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19ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (Jn 6, 41-51)

Évangile selon saint Jean 6, 41-51

 

« Moi, je suis le pain vivant,

qui est descendu du ciel. »

 

La semaine dernière, la première lecture nous parlait de la manne donnée par Dieu pour que son peuple puisse continuer à vivre dans le désert. Cette semaine, c’est le prophète Elie qui n’en peut plus, moralement et physiquement, et qui s’allonge en demandant à Dieu de lui reprendre la vie, et s’endors. Par deux fois il est réveillé par un ange qui lui ordonne de manger du pain et boire de l’eau pour qu’il puisse aller à la rencontre du Seigneur. C’est le pain qui redonne courage et force pour continuer la mission, pour ne pas se laisser aller à la mort.

Le pain que propose Jésus, dans l’évangile, n’est pas pour nous permettre de ne pas mourir physiquement, mais il nous permet de passer la mort physique pour aller vers la vie éternelle. Et c’est une certitude, Jésus l’affirme : « Il a la vie éternelle, celui qui croit. ». Le verbe est au présent, et pas au futur ; dès maintenant, au cours de notre vie terrestre, nous avons déjà la vie éternelle ; à une condition toutefois : que nous croyons !

Dans ce court extrait de l’évangile, par trois fois Jésus parle du « pain descendu du ciel », mais avec chaque fois une petite différence.

La première fois, il dit : « Moi, je suis le pain qui est descendu du ciel. ». En fait, il n’avait pas dit exactement cela, mais c’est ce qu’on retenu les gens qui l’écoutaient : ils n’avaient seulement retenu qu’il parlait de pain, et qu’il venait du ciel. Pour eux, il est le seul concerné. Mais pas eux. Ils ne comprennent pas ce qu’il veut dire.

La deuxième fois, « Moi, je suis le pain de la vie », celui qui donne la vie. Et ici, c’est tout le monde qui est concerné, et pas seulement lui. Et une vie qui dure même après la mort …

La troisième fois, « Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel ». Cette fois-ci, cela ne concerne que Jésus. Mais si Jésus insiste sur le fait qu’il est vivant, c’est pour signifier qu’il va mourir et que le pain qu’il va donner, c’est sa « chair, donnée pour la vie du monde. ».

Cette dernière phrase donnera lieu à une nouvelle incompréhension entre les juifs et Jésus, que nous verront la semaine prochaine.

Mais revenons sur l’incompréhension du début de cet évangile. Comment Jésus peut-il affirmer qu’il est descendu du ciel alors que, eux, les juifs, ils connaissent d’où il vient : de Nazareth ! Ils connaissent ses parents : Joseph et Marie ! Certains l’ont connu lors de sa vie cachée. Enfants, ils ont joué avec lui. Ils sont allés à la synagogue ensemble, ils lui ont commandé du travail. Comment peut-il dire des choses pareilles ?

Jésus lui-même l’a dit : « Un prophète n’est méprisé que dans son pays, sa parenté et sa maison. » (Mc 6,4). Et même encore maintenant, on comprend fort bien la réaction des juifs. Surtout dans un cas comme celui-ci qui mélange des éléments qui viennent du ciel, la demeure des ‘dieux’, et des gens de la terre. Les faits paraissent toujours suspects, on se méfie, on se demande si les gens ont bien toute leur tête …

On a bien du mal à croire ceux qui disent avoir vu une soucoupe volante, ou qui disent avoir vu ou avoir été enlevés par des extra-terrestres…

On a du mal à y croire, surtout si on est catholique. Et surtout si ça touche la religion.

Quelle a été la réaction des gens de Lourdes quand Bernadette dit qu’elle a vu une belle dame à Massabielle ? Les parents lui interdisent de retourner à la grotte, on la traite de folle, la population est partagée entre ceux qui croient que Bernadette a vu une personne, la Vierge, et ceux qui pensent qu’elle affabule. Et il faudra attendre que la belle dame dise son nom pour que les prêtres de la paroisse la prennent en considération. Même chose au début pour les voyants de Fatima… Sans parler des ‘apparitions’ de Medjugorje qui durent depuis 27 ans et pour lesquelles aucune décision officielle n’a encore été formulée de la part de l’Église sur leur véracité : il y a ceux qui y croient, et ceux qui n’y croient pas …

« Prenez un bel arbre, son fruit sera beau ; prenez un arbre qui pourrit, son fruit sera pourri, car c’est à son fruit qu’on reconnaît l’arbre. » (Mt 12,33).

Mais il faut parfois  beaucoup de temps pour que l’arbre porte un fruit, … et qu’on puisse apprécier ce fruit en termes spirituels. Parlant des faux prophètes, Jésus dit : « C’est à leurs fruits que vous les reconnaîtrez. » (Mt 7,16). Et l’on se souvient de l’engouement qui a suivi les ‘révélations’ du ‘Petit lys d’amour’, malgré les mises en garde de l’évêque, et ce qu’il en est advenu par la suite…

Que les juifs ne comprennent pas Jésus, c’est tout à fait compréhensible. Jésus lui-même le dit : « Celui qui est de la terre est terrestre, et il parle de façon terrestre. Celui qui vient du ciel est au-dessus de tous, il témoigne de ce qu’il a vu et entendu, et personne ne reçoit son témoignage. » (Jn 3,31-32).

Pour nous, il s’agit de recevoir le témoignage de Jésus, de croire en lui, de croire qu’il nous donne la vie éternelle par ce pain qu’il nous invite à manger, « sa chair donnée pour la vie du monde. ».

Et comme pour Elie, il faudra le reprendre, une fois, deux fois, … une multitude de fois, « car il est long le chemin qui te reste » pour rencontrer Dieu.

Seigneur Jésus,

je tends les mains vers toi,

pour t’offrir le peu que j’ai,

mais surtout pour recevoir de toi

ce qui est la source de ma vie :

ton corps sous la forme de l’hostie consacrée, 

pain de vie vivifiant pour cette terre,

chemin d’accès pour te rencontrer.

 

Francis Cousin

 

Pour accéder à cette prière et à son illustration cliquer sur le titre suivant : Prière dim ord B 19° A6