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7ième Dimanche de Pâques – par Père Rodolphe EMARD

 

« Qu’ils soient un, comme nous-mêmes » (Jn 17, 11b-19)

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

En ce temps-là,
les yeux levés au ciel, Jésus priait ainsi :
« Père saint,
garde mes disciples unis dans ton nom,
le nom que tu m’as donné,
pour qu’ils soient un, comme nous-mêmes.
Quand j’étais avec eux,
je les gardais unis dans ton nom, le nom que tu m’as donné.
J’ai veillé sur eux, et aucun ne s’est perdu,
sauf celui qui s’en va à sa perte
de sorte que l’Écriture soit accomplie.
Et maintenant que je viens à toi,
je parle ainsi, dans le monde,
pour qu’ils aient en eux ma joie,
et qu’ils en soient comblés.
Moi, je leur ai donné ta parole,
et le monde les a pris en haine
parce qu’ils n’appartiennent pas au monde,
de même que moi je n’appartiens pas au monde.
Je ne prie pas pour que tu les retires du monde,
mais pour que tu les gardes du Mauvais.
Ils n’appartiennent pas au monde,
de même que moi, je n’appartiens pas au monde.

Sanctifie-les dans la vérité :
ta parole est vérité.
De même que tu m’as envoyé dans le monde,
moi aussi, je les ai envoyés dans le monde.
Et pour eux je me sanctifie moi-même,
afin qu’ils soient, eux aussi, sanctifiés dans la vérité. »

– Acclamons la Parole de Dieu.

HOMÉLIE

L’Évangile de ce jour nous donne de réfléchir sur la pratique de la prière. Nous rappelons souvent quels sont les grands axes de la prière :

  • Prière de louange et d’action de grâce, pour remercier le Seigneur ;

  • Prière de pardon ;

  • Prière de demande…

Nos prières sont souvent faites de demandes voir même de beaucoup de demandes. Et parfois, nous pouvons nous entêter dans certaines demandes dont certaines ne sont pas toujours conformes à l’enseignement de Jésus.

Nous nous adressons à bien des saints pour être entendu, exaucé, soulagé de ce qui nous pèse. Cela est légitime. Mais n’oublions que les saints ne sont que des intercesseurs auprès du Christ. Lui seul nous exauce !

Jésus nous exauce selon ce qu’il est, selon son cœur, son amour, son pardon et selon sa liberté divine. L’Évangile nous donne de voir la prière d’un autre angle, pas du nôtre mais de celui de Jésus. Voyons ce qu’il souhaite pour nous dans sa grande prière.

Resituons ce passage : c’est l’ultime prière de Jésus lors de la dernière Cène. Ce passage est propre à Jean. Jésus s’adresse en toute confiance à son Père qui l’a « envoyé dans le monde ».

  • Jésus demande tout d’abord au Père de garder ses disciples unis dans son nom : « Qu’ils soient un» comme le Père et le Fils sont un.

  • Jésus demande ensuite à ce que ses disciples aient la sa joie et qu’ils en soient comblés.

  • Jésus prie le Père pour que ses disciples, sans être retirés du monde, soient gardés du Mauvais.

  • Jésus demande enfin au Père de sanctifier ses disciples dans la vérité, dans sa parole de vérité.

Voilà ce que veut Jésus pour nous. Il va de soi que le Christ nous exaucera en fonction de sa prière pour nous. Nous devons avoir foi que nos prières seront toujours exaucées d’une manière ou d’une autre si nous tendons ce vers quoi Jésus souhaite pour nous. Nous voyons bien que la véritable prière doit prendre en compte plusieurs éléments :

  • Prier avec confiance… Certainement !

  • Prier et travailler pour l’unité dans nos différents milieux de vie : « Qu’ils soient un». Nous comprenons ainsi que toute prière faite au Christ ou à l’un de ses saints et qui demanderait zizanie ou division ne saurait être exaucée !

  • Prier et travailler pour que la joie du Christ demeure en nous. Nous sommes parfois heureux en façade, la joie n’est pas toujours automatique ou à la commande… Cependant, qu’est-ce qui nous rend vraiment heureux ? Je ne parle pas de joie artificielles, superficielles, mondaines, en tous les cas éphémères. Quelle est cette joie qui porte à l’espérance en Jésus-Christ ? Cette joie-là demeure !

  • Prier et travailler pour ne pas être du monde. Il ne s’agit pas de se retirer du monde mais il s’agit de ne pas s’allier à la mentalité mondaine de ce monde.

  • Prier et travailler pour être gardé du Mauvais. C’est la dernière demande du Notre Père : « Mais délivre-nous du Mal » Là encore, toute prière au Christ ou à l’un de ses saints qui demanderait le mal pour son prochain ne saurait être exaucée !

Saint Jean dans la deuxième lecture rappelle le commandement de l’amour : « Bien-aimés, puisque Dieu nous a tellement aimés, nous devons, nous aussi, nous aimer les uns les autres. » (1 Jn 4, 11).

  • Prier et travailler enfin à notre sanctification : devenir saint ! Pour cela, le Christ se sanctifie lui-même. Cette expression est étrange à nos oreilles. Si Jésus est Dieu, il est donc saint : comment peut-il alors se sanctifier ? Dans le langage de Jésus, le verbe sanctifier signifie « mettre à part ». Jésus se met à part, hors de ce monde, lui est dans le monde, sans être du monde. Jésus mis à part pour sauver l’humanité.

Par ailleurs, se sanctifier c’est s’engager à être toujours meilleur pour les autres, pour ce qu’on aime, tout en restant soi-même, en se donnant gratuitement et librement.

Se sanctifier c’est aussi agir selon la Parole de Dieu, Parole de vérité. Nous minimisons parfois la force sanctificatrice de la Parole.

Voilà vers quoi doivent tendre nos différentes prières. Car c’est ainsi que nous pourrons :

  • D’une part, être libéré de nos vieux démons intérieurs, de nos cyclones intérieurs qui nous détruit du dedans comme ces vieilles haines tenaces…

  • D’autre part, avoir foi que Dieu nous exauce toujours dans sa grande bonté.

Frères et sœurs, demandons au Seigneur de nous sanctifier au cours de cette Eucharistie. Préparons nos cœurs à recevoir le Corps du Christ ressuscité, en vue de notre sainteté, le pain de la Vie éternelle.  Amen.