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22ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Claude WON FAH HIN

Commentaire du samedi 28/8/2021 et Dimanche 29/8/2021

22e dimanche ordinaire – Année B – Deutéronome 4,1–8 ; Jacques 1,17–27 ; Marc 7.1–23

 

Les textes du jour nous parlent de la pratique des commandements de Dieu. Le 1er texte nous apprend que les lois qui viennent du Dieu-Amour nous sont données pour que nous vivions. Ne pas les appliquer – surtout le commandement de l’amour – nous conduira à la mort, c’est-à-dire à la mort éternelle (= enfer) parce que dans ce lieu, il n’y a pas d’amour.  Dieu donne son amour à son peuple et le peuple doit n’aimer que Lui. «  » Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit » (Dt 6,5).  « Je vous ai enseigné des lois et des coutumes, pour que vous les mettiez en pratique » (Dt 4,5). « Gardez-les et mettez-les en pratique » (Dt 4,6).  Pratiquer les commandements de Dieu est une manière au peuple de dire à Dieu qu’il l’aime. Mais à l’époque où ce texte a été écrit, le peuple juif avait une très longue pratique de l’idolâtrie : on adorait toutes sortes de dieux ou ce qui pour eux constituait des dieux : les astres, les montagnes, les lacs, les arbres, les animaux, et de nombreux objets fabriqués localement. Après la révélation, les Israélites avaient du mal à n’adorer que Lui. Ils étaient souvent infidèles et retournaient à l’idolâtrie comme à Baal-Péor.  Baal-Péor était à la fois le nom d’un lieu et le nom d’une idole locale. Et le peuple de Dieu s’est prosterné devant Baal-Péor, ce qui constitue une infidélité vis-à-vis du Dieu unique.  « Ce peuple m’honore des lèvres; mais leur cœur est loin de moi ». Et « la colère de Dieu s’enflamma contre le peuple» (Nb 25,3). Il nous faut donc comprendre qu’il est impossible d’être dans deux religions à la fois puisqu’il n’y a qu’un seul Dieu, Celui qui s’est révélé à Abraham, Moïse, David et qui s’est incarné en la personne de Jésus. Un chrétien n’a qu’une seule religion : il ne suit que le Christ et personne d’autre.  Le Christ est celui qui est venu accomplir la Loi. Mt 5,17: 17 « N’allez pas croire que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir ».  « Accomplir la loi » évoque l’idée de plénitude (de totalité), d’achèvement, de perfection et il faut la mener à bonne fin. Et Saint Paul ajoute (Rm 13,8) : « celui qui aime son prochain a pleinement accompli la Loi ». Pour que nous puissions nous aussi accomplir pleinement la loi divine, il nous faut aimer toutes les personnes que nous rencontrons. C’est-à-dire les aimer tels qu’elles sont, avec leurs faiblesses et défauts, sans aucune arrière-pensée, sans jugement intérieur que l’on pourrait faire parfois dans son cœur sans le dire à voix haute. Is 5,21 : « Malheur à ceux qui sont sages à leurs propres yeux et s’estiment intelligents ». Jc 1,19 : « …que chacun soit prompt à écouter la Parole de Dieu, lent à parler et lent à la colère ». « Contre la charité, il y a les péchés…tels que nos rejets de certaines personnes que nous n’aimons pas…parfois secrètement, nos refus de faire la paix, nos refus de pardonner et toutes les rancunes que nous entretenons…La rancune entretenue mène au pire » (Sœur Emmanuel Maillard – L’étonnant secret des âmes du Purgatoire » – Entretien avec Maria Simma – P.20-21). Jc 1,21 (2ème lecture) : « Rejetez donc toute malpropreté, tout reste de malice ». Les Pères de l’Eglise, tels que Grégoire de Nazianze, Jean Chrysostome, n’ont pas cessé de dénoncer le manque d’amour entre chrétiens. Grégoire de Nazianze se plaint amèrement des manques d’amour et des disputes dans l’Eglise. Pour Jean Chrysostome, le manque d’amour entre chrétiens est tout simplement honteux… Il est nécessaire pour le chrétien d’observer méthodiquement et scrupuleusement son propre état de conscience et sa propre vie intérieure afin d’extirper, si nécessaire, et avec la grâce de Dieu, le mal qui s’y trouve : tendance à juger intérieurement les autres, rancune secrète et tenace contre telle ou telle personne, mauvaises paroles. Jc 1,26 (2ème lecture d’aujourd’hui) : « Si quelqu’un s’imagine être religieux sans mettre un frein à sa langue et trompe son propre cœur, sa religion est vaine ». Dans nos rapports avec les autres, surtout quand on a à faire à quelqu’un qui ne nous aime pas, il ne faut jamais répondre du « tac au tac », et être lent à la colère, et même ne pas être en colère du tout. Celui qui dit du mal de nous n’est pas animé de l’Esprit de Dieu, mais de l’Esprit du Mal.

