1

Dimanche des Rameaux et de la Passion – par Francis COUSIN

 Évangile selon saint Marc 11, 1-10

 

« Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur !  »

 

            La liturgie de ce dimanche nous offre une particularité, celle d’avoir la lecture de deux passages d’Évangile : l’entrée de Jésus dans la ville de Jérusalem, et la lecture de la Passion de Jésus qui aura lieu quelques jours plus tard.

            Sans doute pour que ceux qui ne pourraient pas assister à la célébration  du vendredi saint puissent entendre une fois dans l’année la lecture de la passion. Mais aussi pour montrer que cette dernière semaine que passe Jésus  sur terre, dans la ville de Jérusalem, dans la ville de son Père, là où se trouve le temple, présence de Dieu au milieu de son peuple, va être pleine de contrastes, pleine de contradictions, d’oppositions, de revirements, … de trahison, de reniement, … et de repentir…

En une semaine va se jouer toute la destinée du peuple juif et des autres Nations. Sans que ceux-ci en soient conscients. Et pourtant ils participent à cette folle semaine, mais sans réellement « savoir ce qu’ils font ».

En ce premier jour de la Semaine Sainte, nous assistons à l’entrée de Jésus à Jérusalem, qui aurait pu se passer comme pour n’importe quelle autre ville dans laquelle Jésus est entré, mais qui revêt une importance particulière parce que c’est la montagne de Sion, et par toute une symbolique qui entoure cette entrée.

Jésus vient de Jéricho où il a guérit l’aveugle Bartimée. Il monte à Jérusalem comme l’on fait avant lui Josué et le peuple de Dieu sorti d’Égypte pour prendre possession du pays. Il prend la place de Josué qui a mené à terme la mission de Moïse, il est le nouveau Moïse.

Jésus s’arrête sur le mont des Oliviers, accomplissant ainsi la prophétie de Zacharie : « Les pieds du Seigneur se poseront, ce jour-là, sur le mont des Oliviers qui est en face de Jérusalem, à l’orient. (…) Alors le Seigneur mon Dieu viendra, et tous les saints avec lui. (…) Alors le Seigneur deviendra roi sur toute la terre ; ce jour-là, le Seigneur sera unique, et unique, son nom. » (Za 14,4-59).

Jésus n’entre pas à pied, comme à son habitude, mais sur un âne dont il explique à ses disciples où le trouver et que dire si on les voit le prendre. On n’a pas l’habitude de le voir expliquer à l’avance ce qui va se passer, sauf pour les annonces de la Passion. Or, l’entrée à Jérusalem sur un âne (et non pas sur un cheval comme le faisaient les rois) était aussi une prophétie de Zacharie : « Exulte de toutes tes forces, fille de Sion ! Pousse des cris de joie, fille de Jérusalem ! Voici ton roi qui vient à toi : il est juste et victorieux, pauvre et monté sur un âne, un ânon, le petit d’une ânesse.(…) Il brisera l’arc de guerre, et il proclamera la paix aux nations. Sa domination s’étendra d’une mer à l’autre, et de l’Euphrate à l’autre bout du pays. » (Za 9,9-10).

Toute cette symbolique, organisée par Jésus lui-même, montre bien que Jésus voulait montrer au peuple (qui connaissait les écritures) qu’il était le Messie annoncé.

Alors, quand il entre à Jérusalem, il est accueilli par les gens qui l’entourent comme on le faisait pour les rois, ou pour la purification du temple après la profanation d’Antiochus : « Ils célébrèrent cette fête dans l’allégresse (…) C’est pourquoi, portant des thyrses, des rameaux verdoyants et des palmes, ils faisaient monter des hymnes vers Celui qui avait mené à bien la purification de son propre Lieu saint. » (2 M 10,6-7). Et Jésus va donner une autre dimension au temple en devenant lui-même ce Temple en mourant sur la Croix, et en ressuscitant le troisième jour.

Enthousiasme, joie, liesse … pour accueillir Jésus …

Cris, fureur, haine … pour condamner Jésus …

A cinq jours d’intervalle …

On peut être surpris de ce revirement de situation, de ce changement de vision. On peut aussi en être outré, considérer cela comme inadmissible, incompréhensible …

Et pourtant …

Si nous nous regardons bien au fond de notre cœur, il nous arrive bien souvent de faire la même chose, … et en moins de cinq jours.

Combien de personnes vont à la messe le dimanche, et l’après-midi (peut-être même avant) se disputent avec un autre automobiliste pour une question de priorité ou de place de parking. Ou prennent leurs aises sur la plage avec la musique à fond, ou le ballon qui part n’importe où, sans aucun respect pour les autres occupants … !

On me dira : « Oui, mais ce n’est pas Dieu ! ». Sans doute. Mais Dieu n’est-il pas présent dans chaque être humain ?

On pourra dire aussi : « C’est humain ! ». Certes ! On pourrait même ajouter : « Autant le ciel est élevé au-dessus de la terre, autant mes chemins sont élevés au-dessus de vos chemins, et mes pensées, au-dessus de vos pensées. » (Is 55,9) et en profiter pour se dédouaner.

Mais Jésus n’a-t-il pas dit : « Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait ! » (Mt 5,48) ?

Oui, nous avons encore du chemin à faire pour arriver à la sainteté.

Seigneur Jésus,

Tu entres à Jérusalem acclamé comme un roi,

mais les mêmes gens

demanderont ta mort peu après.

Moi aussi,

 je suis parfois tout feu tout flamme avec toi,

et à d’autres moments je te laisse tomber.

 Pardonne-moi mon manque de foi.

 

Francis Cousin

 

 

 

 

                       

Pour accéder à une prière illustrée, cliquer sur le titre suivant : Prière dim carême B 6° A6

Si vous désirez une illustration du texte d’évangile commenté ce jour cliquer sur le lien suivant : Parole d’évangile semaine 18-12