13ième Dimanche du Temps Ordinaire par Francis COUSIN
« Celui qui ne prend pas sa croix
et ne me suit pas n’est pas digne de moi. »
Les lectures de ce dimanche nous parlent de l’accueil (et de sa récompense), de la Vie éternelle et de la dignité pour pouvoir y aller.
Mais d’une dignité qui n’est pas pour chacun, mais d’une dignité par rapport à Jésus.
Il nous donne deux critères pour être digne de lui, deux critères qui sont liés : prendre sa croix, et le suivre.
Si on combine ces deux critères, cela donne quatre possibilités :
Prendre sa croix + le suivre à digne de Jésus
Prendre sa croix + ne pas le suivre 1
Ne pas prendre sa croix + le suivre 2 à pas digne de Jésus
Ne pas prendre sa croix + ne pas le suivre 3
1- Prendre sa croix + ne pas suivre Jésus.
C’est le cas des personnes qui pensent qu’il faut souffrir pour avoir la Vie éternelle, qu’il faut multiplier les sacrifices, jeuner un jour sur deux, se mortifier, porter un cilice, faire de long pèlerinage à pied, etc… qui pensent qu’on ’’gagne’’ le ciel à la sueur de son front. Mais dans le même temps ne suivent pas tellement les Paroles de Jésus, et principalement le plus grand commandement : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » (Jn 15,12)
2- Ne pas prendre sa croix + suivre Jésus.
Cela peut sembler paradoxal, mais cela existe. Ce sont des personnes qui entendent la Parole, mais ne la prenne pas toute entière, qui n’ont pas la force de la mettre véritablement en pratique, de l’affirmer et qui interprètent la Parole a-minima : dès qu’une parole les dérange, ou que l’attrait du monde est plus fort que celle-ci, alors, ils n’acceptent pas de changer leur manière de vie, souvent par égoïsme. Comme dans la parabole du Semeur : « Celui qui a reçu la semence sur un sol pierreux … quand vient la détresse ou la persécution à cause de la Parole, il trébuche aussitôt. Celui qui a reçu la semence dans les ronces, … le souci du monde et la séduction de la richesse étouffent la Parole… » (Mt 13,20-22).
3- Ne pas prendre sa croix + ne pas suivre Jésus
On aurait tendance à dire : cela ne sont pas des chrétiens. Et pourtant ! c’est le cas de beaucoup de baptisés, ceux qui sont chrétiens par habitude, pour être comme tout le monde… Ceux qu’on pourrait appeler les chrétiens des « trois cloches », comme le chantait Edith Piaf : ceux qui vont à l’église pour le baptême, le mariage et les obsèques. Toutes ces personnes qui sont à ’’la périphérie’’ de l’Eglise, et vers lesquelles le pape François nous demande d’aller …
Toutes ces personnes-là ne sont pas dignes de Jésus-Christ !
On ne va pas faire de statistiques, parce qu’on ne peut pas savoir ce qu’il y a dans le fond des cœurs des personnes, seul Dieu peut le savoir, lui qui « sonde les reins et les cœurs » (Jr 11,20), mais on peut penser que cela fait beaucoup !
Et finalement, cela n’est pas surprenant, car qui peut se sentir digne de Jésus, ou être ressenti par d’autres d’être digne de Jésus ? Bien peu de monde. Et je ne parierai pas un kopeck d’être sur la liste !
Les seuls à être dignes de Jésus sont ceux qui ont beaucoup d’amour, amour de Dieu, amour des autres … ce qui nécessite beaucoup d’humilité, de ne pas se croire supérieur que le Maître …
Finalement, cela revient à ce que dit Matthieu, de manière positive cette fois : « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. » (Mt 16,24). Et ça, c’est plus facile à dire qu’à faire …
Nous sommes tous, à divers moments, dans l’une de ces quatre situations, dans des proportions diverses et variables pour chacun, même dans la catégorie des ni-ni (3), dans nos moments de doutes, de rejet ou d’acédie.
Et quand cela ne va pas, un seul moyen : se mettre dans les bras de Jésus miséricordieux, et lui dire tout simplement : « Je ne suis pas digne de te recevoir, de te suivre, d’être ton disciple, d’être ton serviteur, mais dis seulement une parole et je serai guéri, je serai relevé, tu me mettras debout, et tu mettras la Vie en moi. »
Seigneur Jésus,
Qui suis-je pour que tu penses à moi,
Pour que je sois digne de toi ?
Sans toi, je ne suis que faiblesse.
Viens à mon secours !
Francis Cousin