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« Dieu ne pense pas et n’agit pas comme nous ! »
Les textes de ce 25ème dimanche nous invitent à convertir nos fausses idées de Dieu pour entamer de meilleurs chemins dans nos vies.
Le prophète Isaïe rappelait déjà à son époque[1] que les pensées et les voies des hommes ne sont pas celles de Dieu : « mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos chemins ne sont pas mes chemins » (première lecture).
Il y a bien un grand écart entre nos chemins et ceux de Dieu. Notre société prône de plus en plus la liberté absolue pour tous, où chacun serait le propre maître de sa vie et de ce fait, serait libre de faire ce qu’il veut. La tendance, à tort, serait de dire : « À chacun sa vie, selon son choix ! » Nous sommes indéniablement interrogés ce dimanche : Quelles sont les références sérieuses et solides sur lesquelles nous entreprenons les chemins de l’existence ?
Nous nous disons croyants mais quelle est notre véritable conception de Dieu ? Dans notre imagerie créole, l’hypothèse d’un Dieu vengeur ou punisseur est encore bien présente. Un mauvais syncrétisme religieux existant alimente -hélas- ces pensées… Isaïe nous donne des qualificatifs clairs concernant l’extrême bonté de Dieu : Dieu est « proche », « il se laisse trouver », il n’est que « miséricorde » et il « est riche en pardon ».
Le Dieu dont parle Isaïe exhorte fortement à fuir le chemin du mal : « Que le méchant abandonne son chemin, et l’homme perfide, ses pensées ! » Fuir les chemins de la méchanceté et de la perfidie[2], en nous rappelant que la seule norme reste l’Évangile du Christ.
Se dire chrétien, c’est faire sien ces qualificatifs d’Isaïe ! Toute pratique qui y serait contraire serait par conséquent à bannir. Demander à Dieu du mal envers son prochain serait de ce fait une véritable aberration. Pour bien entreprendre nos chemins, nous devons avant tout être en accord avec l’identité de Dieu à qui nous nous confions, pour mieux le prier…
Dans la deuxième lecture, extraite de sa lettre aux Philippiens, l’apôtre Paul se sait condamné à mort. Il affirme que pour lui, « mourir » serait « un avantage », ainsi, il serait toujours avec le Christ. Paul osera même dire : « c’est bien préférable ». Cependant, s’il doit rester dans ce monde, que ce soit pour « un travail utile », au service de l’Évangile. Paul se remet à l’unique volonté de Dieu. Il renonce à sa manière de penser pour s’ajuster à celle de Dieu…
Nous pouvons tirer une leçon de ce comportement de Paul : le Dieu, en qui nous croyons, n’est pas au service de notre volonté mais nous sommes au service de la sienne. Que nos demandes à Dieu se conforme à cette exigence, à l’image de la Vierge Marie : « Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole. » (Lc 1, 38).
Dans l’évangile, Jésus nous donne une parabole : « Les ouvriers de la onzième heure ». Dans cette parabole, nous avons à faire à une manière bien étrange du maître du domaine. Cela s’explique en partie par le fait que ce procédé n’est pas le nôtre. La parabole nous enseigne deux points majeurs :
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Dieu n’agit pas selon nos calculs. Il est bon pour tous les hommes (tels qu’ils soient) et sa bonté ne se mesure pas : « Je veux donner au dernier venu autant qu’à toi : n’ai-je pas le droit de faire ce que je veux de mes biens ? Ou alors ton regard est-il mauvais parce que moi, je suis bon ? » La bonté de Dieu envers l’homme pécheur peut nous déconcerter mais elle est réelle et incontestable ! Nous sommes trop sur le registre du mérite ou de la récompense, nous devons mieux consentir à celui de la gratuité !
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La parabole pointe deux péchés qui empoisonnent nos relations humaines : la comparaison et la jalousie (c’est-à-dire le désir envieux de ce que l’autre possède). Chacun d’entre nous a ses talents et ses failles et personne n’est comparable… Nous devons renoncer au comparatif qui nous empêche de donner le meilleur de nous-même.
Par ailleurs, c’est bien la jalousie qui obstrue le regard des premiers ouvriers. Leur logique de l’accumulation les empêche de reconnaître la loyauté et la justesse du maître, selon pourtant ce qui était convenu : « Mon ami, je ne suis pas injuste envers toi. N’as-tu pas été d’accord avec moi pour un denier ? Prends ce qui te revient, et va-t’en. » L’évangile nous invite à dépasser clairement la logique marchande mise en place par l’homme… Lutter contre la tentation de la comparaison nous sollicitera davantage à fuir le marchandage.
Les textes de ce dimanche nous rappellent finalement que Dieu ne pense pas et n’agit pas comme nous. Si nous souhaitons suivre le Dieu de Jésus-Christ, nous ne pouvons que considérer à ces appels.
Prions le Seigneur :
Seigneur Jésus, tu nous montres quel est le chemin à suivre vers le royaume des Cieux.
Tu connais chacun de nous mieux que quiconque. Nous souhaitons, en ce dimanche, te confier chacune de nos vies.
Que ta Parole se grave dans nos cœurs. Donne-nous réellement de rechercher les réalités d’en-haut.
Guide nos chemins, apprends-nous à penser et agir comme toi. Fais de nous les derniers pour que nous devenions les premiers pour ta plus grande gloire. Toi notre Sauveur, aujourd’hui et pour les siècles des siècles. Amen.
[1] Le prophète Isaïe a vécu à Jérusalem, au VIIIème siècle avant Jésus-Christ.
[2] Perfide : Qui manque à sa parole, trahit la personne qui lui faisait confiance.