Le premier texte d’aujourd’hui nous dit ceci : « Soyez saints », c’est-à-dire « restez unis au Christ » à chaque moment de notre vie. Et pour cela, Dieu nous dit : « 17 Tu n’auras pas dans ton cœur de haine pour ton frère. 18 Tu ne te vengeras pas et tu ne garderas pas de rancune envers les enfants de ton peuple. » … Pourtant, bon nombre de chrétiens, au sein même de la messe, vont communier avec le cœur rempli de haine, de rancune, de médisance. Marthe Robin nous dit : « On trouve des chrétiens qui communient tous les jours et qui sont en état de péché mortel ». Mt 5,23-24: « Quand donc tu présentes ton offrande à l’autel, si là tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse là ton offrande, devant l’autel, et va d’abord te réconcilier avec ton frère ; puis, reviens, alors présente ton offrande ». De même, le Pape François écrit dans « la Joie de l’Evangile » (§98) : « A l’intérieur du peuple de DIEU et dans les diverses communautés, que de guerres! Dans le quartier, sur le lieu de travail, par envies et jalousies, et aussi entre chrétiens, que de guerres! La mondanité spirituelle (§93) « qui se cache derrière des apparences de religiosité et même d’amour de l’Église, et qui consiste à rechercher, au lieu de la gloire du Seigneur, la gloire humaine et le bien être personnel », porte certains chrétiens à être en guerre contre d’autres chrétiens (parce qu’ils font) obstacles à leur recherche de pouvoir, de prestige, de plaisir …. De plus, certains vivent sous une apparence cordiale à l’Eglise, pour nourrir un esprit de controverse. Plutôt que d’appartenir à l’Eglise entière, avec sa riche variété, ils appartiennent à tel ou tel groupe qui se sent différent ou spécial ». (§99) : – « Le monde est … blessé par un individualisme diffus qui divise les êtres humains et les met l’un contre l’autre dans la poursuite de leur propre bien-être….Je désire demander, nous dit encore le Pape François, spécialement aux chrétiens de toutes les communautés du monde un témoignage de communion fraternelle qui devienne attrayant et lumineux. Que tous puissent admirer comment vous prenez soin les uns des autres, comment vous vous encourager mutuellement et comment vous accompagnez ». (§101) : « Nous avons tous des antipathies, et peut-être justement en ce moment sommes-nous fâchés contre quelqu’un. Disons au moins au Seigneur: « Seigneur, je suis fâché contre celui-ci ou celle-là. Je te prie pour lui ou pour elle ». Prier pour la personne contre laquelle nous sommes irrités, c’est un beau pas vers l’amour, et c’est un acte d’évangélisation ». Mais il y en a qui s’entête dans leur rancune. Et voici ce que nous raconte Maria Simma.
