1er Dimanche de l’Avent – Homélie du Père Louis DATTIN
« Nous attendons ton retour »
Lc 21, 25-28
Voici, frères et sœurs, que nous commençons une nouvelle année liturgique, une année C : cette nouvelle année, qui est comme un recommencement, nous relance de plein fouet et d’emblée dans l’attente de Noël. Cet « Avent », qui n’est pas un « Avent » avec un « A », bien que ce soit avant Noël, mais un « Avent » avec un « E » parce qu’il vient du mot « adventus » – l’évènement -. C’est l’attente et la préparation active d’un événement : la venue du Sauveur, qui vient nous libérer, qui vient nous secouer dans notre torpeur, nous sortir de nos habitudes et nous faire changer de rythme, et c’est vrai que nous avons pu au long de ces 34 semaines de temps ordinaire, nous endormir ou du moins nous installer dans des routines, dans des habitudes, des torpeurs d’une vie chrétienne qui va son train-train mais qui n’est plus dynamisée par une activité et une préparation à un grand évènement.
Or, ce grand évènement, il arrive, il est tout près : il sera là dans moins d’un mois. C’est Noël : pas surtout pour les confiseurs ou les marchands de jouets, pas seulement pour les boîtes de nuit ou les restaurants avec cotillons, mais surtout et avant tout pour les chrétiens qui fêteront la venue du Sauveur, non pas seulement comme un anniversaire de naissance, mais comme une relance, comme une nouvelle naissance en eux, d’une vie qui ne demande qu’à grandir en nous et avec nous : la vie du Christ qui est venu, justement, pour nous donner la vie et nous la donner en surabondance.
Qui d’entre vous n’a pas besoin d’être relancé, d’être à nouveau propulsé, redynamisé dans sa vie intérieure et extérieure ?
Qui n’a pas besoin de ce surcroit d’énergie qui va lui redonner un nouvel élan pour que sa vie de chrétien ne devienne pas une habitude, un ronron qui peu à peu se transforme en véritable sommeil spirituel ?
Voici le temps de l’Avent qui est le temps des veilleurs.
Un chrétien est d’abord quelqu’un qui est en attente d’autre chose, en attente de quelqu’un ; et l’Avent est ce temps de l’attente active, à l’affût, préparatoire.
Mais peut-être n’attendez-vous rien ? « Oh ! Ça va bien comme ça, je n’en demande pas plus : que ma vie chrétienne ne m’encombre pas trop, qu’elle me donne le temps de faire autre chose à côté ». Or, justement, ce n’est pas à côté que vous avez à vivre. C’est toute votre vie qui doit être irriguée par votre idéal chrétien où Jésus-Christ présent vous inspire de mener votre vie, ni à côté, ni en marge de votre vie quotidienne, mais au creux même de celle-ci.
Aux gens anémiés, fatigués qui peu à peu marchent avec des semelles de plomb, pour qui tout est lassitude : le médecin leur donne des fortifiants, des dynamisants, un traitement d’attaque pour qu’ils retrouvent leur vitalité première. C’est ce que nous allons faire pendant l’Avent : temps de rajeunissement, de renouvellement, traitement d’attaque et de relance de notre attente spirituelle. Il n’y a rien de plus désespérant que quelqu’un qui n’attend rien, qui ne désire rien, qui n’a ni soif, ni faim de quelque chose ou de quelqu’un d’autre. Il faut absolument qu’un enfant qui ne mange plus, retrouve d’abord son appétit, après quoi, il mangera… volontiers.
Suis-je en appétit, prêt à une nouvelle aventure, décidé à repartir, prêt à quitter mes vieilles habitudes pour créer du neuf, voir du nouveau, vivre de l’inédit ?
Mon âme est-elle encore assez jeune pour me lancer dans une aventure qui me fait un peu peur au départ, mais que je ne regretterai jamais une fois que je m’y serai lancé ?
Il y en a un qui se met en route… il y en a un qui vient à notre rencontre et qui désire habiter parmi nous : pas seulement il y a 2000 ans, mais maintenant et cette année encore. Le 25 mars, le jour de l’annonce à Marie, le jour de l’Incarnation, il y a déjà huit mois, Marie avait dit « oui » à la demande de Dieu et le « Verbe s’est fait chair« … et il va habiter parmi nous. Ce sera neuf mois après : le 25 décembre !
Une naissance, dans une famille, ça se prépare aussi bien par les parents, que par les frères et sœurs, que par toute la famille et le dernier mois est le temps des préparatifs à cette naissance qui va bientôt arriver. Allez-vous préparer Noël ? Ou bien va-t-il arriver sans que vous l’ayez vu venir, pris par surprise le 24 au soir ?
Les commerçants, eux, y ont déjà pensé depuis longtemps ! Depuis déjà longtemps, leur commande de Noël est passée. Déjà la publicité et les articles et cadeaux de Noël commencent à scintiller : marchands de cadeaux, bijoutiers, restaurants, magasins de confection préparent leurs offres. Et pour nous, chrétiens, que sera Noël 2015 ? Peut-être vous demandez-vous quelle robe vous allez porter ce jour-là ou quel cadeau vous allez offrir à votre mari ou quel menu vous allez servir à vos invités ?
Allons-nous prendre les conséquences de la fête pour la fête elle-même ? Allons-nous, une fois de plus, confondre l’essentiel avec l’accessoire ?