17ième Dimanche du Temps Ordinaire – Homélie du Père Louis DATTIN

Vous  direz « Notre  Père »

 Lc 11, 1-13

Ce passage de l’Evangile, mes frères, est sans doute l’un des plus éclairants que Jésus nous ait révélé sur la nature de Dieu.   Longtemps, pendant des heures parfois, les apôtres voyaient Jésus prier. On le voit par exemple au Jardin des Oliviers ou le soir, seul, dans un endroit retiré, tandis qu’eux-mêmes, au bout de quelques minutes, un peu comme nous parfois, ils sont secs, ils ne savent plus quoi dire…

Aussi sont-ils admiratifs et en viennent-ils à demander à Jésus :

« Jésus, apprends-nous à prier ».

Mais avant de prier quelqu’un, il faut le connaître, savoir qui il est, son caractère, son tempérament, et, j’allais dire son point faible. Quand un enfant demande une permission, il sait très bien s’il doit la demander plutôt à son père ou à sa mère et quel est le moment le plus favorable et la façon dont il doit s’y prendre…

C’est ce que nous apprend Jésus aujourd’hui : « Quand vous priez, nous dit-il, vous direz « notre Père » ». Dieu : un Père, une Mère, Dieu tendresse, Dieu Amour, Dieu qui s’occupe de nous comme un père s’occupe de son fils, ça a dû faire choc dans l’esprit des apôtres !

Déjà, bien sûr, dans l’Ancien Testament, Dieu avait manifesté de l’amour pour son peuple en le défendant de ses ennemis, mais avec une « poigne forte et bras raccourci », comme dit le psaume et si, parfois, par le prophète Osée ou Isaïe, Dieu a des accents d’affection  à  l’égard de son peuple, l’éducation  qu’il lui donne ressemble parfois à un dressage.

Par quelles tribulations, par quelles dures épreuves, passe Israël, pour assouplir ce peuple dont Dieu dit, lui-même «qu’il a la nuque raide » : c’est la faim et la soif dans le désert, les batailles perdues, les pillages, les exils successifs, les invasions, la destruction du Temple, annoncés par les prophètes et qui se réalisent inexorablement.

Dieu fort, Dieu terrible, Dieu jaloux, Dieu vengeur, devant qui on se voile la face « éloigne-toi de moi, Seigneur, car je ne suis qu’un homme aux lèvres impures », Dieu tout puissant, maître des éléments, maître des évènements, Dieu exterminateur des méchants, punissant sévèrement même ses meilleurs serviteurs : Moïse qui n’entre pas dans la Terre Promise par un manque de confiance en Dieu, David dont l’enfant est tué parce qu’il a péché.

Mais quand vous priez, vous direz « notre Père », quelle révélation !

. Dieu : un père que l’on doit appeler par son nom : « Que ton nom soit sanctifié ».

. Un Père qui leur donne à manger : « Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour ».

. Un Père qui pardonne : « Pardonne-nous nos offenses ».

. Un Père qui nous soutient et nous protège : « Délivre-nous du mal ».

. Un Père qui est prêt à nous donner tout ce dont nous avons besoin : « Demandez et l’on vous donnera ».

. Un Père qui est prêt à nous faire découvrir tout ce que nous désirons savoir : « Cherchez et vous trouverez ».

. Un Père qui est prêt à ouvrir la porte à chaque fois que l’on y frappe : « Frappez et l’on vous ouvrira ».

 

Cependant, attention, pas d’équivoque, pas de  malentendu. Ce  n’est pas par usure, par ennui, parce que l’on insiste trop, que Dieu nous exauce, comme l’ami qui est dérangé pendant la nuit et qui lui donne pour se débarrasser de lui. Non, c’est par amour, c’est par affection pour nous parce que sa nature est don de soi, oubli de soi, parce que sa joie c’est de donner, de se donner, de semer la joie autour de lui. Dieu n’a qu’un désir, n’attend qu’une chose, qu’on lui demande ce dont on a vraiment besoin, pour nous le donner avec joie.

