La Pentecôte – par Claude WON FAH HIN (Jn 20, 19-23)

Commentaire d’évangile  du samedi 27/5/ et Dimanche 28/5/2023 – PENTECÔTE

Actes 2.1–11 ; 1·Corinthiens 12.3b-7.12–13 ; Jean 20.19–23

Le soir même de la résurrection du Christ, alors que les disciples de Jésus – en l’absence de Thomas – se sont enfermés dans une pièce par peur des Juifs, Jésus se retrouve parmi eux, alors que les portes étaient fermées. Et personne ne sait comment il l’a fait. Mais au moins cela nous renseigne sur le fait que Jésus est bien ressuscité : il a toujours un corps qu’on peut toucher, ce n’est donc pas un fantôme, ni une illusion ; il a toujours les plaies dans ses mains et son côté, ce qui prouve que ce Jésus est bien le même que celui qui a été sur la croix, qui est mort et qui est de nouveau vivant. Pas étonnant que le revoir ainsi fasse la joie de ses disciples. – Jésus, qui va retourner vers son Père, leur confie une mission : « Comme mon Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie ». C’est repris à sa manière par le CEC 875 : « Personne ne peut se donner lui-même le mandat et la mission d’annoncer l’Évangile ». Ainsi, pour aller en mission, il faut donc être envoyé par Jésus, ou par son représentant qui est l’évêque. Rm 10,15 : « Et comment prêcher sans être d’abord envoyé? ». Ainsi les missions importantes au sein de l’Eglise doivent avoir l’approbation de l’évêque, tout au moins l’accord du curé. Sinon, des dérives importantes peuvent être faites par certains groupes de prières. Restons bien dans la ligne de l’Eglise. Le Christ ne laisse pas ses apôtres aller seul sur le chemin de la mission: il leur donne l’Esprit Saint. Le plus beau cadeau que Jésus puisse faire à tous, après son sacrifice, c’est le don de l’Esprit Saint. Jésus lui-même, selon Ac 1,2, a donné ses instructions aux apôtres qu’il avait choisis sous l’action de l’Esprit Saint ». Puis, il leur a annoncé (Ac 1,8) qu’ils recevront « une force, celle de l’Esprit Saint qui descendra sur eux » et que c’est dans l’Esprit saint qu’ils seront baptisés sous peu de jours (Ac 1,5). Et c’est à la Pentecôte que les Apôtres reçoivent l’Esprit Saint, sous forme de langue de feu, qui leur donne de pouvoir s’exprimer en toutes les langues. Cet Esprit n’est pas donné seulement aux Apôtres mais aussi à tous (Ac 2,16s) : « C’est bien ce qu’a dit le prophète (il s’agit du prophète Joel) : « il se fera dans les derniers jours – c’est-à-dire à partir de l’incarnation de Jésus (à la naissance de Jésus) – que je répandrai de mon Esprit sur toute chair, …sur mes serviteurs et sur mes servantes, je répandrai de mon Esprit ». Il dit d’abord « sur toute chair », puis « sur mes serviteurs et sur mes servantes », autrement dit, l’Esprit est donné à tous, et c’est à chacun de le recevoir ou non. A ceux qui résistent à l’Esprit Saint, Luc leur fait quelques reproches dans les Ac 7,51 : « Nuques raides, oreilles et cœurs incirconcis, toujours vous résistez à l’Esprit Saint! » Saint Paul nous le rappelle aussi (1 Th 5,19) : « N’éteignez pas l’Esprit ». Et nous résistons à l’Esprit Saint et nous l’éteignons lorsque nous refusons d’avancer à la rencontre du Christ, par exemple en ne venant pas à la messe, en ne faisant pas baptiser nos enfants, pensant qu’il le fera de lui-même quand il sera adulte et pendant tout ce temps, parfois jusqu’à la veille de sa mort, il portera en lui un boulet appelé le péché originel ; le refus d’envoyer ses enfants au catéchisme, le refus de se confesser sont aussi des résistances à l’Esprit Saint. Ne refusons pas l’Esprit Saint parce que c’est lui qui nous dirige vers le Christ et vers Dieu (He 3,7) : « Aujourd’hui, si vous entendez sa voix (celle de Dieu), 8 n’endurcissez pas vos cœurs ». Le CEC (§ 688) nous dit que L’Église…est le lieu de notre connaissance de l’Esprit Saint. On verra plus loin pourquoi il est bon d’avoir Dieu en soi. – Ceux qui abandonnent Dieu, c’est un autre problème, plus grave encore. Ils oublient Dieu et l’abandonnent soi-disant pour mener leur propre vie, être libres comme le vent alors qu’ils deviennent inconsciemment esclaves de leurs passions, avoir librement accès à tous les plaisirs de la vie et vont s’enfoncer dans la déprime, avoir une santé qui va laisser à désirer avec la drogue, l’alcool, la cigarette, faire la fête au maximum, abus de toutes sortes etc… « La rupture du lien entre l’homme et Dieu entraîne un profond déséquilibre entre les hommes ». Le fils prodigue, parce qu’il