4ième Dimanche de l’Avent – Homélie du Père Louis DATTIN

  Le salut est proche

Lc 1, 39-45

Si vous avez écouté les trois lectures, mes frères, vous constaterez avec moi qu’il s’en dégage un même parfum, une même tonalité et que toutes les trois, dans des situations différentes, avec des personnages dissemblables, dégagent un climat fait à la fois d’humilité, de générosité, de risque et de don de soi, le tout baignant dans une joie intérieure, mais profonde.

Climat d’humilité : Dieu a toujours misé sur les petits, les humbles, ceux qui ne se croient pas importants et qui, de fait, aux yeux des voisins, ne le sont pas. Dans la 1ère lecture, il a choisi Bethléem la plus petite des villes de Juda pour y faire naitre « celui qui doit gouverner Israël, dont la puissance s’étendra jusqu’aux extrémités de la terre ». Qu’il ait choisi Jérusalem, la capitale, la cité de David, le lieu du temple, le centre de tous les pèlerinages et de toutes les fêtes juives : Jérusalem, on aurait compris, mais Bethléem !

Dans la 2e lecture, celle de la lettre aux hébreux, c’est la même humilité qui préside à cette surprenante proposition de Jésus-Christ à son Père : « Tu n’as pas voulu de sacrifices ni d’offrandes, mais tu m’as fait un corps. Alors, je t’ai dit : Me voici, mon Dieu, je viens faire pour faire ta volonté ».

Dieu qui “se fait homme” ! Nous sommes habitués à cette expression, que, pour un peu, nous la trouverions presque normale. Nous sommes tellement suffisants que nous en arriverions à trouver correct que Dieu devienne un homme parmi nous ! Oh, même pas un prince, un puissant, pas même un notable, pas même quelqu’un pour  qui l’on a du respect : non, un bébé, réfugié, né dans une étable, dans un petit village, en pleine nuit, ignoré de tous, même des voisins.

Humilité aussi dans l’Evangile où Marie rencontre sa cousine Elisabeth. C’est Marie, la mère du futur sauveur de l’Humanité, dont l’ange lui a dit « Il sera grand : il sera appelé « Fils du Très-Haut, Prince de la paix », c’est elle qui va se mettre au service de sa cousine qui, elle aussi, se sent bien petite devant celle qui arrive : « Tu es bénie, lui dit-elle, entre toutes les femmes. Comment ai-je ce bonheur que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? »

Il semble donc, lorsqu’on réfléchit sur les trois lectures de la liturgie d’aujourd’hui que chacun se fasse petit et qu’étant comblé de la grâce de Dieu, non seulement il ne s’en prévale pas, mais qu’il s’abaisse plus encore pour mettre seulement en évidence la grandeur de Dieu  qui va se manifester en lui et par lui :

– Bethléem, la petite bourgade,

– Jésus qui se fait un petit d’homme,

– Marie, la petite servante,

– Elisabeth, remplie de confusion à la visite de Marie.

 Climat, non seulement d’humilité, mais plus encore de générosité, d’oubli de soi, de don de sa personne. Chacun s’offre au service de l’autre. Jésus s’offre à la volonté de son Père : « Me  voici, mon  Dieu, je  suis venu pour faire ta volonté ». Il s’offre en sacrifice. Il se présente pour réaliser ce que n’ont jamais pu produire les sacrifices des hommes, incapables par eux-mêmes d’expier le péché et de réconcilier les fils avec leur père. « Il supprime, nous dit St-Paul, les anciens sacrifices pour établir le nouveau, « Me voici ». C’était déjà l’expression de tous les patriarches, de tous les prophètes à qui Dieu  demandait une mission. « Me  voici », c’est  la  seule réponse de Jésus au désir de son Père et devant la détresse spirituelle des hommes.

Marie, à son tour, n’a pas d’autre parole à dire à l’envoyé de Dieu : « Me voici, je suis la servante du Seigneur ». Don de soi-même pour se mettre au service du fils de Dieu tout comme Jésus, elle s’est mise au service de son père. Quant à Elisabeth, elle aussi, dans sa générosité, elle attend le fils qui, lui aussi, se mettra au service du Messie : Jean-Baptiste qui prépare sa venue et qui ne se juge pas digne de délier la courroie de ses sandales.

L’humilité va toujours de pair avec le service, le don de soi tandis qu’au contraire, l’orgueilleux, le suffisant, non seulement ne rend pas service, mais plutôt, met les autres à son service. C’est l’inverse de tout le climat de ces lectures du 4e dimanche de l’Avent.

 

Humilité, don de soi vont engendrer nécessairement une troisième caractéristique, résultat, conséquence des deux premières : c’est la joie. Avez-vous remarqué combien ces lectures baignent dans une atmosphère de sérénité, de joie intérieure ? « Réjouis-toi, Bethléem, tu es la plus petite des villes de Juda, mais c’est de toi que naîtra le Sauveur. Grâce à lui, tes enfants vivront en sécurité et lui-même, il sera la paix ».

Existe-t-il scène plus souriante, plus détendue, plus allègre que celle de la Visitation ?

On voit la Vierge aller en hâte à travers les montagnes de Judée annoncer à sa cousine la « Bonne Nouvelle ». Elle n’a même pas à l’annoncer. Elle-même sent son enfant tressaillir d’allégresse en elle ! « Comment ai-je ce bonheur que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ?  ». « Oui, toi-même, Marie, tu es bienheureuse parce que  tu  as cru à la parole de Dieu ».

 

Prélude à la joie de Noël : ceux qui ont accepté de préparer la venue du Sauveur, baignent dans la joie, joie de ceux qui se laissent envahir par l’esprit de Dieu, si bien que la Vierge ne peut plus contenir ce bonheur intérieur et qu’elle laisse éclater sa joie : « Magnificat ! Mon âme exalte le Seigneur et mon esprit est rempli de joie à cause de Dieu, mon Sauveur. Toutes les générations me diront « Bienheureuse ». Il a porté son regard sur son humble servante, il a fait en moi de grandes choses. Saint est son nom ».

  Joie qui fait jaillir l’action de grâces.

  Joie missionnaire de celle qui a su dire « Oui » et qui s’est dite « Servante du Seigneur ».

Ce mystère de la petite bourgade de Bethléem, celui de Jésus qui dit « Me voici », celui de Marie qui dit « Oui » :

– C’est le mystère même de l’Eglise

– C’est la clé de toute notre vie de chrétien :

  • C’est dans l’humilité, en étant petits devant Dieu et devant les autres ;

  • c’est dans le don de soi, l’oubli de soi au service d’une cause qui me dépasse ;

  • c’est dans la joie intérieure, cette sérénité intime que l’on appelle « la paix » ;

 que résident les conditions de base de toute la vie spirituelle de celui qui veut vivre selon l’Evangile.

Que, dans ces quelques jours qui nous séparent encore de Noël, nous puissions vivre dans le climat qui a provoqué cet évènement : humilité, don de soi et joie.  AMEN

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