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Solennité de l’Assomption de la Vierge Marie – par Claude WON FAH HIN

Commentaire du samedi 15 Août 2020 – Assomption

Ne confondons pas l’Ascension et l’Assomption.  L’Ascension a lieu quarante jours après Pâques, et c’est Jésus-Christ qui monte au Ciel. A l’Assomption, c’est Marie qui monte vers le Ciel. CEC 966  » …la Vierge immaculée, préservée par Dieu de toute atteinte de la faute originelle, ayant accompli le cours de sa vie terrestre, fut élevée corps et âme à la gloire du ciel ». Aujourd’hui, nous allons essayer tout simplement de mieux connaître Marie. Certains chrétiens pensent encore que Marie, parce qu’elle est la Mère de Jésus, tient la première place devant Jésus, eh bien ! non, c’est Jésus qui est toujours le personnage central pour tous les chrétiens et pour le salut du monde. C’est grâce à Jésus que Marie est née sans péché originel. Jésus qui est sans péché ne pouvait pas naître d’une femme qui aurait été victime du péché originel, car le péché originel se transmet de génération en génération et Jésus n’a pas de péché. Il fallait donc bien une femme qui soit immaculée de tout péché pour être la Mère de Jésus.  Marie est celle qui est « comblée de grâces », et si elle est « comblée de grâces », en elle il n’y a que des grâces divines depuis sa conception, et donc pas de place pour le péché originel. – A l’incarnation, Dieu le Père aurait pu envoyer son Fils directement sur terre à l’âge d’homme – Il en a les capacités – mais nous dit Saint Augustin : « Le monde étant indigne de recevoir le Fils de Dieu directement des mains du Père, il l’a donné à Marie afin que le monde le reçut par elle ». Le Fils est donc venu sur terre par Marie et c’est certainement le meilleur chemin qu’il a choisi pour venir à nous. [Grignion de Monfort – « Traité de la Vraie dévotion à la Sainte Vierge » – §39] Si Dieu a eu besoin de Marie pour venir sur terre – un besoin hypothétique –  Marie est encore plus nécessaire aux hommes pour aller à Dieu.

Certains chrétiens ont un doute quant à savoir s’il faut prier Jésus ou s’il faut prier Marie. Lorsqu’ils entrent dans une église, certains s’agenouillent directement dans l’allée principale, face au Tabernacle, d’autres vont directement devant Marie. Et de nombreuses personnes pensent qu’il est plus logique de s’agenouiller devant Jésus d’abord, quitte à aller ensuite devant Marie. En fait, notre ignorance de Marie nous joue des tours. Voici que ce nous dit Saint Louis-Marie Grignion de Monfort (que je traduis dans un langage plus adapté à notre époque): « 63. …la plupart des chrétiens, même des plus savants, ne connaissent pas le lien qui existe entre Jésus et Marie. 64. Il est étonnant et pitoyable de voir l’ignorance … de tous les hommes d’ici-bas à l’égard de Marie. Je ne parle pas tant des idolâtres et païens, ni même des hérétiques et des schismatiques, mais je parle des chrétiens catholiques, et même des docteurs parmi les catholiques, qui faisant profession d’enseigner aux autres les vérités, ne connaissent pas Marie, si ce n’est d’une manière spéculative, sèche, stérile et indifférente. Ces messieurs ne parlent que rarement de Marie et de la dévotion qu’on lui doit avoir parce qu’ils craignent, disent-ils, qu’on en abuse, qu’on fasse injure au Christ en honorant trop notre sainte Mère. S’ils voient ou entendent quelque dévot à la Sainte Vierge parler souvent de la dévotion à cette bonne Mère, d’une manière tendre, forte et persuasive, comme d’un moyen assuré sans illusion, d’un chemin court sans danger, d’une voie immaculée sans imperfections, et d’un secret merveilleux pour trouver et aimer parfaitement notre Seigneur le Christ, ils se récrient contre lui, et lui donnent mille fausses raisons pour lui prouver qu’il ne faut pas tant parler de la Sainte Vierge, qu’il y a beaucoup d’abus en cette dévotion, et qu’il faut s’appliquer à les détruire, et à parler de Jésus-Christ plutôt qu’à porter les peuples à la dévotion à la Sainte Vierge.