s’est éloigné du Père, a fini par être moins considéré qu’un cochon, perdant même confiance en son père, pensant que ce père va le maltraiter au retour. Alors que ce père miséricordieux a en lui la charité, la joie, la paix, la patience, l’indulgence, la bonté, la confiance dans les autres, c’est-à-dire qu’il a, en lui, le fruit de l’Esprit Saint. Et « c’est le Christ (CEC 739) qui répand l’Esprit Saint en ses disciples, pour les nourrir, les guérir, les organiser, les vivifier, leur donner les moyens de s’épanouir dans leur vie spirituelle, les envoyer témoigner, les associer au Père. C’est par les sacrements de l’Eglise que le Christ communique aux fidèles son Esprit Saint et Sanctificateur ». Abandonner le Christ, c’est ne plus recevoir tous ces cadeaux de Dieu. Vous aurez sûrement de la joie, même loin de Dieu, mais ce n’est pas la même joie que ce que nous donne le Christ. Vous aurez peut-être aussi la paix, même éloigné de Dieu, mais ce ne sera pas non plus la même paix que celle que nous donne le Christ. Il en est ainsi pour le bonheur, pour la famille, pour la santé, pour la richesse ou autre. D’ailleurs, Ga 5,22 nous dit : « le fruit de l’Esprit est charité, joie, paix, longanimité (la patience à supporter nos propres maux), serviabilité, bonté, confiance dans les autres », c’est tout cela, d’un seul tenant, que l’on reçoit, c’est le fruit de l’Esprit (le mot est au singulier), un cadeau groupé de Dieu. Le jeune qui, après la confirmation, oublie Dieu pour peut-être revenir le trouver à la veille de sa mort, aura perdu 50-60-70 ans de sa vie loin de Dieu, comme le fils prodigue, avec des années en plus. Le sanctuaire de Montligeon, dans leur livre « le Manuscrit du Purgatoire » (P.49) , nous dit ceci en parlant du Purgatoire, et c’est une âme du Purgatoire qui affirme: « Les grands pécheurs et ceux qui sont restés, tout leur vie, éloignés de Dieu par indifférence…sont dans le grand Purgatoire; et là, les prières qu’on fait pour ces âmes ne leur sont point appliquées. Elles ont été indifférentes pendant leur vie pour le Bon Dieu . A son tour, il est indifférent pour elles et il les laisse dans une espèce d’abandon, afin qu’elles réparent ainsi leur vie qui a été nulle ». Maria Simma, une catholique autrichienne, morte en 2004,  a eu de son vivant des relations privilégiées avec les âmes du Purgatoire, elle a eu le soutien de trois évêques. Elle nous donne des précisions (Nicky Eltz – « Derniers témoignages de Maria Simma » – P.20) : « les âmes au troisième niveau inférieur (appelé par ailleurs le « Grand Purgatoire ») doivent expier les péchés commis avant que nos prières, nos messes et nos bonnes actions puissent leur profiter ». Ainsi, si ces âmes qui ont abandonné le Christ sur terre ont la chance de ne pas aller en enfer, mais passent par le purgatoire, alors les messes demandées pour elles n’auront aucun effet jusqu’à ce qu’elles aient fait leur temps avant de se retrouver à un degré supérieur du Purgatoire et être un peu plus proche du Royaume de Dieu.  – Mais surtout, bien qu’il faille demander des messes pour les défunts, demandez des messes pour vous-mêmes et des membres de votre famille qui vivent encore aujourd’hui. Le Pape Benoit XV, au début du siècle dernier, disait ceci (L’Eucharistie à l’école des saints – Nicolas Buttet – P.71) : « Le profit retiré de la messe est beaucoup plus utile aux vivants qu’aux défunts. Bien des gens, par oubli ou par ingratitude, se rendent souvent coupables en négligeant de faire célébrer la messe pour purifier les âmes de ceux qu’ils semblaient vraiment aimer; mais il y en a un plus grand nombre qui, au grave détriment de leur profit spirituel, ignorent que le sacrifice de la messe leur servira davantage à eux-mêmes s’ils le font célébrer de leur vivant au lieu de charger leurs héritiers, leurs parents et leurs amis de s’en acquitter après leur mort. – Que les jeunes donc n’abandonnent pas le Christ à leur adolescence, que ce soit pour leurs études, pour leur métier, pour leur vie de famille et de leurs propres enfants, restez avec le Christ. – Si les gens savaient ce qu’est la paix de Dieu, la joie de Dieu, la vie avec Dieu, une vie simple leur suffirait pour cela, sans chercher à devenir super riche, sans chercher les honneurs, sans chercher le pouvoir, sans chercher à briller, sans chercher à entrer dans des clubs selects – des clubs dits VIP – où l’on peut rencontrer le gratin de la société, et sans chercher je ne sais