1er Dimanche de l’Avent – par Claude WON FAH HIN (St Mt 24, 37-44)

Commentaire du samedi 26 et Dimanche 27 Novembre 2022

 

Isaïe 2,1–5 ; Romains 13,11–14 ; Matthieu 24,37–44

L’avènement du Fils de l’Homme, c’est le retour du Christ sur terre et dans toute sa gloire (Mt 24,30 : « On verra le Fils de l’homme venant sur les nuées du ciel avec puissance et grande gloire ». Ce fait à venir a une portée dès ici-bas et détermine le comportement du croyant, selon sa foi. Comme la date de sa venue est inconnue, (v.42 ) « vous ne savez pas quel Jour va venir le Maître », chacun vit sa vie de chrétien selon sa façon de voir les choses. Et Matthieu nous met en garde en comparant notre époque à celle du temps de Noé : « 37 Comme les jours de Noé, ainsi sera l’avènement du Fils de l’homme. 38 En ces jours qui précédèrent le déluge, on mangeait et on buvait, on prenait femme et mari, jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche,  39 et les gens ne se doutèrent de rien jusqu’à l’arrivée du déluge, qui les emporta tous. Tel sera aussi l’avènement du Fils de l’homme ». Comme au temps de Noé, les gens, même chez les catholiques, vivent dans une grande insouciance, se disant que tout cela est encore loin, on ne connaît pas la date, alors on va profiter de la vie au plus vite, oubliant même que tout nous vient de Dieu. Se pose alors, pour les chrétiens, le problème de la vigilance tout en essayant de vivre du mieux que l’on peut, sans jamais oublier Dieu dans notre vie. Et c’est le combat de la vie du chrétien. En permanence, nous devons faire le choix de Dieu. Le Pape François nous rappelle dans « Gaudete et Exsultate » que « (§158) La vie chrétienne est un combat permanent. Il faut de la force et du courage pour résister aux tentations du diable et annoncer l’Évangile. Cette lutte est très belle, car elle nous permet de célébrer chaque fois le Seigneur vainqueur dans notre vie. (159) Il ne s’agit pas seulement d’un combat contre le monde et la mentalité mondaine qui nous trompe, nous abrutit et fait de nous des médiocres, dépourvus d’engagement et sans joie. Il ne se réduit pas non plus à une lutte contre notre propre fragilité et contre nos propres inclinations (chacun a la sienne : la paresse, la luxure, l’envie, la jalousie, entre autres). C’est aussi une lutte permanente contre le diable qui est le prince du mal. Jésus lui-même fête nos victoires. Il se réjouissait quand ses disciples arrivaient à progresser dans l’annonce de l’Évangile, en surmontant les obstacles du Malin, et il s’exclamait : « Je voyais Satan tomber du ciel comme l’éclair » (Lc 10, 18). (160) Nous n’admettrons pas l’existence du diable si nous nous évertuons à regarder la vie seulement avec des critères empiriques, c’est-à-dire basés sur notre seule expérience, et qui sont approximatifs, confus, imprécis, routiniers et sans le sens du surnaturel. Précisément, la conviction que ce pouvoir malin est parmi nous est ce qui nous permet de comprendre pourquoi le mal a parfois tant de force destructrice… De fait, quand Jésus nous a enseigné le Notre Père, il a demandé que nous terminions en demandant au Père de nous délivrer du Mal. Le terme utilisé ici ne se réfère pas au mal abstrait et sa traduction plus précise est « le Malin ». Il désigne un être personnel qui nous harcèle. Jésus nous a enseigné à demander tous les jours cette délivrance pour que son pouvoir ne nous domine pas. (161)…(Si) nous baissons la garde, (et vivons dans l’insouciance), il en profite pour détruire notre vie, nos familles et nos communautés, car il rôde « comme un lion rugissant cherchant qui dévorer » (1P 5, 8). (164) – Le chemin de la sainteté est une source de paix et de joie que nous offre l’Esprit, mais en même temps il demande que nous soyons avec « les lampes allumées » (Lc 12, 35) et que nous restions attentifs : « Gardez-vous de toute espèce de mal » (1Th 5, 22). « Veillez donc » (Mt 24, 42; Mc 13, 35). « Ne nous endormons pas» (1 Th 5, 6). Car ceux qui ont le sentiment qu’ils ne commettent pas de fautes graves contre la Loi de Dieu peuvent tomber dans une sorte d’étourdissement ou de torpeur. Comme ils ne trouvent rien de grave à se reprocher, ils ne perçoivent pas cette tiédeur (cette mollesse ou indifférence) qui peu à peu s’empare de leur vie spirituelle et ils finissent par se débiliter (par s’affaiblir) et se corrompre. (165) La corruption spirituelle est pire que la chute d’un pécheur, car il s’agit d’un aveuglement confortable et auto-suffisant où tout (ce qui est mal) finit par sembler licite, autorisé, toléré, permis (comme par exemple) : la tromperie, la calomnie, l’égoïsme et d’autres formes subtiles « de faire référence à soi-même », puisque « Satan lui-même se déguise en ange de lumière» (2Co il, 14)…Dans un épisode, Jésus nous met en garde contre cette tentation trompeuse qui nous fait glisser vers la corruption: il parle d’une personne libérée du démon qui, pensant que sa vie est (devenue) pure, finit par être possédée par sept autres esprits malins (Lc 11,24-26).