Si Dieu a été créateur, si le monde existe, si nous sommes là aujourd’hui, c’est parce que Dieu est amour et qu’un véritable amour ne peut pas se garder pour soi. Il doit faire surgir la vie. Prenez deux époux qui ne sont pas égoïstes, leur amour, à eux aussi, devient pro créateur, c’est-à-dire créateur comme celui de Dieu. Ils ne peuvent garder leur amour pour eux deux, il faut qu’ils en fassent profiter d’autres êtres : leurs enfants et leur couple devient alors un foyer d’amour. Dieu, Trinité, foyer d’amour, n’a pas  voulu, n’a  pas pu garder cet amour en circuit fermé, il fallait qu’il éclate : « Amor diffusum sui » dit St-Augustin.

« L’amour, de par sa vraie nature, est don de soi aux autres » et c’est parce que l’homme a été créé à l’image de Dieu que son amour pour un autre, ou pour une autre, devient, lui aussi, créateur de vie, créateur de leurs enfants, comme Dieu, et qu’ils s’en occupent jour après jour, année après année, pour épanouir, peu à peu, leur corps, leur esprit, leur cœur, leur âme. Ils ne font pas autre chose que ce que fait Dieu avec nous !

Et c’est pourquoi, à la fin de cet Evangile, Dieu se compare lui-même aux papas et aux mamans de la terre pour nous donner un  argument  a fortiori : « Vous  les papas, vous  les mamans, qui cependant n’êtes pas parfaits, dont l’amour est encore à améliorer, qui perdez souvent patience et qui avez parfois tendance à dire à vos enfants : « Va voir ailleurs si j’y suis », vous qui êtes comme vous êtes, …, sincèrement, est-ce que vous auriez le cœur de donner un serpent à votre fils qui vous demande un poisson ? Ou un scorpion, s’il vous demande un œuf ?…Bien sûr que non, n’est-ce pas ? »

Si donc, nous qui sommes des pécheurs, qui ne sommes pas parfaits, tant s’en faut, qui sommes capables d’actions ou de pensées méchantes, nous savons si bien donner de bonnes choses à nos enfants, alors Dieu, Dieu amour, Dieu amour total, à combien plus forte raison !

Bien mieux, lui, il n’attend que cela, qu’on lui demande, pour pouvoir donner et plus fort encore, c’est lui qui nous demande de demander ! Ce n’est pas nous qui cherchons pour trouver, c’est lui qui nous cherche pour nous trouver (comme le bon pasteur avec la brebis perdue). Non seulement, il nous dit :

« Frappez et l’on vous ouvrira », mais c’est lui qui frappe à notre porte, nous dit St-Jean dans l’Apocalypse : « Voici que je me tiens à ta porte et que je frappe. Si quelqu’un m’ouvre, j’entrerai chez lui et nous dinerons ensemble, lui avec moi et moi avec lui ».

Mais, frères et sœurs, je vous vois venir avec une objection que j’ai souvent entendue : « Je sais, Dieu est Père, Dieu me veut du bien, mais souvent j’ai demandé et je n’ai pas reçu. Souvent, j’ai frappé et l’on ne m’a pas ouvert. Souvent, j’ai cherché et je n’ai pas trouvé ».

Ecoutez bien, alors, la dernière parole de notre Evangile d’aujourd’hui et nous aurons la réponse :

« Vous  qui donnez  de bonnes  choses  à vos enfants, combien plus votre Père du ciel donnera-t-il L’ESPRIT-SAINT à ceux qui le lui demandent ».

Il ne s’agit pas de demander n’importe quoi à Dieu, de frapper à n’importe quelle porte, de chercher n’importe quoi, n’importe comment. Dieu veut nous donner le meilleur, l’essentiel, ce dont nous avons d’abord besoin, un besoin indispensable, vital, essentiel : l’Esprit-Saint, son Esprit d’amour, son Esprit de famille, à lui qui est Père, lui qui est oubli de soi, son esprit de générosité.

Voilà, en priorité ce dont nous avons besoin. Voilà le cadeau nécessaire et suffisant pour réussir notre vie : être animé par cet Esprit de Dieu et c’est LUI que nous devons demander dans notre prière et tout le reste nous sera donné par-dessus le marché.

Car il est heureux, de toutes façons, même s’il passe par des épreuves, celui qui vit en fils de Dieu, parce qu’il sait qu’il a un Père qui veille sur lui et qui l’aime plus encore que n’importe quel papa ou maman aime son enfant.

Il suffit de jeter notre regard vers Lui.  AMEN

 

 

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