4ième Dimanche de Pâques – par Claude WON FAH HIN

Commentaire du samedi 24 Avril et Dimanche 25 Avril 2021

 Actes 4 8–12 ; 1Jean 3 1–2 ; Jean 10 11–18

Le thème du Pasteur et du troupeau n’est pas nouveau. Dans l’Ancien Testament, Dieu est le Berger et la Pierre d’Israël, le rocher sur lequel s’appuie le peuple d’Israël (Gn 48,15 ; 49,24 ; Ps 23,1). Au Ps 80,2, Dieu est le Pasteur d’Israël, c’est Lui qui dirige le troupeau. Mais bon nombre de personnalités importantes tels que les Juges, c’est-à-dire des Sauveurs, des héros libérateurs (2S7,7), les chefs du peuple (Jr 2,8), les princes des nations (Jr 25,34s ; Na 3,18 ; Is 44,28) recevaient aussi le titre de pasteurs. Ceux-là ne prenaient pas soin de leur troupeau. Voici ce que Dieu leur dit (Ez 34,3.4.8-16) : 3Vous vous êtes nourris de lait, vous vous êtes vêtus de laine, vous avez sacrifié les brebis les plus grasses, mais vous n’avez pas fait paître le troupeau. 4Vous n’avez pas fortifié les brebis chétives, soigné celle qui était malade, pansé celle qui était blessée. Vous n’avez pas ramené celle qui s’égarait, cherché celle qui était perdue. Mais vous les avez régies avec violence et dureté. 5 Elles se sont dispersées, faute de pasteur, pour devenir la proie de toute bête sauvage ; elles se sont dispersées. 6Mon troupeau erre sur toutes les montagnes et sur toutes les collines élevées, mon troupeau est dispersé sur toute la surface du pays, nul ne s’en occupe et nul ne se met à sa recherche… 8Par ma vie, oracle du Seigneur Yahvé, je le jure : parce que mon troupeau est mis au pillage et devient la proie de toutes les bêtes sauvages, faute de pasteur, parce que mes pasteurs ne s’occupent pas de mon troupeau, parce que mes pasteurs se paissent eux-mêmes sans paître mon troupeau… 10 …. Je leur reprendrai mon troupeau et désormais, je les empêcherai de paître mon troupeau. Ainsi les pasteurs ne se paîtront plus eux-mêmes. J’arracherai mes brebis de leur bouche et elles ne seront plus pour eux une proie. 11 …Voici que j’aurai soin moi-même de mon troupeau et je m’en occuperai.12Comme un pasteur s’occupe de son troupeau, quand il est au milieu de ses brebis éparpillées, je m’occuperai de mes brebis. Je les retirerai de tous les lieux où elles furent dispersées, au jour de nuées et de ténèbres.13Je leur ferai quitter les peuples où elles sont, je les rassemblerai des pays étrangers et je les ramènerai sur leur sol. Je les ferai paître sur les montagnes d’Israël, dans les ravins et dans tous les lieux habités du pays. 14 Dans un bon pâturage je les ferai paître, et sur les plus hautes montagnes d’Israël sera leur pacage (= le lieu où ils vont paitre). C’est là qu’elles se reposeront dans un bon pacage ; elles brouteront de gras pâturages sur les montagnes d’Israël ».

Dieu vient donc au sein même de son troupeau, et il vient en la personne de son Fils pour être au milieu de son peuple. Mt 2,6 : « …de toi, Bethléem, sortira un chef qui sera pasteur de mon peuple Israël ». Et Jésus nous dit en   Jn 10,30 : « le Père et moi, nous sommes UN ». Jn 14,9 : « Qui m’a vu a vu le Père ». Si nous voyons le Fils… « miséricordieux », alors nous voyons le Père… « miséricordieux ». Si nous voyons le Fils comme le Bon Pasteur alors nous voyons aussi le Père comme Bon Pasteur parce durant toute sa vie sur terre, le Fils n’a fait que la volonté de son Père (Jn 5,30) : « …. Je ne cherche pas ma volonté, mais la volonté de celui qui m’a envoyé ». C’est pourquoi lorsque Jésus dit « Moi, je suis le Bon Pasteur », c’est le Père qui vient au milieu de son troupeau par son Fils bien-aimé. Et ses auditeurs comprenaient tout de suite ce que cela pouvait signifier. Le berger qui dirige son troupeau présente deux aspects : il est à la fois un chef et un compagnon.

