5ième Dimanche de Carême – Homélie du Père Louis DATTIN (Jn 11, 1-45)

 Lazare

Jn 11, 1-45

Il n’y a pas à sortir de là : c’est un problème sans solution ; que nous soyons riches ou pauvres, grands ou petits, savants ou ignorants, jeunes ou vieux, nous avons beau nous débattre et raisonner, en rire ou en pleurer, la mort, oui, toujours elle, que nous la désirions ou que nous la refusions : elle est toujours là, présente, inévitablement à l’horizon de notre vie. Pas d’issue de secours, pas de faux-fuyants ; un jour, elle sera là, pas pour le voisin, mais pour nous, chacun de nous. Un jour viendra où l’on dira de moi : « Il est mort ».

Un humoriste à qui l’on disait que « la mort est un passage difficile à faire » : « Pas si difficile que ça, dit-il, on n’a jamais vu personne rater cette épreuve » et de tous ceux qui y sont passés, aucun d’entre eux n’est venu nous dire comment ça s’est passé.  Il y a bien des livres qui ont parlé de « la vie après la mort » : c’était tous des vivants qui avaient cru mourir, mais qui n’avaient pas fait le pas définitif.

Si nous ne sommes pas maîtres de la vie, au moins nous pouvons la transmettre, nous pouvons l’interrompre : par avortement, par suicide, par homicide. La mort, elle, n’est pas maitrisée et si une personne, par bonheur, est sauvé d’un accident ou d’une grave opération, elle n’en est pas moins assurée de mourir un jour… C’est simplement « remis à plus tard » et même, dans cet Evangile que nous venons d’écouter : Lazare, l’ami de Jésus, le Ressuscité, devra, un jour ou l’autre, mourir une seconde fois ! Ce n’est que partie remise.

En fait, cette résurrection de Lazare, quelques jours avant la mort de Jésus, est l’annonce, le signe avant-coureur, d’une autre résurrection, qui, celle-là, sera la bonne parce qu’elle sera définitive et qu’elle sera une victoire sur la mort qui, cette fois-ci, sera vaincue une fois  pour  toutes : la  Résurrection du Christ  écrase  la  mort, qui  n’est plus, pour celui qui a cette vie du Christ Ressuscité en lui, qu’un passage vers une autre vie dont la précédente n’a été qu’un avant-goût, une préparation, un vestibule.

Depuis Jésus-Christ, pour celui qui a la foi en lui et qui a reçu en lui cette vie du Christ Ressuscité par le Baptême, il n’est plus question d’une mort toute puissante et victorieuse : la mort est vaincue.

« Ô mort où est ta victoire ? » s’écrie St-Paul. Elle n’est plus que la servante qui ouvre la porte à celui qui frappe à la maison du Père. Vous avez entendu ce qu’a dit Jésus à Marthe :

« Moi, je suis la Résurrection et la Vie ; celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra et tout homme qui vit et qui croit en moi ne mourra jamais ». « Crois-tu cela ? »

C’est à nous qu’il pose cette question, quinze jours avant sa mort et sa résurrection : « Crois-tu cela ? » Qu’allons-nous répondre ? Comment allons-nous vivre Pâques ? Allons-nous seulement pleurer le Vendredi Saint avec les femmes de Jérusalem, résignés et désolés en disant : « Ah ! Comme c’est dommage ! »  Et retourner chez nous démoralisés, en ayant entendu Jésus pousser le grand cri final le Samedi Saint ? Ce Samedi sera-t-il seulement le simple lendemain du Vendredi Saint ? Un lendemain de deuil : « Tout est fini ! » ou bien sera-t-il, ce jour, tout frémissant de ce qui se prépare et qui sera ‘’la Grande Nouvelle’’ qui a fait basculer l’humanité dans l’espérance et dans la joie : « Christ est ressuscité et nous aussi avec lui ! »

Ce n’est plus à la vie d’avant que nous revenons, comme Lazare, tout empêtré dans ses bandelettes, mais à une vie nouvelle où nous pourrons sauter et bondir de joie en criant « Alléluia ! »