On les entend parfois parler de la dévotion à notre Sainte Mère, non pas pour la mettre en place, mais pour en détruire les abus qu’on en fait, … regardant le Rosaire, le Scapulaire, le Chapelet, comme des dévotions de femmelettes, propres aux ignorants, sans lesquels on peut se sauver; et s’il tombe en leurs mains quelque dévôt à la Sainte Vierge (c’est-à-dire un fervent de la Sainte Vierge), qui récite son chapelet ou ait quelque autre pratique de dévotion envers elle, ils lui changeront bientôt l’esprit et le cœur: au lieu du chapelet, ils lui conseilleront de dire les sept psaumes de la pénitence; au lieu de la dévotion à la Sainte Vierge, ils lui conseilleront la dévotion à Jésus-Christ. Ces gens-là n’ont pas l’esprit du Christ et ne font pas plaisir au Christ non plus. Ce n’est pas plaire au Christ que de ne pas faire tous ses efforts pour plaire à Marie… La dévotion à notre Sainte Mère n’empêche pas la dévotion au Christ. Marie ne s’attribue pas l’honneur qu’on lui rend. Elle ne fait pas bande à part.  Ce n’est pas se séparer ou s’éloigner de l’amour du Christ que de se donner à Marie et de l’aimer. 75…

La Sainte Vierge est le moyen dont le Seigneur s’est servi pour venir à nous ; c’est aussi le moyen dont nous devons nous servir pour aller à Lui, car elle n’est pas comme les autres créatures, auxquelles si nous nous attachions, elles pourraient plutôt nous éloigner de Dieu que de nous en approcher ; mais la plus forte inclination de Marie est de nous unir à Jésus-Christ, son Fils, et la plus forte inclination du Fils est qu’on vienne à Lui par sa Sainte Mère. C’est Lui faire honneur et plaisir que devenir à Lui en passant d’abord par sa Sainte Mère. 19…Jésus a commencé ses miracles par Marie. C’est par la parole de Marie que Jésus a sanctifié Saint Jean dans le ventre de sa mère Elisabeth : aussitôt qu’elle eût parlé, Jean fut sanctifié, et c’est son premier et plus grand miracle de grâce. Aux noces de Cana, Jésus changea l’eau en vin sur l’humble prière de Marie. Et jusqu’à la fin des temps, Jésus continuera de faire de nombreux miracles par Marie. 23…Dieu le Père a fait de Marie un assemblage de toutes ses grâces ; en Marie se trouve tout ce qu’il y a de plus beau, d’éclatant, de rare, de précieux tel que son Fils 24…Dieu le Fils a communiqué à sa Mère tout ce qu’Il a acquis par sa vie et sa mort, ses mérites infinis et ses vertus admirables, et Il l’a faite Trésorière de tout ce que son Père lui a donné en héritage ; c’est par elle qu’il communique ses vertus et distribue ses grâces à ses membres. 25 Dieu le Saint Esprit a communiqué à Marie ses dons ineffables, intraduisibles en termes claires et l’a choisie pour être la dispensatrice de tout ce qu’il possède : en sorte qu’elle distribue à qui elle veut, autant qu’elle veut, comme elle veut et quand elle veut, tous ses dons et ses grâces, et tous les dons célestes donnés aux hommes passent par les mains de Marie. Si le Christ a tous les pouvoirs divins par nature, Marie les a aussi par grâce de Dieu, par don de Dieu : Marie est reine du ciel et de la terre par grâce comme Jésus en est le roi par nature. 27 Bien que Marie soit infiniment au-dessous de son Fils, ce dernier qui est à la droite du Père est toujours le Fils de Marie, et par conséquent, il a conservé la soumission et l’obéissance du plus parfait de tous les enfants à l’égard de la meilleure de toutes les mères. Un seul mot de Marie à son Fils, en faveur de quelqu’un, et son Fils l’exaucera. Marie ne commande pas son Fils comme une mère le fait ici sur terre, car étant comblée de grâce et d’amour, elle ne veut, ni ne fait rien qui soit contraire à l’éternelle et immuable volonté de Dieu.

