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16ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (Mc 6, 30-34)

« Ils étaient comme des brebis sans berger. »

 

La semaine dernière, Jésus avait envoyé ses apôtres vers les villages pour annoncer sa Bonne Nouvelle. Et aujourd’hui, les apôtres reviennent de leur mission, et ils parlent de ce qu’ils ont fait. Mais ils n’étaient pas seuls, il y avait aussi tous ceux qui voulaient voir Jésus et écouter son enseignement, et cela faisait du monde, de l’agitation, à tel point qu’on « n’avait même pas le temps de manger ».

Alors Jésus va mettre en place une méthode qu’on a redécouverte il y a une vingtaine d’années dans le milieu du management d’entreprise : les camps pour cadres. On ne peut plus travailler dans notre environnement habituel, alors on s’isole en groupe, on fait le point, et on prépare l’avenir.

Jésus avait bien compris que les apôtres avaient besoin de parler avec lui de leurs expériences, de leurs joies, de leurs difficultés, de leurs réussites, de leurs échecs, mais aussi et peut-être surtout de leur enthousiasme. Tout comme lui avait besoin de parler de manière régulière avec son Père dans un lieu désert. Tout comme nous-même avons besoin de moments de retraite, de silence, de ressourcement dans un monastère ou autre structure d’accueil, pour faire le point sur notre vie personnelle et sur notre relation avec Dieu.

Alors le petit groupe part en barque pour un endroit désert.

Mais c’était sans compter sur toutes ces personnes qui étaient présentes autour de Jésus, et sur toutes celles qui avaient suivi les apôtres pour pouvoir rencontrer ’’le maître’’. On ne sait pas où était le lieu de rendez-vous des apôtres, ce n’est indiqué nulle part ; peut-être capharnaüm qui servait de ’’camp de base’’ de Jésus et qui se trouve à quelques kilomètres de Tagba qui est considéré comme le lieu de la multiplication des pains. Les gens ont bien vu la direction prise par la barque, et sans doute l’un ou l’autre avait-il entendu Jésus parler d’un lieu désert, et en suivant la côte, ils pouvaient voir la barque. Ils voulaient tellement encore entendre Jésus leur parler qu’ils suivent la côte, qu’ils courent même … et quand la barque accoste, ils sont là pour accueillir Jésus.

Les plans de Jésus sont battus en brèche ! Lui qui voulait le calme et la solitude pour partager avec les apôtres se retrouve avec la même foule qu’à son départ, peut-être plus encore car l’évangile nous dit que les gens arrivèrent de toutes les villes

La sollicitude et l’amour que Jésus avait pour ses apôtres vont aussitôt être supplantés par la sollicitude et l’amour pour cette foule qui est en attente de quelque chose, qu’elle ne peut pas nommer, mais qui est le signe d’un manque … que Jésus interprète aussitôt : ils sont comme des brebis sans berger !

Et ce berger qu’ils recherchent, c’est lui, c’est sa Parole qui est Parole du Père.

Alors, il se mit à les enseigner longuement.

Ce qui est important de remarquer, c’est la manière dont Jésus se plie aux dispositions des gens qui l’entourent. Parti pour discuter et partager avec les douze apôtres, il s’adapte pour enseigner et partager, non plus seulement des paroles, mais aussi le pain, avec cinq mille hommes, sans compter les femmes et les enfants.

Est-ce que nous, nous sommes capables de changer notre emploi du temps à cause d’un événement qui concerne des personnes que l’on ne connaît pas, et qu’on ne reverra peut-être plus ? Sommes-nous assez disponibles aux « signes des temps » comme le demandait le concile Vatican II ?

Sommes-nous capables de comprendre les interrogations de personnes qui sont incapables de définir quel est leur manque, mais qui sont conscients qu’il leur manque quelque chose ?

Seule la proximité de Dieu peut nous permettre de prendre conscience de ce manque, de le comprendre, et de pouvoir y répondre, si nous acceptons d’être interpellés par lui. Puissions-nous, comme Samuel répondre, face aux interrogations qui nous sont posées : « Seigneur, je ne sais pas quoi répondre, mais mets dans ma bouche les paroles de réconfort pour ces personnes. Parle, car ton serviteur écoute » (1 S 3,9).

Seigneur Jésus,

tu es réactif, et tu t’adaptes à toutes les situations,

au contraire de nous qui planifions nos actions

et qui avons du mal à sortir de ce plan.

Mais quand nous sommes interpellés par toi,

ce n’est jamais programmé,

et nous devons être prêts à te suivre

où tu veux, quand tu veux,

car la mission n’attend pas.

Aide-nous à te mettre toujours en premier,

« serviteurs du Père qui appelle. »

 Francis Cousin

 

 

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