2ième Dimanche de l’Avent – Homélie du Père Louis DATTIN

La  promesse

Lc 3, 1-6

Vous avez peut-être remarqué, mes frères, avec quelle solennité, voire même quelle emphase, commence ce passage de l’Evangile : « L’an quinze de l’empereur Tibère, Ponce Pilate étant gouverneur de Judée, Hérode prince de Galilée, son frère Philippe prince d’Iturée et de Traconitide, Lysinias prince d’Abilène, les grands prêtres étant Anne et Caïphe, la  parole de Dieu fut adressée, dans le désert, à Jean, fils de Zacharie ». On passe brusquement de l’empereur romain, de tous les princes de la région, à un pauvre homme qui prêche dans le désert. L’important pour Luc, ce ne sont pas les princes et les rois, sinon pour dater l’évènement, c’est l’aurore du salut de Dieu  et cette aurore commence avec un homme tout seul dans le désert. Tout cela est aussi discret qu’un lever de soleil : le 1er rayon, faible petite lueur, à peine visible dans l’ombre immense de la nuit.

Et pourtant, c’est  cette petite lueur qui bientôt va s’agrandir et devenir dans quelques heures, le grand jour, la lumière triomphante de midi ! Passage de la nuit à la lumière : c’est bien cela le temps de l’Avent. La lueur commence à poindre, le petit jour s’installe. « Debout Jérusalem ! Tiens-toi sur la hauteur, nous rappelle Baruc, et regarde vers l’Orient : tes enfants se rassemblent au Levant ».

Nous guettons « le jour de Dieu », la lumière du Christ qui est annoncé et qui bientôt va briller. Jean le Baptiste est là pour l’annoncer. Nous devons être sur le qui-vive, à l’affût, non pas comme la vigie du bateau pour crier « Terre », mais comme le veilleur de nuit pour dire aux  autres : « Attention, la lumière commence à briller, bientôt elle nous éclairera, tous ».

Les chrétiens sont les vigies du monde à venir, les guetteurs, puis les annonceurs de la joie qui demain envahira le monde.

Pensons à cet homme, celui, qui le 11 novembre 1918, à 11h, est  convoqué chez le colonel qui lui dit : « Clairon, prenez votre instrument. Vous allez sonner l’Armistice ». Lui, qui, il y a un instant encore, était sans doute, las, découragé, piétinant dans la boue de sa tranchée, avec quelle joie et avec quelle rapidité, il a dû aller chercher son clairon, avec quel ferveur, il a dû sonner cet armistice, mettant fin au supplice de millions de personnes !

Mes frères, c’est cette joie-là, c’est cette ferveur-là qui doit nous animer pendant l’Avent. Nous voyons pointer la lumière de Dieu, la paix de Dieu, sa justice. La Bonne Nouvelle est sur le point d’éclater et nous attendons avec impatience, avec ferveur, le moment où « tout homme verra le salut de Dieu ». Reportez-vous à vos souvenirs d’enfance : la veille de Noël ! Que nous avions hâte de le voir arriver, ce petit matin pour, avec la permission de nos parents, aller voir, auprès de la cheminée, ce qu’il y avait dans nos souliers… !

Ah ! Mes frères, si, pendant cette période de l’Avent, nous attendions avec autant d’intensité, autant de désirs intérieurs, autant d’espérance la venue de Dieu, son Royaume de justice, de paix, de fraternité entre les hommes !

Noël sera-t-il pour nous, un événement intérieur, le salut joyeux de l’arrivée de la lumière du Christ dans un monde tout rongé par l’égoïsme, miné par la haine, défiguré par l’orgueil ?

Noël, c’est la chance donnée par Dieu de recommencer avec le nouveau-né, une vie nouvelle, toute de fraîcheur, de simplicité, d’oubli de soi, de joie rayonnante.

Oui, Noël  peut être  tout cela  pour  nous, si, nous  le  rappelle Jean-Baptiste, nous sommes prêts à accueillir celui qui doit venir.

Pour être prêts, il est nécessaire, nous dirait monsieur de la Palice, de se préparer. Oui, il y a toute une préparation à Noël, tout un travail intérieur à effectuer si nous voulons vraiment que Noël soit un vrai Noël, c’est-à-dire le départ d’une vie nouvelle, une naissance, une renaissance dans notre vie, un nouveau départ, un recommencement.

Voici pourquoi Jean-Baptiste nous crie, dans notre désert d’amour : «  Convertissez-vous, changez de direction, redressez la barre » ;

 « Oui, préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers, les ravins sont comblés, toutes les montagnes et collines abaissées. Les passages sinueux seront redressés, les routes déformées remises en état ».

Oui, l’Avent, c’est cet immense chantier de l’Eglise qui veut faire passer le Seigneur qui arrive, sur une route triomphale : chantier intérieur, chantier spirituel.

 De nos jours, combien d’obstacles encore gênent la marche du Seigneur sur le chemin qui va vers nous et vers les autres : les rugosités de notre caractère, les déviations de notre foi, les fossés d’incompréhension entre les hommes, les montagnes de préjugés et d’indifférences, les sinuosités de tous nos mensonges, les fossés créés par le racisme et les différences sociales, les jalousies.  Oh, si dans tout ce relief tourmenté d’un monde raviné par le péché, une route large, droite, aplanie pouvait aller jusqu’au cœur de chacun afin que le jour de Noël, le Seigneur puisse l’emprunter sans difficultés pour aller jusqu’à notre cœur, jusqu’au cœur du monde contemporain afin que tout homme puisse voir le salut de Dieu !

 Noël,  sera-t-il une révélation, une illumination,  un accueil triomphal à celui qui vient nous sauver ? Oui, c’est possible, pour chacun de nous, pour nous tous, si cette attente devient préparation active d’un événement que l’on doit préparer.

Car il va changer quelque chose en nous et autour de nous.  Alors, que devons-nous faire pour nous convertir ? Que devons-nous changer dans notre vie ?

Là, mes frères, je ne peux pas répondre à votre place. C’est à vous de voir, de décider, au cours de cette messe et dans les jours qui vont suivre, ce que vous pouvez faire pour que ce Noël marque une étape, marque un changement et devienne pour vous, à la fois, un « événement » et un « avènement » c’est-à-dire un nouveau départ, une naissance, une renaissance de la vie du Christ en vous!

A côté de  l’empereur Tibère, de Ponce Pilate, d’Hérode et des grands prêtres, Jean, ce pauvre homme qui criait dans le désert « Convertissez-vous » ne  faisait  pas  le  poids. Ils  ont  dû  sourire  en  entendant parler de cet illuminé qui disait : « Préparez-vous ! », « Faites attention, il va venir, celui que vous attendez ! », et pourtant, c’était lui et non pas les autres, qui était en train de changer la destinée du monde.

Alors, nous aussi, si nous nous disons : « A quoi bon, moi, dans ma famille, moi, dans mon bureau, moi, dans mon quartier ou ailleurs, à quoi bon me remuer ? », souvenons-nous que c’est en nous, que c’est par nous que passe l’annonce du salut de Dieu et que c’est à nous que Dieu donne la charge de conduire le monde dans la joie, à la lumière de sa miséricorde et de sa justice. Dans notre vieux monde paganisé, nous avons l’impression de crier, nous aussi, dans le désert. Faisons comme Jean. Soyons les annonceurs du sauvetage : « Tout homme verra le salut de Dieu ».  AMEN

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