La Sainte Trinité – Homélie du Père Louis DATTIN

Jésus est famille

Jn 16, 12-15

Une personne me disait, un jour : « Je suis passée du Dieu de la peur qu’on m’avait enseigné quand j’étais enfant, au Dieu de l’amour ». Cette fête de la Sainte Trinité, frères et sœurs, est justement, pour nous, l’occasion de méditer sur ce Dieu d’amour, car elle répond à l’une des attentes les plus profondes de tout homme.

Aujourd’hui, particulièrement, nous vivons dans un monde mécanisé, technicisé, aseptisé et l’on aspire, et c’est bien normal, à autre chose qu’à des voitures toujours plus performantes ou à ces gadgets qui, soi-disant, doivent nous rendre la vie plus belle et plus heureuse. Nous sentons bien que tout cela n’a rien à voir avec la vraie vie et le vrai bonheur.

Tous, en revanche, nous aspirons à la tendresse, à une vraie transparence dans nos échanges avec les autres. Nous désirons en un mot : l’amour, aimé et être aimé. Bien des jeunes, en particulier, voudraient y croire. Mais quand ils voient tout ce qui se passe, ils ne sont pas sûrs que ce soit possible ; et pourtant quand ils découvrent une famille où l’amour règne joyeusement entre parents et enfants, quand ils entendent parler de mère Theresa, de la sœur Emmanuelle, de Jean Vanier ou de l’abbé Pierre ou quand ils découvrent autour d’eux un groupe d’amis engagés au service des plus défavorisés, alors, ils se disent : « Oui, l’amour vrai, ça existe, c’est possible. L’amour vrai, ça existe !

Et ça existe d’abord en Dieu lui-même : c’est ce que nous révèle la Bible, non pas à la manière d’un catéchisme, mais en montrant comment Dieu s’est manifesté au cours de l’histoire. Dieu, dans l’Ancien Testament, c’est celui qui aime son peuple, qui fait alliance avec lui, qui l’épouse, en quelque sorte, pour en faire un peuple libre et qui l’accompagne tout au long de son parcours : « Tu seras mon peuple… et je serai ton Dieu ! », comme un jeune trouve sa joie dans son épouse, tu feras la joie de ton Dieu. Dieu, c’est le Père plein d’amour pour ses enfants et c’est l’époux qui sera toujours fidèle à ceux qu’il aime. Dieu. C’est aussi le créateur qui a multiplié les beautés de la nature devant lesquelles nous nous émerveillons : c’était tout le sens de la 1ère lecture.

Et voici qu’avec le Nouveau Testament, nous apprenons que ce Dieu qui nous aime a, avec lui, de toute éternité : un Fils, son Fils bien-aimé, le Verbe Jésus. C’est ce Fils éternel du Père qui s’est incarné dans notre histoire, il y a 2 000 ans et dont les évangiles nous rapportent les paroles : « Le Père et moi, nous sommes un. N’avez-vous pas compris que le Père est en moi et que je suis dans le Père ? »

Retenons bien cela : le Père et le Fils ne sont qu’un, tout en étant distincts. Ils sont liés l’un à l’autre par un même projet d’amour envers l’Humanité qu’ils veulent sauver et transfigurer à leur image. Et voilà qu’avant de passer de ce monde à son Père, Jésus promet à son tour aux apôtres de leur envoyer l’Esprit Saint, l’Esprit de Vérité, l’Esprit de force. Il sera comme  une nouvelle présence du Père et du Fils avec eux et tout au long du parcours de l’homme. Cet Esprit n’ajoutera rien à ce qu’a dit Jésus, mais il leur rappellera, il reprendra tout ce qui venait de Jésus et du Père « car, dit Jésus, tout ce qui appartient au Père est à  moi ».

