les lui rembourser, il en fit grâce à tous deux. Lequel des deux l’aimera davantage ? »
Simon répondit : «Je suppose que c’est celui à qui on a fait grâce de la plus grande dette. – Tu as raison», lui dit Jésus.
Il se tourna vers la femme et dit à Simon : «Tu vois cette femme ? Je suis entré dans ta maison, et tu ne m’as pas versé de l’eau sur les pieds ; elle, elle les a mouillés de ses larmes et essuyés avec ses cheveux.
Tu ne m’as pas embrassé ; elle, depuis qu’elle est entrée, n’a pas cessé d’embrasser mes pieds.
Tu n’as pas fait d’onction sur ma tête ; elle, elle a répandu du parfum sur mes pieds.
Voilà pourquoi je te le dis : ses péchés, ses nombreux péchés, sont pardonnés, puisqu’elle a montré beaucoup d’amour. Mais celui à qui on pardonne peu montre peu d’amour.
Il dit alors à la femme : «Tes péchés sont pardonnés.»
Les convives se mirent à dire en eux-mêmes : «Qui est cet homme, qui va jusqu’à pardonner les péchés ?»
Jésus dit alors à la femme : « Ta foi t’a sauvée. Va en paix ! »
Ensuite, il arriva que Jésus, passant à travers villes et villages, proclamait et annonçait la Bonne Nouvelle du règne de Dieu. Les Douze l’accompagnaient,
ainsi que des femmes qui avaient été guéries de maladies et d’esprits mauvais : Marie, appelée Madeleine, de laquelle étaient sortis sept démons,
Jeanne, femme de Kouza, intendant d’Hérode, Suzanne, et beaucoup d’autres, qui les servaient en prenant sur leurs ressources.
Les Pharisiens étaient des hommes comme tout le monde, avec leur famille, leur travail, etc… Mais ils vivaient ensemble pour pouvoir mieux pratiquer leurs traditions : « Ils ne mangent pas au retour de la place publique avant de s’être aspergés d’eau, s’être lavés les bras jusqu’au coude » (Mc 7) pour se purifier d’éventuels contacts avec des êtres impurs. Et nous apprenons ici de Jésus que le rituel habituel pour accueillir les invités consistait tout d’abord à « verser de l’eau sur leurs pieds » pour enlever la poussière des chemins et leur permettre ainsi de marcher sur tapis et de s’asseoir sur les coussins sans ressentir de gêne. Puis l’hôte « embrassait » ses invités en témoignage d’amitié, et il « versait du parfum sur leur tête » en signe d’honneur et de respect…
Simon n’a rien fait de tout cela pour Jésus. Il ne l’a pas invité par amour, mais pour vérifier par lui-même qu’il n’est pas un prophète… Et l’entrée inattendue de cette prostituée semble lui donner raison. En effet, il ne sait manifestement pas « qui » elle est, une femme impure, sinon il ne se serait pas laissé toucher par elle car maintenant, lui aussi est impur, tout comme elle…
Mais Jésus est bien plus qu’un prophète… « Il connaît » le cœur de cette femme (Jn 2,23-25), et « il perçoit les pensées » de Simon (Lc 5,22), comme Dieu seul peut le faire : « Le cœur est plus rusé que tout, et pervers, qui peut le pénétrer ? Moi, le Seigneur, je scrute le cœur, je sonde les reins » (Jr 17,9-10). Et par une parabole, à laquelle Simon va lui-même participer par ses réponses, Jésus va répondre à ses pensées et lui montrer ainsi qu’il est bien plus qu’un prophète…
Il va aussi reconnaître son zèle… C’est vrai, sa dette à l’égard de Dieu est petite sans être négligeable : il prend l’image de cinquante journées de salaire. La femme, elle, en devrait cinq cents… Mais l’important est que les deux, de peu ou de beaucoup, sont pécheurs et doivent adopter la même attitude d’humilité devant Dieu : le reconnaître, le regretter, espérer en sa Miséricorde et son pardon… La femme a déjà vécu tout cela, et sa reconnaissance envers Jésus est d’autant plus grande qu’elle a pris conscience de l’étendue de sa misère. Elle n’ose pas se présenter de face, mais, « se plaçant par derrière, à ses pieds, tout en pleurs, elle se mit à lui arroser les pieds de ses larmes ; elle les essuyait avec ses cheveux, les couvrait de baisers, les oignait de parfum ». Le Pharisien la regardait de haut ? Jésus loue son attitude et il la lui donne en exemple : elle, au moins, a accueilli le Dieu d’Amour et de Tendresse, avec une magnifique hospitalité… DJF