Et il ne faut jamais discuter avec l’Esprit du mal, on ne discute pas avec Satan, on le combat par la Parole de Dieu comme le Christ l’a fait dans la tentation au désert ou par la prière. Il arrive souvent que les personnes qui sont constamment dans le péché ne peuvent pas voir qu’ils pêchent, car ils s’y sentent bien et ne veulent rien changer. Pour voir ses propres péchés, il nous faut être éclairés de la lumière de Dieu. « Le meilleur et l’unique moyen pour conserver sa fidélité à Dieu est que cette personne, qui se trouve presque toujours en contact avec des gens sans foi ni loi, qui a toujours le blasphème à la bouche et la haine de Dieu dans le cœur, s’approche chaque jour de la Table des Anges pour recevoir Jésus… ». Et ce conseil de Padre Pio demeure toujours valable (Saint Pio de Pietrelcina – « Transparent de Dieu » – P. 88). Il nous faut donc demander à Dieu la grâce de l’écoute de la Parole, la force et le courage pour la mettre en pratique…et cela se reçoit surtout à la table de l’Eucharistie.

L’Evangile d’aujourd’hui nous parle de ce qui est pur et impur. La société juive , au temps de Jésus, rangeait sous le nom de « pécheurs » des gens de toutes sortes. Certains ont une conduite immorale (adultères, prostituées, faussaires, etc…), d’autres exercent des métiers poussant à la malhonnêteté, comme ceux des transports (âniers, chameliers, voituriers, matelots) ou ceux du commerce (boutiquiers, bouchers, médecins). Sont aussi moralement douteuses les professions qui mettent en rapport avec les femmes (blanchisseurs, colporteurs, tisserands, etc…). Enfin sont classés dans une liste de personnes à ne pas fréquenter ceux qui pratiquent des tâches répugnantes (tanneurs, fondeurs, ramasseurs d’ordures, etc…). Ainsi, par le jeu de discriminations plus sociales que morales, c’est un vaste monde qui se trouve exclu des relations humaines et religieuses. Pour les Juifs très soucieux de pureté légale, tout contact physique avec les pécheurs publics était prohibé. A plus forte raison, un repas partagé créait une souillure grave, punie d’expulsion. Et Jésus, ainsi que ses disciples, mange avec toutes sortes de personnes.

