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26ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Claude WON FAH HIN

Commentaire du samedi 25 et Dimanche 26 septembre 2021

 

Nb 11,25–29 ; Jacques 5,1–6 ; Marc 9.38–43, 45, 47–48

Dans le premier texte d’aujourd’hui, Dieu descend de la nuée, parle à Moïse et prend l’Esprit qui repose sur lui pour le partager avec ceux qui accompagnaient Moïse, les soixante-dix anciens. Et, « quand l’Esprit reposa sur eux, ils prophétisèrent ». Pierre (2P 1,21) nous dit : « Ce n’est pas d’une volonté humaine qu’est jamais venue une prophétie, c’est poussé par l’Esprit Saint que des hommes ont parlé de la part de Dieu ». Cet Esprit, reçu de Dieu le Père, est nécessaire pour une mission, pour porter la Parole de Dieu, pour annoncer la Bonne Nouvelle. Au sein de la communauté chrétienne et particulièrement dans l’Eglise catholique, n’importe qui ne peut pas décider, tout seul, de se charger lui-même d’une mission importante. Généralement c’est l’évêque du diocèse qui décide, en accord avec le curé, ou un directeur ou un responsable d’une organisation chrétienne, d’envoyer en mission une personne qu’ils jugent compétente. Pour une mission, il faut donc être envoyé, et c’est l’évêque qui envoie en mission. C’est pourquoi, avant d’aller écouter une personne faire un enseignement, ou des prières collectives, ou encore un exorcisme, il faut bien se renseigner auprès des autorités compétentes catholiques : évêque ou curé de la paroisse. Il ne suffit pas que la personne qui donne un enseignement soit catholique pour l’écouter, il faut absolument qu’il soit reconnu et désigné par l’évêque, en accord avec un curé de paroisse, ou un responsable d’une organisation diocésaine. Cela évite de tomber dans les mains d’une secte.

 Mais l’Esprit Saint, qui est Dieu, n’a pas besoin de l’aval de la hiérarchie catholique pour agir où Il veut et avec qui Il veut. Il est Dieu, et choisit la personne qu’Il veut, qu’il soit catholique ou non, qu’il soit croyant ou non, qu’il soit gentil ou méchant. Pour avoir dit du bien du Christ en Croix, le « bon larron » devait être animé de l’Esprit de Dieu. Personne ne peut dire du bien de Jésus s’il n’est pas lui-même animé de l’Esprit Saint: «…nul ne peut dire : «Jésus est Seigneur», s’il n’est avec l’Esprit Saint » (1Co 12,3). Paul lui-même, anti-chrétien et bourreau des chrétiens, a été choisi par Dieu pour une mission nouvelle, à l’antipode de ce qu’il faisait : il ne sera plus le bourreau des chrétiens mais sera en quelque sorte « apôtre » et annoncera la Bonne Nouvelle, formera des disciples de Dieu et mettra en place des églises sur son passage. Moïse lui-même a souhaité que tout le peuple de Dieu soit aussi prophète (Nb 11,29) après avoir reçu l’Esprit Saint. Et l’Esprit Saint, nous l’avons non seulement au baptême, à la Confirmation, à la Pentecôte, mais encore tous les jours lorsque nous prions dans l’Esprit Saint comme nous le dit Saint Jude (1,20). Tout chrétien est appelé à être « apôtre », c’est-à-dire à être « envoyé » et appelé à être « prophète », pour « annoncer la Bonne Nouvelle ». Tel est le cas pour les catéchistes, choisis pour éduquer, annoncer, expliquer la Parole de Dieu.

Le cas envisagé dans le texte d’Evangile est celui d’un exorciste qui, sans être disciple, se sert du nom de Jésus pour chasser les démons. Le cas devait être fréquent au premier siècle : « … quelques exorcistes juifs ambulants s’essayèrent à prononcer, eux aussi, le nom du Seigneur Jésus sur ceux qui avaient des esprits mauvais » (Ac 19,13). De nos jours, ces cas de possession sont extrêmement rares. La croyance populaire sur la possibilité que certaines personnes puissent être possédées fait le bonheur des charlatans de toutes sortes qui vous font croire qu’ils peuvent guérir telle ou telle maladie incurable. Rien ne dit que c’est l’Esprit de Dieu qui les anime. Il vaut mieux aller voir le médecin en cas de maladie et en cas de nécessité formelle   d’un exorcisme, il n’y a que l’évêque qui puisse exorciser ou un prêtre nommé par lui, si c’est nécessaire.

