22ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Claude WON FAH HIN (St Luc 12,13-21)

Commentaires du dimanche 28 Août 2022 

 

Siracide 3,17–18, 20, 28–29 ; Hébreux 12,18–24 ; Luc 14,1, 7–14

Jésus est invité à un repas chez un des chefs des Pharisiens. Il remarque que bon nombre d’invités choisissent les premières places, les places d’honneur, le plus près possible du notable de la maison. Ce qu’il dit semble être un conseil d’ordre social, en quelque sorte comment bien se comporter en société. Il leur disait : « 8 Lorsque quelqu’un t’invite à un repas de noces, ne va pas t’étendre sur le premier divan, de peur qu’un plus digne que toi n’ait été invité par ton hôte, 9 et que celui qui vous a invités, toi et lui, ne vienne te dire :  Cède-lui la place.  Et alors tu devrais, plein de confusion, aller occuper la dernière place. 10 Au contraire, lorsque tu es invité, va te mettre à la dernière place, de façon qu’à son arrivée celui qui t’a invité te dise :  Mon ami, monte plus haut.  Alors il y aura pour toi de l’honneur devant tous les autres convives ». « Les marques d’honneur qui ont du prix sont celles qu’un autre nous donne, et non celles qu’on s’attribue à soi-même ! » (Hugues Cousin). Cette préoccupation de la hiérarchie sociale des invités, leur place dans la société, n’a en réalité servi qu’à nous amener à une préoccupation plus spirituelle : « quiconque s’élève sera abaissé, et celui qui s’abaisse sera élevé ». Jésus met l’accent sur la vertu d’humilité, opposé au péché d’orgueil.

Jésus dit à Sœur Faustine (§1562): « là où règne l’orgueil, je n’y suis pas ». A Mariam Baouardy, la sainte palestinienne, canonisée le 17 mai 2015 à Rome par le Pape François, qui avait beaucoup de difficultés apprendre à lire parce que l’Esprit du Mal l’en empêchait, le Seigneur lui dit : « « Ma fille, tu aurais trop d’orgueil, si tu apprenais trop vite à lire : cette science ne t’est pas nécessaire. Trois choses te suffisent :1) regarde-moi et pense à moi; 2) sois, en tout, la dernière de toutes; 3) obéis aveuglément ». Peu importe notre rang social, chacun de nous est appelé à rester dans l’humilité. Ne pas être hautain, condescendant, méprisant, fier, arrogant, ne pas se croire supérieur aux autres, tout cela fait partie de l’attitude de quelqu’un qui reste dans l’humilité. Dans le verset 11, « quiconque s’élève sera abaissé, et celui qui s’abaisse sera élevé », un détail permet de dire que celui qui élève ou celui qui abaisse, c’est Dieu. En effet, dans les textes bibliques, lorsque les verbes d’un verset sont au passif (conjugaison au passé composé) comme dans l’expression « quiconque s’élève sera abaissé et celui qui s’abaisse sera élevé », cela signifie que c’est Dieu qui agit. C’est Lui qui élève ou qui abaisse. Ainsi, dire que « quiconque s’élève sera abaissé », c’est dire que c’est Dieu qui l’abaissera et « celui qui s’abaisse sera élevé », c’est dire, plus clairement, que c’est Dieu qui l’élèvera. Mieux encore, ce texte sur l’invitation au repas nous amène à voir plus loin : Dieu nous invite réellement au repas, c’est le cas à chaque fois qu’il y a une messe, et de même pour le banquet final et éternel au Royaume de Dieu. Jn 14,2-3 : 2 Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures…je vais vous préparer une place. 3 Et quand je serai allé et que je vous aurai préparé une place, à nouveau je viendrai et je vous prendrai près de moi, afin que, là où je suis, vous aussi, vous soyez ». Les derniers seront les premiers : seront mis à l’honneur les invités qui sont restés dans l’humilité, des gens pauvres,  simples, respectueux, droits, naturels, spontanés, non calculateur, sans prétention, discrets, humbles, honnêtes etc…plus simplement, on va dire que Dieu invite toute l’humanité à son banquet, mais il met en honneur surtout les gens qui ont la foi et qui aiment Dieu et son prochain. Sœur Faustine nous dit (§54) : « Humilité, humilité et toujours humilité car nous ne pouvons rien de nous-mêmes. Tout n’est que grâce de Dieu ». Et si tout est grâce, tout ce que nous faisons de bien, de bon, vient de Dieu. Sœur Faustine §56 : « tout ce qu’il y a de bon en (notre) âme est uniquement dû à Sa Sainte Grâce ».

