« La vie de quelqu’un ne dépend pas de ce qu’il possède. »
Si tout le monde semble plus ou moins d’accord avec cette phrase de Jésus, tout au moins en théorie, dans la pratique courante de la vie, il semble qu’elle n’est pas reconnue.
Il n’est que de voir toutes les publicités que nous recevons dans nos boites aux lettres ou qui s’étalent dans les journaux et qui nous poussent à toujours consommer davantage. Et si nous regardons parfois les caddies au sortir des grands magasins, on se rend compte que ce n’est pas cette phrase qui motive les acheteurs. Sans parler des tout petits paquets qui sortent des magasins de luxe dont le contenu se vent avec trois chiffres, sinon plus.
C’est notre société de consommation qui nous entraîne à de tels excès. C’est tellement entré dans nos mœurs que cela devient une préoccupation. Il suffit d’aller dans une journée d’information sur les métiers pour les collégiens pour s’en rendre compte : l’une des premières questions posées par les élèves étant : « Combien ça gagne ? ». Ou voir la réaction des parents au choix d’un métier pour leurs enfants : « Quoi ! Tu vas pas faire ça ! Tu es capable de beaucoup mieux, d’avoir un meilleur salaire ! ». Et ne parlons pas de la réaction des parents ou de l’entourage d’une personne qui leur annonce qu’elle veut entrer au séminaire ou dans un ordre religieux, homme ou femme.
C’est pourtant toute la problématique des textes de ce dimanche.
Tout dépend de ce que l’on met sous le terme de ’’ce qu’il possède’’. Dans le sens où Jésus l’utilise, il n’y a pas de doute, il s’agit de biens matériels.
Mais les humains ne possèdent pas seulement des biens matériels, mais aussi des biens immatériels, qu’on appelle des qualités, des dons … toute une manière d’être, de vivre, de savoir-vivre. Deux types de possession mise en évidence par le philosophe Gabriel Marcel dans son livre « Être et Avoir ».
Il y a ce que l’on est, et il y a ce que l’on a.
Et pour Jésus le plus important est ce que l’on est. Non pas qu’il critique les biens matériels, mais l’utilisation que l’on en fait. Si c’est pour que cela serve au bien commun, pas de problème. Au jeune homme riche qui ne se sent pas capable de « donner aux pauvres », il est triste ; par contre quand Zachée promet de distribuer « la moitié de ses biens aux pauvres », il se réjouit « Aujourd’hui, le salut est arrivé pour cette maison » (Lc 19,9).
Et c’est ce qui compte pour Jésus, que le salut soit pour chacun de nous, que nous ayons tous la vie éternelle.
Dans la parabole de ce jour, le gros propriétaire fait des projets pour pouvoir entasser toutes ses récoltes, et il se satisfait de ce qu’il pourra ensuite « manger, boire, jouir de l’existence ». Il ne pense qu’à lui, son bien-être personnel. Manque de chance, « cette nuit même, on va te redemander ta vie ». Et Jésus conclue : « Voilà ce qui arrive à celui qui amasse pour lui-même, au lieu d’être riche en vue de Dieu. ».
Il avait déjà dit des choses du même genre, notamment : « Faites-vous des trésors dans le ciel, là où il n’y a pas de mites ni de vers qui dévorent, pas de voleurs qui percent les murs pour voler. Car là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur. » (Mt 6,20-21).
C’est ce que nous dit d’une autre manière saint Paul : « Pensez aux réalités d’en haut, non à celles de la terre », et pour cela mourir à tout ce qui est mal, dont « cette soif de posséder, qui est une idolâtrie », et revêtir « l’homme nouveau … Le Christ : il est tout, et en tous ».
Riche en vue de Dieu … les réalités d’en haut … tout ce qui nous fait penser, non pas à notre petite vie terrestre, mais à celle du ciel, à la vie éternelle … Voilà ce qu’il nous faut faire.
Sinon, on risque fort de finir sa vie en se disant : « Vanité des vanités, tout est vanité ! » (1° lecture).
Seigneur Jésus,
Une fois encore tu nous mets en garde
contre une trop grande dépendance
de tous les biens matériels,
surtout s’ils sont utilisés principalement à notre profit,
et non pas pour le service du bien commun.
Que notre cœur soit tourné vers les autres,
et non vers ’nos’ biens.
Francis Cousin
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