Solennité de la Nativité du Seigneur- Homélie du Père Louis DATTIN

NOËL

Jésus vient vers nous

« Il est venu chez les siens, nous rappelle St-Jean, et les siens : c’est-à-dire, nous, les chrétiens, ne l’avons pas reçu ».

Aussi ces refus de Bethléem, ce Dieu mis sur la paille, doit-il me faire réfléchir et me poser cette question : le Christ est-il reçu chez moi ? Présent dans ma conscience, dans ma famille, dans mes affaires, dans mes projets ? Suis-je capable de lui dire à tout moment : « Mais Seigneur, c’est vous, entrez donc ».

A chaque fois, qu’un évènement heureux ou malheureux survient, qu’il y a un acte à poser, un geste à faire, chaque fois, c’est une demande de Dieu à pénétrer dans ma vie : est-il le bienvenu ? Ou un gêneur ?

Trop souvent, notre prudence humaine, nos sécurités, notre souci de confort intérieur, vont l’obliger comme avec les habitants de Bethléem, à faire ce porte à porte inutile, qui le chasse de chez moi, puis de ma ville, enfin de mon époque et de ma civilisation qui devient païenne.

Au XXIe siècle, quelle place fait-on au Christ ? Oh ! Pas dans le tabernacle, ni dans nos églises, mais dans nos conversations, nos bureaux, nos hôpitaux, nos médias, nos tribunaux, nos écoles, nos journaux, au foyer, dans le monde des affaires, dans la vie conjugale, dans l’éducation des enfants ?

Le Christ c’est toujours le petit pauvre, éconduit, chassé, que l’on pourrait faire naitre maintenant dans une vieille case de la banlieue, abandonné de tous.

 

Ainsi, à Noël, Dieu se fait voir tel qu’il est : un petit, un faible, un pauvre, un Dieu qui ne s’impose pas, qui ne forcera pas notre porte mais qui, chez nous, demande l’hospitalité, en nous, demande à être accueilli…Ce n’est pas sa manière d’entrer de force. Il frappe discrètement et attend qu’on lui ouvre. Jamais il ne s’imposera : car il nous a créés libres, c’est-à-dire capables de l’accueillir ou de le chasser. Il désire avant tout notre amour, et l’amour de l’autre, ça ne se force jamais…Le Christ n’est pas comme nous à vouloir posséder des choses. Ce qu’il désire, lui, c’est attirer les personnes… des personnes libres et aimantes. Les choses peuvent être belles et précieuses comme l’est un diamant au doigt d’une femme… mais il est sans amour : lui, le Messie ;

C’est notre amour qu’il recherche, un amour libre qui lui dise ‘’d’entrer dans notre vie’’.

C’est donc toute ma vie chrétienne qui est basée sur cet accueil.

            Le Christ a-t- il sa place chez nous ou reste-t-il à la porte ?

« Voilà, nous dit-il, dans le livre de l’Apocalypse, que je me tiens à ta porte et que je frappe et si quelqu’un (admirez la discrétion de ce ‘’si’’) si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui pour souper, moi près de lui, et lui près de moi ».

Dieu n’est pas quelqu’un vers qui l’on va ou vers qui l’on monte ; il est à la fois trop loin et trop haut pour qu’on puisse l’aborder :

« Mes voies ne sont pas vos voies. Vos chemins ne sont pas les miens ».

C’est bien pour cela, qu’à Noël, c’est lui qui vient vers nous, qui se fait homme pour vivre avec nous, pour s’établir parmi nous et demeurer en nous.

Tout donc, dans la vie spirituelle du chrétien est une question d’accueil. Dieu est le maître du ‘’Dedans’’. Tant qu’il n’a pas pénétré dans notre vie, il reste impuissant comme le bébé réfugié dans l’étable. Mais « si quelqu’un m’aime, il écoutera ma parole et mon Père l’aimera : nous viendrons à lui et nous établirons chez lui notre Demeure ».

« Nous établirons chez lui notre demeure ». A quoi donc allons-nous le reconnaître pour l’accueillir lui et non pas un autre ? « Ceci vous servira de signe, disent les anges aux bergers, vous trouverez un nouveau-né couché dans une crèche ». Signe éclatant, merveilleux, inouï ? Non pas ! Il va falloir reconnaitre Dieu dans notre vie la plus ordinaire, celle de tous les jours à chaque fois que vous aurez :

–   gardé le sourire dans une difficulté

–   acquiescé sans rien dire à une réflexion désobligeante

–   dit ‘’bien sûr’’ à un service que l’on vous demandait

–   dominé votre colère qui allait éclater

–   surveillé votre langage devant vos enfants

–   essayé de comprendre votre femme ou votre mari

–   évité de juger votre collègue ou votre voisine…

A chaque fois, c’est à Dieu que vous avez ouvert votre porte, c’est au Christ que vous avez dit ‘’Entrez’’.

Mais ce sont des petits riens, des détails auxquels nous ne faisons pas attention. Vous le reconnaitrez à ce signe : « Un tout petit couché dans une mangeoire ».

Si petit soit-il, si pauvre qu’il paraisse, il pourra vous dire au dernier jour : « J’étais un étranger et tu m’as accueilli ».  AMEN

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