Évangile selon saint Marc 5, 21-43
« Fille, ta foi t’a sauvée. »
Le texte de l’évangile de ce jour parle de deux miracles concernant des femmes, dont on ne connaît pas le nom.
Pour la première, une fillette de douze ans, c’est son père, un chef de synagogue, Jaïre, quelqu’un de connu et de respecté, qui tombe aux pieds de Jésus : « Ma fille, encore si jeune, est à la dernière extrémité. Viens lui imposer les mains pour qu’elle soit sauvée et qu’elle vive. ». On pourrait être surpris par la redondance de la demande : « être sauvée » et « vivre » : Si on est à la mort et qu’on est sauvé, c’est qu’on vit ! Peut-être qu’il y a un questionnement à se poser sur la signification des mots selon qu’on les prend au sens biologique ou au sens spirituel : sauvée biologiquement et vivante spirituellement (en vie éternelle), ou sauvée spirituellement et vivante biologiquement ? Ou vivante pour pouvoir donner la vie (alors qu’elle n’avait pas encore atteint l’âge de la fécondité) ?
La réponse pourrait, peut-être, être donnée par l’intermédiaire du deuxième personnage.
Il s’agit d’une femme, dont on ne connaît pas l’âge ni le nom, atteinte d’un écoulement de sang depuis douze ans, qui a dépensé tout ce qu’elle avait auprès des médecins sans résultats, et qui, ayant entendu parler de Jésus, malgré son infirmité qui la condamne à être rejetée de la société parce qu’impure (cf Lv 15,19-33, notamment le verset 25), « vint par-derrière dans la foule et toucha son vêtement. Elle se disait en effet : « Si je parviens à toucher seulement son vêtement, je serai sauvée. ». Et la réponse vient de Jésus après que la femme se soit jetée à ses pieds : « Fille, ta foi t’a sauvée ; va en paix et sois saine de ton infirmité ». La guérison biologique vient en réponse à la foi (spirituelle) de la personne ; et en même temps, elle rend la personne saine, c’est-à-dire sans impureté, lui rendant son statut social, et surtout lui permettant de donner la vie.
Comme toujours avec Jésus, la guérison biologique est faite en réponse à un acte de foi de la personne (ou d’une autre dans le cas de Jaïre et de sa fille). Ainsi les guérisons de Jésus permettent à la personne de retrouver toute son intégrité : physique ou biologique, sociale, et spirituelle.
Si on regarde la deuxième femme, celle qu’on appelle ‘l’hémorroïsse’ du nom de sa maladie, on pourrait dire qu’elle a tout contre elle, ou rien pour elle : elle a une maladie qui ne lui permet aucun contact avec qui que ce soit, qui la met à l’écart de la société, en quarantaine, elle n’a plus d’argent, elle souffre physiquement et psychologiquement, et cela dure depuis douze ans ! Elle est au bout du rouleau, n’en peut plus ! Entendant parler de Jésus, elle se dit : « J’ai peut-être encore une chance : si je touche son vêtement, je serai sauvée ! ». Pour elle, c’est une certitude, elle ne doute pas ! Elle sait très bien que ce qu’elle envisage est contraire à la loi de Moïse, mais elle y va quand même, se disant qu’avec la foule elle passera inaperçue, et en se mettant derrière Jésus, elle ne sera pas vue. C’est ce qui se passe : « À l’instant, l’hémorragie s’arrêta, et elle ressentit dans son corps qu’elle était guérie de son mal. ». Elle est guérie, physiquement, mais pas encore sauvée socialement, psychiquement, moralement, spirituellement. Parce que peut-être elle a l’impression d’avoir volé sa guérison.
La réaction de Jésus est surprenante : « Qui a touché mes vêtements ? », se rendant compte qu’une ‘force’ était sortie de lui. On a presque l’impression de se trouver dans un dessin animé ou une B.D. pour enfant où le héros avec ses super-pouvoirs envoie des rayons qui guérissent (ou plus souvent tuent les méchants). Comme si Jésus avait une réserve de « pouvoirs » qui diminuerait à chaque foi qu’il s’en sert ! Comme tout un chacun, dans une foule on est touché, bousculé, sans qu’on y fasse attention, mais si quelqu’un nous touche de manière intentionnelle, tout de suite on est alerté, on se retourne et on cherche la personne qui nous a touché. Sans doute en a-t-il été de même pour Jésus ; mais pourquoi veut-il savoir qui l’a touché ? Sans doute pas pour réprimander, au contraire, mais pour aller plus loin que la guérison, pour sauver éventuellement la personne.
Confusion de la femme. Elle est démasquée. Tout le monde va savoir qu’elle a touché l’homme qui l’a guérie, le rendant impur aux yeux de la loi de moïse. Elle a honte, elle tremble … et se jette aux pieds de Jésus lui disant « Toute la vérité ».
Et Jésus parachève la guérison en lui disant « Ta foi t’a sauvée ! ».
Combien de fois nous sommes-nous trouvé dans la situation de cette femme, ayant honte de ce que nous avons fait ?
A chaque fois que nous avons fait quelque chose de contraire à la loi, non pas de Moïse, mais de l’amour !
Plusieurs réactions possibles :
– pas vu, pas pris ! Je ne dit rien, je fais comme si il n’y avait rien eu !
– je regrette, mais en cherchant des excuses (?!!).
– je fais comme la femme (ou semblablement) : je m’agenouille devant un prêtre et je lui dis toute la vérité.
Alors le prêtre me donne l’absolution, et je peux repartir serein, dans la paix et dans la joie !
Seigneur Jésus,
tu es si bon.
Non seulement tu guéris
la femme de son infirmité,
mais tu la sauves,
lui redonnant toute son intégrité.
Donne-nous de faire comme elle,
humblement :
te demander le pardon de nos fautes.
Francis Cousin
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