Aimez Marie et elle vous conduira au Ciel avec son Fils. – Dieu veut pour nous la sainteté, mais pour cela nous avons besoin des grâces divines, car personne ne peut y arriver seul. Les moyens de salut et de sainteté sont connus de tous, écrits dans l’Evangile, expliqués par les maîtres de la vie spirituelle, pratiqués par les saints et nécessaires à tous ceux qui veulent être sauvés et arriver à la perfection. Ces moyens sont : l’humilité de cœur, l’oraison continuelle (c’est-à-dire prière continuelle), la mortification universelle (c’est-à-dire se détacher de tout ce qui n’est pas Dieu), l’abandon à la Providence divine et agir en faisant la volonté de Dieu. Et là, la grâce et le secours de Dieu sont absolument nécessaires. Saint-Louis Marie Grignion de Monfort nous dit que pour avoir les grâces divines, il faut passer par Marie parce qu’elle est la seule à trouver grâce aux yeux de Dieu, elle qui a donné naissance au Fils de Dieu, lui-même étant l’Auteur de toutes les grâces. Dieu le Père lui a donné toutes les grâces et l’a choisie pour en être la trésorière, l’économe et la dispensatrice et tous les dons passent par ses mains qu’elle donne à qui elle veut, comme elle veut, quand elle veut et autant qu’elle veut, les grâces du Père Eternel, les vertus de Jésus-Christ et les dons du Saint-Esprit. Mais tous ces trésors offerts par Dieu aux chrétiens désireux de suivre le Christ, chrétiens si fragiles, si faibles, si inconstants, bousculés par toutes sortes de tentations, submergés de problèmes divers, ces trésors, nous risquons de les perdre très vite. En effet, les esprits du mal, les démons, qui sont de fins larrons, des malfaiteurs, veulent toujours nous surprendre à l’improviste pour nous les voler et dévaliser. Ils épient nuit et jour le moment favorable pour nous enlever, en une seconde, par un péché, tout ce que nous avons pu gagner de grâces, de vertus et de dons en plusieurs années.  Et personne n’est exclue : même les personnes les plus riches en vertus, les plus fondées en expérience, les plus élevées en sainteté que nous, ont été surprises, volées et pillées. Et nous pouvons tout perdre parce que nous manquons d’humilité, nous nous croyons assez forts de notre suffisance, nous nous croyons capables de garder personnellement nos trésors, nous ne comptons que sur nous-mêmes. C’est pour cela que nous devons placer nos trésors en lieu sûr et ce lieu sûr, imprenable par les esprits malfaisants, c’est Marie elle-même, chargée d’écraser la tête de l’Esprit du Mal. Il faut tout mettre entre les mains de Marie : nos biens, nos familles, notre corps, notre cœur, notre âme, notre esprit, les grâces, les vertus, les dons reçus, tout dans les mains de Marie. Elle est la gardienne de tout ce que nous avons de précieux. Elle pourra nous les remettre selon nos besoins du moment, tout comme la banque qui nous remet notre propre argent quand nous en avons besoin.  Marie ne va pas se contenter de nous les garder, elle pourra même les faire fructifier pour nous. En effet, entre ses mains, Marie va nous transformer, elle va prendre soin de chacun de nous, elle va nous décrasser, enlever tout ce qui est boueux dans notre cœur, âme et esprit, nous parfumer de vertus, de grâces et de dons divers, elle va nous mettre en valeur pour que nous soyons véritablement « relookés » – pour employer un terme à la mode – et nous présenter enfin…à son Fils bien-aimé Jésus-Christ pour un bonheur éternel. Tout ce qui vient d’être dit ici, n’est qu’une toute petite partie de ce qu’est Marie. Après Dieu, c’est Marie.

Fréquentez Marie tous les jours, elle vous transformera, elle vous protégera. Si vous avez de l’inquiétude, de l’angoisse, ou le stress, plongez-vous en Marie, Mère de Dieu, en disant simplement trois « je vous salue Marie » bien lentement, et votre inquiétude ou votre angoisse aura disparu avant même d’avoir terminé le premier « je vous salue Marie ». Faites l’expérience et vous jugerez par vous-même. A chaque inquiétude, à chaque angoisse, à chaque tentation, trois « je vous salue Marie ». Car derrière cette inquiétude, derrière cette angoisse, derrière ce stress, nous laisse entendre Padre Pio, il y un esprit du mal qui prendra vite le large. Il n’aime pas Marie. Cette prière est une très grande prière. Dites cette prière très souvent surtout au moment des tentations, et aussi le chapelet ou encore le Rosaire. Merci, Seigneur, de nous avoir donné Marie pour Mère. Rappelons simplement, pour terminer, que Jean Paul II disait de Grignion de Monfort que « la substance des vérités théologiques contenues dans le traité de cet auteur de classe…est incontestable ».