En route vers la sainteté
Mt 5, 1-12
Un jeune de treize ans à qui je reprochais sa médiocrité, m’a répondu un jour : « Tout le monde ne peut pas être un Saint » comme pour s’excuser de ne pas en être ̏un ̋. Et je lui ai répondu : « C’est vrai. Mais tout le monde peut se mettre en route vers la Sainteté ».
En effet, vous tous, frères et sœurs, quel que soit le degré de sainteté auquel vous êtes parvenus (ce que vous ignorez, et cela vaut beaucoup mieux pour vous ; seul Dieu peut être juge pour en décider), quel que soit ce degré, il faut vous mettre en route vers la Sainteté. Pour cela, rassurez-vous, il ne suffit pas de faire des choses extraordinaires : de rentrer dans un couvent, de faire des miracles ou d’avoir des apparitions du Sacré-Cœur.
C’est au contraire à travers les circonstances les plus ordinaires de votre vie à vous (pas celle des autres) que vous devez vous mettre en route vers la sainteté.
Sainteté : dans la vie de famille avec le mari ou la femme que vous avez, dans le travail, avec le métier que vous exercez, dans les loisirs, avec la détente que vous recherchez, dans le quartier où vous habitez.
C’est curieux, on rêve toujours d’une sainteté dans des circonstances différentes de celles que nous vivons !
« Ah ! Si je n’avais pas le mari que j’ai ! »
« Ah ! Si j’exerçais une autre activité, alors, là, oui, je le sens bien je pourrais faire des progrès sensationnels ! »
Eh non ! La sainteté est le résultat de choses toutes simples, toutes ordinaires, mais seulement faites par amour de Dieu et par amour des autres. Et cela, voyez-vous, qui que vous soyez : petits ou grands, riches ou pauvres, en bonne santé ou malades, vous êtes tous capables de le faire, avec l’aide de Dieu qui ne vous manquera jamais !
Pour devenir un Saint, il n’est pas nécessaire de passer à la télévision ou de recevoir le prix ̏Nobel de la paix ̋ ou d’avoir son nom dans les journaux comme l’abbé Pierre ou mère Thérésa.
Ce qu’il faut : c’est faire toutes choses, même les plus petites, même les plus banales avec amour, amour pour Dieu, amour pour les autres.
Guy de Larigaudie disait : « Il vaut mieux éplucher des pommes de terre avec amour que de bâtir une cathédrale sans enthousiasme » et St-Paul disait à son tour : « Frères, j’aurais beau connaître toutes les langues de la terre, être le plus savant des hommes, si je n’ai pas l’amour, je ne suis rien ».
Une fille de 4e année de catéchisme, me disait un jour :
« Oh ! Vous savez, ma grand-mère, c’est une dévote, c’est une sainte ! Elle dit son chapelet tous les jours mais elle vit toute seule dans sa grande maison. Elle ne reçoit jamais personne, aussi on ne la voit pas beaucoup : elle a peur que si nous allons chez elle, on lui casse des vases ou on salisse le salon. Elle garde tout pour elle : on ne l’aime guère et je crois qu’elle ne nous aime pas beaucoup non plus ! »
Eh bien, non ! Cette grand-mère n’avait rien d’une sainte. Il ne faut pas confondre sainteté et bigoterie ou ̏sainteté ̋et ̏dévotion ̋.
C’est sur l’amour que nous serons jugés et pas sur le nombre de chapelets que nous aurons débités : les vrais saints, on les admire et on sent bien qu’ils nous aiment !
Autre chose à ne pas confondre : sainteté et perfection.
Vous connaissez le proverbe : « La perfection n’est pas de ce monde ». C’est vrai, c’est impossible d’être parfait et de n’avoir aucun défaut (il n’y a que Dieu).
Personnellement, je ne connais personne qui soit sans défaut. En revanche, je connais pas mal de gens qui sont en marche vers la sainteté.
Tous les saints avaient leurs défauts, leurs faiblesses, leurs moments de révolte ou de colère. Les saints n’étaient pas parfaits : seulement, ils étaient en marche vers la sainteté. Bien sûr, ils retombaient dans leurs pauvres petits péchés quotidiens, ils le reconnaissaient humblement et se relevaient bien vite, avec l’aide et le pardon de Dieu et ils repartaient confiants sur la route du don de soi au Seigneur, du don de soi aux autres.
Mais le Seigneur, dans l’Evangile que nous venons de lire, nous dit : « Attention ! Ne vous laissez pas piéger ! »
Sur la route de la Sainteté, il y a des pièges et vous risquez de tomber dedans ! Quels pièges ?
* l’amour de l’argent : la solution de Jésus est « Bienheureux les pauvres de cœur » = ceux qui sont détachés des richesses matérielles et qui ne recherchent pas seulement leur bien-être, leur confort, leur tranquillité