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3ième Dimanche du Temps Ordinaire – Homélie du Père Louis DATTIN

Semaine de l’unité

Mt 4, 12-23

 

         Ce dimanche, mes frères, est situé à la fin de la semaine de l’unité : semaine de prières pour que les chrétiens, qu’ils soient catholiques, protestants, orthodoxes ou anglicans, puissent raviver dans leur cœur ce désir exprimé par le Christ à la fin de sa vie :

« Père, qu’ils soient un, comme toi et moi, nous faisons un ».

Nous venons d’entendre la parole de St-Paul aux Corinthiens :

« Mettez-vous tous d’accord ; qu’il n’y ait pas de divisions entre vous ; soyez en parfaite harmonie de pensée et de sentiment. On m’a dit qu’il y avait des disputes entre vous. Chacun prend parti. Les uns disent : « Moi, je suis pour untel » ; « Moi, je suis pour tel autre »… Le Christ est-il donc partagé ? N’a-t-il versé son sang que pour quelques- uns d’entre nous ? Est-ce un tel ou tel autre qui a été crucifié pour vous ? Non, c’est le Christ lui-même, qui est mort pour tous ».

 – Ce message de St-Paul ne s’adresse pas seulement aux Corinthiens, il s’adresse à nous aujourd’hui. N’y a-t-il pas aussi, dans nos communes, dans nos paroisses mêmes, dans nos familles, des divisions, des rivalités, des dissensions qui devraient être surmontées entre nous :

. parce que nous sommes chrétiens

. parce que nous disons dans le ‘’Notre Père‘’ : « Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés »

. parce que dans le cœur d’un chrétien, l’amour doit être toujours plus fort que la haine

. parce que voulant imiter Dieu lui-même, nous voulons oublier, effacer tout le mal qui nous a été fait

Pas d’unité possible sans amour, sans bienveillance à l’égard des autres. Il serait hypocrite de proclamer que  nous sommes  pour  l’unité avec  les  protestants, les  orthodoxes, les  anglicans, si, en  même temps, nous sommes brouillés avec un voisin, si l’on ne se parle  plus avec  un habitant  du  quartier, pire  encore, avec  sa belle-sœur, sa belle-mère parfois entre parents et enfants. Tant que nous serons divisés entre nous qui vivons ensemble ici, à St-Denis, nous avons bonne mine de prêcher l’unité entre les différentes familles chrétiennes de l’Orient et de l’Occident, du Nord et du Sud.

     

Comment cette division s’est-elle introduite ? Vous le savez bien : par le péché ; tout comme l’unité ne peut se refaire que par l’amour, que par l’Esprit Saint : Esprit d’unité. Entre chrétiens, rappelons-le, il ne doit y avoir qu’un seul Corps, un seul Esprit : « Appelés par vocation à une espérance unique, nous rappelle Saint-Paul, il n’y a qu’un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême. Il n’y a qu’un Dieu et père de tous, qui est en tous ».

En fait, ce qui devrait nous unir, nous faire devenir des frères entre nous, est bien plus fort et bien plus important que les motifs de division qui peuvent nous séparer : telle ou telle dispute, différent, une réflexion un peu dure, des conflits matériels, des points de vue différents. Que de broutilles, de bagatelles, si nous nous situons à hauteur de Dieu !

« Les murs de la séparation ne montent pas jusqu’au ciel » a-t-on dit. Vus du ciel, ils doivent à peine apparaitre et pourtant nous nous butons, nous voulons avoir le dernier mot, nous voulons le dessus, avoir raison à tout prix.

– Pour faire l’unité, pour refaire l’union, nous n’avons pas à attendre que l’autre, ou les autres, reviennent vers nous. Nous avons tous à aller à la rencontre les uns des autres et si nous sentons comme Dieu, peut-être avons-nous à faire le premier pas, à prendre des initiatives, quitte à perdre la face.

– Mais Jésus, le premier, n’a-t-il pas perdu la face, la Sainte Face, pour nous sauver, nous réconcilier avec le Père, nous réconcilier  entre  nous ? Certes, il  est  facile  de  jeter  la  responsabilité  sur  les  autres, de dire comme  les enfants : « C’est lui qui a commencé ; c’est de sa faute ». Facile de jeter la pierre aux autres, mais cela reste stérile et ne fait rien pour nous rapprocher.

– C’est notre cœur à nous qui doit se convertir. Cherchons d’abord à nous purifier nous-mêmes, avant de purifier les autres, à nous convertir nous-mêmes avant de convertir les autres, à nous juger nous-mêmes avant de juger les autres, car s’il existe un orgueil et un égoïsme personnel, il existe également un orgueil et un égoïsme ‘’ de groupe ‘’, ‘’ de corps ‘’. Or, il n’y a que l’humilité qui peut nous ouvrir les routes barrées qui nous empêchent de nous rencontrer.

Il n’y aura jamais de réconciliation entre familles chrétiennes, tout comme entre nous, s’il n’y a pas un minimum d’humilité de part et d’autre, de reconnaissance de nos fautes respectives.

– Peut-être aussi, nous faisons-nous une fausse idée des autres. Nous avons d’eux une image qui ne correspond pas à la réalité : si nous les connaissions mieux, l’unité serait plus facile à établir.

Un des premiers efforts à faire, c’est de nous efforcer de mieux connaitre ceux qui nous entourent. Trop d’idées saugrenues circulent encore : il y a vingt -cinq ans, je n’avais sans doute jamais rencontré un protestant, encore moins un orthodoxe et je savais surtout que c’était des gens à éviter… et puis j’ai rencontré des hommes et des femmes à la foi transparente, à la charité sans limites, à l’esprit apostolique admirable. Puissent-ils, eux aussi, rencontrer des catholiques de cette qualité. Alors déjà, beaucoup d’idées toutes faites sur les uns ou sur les autres seront détruites, comme au premier temps de la chrétienté.

 Les hommes croiront s’ils peuvent dire des chrétiens : « Voyez comme ils s’aiment ».

C’est notre unité, notre solidarité entre nous, notre communauté paroissiale, unie et vivante, qui fera envie  aux autres  et les  décidera à  venir avec nous.

Tout est possible, si d’un seul cœur et d’une seule espérance, nous demandons au Père cette grâce de l’unité : « Père que ton règne vienne», « que ton amour unisse tous tes enfants ».    AMEN