Nous n’avons donc réellement aucun mérite sinon celui de dire, comme Marie, « oui » au Seigneur. Mais un « oui » en continu, en permanence. La participation à la vie divine, déjà ici, sur terre, n’est pas une conquête de l’homme, mais un don de Dieu, un cadeau de Dieu dont il faut accepter et reconnaître ainsi l’importance de Dieu dans notre vie. Et Sœur Faustine nous conseille : « que la simplicité et l’humilité soient les signes caractéristiques de votre âme ! Marchez dans la vie comme un enfant, toujours confiant, toujours plein de simplicité et d’humilité, content de tout, toujours heureux ! Là où les autres âmes s’effrayent, passez tranquillement par la simplicité et l’humilité ». Rappelons que Dieu lui-même s’est abaissé en venant en son Fils parmi les hommes (Ph 2,6-8) : « 6 Lui étant dans la forme de Dieu n’a pas usé de son droit d’être traité comme un dieu 7 mais il s’est dépouillé prenant la forme d’esclave. Devenant semblable aux hommes et reconnu à son aspect comme un homme 8 il s’est abaissé devenant obéissant jusqu’à la mort à la mort sur une croix ». Jésus veut que nous soyons à sa ressemblance afin que nous partagions sa divinité. Dans le 1er texte d’aujourd’hui, Siracide 3,17-18 : « 17 Mon fils, accomplis toute chose dans l’humilité, et tu seras aimé plus qu’un bienfaiteur 18 « Plus tu es grand, plus il faut t’abaisser pour trouver grâce devant le Seigneur, 20 car grande est la puissance du Seigneur, mais il est honoré par les humbles ».

