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12ieme Dimanche du Temps Ordinaire par le Diacre Jacques FOURNIER

 « Mourir à soi-même pour vivre de Dieu (Lc 9,18-24) ! »  

      En ce jour-là, Jésus était en prière à l’écart. Comme ses disciples étaient là, il les interrogea : « Au dire des foules, qui suis-je ? »
Ils répondirent : « Jean le Baptiste ; mais pour d’autres, Élie ; et pour d’autres, un prophète d’autrefois qui serait ressuscité. »
Jésus leur demanda : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? » Alors Pierre prit la parole et dit : « Le Christ, le Messie de Dieu. »
Mais Jésus, avec autorité, leur défendit vivement de le dire à personne,
et déclara : « Il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, qu’il soit tué, et que, le troisième jour, il ressuscite. »
Il leur disait à tous : « Celui qui veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix chaque jour et qu’il me suive.
Car celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie à cause de moi la sauvera. »

Pour vous qui suis-je

Jésus va bientôt prendre « avec courage la route de Jérusalem » (Lc 9,51), et il connaît les souffrances qui l’attendent. Mais il va les accueillir librement, et continuer de manifester à travers elles, et cela avec une intensité unique, que « Dieu est Amour » (1Jn 4,8.16) et qu’il n’est qu’Amour. A tout ce mal que lui feront les hommes, il ne répondra en effet que par l’Amour, offrant silencieusement sa vie pour notre salut à tous, et notamment pour ceux là mêmes qui s’acharneront sur lui… « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font » (Lc 23,34).

            L’heure est donc venue de faire le point avec ses disciples. Si les foules n’ont qu’une connaissance très vague de son Mystère, eux, que disent-ils ? Tu es « le Messie de Dieu », « l’Oint de Dieu »… La réponse est bonne, car Jésus est bien ce Fils Unique qui reçoit du Père, de toute éternité, cette Onction de l’Esprit par laquelle il est engendré en Fils. Mais eux pensent encore « le Messie » en termes politiques. Ils le voient comme celui qui restaurera la royauté en Israël (Ac 1,6) en chassant l’envahisseur romain… Aussi Jésus leur annonce-t-il ici sans détours ses souffrances prochaines. Il sera « rejeté par les Anciens, les Chefs des Prêtres », les responsables d’Israël. La perspective humaine qu’il leur offre est donc celle d’un échec apparent qui, pourtant, manifestera le triomphe de l’Amour…

            Bien plus, si quelqu’un veut le suivre, Jésus l’invite à « renoncer à lui-même ». Mais « nous avons déjà tout laissé », « maison, frères, sœurs, mère, père, enfants et champs », « et nous t’avons suivi » (Mc 10,28-30 ; Ac 4,34)… Le renoncement est déjà grand, mais Jésus invite à aller encore plus loin. Il s’agit ici de « prendre sa croix chaque jour », de « le suivre », de « perdre sa vie » et cela afin de « la sauver ».

            Heureusement, le but est bien de vivre, et de vivre pleinement… Jésus nous appelle en fait ici à mourir à tout ce qui nous empêche de participer à la Plénitude de sa Vie : notre orgueil, notre amour propre, notre égoïsme et toute forme de recherche de nous-mêmes. En effet, « le salaire du péché, c’est la mort ; mais le don gratuit de Dieu, c’est la vie éternelle dans le Christ Jésus notre Seigneur » (Rm 6,23).

            Il s’agit donc de « renoncer » au « péché » qui nous tue spirituellement pour pouvoir accueillir « le don de la vie éternelle », par « l’Esprit qui vivifie » (Jn 6,63) ! Mais quel combat ! « Pour les hommes, c’est impossible, mais pas pour Dieu, car tout est possible à Dieu. » Alors heureux qui lui offre sa confiance, il ne sera pas déçu (Ps 22(21)). L’Amour, petit à petit, sera aussi en lui vainqueur de tout mal et la Vie de Dieu finira par triompher !                           DJF