 

Il nous faut donc rester vigilant dès maintenant et ne pas attendre en fin de vie pour se dire qu’à ce moment-là, je vais tout regretter, et tout cela rentrera dans l’ordre. Saint Augustin nous dit : « Il ne vous servira de rien dans les derniers moments de votre vie de demander pénitence quand vous n’aurez plus ni le temps ni la force de faire pénitence. « Le repentir d’un malade est faible comme celui qui l’exprime…Celui d’entre vous qui veut trouver miséricorde devant Dieu, qu’il fasse pénitence dès maintenant, dans la force de l’âge, afin d’entrer aussi sain dans l’éternité ! » (Serm. 57, De Tempore) « Parce que vous vous êtes confessé, parce que vous avez reçu l’ab­solution, vous croyez pouvoir mourir en sécurité : et moi, je vous dis que je suis beaucoup moins sûr que vous de votre avenir !… Vous n’avez songé à vous repentir que lorsque vous ne pouviez plus pécher (puisque vous attendez d’être en fin de vie pour vous repentir) : c’est donc le péché qui vous délaisse, ce n’est pas vous qui l’avez rejeté. Tenez la chose certaine : votre salut reste incertain ! ». Cornelius a Lapide (Jésuite belge, théologien et bibliste de renom) : « On dira que tous reçoivent les Sacrements à la fin de leur vie. …Même parmi ceux qui les reçoivent, beaucoup les reçoivent mal et n ‘expient donc pas leurs péchés : beaucoup en effet souffrent d’une ignorance crasse en ce qui concerne les articles de foi qu’il faut connaître et auxquels il faut croire explicitement, clairement, ainsi qu’en ce qui concerne les Sacrements; ils ignorent en particulier qu’il faut le ferme propos de ne plus pécher pour être capable de recevoir l’abso­lution; ils ignorent qu’une résolution forte et constante de l’âme est requise, nécessaire,  pour que le ferme propos soit considéré comme absolu et efficace. D’autres savent ce qui est nécessaire pour le salut, mais ils vivent sans se soucier de leur salut personnel, entièrement occupés à amasser richesses et dignités, à construire des maisons, à aménager des jardins, des vignes, etc. de sorte qu’ils ne pensent que rarement ou jamais à Dieu, à la vie éternelle, à leur conscience, sauf au moment de Pâques ; encore ne le font-ils alors, que pour cette seule raison qu’ils sont obligés par un précepte de l’Eglise à se confesser et à communier (au moins une fois par an) ; aussi, (une fois) passées la Communion Pascale et la confession, retourne-t-on bientôt à ses passions, à ses habitudes perverses, à ses péchés, comme le font aussi beaucoup de ceux qui se sont confessés à l’article de la mort (au moment l’agonie) et qui, le danger écarté (et donc ayant un regain de bonne santé), retombent dans toutes leurs misères. Ce retour au mal montre bien qu’on ne s’était converti que par obligation ou par peur de la mort, mais qu’il n ‘y avait réellement rien de sérieux ni de profond. Saint Antoine Marie Claret (P.166) nous fait aussi la remarque : « quand on voit comment vivent les gens, quand on les voit en très grand nombre vivre de façon stable et habituelle en état de péché mortel, on peut dire qu’il ne se passe pas de jour sans qu’augmente le nombre de leurs fautes. Ils pêchent aussi facilement qu’on boit un verre d’eau, comme par jeu et pour rire. Ces malheureux vont, de leur propre mouvement, en enfer ». En ce 1er dimanche de l’Avent, chacun doit prendre la bonne résolution de changer de cap, direction le Christ toujours et partout.

