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3ième Dimanche du Temps Ordinaire – Homélie du Père Louis DATTIN

 Parole de Dieu et Unité

Lc 1, 1-4 ; 4, 14-21

Deux idées forces traversent aujourd’hui, frères et sœurs, les textes de notre liturgie :

– la 1ère : l’importance de la Parole de Dieu pour la vie d’un chrétien ;

– la 2e : cette Parole de Dieu doit nous unifier, devenir le lieu de notre unité, la force convergente de nos rencontres entre les différentes religions chrétiennes.

+ La Parole de Dieu : Dieu en effet nous parle, je prends ce verbe au présent. Il est vrai que Dieu « a parlé » à travers les siècles et la Bible est le reflet de toutes ces époques où Dieu est intervenu pour s’adresser aux hommes. Mais si Dieu a parlé, sa Parole reste toujours au présent. Il continue, par ces paroles du passé, à s’adresser aux hommes d’aujourd’hui et à ceux de demain.

La Parole de Dieu, bien qu’inscrite, datée à une époque déterminée, est toujours actuelle, toujours présente. Le Christ nous le rappelle dans la synagogue de Nazareth :

« Ayant refermé  le  livre, Jésus le rendit au servant et s’assit. Tous dans la synagogue avait les yeux sur lui. Alors, il se mit à leur dire : « Cette  Parole  de  l’écriture, c’est  aujourd’hui qu’elle s’accomplit  » » : et c’est encore vrai !

La Parole de Dieu, c’est aujourd’hui qu’elle s’adresse à nous. Elle n’est pas un souvenir, un retour sur le passé. Dieu, par sa Parole, dans son message, par la Bible, par l’Evangile ne s’adresse pas aux hommes d’hier. C’est à nous, mes frères, bien à nous, que  Jésus parle  quand  le  lecteur  ou le prêtre se met à dire le message du Seigneur.

 

La Parole de Dieu n’est : ni une archive que l’on consulte, ni un document que l’on étudie, pas même un livre que l’on ouvrirait comme n’importe quel livre.

 

 

 

. Elle est Dieu qui, à chaque fois, veut me dire quelque chose, à moi, aujourd’hui et maintenant ;

. Elle est parole vivante qui désire modifier ma vie d’aujourd’hui et de maintenant ;

. Elle est lumière qui doit éclairer mon existence ;

. Elle est une force qui doit m’engager à me convertir, à changer, dans ma vie, tout ce qui m’éloigne de lui ;

. Cette parole est une route que je dois suivre si je veux aller jusqu’à lui.

Si, pendant longtemps, et encore maintenant, des chrétiens n’ont pas été à la hauteur du programme que leur traçait le Christ, c’est, peut-être, tout simplement, parce qu’ils n’ont pas assez écouté, réfléchi, ruminé la Parole de Dieu, et surtout parce qu’ils ne l’ont pas assez mis en liaison avec leur vie personnelle. Pour un chrétien, il doit y avoir sans cesse confrontation entre ce que Dieu me dit par sa Parole et ce que je fais dans ma vie.

La messe, mes frères, vous le savez, comprend 2 parties bien nettes et bien distinctes, quoique complémentaires.

La 1ère partie : c’est la liturgie de la Parole. Dieu me parle par trois messages différents :

l’un extrait de la Bible ; l’autre extrait  d’une lettre d’apôtre ;

le 3e, l’Evangile, la Parole du Christ lui-même.

Ces 3 messages me sont adressés à moi, chaque dimanche.

Elle est le désir de Dieu sur moi pour la semaine à venir. Cette Parole doit me pénétrer à tel point que, peu à peu, dimanche après dimanche, je  m’imprègne de cette parole à ce point que c’est elle qui me guide, que c’est elle qui m’éclaire.

C’est elle qui va me déterminer dans les choix quotidiens que j’aurais à faire pour les jours à venir.

De là, je tirerai une conclusion très pratique et préliminaire : faisons attention à la qualité de la proclamation de nos lectures, qualité de la lecture elle-même. Il FAUT que le lecteur prépare le texte qu’il va proclamer aux autres. S’il n’a pu le faire, qu’il lise lentement, distinctement, en prenant son temps pour qu’elle puisse atteindre ceux à qui elle est adressée.

Qualité aussi de l’écoute de ceux qui, dans l’assistance, doivent être les récepteurs, les auditeurs de cette Parole.

Ces moments de lecture devraient être des temps forts, des moments intenses où lecteurs et auditeurs, dans un silence total, dans un climat de méditation et de recueillement, entendent Dieu parler. On écoute le Christ nous dire quelque chose pour notre vie.

+ 2e idée force de ces textes d’aujourd’hui, c’est l’unité des chrétiens. Nous célébrons aujourd’hui, mes frères, ce que l’on appelle le dimanche, la semaine de l’unité, dimanche qui se trouve dans cette semaine de prières où tous les chrétiens, qu’ils soient catholiques, protestants, anglicans, orthodoxes supplient Dieu d’effacer leurs divisions, de réaliser enfin de nouveau cette unité tant désirée par Jésus lorsqu’il disait, la veille de sa mort :

« Père, que tous soient un, comme toi, Père, tu ne fais qu’un avec moi ».

Saint-Paul, dans la deuxième lecture, nous rappelle que unité ne veut pas dire uniformité. Dans le corps humain, chaque membre a sa fonction. Chacun a son rôle à jouer dans l’Eglise. Encore faut-il qu’il n’y ait pas plusieurs Eglises, que le corps du Christ ne soit pas démembré.

Tous, dans vos communes, vous avez assisté ou vous avez entendu parler de  » remembrement ». Une exploitation agricole n’est viable, que si elle est d’un seul tenant et n’est pas parcellisée et disséminée à droite et à gauche.

L’Eglise du Christ, elle aussi, est viable, parce qu’elle est le Corps mystique du Christ, que si tous, nous faisons un, en lui, avec lui, rattachés à lui et coopérants tous ensemble sous la direction de Jésus, Tête de ce Corps, à une œuvre commune. De gros progrès en 150 ans ont été déjà réalisés pour cette unification de toutes les familles chrétiennes en un seul Corps, grâce à des efforts continus et une plus grande ouverture d’esprit. Des dialogues se sont instaurés, des réunions, des réalisations et surtout des prières communes adressées au Père commun de tous les baptisés. Il n’est plus rare de voir célébrer ensemble catholiques, protestants, orthodoxes, anglicans dans une même liturgie.

La dernière réalisation de ce vouloir d’unité a été l’édition d’une Bible reconnue par tous et fruit du travail de tous : la Bible œcuménique appelée plus souvent « TOB » (Traduction œcuménique de la Bible). Et c’est là que nous en revenons à la Parole de Dieu et à son importance : pouvoir écouter cette Parole avec les mêmes mots, avec les mêmes interprétations, pouvant dire le  » Notre Père  » dans les mêmes termes.

Si chacun de nous, qu’il soit catholique, protestant, orthodoxe, anglican  prend  cette Parole  de Dieu  au sérieux, s’il  la met en pratique, s’il en fait sa conduite de vie, comment voulez-vous qu’un jour, peut-être plus proche que nous l’envisageons, une unité de fait ne se produise pas entre frères autrefois séparés ? Cette parole du Seigneur est le ciment qui rassemble et qui maintient tous les chrétiens dans le même esprit, dans la même action, dans un même amour : celui de l’Esprit-Saint qui est avant tout  » Esprit d’amour « .  AMEN