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5ième Dimanche de Pâques – par Père Rodolphe EMARD

Homélie du 5ème dimanche de Pâques / Année C

15 mai 2022

Texte de référence : Jean 13, 31-33a. 34-35

Frères et sœurs, en ce cinquième dimanche de Pâques, Jésus nous donne un commandement : « Je vous donne un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres. »

Resituons bien notre passage d’Évangile : nous sommes à la veille de la mort de Jésus, lors de son dernier repas avec ses disciples. Le commandement de Jésus est un véritable testament. Quel héritage ! Aimer ! Jésus fait de l’amour un commandement. Pourtant, on ne peut pas obliger personne à aimer.

L’amour est un don gratuit qui vient de Dieu. Un don qui doit être reçu pour être redonné constamment. Ce commandement de l’amour définit bien ce qu’est la vie chrétienne.

Aimer ! Un vaste programme et parfois « crucifiant » pour certaines relations. Il est plus facile quelques fois d’aimer des « étrangers » que les membres de sa propre famille. Nous connaissons les difficultés pour aimer…

Aimer demeure cependant une nécessité ! C’est ainsi que le monde nous reconnaîtra comme étant des disciples du Christ. C’est ainsi également que nous glorifions le Christ. En exerçant l’amour fraternel, c’est Dieu lui-même qui agit par nous. En nous aimant, nous faisons grandir le Règne de Dieu parmi nous.

Pour nous aimer les uns les autres comme le Christ nous a aimés, il y a trois « axes » à prendre en compte :

  • Il s’agit d’abord d’accueillir l’amour de Dieu en nous, nous laisser aimer par Dieu.

  • Accueillir cet amour de Dieu suppose de l’aimer en retour. C’est le premier des commandements : « Le Seigneur notre Dieu est l’Unique. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force. » (Dt 6, 4-5).

  • C’est ainsi que nous pourrons diffuser autour de nous cet amour que nous avons reçu de Dieu. Aimer notre prochain, tel est notre vocation chrétienne ! Chacun doit se rappeler que son premier prochain c’est lui-même : s’aimer déjà soi-même pour pouvoir aimer les autres. Comment aimer son prochain sans s’aimer soi-même ?

Laisser Dieu nous aimer, l’aimer en retour, s’aimer soi-même, aimer son prochain : voilà ce qu’est la vie chrétienne !

Aimer, un défi ! Les difficultés sont plus grandes lorsqu’on a été blessé. Le chemin peut être long si la blessure est profonde… Aimer va de pair avec pardonner. Tout comme l’amour, la miséricorde est un don de Dieu. Dieu seul est amour et miséricorde, de ce fait, sans lui, nous ne pouvons pas pardonner. Pardonner est bien une grâce à demander au Seigneur.

Tout comme l’acte d’aimer, celui de pardonner requiert aussi de prendre en compte deux « axes » :

  • D’abord, se laisser pardonner par Dieu, pour pouvoir vivre de sa miséricorde.

  • Savoir se pardonner pour pouvoir pardonner ou plus précisément, pour laisser Dieu faire son œuvre de pardon en nous et par nous.

Frères et sœurs, c’est bien la grâce que nous demandons au Seigneur au cours de cette Eucharistie : la grâce de pouvoir mettre en pratique le commandement de l’amour mutuel.

Le conflit entre la Russie et l’Ukraine nous fait bien percevoir que ce commandement de Jésus n’est pas reçu par toute l’humanité. La haine, la négation, le mépris du prochain sont d’obscures réalités. Le désamour habite aussi nos cœurs…

Que le Seigneur nous donne de croire en la force de l’amour et en celle du pardon. L’amour et le pardon du Christ peuvent renouveler les cœurs des hommes. Se savoir aimé de Dieu, en faire véritablement l’expérience, est une véritable force spirituelle.

C’est à chacun personnellement de s’impliquer pour que l’amour fraternel grandisse autour de lui. Que le Seigneur ressuscité nous donne son Esprit et sa force pour y parvenir. Amen.

Père Rodolphe Emard