– La deuxième partie de l’Evangile nous parle du choix des invités. Qui faut-il inviter au repas? Les invitations au repas, dans la Bible, ne manquent pas. Le roi Salamon recevait avec faste la reine de Saba, elle-même très riche. Le père du Fils prodigue a fait une grande fête au retour de son fils, parmi eux étaient présents des membres de la famille, des serviteurs, des amis et le frère ainé regrette qu’il n’ait jamais eu l’occasion d’avoir un chevreau pour fêter avec ses amis. Pourtant Jésus nous dit : Jésus nous dit : « Lorsque tu donnes un déjeuner ou un dîner, ne convie ni tes amis, ni tes frères, ni tes parents, ni de riches voisins, de peur qu’eux aussi ne t’invitent à leur tour et qu’on ne te rende la pareille ». Ce n’est pas que c’est interdit d’inviter la famille et les amis à un repas, c’est surtout qu’il ne faut pas inviter les gens dans un esprit d’avoir un retour, dans un intérêt quelconque, car il y a effectivement des gens qui invitent des personnes influentes en pensant que ces personnes pourront leur faire bénéficier de nouveaux avantages, pour avoir une aide financière, un poste de travail, pour accéder à grade supérieur, pour avoir des conseils financiers, juridiques ou autres. Ce serait un repas calculé, réfléchi, donné dans un intérêt quelconque. Ce n’est pas gratuit. Et du coup, ils n’inviteraient que des gens d’un certain niveau, une catégorie sociale qui pourrait leur rendre service en retour. Jésus ne veut pas de cela, c’est pourquoi il dit de ne pas inviter des gens qui ont les moyens de leur « renvoyer l’ascenseur » comme dit le proverbe. Et il précise les priorités à donner : « 13 …lorsque tu donnes un festin, invite des pauvres, des estropiés, des boiteux, des aveugles; 14 heureux seras-tu alors de ce qu’ils n’ont pas de quoi te le rendre!  Car cela te sera rendu lors de la résurrection des justes ». « Les pauvres, les estropiés, les boiteux, les aveugles » désignent en réalité tous ceux qui ont, eux-mêmes, besoin d’aide et qui, à l’époque, ne pouvaient jamais s’en sortir parce qu’ils étaient mis au ban de la société, exclus de la société. Les inviter à un repas c’est faire signe de charité, signe d’amour, de générosité, de solidarité, de fraternité, c’est aimer son prochain. Celui qui les invite n’a aucun intérêt pour lui-même, il a juste la joie de partager sans aucun regret. Une joie qui fait la joie de Dieu. « Les riches ont, ici-bas, d’impérieux devoirs à l’égard des pauvres » (VTB – P.32) et en les secourant, c’est Jésus que nous secourons et nous dit l’Evangile « cela te sera rendu lors de la résurrection ». Rappelons qu’aucun de nos actes n’est perdu et Dieu s’en souviendra. Tous les saints ont fait des actes de générosité sans même penser à la récompense divine. Sœur Faustine (§55) : « les grâces de Dieu se déversent seulement sur les âmes humbles ». « Le fait que ce Dieu saint et tout-puissant se penche sur les détresses des hommes dont ils sont souvent les seules responsables, qu’Il voit la misère du pauvre et du malheureux, qu’il entende sa plainte, qu’il s’abaisse et descende jusqu’à lui pour le rejoindre dans sa détresse, qu’Il s’en occupe inlassablement malgré son infidélité et lui pardonne – bien qu’il ait mérité une juste punition – et qu’Il lui donne une nouvelle chance, tout cela dépasse l’entendement humain » (Cardinal Walter Kasper – La Miséricorde – P.51). Mais Dieu est ainsi fait : il aime, pardonne et offre une nouvelle chance, une vie nouvelle. A travers l’Evangile d’aujourd’hui, Dieu nous parle de la gratuité du salut. Tout ce que Dieu fait pour nous est gratuit par amour pour nous. Ep 2,8-9 : « 8 Car c’est bien par la grâce que vous êtes sauvés, moyennant la foi. Ce salut ne vient pas de vous, il est un don de Dieu; 9 il ne vient pas des œuvres, car nul ne doit pouvoir se glorifier ». Tous nous sommes invités au festin du Royaume de Dieu. Le royaume de Dieu commence sur terre, et il n’y aucune raison d’avoir peur d’être son invité : invité à venir à la messe, invité à se former, invité à secourir les plus pauvres, invité à prier, à chanter, à lire la Bible, à écouter la parole de Dieu, à dire le chapelet ou le Rosaire etc…. Et cela nous amène au 2ème texte du jour qui nous parle de l’ancienne alliance (avant J.C.) et de la nouvelle alliance (avec J.C). Dans la première partie, v.18 à 21, Moïse se disait « effrayé et tout tremblant » après avoir vu tout ce qui se passait sur la montagne. Dans cette ancienne alliance, l’approche de Dieu se faisait dans une théophanie terrifiante (v.18) : « feu ardent, obscurité, ténèbres, ouragan, trompette et clameur de paroles ». Et «Quiconque touchait la montagne, même si c’est un animal, sera lapidé » (Ex 19,12-13). Pour un simple mortel, il paraissait alors difficile de s’approcher de Dieu dans ces conditions. Pourtant, ils n’échapperont pas à un éventuel châtiment : la lapidation. – Dans la Nouvelle Alliance, versets 22 à 24, deuxième partie du texte, Jésus nous parle des Cieux (2è lecture – v.22-24) : « vous vous êtes approchés de la montagne de Sion et de la cité du Dieu vivant, de la Jérusalem céleste, et de myriades d’anges, réunion de fête, 23 et de l’assemblée des premiers-nés qui sont inscrits dans les cieux, d’un Dieu Juge universel, et des esprits des justes qui ont été rendus parfaits ». Le verset 25, qui fait suite au 2ème texte d’aujourd’hui nous met en garde après cette comparaison entre Ancienne et Nouvelle Alliance: si dans l’Ancienne Alliance, il était difficile de s’approcher de Dieu à cause des manifestations théophaniques, ce qui pouvait avoir pour conséquence de décourager les gens à s’approcher de Dieu et à l’écouter, et qui n’ont pas, malgré tout, échappé à un châtiment, à plus forte raison, si nous nous détournons de Celui qui parle des Cieux avec tant d’amour, nous n’échapperons pas à un châtiment encore plus sévère (He 12,25). Ici, nous sommes invités dans une ville bâtie par Dieu, appelé Royaume de Dieu, avec les anges, et où tous les chrétiens seront assemblés autour du Christ dans une réunion de fête éternelle. Tout cela nous est proposé gratuit, offert, tout simplement parce que nous nous sommes rapprochés…de Jésus médiateur et d’un sang purificateur (celui de Jésus mort et ressuscité). Les grands de ce monde terrestre, les tout-puissants, ceux qui veulent dominer et gouverner le monde avec leurs armes nucléaires, ceux qui font la loi avec leur richesse, seront abaissés, et ils le sont déjà…en s’éloignant du Christ, et à l’inverse, ceux qui se sont rapprochés du Christ, pauvre parmi les pauvres, Dieu humilié, frappé, abattu comme un agneau, seront élevés jusqu’à être divinisés, sanctifiés dans son Royaume pour le louer éternellement. Jn 17,24: … Père, ceux que tu m’as donnés, je veux que là où je suis, eux aussi soient avec moi… ». Que Marie nous accompagne jusqu’au Royaume de Dieu.

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