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12ième Dimanche du Temps Ordinaire par Francis COUSIN

« Ne craignez pas ceux qui tuent le corps

sans pouvoir tuer l’âme. »

 

L’évangile de ce dimanche prend une couleur particulière en ce moment où un certain nombre d’attentats sont perpétrés dans lesquels des chrétiens sont pris pour cibles de manière évidente, que ce soient les vingt-et-un chrétiens coptes tués en Lybie, l’assassinat du père Jacques Hamel le 26 juillet dernier, ou les divers assassinats contre les chrétiens coptes d’Egypte de ces derniers mois, ou contre des prêtres au Mexique. (sans parler de ceux qui tuent des gens au hasard sans viser particulièrement une religion).

Penser qu’on peut mourir martyr à notre époque ne nous serait pas venu à l’esprit il y a moins de dix ans, et surtout pas à La Réunion. Et pourtant, c’est une possibilité qui commence à se répandre …

Mais Jésus nous dit : « Ne craignez pas ! »

Ne craignez pas ceux qui peuvent tuer le corps. Parce que pour un chrétien, il n’y a pas que le corps qui compte, il y a aussi l’âme, cet autre partie de nous-même qui nous a été donnée par Dieu quand il a envoyé son souffle dans nos narines pour nous donner la vie (Gn 2,7) et qui est le lien qui va nous unir à lui. Un lien qui est d’abord un lien d’amour indéfectible de Dieu envers les hommes que rien ne peut casser, rompre, et cela, les chrétiens le savent bien : « Qui pourra nous séparer de l’amour du Christ ? … La persécution ? … le danger ? Le glaive ? … Rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est dans le Christ Jésus notre Seigneur. » (Ro 8, 35-39). Un amour qui est de toujours à toujours, au-delà de notre vie terrestre.

Ne craignez pas, cela ne veut pas dire : « N’ayez pas peur ! Ce n’est pas grave. ». Mourir n’est pas anodin. Mais cela veut dire : « Je serai toujours là à tes côtés, te remplissant de force et de courage pour affronter l’adversité. Je ne t’abandonnerai jamais. J’ai vaincu la mort, et si tu me restes fidèle, je t’accueillerai auprès de mon Père dans le Paradis pour la Vie éternelle. ».

D’ailleurs, Jésus ajoute aussitôt : « Craignez plutôt celui qui peut faire périr dans la Géhenne l’âme aussi bien que le corps » lors du jugement dernier.

Car c’est là que tout se jouera.

Soit on reste fidèle à Jésus et on le fait savoir, alors « moi aussi je me déclarerai pour lui devant mon Père qui est aux cieux. », soit on le renie, et alors, « moi aussi, je le renierai devant mon Père qui est aux cieux. »

Bien sûr, il y a le cas de Pierre qui a renié Jésus, mais qui a regretté ses paroles et qui les a remplacées par d’autres : « Seigneur, tu sais tous, tu sais bien que je t’aime ! » (Jn 21,17). Mais quand on se trouve devant ses agresseurs, on n’a pas toujours le temps et surtout les possibilités de bien réfléchir. Dans le film ’’Silence’’ de martin Scorcese, on voit bien que le père Rodrigue est pris entre deux positions antagonistes : rester fidèle à Jésus, ce qu’il désire de tout son cœur, ou permettre par son reniement que cessent les tortures que subissent les villageois chrétiens. N’en pouvant plus d’entendre les hurlements des villageois, et pris au piège par le gouverneur, il apostasie en marchant sur le crucifix. Mais avait-il vraiment renié le Christ ? Ou choisi de laisser la vie sauve aux villageois ? Les dernières images laissent planer le doute.

Je ne pense pas qu’il faille se poser la question de savoir ce que nous ferions si nous étions dans une telle situation. Parce qu’on ne peut pas savoir tous les aboutissements et les circonstances. Et surtout parce qu’on ne peut pas savoir quelle est la force que nous recevrions de Dieu pour faire face à la situation et être des témoins de Jésus-Christ à ce moment-là.

Mais ce qui est sûr, c’est que notre réaction dépendra principalement de la relation que nous avons dès maintenant avec Jésus : si nous sommes proches de Jésus, cela ira … Mais si nous sommes éloignés un tant soit peu de Jésus, alors …

Seigneur Jésus,

Tu es toujours avec nous,

mais, s’il le fallait,

nous ne pourrons mourir en témoignant de toi

que si nous sommes proches de toi.

Fais que nous nous approchions toujours de toi.

 

Francis Cousin