Maria Simma, une Autrichienne morte en 2004, qui avait le don de rencontrer les âmes du Purgatoire, nous dit dans son entretien avec Sœur Emmanuel Maillard (P.20-21) : « Contre la charité (= contre l’Amour), il y a les péchés tels que nos rejets de certaines personnes que nous n’aimons pas, nos refus de faire la paix, nos refus de pardonner et toutes les rancunes que nous entretenons ». Et Sœur Emmanuel nous raconte : « une femme que Maria Simma connaissait très bien mourut. Elle se retrouva dans le Purgatoire le plus terrible, avec d’affreuses souffrances. Quand elle (son âme) est venue voir Maria, elle lui a raconté pourquoi: elle avait une amie avec laquelle il y avait une inimitié très grande, c’est-à-dire un sentiment d’antipathie, d’hostilité, de haine. Cette inimitié était due à elle-même. Elle avait entretenu cette inimitié pendant des années alors que cette personne à plusieurs reprises était venue lui demander la réconciliation et la paix. Elle avait refusé chaque fois, jusque sur son lit de mort ». Et c’est pour cette raison que cette âme se retrouve dans le Purgatoire le plus terrible qui soit. Ce fait est très significatif: la rancune entretenue mène au pire. Lorsque le 5ème commandement nous dit : « tu ne tueras pas », cela concerne tous les sentiments qui viennent en amont de l’acte de « tuer » : depuis la parole méchante, la colère, la dispute, la haine, la violence (physique ou verbale), la rancune qui peuvent mener vers l’acte de « tuer » soit physiquement soit moralement. Avoir des sentiments de ce genre ne vient pas de Dieu. Et dire qu’il y a des gens qui viennent communier dans cet état de mauvais sentiments qui n’arrêtent pas de les ronger depuis des jours et des jours sinon des mois ou des années. On ne peut pas garder rancune envers des personnes et communier ensuite comme si de rien n’était. Saint Jean Paul II écrivait dans « Ecclesia de Eucharistia – §36 » : « Avec toute la force de son éloquence, saint Jean Chrysostome exhortait les fidèles: « Moi aussi, j’élève la voix, je supplie, je prie et je vous supplie de ne pas vous approcher de cette table sainte avec une conscience souillée et corrompue. Une telle attitude en effet ne s’appellera jamais communion, même si nous recevions mille fois le corps du Seigneur, mais plutôt condamnation, tourment et accroissement des châtiments ». Si quelqu’un a de la haine pour une personne, c’est que son regard ne se porte que rarement, trop rarement, sinon jamais, sur le Christ. Mettons le Christ dans nos cœurs et cela évitera d’avoir de la rancune.
Et dans l’Evangile d’aujourd’hui, Matthieu nous rappelle qu’il a été dit « œil pour œil, dent pour dent ». Quand les gens prennent cela à la lettre, ils ont tout faux. Car cette expression va dans le sens de la paix et de l’amour et non pas de violence. Avant même que Dieu se révèle au peuple juif, les divers peuples de cette époque connaissaient des guerres de clan, un peu comme la « vendetta » connue en Corse, en Sardaigne ou en Sicile et qui consiste à dire : « Si vous tuez un membre de ma famille, je tuerai deux ou trois membres de la vôtre, et on viendra de nouveau tuer cinq ou six de ma famille, etc…ce qui multiplie rapidement le nombre de morts. En appliquant la consigne « œil pour œil, dent pour dent », le nombre de morts est limité. Après « œil pour œil et dent pour dent », Dieu leur fait savoir dans les dix commandements, qu’il ne faut pas tuer. Plus tard, Dieu leur dira qu’il ne faut pas tenir tête au méchant; puis aimer son prochain, puis encore aimer son ennemi, et enfin être même prêt à donner sa vie pour son ennemi à l’exemple du Christ lui-même mort pour ses propres bourreaux, pour ceux qui l’ont condamné à mort et pour tous les pécheurs du monde entier.