L’Avent c’est le temps d’attente, pour tous les chrétiens, du retour du Christ glorifié. Mais nous dit Saint-Paul (2 Th 2,7) : « 3 Que personne ne vous séduise d’aucune manière. Il faut que vienne d’abord l’apostasie (= le reniement du Christ et de l’Eglise) et que se révèle l’Homme de l’impiété (= l’homme du péché), le Fils de la perdition, 4 celui qui se dresse et s’élève contre tout ce qu’on appelle Dieu ou qu’on adore, au point de s’asseoir en personne dans le temple (ou sanctuaire ) de Dieu. 8 Alors se révèlera l’Impie, que le Seigneur Jésus détruira du souffle de sa bouche et anéantira par l’éclat de sa venue. 9 Quant à la venue de l’Impie, marquée par l’activité de Satan, elle se manifestera par toutes sortes d’œuvres puissantes, de miracles, de prodiges trompeurs ( inutile, donc, de vous déplacer pour aller voir tout cela) 10 comme de toutes les tromperies du mal, à l’adresse de ceux qui sont voués à la perdition pour n’avoir pas accueilli l’amour de la vérité qui leur aurait valu d’être sauvés. 11 Voilà pourquoi Dieu leur envoie une influence qui les égare, qui les pousse à croire le mensonge, 12 en sorte que soient condamnés tous ceux qui auront refusé de croire la vérité et pris parti pour le mal ». Saint-Paul, dans le 2ème texte d’aujourd’hui nous le rappelle : « C’est l’heure désormais de vous arracher au sommeil;  le salut est maintenant plus près de nous… 12 La nuit est avancée. Le jour est arrivé. Laissons là les œuvres de ténèbres et revêtons les armes de lumière. 13 … conduisons-nous avec dignité : point de ripailles ni d’orgies, pas de luxure ni de débauche, pas de querelles ni de jalousies. 14 Mais revêtez-vous du Seigneur Jésus Christ et ne vous souciez pas de la chair pour en satisfaire les convoitises ». Si nous suivons un peu les actualités, nous voyons que les forces du mal agissent en France contre le catholicisme en particulier : Interdiction partielle de sonner les cloches à Angoulême; pas d’arbre de noël à Lyon, Bordeaux et probablement à Strasbourg où on peut vendre des crucifix « sous réserves » au Marché de Noël; déboulonnage de la statue de Saint Michel aux sables d’Olonne. Et je ne parle pas de toutes les lois sorties contre les valeurs chrétiennes : divorce, euthanasie, mariage pour tous, baptême républicain ( sans passer par l’Eglise), laïcité, le gender, destruction de la famille, interdiction d’instruire les enfants chez soi (2/10/2021), on ne dira plus « les fêtes de Noël, mais les fêtes de fin d’année » proposent certains etc… C’est pour cela qu’il faut être vigilants non seulement à titre individuel contre les péchés et nos faiblesses, mais aussi par rapport aux valeurs chrétiennes partout dans le monde. Mais rassurons-nous malgré tout car, l’homme ne pourra jamais détruire l’œuvre de Dieu. Dieu a planté des valeurs chrétiennes en nous, probablement comme un grain de sénevé ou comme la petite source de Siloé, qui fera son chemin quoi qu’il arrive. Gardons-notre foi en Jésus-Christ. Isaïe nous le rappelle: « la montagne de la maison de Yahvé sera établie en tête des montagnes et s’élèvera au-dessus des collines…Toutes les nations afflueront vers elle, 3 alors viendront des peuples nombreux. Dieu jugera entre les nations, il sera l’arbitre des peuples nombreux, on ne lèvera plus l’épée nation contre nation, on n’apprendra plus à faire la guerre. Présence de Dieu, présence de paix, aussi bien chez l’individu que dans les nations. « Tous sont appelés à se rendre à la montagne de la maison de Dieu », royaume de Dieu (Isaïe). Il nous faudra « veiller » parce que nous ne savons pas quand le maître va arriver. Veiller c’est renoncer au sommeil, c’est lutter contre la torpeur et la négligence. Le chrétien ne doit pas se laisser gagner par le sommeil et rester sur ses gardes pour rester avec le Seigneur à tout moment parce qu’il est « enfant de lumière ». Ce qui fait disparaître le péché, c’est encore l’enseignement du Christ : aimer Dieu et aimer son prochain, le tout dans la plus simple humilité. « La charité couvre une multitude de péchés » et nous ouvre les bras du Seigneur. En ce temps de l’Avent, tournons-nous vers le Christ, vers la préparation spirituelle de Noël car c’est toujours un moment important de fêter sa venue parmi les hommes, nous apportant toujours la paix, l’amour, la fraternité à un moment où la France va mal dans son intérieur même. Que Marie soit toujours avec nous pour nous aider à nous tourner constamment vers son Fils.

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