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Résurrection du Seigneur (Messe du jour) – Homélie du Père Louis DATTIN (Jn 20, 1-9)

 Vie nouvelle

 Jn 20, 1-9

« Nous allons tenter le tout pour le tout », ont expliqué quelques grands professeurs de l’école de médecine aux parents de l’enfant. Ils ont l’air grave, ils pèsent leurs mots. De toutes façons, l’enfant est condamné : il n’a plus que quelques jours, tout au plus, à vivre, peut-être quelques heures. Ces médecins ne se font pas d’illusions et n’en donnent pas non plus aux parents : « De 5 à 10% de chances de le sauver, pas plus ; acceptez-vous l’intervention ? Vous êtes libres… de toutes façons, il n’y a que cette issue. Toutes les autres sont fermées ». Sans dire un mot, le père regarde sa femme et tous deux, ils baissent la tête pour dire qu’ils acceptent.

Et c’est pour eux deux, la longue attente, l’angoisse : « De toutes façons, avait dit un spécialiste, il faudra attendre 3 jours pour savoir si l’opération a réussi, si votre fils a quelque chance de survivre ». 3 jours sous la chape de plomb de l’anxiété, de l’incertitude, de la gorge serrée, de l’attente interminable, pour lire sur le visage du médecin, rien qu’à son regard, que tout est fini, qu’il n’y a plus rien à faire ou, au contraire, que la vie a été la plus forte, que l’espoir s’est épanoui, que les nuages noirs se sont dissipés pour faire place au soleil levant, la joie, la joie immense et débordante, celle aussi qui fait monter les larmes, inonde ceux qui sont passés par cette épreuve pour laisser déborder leurs émotions tremblantes et chargées d’allégresse.

C’est l’histoire de Pâques, C’est la Bonne Nouvelle qui nous est signifiée mais peut-être sommes-nous un peu trop habitués, accoutumés, pour avoir vécu, pendant cette semaine, à la fois cette expérience de douleur et de désespoir, cet état de cœur serré, pour pouvoir goûter ensuite cette joie intense, cette renaissance à l’espoir et à la vie qu’est, en fait, la Résurrection de Jésus et la nôtre avec la sienne ! Parce qu’il faut bien réaliser que Pâques, c’est cela : cet abîme de mort et de désespérance. « Des profondeurs, je crie vers toi, Seigneur » dans laquelle est plongée l’humanité avec son matérialisme décadent et déchéant, son égoïsme paralysant, sa méchanceté meurtrière, ses guerres dévastatrices, ses cupidités dévorantes, avec tous ses instincts non dominés qui font des hommes un peuple d’esclaves.

Oui, nous sommes condamnés, à moins que Dieu lui-même se greffant à cette humanité par l’Incarnation de son fils n’accepte cette intervention.  Sans lui, pas d’issue, aucune chance de nous sauver. La souffrance, puis la mort, auront le dernier mot, inexorablement… à moins que, à moins que Dieu qui devient alors ‘’fils de l’homme’’ ne régénère cette condition humaine en lui infusant cet amour plus fort que la mort, cette lumière plus forte que la nuit, cette eau vive plus forte que nos sécheresses de cœurs.

Qui n’a vu l’effet d’une perfusion, d’une transfusion sanguine sur un organisme à qui l’on ne donnait plus guère de chances de vivre ? Après avoir fermé ses paupières sur un monde de haine, de mensonges et de violence, victime de ses intolérances et de sa volonté de dominer les autres, l’homme est mort, mort de tous les carcans spirituels qu’il a laissé se développer en lui.

 

Mais grâce au goutte à goutte, celui du sang versé sur la Croix « Ceci est mon sang versé pour vous et pour la multitude, en rémission des péchés », il peut de nouveau ouvrir les yeux sur un monde nouveau, monde de paix et d’amour, monde de lumière et de joie.

« Alors, nous dit Jean, je vis un ciel nouveau et une terre nouvelle. Ce sera la demeure de Dieu avec les hommes et Dieu sera le ‘’Dieu qui est avec eux’’. Il essuiera toute larme de leurs yeux. La mort ne sera plus. Il n’y aura ni deuil, ni larmes, ni souffrances et le monde ancien a disparu et celui qui siège sur le trône dit : « Voici, je fais toutes choses nouvelles. A celui qui a soif, je donnerai de la source d’eau vive. Le vainqueur recevra cet héritage et je serai leur Dieu et ils seront mes fils ! »

C’est cela la Résurrection ! C’est cela Pâques : la joie après l’épreuve, la vie après la mort, la lumière après la nuit, le calme après la tempête, la sérénité après l’angoisse !

Alors, comment, nous chrétiens, porteurs et bénéficiaires de cette bonne nouvelle, n’irions-nous pas la clamer autour de nous ? Jésus leur dit : « Soyez sans crainte, allez l’annoncer à mes frères, en Galilée, c’est là qu’ils me verront ».

AMEN     ALLELUIA !