« 18 Ne comprenez-vous pas que rien de ce qui pénètre du dehors dans l’homme ne peut le souiller, 19 parce que cela ne pénètre pas dans le cœur, mais dans le ventre, puis s’en va aux lieux d’aisance  (ainsi il déclarait purs tous les aliments). 20 Ce qui sort de l’homme, voilà ce qui souille l’homme. 21 Car c’est du dedans, du cœur des hommes, que sortent les desseins pervers : débauches, vols, meurtres, 22 adultères, cupidités, méchancetés, ruse, impudicité, envie, diffamation, orgueil, déraison. 23 Toutes ces mauvaises choses sortent du dedans et souillent l’homme ». C’est lorsque nous disons ou lorsque nous avons de mauvaises pensées sur les autres, et que nous les mettons en pratique que nous nous souillons nous-mêmes. Sœur Faustine nous dit (§118) :  « Dieu ne se donne pas à une âme bavarde … : l’âme bavarde est vide à l’intérieur. Il n’y a en elle ni vertu fondamentale, ni intimité avec Dieu. Il n’est pas question pour elle, d’une vie plus profonde, d’une douce paix, ni du silence où demeure le Seigneur. Celui qui n’a jamais goûté à la douceur du silence intérieur est un esprit inquiet qui trouble le silence d’autrui. J’ai vu beaucoup d’âmes qui étaient dans les gouffres de l’enfer pour n’avoir pas su garder le silence. Elles me l’ont dit elles-mêmes, lorsque je les questionnais pour savoir ce qui avait causé leur perte ». Elle ajoute : « Recevoir la lumière de Dieu, savoir ce que Dieu veut de nous (c’est-à-dire « aimer Dieu et son prochain » ) et ne pas le faire, est un grand outrage envers la Majesté Divine. L’âme qui fait cela mérite que Dieu l’abandonne complétement. Elle ressemble à Lucifer, qui avait une grande lumière mais ne faisait pas la volonté de Dieu ». Et pour que notre intérieur change, il faut d’abord le vouloir, désirer ardemment changer son propre cœur. Et comme nous ne pouvons pas le faire seul, avec notre seule force, il faut demander à Dieu cette grâce d’avoir un cœur qui lui plaise. « S’il y a dans mon cœur les racines de tous les péchés possibles (Mc 7, 21), c’est donc sans cesse que je dois demander à Dieu de me préserver de l’orgueil et de me purifier, par son Esprit, de toutes mes tendances au mal. D’ailleurs, plus les saints se laissent envahir par l’Esprit du Seigneur, plus ils s’aperçoivent de leur condition de pauvres pécheurs » (L’Abbé Pierre Descouvemont – Guide des difficultés de la foi chrétienne – P.482).  Il nous faut donc prier tous les jours pour que le cœur de tous les chrétiens change en mieux. Et ne dites pas que nos prières ne servent à rien. C’est complètement faux. Je vous donne un seul témoignage – parmi tant d’autres – de l’efficacité de la prière, raconté par Maria Simma à Sœur Emmanuel Maillard (L’étonnant secret des âmes du Purgatoire – Maria Simma – Sœur Emmanuel Maillard – P.33-34) : Hermann Cohen, un artiste juif converti au catholicisme et qui a beaucoup vénéré l’Eucharistie. En 1864, il quitte le monde pour rentrer dans un ordre religieux très austère et adorait très fréquemment le saint Sacrement pour lequel il avait une grande vénération. Pendant ses adorations, il suppliait le Seigneur de convertir sa mère qu’il aimait beaucoup. Mais sa mère mourut sans s’être convertie. Hermann en devint fou de douleur. Il se prosterna devant le Seigneur et, donnant libre court à ses plaintes, pria ainsi: Seigneur, je vous dois tout, il est vrai, mais que vous ai-je refusé? Ma jeunesse, mes espérances dans le monde, le bien-être, les joies de la famille, un repos peut-être légitime? J’ai tout sacrifié dès que vous m’avez appelé. Mon sang? Je l’eusse donné de même, et vous Seigneur, vous l’éternelle Bonté, qui avez promis de rendre au centuple, vous m’avez refusé l’âme de ma mère. …Mon Dieu, je succombe à ce martyr, le murmure va s’exhaler de mes lèvres ». Les sanglots étouffaient ce pauvre coeur. Tout à coup, une voix mystérieuse frappe son oreille et dit : « Homme de peu de foi, ta mère est sauvée, sache que la prière a tout pouvoir auprès de moi. J’ai recueilli toutes celles que tu m’as adressées pour ta mère et ma Providence lui en a tenu compte à son heure dernière. Au moment où elle expirait, je me suis présenté à elle, elle m’a vu et s’est écriée: « Mon Seigneur et mon Dieu ». Relève donc ton courage, ta mère a évité la damnation et tes supplications ferventes délivreront bientôt son âme de la prison du Purgatoire ». Toutes nos prières sont prises en compte par Dieu. Jn 14,13 : “…tout ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils”. Prions le Seigneur, avec Marie, pour que les êtres humains soient réceptifs à l’amour dont Dieu nous comble en permanence.