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6ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Père Rodolphe EMARD

Homélie du 6ème dimanche du Temps Ordinaire / Année C

Lectures de référence :

Jr 17, 5-8 ; Ps 1 ; 1 Co 15, 12. 16-20 ; Lc 6, 17. 20-26

Frères et sœurs, les quatre textes de ce sixième dimanche du Temps Ordinaire soulignent clairement que Dieu veut notre bonheur, que nous soyons heureux. Le terme « heureux » revient cinq fois dans les lectures : une fois dans le psaume et quatre fois dans l’Évangile.

Dieu nous appelle donc au bonheur et les lectures de ce dimanche nous donnent de précieuses pistes pour ne pas tomber dans les pièges des « faux bonheurs » du monde, éphémères et qui ne satisfont qu’un temps.

Le bonheur dont il est question n’est pas un bonheur à court terme, il est en vue du Royaume de Dieu, la gloire éternelle du Ciel.

 

►Dans la première lecture, l’oracle du prophète Jérémie nous met face à un choix : mettre sa foi dans un mortel ou mettre sa foi dans le Seigneur. Deux voies nous sont proposées avec des résultats différents :

  • L’homme « qui met sa foi dans un mortel » est « comme un buisson sur une terre désolée, il ne verra pas venir le bonheur ». Il a « pour demeure les lieux arides du désert, une terre salée, inhabitable ». Cet homme-là est « maudit ».

  • L’homme « qui met sa foi dans le Seigneur» est « comme un arbre, planté près des eaux, qui pousse, vers le courant… », un arbre verdoyant qui « ne manque pas de porter du fruit ». Cet homme-là est « béni ».

L’homme « qui met sa foi dans un mortel » : entendons par-là, l’homme qui met sa foi dans l’esprit du monde, sa foi en lui-même, ne comptant que sur ses propres forces. Ou encore cette foi de l’homme en ce qui concerne le savoir, le pouvoir et l’avoir, recherchés uniquement pour soi-même…

Certains de ces aspects peuvent nous concerner tous. La Parole de Dieu nous avertit aujourd’hui…

►Nous avons proclamé le Psaume 1. Notons que le premier mot du psautier (qui contient 150 psaumes) commence par le terme « heureux ». Nous avons une béatitude dans ce Psaume : « Heureux est l’homme qui (…) se plaît dans la loi du Seigneur et murmure sa loi jour et nuit ! »

Cela n’est pas sans nous rappeler que la loi du Seigneur nous est communiquée dans les saintes Écritures. Sans nous y référer, nous risquons de louper le chemin du bonheur. D’où l’importance que nous rappelons sans cesse de méditer la Parole de Dieu.

►Dans la deuxième lecture, Paul nous donne une belle catéchèse sur la résurrection, celle du Christ et celle des morts. Si nous nions la résurrection du Christ, notre foi « est sans valeur ». Paul proclame haut et fort que « le Christ est ressuscité d’entre les morts » et qu’il est le gage de notre propre résurrection à venir.

Voilà notre vrai bonheur ! L’espérance de la résurrection qui a commencé à notre baptême, telle est l’heureuse nouvelle que nous devons vivre et annoncer.

►Dans l’Évangile, nous avons le récit des Béatitudes de Luc. La version de Luc diffère de celle de Matthieu :

  • D’un point de vue géographique. Chez Luc, Jésus enseigne sur « un terrain plat » et chez Matthieu, Jésus enseigne sur la montagne.

  • D’un point de vue numérique. Chez Luc, il y a quatre Béatitudes alors que chez Matthieu, il y en a neuf.

Comme le prophète Jérémie, Jésus nous met également face à un choix. Ce choix est du même registre que celui de Jérémie :

  • Soit mettre sa foi dans la richesse, les plaisirs immédiats et l’arrogance.

  • Ou soit consentir à des situations -certes- moins valorisantes comme la pauvreté, pour laisser le Règne de Dieu grandir en nous. « Heureux » sont ceux qui choisissent cette voie !

Mais « malheur » à ceux qui mettront leur foi en ce monde : les riches, ceux qui sont repus, les rieurs, ceux qui se complaisent dans les compliments de façade. On pourrait aussi ajouter ceux qui sont portés par l’insouciance, par un « carpe diem » cherchant surtout à assouvir tous ses désirs de l’instant présent, la jouissance à outrance. Tout cela n’amènera pas au vrai bonheur sans fin !

S’il y a quatre Béatitudes, il y a aussi quatre mises en garde par ce terme « malheur ». Il ne faut pas se tromper de sens sur ce mot. Il ne s’agit pas d’une malédiction de Jésus mais d’une lamentation : Jésus déplore des attitudes… Il invite ainsi à la conversion…

Que cette Eucharistie nous éclaire frères et sœurs ! Qu’elle nous aide à faire la pleine vérité sur nos actes et nos paroles. Que nous puissions davantage prendre en compte que notre vrai bonheur se trouve dans le Christ, la résurrection et la Vie. Amen.