Mais même sans faire allusion aux guérisseurs ou aux exorcistes, l’Esprit Saint agit sur les non-chrétiens dans leur vie courante car Il n’est pas lié uniquement à l’Eglise, aux seuls chrétiens, aux seuls sacrements. L’Esprit de Dieu souffle où il veut (Jn 3,8), se répand sur toute chair ( Ac 2,17) et renouvelle la face de la terre (Ps 104,30). Voici ce que nous dit Vatican II en LG 16 sur les non-chrétiens : « …pour ceux qui n’ont pas encore reçu l’Évangile, sous des formes diverses, eux aussi sont ordonnés au Peuple de Dieu » (ils sont unis au peuple de Dieu) et, en premier lieu, les juifs et les musulmans qui adorent le même Dieu que les chrétiens….Mais le dessein de salut de Dieu enveloppe également ceux …. qui cherchent encore, dans les ombres et sous des images, un Dieu qu’ils ignorent, de ceux-là même, Dieu n’est pas loin, puisque c’est lui qui donne à tous vie, souffle et toutes choses (cf. Ac 17, 25-28), et puisqu’il veut, comme Sauveur, amener tous les hommes au salut (cf. 1 Tm 2, 4). En effet, ceux qui, sans qu’il y ait de leur faute, ignorent l’Évangile du Christ et son Église, mais cherchent pourtant Dieu d’un cœur sincère et s’efforcent, sous l’influence de sa grâce, d’agir de façon à accomplir sa volonté telle que leur conscience la leur révèle et la leur dicte, eux aussi peuvent arriver au salut éternel [33]. À ceux-là mêmes qui, sans faute de leur part, ne sont pas encore parvenus à une connaissance expresse de Dieu, mais travaillent, avec la grâce divine, à avoir une vie droite, la divine Providence ne refuse pas les secours nécessaires à leur salut. En effet, tout ce qui, chez eux, peut se trouver de bon et de vrai, l’Église le considère comme une préparation évangélique et comme un don de Celui qui illumine tout homme pour que, finalement, il ait la vie ». GS 22,5 : « …cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ, mais bien pour tous les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, …nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’être associé au mystère pascal ». Autrement dit, si dans la forêt amazonienne, ou ailleurs, en un lieu où Dieu est inconnu des êtres humains, se trouve un groupe de personnes, où des hommes droits s’aiment les uns les autres, pratiquent l’entraide, la solidarité, la fraternité, cherchent le chemin de la paix, de la vérité, de l’amour, de la vie sans savoir que l’amour, la vérité, la paix et la vie, c’est Dieu (Jn 14,6 : « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie »), ces personnes sont des chercheurs de Dieu et sont animées de l’Esprit de Dieu, alors même qu’elles ne connaissent ni le Dieu des chrétiens, ni Jésus-Christ, ni l’Eglise, ni missionnaire. Elles peuvent donc être sauvées comme nous le dit Paul en 1 Tm 2,4 : 3 « Voilà ce qui est bon et ce qui plaît à Dieu notre Sauveur, 4 lui qui veut que tous les hommes soient sauvés… ». « Cela concerne donc tous les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce » (Th. Rey-Mermet, « Croire, vivre la foi dans les sacrements, Droguet & Ardant, p.68). Certains, comme le Père Théodule Rey-Mermet, appellent cela le « baptême de désir » appelé encore « baptême de sincérité » (Ibid. p.66) : « C’est le baptême de l’Esprit seul, qui souffle où Il veut et inspire à qui il veut un commencement de bonne volonté. Il atteint tous ceux qui ne se refusent pas obstinément ce qui leur parvient de lumière ».