Il y a eu un jour déterminant dans notre vie, le jour le plus important de notre existence. Ce n’est pas le jour de notre naissance, ce n’est pas le jour de ma 1ière communion ou celui de mon mariage, c’est celui de notre Baptême : ce jour-là, je suis devenu un être éternel, immortel. Ce jour-là, j’ai été greffé sur la vie de Dieu : une vie qui ne connaît qu’une mort soumise à la Résurrection du Christ en moi parce que sa vie de Ressuscité est déjà en moi, et que cette vie-là est la plus forte, et que le jour de Pâques elle a triomphé définitivement !

 « Tu es baptisé ? Alors tu es immortel ! ». Tu deviens un être définitif parce que la vie de Dieu ne peut pas être vaincue. Elle est inaltérable, inusable. Rappelez-vous le psaume « Le Seigneur est mon berger » :

 « Si je passe au ravin de la mort, je ne crains aucun mal car tu es avec moi, ton bâton, ta houlette me rassurent ; grâce et bonheur m’accompagnent tous les jours de ma vie ».

Les chrétiens forment un peuple nouveau, nés avec la Résurrection du Christ : « Je vais ouvrir vos tombeaux, dit le Seigneur et je vous en ferai sortir ». « Je mettrai en vous mon Esprit et vous vivrez ». C’est ce formidable message d’espérance que nous sommes chargés de transmettre aux autres.

Si nous sommes habités par l’Esprit de Dieu, nous appartenons au Christ et la mort n’a plus aucune prise sur nous. Cet Esprit, présent en nous depuis le Baptême, nous ressuscite comme il a ressuscité le Christ puisqu’il est présent en nous.

St-Louis de Gonzague, alors qu’il avait une douzaine d’années jouait avec ses camarades au ballon dans la cour de récréation à la mi-temps, la conversation tomba sur la mort :

« Et toi, qu’est-ce-que tu ferais si on t’annonçait que tu meurs dans dix minutes ? »

« Oh ! Moi, j’irais tout de suite me confesser », dit l’un.

« Moi, je me mettrais à genoux et je dirais avec ferveur mon acte de contrition » dit un autre.

« Moi, je courrai à la chapelle », dit un troisième.

« Moi, dit Louis de Gonzague, je continuerais à jouer. Je suis baptisé et je suis tellement sûr de l’amour de mon Dieu qu’il n’y a pas à s’en faire ! »

Un père aime son fils ; depuis mon Baptême, je suis fils  du Père ; il m’aime, alors qu’ai-je à craindre ? « Lazare, notre ami, s’est endormi, mais je vais le tirer de ce sommeil ».

Les disciples dirent : « Seigneur, s’il s’est endormi, il sera sauvé ».

Ils ne croyaient pas si bien dire… En parlant de sommeil, Jésus nous invite à changer notre idée sur la mort : la mort physique, pour Jésus, est un simple et provisoire sommeil. Le tombeau est un lieu où l’on se repose en attendant le réveil. C’est d’ailleurs ce que des chrétiens ont gravé sur la pierre tombale de leurs êtres chers : ici,  » repose  » et St-Paul chantera : « “Ô, toi qui dors, éveille-toi d’entre les morts, relève-toi, sois illuminé », et il dit aussi : « Ceux qui se sont endormis en Jésus, Dieu les amènera avec lui », « Qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ».

Vrai ou pas vrai ? Tu crois cela ou tu n’y crois pas ? Notre credo est simple et court : « Jésus de Nazareth, mort et ressuscité ». C’est simple et lumineux comme un matin de Pâques.

« Si tu devais mourir ce soir, comment voudrais-tu passer cette dernière journée avant d’embrasser Dieu ? La vie du baptisé est pleine de Résurrection, pleine de vie, pleine de joie. Qui pourra l’empêcher, à Pâques, de crier « “Alléluia’’ » ?!   AMEN

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