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Nativité de Jean Baptiste – par Francis COUSIN

Évangile selon saint Luc 1, 57-66.80

 

« Il s’appellera Jean : ’Dieu fait grâce !’»

 

Au cours de l’histoire du peuple hébreux, plusieurs enfants sont nés de mères stériles par l’intercession de Dieu, alors qu’elles ne pouvaient pas biologiquement avoir d’enfant. Il y a eu Sara qui mit au monde Isaac, la femme de Manoah qui mit au monde Samson, Anne et son fils Samuel. Et les trois enfants ont marqué l’histoire d’Israël.

Les habitants du village de Zacharie et d’Élisabeth savaient tout cela, et le mutisme soudain de Zacharie amenant un questionnement supplémentaire, quand Élisabeth enfanta, « ses voisins et sa famille se réjouirent avec elle parce que Dieu avait manifesté sa miséricorde », et tous s’attendaient à ce que cet enfant ait un destin non ordinaire. Aussi, le jour de la circoncision, jour où on donnait le nom à l’enfant, quand les deux parents dirent ou écrivirent que son nom est Jean, ce fut la stupéfaction et l’interrogation : « Que sera cet enfant ? »

Parce que « Personne dans ta famille ne porte ce nom-là ! », ce fut une surprise, un changement non compris, une rupture dans la tradition familiale. Pourquoi cette nouveauté : « Dieu fait grâce ! »

A qui ?

A Élisabeth d’abord, cela est évident, parce que « le Seigneur a fait pour moi, en ces jours où il a posé son regard pour effacer ce qui était ma honte devant les hommes. » (Lc 1,25), en ces temps où la stérilité était considérée comme une punition de Dieu.

Au peuple d’Israël, parce que cette première rupture annonce une autre rupture beaucoup plus importante qui sera amenée par Jésus, celui que Jean(-Baptiste) aura la charge d’annoncer : – avec la Parole de Dieu donnée, non par les prophètes comme auparavant, mais par Dieu lui-même en la personne de Jésus,

– avec une nouvelle alliance entre Dieu et les hommes qui se manifeste par une offrande suprême : non pas un animal comme auparavant, mais par Dieu lui-même en la personne de Jésus, qui met ainsi fin à tous les sacrifices offerts à Dieu : « Jésus Christ, au contraire, après avoir offert pour les péchés un unique sacrifice, s’est assis pour toujours à la droite de Dieu … Par son unique offrande, il a mené pour toujours à leur perfection ceux qu’il sanctifie. » (He 10,12.14). Mais sacrifice dont on fait mémoire par le partage du pain et du vin, institué par Jésus à la veille de sa mort, comme nourriture et boisson afin que « [ nous ayons] la vie en [nous] » (Jn 6,53).

La mission de prophète de Jean-Baptiste sera aussi l’occasion d’une autre rupture : contrairement aux autres prophètes, il ne va pas vers les gens : « Vers tous ceux à qui je t’enverrai, tu iras, et tout ce que je t’ordonnerai, tu le dira s. » (Jr 1,7), mais il va au désert, lieu de solitude, lieu où l’on fait l’expérience de sa petitesse, mais aussi de la miséricorde de Dieu et de son pardon, là où se révèle le vrai visage de Dieu. Et ce sont les gens qui viennent à lui, « de Jérusalem, de toute la Judée et de toute la région du Jourdain » (Mt 3,5). Retournement de situation, rupture, il devient le premier prophète d’un temps nouveau.

Les circonstances de sa naissance, son nom, son départ au désert, tout pourrait laisser croire que Jean-Baptiste est le Messie tant attendu, mais celui-ci s’est toujours gardé de cette aura dont on voulait l’entourer en précisant : « Je ne suis pas le Christ » (Jn 1,20), l’oint, le Messie, « mais le voici qui vient après moi, et je ne suis pas digne de retirer les sandales de ses pieds. » (2° lecture).

Humilité, petitesse devant celui qui vient après lui, il refuse d’être mis en lumière, mieux même, il refuse d’être « la lumière des nations » comme Dieu le dit à Isaïe (1° lecture) car « il était là pour rendre témoignage à la Lumière » (Jn 1,8).

Méditons sur ce destin de Jean-Baptiste, ‘Le plus grand de tous les prophètes’ (cf Mt 11,11), qui s’est toujours considéré comme tout petit par rapport à Jésus, celui qui se disait seulement « une voix qui crie dans le désert ».

Pour nous qui voulons souvent tant paraître, qui nous croyons souvent supérieurs aux autres, et parfois même à Dieu, Jean-Baptiste nous donne une bonne leçon et nous rappelle que Dieu fait grâce, que Dieu fait miséricorde.

Seigneur Jésus,

tu nous montres Jean-Baptiste

comme le plus grand des prophètes.

Peut-être parce qu’il n’avait de cesse

de se diminuer pour que toi,

tu grandisses.

C’est ce que tu veux que nous fassions,

se diminuer, se renier à soi-même, se faire serviteur,

comme toi tu l’as fait pour nous,

pour pouvoir entrer dans le Royaume des Cieux.

 

Francis Cousin

                      

 

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