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1er Dimanche de l’Avent (Mc 13, 33-37) – Homélie du Père Louis DATTIN

Vigilance

Mc 13, 33-37

Vous le savez, frères et sœurs, il y a une année civile  dont le 1er jour s’appelle le « Jour de l’An », 1er janvier. Il y a aussi une année scolaire qui commence au début de septembre et qui finit à la fin de juillet.  Il y a également une année liturgique : elle commence toujours  le  1er  dimanche  de  l’Avent ; c’est  aujourd’hui, pour  se  finir à la fin de novembre prochain à la fête du Christ-Roi.  Alors je n’hésite pas à  vous dire aujourd’hui : «Bonne et Sainte année à toute notre communauté.  Que cette année soit une année de paix, d’unité entre vous, de fidélité aux  « rendez- vous » que Dieu vous donne lui-même ». Comme les années passent vite ! Et plus l’on vieillit, vous verrez, plus elles s’accélèrent et, dès lors, se pose à nous la seule question vraiment intéressante : « Où allons-nous ? »

Pourquoi ce défilé rapide de jours, de mois ?

Pourquoi cet enfant d’hier est-il devenu un adulte aujourd’hui, et un vieillard demain ?

Pourquoi ces rides que ne cachent guère les crèmes rafraichissantes ? Quel est le but de la vie ? Oui, le monde a t-il un sens ? Une destination ?

Les scientifiques ne peuvent pas répondre : ils observent le présent, mais ils n’ont pas la clef de l’avenir.

Les économistes : il ne faut pas non plus leur demander grand-chose par les temps qui courent… après la chute du scientisme, du nazisme, du marxisme et les impasses des économies libérales !

Les agnostiques, eux, disent qu’on ne peut pas savoir.

Quant à Jacques Brel, le chanteur, il disait, avant sa mort, que le but de la vie c’est de vivre encore quelques mois !

Quant aux chrétiens, dont vous êtes, j’espère, ils répondent :

« On est sur  la  terre  pour  aimer  Dieu  et  son  prochain  et  ainsi  mériter la vie éternelle ». Cette réponse n’est pas fausse. Mais si vous avez écouté l’Evangile, elle est tout à fait insuffisante !

La  religion  n’est  pas d’abord un code de bonne conduite pour obtenir une  bonne  note  à  la  fin  de  sa  vie ! Le  but  de  la  vie, c’est  un  jour,

la  Rencontre  Merveilleuse  et  Désirée  avec  quelqu’un, avec  Jésus !

Là est la clef de l’énigme, le sens réel et concret de la vie de tout un chacun. Vivre, c’est aller vers ce « Rendez- Vous » !

Tous les hommes, aussi suffisants soient-ils, prennent conscience de leur faiblesse profonde, de leur fragilité de mortels. Au fond d’eux-mêmes, ils sont à la recherche d’un homme providentiel qui viendrait les sauver de leurs angoisses et de leurs problèmes.

Déjà, dans  l’Ancien  Testament, ils  annonçaient  et  espéraient  le « Berger de son peuple ». Il  sera nommé  « Conseiller  merveilleux »,  » Dieu fort « , « Prince de la paix ».  « Oui un jour viendra ». Et des millions de Juifs dans toute la Bible espéraient ce « Rendez-Vous » comme l’exprime si bien le vieillard Siméon :

« Maintenant,  je  peux  mourir  en  paix : mes  yeux  ont  vu   enfin le Sauveur d’Israël, la Lumière des nations ».

Pour beaucoup, cet homme providentiel n’est pas encore venu : ils peuvent vous raconter l’histoire de Jésus, l’histoire de sa Passion, le Vendredi Saint mais, lui, l’ont-ils vraiment rencontré ?

 

Avec le Nouveau Testament, nous savons que le Christ  est venu  au « Rendez-vous » promis, mais pour un temps court seulement. Nous savons aussi qu’il va revenir, mais qu’en l’attendant, tout reste à faire. Il  est  venu  montrer  à  l’homme  le  chemin  de  sa destinée, il a balisé la  route.  Mais,  cette  fois, le  but est clairement désigné : un  jour, il reviendra, ce sera la fin de la longue marche de l’humanité, rencontre définitive et suprême : la rencontre des rencontres que décrit magnifiquement St-Jean dans l’Apocalypse :

« Je vis un ciel nouveau et une terre nouvelle. Je vis la Cité Sainte, la Jérusalem Nouvelle ».

Voilà, frères et sœurs, le sens de la vie, le but de notre destin : « entrer un jour dans ces noces éternelles ». Réjouissons-nous, nous sommes faits pour le bonheur dans les bras du véritable époux.

Alors, vivre, c’est quoi ? Se préparer à ce Rendez-vous !

Nous voilà donc situés entre deux avents, deux avènements : deux événements, celui  de  Noël  et  celui  de sa venue  ultime. Nous devons être comme des fiancés qui attendent le jour des noces. Or, vous le savez, une noce, ça se prépare. On peut même dire que  les  préparatifs   sont  plus absorbants que la noce elle-même.

Notre grand jour doit se préparer : comment ? Tout d’abord par des « rendez-vous antérieurs » nombreux, chaleureux : chaque dimanche, chaque grande fête, ce sont des temps forts de la découverte de notre amour pour le Christ et de son amour pour nous !

Allons-nous vivre ce temps de l’Avent avec la joie et l’impatience d’amoureux attendant le grand Rendez-Vous de Noël et le grand « Rendez-Vous » de son retour ?

Pendant cet Avent, il faudrait faire un lifting de notre cœur.

Aurons-nous le souci de devenir meilleur, de lutter contre nos défauts non par souci de moralité ou pour ne pas être condamnés mais pour plaire à celui qui nous aime et qui, un jour, nous ouvrira ses bras au soir de notre vie ?

Peut-on dire « amoureux » des fiancés qui ne seraient nullement pressés de « vivre ensemble » ? Allons-nous, nous aussi, éprouver une « impatience joyeuse » pendant tout cet Avent vécu comme une attente pleine d’espérance des grâces de Noël, tout comme les enfants en attente des cadeaux et du sapin illuminé ?

Il n’y a pas d’amour sans échanges de cadeaux.

Seigneur, que pourrais-je t’offrir au soir de ma vie ? En face du cadeau que, toi, tu me promets : « Voir ta face éternellement », que puis-je t’apporter en retour ?

Que, du moins, Seigneur, toute ma vie, et particulièrement  ce temps de  l’Avent,  puisse  peu  à  peu, élargir  mon  cœur.  Un  cœur  vide  et pauvre, c’est vrai mais qui soit capable de recueillir tout ton amour et combler mon indigence.

Le Jésus que j’aime n’est pas dans un livre. Dieu m’aime et il me l’a signifié par Jésus. Je l’attends, en allant vers lui, et lui vers moi. AMEN