Si le Christ nous dit d’aimer nos ennemis, c’est que c’est possible. Le Christ ne nous demandera jamais de faire une chose qui soit au-dessus de nos moyens. « Aimer nos ennemis » n’est pas possible si nous comptons seulement sur nos sentiments purement humains, c’est-à-dire sans Dieu, car il est évident que si nous nous laissons prendre au jeu des sentiments, personne n’aimera ses ennemis. « Aimer ses ennemis » est surtout une question de volonté offerte par Dieu à qui le demande et qui est forcément donnée par le Christ à qui veut « aimer ses ennemis ». C’est à nous de répondre à l’amour de Dieu en disant au Seigneur « oui, je désire aimer untel que je n’aime pas ». Et il nous donnera force, courage et humilité pour le faire, et le tout en même temps que la paix et l’amour divin. Il nous faudra prier beaucoup pour que notre cœur change et soit réellement rattaché au Christ car il n’y a que Lui qui peut changer nos cœurs. Et si nous ne voulons pas changer notre cœur de haine, de rancune, c’est que nous avons fait aussi le choix de rejeter le Christ, seul capable de nous donner le salut et de continuer à nous enfoncer dans notre orgueil, premier des péchés capitaux. N’oublions pas que nous ne sommes pas grand-chose, encore bien moins qu’un petit chef voulant dominer les autres, mais seulement de la poussière, et que nous ne vivons que par le souffle de Dieu qui dépose en nous la Vie. Et ne pas suivre le Christ en refusant de mettre en pratique ses commandements, en refusant d’aimer, en refusant de pardonner, en refusant de combattre la rancune, ou la haine, c’est refuser la Vie, en tout cas la Vie que Dieu lui-même veut pour nous. Vivre avec le Christ, c’est vivre une vie nouvelle en Dieu. Mettons en pratique ce que nous dit le Lévitique, 1er texte d’aujourd’hui : « N’aie aucune pensée de haine contre ton frère, n’hésite pas à réprimander ton compatriote pour ne pas te charger d’un péché à son égard, ne te venge pas et ne sois pas rancunier : c’est ainsi que tu aimeras ton prochain comme toi-même ». Tout cela s’obtient par la prière qui nous unit au Christ. Sœur Faustine nous dit dans son Petit Journal (§665) : « …toute tendance à la perfection, et toute sainteté consistent à accomplir la volonté de Dieu. …. Recevoir la lumière de Dieu, savoir ce que Dieu veut de nous et ne pas le faire, est un grand outrage envers la Majesté Divine. L’âme qui fait cela mérite que Dieu l’abandonne complétement. Elle ressemble à Lucifer, qui avait une grande lumière mais ne faisait pas la volonté de Dieu. (§1106) Sœur Faustine nous dit encore : « Ce ne sont ni les grâces, ni les apparitions, ni les ravissements, ni aucun don accordé qui mèneront mon âme à la perfection, mais son intime union avec Dieu…. Dieu ne fait jamais violence à notre libre arbitre (Il ne nous forcera jamais à faire sa volonté). Il dépend de nous, d’accepter ou non, la grâce divine, de nous dépend de collaborer avec elle ou de la laisser se perdre. »… Is 55,7 : « Que le méchant abandonne sa voie et l’homme criminel ses pensées, qu’il revienne à Yahvé qui aura pitié de lui, à notre Dieu car il est riche en pardon ».
Le deuxième texte d’aujourd’hui nous dit que l’être humain est temple de Dieu et que l’Esprit de Dieu habite en lui. v.17 : « Si quelqu’un détruit le temple de Dieu, – et c’est ce que fait celui qui a l’esprit de haine, de vengeance et de rancune – celui-là, Dieu le détruira. Car le temple de Dieu est sacré, et ce temple c’est vous ». Que personne ne se trompe lui-même en se croyant plus sage que les autres, car « le Seigneur connaît les pensées des sages de ce monde, il sait qu’elles sont vaines ». Personne ne doit se glorifier de ses succès dans le mal. Sg 1,12: 12 « Ne recherchez pas la mort par les égarements de votre vie et n’attirez pas sur vous la ruine par les œuvres de vos mains ». Saint-Paul dans Col 3,13 : «…supportez-vous les uns les autres et pardonnez-vous mutuellement, si l’un a contre l’autre quelque sujet de plainte; le Seigneur vous a pardonné, faites de même à votre tour ». Il faut savoir reconnaître nos propres faiblesses, nos propres fautes, nos propres péchés pour pouvoir suivre le Christ. Et le remède, c’est la prière et le sacrement de réconciliation, autrement dit la confession afin de sortir de l’être ancien ou du vieil homme que l’on a été pour s’être éloigné de Dieu et avoir de relations nouvelles envers les autres. C’est la vie nouvelle en Jésus-Christ que nous devons mener et y demeurer.
Avec Marie, notre Mère, demandons au Seigneur la grâce de l’humilité pour que jamais nous ne nous considérons comme meilleur que les autres, que nous sachions reconnaître nos faiblesses et d’avoir la force de pardonner afin de renouer avec la capacité d’aimer.