Fête de la Sainte Famille de Jésus, Marie et Joseph (Lc 2, 22-40) – Homélie du Père Louis DATTIN

Famille dans la Bible

Lc 2, 22-40

Dans ce dimanche qui suit de si près la fête de Noël, je voudrais vous rappeler, chers amis, que toute messe est une messe de mariage : eh oui ! A chaque messe, on célèbre un mariage, une nouvelle Alliance, une indissoluble alliance, une éternelle alliance : l’Alliance de Dieu avec les hommes, « les noces de Dieu avec son peuple » = la célébration de l’Humanité comme « Famille de Dieu » ; et la Bible et Saint-Paul nous rappellent que Dieu aime l’Humanité, comme un homme aime sa femme.

Voilà pourquoi la liturgie vient placer, juste après la fête de Noël, cette fête de la Sainte Famille : Dieu s’est révélé au sein d’une famille.

Nous devons, à notre tour, « vivre en famille » avec Dieu.

Nous sommes chargés, chaque famille chrétienne, de revivre le mystère de la Sainte Famille : nous devons nous aimer, en famille, avec tout l’amour dont le Christ a aimé et sauvé Joseph et sa mère, et avec lequel il a été aimé d’eux.

Dans le Christ, le mari est responsable du salut de sa femme : il doit l’aimer assez pour la sauver. La femme est responsable du salut de son mari. Les parents sont responsables du salut de leurs enfants. C’est même la principale mission sur laquelle ils seront interrogés un jour… et les enfants eux-mêmes, à mesure qu’ils grandissent, deviennent responsables du salut de leurs parents, responsables de les aimer assez pour les sauver.

Cette fête de la Ste Famille célèbre cette valeur contenue dans nos actes les plus quotidiens. Sans doute, peu d’entre nous seraient disposés à appeler leur famille, « la Sainte Famille ». Comment voir le Seigneur, en effet, comme nous le demande St-Paul, dans mon mari, dans ma femme, dans mes enfants ? Certes, il faut la foi pour cela ! Foi dans le Baptême, foi dans le Sacrement de mariage, foi dans l’amour et la présence de Dieu en chacun des membres de la famille.

Mais, même, dans cette Sainte Famille, il fallait cette foi. Joseph a dû faire foi en Marie : il a dû croire en elle d’une manière extraordinaire !

Marie a dû croire en Joseph : faire confiance à son amour, à son respect, à l’estime qu’il avait pour elle.

Joseph et Marie ont eu foi dans leur enfant : ils croyaient au mystère qui l’habitait. Ils ne comprenaient pas toujours ce qu’il faisait… mais ils faisaient confiance …

Et Jésus montrait sa foi en ses parents : « il leur était soumis » et resta trente ans à Nazareth, en famille, montrant ainsi qu’on pouvait accomplir la tâche la plus haute du monde : son salut et celui des autres en vivant affectueusement une très simple vie familiale…

 

 

Et nous ? Croyons-nous assez les uns dans les autres ? Pour s’aimer… il faut la foi, il faut continuer, à travers toutes les désillusions, de croire aux possibilités, aux richesses de tous ceux qui nous entourent.

            La famille, voyez-vous, est basée sur la foi. C’est pourquoi, une vieille expression, venant sans doute du fond des âges, nous dit de quelqu’un qui aime et qui s’engage « qu’il met sa foi » dans l’autre, cette valeur de foi maintenue, et toujours vivante, à travers les heurts et malheurs, les joies et les peines, les progrès, les chutes et les rechutes de la famille.

Mesdames, si vous aimez votre mari, ce n’est pas parce qu’il est l’homme le plus compréhensif, le plus tendre, le plus patient et le plus généreux. Non, car si votre amour ne s’adressait qu’à ces valeurs, vous seriez tentée de changer, mais vous devez aimer votre mari parce que c’est le vôtre, parce que vous êtes liée à lui par le sacrement de mariage comme à une source indéfinie de mérite et de sainteté et que, auprès d’un autre être au monde, vous ne serez plus près du Seigneur.

Et vous, maris, vous aimez votre femme, non pas nécessairement parce qu’elle est la plus belle, la plus douce, la plus tendre et la moins nerveuse du monde, mais parce qu’elle est votre femme, celle dont vous êtes toujours responsable et dont vous aurez à rendre compte pour votre salut.

Et les parents aiment leurs enfants parce que ce sont leurs enfants, ceux dont Dieu leur a donné la charge : ils ne les ont pas choisis à un concours des plus beaux bébés ou à une distribution de prix. Ils les ont acceptés, comme Dieu les envoyait. Et comme de vrais parents, vous sentez, tous, dans votre cœur, ce qu’il faut faire, pour les faire progresser vers l’homme complet, l’homme total, l’homme type, prototype : Jésus-Christ.

De même, les enfants aiment leurs parents, non pas parce que ceux-ci n’ont aucun défaut ou parce qu’ils seraient les meilleurs parents de la terre, mais ils doivent les aimer parce qu’ils sont les premiers témoins que Dieu nous a donné de sa paternité.

Tout ceci qui nous éloigne du rêve, qui nous ramène à la réalité de ce que nous sommes, est libérateur : l’amour que nous devons nous porter les uns aux autres, dans une famille, au-delà des reproches, des plaintes et des griefs, donne libre cours, pour chacun d’entre nous, à une carrière indéfinie de sainteté et ceci, dans l’accomplissement des humbles devoirs conjugaux ou familiaux.

C’est quand on aime, et qu’on est le plus aimé, qu’on est le plus heureux et le plus épanoui. Il n’y a pas de bonheur qui approche le bonheur d’une vraie famille.

 C’est dans la période où vous avez été le plus aimé que vous avez le plus grandi : on ne grandit bien que pour les êtres qui nous aiment et nous ne pouvons connaitre, fraîcheur, épanouissement, croissance que dans un milieu où nous nous sentons compris et aimés.

En vous disant cela, je vous explique du même coup quel est le moyen le plus sûr de détruire une famille (et Dieu sait s’il y en a qui se démolissent) : c’est de la juger. A partir du moment où vous oubliez son caractère sacré et où vous jugez selon les apparences, les défauts, les misères, les égoïsmes, vous détruisez votre famille.

Il nous faut un motif ABSOLU d’aimer les autres : sinon nous ne trouverons jamais une raison proportionnée aux incroyables sacrifices que va demander, dans une famille, la fidélité, la persévérance de l’amour conjugal ou familial. Ce motif absolu : c’est la foi en l’autre parce qu’il est aimé de Dieu- lui aussi.

Une sainte Famille est celle où l’on accepte de ne pas tout comprendre, mais de surmonter conflits et incompréhensions, où l’on accepte toujours de CROIRE, de toujours s’aimer malgré les déceptions et les souffrances.

Un être n’est jamais perdu tant qu’il reste quelqu’un pour croire en lui et pour l’aimer.

L’époux le plus indigne, la mère la plus méprisable, peut encore être sauvé, s’il reste dans le cœur de son conjoint ou de ses enfants, assez de foi pour reconnaître en lui, en elle, le Dieu qui a voulu, depuis Noël, instaurer sa présence en chacun de nous.

Le monde a été sauvé, parce que, pendant trente ans, dans une famille, on a cru les uns dans les autres et qu’on s’est aimé.

Notre monde, à son tour, ne trouvera son salut que si, dans nos familles, il y a assez de foi, assez d’amour, c’est-à-dire assez de présence de Dieu, reconnue chez les autres. AMEN

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