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33ième Dimanche du Temps Ordinaire – Homélie du Père Louis DATTIN

La « fin d’un monde »

Lc 21, 5-9

L’année liturgique est bientôt terminée. Vous savez que l’on  recommence  une autre année avec le 1er dimanche de l’avent qui se situe environ un mois avant Noël. Et traditionnellement,  nos derniers dimanches ordinaires insistent sur le futur, sur ce que nous appelons « la fin du monde » et que j’appellerai plutôt « la fin d’ »un monde » et  la naissance d’un « nouveau monde ».

 

Certains, pensant  à cette fin du monde, sont affolés, ont peur ! Pour eux, « fin du monde » égale : catastrophes, ténèbres, panique générale et il est vrai que le Christ lui-même nous parle, pour ce moment-là, de guerres, de conflits, d’épidémies, de faits terrifiants et de grands signes dans le ciel. Or, le Christ nous dit : « Ne vous effrayez pas ! » Bien sûr, il faut que cela arrive ! Mais ce sera pour nous, chrétiens, l’occasion de « porter témoignage » et il ajoute : « Mettez-vous dans la tête que vous n’avez pas à préparer votre défense… que ce sera l’Esprit Saint  qui vous inspirera un langage et une sagesse à  laquelle vos adversaires ne pourront opposer ni résistances ni contradictions ». Saint Luc, d’ailleurs, met l’accent sur le caractère actuel de la crise, son caractère intérieur et il décourage les questions sur l’avenir.

La fin du monde n’est pas un lointain mystérieux : elle fait déjà partie de notre histoire, déjà le combat est engagé, autour de nous, et en nous, entre le bien et le mal, entre Jésus et Satan, entre la lumière et les ténèbres.

Déjà Jésus, par sa Passion et sa Résurrection,  nous  a  dit comment tout se terminera : il y aura certes, comme pour lui, l’agonie, la passion, l’échec apparent du Vendredi Saint, mais surtout Pâques, et la victoire finale, …

La « fin du monde », ce sera la Passion de Jésus que nous vivrons à notre tour et aussi et surtout « le triomphe de la Résurrection », la vie définitive et glorieuse ; le mal étant écrasé une fois pour toutes…

Tout ce qui est arrivé à Jésus, nous arrivera à nous aussi : persécutions, trahison, mort… mais aussi la victoire dans la persévérance : « Par où est passé le maitre, le disciple passera aussi »  et de même que nous ne pouvons pas séparer  » la Passion » de « la   Résurrection », nous ne pouvons pas non plus séparer les épreuves de la fin du monde d’avec son aboutissement heureux : son issue finale qui est la joie et le bonheur de tous dans un monde divin, enfin libéré du mal, du péché et de toute menace. C’est pourquoi, ce texte, aussi bien que celui de l’Apocalypse, est gorgé d’espérance et de sérénité.

Bien loin de nous  affoler, ce temps, pour les chrétiens, est un « temps de grâce » et l’occasion de manifester davantage encore de notre foi et notre témoignage.

            Aussi, Jésus  nous donne-t-il quelques conseils applicables, non seulement pour « la fin des temps », mais pour tout temps, y compris le nôtre, conseils applicables dès aujourd’hui dans notre vie quotidienne.

Le 1er est « Ne vous laissez pas égarer » : à la fin des temps, comme maintenant, nous avons à discerner le « vrai » du « faux ». Il y a tellement de faux prophètes, de fausses théories, de propagandes, de mensonges, de publicités que les gens sont intoxiqués et qu’ils sont prêts à suivre n’importe qui, dans des sectes, des mouvements, des partis. On ne sait plus “ est la vérité ?”, “où est le faux ?” C’est ce que l’on appelle à présent : la « désinformation ». Systématiquement, on lance de fausses nouvelles pour désorienter d’abord et embrigader ensuite des populations entières. Nous, chrétiens, ayons de la jugeote, du sens critique et tout simplement du  « bon sens » en jugeant d’après l’idéal que le Seigneur nous a proposé dans l’Evangile.

Le 2e conseil : « Ne vous effrayez pas » : bien sûr, les temps sont durs, et ils le seront encore ; il a des crises : morales encore plus qu’économiques. Mais pensons au cri de Saint Jean-Paul II : « N’ayez pas peur », ne cédez pas à la peur, ne paniquez pas, d’ailleurs la peur est pourvoyeuse de haine et de mal. A travers la dureté des temps, les nôtres et ceux de la fin, nous avons à faire confiance. La victoire est au bout, comme la Résurrection, celle du Christ et la nôtre. D’ailleurs Jésus ne nous a t-il pas dit : « Désormais, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps », et « s’il est avec nous, qui sera contre nous ? », uniquement les ennemis de Dieu. Il est vainqueur avec nous, alors qu’avons-nous à craindre ?

3e conseil relevé dans cet évangile : « Ne vous souciez pas de votre défense ». Dès que nous sommes en conflit, nous cherchons tout de suite quels sont les arguments que je vais avancer, quelles sont les preuves que je vais produire, quelles sont mes justifications personnelles.  Là, le Seigneur nous dit :

« Ne vous en faites pas, ne préparez pas à l’avance une plaidoirie en votre faveur ».

Vous n’avez pas à préparer votre défense, vous aurez en vous « l’Esprit Saint » que l’on appelle aussi « le Paraclet » qui veut dire, en grec, l’avocat : un autre parlera pour vous et parlera bien mieux que vous ! Il mettra dans votre bouche, un langage qui sera bien supérieur au vôtre et auquel vos adversaires ne pourront pas répondre grand-chose…

4e remarque du Christ à notre égard, pour les temps difficiles : « Je vous inspirerai une sagesse ». Ce langage, cette sagesse n’est pas fixée une fois pour toutes : on ne la trouve dans aucun livre, elle vient en nos cœurs, « par l’Esprit Saint » et celui-ci le réinvente tout au long de l’histoire, s’adaptant à notre temps, à notre mentalité, à notre contexte historique. Si nous portons l’Esprit de Dieu en nous, celui-ci saura bien nous inspirer la conduite à tenir.

5e et dernière remarque adressée à tous les chrétiens :     « C’est  par votre persévérance que vous obtiendrez la vie ».  

A travers toutes les crises, au travers de tous les évènements douloureux ou perturbés de notre monde, une seule chose nous fera tenir debout, une seule qualité nous fera traverser la tourmente : notre fidélité qui prouve la solidité de notre foi.

Il faut durer, persévérer, ne pas changer de cap ;

alors, nous arriverons, malgré les tempêtes,

jusqu’à la rive de Dieu.  AMEN