 « Quiconque vous donnera à boire un verre d’eau pour ce motif que vous êtes au Christ, en vérité, je vous le dis, il ne perdra pas sa récompense ». Toute personne qui aide, qui soutient, qui prend la défense d’un disciple du Christ sera récompensée. C’est le cas du « bon larron » qui se retrouve le jour même au Paradis car il a eu l’honneur de défendre le Christ en personne. Ce qui est valable pour le Christ le sera aussi pour son disciple.

A l’opposé, la deuxième partie du texte de l’Evangile traite du péché commis par l’homme. « Les petits qui croient » désignent les plus faibles, les plus humbles des chrétiens, disciples du Christ et dont la foi naissante est encore fragile. « Les scandaliser », c’est les pousser à faire des bêtises, c’est leur dresser des obstacles, les empêcher d’avancer à la suite du Christ ou de servir l’Eglise, c’est les entrainer dans la chute, les amener à pécher, et donc ne pas faire la volonté de Dieu. C’est tout l’inverse de l’évangélisation qui a pour but de les conduire au salut. Réfléchissez bien avant d’inciter des chrétiens à ne pas servir Dieu, à ne pas servir l’Eglise, à ne pas aider les gens dans le besoin, à ne pas assister les malades en leur mettant des bâtons dans les roues etc…« Si ta main est pour toi une occasion de péché, coupe-la ; si ton pied est pour toi une occasion de péché, coupe-le ; si ton œil est pour toi une occasion de péché, arrache-le », toutes ces expressions ne sont pas à prendre à la lettre car « jamais, nous dit Jacques Hervieux, l’Eglise n’a lu dans ce texte d’évangile un appel à la mutilation physique ( il ne s’agit pas de couper réellement une main, un pied ou arracher réellement un œil), mais c’est juste une invitation à se détacher de ce qui est mauvais en lui-même pour en assurer son salut ». C’est pourquoi, il nous faut lutter contre « les occasions de péché », c’est-à-dire contre toutes les tentations qui amènent aux actions mauvaises, au péché. Padre Pio nous raconte ce que Jésus lui a dit (Padre Pio de Pietrelcina – Transparent de Dieu – P.82) :  « Les hommes lâches et faibles ne se font aucune violence pour se vaincre dans les tentations, bien plus, ils se complaisent dans leur péché ». Mais pour pouvoir lutter contre les tentations, encore faut-il être capable de les reconnaitre rapidement afin de lutter contre elles. C’est la raison pour laquelle, il faut prier le Seigneur pour qu’il nous donne la grâce de discerner les tentations et la force de lutter immédiatement contre elles. Ainsi, dès les premières secondes d’une tentation, on aura, de manière spontanée, recours à Marie, comme un enfant qui court dans les bras de sa mère, chargée de défendre ses enfants des dangers de l’Esprit du Mal et de nous diriger vers son Fils bien-aimé. En se tournant vers le Christ par Marie, et avec l’aide de Marie, c’est le Christ qui devient alors le point de mire de notre attention et non plus les tentations, profitez alors de ce moment pour lui dire que nous l’aimons pour tous les bienfaits qu’il nous offre depuis le début de la journée, parlez à Jésus comme à un ami, louez-le dans votre cœur. « La tentation ne peut pas mordre sur une âme occupée à dire son amour à l’unique Ami. Quand tu es uni (au Christ) , « le mal n’arrive pas jusqu’à toi » dit le psaume  (Ps 90 [91], 10) (Œuvres complètes – Saint Jean de la Croix – Tome I – p.44). L’Esprit du Mal s’enfuira de lui-même et vous laissera tranquille et la paix de Dieu reposera sur vous. Remerciez alors le Seigneur ! « Nous devons apprendre comment engager de manière efficace notre combat spirituel contre les puissances des ténèbres » (Pape François – « Le diable existe vraiment »- p.7). Méditez les textes de l’Evangile, en particulier les passages où l’on parle de l’Esprit du Mal, des combats contre le péché, mieux encore sur l’amour et la miséricorde de Dieu pour que soit encré dans notre esprit que Dieu ne nous abandonne jamais à travers toutes les épreuves que nous pouvons subir. Que Marie nous accompagne sur ce chemin de la méditation et du combat spirituel.