En tant que chef, il guide, il donne un but, une direction et défend son troupeau contre les divers dangers (1S17,34-37 ; Mt 10,16 ; Ac 20,29). Le troupeau de Jésus est l’Eglise dont il est à la fois le chef et le Corps, Corps composé de disciples qui en sont les membres. A ceux qui sont déjà au sein de l’Eglise, Jésus leur a envoyé son Esprit Saint. Et l’Esprit Saint n’a pas besoin que nous soyons spécialement instruits, comme Pierre et Jean qui étaient eux-mêmes des gens sans instruction ni culture (Ac 4,13), pour, à notre tour, évangéliser afin que d’autres brebis fassent aussi partie de l’Eglise, car nous dit Jésus (Jn 10,16) : « J’ai encore d’autres brebis qui ne sont pas de cet enclos ; celles-là aussi, il faut que je les mène ; elles écouteront ma voix ; et il y aura un seul troupeau, un seul pasteur ». Ces autres brebis doivent donc être aussi dans cette bergerie appelée Eglise pour ne former qu’un seul troupeau avec le seul pasteur envoyé par le Père, Jésus-Christ. L’Église est l’instrument du salut que Jésus a mis en place pour le salut du monde. Chef de l’Eglise, le Pasteur nous donne une direction et un but : le Royaume de Dieu. Il nous donne des instruments du salut : l’Eglise, La Bible, tous les sacrements. Il nous donne les armes : les prières, dont le rosaire, l’oraison et la prière de l’Eglise avec la « Prière du temps présent » que certains connaissent et qui est composée de psaumes, les grâces reçues depuis notre baptême et tous ses commandements, ses conseils, ses enseignements sur l’amour, l’humilité, la solidarité, le pardon, et bien d’autres vertus. Avec les sacrements du baptême, de la réconciliation, et de l’Eucharistie, il nous donne les moyens de vaincre le péché et de partager sa vie. Tout ce que le Christ nous donne nous permet de nous unir à Lui, et le plus important c’est d’aimer. Dieu nous offre son Amour afin que nous puissions à notre tour le partager avec d’autres. Et si nous voulons aimer, évitons de porter des jugements sur les uns et les autres. A l’exemple de Jésus face à la femme adultère (Jn 8,1-11), on peut toujours condamner une mauvaise action, mais pas la personne qui l’a commise. A la femme adultère sur qui personne n’a voulu jeter la première pierre, Jésus lui dit (Jn8,11) : « Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, désormais, ne pèche plus ». « L’Évangile enseigne la justification du pécheur, (et) non du péché, c’est pourquoi, nous devons aimer le pécheur mais haïr le péché » (Cardinal Walter Kasper – La Miséricorde – P.19). Dieu, en effet, condamne le mal, le péché, les mauvaises actions mais jamais le pécheur qu’on peut toujours pardonner. Le Christ, qui nous a donné tout cela, n’a pas seulement enseigné d’une manière théorique, il nous a donné l’exemple concret en vivant parmi nous. Il sait donc de quoi il parle. Les saints sont des exemples de personnes qui ont bien réussi à mettre en pratique les enseignements du Christ. Et cela montre que ses enseignements ne sont pas hors de notre portée. Jésus est le Bon Pasteur. Bon au sens de bonté, parce qu’il est Amour et l’amour véritable ne fait jamais de mal à personne. Tout le monde sait que Jésus a même pardonné aussi à ses bourreaux.

Le Bon Pasteur, en tant que compagnon, fait équipe avec son troupeau, prend soin de ses brebis (Ps 27,23), parfois porte certains agneaux dans ses bras (Is 40,11), s’adapte à leur situation (Gn 33,13s), il vient au secours des brebis sans berger (2Ch18,16 ; Mt 9,36 ; Mc 6,34), rassemble les brebis dispersées (Is 53,6). Le vrai pasteur donne sa vie pour ses brebis, c’est qu’a fait Jésus, à l’inverse du mercenaire qui est payé pour surveiller le troupeau. « 12 Le mercenaire, qui n’est pas le pasteur et à qui n’appartiennent pas les brebis, voit-il venir le loup, il laisse les brebis et s’enfuit, et le loup s’en empare et les disperse. 13 C’est qu’il est mercenaire et ne se soucie pas des brebis ». Non seulement Jésus dépose sa vie pour ses brebis, mais il envisage de ramener d’autres brebis dans son troupeau. « Si le monde ne nous connaît pas, c’est qu’il n’a pas connu le Père ». C’est pourquoi Le Christ nous envoie évangéliser de par le monde pour faire connaître ce Dieu-Père, mais pas besoin d’aller loin pour cela, parce que le monde commence autour de nous. Arrêtons de dire « moins lé pas capable », « moins l’a pas fait des études bibliques ou théologiques » bien que cela soit utile. Pierre et Jean aussi étaient des gens sans instruction ni culture, ils ont pourtant été choisis par le Christ pour évangéliser.

« Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et leur dit : Recevez l’Esprit Saint ». » Jean 20,22

Lorsque Jésus nous envoie l’Esprit Saint, peu importe nos capacités, parce que l’Esprit agit au moment même où l’on évangélise. Lorsque l’on enseigne au Sedifop, les participants posent toutes sortes de questions, parfois hors du thème du jour. Et le formateur, qui ne connaît pas tout…comme tout le monde, répond aux questions, et ces questions il ne les connaît pas à l’avance. Le formateur lui-même est parfois étonné des bonnes réponses qu’il fournit aux participants. D’où lui viennent ces bonnes réponses sinon de l’Esprit de Dieu ? – Etienne, lui, avait des opposants et voici ce que nous racontent les Actes des Apôtres (6,8-10) : 8 Étienne, rempli de grâce et de puissance, opérait de grands prodiges et signes parmi le peuple. 9 Alors intervinrent des gens de la synagogue …. Ils se mirent à discuter avec Étienne, 10 mais ils n’étaient pas de force à tenir tête à la sagesse et à l’Esprit qui le faisaient parler ». C’est l’Esprit Saint qui faisait parler Etienne. Jn 15,26 : « Je vous enverrai l’Esprit de Vérité qui procède du Père ». « Il vous enseignera toute chose » (Jn 14,26), « il vous fera accéder à la vérité toute entière » (Jn 16,13). – C’est pourquoi, avant d’aller former les gens, ou d’évangéliser, il faut prier le Seigneur de vous envoyer l’Esprit Saint et c’est valable aussi pour les catéchistes. – Voici quelques conseils tirés du livre « Le Manuscrit du Purgatoire », témoignage écrit d’une âme du Purgatoire et recueilli par le Sanctuaire de Montligeon : « P.26 : Avant chaque action, recueillez-vous un moment en vous-même pour voir si ce que vous allez faire va lui être agréable (à Jésus Christ). P.33 : « Ne faites jamais rien, sans vous recueillir un instant, et sans demander avis à votre Jésus qui est dans votre cœur ». P.35 : « Faites toutes vos actions sous le regard du bon Dieu…Consultez-le avant tout ce que vous avez à faire ou à dire ». Et que fait Jésus ? Il nous envoie l’Esprit Saint, comme c’est souvent le cas dans les actes des Apôtres. Ac 2,17-18 : « 17 Il se fera dans les derniers jours, dit Dieu, que je répandrai de mon Esprit sur toute chair. Alors vos fils et vos filles prophétiseront…. 18 Et moi, sur mes serviteurs et sur mes servantes je répandrai de mon Esprit ». « J’ai encore d’autres brebis qui ne sont pas de cet enclos ; celles-là aussi, il faut que je les mène ». Voilà pourquoi, Jésus a mis à notre disposition les moyens déjà évoqués que sont les instruments du salut, les armes spirituels, les grâces sans lesquelles nous ne pouvons rien car tout nous vient de Dieu, les commandements, les conseils, les exemples, etc…L’amour qu’il a déjà mis dans le cœur de chacun d’entre nous devrait suffire pour commencer à évangéliser. Puisque l’Esprit de Dieu parle par la voix de ses fidèles, Jésus nous affirme : « elles (c’est-à-dire « les autres brebis qui ne sont pas de cet enclos ») écouteront ma voix ». Et plus nous prions, plus nous aurons envie de nous former, plus nous serons capables d’évangéliser, et nous serons aussi les premiers bénéficiaires de nos actions envers les autres.  N’ayons pas honte de notre foi. Mettons-nous au service de l’Église. Et remercions Marie pour toutes ses prières en notre faveur.

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