quoi encore…alors qu’on peut tout avoir avec la seule présence de Jésus-Christ dans nos cœurs, et c’est le meilleur choix qu’un chrétien puisse faire car l’Esprit de Dieu (Is 11,2+) est esprit de sagesse et d’intelligence, esprit de conseil et de force, esprit de connaissance et de crainte de Dieu. La crainte de Dieu, ce n’est pas la peur de Dieu, c’est tout simplement (Voir VTB P.219) un réflexe normal du croyant devant la présence de Dieu, Seigneur des seigneurs, Roi des rois, c’est une crainte révérencielle, respectueuse d’une distance à garder vis-à-vis de Dieu. Notons un passage de Luc (1,50) : « la miséricorde de Dieu s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent ». L’Esprit Saint nous mène vers le Christ et donc vers le Père, et c’est seulement en Dieu que nous retrouvons cette paix en toutes circonstances, quand bien même nous devrions être inquiets, angoissés, tristes, malheureux, eh bien non, cette paix de Dieu nous préserve de tout cela. L’Esprit Saint, présent en nous, nous donne toujours la vie, une vie de paix en toutes circonstances, même les plus mauvaises, et cette paix de Dieu s’accompagne de bien d’autres vertus, entre autres le bonheur de vivre sereinement en gardant en soi un dialogue permanent avec le Christ, ce qui fait dire à certains « ma vie est prière ». A chacun, la manifestation de l’Esprit est donnée en vue du bien commun. Le don de l’Esprit, le fait que Dieu nous donne l’Esprit Saint, mais aussi ce que l’Esprit Saint nous donne, à chacun d’entre nous, n’est pas à garder secrètement pour soi, mais à partager et à mettre en pratique en vue du bien commun. Cela se traduit souvent par des engagements au sein de l’Eglise, par des dévouements soit au sein de la paroisse, soit dans des groupes de prière, soit en vue d’aider des communautés diverses, et par des œuvres de charité…L’Esprit de Dieu au sein de l’Eglise ne peut que faire l’unité et jamais de division. S’il y a division, c’est que l’Esprit Saint n’y est pas. Chacun doit comprendre cela et y veiller sur soi-même pour ne jamais créer de division. L’Esprit Saint ne peut pas être présent entre deux chrétiens qui se disputent, ou deux chrétiens fâchés entre eux. C’est pour cela que Paul insiste sur l’unité en employant des expressions telles que « bien commun », « un seul corps », « un seul Esprit », Esprit qui ne peut dire une chose à l’un et le contraire à l’autre. « Il y a, certes, diversité de dons spirituels, mais c’est le même Esprit; 5 diversité de ministères, mais c’est le même Seigneur; 6 diversité d’opérations, mais c’est le même Dieu qui opère tout en tous ».– Recevoir l’Esprit Saint implique de savoir pardonner et d’être capable de demander pardon. Aux apôtres, prêtres depuis la Cène et à leurs successeurs, ils ont reçu de Dieu le pouvoir d’enlever les péchés au moment de la confession appelé encore sacrement de Réconciliation. Mais même après avoir avoué les péchés, même après avoir reçu la bénédiction du prêtre, il va falloir, pour que le pardon soit parfait, se réconcilier avec l’autre en lui pardonnant personnellement ou en acceptant sa demande de pardon. Cela s’appelle avoir l’esprit d’humilité, une très grande grâce de Dieu. Mais cette humilité ne s’acquiert pas par nos propres forces. L’Abbé Pierre Descouvemont écrit ( « Guide des difficultés de la foi catholique » – P.483) : « Quand l’Esprit de Dieu agit en nous, il n’est pas nécessaire de rechercher péniblement des considérations (des motifs, des réflexions) , pour nous exciter (pour nous stimuler) à l’humilité et à la confusion de nous-mêmes. Le Seigneur met en nous une humilité bien différente de celle que nous pouvons nous procurer par nos faibles pensées. La nôtre, en effet, n’est rien en comparaison de cette humilité vraie et éclairée que Notre Seigneur enseigne alors et qui produit en nous une confusion capable de nous anéantir…Plus ses faveurs sont élevées, plus cette connaissance est profonde ». La vraie humilité – parce qu’il y a aussi une fausse humilité – nous dit Thérèse d’Avila (Chemin de la Perfection – P. 221) n’inquiète pas, ne trouble pas, n’agite pas l’âme, mais elle est accompagnée de paix, de joie et de repos. C’est le don de l’Esprit de Dieu. Merci Marie, épouse très fidèle du Saint-Esprit, de nous aider à ne pas résister à l’Esprit Saint.

image_pdfimage_print

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Question antispam * Time limit is exhausted. Please reload the CAPTCHA.

Top