L’Esprit, c’est donc un troisième si l’on veut, mais un troisième qui forme avec le Père et le Fils une communion parfaite d’amour et de volonté et qui poursuit dans l’Eglise la réalisation du projet de Dieu tout au long des siècles. Notre Dieu, qui se révèle dans la Bible, n’est donc pas une sorte de solitaire replié sur lui dans un ciel lointain et uniquement soucieux de sa gloire. Ce n’est pas « le grand architecte » de Diderot ou « l’horloger de Voltaire ». Le Dieu auquel nous croyons ne s’identifie pas au « Dieu des philosophes et des savants ». Que de définitions on a donné de Dieu ! Mais quand il s’agit de lui, nos mots nous trahissent, nos pensées aussi ! Pour moi, la vraie réponse, c’est celle d’une petite fille au catéchisme à la question :

«  La Trinité, qu’est-ce-que cela veut dire ? »

« C’est, parce que, quand on est tout seul, on ne peut pas partager ! » (En voilà une qui n’était pas loin de comprendre Dieu).

Le Dieu de la Bible, c’est un foyer d’amour, une communion de trois cœurs qui s’aiment, une harmonie de trois intelligences et de trois volontés unies dans une transparence totale au point de ne plus faire qu’un : la Sainte Trinité.

Tel est  le  Dieu  des  chrétiens : l’être  de  Dieu  est  indicible.

« Je suis qui je suis » pas plus, pas moins ; mais cependant, il s’est fait homme et de ce fait, j’ai une expérience de Dieu, une expérience de croyant. Je ne sais pas qui est Dieu, mais je sais, en plénitude, par Jésus, ce qu’il veut faire et ce qu’il veut nous dire.

 

Or que dit Jésus ?

Il dit que Dieu est Père, auteur de tout.

Il dit qu’il est Fils, en dépendance amoureuse et volontaire du Père.

Il dit qu’il est Esprit, donné pour aimer, témoigner, comprendre.

Ainsi, Jésus est Famille : trois et un, parce qu’il est amour et toute l’activité de Dieu, c’est de réunir l’Humanité à cette famille, et d’amener ainsi cette Humanité à son achèvement.

La vie de Dieu est un mystère que je ne puis saisir ; mais elle m’est  donnée. En  faut-il  plus  pour  être  émerveillé ? Mais  ce qui  nous  intéresse  le  plus, c’est  justement  que  Dieu  nous  a créés à son image.

Si donc, nous sommes à l’image de Dieu, foyer d’amour de trois cœurs qui s’aiment au point de ne plus faire qu’un, nous comprenons alors pourquoi nous ne cessons d’aspirer à l’amour, pourquoi nous avons toujours en nous ce désir d’harmonie dans nos relations avec tous ceux qui nous entourent. Puisque la nature de Dieu, c’est d’aimer, de donner, de se répandre pour tout illuminer. Alors, il en est aussi de même pour nous.

Aimer et être aimé, donner et recevoir, nous ouvrir aux autres dans un esprit d’accueil et de partage : voilà le secret de notre nature, voilà le sens de notre vie. Quand un juge a devant lui un inculpé qu’il doit acquitter ou condamner, que fait-il ? Il ne regarde pas seulement l’acte qu’il a commis : il essaie de le comprendre et pour cela, il va examiner d’où il vient, son hérédité, son enfance, ses conditions de vie, le milieu dans lequel il a vécu.

Si vous voulez vraiment comprendre l’homme dans sa réalité la plus profonde, il faut toujours vous souvenir qu’il a été créé à l’image de Dieu et que, par conséquent, il a besoin d’absolu, de lumière, de vérité et d’amour surtout. Et il est malheureux, insatisfait, il ne peut pas s’épanouir totalement s’il ne lui est pas donné de vivre à plein cet amour relationnel, à savoir conjuguer à tous les temps le verbe « aimer », à l’actif et au passif.

Si la nature de Dieu, que nous possédons nous-mêmes, est d’aimer et de donner, de se répandre pour tout illuminer, il en est de même pour nous.

La  vraie  condition  du  bonheur  pour  l’homme, parce que lui aussi est fils de Dieu, créé par lui, ce sera de s’ouvrir aux autres dans un esprit d’accueil et de partage, solidarité avec les pauvres, ouverture à tous : tel est le chemin à suivre pour être pleinement homme à l’image de Dieu et pour vivre dès ici-bas quelque chose de la joie et de la vie de Dieu.  AMEN

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